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Élysée, Clôture des États généraux de la diplomatie (2)

Clôture des États généraux de la diplomatie (2)

Enfin, l'influence ne se joue pas que dans les lieux du pouvoir, les printemps arabes nous ont montré que les révolutions ne se détectent pas dans les palais, et nous devons aussi être hors les murs, dans l'intimité de la population, dans sa vie et ses réseaux.

Je sais que c'est au coeur de l'engagement de beaucoup d'entre vous, mais ça veut dire qu'on doit partout, sur toutes les géographies, démultiplier nos efforts pour considérer que le coeur de l'action aujourd'hui est d'aller chercher aux avant-postes celles et ceux qui font l'action politique mais aussi les opinions publiques, descendre plus profondément dans l'intimité des pays et de ce qui s'y joue, et peut-être mieux nous organiser collectivement.

Je dis souvent, il y a plusieurs pays, que je ne citerai pas parce que sinon je créerais trop d'émotion, où on investit beaucoup d'argent public et où, quand je regarde les choses, le président, les ministres, les directeurs d'agences, les ambassadeurs, les directeurs de services et les militaires, on voit tous les 10 mêmes personnes.

On les connaît très bien et ils nous disent tous la même chose, mais ce n'est pas tout le pays.

Cela fait des décennies qu'on voit les 10 mêmes personnes et qu'on les aime beaucoup, mais ça ne suffit plus.

Parfois, d'ailleurs, ce sont dans ces mêmes pays que des coups d'État arrivent et, si nous nous sommes habitués à ne pas voir le reste et à ne pas voir que travailler en sous-main des mouvements profonds et que certains de nos compétiteurs, car partout maintenant ce sont des théâtres de compétition, ont travaillé ces pays, les ont travaillés par le bas en rachetant des radios locales, en retournant des services de sécurité privés, parfois des conciergeries, je parle très concrètement parce que ce sont des cas qui arrivent et que nous voyons sur le terrain, en travaillant des réseaux sociaux, parfois en achetant évidemment des influenceurs ou des faux comptes, on se retrouve dans la même situation que ces 10 dirigeants, c'est-à-dire que nous ne sommes plus dans leur pays réel.

Ce n'est pas comme ça que nous bâtirons notre influence, et surtout l'avenir de notre présence.

C'est un immense chantier.

C'est une révolution organisationnelle, culturelle, ici et sur le terrain, mais elle est à mettre au coeur de notre action.

Le troisième trait, c'est une diplomatie qui prend pleinement le tournant des enjeux globaux.

Ce n'est pas une nouveauté, votre ministère les a déjà pris, vous avez structuré une direction générale, mais je crois pouvoir dire que la crédibilité de notre nation, de notre Europe, se jouera pour beaucoup, à l'avenir, sur sa capacité à trouver un contrat avec le reste du monde, pour l'alimentation, l'énergie, le climat, la biodiversité, mais aussi l'éducation, la santé, les grands sujets culturels.

Nous l'avons vu encore il y a quelques semaines, au G20 de Bali, ou lors du Sommet, il y a quelques jours, sur les forêts au Gabon, ce seront autant de coalitions variables qu'il faudra savoir mettre en place.

La France, je le crois profondément, a un rôle central à jouer car tous ces enjeux sont d'abord des enjeux internationaux qui sont objet de négociations complexes, par ailleurs toutes liées entre elles, où nous avons une expertise, une crédibilité, on l'a encore montré sur les sujets maritimes, mais ça nécessitera de monter en compétence et d'adapter l'organisation.

Et là-dessus, je le dis avec clarté, nous devons, si je puis dire, remembrer la cohérence de notre action à l'international, parce qu'il y a, au fond, deux mouvements, sinon, qui s'inscriront, et on est encore dans l'ambiguïté aujourd'hui, et l'idée de dire que la technicité l'emporte sur la compétence internationale et au fond, à chaque fois, il y aura une espèce de de conflit entre deux types de métiers.

Les gens qui font du climat vous diront : c'est un métier.

À juste titre, les diplomates me disent : c'est un métier.

Et donc la question de savoir où on met le centre de gravité est une décision politique.

Alors, il y a plusieurs choix.

On peut dire : on va tout interministérialiser, ce qu'on a fait sur les affaires européennes, par exemple.

À la fin, si on interministérialise tout, on refait un Gouvernement.

Il faut accepter, et je crois que c'est la vocation de votre ministère, d'avoir une culture interministérielle et d'être cette vocation interministérielle projetée.

Mais ce qui veut dire qu'il faut continuer et peut-être intensifier, d'abord la cohérence, et de se dire que quand on parle d'action internationale, c'est ici que ça se joue, mais ça veut dire importer des compétences techniques beaucoup plus fortes, continuer de le faire, et votre ministère, qui l'est déjà, doit encore plus devenir un lieu d'accueil et de coordination des compétences interministérielles.

Il devra exercer une tutelle stratégique sur les opérateurs, rayonner davantage et réussir, justement, à envoyer ses bons éléments en mobilité aussi sur des postes-clés, pour bâtir des compétences techniques dans certaines filières.

Et c'est pour ça que si la diplomatie est un métier, elle est sans doute des métiers, des métiers !

dans des filières qui vont se structurer de plus en plus, se professionnaliser.

C'est aussi pour ça qu'il faut se doter d'un instrument de formation continue et d'une académie diplomatique, comme vous le proposez, au service de l'ensemble de l'État ouverte aux diplomates étrangers, je vois ici beaucoup de visages amis venant d'autres diplomaties d'excellence, et je crois que cet outil serait un formidable moyen, à la fois de projections et de débats, mais aussi de formations, justement, au métier de diplomate et pour toutes ces filières.

Je pense que nous avons aussi à utiliser, dans ce contexte, ce qu'on a commencé à bâtir à travers le Forum de Paris sur la paix, qui avait bâti, justement, des premières filières, et qui doit être en synergie avec cette académie.

Le quatrième trait, c'est une diplomatie plus proche des Français.

Pour beaucoup de nos compatriotes, la diplomatie, c'est le consulaire, les passeports, les visas, c'est la gestion des crises, et merci infiniment du travail remarquable que font les équipes.

Et c'est vrai que je veux ici saluer votre action, je commençais en évoquant ces crises aux côtés desquelles on se rend plus facilement ici, mais notre dispositif consulaire, dont je veux saluer l'engagement et l'efficacité, fait plus pour nos compatriotes que beaucoup d'autres, et quand je regarde les comparables, nous avons vraiment un service d'excellence.

Mais à présent, nous devons encore faire davantage, faire mieux, simplifier, dématérialiser.

Il y a eu beaucoup de très grandes réformes ces dernières années, qui ont été lancées, et je veux vraiment saluer tous ces chantiers, mais nous devons poursuivre notre effort, pour doubler l'enseignement français à l'étranger, pour réussir à mieux nous enraciner dans les territoires, réussir à aller au bout de ce travail de dématérialisation et de simplification, également mieux travailler avec l'ensemble des régions et de nos territoires pour, en particulier améliorer le réflexe export et la synergie avec les collectivités territoriales et d'autres.

Et à ce titre, je souhaite qu'on puisse donc renforcer cette diplomatie au service des Françaises et des Français, de manière concrète, qui là, vient, si je puis dire, renforcer une tendance qui a été à l'oeuvre ces dernières années, et à cet égard, je souhaite qu'on aille au bout de la logique, par la création d'une réserve diplomatique citoyenne, qui permettra de diffuser cette culture, et là aussi des milieux d'affaires aux engagés en matière académique, culturelle, aux acteurs de terrain, permettra d'avoir une plus grande proximité avec la culture du ministère, avec sa projection, et ce qui permettra de bâtir une intimité culturelle plus grande avec tous nos compatriotes et avec certains secteurs qui s'estiment, parfois, éloignés de ce qui est la diplomatie, à mon avis à tort.

Tout ceci, et vous avez compris que j'étais à dessein parcellaire, mais je voulais simplement dégager ces grands axes, tout ceci doit s'appuyer sur une gestion renouvelée.

Le ministère est un ministère de ressources humaines et doit donc placer les agents au coeur de sa gestion, qu'il s'agisse des catégories A, B, C, des contractuels ou des agents de droit local.

Et c'est pourquoi je pense que, dans cette réforme et sa mise en oeuvre, il va falloir, et c'est un impératif, grâce aux moyens, et je vais y venir, donner de la visibilité aux contractuels, beaucoup plus qu'ils n'en ont, et permettre de bâtir des perspectives de carrière pour tous et toutes : rénover les carrières, professionnaliser la fonction RH, anticiper les nominations, et nous y prendrons notre part avec la ministre, en entamant dans les jours prochains un mouvement d'ambassadrices et d'ambassadeurs, mais il nous faudra aussi assurer les recrutements, y compris avec un nombre suffisant d'agents issus de l'INSP.

Et je le disais tout à l'heure, vous êtes un ministère beaucoup plus ouvert qu'on ne le dit parfois et peut-être que vous ne le pensez vous-mêmes.

Vous devez continuer à vous adjoindre des talents venus d'ailleurs avec, si je puis dire, un esprit de conquête, qu'il vous faut.

Vos qualités d'organisateurs, de négociateurs, de gestionnaires de crise, de communicants, doivent permettre de mieux projeter tous les agents du ministère aussi à l'extérieur, dans le secteur privé, mais aussi dans l'État.

Et je l'ai dit, c'est la demande que j'ai faite aux différents ministres, à la DIESE et à l'ensemble des directions compétentes, c'est de pouvoir nommer plus d'ambassadrices et d'ambassadeurs, préfets, rectrices et recteurs, directrices et directeurs d'administration centrale ou à la tête d'établissements publics, et je pense que la confiance s'installera par ces mouvements réciproques.

Comme vous le voyez, c'est une vaste tâche qui nous attend, et pour moi elle est indissociable du renforcement régalien de notre pays.

J'ai ainsi décidé, dès 2017, de renflouer les moyens de nos armées, puis cette année, de les renforcer très nettement, avec la LPM, et je pense que nous devons avoir une approche cohérente avec notre diplomatie.

Et donc, je le dis très solennellement devant vous, aujourd'hui, je souhaite un réarmement complet de notre diplomatie, un réarmement au service de la paix, dans la défense de nos intérêts et de nos valeurs, mais en cohérence aussi avec l'ambition qui est la nôtre.

Et sur la base des éléments que je viens d'esquisser, s'inscrivant dans le droit fil des éléments de doctrine que j'ai pu déployer ces derniers mois, j'ai donc décidé de répondre favorablement aux demandes formulées par la ministre, et en particulier celle d'une augmentation sur quatre ans des effectifs du ministère de 700 ETP.

J'ai également décidé d'augmenter les crédits du ministère de plus de 20 %, pour cette période, et de le porter à 7,9 milliards d'euros en 2027.

Nous devons assumer, pas simplement de mettre fin à des décennies de baisse et d'affaiblissement, ce que nous avons fait depuis 2020, mais à nous donner les moyens de réengager des capacités nécessaires, de pouvoir déployer des compétences nouvelles, et au fond, au moment où la guerre est revenue sur le sol européen, où des réarticulations profondes sont à l'oeuvre, de pouvoir nous donner les moyens de servir nos intérêts, de défendre nos priorités, notre influence, et de nous donner les capacités du rayonnement de notre pays.

Ces moyens, je sais que vous le mesurez, en période de sobriété, où nous devons réformer sans cesse, si besoin en était, la seule journée d'aujourd'hui permet de montrer que par ailleurs, faire des économies intelligentes de finances publiques n'est pas un mouvement spontané, ni de la nation, ni des administrations, et suppose des choix que j'assume par ailleurs, je souhaite que vous mesuriez le prix de cette confiance.

Je demanderai à la ministre de me faire, tous les six mois, un bilan de la transformation du ministère, mais pour moi, c'est un investissement au service d'une transformation, et ce n'est pas plus de moyens pour rebâtir, ou en quelque sorte être au service d'une nostalgie.

Non.

C'est pour nous donner les moyens d'une action nouvelle, au service d'une doctrine que j'ai déjà élaborée et des quelques quatre grands traits que je viens ici d'esquisser.


Clôture des États généraux de la diplomatie (2) Closing of the Estates General on Diplomacy (2)

Enfin, l'influence ne se joue pas que dans les lieux du pouvoir, les printemps arabes nous ont montré que les révolutions ne se détectent pas dans les palais, et nous devons aussi être hors les murs, dans l'intimité de la population, dans sa vie et ses réseaux.

Je sais que c'est au coeur de l'engagement de beaucoup d'entre vous, mais ça veut dire qu'on doit partout, sur toutes les géographies, démultiplier nos efforts pour considérer que le coeur de l'action aujourd'hui est d'aller chercher aux avant-postes celles et ceux qui font l'action politique mais aussi les opinions publiques, descendre plus profondément dans l'intimité des pays et de ce qui s'y joue, et peut-être mieux nous organiser collectivement.

Je dis souvent, il y a plusieurs pays, que je ne citerai pas parce que sinon je créerais trop d'émotion, où on investit beaucoup d'argent public et où, quand je regarde les choses, le président, les ministres, les directeurs d'agences, les ambassadeurs, les directeurs de services et les militaires, on voit tous les 10 mêmes personnes.

On les connaît très bien et ils nous disent tous la même chose, mais ce n'est pas tout le pays.

Cela fait des décennies qu'on voit les 10 mêmes personnes et qu'on les aime beaucoup, mais ça ne suffit plus.

Parfois, d'ailleurs, ce sont dans ces mêmes pays que des coups d'État arrivent et, si nous nous sommes habitués à ne pas voir le reste et à ne pas voir que travailler en sous-main des mouvements profonds et que certains de nos compétiteurs, car partout maintenant ce sont des théâtres de compétition, ont travaillé ces pays, les ont travaillés par le bas en rachetant des radios locales, en retournant des services de sécurité privés, parfois des conciergeries, je parle très concrètement parce que ce sont des cas qui arrivent et que nous voyons sur le terrain, en travaillant des réseaux sociaux, parfois en achetant évidemment des influenceurs ou des faux comptes, on se retrouve dans la même situation que ces 10 dirigeants, c'est-à-dire que nous ne sommes plus dans leur pays réel.

Ce n'est pas comme ça que nous bâtirons notre influence, et surtout l'avenir de notre présence.

C'est un immense chantier.

C'est une révolution organisationnelle, culturelle, ici et sur le terrain, mais elle est à mettre au coeur de notre action.

Le troisième trait, c'est une diplomatie qui prend pleinement le tournant des enjeux globaux.

Ce n'est pas une nouveauté, votre ministère les a déjà pris, vous avez structuré une direction générale, mais je crois pouvoir dire que la crédibilité de notre nation, de notre Europe, se jouera pour beaucoup, à l'avenir, sur sa capacité à trouver un contrat avec le reste du monde, pour l'alimentation, l'énergie, le climat, la biodiversité, mais aussi l'éducation, la santé, les grands sujets culturels.

Nous l'avons vu encore il y a quelques semaines, au G20 de Bali, ou lors du Sommet, il y a quelques jours, sur les forêts au Gabon, ce seront autant de coalitions variables qu'il faudra savoir mettre en place.

La France, je le crois profondément, a un rôle central à jouer car tous ces enjeux sont d'abord des enjeux internationaux qui sont objet de négociations complexes, par ailleurs toutes liées entre elles, où nous avons une expertise, une crédibilité, on l'a encore montré sur les sujets maritimes, mais ça nécessitera de monter en compétence et d'adapter l'organisation.

Et là-dessus, je le dis avec clarté, nous devons, si je puis dire, remembrer la cohérence de notre action à l'international, parce qu'il y a, au fond, deux mouvements, sinon, qui s'inscriront, et on est encore dans l'ambiguïté aujourd'hui, et l'idée de dire que la technicité l'emporte sur la compétence internationale et au fond, à chaque fois, il y aura une espèce de de conflit entre deux types de métiers.

Les gens qui font du climat vous diront : c'est un métier.

À juste titre, les diplomates me disent : c'est un métier.

Et donc la question de savoir où on met le centre de gravité est une décision politique.

Alors, il y a plusieurs choix.

On peut dire : on va tout interministérialiser, ce qu'on a fait sur les affaires européennes, par exemple.

À la fin, si on interministérialise tout, on refait un Gouvernement.

Il faut accepter, et je crois que c'est la vocation de votre ministère, d'avoir une culture interministérielle et d'être cette vocation interministérielle projetée.

Mais ce qui veut dire qu'il faut continuer et peut-être intensifier, d'abord la cohérence, et de se dire que quand on parle d'action internationale, c'est ici que ça se joue, mais ça veut dire importer des compétences techniques beaucoup plus fortes, continuer de le faire, et votre ministère, qui l'est déjà, doit encore plus devenir un lieu d'accueil et de coordination des compétences interministérielles.

Il devra exercer une tutelle stratégique sur les opérateurs, rayonner davantage et réussir, justement, à envoyer ses bons éléments en mobilité aussi sur des postes-clés, pour bâtir des compétences techniques dans certaines filières.

Et c'est pour ça que si la diplomatie est un métier, elle est sans doute des métiers, des métiers !

dans des filières qui vont se structurer de plus en plus, se professionnaliser.

C'est aussi pour ça qu'il faut se doter d'un instrument de formation continue et d'une académie diplomatique, comme vous le proposez, au service de l'ensemble de l'État ouverte aux diplomates étrangers, je vois ici beaucoup de visages amis venant d'autres diplomaties d'excellence, et je crois que cet outil serait un formidable moyen, à la fois de projections et de débats, mais aussi de formations, justement, au métier de diplomate et pour toutes ces filières.

Je pense que nous avons aussi à utiliser, dans ce contexte, ce qu'on a commencé à bâtir à travers le Forum de Paris sur la paix, qui avait bâti, justement, des premières filières, et qui doit être en synergie avec cette académie.

Le quatrième trait, c'est une diplomatie plus proche des Français.

Pour beaucoup de nos compatriotes, la diplomatie, c'est le consulaire, les passeports, les visas, c'est la gestion des crises, et merci infiniment du travail remarquable que font les équipes.

Et c'est vrai que je veux ici saluer votre action, je commençais en évoquant ces crises aux côtés desquelles on se rend plus facilement ici, mais notre dispositif consulaire, dont je veux saluer l'engagement et l'efficacité, fait plus pour nos compatriotes que beaucoup d'autres, et quand je regarde les comparables, nous avons vraiment un service d'excellence.

Mais à présent, nous devons encore faire davantage, faire mieux, simplifier, dématérialiser.

Il y a eu beaucoup de très grandes réformes ces dernières années, qui ont été lancées, et je veux vraiment saluer tous ces chantiers, mais nous devons poursuivre notre effort, pour doubler l'enseignement français à l'étranger, pour réussir à mieux nous enraciner dans les territoires, réussir à aller au bout de ce travail de dématérialisation et de simplification, également mieux travailler avec l'ensemble des régions et de nos territoires pour, en particulier améliorer le réflexe export et la synergie avec les collectivités territoriales et d'autres.

Et à ce titre, je souhaite qu'on puisse donc renforcer cette diplomatie au service des Françaises et des Français, de manière concrète, qui là, vient, si je puis dire, renforcer une tendance qui a été à l'oeuvre ces dernières années, et à cet égard, je souhaite qu'on aille au bout de la logique, par la création d'une réserve diplomatique citoyenne, qui permettra de diffuser cette culture, et là aussi des milieux d'affaires aux engagés en matière académique, culturelle, aux acteurs de terrain, permettra d'avoir une plus grande proximité avec la culture du ministère, avec sa projection, et ce qui permettra de bâtir une intimité culturelle plus grande avec tous nos compatriotes et avec certains secteurs qui s'estiment, parfois, éloignés de ce qui est la diplomatie, à mon avis à tort.

Tout ceci, et vous avez compris que j'étais à dessein parcellaire, mais je voulais simplement dégager ces grands axes, tout ceci doit s'appuyer sur une gestion renouvelée.

Le ministère est un ministère de ressources humaines et doit donc placer les agents au coeur de sa gestion, qu'il s'agisse des catégories A, B, C, des contractuels ou des agents de droit local.

Et c'est pourquoi je pense que, dans cette réforme et sa mise en oeuvre, il va falloir, et c'est un impératif, grâce aux moyens, et je vais y venir, donner de la visibilité aux contractuels, beaucoup plus qu'ils n'en ont, et permettre de bâtir des perspectives de carrière pour tous et toutes : rénover les carrières, professionnaliser la fonction RH, anticiper les nominations, et nous y prendrons notre part avec la ministre, en entamant dans les jours prochains un mouvement d'ambassadrices et d'ambassadeurs, mais il nous faudra aussi assurer les recrutements, y compris avec un nombre suffisant d'agents issus de l'INSP.

Et je le disais tout à l'heure, vous êtes un ministère beaucoup plus ouvert qu'on ne le dit parfois et peut-être que vous ne le pensez vous-mêmes.

Vous devez continuer à vous adjoindre des talents venus d'ailleurs avec, si je puis dire, un esprit de conquête, qu'il vous faut.

Vos qualités d'organisateurs, de négociateurs, de gestionnaires de crise, de communicants, doivent permettre de mieux projeter tous les agents du ministère aussi à l'extérieur, dans le secteur privé, mais aussi dans l'État.

Et je l'ai dit, c'est la demande que j'ai faite aux différents ministres, à la DIESE et à l'ensemble des directions compétentes, c'est de pouvoir nommer plus d'ambassadrices et d'ambassadeurs, préfets, rectrices et recteurs, directrices et directeurs d'administration centrale ou à la tête d'établissements publics, et je pense que la confiance s'installera par ces mouvements réciproques.

Comme vous le voyez, c'est une vaste tâche qui nous attend, et pour moi elle est indissociable du renforcement régalien de notre pays.

J'ai ainsi décidé, dès 2017, de renflouer les moyens de nos armées, puis cette année, de les renforcer très nettement, avec la LPM, et je pense que nous devons avoir une approche cohérente avec notre diplomatie.

Et donc, je le dis très solennellement devant vous, aujourd'hui, je souhaite un réarmement complet de notre diplomatie, un réarmement au service de la paix, dans la défense de nos intérêts et de nos valeurs, mais en cohérence aussi avec l'ambition qui est la nôtre.

Et sur la base des éléments que je viens d'esquisser, s'inscrivant dans le droit fil des éléments de doctrine que j'ai pu déployer ces derniers mois, j'ai donc décidé de répondre favorablement aux demandes formulées par la ministre, et en particulier celle d'une augmentation sur quatre ans des effectifs du ministère de 700 ETP.

J'ai également décidé d'augmenter les crédits du ministère de plus de 20 %, pour cette période, et de le porter à 7,9 milliards d'euros en 2027.

Nous devons assumer, pas simplement de mettre fin à des décennies de baisse et d'affaiblissement, ce que nous avons fait depuis 2020, mais à nous donner les moyens de réengager des capacités nécessaires, de pouvoir déployer des compétences nouvelles, et au fond, au moment où la guerre est revenue sur le sol européen, où des réarticulations profondes sont à l'oeuvre, de pouvoir nous donner les moyens de servir nos intérêts, de défendre nos priorités, notre influence, et de nous donner les capacités du rayonnement de notre pays.

Ces moyens, je sais que vous le mesurez, en période de sobriété, où nous devons réformer sans cesse, si besoin en était, la seule journée d'aujourd'hui permet de montrer que par ailleurs, faire des économies intelligentes de finances publiques n'est pas un mouvement spontané, ni de la nation, ni des administrations, et suppose des choix que j'assume par ailleurs, je souhaite que vous mesuriez le prix de cette confiance.

Je demanderai à la ministre de me faire, tous les six mois, un bilan de la transformation du ministère, mais pour moi, c'est un investissement au service d'une transformation, et ce n'est pas plus de moyens pour rebâtir, ou en quelque sorte être au service d'une nostalgie.

Non.

C'est pour nous donner les moyens d'une action nouvelle, au service d'une doctrine que j'ai déjà élaborée et des quelques quatre grands traits que je viens ici d'esquisser.