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InnerFrench - Vol. 1, #71 - Les conseils d'un polyglotte pour apprendre le français (1)

#71 - Les conseils d'un polyglotte pour apprendre le français (1)

Salut à toutes et à tous, bienvenue. Je suis très content de vous retrouver après cette longue pause, vous m'avez manqué. De votre côté, j'espère que vous avez bien profité de vos vacances, si vous avez eu la chance d'en avoir. Moi, comme vous le savez, je n'en ai pas eu parce que cet été, je me suis consacré à la création de mon deuxième cours. Malheureusement, il n'est toujours pas prêt, c'est plus long que prévu. J'ai besoin d'encore un peu de temps pour terminer tout ça. J'espère que le cours sera prêt au mois de novembre. Donc voilà, il va falloir être encore un peu patient pour celles et ceux qui l'attendent. Mais malgré ça, j'ai décidé de reprendre le podcast parce que je ne pouvais pas vous laisser tout seuls plus longtemps.

En parlant de ce programme, je voulais aussi vous dire que lundi prochain, le 16 septembre, je vais rouvrir les inscriptions pour mon premier cours « Build a Strong Core ». Comme habitude, les inscriptions seront ouvertes pour une semaine, vous aurez une semaine pour rejoindre le programme. Et sachez que ça sera la dernière possibilité de le faire cette année. Ensuite, les prochaines inscriptions seront en 2020. Si vous avez besoin de plus d'informations pour savoir exactement en quoi ce cours consiste, vous pouvez tout simplement aller sur mon site Internet innerfrench.com/strongcore.

Alors cet été, j'ai reçu beaucoup d'emails de votre part, ça m'a fait très plaisir ! Mais en même temps, ça devient un peu difficile à gérer pour moi. Ça prend beaucoup de temps de répondre à tout le monde, ce qui fait que j'ai pris du retard. Donc peut-être que vous m'avez envoyé un email il y a quelques semaines et que vous n'avez toujours pas reçu de réponse de ma part. Là aussi, il va falloir être un peu patient. Je suis en train de me rattraper et d'essayer de répondre à tous ces emails en retard, mais ça va prendre un peu de temps.

Et vous m'avez aussi envoyé beaucoup de témoignages. Maintenant, j'ai un stock énorme de témoignages. Je pense que j'en ai suffisamment pour les dix prochains épisodes. Donc, si vous aviez prévu de m'envoyer un témoignage, je vous conseille d'attendre un peu parce que si vous me l'envoyez maintenant, vous n'allez pas pouvoir l'entendre avant plusieurs mois. Donc ce n'est peut-être pas la peine de le faire. Mais merci à toutes celles et ceux qui l'ont déjà fait. J'ai vos témoignages dans mon stock et je vais les passer au fur et à mesure dans les prochains épisodes.

Alors, pour que ça aille un peu plus vite, je vais passer trois témoignages dans cet épisode. On va en écouter deux qui sont assez courts pour commencer et puis, un autre à la fin.

Bonjour Hugo, j'espère que vous allez bien. Moi, je m'appelle Shane et j'ai 18 ans. J'habite à Dublin en Irlande. J'apprends le français depuis quelques années à l'école et je vais passer mes grands examens de Leaving Cert dans quelques semaines. C'est un peu similaire au système du bac. Je dirais que vous et votre podcast m'ont beaucoup aidé avec mes notes à l'école et aussi avec mon intérêt pour la langue et la culture française. Surtout, par exemple, dans les épisodes du « Petit Prince » et « L'école en France ». En outre, je me sens capable de passer du temps dans l'hexagone pendant mes heures à la fac. Tout ce que je peux dire, c'est que vous faites un travail merveilleux, merci beaucoup. À bientôt. Shane.

Merci Shane pour ton message. Je crois que c'est la première fois qu'un Irlandais passe dans le podcast, si mes souvenirs sont bons (je ne suis pas sûr parce qu'il y a déjà eu pas mal de témoignages). En tout cas, tu parles beaucoup mieux français que moi je parlais anglais à ton âge donc bravo. Je pense que tu as bien travaillé et que tu n'as pas peur de t'exprimer. C'est vraiment super, beau travail ! Je suis content d'avoir pu t'aider avec mon podcast. Comme j'ai reçu ton témoignage en juin, c'était avant que tu passes ton examen. Mais je suis curieux de savoir si tu l'as réussi. Donc envoie-moi un email pour me dire comment ça s'est passé et ce que tu vas faire ensuite pour tes études.

Bonjour Hugo, je m'appelle Celina et j'habite à Brasilia, la capitale du Brésil. J'ai étudié l'économie à l'université et j'ai étudié le français pendant plus de dix ans à l'Alliance Française quand j'étais jeune. Maintenant, je suis retraitée et j'ai du temps pour me dédier à la langue française que j'aime. Même si tes podcasts et vidéos ne représentent pas un challenge au niveau de la compréhension, je les écoute jusqu'au bout, car je trouve les sujets que tu choisis très intéressants, actuels et toujours présentés d'une manière équilibrée en montrant les différentes visions possibles. Merci beaucoup, tu es un excellent prof.

Merci Celina pour ton message. On a beaucoup de Brésiliens dans le podcast. Je vois dans les statistiques que le podcast fonctionne très bien, qu'il est très populaire au Brésil. Donc, ça me fait vraiment plaisir. Celina, tu profites de ta retraite pour continuer ton apprentissage du français et ça, je trouve que c'est génial. D'ailleurs, il y a pas mal d'études qui montrent que l'apprentissage des langues est un excellent exercice pour retarder le vieillissement du cerveau. Donc, je pense que c'est une super idée d'apprendre des langues quand on est à la retraite. Et puis, je suis content que ma manière de présenter les sujets te plaise. J'essaye de vous présenter différents arguments, mais en général, c'est assez facile de connaître mon point de vue sur le sujet.

Pour cet épisode de la rentrée, j'ai décidé de vous proposer quelque chose d'un peu différent, d'un peu spécial. J'ai eu la chance de pouvoir interviewer Steve Kaufmann qui est l'un des polyglottes les plus influents sur Internet. Ça fait des années qu'il partage ses expériences et ses conseils sur sa chaîne YouTube. Il a aussi créé une plateforme pour aider les apprenants, une plateforme qui s'appelle « LingQ ». Il va en parler dans cette interview. Les vidéos de Steve m'ont beaucoup influencé personnellement. Elles ont beaucoup influencé ma manière d'enseigner et mes idées sur l'apprentissage des langues.

Dans cette interview, Steve va nous raconter comment il a appris le français dans sa jeunesse, les expériences qu'il a vécues en France quand il était étudiant à Sciences Po et surtout, il va nous donner plein de conseils très utiles pour apprendre les langues. Comme Steve parle parfaitement français, vous allez voir que je n'ai pas adapté ma façon de parler. Donc, c'est une interview à vitesse réelle, à vitesse normale.

Avant de commencer, je vous rappelle que vous pouvez lire la transcription de l'épisode sur mon site et retrouver toutes les ressources qui seront mentionnées dans l'interview dans la description de l'épisode. Voilà, maintenant, je vous laisse en compagnie de Steve Kaufmann.

Alors, aujourd'hui, j'ai l'honneur d'accueillir Steve Kaufmann pour une petite interview où il va être question d'apprentissage des langues et en particulier, d'apprentissage du français. Pour commencer, Steve, est-ce que tu pourrais te présenter ?

Eh ben, je suis un vieux retraité là, j'habite Vancouver. Mais j'aime bien les langues. Pendant ma carrière, j'étais plutôt dans le commerce du bois et avant ça, j'étais brièvement un diplomate canadien. J'ai eu à apprendre des langues : le chinois, le japonais parce que je vivais au Japon et par la suite, j'ai fait pas mal de business en Europe, en Allemagne, en Suède, etc.

Le français, je l'ai appris parce que… Bon, j'ai grandi à Montréal, mais Montréal à l'époque, c'était une ville divisée en anglais/français mais je m'y suis intéressé. Je n'ai pas appris le français à l'école, mais je me suis intéressé au français. Et pour ça, je suis allé en France où j'ai fait mes études universitaires (un an à Grenoble, deux ans à Sciences Po à Paris). Et puis, j'ai maintenu mon français parce que je l'aime. J'aime lire en français, j'aime écouter des livres sonores, des livres audio en français.

Et puis depuis l'âge de 60 ans, là, je me suis intéressé au russe, coréen maintenant. Beaucoup de langues. Et plus récemment, j'ai commencé, disons, un défi, j'essaye d'apprendre trois langues du Moyen-Orient, c'est-à-dire le persan, l'arabe et le turc. Et je dois ajouter qu'avec mon fils, on a fondé, créé un site Web pour l'apprentissage des langues qui s'appelle « LingQ » et j'ai d'ailleurs un canal YouTube qui s'appelle « LingoSteve » où je parle de l'apprentissage des langues.

Tu veux dire une chaîne sur YouTube.

Chaîne, oui, une chaîne.

Et combien de langues tu parles ?

Eh ben, c'est toujours la question… C'est-à-dire… J'ai à peu près une douzaine de langues où je peux facilement m'exprimer, je comprends, je fais des fautes, mais enfin ça va. Et puis un autre, disons 10 langues que je parle à différents niveaux, je comprends, mais j'ai du mal à m'exprimer, surtout si je ne l'ai pas utilisée. Et puis finalement, il y a les trois langues que je suis en train d'apprendre maintenant où, bon, je suis débutant, disons. Donc, ça fait 21, 22 langues.

Et pourquoi tu t'es lancé ce défi d'apprendre ces trois langues en même temps ?

Eh ben parce que je suis un peu… Voilà… Ça dépend de… Ce n'était pas l'intention au début, j'ai décidé d'apprendre l'arabe. J'habite Vancouver, il n'y a pas beaucoup de gens qui parlent arabe ici à Vancouver, par contre, il y a pas mal d'Iraniens. Donc, je me suis dit : j'ai appris l'écriture arabe donc, je vais en profiter pour apprendre le persan pour pouvoir parler à l'épicier iranien du coin, là. Et par la suite, ma femme regardait des séries, des drames sur Netflix en turc et je me suis dit « Hey, pourquoi pas ? ». Ça fait trois langues qui sont liées historiquement, culturellement, etc. Bien que ça soit des familles de langues très différentes, il y a quand même 15 % de vocabulaire qui est commun donc c'est très intéressant.

Et puis, c'est une expérience aussi parce que… Normalement, je me suis toujours concentré sur une langue à la fois parce qu'il faut une certaine intensité, justement, pour se convertir en personne qui parle bien une autre langue. Mais là, j'essaye de voir… Là, je me concentre pendant trois mois sur l'arabe, par la suite le persan, par la suite le turc. Et bien sûr, je perds un peu, j'oublie un peu, mais par contre… Parce que dans l'apprentissage des langues, c'est toujours une question de répétition et de nouveauté. Parce que des fois, j'apprends le français et puis, je n'y arrive pas, puis je ne fais pas de progrès. Des fois, si on étudie une autre langue, on a envie de retourner à la première langue et ça devient nouveau. Donc, c'est un peu l'expérience que je fais.

C'est vrai. Moi, j'apprends le polonais depuis quelques années et du coup, par rapport au polonais, l'anglais et l'espagnol maintenant, ça me semble vraiment être un jeu d'enfant.

Bah oui.

Ça permet de mettre les choses un peu en perspective.

Et puis, c'est très intéressant parce que… Bon, en faisant ces trois langues… Quand j'écoute, par exemple, l'arabe ou le persan après trois mois de turc, bien qu'il y ait des mots que j'ai oubliés, je l'entends mieux, c'est plus clair. Donc, je crois que plus on apprend de langues, mieux notre capacité d'apprendre, notre capacité de se rendre compte des sons et des structures s'améliorent. Il y a une espèce de perte du point de vue vocabulaire, certaines structures, mais point de vue de notre capacité d'apprendre, je crois que c'est positif.

J'aimerais qu'on revienne un peu justement sur ton histoire avec le français parce que tu dis souvent que le français, c'est ton premier amour. Alors à quel âge tu as commencé à apprendre le français et comment ça se passait au début ? Bon, on avait le français à l'école. Il faut comprendre que Montréal dans les années 50, c'était deux villes : ville anglophone, ville francophone. Donc tout se passait en anglais autour de moi et les professeurs qu'on avait, c'était des anglophones. Et c'était un sujet comme les maths, comme n'importe quoi et on n'était pas très intéressé. Les bons élèves avaient des bonnes notes, mais ils ne savaient pas parler, tout simplement. Une fois rendu à l'université McGill à Montréal, j'avais un professeur de français donc qui était français, non seulement francophone, il était français. Il nous a stimulé, il nous a présenté la civilisation, l'histoire, la culture françaises d'une façon très attrayante. C'était stimulant, intéressant.

Alors, là, Montréal, on a les moyens parce qu'il y a des journaux en français, la radio en français, tout. Alors je me suis intéressé au français… C'est ça finalement, il faut faire l'effort soi-même, ce n'est pas dans la classe que tu vas apprendre une langue. Il faut que tu plonges là-dedans. Ça m'a rendu… Il y avait les films de La Nouvelle Vague, tout ce genre de choses à l'époque. Je me suis dit : « Il faut aller en France ». Et pour moi, c'était un rêve. Je me souviens quand je suis allé à Paris, je voyais l'Arc-de-Triomphe, ce n'était pas réel parce que j'avais vu ça dans des films et pour être là en réalité, c'était sensationnel.

J'avais la même impression la première fois que j'ai mis les pieds à New York. J'avais l'impression d'être dans un film et d'entendre les acteurs autour de moi, c'était… Je comprends, je connais bien ça. Donc, tu as fait un échange en France, à Sciences Po, il me semble.

C'est-à-dire, là, j'avais fait deux ans d'études à McGill et puis, j'en avais assez, ça ne m'intéressait plus donc j'ai fait de l'autostop sur les bateaux parce que je suis allé sur le port de Montréal et pendant trois jours, j'allais sur les bateaux, je voulais rencontrer le capitaine et je disais : « Voilà, je vais travailler gratuitement si vous m'emmenez en Europe ». Et j'ai trouvé un bateau après trois jours.

Et puis j'ai décidé pour la première année d'étudier à Grenoble. J'ai fait un tas de jobs, je vendais « France Soir » dans les cafés, j'enseignais l'anglais, je faisais un tas de choses. Par la suite, j'ai eu la chance d'obtenir une bourse du gouvernement français. Donc, c'est les contribuables français qui m'ont payé mes études. Merci beaucoup. De rien. C'est toute une expérience parce que l'enseignement en France, en sciences politiques surtout, c'est très basé sur les faits. Il faut savoir. Il ne suffit pas de raconter un tas de choses, « je crois ceci, je crois cela…» (comme en Amérique du Nord, trop souvent). Il fallait avoir les faits. Et la deuxième chose, il fallait pouvoir s'exprimer. Sciences Po, je me souviens qu'il y avait un professeur qui a dit : « La forme est plus importante que le contenu ». Donc, il fallait maîtriser ce genre d'exposé (première partie, deuxième partie, etc.). Il y avait un tas d'exposés, d'examens oraux. Et je crois que c'était aussi un défi parce que pour moi, j'étais en France pendant ces trois années-là, il a fallu que je devienne un étudiant français comme n'importe qui.

Donc ce n'était pas seulement la barrière de la langue ou les difficultés liées à la langue, mais aussi un étudiant qui découvre Sciences Po, la méthode Sciences Po, le plan en deux parties, etc.

Oui, oui, oui. Enfin, finalement, c'est un peu comme… Quand on apprend une langue, évidemment, on doit imiter certains aspects de la culture de la langue qu'on est en train d'apprendre. On imite les sons par exemple, on imite les façons de s'exprimer. Et finalement, on devient un peu… Il faut qu'on ait la volonté de vouloir faire partie de cette culture. Je ne vais pas devenir musulman parce que j'apprends l'arabe, mais c'est-à-dire, c'est important, pour réussir, il faut vouloir sortir de cet espace confortable de sa langue, sa culture, pour justement se baigner dans l'autre.

Et est-ce que tu te rappelles un peu de tes premiers contacts avec les Français ? Parce qu'en français, c'est vrai qu'il y a une vraie différence entre la langue formelle, qu'on apprend à l'école et la langue informelle, qu'on entend dans la rue.

Oui, mais ça, c'est à la marge. Finalement, 90 %, c'est la même langue. Donc, ces quelques mots de slang, d'argot, on les entend, on les apprend, on les assimile. Je crois que c'est plus important d'avoir la base, la langue, qui peut venir de films, de livres, de n'importe quoi. Et puis les autres, même les jurons, n'importe quoi, on les apprend au fur et à mesure. Pour moi, ce n'était pas… Je n'étais pas conscient d'une espèce de besoin d'apprendre un vocabulaire que je n'avais pas.

Mais le premier contact avec les Français, tout était très, très positif. Je faisais de l'autostop donc le bateau sur lequel je travaillais allait de Montréal à Londres. J'ai fait de l'autostop de l'Angleterre en Belgique. Ensuite, je suis arrivé donc en France ayant traversé la frontière avec la Belgique, il y avait deux personnes, d'ailleurs deux instituteurs dans une école à Lille, qui m'ont pris dans leur voiture. Mais ils ont dit : « Mais où tu vas rester ce soir ? », j'ai dit : « J'ai pas d'idée », « Tu vas dormir dans l'école parce que c'est fermé » (c'était l'été). J'ai dormi, donc, dans une salle de classe. Et puis, on s'est retrouvé pour dîner, ils m'ont dit qu'il y a je ne sais pas qui, Jean, Jacques, qui va à Paris, il peut t'emmener avec lui à Paris. Très bien. Arrivés à Paris, ils m'ont invité à rester deux semaines avec eux, ils habitaient le 20ème arrondissement. Donc c'est un quartier plutôt ouvrier. Et ils m'ont même… J'ai travaillé parce que je parlais anglais et français. Je les ai aidés dans une espèce d'agence de voyages, si je me rappelle bien. Donc, ils me payaient. Et tout, en faisant de l'autostop à l'époque en France, souvent les gens t'invitaient chez eux, t'invitaient à manger… Tout le contact que j'avais avec les Français était très, très positif.

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