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Le Magicien d’Oz, CHAPITRE 15: LA RENCONTRE AVEC OZ LE REDOUTABLE

CHAPITRE 15: LA RENCONTRE AVEC OZ LE REDOUTABLE

Les quatre voyageurs s'avancèrent vers la grand-porte de la Cité d'Émeraude, et sonnèrent. Après avoir sonné à plusieurs reprises, il leur fut ouvert par le même Gardien des Portes qu'ils avaient rencontré précédemment. - Comment ! vous êtes de retour ? demandat- il, stupéfait. - Vous ne nous voyez pas ? ironisa l'Épouvantail. - Mais je croyais que vous étiez allés rendre visite à la Méchante Sorcière de l'Ouest ? - Nous lui avons rendu visite, en effet, répliqua l'Épouvantail. - Et elle vous a laissés repartir ? dit l'homme, de plus en plus stupéfait. - Elle n'a pu faire autrement, elle a fondu, expliqua l'Épouvantail. - Fondu ! En voilà, une bonne nouvelle ! Et qui l'a fait fondre ? - C'est Dorothée, dit le Lion, gravement. - Bonté divine ! s'exclama le Portier, et il salua très bas la fillette. Puis il les fit entrer dans sa petite pièce, et leur attacha à tous les lunettes tirées de sa grande boîte, exactement comme il l'avait fait quelque temps plus tôt. Après quoi, ils franchirent le portail et pénétrèrent dans la Cité. Quand le peuple apprit du Gardien des Portes qu'ils avaient fait fondre la Méchante Sorcière de l'Ouest, une foule entoura les voyageurs et les suivit en grand cortège jusqu'au Palais d'Oz. Le soldat aux verts favoris gardait toujours l'entrée, mais il les laissa passer immédiatement. Ils revirent la belle servante verte qui les mena chacun à son ancienne chambre pour prendre un peu de repos, en attendant qu'Oz veuille les recevoir. Le soldat avait aussitôt prévenu le Magicien du retour de Dorothée et de ses compagnons, ainsi que de la mort de la Méchante Sorcière. Oz avait répondu par le silence. Les voyageurs s'attendaient à ce qu'il les convoque sur-lechamp il n'en fit rien. Ni le lendemain, ni le lendemain du lendemain, ni le jour suivant, ils ne reçurent le moindre message.

L'attente devenait lassante et pénible, et ils finirent par s'offenser qu'Oz les traitât si mal, après leur avoir fait enduré peines et servitude. A la fin, l'Épouvantail pria la servante verte de transmettre à Oz que, s'il ne leur accordait pas tout de suite une entrevue, ils appelleraient les Singes ailés à la rescousse, et l'on verrait bien s'il savait ou non tenir ses promesses. Quand le Magicien reçut le message, si grande fut sa frayeur qu'il fixa la rencontre pour le lendemain matin, à neuf heures quatre minutes, dans la Salle du Trône. Il avait eu affaire une fois aux Singes ailés, dans le pays de l'Ouest, et ne tenait pas à les revoir. Les quatre voyageurs ne purent fermer l'oeil de la nuit, chacun songeant au don qu'Oz avait promis de lui accorder. Dorothée s'assoupit une seule fois et rêva qu'elle était au Kansas, et tante Em lui disait son bonheur d'avoir retrouvé sa petite fille. Le lendemain matin, à neuf heures, le soldat aux verts favoris s'empressa de les rassembler ; quatre minutes plus tard, tous pénétraient dans la Salle du Trône d'Oz le Grand. Naturellement, chacun d'eux s'attendait à revoir le Magicien sous la forme qu'il avait empruntée lors de leur première rencontre ; aussi furent-ils bien étonnés de n'apercevoir âme qui vive dans la pièce. Ils se tenaient tout près de la porte, se serrant l'un contre l'autre, car le silence de cette salle déserte était encore plus terrifiant qu'aucune des apparences revêtues par Oz la première fois. Bientôt, ils entendirent une voix qui semblait provenir du grand dôme, quelque part là-haut, et qui disait, solennelle : - Je suis Oz, le Grand et le Redoutable. Pourquoi voulez-vous me voir ? Ils explorèrent du regard chaque coin de la pièce, mais ne voyant personne, Dorothée demanda : - Où êtes-vous ? - Je suis partout, répondit la voix, mais pour les yeux des vulgaires mortels, je suis invisible. Je vais maintenant m'installer sur mon Trône, afin que nous puissions converser. En effet, la voix semblait à présent venir tout droit du Trône ; ils s'avancèrent donc dans sa direction et se tinrent alignés, tandis que Dorothée commençait : - Nous sommes venus vous rappeler vos promesses, ô Grand Oz. - Quelles promesses ? demanda Oz. - Vous avez promis de me faire revenir au Kansas, dès que la Sorcière serait détruite, dit la fillette. - Et vous avez promis de me donner une cervelle, dit l'Épouvantail. - Et vous avez promis de me donner un coeur, renchérit le Bûcheron-en-fer-blanc. - Et vous avez promis de me donner du courage, surenchérit le Lion Poltron. - La Méchante Sorcière est-elle vraiment détruite ? demanda la voix. Et Dorothée crut percevoir qu'elle tremblait légèrement. - Oui, répondit-elle. Je l'ai fait fondre avec un seau d'eau. - Mon Dieu, fit la voix, comme c'est soudain ! Très bien, revenez me voir demain, je dois réfléchir à tout cela. - Vous avez eu tout le temps de réfléchir, s'irrita le Bûcheron.. - Nous n'attendrons pas un jour de plus, gronda l'Épouvantail. - Vous devez tenir les promesses que vous nous avez faites, s'exclama Dorothée. Le Lion Poltron crut bon d'intervenir aussi et d'effrayer le Magicien ; il poussa donc un rugissement terrible, si féroce que Toto, alarmé, sauta de côté et culbuta contre un paravent dressé dans un coin, qui s'écroula. Le fracas de sa chute attira leurs regards dans cette direction, et ce qu'ils virent les remplit tous de stupeur. A l'endroit même que leur avait caché le paravent, se tenait un petit vieillard, chauve et ridé, et qui semblait tout aussi étonné que les voyageurs. Le Bûcheron, levant sa hache, se rua vers le petit homme en criant : - Qui êtes-vous ? - Je suis Oz, le Grand et le Redoutable, dit le petit homme d'une voix tremblante, mais je vous en prie, ne me frappez pas, je ferai tout ce que vous désirez. Nos amis le regardaient avec stupeur et consternation. - Je croyais qu'Oz était une grande Tête, dit Dorothée. - Et moi, une belle Dame, dit l'Épouvantail. - Et moi, une terrible Bête sauvage, dit le Bûcheron. - Et moi, une Boule de feu, dit le Lion. - Non ! vous vous trompiez, avoua humblement le petit homme. Je vous l'ai seulement fait croire. - Fait croire ! répéta Dorothée. Vous n'êtes donc pas un Grand Magicien ? - Chut ! mon enfant, dit-il, ne parlez pas si fort ; si l'on vous entendait, ce serait ma perte. Tout le monde me croit un Grand Magicien. - Et vous n'en êtes pas un ? demanda-t-elle. - Pas le moins du monde, chère petite. Je ne suis qu'un homme ordinaire. - Oh ! vous êtes plus que cela ! dit l'Épouvantail d'un ton d'amer reproche. Vous êtes un charlatan. - Très exactement ! déclara le petit homme en se frottant les mains, comme enchanté de l'étiquette. Je suis un charlatan. - Mais c'est une catastrophe ! dit le Bûcheron. Je n'aurai jamais de coeur, alors ? - Ni moi de courage ? demanda le Lion. - Ni moi de cervelle ? gémit l'Épouvantail, séchant ses larmes du revers de son paletot. - Mes chers amis, dit Oz, je vous en prie, oublions ces vétilles. Pensez plutôt à moi, et à l'embarras où me place votre découverte. - Quelqu'un d'autre sait-il que vous êtes un charlatan ? demanda Dorothée. - Personne, à part vous quatre - et moimême, répondit Oz. J'ai dupé tout le monde, pendant si longtemps, que je croyais bien n'être jamais démasqué. J'ai commis une grosse erreur en vous laissant pénétrer dans la Salle du Trône. D'habitude, je ne me montre pas à mes sujets, c'est ainsi qu'ils sont convaincus que je suis un être terrible. - Mais je ne comprends pas, dit Dorothée, désemparée. Comment avez-vous fait pour m'apparaître sous la forme d'une grande Tête ? - C'était une de mes ruses, répondit Oz. Venez par ici, s'il vous plaît, je vais tout vous expliquer. Derrière le trône se trouvait une petite pièce où il les fit entrer. Par terre, dans un angle, il leur montra la grande Tête, faite de plusieurs épaisseurs de papier, et le visage soigneusement peint. - Je la suspendais au plafond par un fil, dit Oz. Je me tenais caché derrière le paravent, et grâce à un autre fil, je faisais remuer les yeux et s'ouvrir la bouche. - Mais la voix ? insista Dorothée, intriguée. - Je suis ventriloque, dit le petit homme, et je peux diriger le son de ma voix du côté où je le désire ; c'est pourquoi vous avez cru qu'elle sortait de cette Tête. Voilà les autres artifices qui m'ont servi à vous illusionner. Il montra à l'Épouvantail la robe et le masque grâce auxquels il s'était fait passer pour la belle Dame ; et le Bûcheron put constater que sa Bête féroce n'était qu'un assemblage de peaux cousues, montées sur des baleines pour tenir les pans écartés. Quant à la Boule de feu, le faux magicien l'accrochait aussi au plafond. C'était en réalité une boule de coton ; mais une fois imbibée d'huile, elle flambait furieusement. - Tout de même, dit l'Épouvantail, vous devriez avoir honte, d'être un pareil charlatan. - Mais j'ai honte, très honte, répondit le petit homme, tristement. Hélas ! je n'avais pas le choix. Asseyez-vous, je vous prie, les sièges ne manquent pas ; je vais vous raconter mon histoire. Ils s'assirent donc, et voici ce qu'il leur raconta : - Je suis né à Omaha... - Mais ce n'est pas tellement loin du Kansas ! interrompit Dorothée. - Non ; mais ce n'est pas tout près d'ici, ditil en secouant tristement la tête. Quand je fus devenu grand, j'appris le métier de ventriloque, sous la direction d'un grand maître. Je peux imiter n'importe quel oiseau ou animal. Là-dessus, il miaula comme un petit chat, de façon si ressemblante que Toto, dressant les oreilles, se mit à fureter dans les coins. - Au bout d'un certain temps, reprit-il, je m'en lassai, et me fis homme-ballon. - Qu'est-ce que c'est ? demanda Dorothée. - Un homme qui fait de la réclame pour un cirque, expliqua-t-il. Les jours de représentation, il monte en ballon pour attirer la foule des curieux, et les amener à assister au spectacle payant. - Oh ! je vois ! fit-elle. - Donc, un jour que je montai dans le ballon, les cordes s'entortillèrent de telle sorte que je ne pus plus redescendre.

Le ballon s'éleva au-dessus des nuages, un fort courant d'air le happa et l'entraîna à des lieues et des lieues de là. J'errai dans le ciel tout un jour et une nuit. Le matin du second jour, je me réveillai et découvris que je flottai au-dessus d'une contrée étrangement belle. « Le ballon descendit progresssivement jusqu'au sol, et se posa sans heurt. Je me retrouvai au milieu d'un peuple étrange, qui, me voyant débarquer des nuages, me prit pour un Grand Magicien. Naturellement, je le leur laissai croire, car cela leur inspirait crainte et respect, et ils promirent de faire tout ce que je voudrais. « Pour me distraire et donner de l'ouvrage à ce bon peuple, je leur ordonnai de construire cette Cité et mon Palais, ce qu'ils exécutèrent de bon coeur et avec talent. Comme ce pays était d'un vert magnifique, je décidai de l'appeler la Cité d'Émeraude, et pour faire plus vrai, je décrétai que tout le monde porterait des lunettes vertes, en sorte que tout ce qu'ils verraient serait vert. »- Tout n'est donc pas vert, ici ? demanda Dorothée. - Pas plus qu'ailleurs, répondit Oz. Mais bien sûr, avec des lunettes vertes, tout a l'air de l'être. - La Cité d'Émeraude fut construite il y a bien longtemps, car j'étais un tout jeune homme quand le ballon m'apporta ; je suis un vieillard à présent. Mais mon peuple a porté si longtemps ces lunettes vertes que la plupart d'entre eux croient que c'est réellement une Cité d'Émeraude ; en tout cas, c'est une très belle contrée, où abondent les pierres et les métaux précieux, et toutes choses indispensables au bonheur des gens. J'ai été bon pour mon peuple, et il m'aime ; mais depuis sa construction, je me suis enfermé dans mon Palais, et personne ne m'a jamais revu. « Ce que je redoutais le plus, c'étaient les Sorcières, car je ne possédais aucun pouvoir magique, alors qu'elles étaient vraiment capables d'accomplir des prodiges. Elles étaient quatre à se partager le pays, et régnaient chacune sur les gens qui vivent au Nord, au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Heureusement, les Sorcières du Nord et du Sud étaient bonnes, et je savais que je n'en avais rien à craindre ; mais celles de l'Est et de l'Ouest étaient terriblement malfaisantes, et si elles ne m'avaient pas cru plus puissant qu'ellesmêmes, elles n'auraient pas hésité à me détruire. Ainsi, j'ai vécu pendant des années dans la frayeur et l'angoisse ; vous imaginez donc ma joie, quand j'ai appris que votre maison avait, en tombant, écrasé la Méchante Sorcière de l'Est. Lorsque vous êtes venue me trouver, j'étais prêt à vous promettre n'importe quoi, pourvu que vous me débarrassiez de l'autre Sorcière ; à présent que vous l'avez fait fondre, j'avoue, à ma grande honte, que je suis incapable de tenir mes promesses. »- Vous n'êtes qu'un méchant ! s'indigna Dorothée. - Oh ! non, ma chère enfant ; je suis un très brave homme, mais un très mauvais magicien, je dois le reconnaître. - En ce cas, vous ne pouvez pas me donner de cervelle ? demanda l'Épouvantail. - Vous n'en avez pas besoin. Chaque jour vous apprend quelque chose de nouveau. Un bébé a une cervelle, mais il ne connaît pas grand-chose. Seule l'expérience instruit, et plus vous vivrez sur cette terre, plus vous acquerrez d'expérience. - C'est bien possible, protesta l'Épouvantail, mais je serai très malheureux tant que je n'aurai pas de cervelle. Le faux magicien le sonda du regard. - Bon, fit-il en soupirant. Je n'ai guère les dons d'un magicien, je vous l'ai dit ; mais si vous y tenez, venez demain matin, je vous garnirai la tête d'une cervelle. Toutefois, je ne puis vous en donner le mode d'emploi ; c'est à vous de le découvrir tout seul. - Oh ! merci ! merci ! s'écria l'Épouvantail. Je trouverai le moyen de m'en servir, n'ayez crainte. - Et... en ce qui concerne mon courage ? demanda anxieusement le Lion.

- Je suis sûr que vous en êtes bourré, répondit Oz. Ce qui vous manque, c'est la confiance en vous-même. Tout ce qui vit a peur en face du danger. Le vrai courage consiste donc à braver le danger qui fait peur, et cette sorte de courage ne vous fait pas défaut. - Peut-être, dit le Lion, mais cela ne me rassure pas d'un poil. Je serai vraiment très malheureux, tant que vous ne m'aurez pas donné cette sorte de courage qui fait oublier qu'on a peur. - Très bien, dit Oz, demain, je vous en ferai don. - Et... pour ce qui est de mon coeur ? demanda le Bûcheron-en-fer-blanc. - Alors, là, dit Oz, je pense que vous avez tort de désirer un coeur. La plupart des gens s'en trouvent fort malheureux. Si seulement vous saviez ce que c'est, vous vous réjouiriez d'en être dépourvu. - Ce doit être une affaire d'opinion, dit le Bûcheron. Pour moi, si vous me donnez un coeur, je supporterai ce malheur sans un murmure. -Très bien, dit Oz, résigné. J'ai joué au magicien pendant des années, pourquoi ne pas faire durer le rôle un peu plus ? - Et moi, dit Dorothée, comment vais-je rentrer au Kansas ? - Nous allons examiner la question, répliqua le petit homme. Laissezmoi deux ou trois jours pour y réfléchir, et j'essaierai de trouver un moyen pour vous faire franchir le désert. Entretemps, vous serez traités comme mes hôtes, et durant votre séjour au Palais mon peuple vous servira et obéira au moindre de vos désirs. En revanche, étant donné la situation, je ne vous demande qu'une chose, pour ma propre sûreté : gardez mon secret. Ne révélez à personne que je suis un charlatan. Ils convinrent de ne rien dire de ce qu'ils venaient d'apprendre, et regagnèrent leurs chambres, réconfortés et joyeux. Même Dorothée gardait l'espoir que le « Grand et Redoutable Charlatan », comme elle l'avait surnommé, trouverait un moyen pour la renvoyer au Kansas ; et dans ce cas, elle se sentait prête à tout lui pardonner.

CHAPITRE 15: LA RENCONTRE AVEC OZ LE REDOUTABLE KAPITEL 15: DIE BEGEGNUNG MIT OZ DEM FURCHTERREGENDEN CHAPTER 15: MEETING DREAMY OZ CAPÍTULO 15: EL ENCUENTRO CON OZ EL FORMIDABLE فصل 15: ملاقات با OZ DREAMY CAPITOLO 15: L'INCONTRO CON OZ IL FORMIDABILE 第15章 手ごわいオズとの出会い CAPÍTULO 15: O ENCONTRO COM OZ, O TEMÍVEL ГЛАВА 15: ВСТРЕЧА С ОЗОМ ГРОЗНЫМ BÖLÜM 15: KORKUNÇ OZ İLE BULUŞMA 第 15 章:遇见梦幻奥兹国

Les quatre voyageurs s'avancèrent vers la grand-porte de la Cité d'Émeraude, et sonnèrent. The four travelers walked towards the main gate of the Emerald City, and rang the bell. Après avoir sonné à plusieurs reprises, il leur fut ouvert par le même Gardien des Portes qu'ils avaient rencontré précédemment. After ringing several times, it was opened to them by the same Gatekeeper they had met previously. - Comment ! - How ! vous êtes de retour ? sind Sie wieder da? You are back ? demandat- il, stupéfait. he asked, amazed. - Vous ne nous voyez pas ? - Can't you see us? ironisa l'Épouvantail. quipped the Scarecrow. - Mais je croyais que vous étiez allés rendre visite à la Méchante Sorcière de l'Ouest ? - But I thought you went to visit the Wicked Witch of the West? - Nous lui avons rendu visite, en effet, répliqua l'Épouvantail. - Et elle vous a laissés repartir ? - And she let you go? dit l'homme, de plus en plus stupéfait. - Elle n'a pu faire autrement, elle a fondu, expliqua l'Épouvantail. - She couldn't have done otherwise, she melted, explained the Scarecrow. - Fondu ! En voilà, une bonne nouvelle ! Et qui l'a fait fondre ? And who melted it? - C'est Dorothée, dit le Lion, gravement. - Bonté divine ! - God's goodness ! s'exclama le Portier, et il salua très bas la fillette. exclaimed the Porter, and bowed very low to the little girl. Puis il les fit entrer dans sa petite pièce, et leur attacha à tous les lunettes tirées de sa grande boîte, exactement comme il l'avait fait quelque temps plus tôt. Then he ushered them into his small room, and attached their glasses from his large box to all of them, just as he had done some time earlier. Après quoi, ils franchirent le portail et pénétrèrent dans la Cité. Afterwards, they passed through the portal and entered the City. Quand le peuple apprit du Gardien des Portes qu'ils avaient fait fondre la Méchante Sorcière de l'Ouest, une foule entoura les voyageurs et les suivit en grand cortège jusqu'au Palais d'Oz. When the people learned from the Keeper of the Gates that they had melted the Wicked Witch of the West, a crowd surrounded the travelers and followed them in great procession to the Palace of Oz. Le soldat aux verts favoris gardait toujours l'entrée, mais il les laissa passer immédiatement. The soldier with the green sideburns was still guarding the entrance, but he let them pass immediately. Ils revirent la belle servante verte qui les mena chacun à son ancienne chambre pour prendre un peu de repos, en attendant qu'Oz veuille les recevoir. They saw again the beautiful green maid who led them each to her old room to take a little rest, while waiting for Oz to want to receive them. Le soldat avait aussitôt prévenu le Magicien du retour de Dorothée et de ses compagnons, ainsi que de la mort de la Méchante Sorcière. The soldier had immediately informed the Magician of the return of Dorothy and her companions, as well as of the death of the Wicked Witch. Oz avait répondu par le silence. Oz had answered with silence. Les voyageurs s'attendaient à ce qu'il les convoque sur-lechamp il n'en fit rien. The travelers were expecting him to call them on the spot, but he didn't. Ni le lendemain, ni le lendemain du lendemain, ni le jour suivant, ils ne reçurent le moindre message. Neither the next day, nor the day after the next day, nor the next day, did they receive any message.

L'attente devenait lassante et pénible, et ils finirent par s'offenser qu'Oz les traitât si mal, après leur avoir fait enduré peines et servitude. The wait became tiresome and painful, and they ended up being offended that Oz treated them so badly, after having made them endure pain and servitude. A la fin, l'Épouvantail pria la servante verte de transmettre à Oz que, s'il ne leur accordait pas tout de suite une entrevue, ils appelleraient les Singes ailés à la rescousse, et l'on verrait bien s'il savait ou non tenir ses promesses. At last the Scarecrow begged the green maid to tell Oz that if he didn't give them an interview right away, they would call the Winged Monkeys to help, and we'd see if he knew where. not keeping promises. Quand le Magicien reçut le message, si grande fut sa frayeur qu'il fixa la rencontre pour le lendemain matin, à neuf heures quatre minutes, dans la Salle du Trône. When the Magician received the message, so great was his fright that he fixed the meeting for the following morning, at nine o'clock four minutes, in the Throne Room. Il avait eu affaire une fois aux Singes ailés, dans le pays de l'Ouest, et ne tenait pas à les revoir. He had dealt once with the Winged Monkeys in the West Country and did not want to see them again. Les quatre voyageurs ne purent fermer l'oeil de la nuit, chacun songeant au don qu'Oz avait promis de lui accorder. The four travelers couldn't sleep a wink all night, each thinking of the gift that Oz had promised to grant him. Dorothée s'assoupit une seule fois et rêva qu'elle était au Kansas, et tante Em lui disait son bonheur d'avoir retrouvé sa petite fille. Dorothée dozed off once and dreamed that she was in Kansas, and Aunt Em was telling her how happy she was to have found her little girl. Le lendemain matin, à neuf heures, le soldat aux verts favoris s'empressa de les rassembler ; quatre minutes plus tard, tous pénétraient dans la Salle du Trône d'Oz le Grand. The next morning, at nine o'clock, the soldier with the green whiskers hastened to collect them; four minutes later, all entered the Throne Room of Oz the Great. Naturellement, chacun d'eux s'attendait à revoir le Magicien sous la forme qu'il avait empruntée lors de leur première rencontre ; aussi furent-ils bien étonnés de n'apercevoir âme qui vive dans la pièce. Naturally, each of them expected to see the Wizard again in the form he had assumed when they first met; so they were much surprised not to see a living soul in the room. Ils se tenaient tout près de la porte, se serrant l'un contre l'autre, car le silence de cette salle déserte était encore plus terrifiant qu'aucune des apparences revêtues par Oz la première fois. They were standing close to the door, huddled together, for the silence of this deserted room was even more terrifying than any of the appearances Oz had the first time. Bientôt, ils entendirent une voix qui semblait provenir du grand dôme, quelque part là-haut, et qui disait, solennelle : - Je suis Oz, le Grand et le Redoutable. Soon they heard a voice which seemed to come from the great dome, somewhere up there, and which said, solemnly: - I am Oz, the Great and the Redoubtable. Pourquoi voulez-vous me voir ? Why do you want to see me? Ils explorèrent du regard chaque coin de la pièce, mais ne voyant personne, Dorothée demanda : - Où êtes-vous ? They explored each corner of the room with their eyes, but seeing no one, Dorothée asked: - Where are you? - Je suis partout, répondit la voix, mais pour les yeux des vulgaires mortels, je suis invisible. - I am everywhere, answered the voice, but for the eyes of the vulgar mortals, I am invisible. Je vais maintenant m'installer sur mon Trône, afin que nous puissions converser. I will now install myself on my Throne, so that we can converse. En effet, la voix semblait à présent venir tout droit du Trône ; ils s'avancèrent donc dans sa direction et se tinrent alignés, tandis que Dorothée commençait : - Nous sommes venus vous rappeler vos promesses, ô Grand Oz. Indeed, the voice now seemed to come straight from the Throne; so they advanced in his direction and stood in line, while Dorothy began: - We have come to remind you of your promises, O Great Oz. - Quelles promesses ? - What promises? demanda Oz. Oz asked. - Vous avez promis de me faire revenir au Kansas, dès que la Sorcière serait détruite, dit la fillette. - You promised to bring me back to Kansas, as soon as the Witch was destroyed, said the girl. - Et vous avez promis de me donner une cervelle, dit l'Épouvantail. "And you promised to give me brains," said the Scarecrow. - Et vous avez promis de me donner un coeur, renchérit le Bûcheron-en-fer-blanc. - Et vous avez promis de me donner du courage, surenchérit le Lion Poltron. - And you promised to give me courage, outbids the Cowardly Lion. - La Méchante Sorcière est-elle vraiment détruite ? - Is the Wicked Witch really destroyed? demanda la voix. Et Dorothée crut percevoir qu'elle tremblait légèrement. And Dorothée thought she perceived that she was trembling slightly. - Oui, répondit-elle. Je l'ai fait fondre avec un seau d'eau. I melted it with a bucket of water. - Mon Dieu, fit la voix, comme c'est soudain ! - My God, said the voice, how sudden! Très bien, revenez me voir demain, je dois réfléchir à tout cela. All right, come back and see me tomorrow, I have to think about all this. - Vous avez eu tout le temps de réfléchir, s'irrita le Bûcheron.. - Nous n'attendrons pas un jour de plus, gronda l'Épouvantail. - You've had plenty of time to think, the Woodcutter was irritated. - We won't wait another day, growled the Scarecrow. - Vous devez tenir les promesses que vous nous avez faites, s'exclama Dorothée. - You must keep the promises you made to us, exclaimed Dorothy. Le Lion Poltron crut bon d'intervenir aussi et d'effrayer le Magicien ; il poussa donc un rugissement terrible, si féroce que Toto, alarmé, sauta de côté et culbuta contre un paravent dressé dans un coin, qui s'écroula. The Cowardly Lion thought fit to intervene too and frighten the Magician; he therefore uttered a terrible roar, so ferocious that Toto, alarmed, jumped aside and tumbled against a screen erected in a corner, which collapsed. Le fracas de sa chute attira leurs regards dans cette direction, et ce qu'ils virent les remplit tous de stupeur. The crash of his fall drew their gazes in that direction, and what they saw filled them all with amazement. A l'endroit même que leur avait caché le paravent, se tenait un petit vieillard, chauve et ridé, et qui semblait tout aussi étonné que les voyageurs. In the very spot which the screen had hidden from them, stood a little old man, bald and wrinkled, and who seemed as astonished as the travellers. Le Bûcheron, levant sa hache, se rua vers le petit homme en criant : - Qui êtes-vous ? The Woodcutter, raising his axe, rushed towards the little man, shouting: - Who are you? - Je suis Oz, le Grand et le Redoutable, dit le petit homme d'une voix tremblante, mais je vous en prie, ne me frappez pas, je ferai tout ce que vous désirez. - I am Oz, the Great and the Redoubtable, said the little man in a trembling voice, but please don't hit me, I will do whatever you want. Nos amis le regardaient avec stupeur et consternation. Our friends looked at him in amazement and consternation. - Je croyais qu'Oz était une grande Tête, dit Dorothée. - I thought Oz was a Big Head, said Dorothy. - Et moi, une belle Dame, dit l'Épouvantail. - Et moi, une terrible Bête sauvage, dit le Bûcheron. - Et moi, une Boule de feu, dit le Lion. - Non ! vous vous trompiez, avoua humblement le petit homme. you were wrong, humbly admitted the little man. Je vous l'ai seulement fait croire. I only made you believe it. - Fait croire ! répéta Dorothée. Vous n'êtes donc pas un Grand Magicien ? So you are not a Great Magician? - Chut ! mon enfant, dit-il, ne parlez pas si fort ; si l'on vous entendait, ce serait ma perte. my child, said he, do not speak so loudly; if you were heard, it would be my loss. Tout le monde me croit un Grand Magicien. Everyone believes me to be a Great Magician. - Et vous n'en êtes pas un ? demanda-t-elle. - Pas le moins du monde, chère petite. - Not in the least, dear. Je ne suis qu'un homme ordinaire. I'm just an ordinary man. - Oh ! vous êtes plus que cela ! you are more than that! dit l'Épouvantail d'un ton d'amer reproche. said the Scarecrow in a tone of bitter reproach. Vous êtes un charlatan. - Très exactement ! déclara le petit homme en se frottant les mains, comme enchanté de l'étiquette. declared the little man, rubbing his hands, as if delighted with the label. Je suis un charlatan. - Mais c'est une catastrophe ! dit le Bûcheron. Je n'aurai jamais de coeur, alors ? - Ni moi de courage ? demanda le Lion. - Ni moi de cervelle ? gémit l'Épouvantail, séchant ses larmes du revers de son paletot. groaned the Scarecrow, wiping away his tears with the lapel of his overcoat. - Mes chers amis, dit Oz, je vous en prie, oublions ces vétilles. - My dear friends, said Oz, please, let's forget these trifles. Pensez plutôt à moi, et à l'embarras où me place votre découverte. Think rather of me, and of the embarrassment in which your discovery places me. - Quelqu'un d'autre sait-il que vous êtes un charlatan ? - Does anyone else know you're a charlatan? demanda Dorothée. - Personne, à part vous quatre - et moimême, répondit Oz. - Nobody, except you four - and myself, answered Oz. J'ai dupé tout le monde, pendant si longtemps, que je croyais bien n'être jamais démasqué. I fooled everyone, for so long, that I thought I would never be unmasked. J'ai commis une grosse erreur en vous laissant pénétrer dans la Salle du Trône. I made a big mistake letting you into the Throne Room. D'habitude, je ne me montre pas à mes sujets, c'est ainsi qu'ils sont convaincus que je suis un être terrible. Usually, I don't show myself to my subjects, that's how they are convinced that I am a terrible being. - Mais je ne comprends pas, dit Dorothée, désemparée. - But I don't understand, said Dorothée, distraught. Comment avez-vous fait pour m'apparaître sous la forme d'une grande Tête ? How did you manage to appear to me in the form of a large Head? - C'était une de mes ruses, répondit Oz. "It was one of my tricks," Oz replied. Venez par ici, s'il vous plaît, je vais tout vous expliquer. Come over here, please, I'll explain everything to you. Derrière le trône se trouvait une petite pièce où il les fit entrer. Behind the throne was a small room which he ushered them into. Par terre, dans un angle, il leur montra la grande Tête, faite de plusieurs épaisseurs de papier, et le visage soigneusement peint. On the ground, in an angle, he showed them the large Head, made of several layers of paper, and the carefully painted face. - Je la suspendais au plafond par un fil, dit Oz. - I hung it from the ceiling by a thread, said Oz. Je me tenais caché derrière le paravent, et grâce à un autre fil, je faisais remuer les yeux et s'ouvrir la bouche. I was hidden behind the screen, and thanks to another thread, I made the eyes move and the mouth open. - Mais la voix ? insista Dorothée, intriguée. - Je suis ventriloque, dit le petit homme, et je peux diriger le son de ma voix du côté où je le désire ; c'est pourquoi vous avez cru qu'elle sortait de cette Tête. - I am a ventriloquist, said the little man, and I can direct the sound of my voice where I want; this is why you believed that it came from this Head. Voilà les autres artifices qui m'ont servi à vous illusionner. These are the other artifices which have served me to deceive you. Il montra à l'Épouvantail la robe et le masque grâce auxquels il s'était fait passer pour la belle Dame ; et le Bûcheron put constater que sa Bête féroce n'était qu'un assemblage de peaux cousues, montées sur des baleines pour tenir les pans écartés. He showed the Scarecrow the dress and the mask with which he had passed himself off as the beautiful Lady; and the Woodcutter could see that his Ferocious Beast was only an assemblage of sewn skins, mounted on stays to hold the sides apart. Quant à la Boule de feu, le faux magicien l'accrochait aussi au plafond. As for the Fireball, the fake magician also hung it from the ceiling. C'était en réalité une boule de coton ; mais une fois imbibée d'huile, elle flambait furieusement. - Tout de même, dit l'Épouvantail, vous devriez avoir honte, d'être un pareil charlatan. - All the same, said the Scarecrow, you should be ashamed of yourself, to be such a charlatan. - Mais j'ai honte, très honte, répondit le petit homme, tristement. - But I'm ashamed, very ashamed, replied the little man, sadly. Hélas ! je n'avais pas le choix. I had no choice. Asseyez-vous, je vous prie, les sièges ne manquent pas ; je vais vous raconter mon histoire. Sit down, please, there is no lack of seats; I will tell you my story. Ils s'assirent donc, et voici ce qu'il leur raconta : - Je suis né à Omaha... - Mais ce n'est pas tellement loin du Kansas ! So they sat down, and this is what he told them: - I was born in Omaha... - But it's not that far from Kansas! interrompit Dorothée. - Non ; mais ce n'est pas tout près d'ici, ditil en secouant tristement la tête. - Nope ; but it's not near here, he said, shaking his head sadly. Quand je fus devenu grand, j'appris le métier de ventriloque, sous la direction d'un grand maître. When I grew up, I learned the profession of ventriloquist, under the guidance of a great master. Je peux imiter n'importe quel oiseau ou animal. I can imitate any bird or animal. Là-dessus, il miaula comme un petit chat, de façon si ressemblante que Toto, dressant les oreilles, se mit à fureter dans les coins. Thereupon he mewed like a little cat, so similarly that Toto, perking up his ears, began to rummage around in the corners. - Au bout d'un certain temps, reprit-il, je m'en lassai, et me fis homme-ballon. - After a while, he went on, I got tired of it, and became a balloon man. - Qu'est-ce que c'est ? - What is that ? demanda Dorothée. - Un homme qui fait de la réclame pour un cirque, expliqua-t-il. - Ein Mann, der Werbung für einen Zirkus macht", erklärte er. - A man who advertises for a circus, he explained. Les jours de représentation, il monte en ballon pour attirer la foule des curieux, et les amener à assister au spectacle payant. An Aufführungstagen steigt er in einen Ballon, um die Menge der Neugierigen anzulocken und sie dazu zu bringen, der kostenpflichtigen Aufführung beizuwohnen. On performance days, he goes up in a balloon to attract the crowd of curious people, and get them to attend the paid show. - Oh ! je vois ! ich sehe! fit-elle. sagte sie. - Donc, un jour que je montai dans le ballon, les cordes s'entortillèrent de telle sorte que je ne pus plus redescendre. - Als ich also eines Tages in den Ballon stieg, verdrehten sich die Seile so, dass ich nicht mehr herunterklettern konnte. - So, one day when I got into the balloon, the ropes twisted so that I couldn't come down.

Le ballon s'éleva au-dessus des nuages, un fort courant d'air le happa et l'entraîna à des lieues et des lieues de là. Der Ballon stieg über den Wolken auf, ein starker Luftzug erfasste ihn und zog ihn meilenweit davon. The balloon rose above the clouds, a strong current of air caught it and dragged it miles and miles away. J'errai dans le ciel tout un jour et une nuit. Ich irrte einen ganzen Tag und eine ganze Nacht am Himmel umher. I wandered in the sky all day and night. Le matin du second jour, je me réveillai et découvris que je flottai au-dessus d'une contrée étrangement belle. Am Morgen des zweiten Tages wachte ich auf und stellte fest, dass ich über einem seltsam schönen Land schwebte. On the morning of the second day, I awoke to find that I was floating above a strangely beautiful land. « Le ballon descendit progresssivement jusqu'au sol, et se posa sans heurt. "Der Ballon sank progressiv bis zum Boden und landete sanft. “The ball descended progressively to the ground, and landed smoothly. Je me retrouvai au milieu d'un peuple étrange, qui, me voyant débarquer des nuages, me prit pour un Grand Magicien. Ich fand mich inmitten eines seltsamen Volkes wieder, das mich aus den Wolken kommen sah und mich für einen großen Zauberer hielt. I found myself in the midst of a strange people, who, seeing me landing from the clouds, took me for a Great Magician. Naturellement, je le leur laissai croire, car cela leur inspirait crainte et respect, et ils promirent de faire tout ce que je voudrais. Natürlich ließ ich sie das glauben, denn es flößte ihnen Furcht und Respekt ein, und sie versprachen, alles zu tun, was ich wollte. Naturally, I let them believe it, for it inspired them with fear and respect, and they promised to do whatever I wanted. « Pour me distraire et donner de l'ouvrage à ce bon peuple, je leur ordonnai de construire cette Cité et mon Palais, ce qu'ils exécutèrent de bon coeur et avec talent. "Um mich abzulenken und dem guten Volk Arbeit zu geben, befahl ich ihnen, diese Stadt und meinen Palast zu bauen, was sie bereitwillig und mit Talent ausführten. “To amuse myself and give work to these good people, I ordered them to build this City and my Palace, which they executed with good heart and skill. Comme ce pays était d'un vert magnifique, je décidai de l'appeler la Cité d'Émeraude, et pour faire plus vrai, je décrétai que tout le monde porterait des lunettes vertes, en sorte que tout ce qu'ils verraient serait vert. Da dieses Land so herrlich grün war, beschloss ich, es Smaragdstadt zu nennen, und um es noch echter zu machen, verfügte ich, dass alle Menschen grüne Brillen tragen sollten, sodass alles, was sie sehen würden, grün sein würde. As this country was a beautiful green, I decided to call it the Emerald City, and to make it more true, I decreed that everyone would wear green glasses, so that everything they saw would be green. . »- Tout n'est donc pas vert, ici ? "- Ist hier also nicht alles grün? "So isn't everything green here?" demanda Dorothée. - Pas plus qu'ailleurs, répondit Oz. - Nicht mehr als anderswo", antwortete Oz. - No more than anywhere else, answered Oz. Mais bien sûr, avec des lunettes vertes, tout a l'air de l'être. Aber natürlich sieht mit einer grünen Brille alles so aus, wie es aussieht. But of course, with green glasses, everything looks so. - La Cité d'Émeraude fut construite il y a bien longtemps, car j'étais un tout jeune homme quand le ballon m'apporta ; je suis un vieillard à présent. - Die Smaragdstadt wurde vor langer Zeit erbaut, denn ich war ein ganz junger Mann, als der Ballon mich brachte; jetzt bin ich ein alter Mann. - The Emerald City was built a long time ago, for I was a very young man when the balloon brought me; I am an old man now. Mais mon peuple a porté si longtemps ces lunettes vertes que la plupart d'entre eux croient que c'est réellement une Cité d'Émeraude ; en tout cas, c'est une très belle contrée, où abondent les pierres et les métaux précieux, et toutes choses indispensables au bonheur des gens. Aber mein Volk hat die grüne Brille so lange getragen, dass die meisten von ihnen glauben, es sei tatsächlich eine Smaragdstadt. Auf jeden Fall ist es ein sehr schönes Land, in dem es viele Edelsteine und Metalle gibt und all die Dinge, die für das Glück der Menschen unerlässlich sind. But my people have worn those green glasses for so long that most of them believe it really is an Emerald City; in any case, it is a very beautiful country, where stones and precious metals abound, and all things indispensable to the happiness of people. J'ai été bon pour mon peuple, et il m'aime ; mais depuis sa construction, je me suis enfermé dans mon Palais, et personne ne m'a jamais revu. Ich war gut zu meinem Volk und es liebt mich; aber seit seiner Erbauung habe ich mich in meinem Palast eingeschlossen und niemand hat mich je wieder gesehen. I have been good to my people, and they love me; but since its construction, I locked myself in my Palace, and no one ever saw me again. « Ce que je redoutais le plus, c'étaient les Sorcières, car je ne possédais aucun pouvoir magique, alors qu'elles étaient vraiment capables d'accomplir des prodiges. "Am meisten fürchtete ich mich vor den Hexen, weil ich keine Zauberkräfte besaß, während sie wirklich Wunder vollbringen konnten. "What I feared the most were the Witches, because I had no magic power, whereas they were really capable of performing wonders. Elles étaient quatre à se partager le pays, et régnaient chacune sur les gens qui vivent au Nord, au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Sie waren vier, die das Land unter sich aufteilten und jeweils über die Menschen herrschten, die im Norden, Süden, Osten und Westen lebten. They were four to share the country, and each reigned over the people who live in the North, South, East and West. Heureusement, les Sorcières du Nord et du Sud étaient bonnes, et je savais que je n'en avais rien à craindre ; mais celles de l'Est et de l'Ouest étaient terriblement malfaisantes, et si elles ne m'avaient pas cru plus puissant qu'ellesmêmes, elles n'auraient pas hésité à me détruire. Zum Glück waren die Nord- und Südhexen gut und ich wusste, dass ich keine Angst vor ihnen haben musste, aber die Ost- und Westhexen waren furchtbar böse und hätten sie mich nicht für mächtiger gehalten als sich selbst, hätten sie nicht gezögert, mich zu vernichten. Fortunately, the Witches of the North and the South were good, and I knew I had nothing to fear from them; but those of the East and West were terribly evil, and if they had not believed me more powerful than themselves, they would not have hesitated to destroy me. Ainsi, j'ai vécu pendant des années dans la frayeur et l'angoisse ; vous imaginez donc ma joie, quand j'ai appris que votre maison avait, en tombant, écrasé la Méchante Sorcière de l'Est. So habe ich jahrelang in Angst und Schrecken gelebt; Sie können sich also vorstellen, wie froh ich war, als ich erfuhr, dass Ihr Haus beim Umfallen die Böse Hexe des Ostens zerquetscht hatte. Thus, I lived for years in fear and anguish; so you can imagine my joy, when I learned that your house had, in falling, crushed the Wicked Witch of the East. Lorsque vous êtes venue me trouver, j'étais prêt à vous promettre n'importe quoi, pourvu que vous me débarrassiez de l'autre Sorcière ; à présent que vous l'avez fait fondre, j'avoue, à ma grande honte, que je suis incapable de tenir mes promesses. Als du zu mir kamst, war ich bereit, dir alles zu versprechen, wenn du mir nur die andere Hexe vom Hals schaffen würdest. Jetzt, wo du sie zum Schmelzen gebracht hast, muss ich zu meiner Schande gestehen, dass ich meine Versprechen nicht halten kann. When you came to me, I was ready to promise you anything, as long as you got rid of the other Witch; now that you've melted it, I confess, to my great shame, that I am incapable of keeping my promises. »- Vous n'êtes qu'un méchant ! "- Sie sind nur ein Bösewicht! - You're just a bad guy! s'indigna Dorothée. empörte sich Dorothea. - Oh ! non, ma chère enfant ; je suis un très brave homme, mais un très mauvais magicien, je dois le reconnaître. Nein, mein liebes Kind; ich bin ein sehr tapferer Mann, aber ein sehr schlechter Zauberer, das muss ich zugeben. no, my dear child; I am a very good man, but a very bad magician, I must admit. - En ce cas, vous ne pouvez pas me donner de cervelle ? - In diesem Fall können Sie mir kein Gehirn geben? - In that case, you can't give me brains? demanda l'Épouvantail. fragte die Vogelscheuche. - Vous n'en avez pas besoin. - Sie brauchen sie nicht. - You don't need it. Chaque jour vous apprend quelque chose de nouveau. Jeder Tag lehrt Sie etwas Neues. Every day teaches you something new. Un bébé a une cervelle, mais il ne connaît pas grand-chose. Ein Baby hat zwar ein Gehirn, aber es weiß nicht viel. A baby has a brain, but he doesn't know much. Seule l'expérience instruit, et plus vous vivrez sur cette terre, plus vous acquerrez d'expérience. Nur die Erfahrung lehrt, und je länger Sie auf dieser Erde leben, desto mehr Erfahrung werden Sie sammeln. Only experience teaches, and the longer you live on this earth, the more experience you will gain. - C'est bien possible, protesta l'Épouvantail, mais je serai très malheureux tant que je n'aurai pas de cervelle. - Das ist gut möglich", protestierte die Vogelscheuche, "aber ich werde sehr unglücklich sein, solange ich kein Gehirn habe. - It is quite possible, protested the Scarecrow, but I will be very unhappy as long as I have no brains. Le faux magicien le sonda du regard. Der falsche Zauberer sondierte ihn mit seinem Blick. The fake magician glared at him. - Bon, fit-il en soupirant. - Gut", sagte er und seufzte. "Okay," he said with a sigh. Je n'ai guère les dons d'un magicien, je vous l'ai dit ; mais si vous y tenez, venez demain matin, je vous garnirai la tête d'une cervelle. Ich habe kaum die Gaben eines Zauberers, das habe ich Ihnen gesagt; aber wenn es Ihnen wichtig ist, dann kommen Sie morgen früh und ich werde Ihren Kopf mit einem Gehirn garnieren. I hardly have the gifts of a magician, I told you; but if you insist on it, come tomorrow morning, I will garnish your head with brains. Toutefois, je ne puis vous en donner le mode d'emploi ; c'est à vous de le découvrir tout seul. Ich kann Ihnen jedoch keine Gebrauchsanweisung geben; das müssen Sie selbst herausfinden. However, I cannot give you instructions for use; it's up to you to find out for yourself. - Oh ! merci ! merci ! s'écria l'Épouvantail. rief die Vogelscheuche. Je trouverai le moyen de m'en servir, n'ayez crainte. Ich werde einen Weg finden, sie zu benutzen, keine Angst. I'll find a way to use it, don't worry. - Et... en ce qui concerne mon courage ? - Und ... was meinen Mut betrifft? - And... what about my courage? demanda anxieusement le Lion. fragte der Löwe ängstlich.

- Je suis sûr que vous en êtes bourré, répondit Oz. - Ich bin mir sicher, dass Sie voll davon sind", antwortete Oz. "I'm sure you're full of them," Oz replied. Ce qui vous manque, c'est la confiance en vous-même. Was Ihnen fehlt, ist das Selbstvertrauen. What you lack is confidence in yourself. Tout ce qui vit a peur en face du danger. Alles, was lebt, hat im Angesicht der Gefahr Angst. Everything that lives is afraid in the face of danger. Le vrai courage consiste donc à braver le danger qui fait peur, et cette sorte de courage ne vous fait pas défaut. Wahrer Mut besteht also darin, der Gefahr zu trotzen, die Angst macht, und an dieser Art von Mut mangelt es Ihnen nicht. True courage therefore consists in braving the danger which is frightening, and this kind of courage is not lacking in you. - Peut-être, dit le Lion, mais cela ne me rassure pas d'un poil. - Vielleicht", sagte der Löwe, "aber das beruhigt mich kein bisschen. - Perhaps, said the Lion, but that does not reassure me one bit. Je serai vraiment très malheureux, tant que vous ne m'aurez pas donné cette sorte de courage qui fait oublier qu'on a peur. Ich werde wirklich sehr unglücklich sein, solange Sie mir nicht diese Art von Mut geben, die einen vergessen lässt, dass man Angst hat. I will be really very unhappy until you give me that sort of courage which makes you forget that you are afraid. - Très bien, dit Oz, demain, je vous en ferai don. - Sehr gut", sagte Oz, "morgen werde ich es Ihnen schenken. - Very well, said Oz, tomorrow I will give it to you. - Et... pour ce qui est de mon coeur ? - Und ... was mein Herz betrifft? - And... what about my heart? demanda le Bûcheron-en-fer-blanc. fragte der Holzfäller-aus-Weißblech. - Alors, là, dit Oz, je pense que vous avez tort de désirer un coeur. - Also da", sagte Oz, "denke ich, dass es falsch ist, dass Sie sich ein Herz wünschen. - So there, said Oz, I think you're wrong to want a heart. La plupart des gens s'en trouvent fort malheureux. Die meisten Menschen fühlen sich dadurch sehr unglücklich. Most people are very unhappy about it. Si seulement vous saviez ce que c'est, vous vous réjouiriez d'en être dépourvu. Wenn Sie nur wüssten, was das ist, würden Sie sich freuen, dass Sie es nicht haben. If you only knew what it is, you'd be glad you didn't have it. - Ce doit être une affaire d'opinion, dit le Bûcheron. - Das ist sicher Ansichtssache", sagte der Holzfäller. - It must be a matter of opinion, said the woodcutter. Pour moi, si vous me donnez un coeur, je supporterai ce malheur sans un murmure. Was mich betrifft, so werde ich, wenn Sie mir ein Herz geben, dieses Unglück ohne ein Murren ertragen. For me, if you give me a heart, I will bear this misfortune without a murmur. -Très bien, dit Oz, résigné. -In Ordnung", sagte Oz resigniert. J'ai joué au magicien pendant des années, pourquoi ne pas faire durer le rôle un peu plus ? Ich habe jahrelang den Zauberer gespielt, warum sollte die Rolle nicht noch ein bisschen länger dauern? I played the magician for years, why not make the role last a little longer? - Et moi, dit Dorothée, comment vais-je rentrer au Kansas ? - Und ich", sagte Dorothea, "wie komme ich zurück nach Kansas? - Nous allons examiner la question, répliqua le petit homme. - Wir werden die Frage prüfen", erwiderte der kleine Mann. - We will examine the question, replied the little man. Laissezmoi deux ou trois jours pour y réfléchir, et j'essaierai de trouver un moyen pour vous faire franchir le désert. Geben Sie mir zwei oder drei Tage Zeit, um darüber nachzudenken, und ich werde versuchen, einen Weg zu finden, wie Sie die Wüste durchqueren können. Give me two or three days to think about it, and I'll try to find a way to get you through the desert. Entretemps, vous serez traités comme mes hôtes, et durant votre séjour au Palais mon peuple vous servira et obéira au moindre de vos désirs. In der Zwischenzeit werden Sie wie meine Gäste behandelt, und während Ihres Aufenthalts im Palast wird mein Volk Ihnen dienen und jeden Ihrer Wünsche erfüllen. In the meantime, you will be treated as my guests, and during your stay at the Palace my people will serve you and obey your every wish. En revanche, étant donné la situation, je ne vous demande qu'une chose, pour ma propre sûreté : gardez mon secret. Andererseits bitte ich Sie angesichts der Situation zu meiner eigenen Sicherheit nur um eines: Bewahren Sie mein Geheimnis. On the other hand, given the situation, I ask only one thing of you, for my own safety: keep my secret. Ne révélez à personne que je suis un charlatan. Verraten Sie niemandem, dass ich ein Scharlatan bin. Don't tell anyone that I'm a charlatan. Ils convinrent de ne rien dire de ce qu'ils venaient d'apprendre, et regagnèrent leurs chambres, réconfortés et joyeux. Sie vereinbarten, nichts von dem zu erzählen, was sie gerade erfahren hatten, und kehrten getröstet und fröhlich in ihre Zimmer zurück. They agreed not to say anything about what they had just learned, and went back to their rooms, comforted and happy. Même Dorothée gardait l'espoir que le « Grand et Redoutable Charlatan », comme elle l'avait surnommé, trouverait un moyen pour la renvoyer au Kansas ; et dans ce cas, elle se sentait prête à tout lui pardonner. Even Dorothy held out hope that the “Great and Dreaded Charlatan,” as she had nicknamed him, would find a way to send her back to Kansas; and in that case, she felt ready to forgive him everything.