×

Nous utilisons des cookies pour rendre LingQ meilleur. En visitant le site vous acceptez nos Politique des cookies.


image

Le Magicien d’Oz, CHAPITRE 14: LES SINGES AILÉS

CHAPITRE 14: LES SINGES AILÉS

Vous souvenez-vous qu'il n'existait pas de route - pas même de sentier - entre le château de la Méchante Sorcière et la Cité d'Émeraude ? Quand les quatre voyageurs étaient partis à la recherche de la Sorcière, c'est elle qui les avait vus venir, et avait envoyé les Singes Ailés pour les amener jusqu'à elle. Le retour s'annonçait donc plus difficile que l'aller : il fallait se frayer un chemin à travers les grands champs de boutons d'or et de marguerites. Certes, ils savaient qu'ils devaient aller droit vers l'Est, vers le soleil levant, et ils prirent d'abord la bonne direction. Mais à midi, quand le soleil brilla au-dessus de leur tête, ne sachant plus où était l'Est, où l'Ouest, ils se perdirent au milieu des grands prés. Néanmoins, ils poursuivirent leur marche ; à la nuit, la lune se leva et brilla dans le ciel. Ils se couchèrent alors parmi d'odorants pois-de-senteur, et dormirent profondément jusqu'au matin - tous sauf l'Épouvantail et le Bûcheron. Le lendemain, le soleil était caché derrière un nuage ; pourtant ils repartirent comme s'ils étaient sûrs de leur chemin.

- Si nous allons assez loin, dit Dorothée, nous finirons bien par arriver quelque part, il me semble. Mais les jours s'écoulaient, et ils ne voyaient devant eux que des prés et des prés de pois-desenteur. L'Épouvantail commença à ronchonner.

- Nous avons certainement perdu notre route, dit-il, et si nous ne la retrouvons pas à temps pour rejoindre la Cité d'Émeraude, je n'obtiendrai jamais ma cervelle.

- Ni moi mon coeur, renchérit le Bûcheron. Je bous d'impatience d'arriver chez Oz, et vous devez reconnaître que ce voyage n'en finit pas. - Voyez-vous, pleurnicha le Lion Poltron, je n'ai pas le courage d'errer à l'aveuglette, sans jamais arriver nulle part. Alors Dorothée sentit son courage l'abandonner. Elle s'assit dans l'herbe et regarda ses compagnons. Ils s'assirent et la regardèrent ; et pour la première fois de sa vie, Toto se sentit trop fatigué pour chasser le papillon qui voletait au-dessus de sa tête ; il haletait, la langue pendante, et regardait Dorothée, comme pour lui demander ce qu'on allait faire. - Si nous appelions les souris des champs ? suggéra-t-elle. Elles nous indiqueraient certainement la route vers la Cité d'Émeraude. - Mais bien sûr ! s'écria l'Épouvantail. Comment n'y avons-nous pas songé plus tôt ? Dorothée saisit le petit sifflet qu'elle portait à son cou depuis que la Reine des souris le lui avait donné, et siffla. Un trottinement de petites pattes ne tarda pas à se faire entendre : des centaines de souris grises accouraient. Parmi elles, se trouvait la Reine en personne, qui demanda de sa voix flûtée : - Que puis-je faire pour mes amis ? - Nous avons perdu notre chemin, dit Dorothée. Pouvez-vous nous dire où se trouve la Cité d'Émeraude ? - Sans doute, répondit la Reine, mais c'est très loin d'ici, car vous n'avez cessé de lui tourner le dos. C'est alors qu'elle remarqua la Coiffe d'or de Dorothée. - Pourquoi ne recourez-vous pas à la formule magique de la Coiffe ? Vous pourriez appeler les Singes ailés, ils vous transporteraient jusqu'à la Cité d'Oz en moins d'une heure. - Une formule magique ? s'étonna Dorothée. Je ne savais pas que la Coiffe en avait une. Quelle estelle ? - C'est écrit à l'intérieur, répondit la Reine. Mais si vous décidez d'appeler les Singes ailés, il vaut mieux que nous fuyions avant leur arrivée, car ils sont pleins de malice et adorent nous tourmenter. - Mais ils vont peut-être me faire du mal ? s'inquiéta la petite fille. - Oh ! non ! Ils doivent obéir à celui ou celle qui porte la Coiffe.

Adieu ! Et la Reine décampa lestement, suivie de toutes les souris. Dorothée regarda à l'intérieur de la Coiffe et vit quelques mots écrits sur la doublure. « Voilà la formule », se dit-elle, et elle lut attentivement les instructions, puis mit la Coiffe sur sa tête. - Ep-pe, pep-pe, pak-ke ! prononça-t-elle en levant le pied droit. - Que dites-vous là ? demanda l'Épouvantail sans comprendre. - Hil-lo, hol-lo, hel-lo ! continua Dorothée en levant le pied gauche. - Hello ! répondit placidement le Bûcheron. - Ziz-zu, zuz-zy, zik ! dit Dorothée, campée sur ses deux pieds. Les paroles magiques à peine achevées, ils entendirent des caquetages mêlés à des claquements d'ailes : la troupe des Singes ailés volait vers eux. Le Roi s'inclina devant la fillette : - Que désirez-vous ? demanda-t-il. - Nous aimerions aller à la Cité d'Emeraude, dit l'enfant ; nous nous sommes égarés. - Nous allons vous y porter, répondit le Roi. Aussitôt, deux Singes prirent Dorothée dans leurs bras et s'envolèrent avec elle. D'autres saisirent l'Épouvantail, le Bûcheron et le Lion, tandis qu'un petit singe les suivait, serrant Toto dans ses bras, malgré les efforts du chien pour le mordre. L'Épouvantail et le Bûcheron n'étaient pas tellement rassurés. Ils se souvenaient de la façon peu aimable dont les Singes ailés les avaient traités autrefois.

Mais quand ils comprirent qu'on ne leur voulait aucun mal, ils s'abandonnèrent à leurs guides et s'amusèrent à regarder les jolis prés et les bois qui défilaient, loin audessous d'eux. Dorothée trouvait le voyage agréable, confortablement assise entre deux des plus grands Singes, dont l'un était le Roi lui-même. Ils avaient formé une chaise de leurs mains jointes, et prenaient garde à ne pas trop secouer la fillette. - Pourquoi avez-vous obéi à la formule magique de la Coiffe ? demanda celle-ci. - C'est une longue histoire, répondit le Roi en riant ; mais puisque nous avons du temps devant nous, je peux vous la raconter pendant le voyage, si toutefois vous le désirez. - Cela me ferait plaisir, répondit l'enfant. - Jadis, commença le Roi, nous étions un peuple libre et vivions heureux dans la grande forêt, volant d'arbre en arbre, mangeant des noix et des fruits, n'obéissant qu'à notre plaisir, sans avoir à servir de maître. Certains d'entre nous étaient peut-être trop pleins de malice, parfois : ils tiraient par la queue les animaux privés d'ailes, pourchassaient les oiseaux, bombardaient de noix la tête des promeneurs de la forêt... Mais nous vivions sans souci, heureux, aimant à rire et jouissant de chaque heure du jour.

Cela se passait il y a très longtemps, bien avant qu'Oz ne descendît des nuages pour gouverner cette contrée. « A cette époque, vivait, dans la région du Nord, une belle princesse qui était aussi une très puissante magicienne. Tout son pouvoir lui servait à aider les gens, et jamais on ne la vit nuire à quelqu'un de bon. Elle s'appelait Gayelette, et habitait un somptueux palais, construit dans de grands blocs de rubis. Chacun l'aimait, mais grande était sa tristesse de ne trouver personne à aimer en retour, car tous les hommes étaient ou trop bêtes ou trop laids pour mériter la main d'une aussi belle et sage personne. Toutefois, elle finit par découvrir un garçon, beau, viril, et d'une sagesse au-dessus de son âge. Gayelette décida d'attendre qu'il soit tout à fait homme pour l'épouser ; elle l'amena dans son palais de rubis, et employa tous ses pouvoirs magiques à le rendre aussi fort, bon et aimable qu'une femme pût le souhaiter. Parvenu à l'âge de raison, Kelala (c'était son nom), jouissait de la réputation de l'homme le meilleur et le plus intelligent de tout le pays ; et sa beauté mâle était telle que Gayelette, le chérissant de plus en plus tendrement, hâta les préparatifs du mariage. « Mon grand-père était alors le Roi des Singes ailés, et vivait dans la forêt voisine du palais de Gayelette. C'était un joyeux drille, qui aurait plutôt manqué un bon repas qu'une bonne farce. Un jour, juste avant les noces, mon grandpère qui volait en compagnie de sa troupe, aperçut Kelala se promenant au bord de la rivière, vêtu d'un riche costume de soie rose et de velours pourpre. Mon aïeul voulut le mettre à l'épreuve. A son commandement, les Singes allèrent cueillir Kelala, l'emportèrent au-dessus de la rivière, et de là-haut, le laissèrent tomber au beau milieu des flots. « - Nage, nage, mon bel ami, lui criait mon grand-père, et regarde bien si l'eau n'a pas taché tes habits. « Kelala était beaucoup trop sage pour ne pas savoir nager, et sa bonne fortune n'avait nullement gâté son caractère. Il émergea de l'eau et nagea en riant vers la berge.

Mais Gayelette accourait ; elle vit le beau costume de soie et de velours tout abîmé par la mésaventure. « La princesse était fort courroucée, et bien sûr, connaissait le coupable. Elle fit comparaître tous les Singes ailés devant elle, et ordonna qu'on leur attache les ailes : ils seraient traités comme ils avaient traité Kelala, et jetés dans la rivière. Mon grand-père plaida sa cause, le désespoir au coeur, sachant trop bien qu'avec leurs ailes liées, les Singes se noieraient dans la rivière. Kelala lui-même intervint en leur faveur, si bien que Gayelette finit par les épargner, mais à une condition cependant : désormais, les Singes ailés devraient obéir trois fois aux ordres que leur donnerait le propriétaire de la Coiffe d'or. Cette Coiffe avait été fabriquée tout exprès comme cadeau de mariage pour Kelala, et l'on prétendait qu'elle avait coûté à la princesse la moitié de son royaume. Naturellement, mon grand-père et ses compagnons acceptèrent surle- champ la fameuse condition ; c'est ainsi que nous sommes devenus les serviteurs de quiconque possède la Coiffe d'or, et devons nous soumettre trois fois à ses ordres. »- Et qu'advint-il ensuite ? demanda Dorothée, que cette histoire intéressait vivement. - Kelala étant le premier possesseur de la Coiffe, il fut le premier à nous imposer ses volontés.

Comme sa jeune fiancée ne pouvait supporter notre vue, après son mariage, il nous réunit dans la forêt et nous ordonna de nous tenir toujours hors du chemin de la princesse ; et nous obéîmes contents, car elle nous faisait peur. « C'est le seul ordre que nous eûmes à exécuter jusqu'à ce que la Coiffe d'or vînt à tomber aux mains de la Méchante Sorcière de l'Ouest. Celle-ci nous força à asservir les Ouinkiz, puis à chasser Oz lui-même du pays de l'Ouest. A présent, la Coiffe vous appartient, et vous avez le droit de formuler trois voeux. »Comme le Roi des Singes achevait son histoire, Dorothée regarda en bas et aperçut les remparts verts et scintillants de la Cité d'Émeraude. Elle avait beau s'émerveiller du vol rapide des Singes, elle était néanmoins contente que le voyage fût terminé. Les étranges créatures déposèrent doucement les voyageurs devant la porte de la Cité, le Roi s'inclina très bas devant Dorothée et s'envola légèrement, suivi de sa troupe ailée. - Nous avons fait un bon voyage, dit la petite fille. - Oui, approuva le Lion, cela nous a promptement tirés d'embarras. Quelle chance que vous ayez emporté cette Coiffe merveilleuse!

CHAPITRE 14: LES SINGES AILÉS KAPITEL 14: DIE GEFLÜGELTEN AFFEN CHAPTER 14: WINGED MONKEYS CAPÍTULO 14: MONOS ALADOS 第14章 翼のある猿 CAPÍTULO 14: MACACOS ALADOS

Vous souvenez-vous qu'il n'existait pas de route - pas même de sentier - entre le château de la Méchante Sorcière et la Cité d'Émeraude ? Do you remember that there was no road - not even a trail - between the Wicked Witch's castle and the Emerald City? 悪い魔女の城とエメラルドの都の間には、道どころか歩道さえなかったことを覚えているだろうか? Quand les quatre voyageurs étaient partis à la recherche de la Sorcière, c'est elle qui les avait vus venir, et avait envoyé les Singes Ailés pour les amener jusqu'à elle. When the four travelers had gone in search of the Witch, it was she who had seen them coming, and had sent the Winged Monkeys to bring them to her. 4人の旅人が魔法使いを探しに出発すると、それを見た魔法使いが翼のある猿を遣わし、彼らを連れてきた。 Le retour s'annonçait donc plus difficile que l'aller : il fallait se frayer un chemin à travers les grands champs de boutons d'or et de marguerites. The return therefore promised to be more difficult than the outward journey: you had to make your way through the large fields of buttercups and daisies. キンポウゲやヒメウツギが咲き乱れる野原を通らなければならないのだ。 Certes, ils savaient qu'ils devaient aller droit vers l'Est, vers le soleil levant, et ils prirent d'abord la bonne direction. Certainly, they knew they had to go straight east, towards the rising sun, and they took the right direction first. もちろん、彼らは日の出に向かってまっすぐ東に進まなければならないことを知っていた。 Mais à midi, quand le soleil brilla au-dessus de leur tête, ne sachant plus où était l'Est, où l'Ouest, ils se perdirent au milieu des grands prés. But at noon, when the sun shone above their heads, no longer knowing where East was, where West, they got lost in the middle of the wide meadows. しかし、太陽が頭上を照りつける真昼になると、東と西の区別がつかなくなり、大草原の真ん中で迷子になってしまった。 Néanmoins, ils poursuivirent leur marche ; à la nuit, la lune se leva et brilla dans le ciel. Nevertheless, they continued on their way; at night, the moon rose and shone in the sky. 夜になると、月が昇り、空に輝いた。 Ils se couchèrent alors parmi d'odorants pois-de-senteur, et dormirent profondément jusqu'au matin - tous sauf l'Épouvantail et le Bûcheron. They then lay down among fragrant sweet peas, and slept soundly until morning - all but the Scarecrow and the Woodcutter. かかしと木こり以外は、朝までぐっすり眠った。 Le lendemain, le soleil était caché derrière un nuage ; pourtant ils repartirent comme s'ils étaient sûrs de leur chemin. The next day the sun was hidden behind a cloud; yet they set off again as if they were sure of their way.

- Si nous allons assez loin, dit Dorothée, nous finirons bien par arriver quelque part, il me semble. - If we go far enough, said Dorothy, we will end up getting somewhere, it seems to me. - ドロテは言う。「十分に遠くまで行けば、どこかに行き着くと思う。 Mais les jours s'écoulaient, et ils ne voyaient devant eux que des prés et des prés de pois-desenteur. But the days went by, and they saw before them only meadows and meadows of sweet peas. しかし、日が経つにつれ、彼らの目の前に広がるのはスウィートピーの草原と草地ばかりだった。 L'Épouvantail commença à ronchonner. The Scarecrow began to grumble. かかしは不平を言い始めた。

- Nous avons certainement perdu notre route, dit-il, et si nous ne la retrouvons pas à temps pour rejoindre la Cité d'Émeraude, je n'obtiendrai jamais ma cervelle.

- Ni moi mon coeur, renchérit le Bûcheron. Je bous d'impatience d'arriver chez Oz, et vous devez reconnaître que ce voyage n'en finit pas. I can't wait to get to Oz, and you have to admit, this journey is never-ending. - Voyez-vous, pleurnicha le Lion Poltron, je n'ai pas le courage d'errer à l'aveuglette, sans jamais arriver nulle part. - You see, whined the Cowardly Lion, I don't have the courage to wander blindly, without ever arriving anywhere. Alors Dorothée sentit son courage l'abandonner. Then Dorothy felt her courage fail her. Elle s'assit dans l'herbe et regarda ses compagnons. She sat down in the grass and looked at her companions. Ils s'assirent et la regardèrent ; et pour la première fois de sa vie, Toto se sentit trop fatigué pour chasser le papillon qui voletait au-dessus de sa tête ; il haletait, la langue pendante, et regardait Dorothée, comme pour lui demander ce qu'on allait faire. They sat down and looked at her; and for the first time in his life, Toto felt too tired to drive away the butterfly that hovered above his head; he was panting, his tongue hanging out, and looked at Dorothée, as if to ask her what they were going to do. - Si nous appelions les souris des champs ? - How about calling the field mice? suggéra-t-elle. Elles nous indiqueraient certainement la route vers la Cité d'Émeraude. They would certainly show us the way to the Emerald City. - Mais bien sûr ! s'écria l'Épouvantail. Comment n'y avons-nous pas songé plus tôt ? Why didn't we think of that earlier? Dorothée saisit le petit sifflet qu'elle portait à son cou depuis que la Reine des souris le lui avait donné, et siffla. Dorothy grabbed the little whistle she'd worn around her neck since the Mouse Queen had given it to her, and whistled. Un trottinement de petites pattes ne tarda pas à se faire entendre : des centaines de souris grises accouraient. A trotting of little paws was not long in being heard: hundreds of house mice were running up. Parmi elles, se trouvait la Reine en personne, qui demanda de sa voix flûtée : - Que puis-je faire pour mes amis ? Among them was the Queen herself, who asked in her piping voice: - What can I do for my friends? - Nous avons perdu notre chemin, dit Dorothée. - We have lost our way, said Dorothy. Pouvez-vous nous dire où se trouve la Cité d'Émeraude ? Can you tell us where the Emerald City is? - Sans doute, répondit la Reine, mais c'est très loin d'ici, car vous n'avez cessé de lui tourner le dos. - Without doubt, answered the Queen, but it is very far from here, because you have not ceased to turn your back on her. C'est alors qu'elle remarqua la Coiffe d'or de Dorothée. It was then that she noticed Dorothy's Golden Cap. - Pourquoi ne recourez-vous pas à la formule magique de la Coiffe ? - Why don't you use the magic formula of the Headdress? Vous pourriez appeler les Singes ailés, ils vous transporteraient jusqu'à la Cité d'Oz en moins d'une heure. You could call the Winged Monkeys, they would fly you to the City of Oz in less than an hour. - Une formule magique ? s'étonna Dorothée. Je ne savais pas que la Coiffe en avait une. Quelle estelle ? What is it ? - C'est écrit à l'intérieur, répondit la Reine. Mais si vous décidez d'appeler les Singes ailés, il vaut mieux que nous fuyions avant leur arrivée, car ils sont pleins de malice et adorent nous tourmenter. But if you decide to call the Winged Monkeys, it is better that we flee before they arrive, because they are full of mischief and love to torment us. - Mais ils vont peut-être me faire du mal ? - But maybe they'll hurt me? s'inquiéta la petite fille. - Oh ! non ! Ils doivent obéir à celui ou celle qui porte la Coiffe. They must obey whoever wears the Headdress.

Adieu ! Et la Reine décampa lestement, suivie de toutes les souris. And the Queen decamped quickly, followed by all the mice. Dorothée regarda à l'intérieur de la Coiffe et vit quelques mots écrits sur la doublure. Dorothy looked inside the Coiffe and saw some words written on the lining. « Voilà la formule », se dit-elle, et elle lut attentivement les instructions, puis mit la Coiffe sur sa tête. "Here's the formula," she told herself, and read the instructions carefully, then put the Headdress on her head. - Ep-pe, pep-pe, pak-ke ! prononça-t-elle en levant le pied droit. - Que dites-vous là ? demanda l'Épouvantail sans comprendre. - Hil-lo, hol-lo, hel-lo ! continua Dorothée en levant le pied gauche. - Hello ! répondit placidement le Bûcheron. - Ziz-zu, zuz-zy, zik ! dit Dorothée, campée sur ses deux pieds. Les paroles magiques à peine achevées, ils entendirent des caquetages mêlés à des claquements d'ailes : la troupe des Singes ailés volait vers eux. The magic words barely finished, they heard cackling mingled with the flapping of wings: the troop of winged monkeys was flying towards them. Le Roi s'inclina devant la fillette : - Que désirez-vous ? The King bowed to the little girl: - What do you want? demanda-t-il. - Nous aimerions aller à la Cité d'Emeraude, dit l'enfant ; nous nous sommes égarés. - We would like to go to the Emerald City, said the child; we got lost. - Nous allons vous y porter, répondit le Roi. "We will take you there," replied the King. Aussitôt, deux Singes prirent Dorothée dans leurs bras et s'envolèrent avec elle. Immediately, two Monkeys took Dorothy in their arms and flew away with her. D'autres saisirent l'Épouvantail, le Bûcheron et le Lion, tandis qu'un petit singe les suivait, serrant Toto dans ses bras, malgré les efforts du chien pour le mordre. Others grabbed the Scarecrow, the Woodcutter and the Lion, while a small monkey followed them, hugging Toto, despite the dog's efforts to bite him. L'Épouvantail et le Bûcheron n'étaient pas tellement rassurés. The Scarecrow and the Woodcutter were not so reassured. Ils se souvenaient de la façon peu aimable dont les Singes ailés les avaient traités autrefois. They remembered the unkind way the Winged Monkeys had once treated them.

Mais quand ils comprirent qu'on ne leur voulait aucun mal, ils s'abandonnèrent à leurs guides et s'amusèrent à regarder les jolis prés et les bois qui défilaient, loin audessous d'eux. But when they understood that no harm was meant for them, they abandoned themselves to their guides and amused themselves by watching the pretty meadows and the woods passing by, far below them. Dorothée trouvait le voyage agréable, confortablement assise entre deux des plus grands Singes, dont l'un était le Roi lui-même. Dorothy found the journey pleasant, comfortably seated between two of the larger Monkeys, one of whom was the King himself. Ils avaient formé une chaise de leurs mains jointes, et prenaient garde à ne pas trop secouer la fillette. They had formed a chair with their joined hands, and were careful not to shake the little girl too much. - Pourquoi avez-vous obéi à la formule magique de la Coiffe ? - Why did you obey the magic formula of the Headdress? demanda celle-ci. - C'est une longue histoire, répondit le Roi en riant ; mais puisque nous avons du temps devant nous, je peux vous la raconter pendant le voyage, si toutefois vous le désirez. "It's a long story," replied the King, laughing; but since we have time before us, I can tell it to you during the trip, if you wish. - Cela me ferait plaisir, répondit l'enfant. - That would please me, replied the child. - Jadis, commença le Roi, nous étions un peuple libre et vivions heureux dans la grande forêt, volant d'arbre en arbre, mangeant des noix et des fruits, n'obéissant qu'à notre plaisir, sans avoir à servir de maître. - Formerly, began the King, we were a free people and lived happily in the great forest, flying from tree to tree, eating nuts and fruits, obeying only our pleasure, without having to serve as a master. Certains d'entre nous étaient peut-être trop pleins de malice, parfois : ils tiraient par la queue les animaux privés d'ailes, pourchassaient les oiseaux, bombardaient de noix la tête des promeneurs de la forêt... Mais nous vivions sans souci, heureux, aimant à rire et jouissant de chaque heure du jour. Some of us were perhaps too full of mischief sometimes: they dragged wingless animals by the tails, chased birds, bombarded the heads of forest walkers with nuts... But we lived carefree. , happy, loving to laugh and enjoying every hour of the day.

Cela se passait il y a très longtemps, bien avant qu'Oz ne descendît des nuages pour gouverner cette contrée. This was a very long time ago, long before Oz came down from the clouds to rule this land. « A cette époque, vivait, dans la région du Nord, une belle princesse qui était aussi une très puissante magicienne. “At that time there lived in the northern region a beautiful princess who was also a very powerful magician. Tout son pouvoir lui servait à aider les gens, et jamais on ne la vit nuire à quelqu'un de bon. All her power was used to help people, and she was never seen to harm anyone good. Elle s'appelait Gayelette, et habitait un somptueux palais, construit dans de grands blocs de rubis. Her name was Gayelette, and she lived in a sumptuous palace, built from large blocks of rubies. Chacun l'aimait, mais grande était sa tristesse de ne trouver personne à aimer en retour, car tous les hommes étaient ou trop bêtes ou trop laids pour mériter la main d'une aussi belle et sage personne. Everyone loved her, but great was her sadness at finding no one to love in return, for all men were either too stupid or too ugly to deserve the hand of such a beautiful and wise person. Toutefois, elle finit par découvrir un garçon, beau, viril, et d'une sagesse au-dessus de son âge. However, she ends up discovering a boy, handsome, virile, and wise beyond his age. Gayelette décida d'attendre qu'il soit tout à fait homme pour l'épouser ; elle l'amena dans son palais de rubis, et employa tous ses pouvoirs magiques à le rendre aussi fort, bon et aimable qu'une femme pût le souhaiter. Gayelette decided to wait until he was quite a man to marry her; she brought him to her ruby palace, and employed all her magical powers to make him as strong, good, and lovable as a woman could wish. Parvenu à l'âge de raison, Kelala (c'était son nom), jouissait de la réputation de l'homme le meilleur et le plus intelligent de tout le pays ; et sa beauté mâle était telle que Gayelette, le chérissant de plus en plus tendrement, hâta les préparatifs du mariage. Having reached the age of reason, Kelala (that was his name), enjoyed the reputation of the best and most intelligent man in the whole country; and his masculine beauty was such that Gayelette, cherishing him more and more tenderly, hastened the preparations for marriage. « Mon grand-père était alors le Roi des Singes ailés, et vivait dans la forêt voisine du palais de Gayelette. “My grandfather was then the King of the winged monkeys, and lived in the forest near the palace of Gayelette. C'était un joyeux drille, qui aurait plutôt manqué un bon repas qu'une bonne farce. He was a merry fellow, who would rather have missed a good meal than a good prank. Un jour, juste avant les noces, mon grandpère qui volait en compagnie de sa troupe, aperçut Kelala se promenant au bord de la rivière, vêtu d'un riche costume de soie rose et de velours pourpre. One day, just before the wedding, my grandfather, who was flying with his troop, saw Kelala walking along the river bank, dressed in a rich suit of pink silk and purple velvet. Mon aïeul voulut le mettre à l'épreuve. My ancestor wanted to put him to the test. A son commandement, les Singes allèrent cueillir Kelala, l'emportèrent au-dessus de la rivière, et de là-haut, le laissèrent tomber au beau milieu des flots. At his command, the Monkeys gathered Kelala, carried him over the river, and from there dropped him into the middle of the waves. « - Nage, nage, mon bel ami, lui criait mon grand-père, et regarde bien si l'eau n'a pas taché tes habits. “- Swim, swim, my beautiful friend, shouted my grandfather to him, and take a good look if the water hasn't stained your clothes. « Kelala était beaucoup trop sage pour ne pas savoir nager, et sa bonne fortune n'avait nullement gâté son caractère. “Kelala was much too wise not to know how to swim, and his good fortune had not spoiled his character. Il émergea de l'eau et nagea en riant vers la berge. He emerged from the water and swam laughing towards the shore.

Mais Gayelette accourait ; elle vit le beau costume de soie et de velours tout abîmé par la mésaventure. But Gayelette ran up; she saw the beautiful silk and velvet suit all damaged by the misadventure. « La princesse était fort courroucée, et bien sûr, connaissait le coupable. “The princess was very angry, and of course knew the culprit. Elle fit comparaître tous les Singes ailés devant elle, et ordonna qu'on leur attache les ailes : ils seraient traités comme ils avaient traité Kelala, et jetés dans la rivière. She summoned all the Winged Monkeys before her, and ordered that their wings be attached: they would be treated as they had treated Kelala, and thrown into the river. Mon grand-père plaida sa cause, le désespoir au coeur, sachant trop bien qu'avec leurs ailes liées, les Singes se noieraient dans la rivière. My grandfather pleaded his case, desperation in his heart, knowing too well that with their wings tied, the Monkeys would drown in the river. Kelala lui-même intervint en leur faveur, si bien que Gayelette finit par les épargner, mais à une condition cependant : désormais, les Singes ailés devraient obéir trois fois aux ordres que leur donnerait le propriétaire de la Coiffe d'or. Kelala himself intervened on their behalf, so that Gayelette ended up sparing them, but on one condition: from now on, the Winged Apes would have to obey three times the orders given to them by the owner of the Golden Cap. Cette Coiffe avait été fabriquée tout exprès comme cadeau de mariage pour Kelala, et l'on prétendait qu'elle avait coûté à la princesse la moitié de son royaume. This Headdress had been made expressly as a wedding gift for Kelala, and it was said that it had cost the princess half of her kingdom. Naturellement, mon grand-père et ses compagnons acceptèrent surle- champ la fameuse condition ; c'est ainsi que nous sommes devenus les serviteurs de quiconque possède la Coiffe d'or, et devons nous soumettre trois fois à ses ordres. Natürlich akzeptierten mein Großvater und seine Gefährten die Bedingung sofort und so wurden wir zu Dienern von jedem, der den Goldenen Hut besitzt, und müssen uns dreimal seinen Befehlen unterwerfen. Naturally, my grandfather and his companions immediately accepted the famous condition; thus we have become the servants of whoever possesses the Golden Cap, and must submit three times to his orders. »- Et qu'advint-il ensuite ? "- Und was geschah dann? demanda Dorothée, que cette histoire intéressait vivement. fragte Dorothea, die sich sehr für diese Geschichte interessierte. asked Dorothy, deeply interested in this story. - Kelala étant le premier possesseur de la Coiffe, il fut le premier à nous imposer ses volontés. - Da Kelala der erste Besitzer des Kopfschmucks war, war er auch der erste, der uns seinen Willen aufzwang. - Kelala being the first owner of the Headdress, he was the first to impose his will on us.

Comme sa jeune fiancée ne pouvait supporter notre vue, après son mariage, il nous réunit dans la forêt et nous ordonna de nous tenir toujours hors du chemin de la princesse ; et nous obéîmes contents, car elle nous faisait peur. Da seine junge Verlobte nach ihrer Hochzeit unseren Anblick nicht ertragen konnte, versammelte er uns im Wald und befahl uns, der Prinzessin stets aus dem Weg zu gehen; und wir gehorchten zufrieden, denn sie machte uns Angst. As his young betrothed could not bear our sight, after her marriage he called us together in the forest and ordered us to always keep out of the way of the princess; and we complied gladly, for she frightened us. « C'est le seul ordre que nous eûmes à exécuter jusqu'à ce que la Coiffe d'or vînt à tomber aux mains de la Méchante Sorcière de l'Ouest. "Das war der einzige Befehl, den wir ausführen mussten, bis der Goldene Hut in die Hände der Bösen Hexe des Westens fiel. “It was the only order we had to carry out until the Golden Cap fell into the hands of the Wicked Witch of the West. Celle-ci nous força à asservir les Ouinkiz, puis à chasser Oz lui-même du pays de l'Ouest. Diese zwang uns, die Uinkis zu versklaven und Oz selbst aus dem Land des Westens zu vertreiben. This forced us to enslave the Ouinkiz, then drive Oz himself out of the West Country. A présent, la Coiffe vous appartient, et vous avez le droit de formuler trois voeux. Jetzt gehört der Kopfschmuck Ihnen und Sie haben drei Wünsche frei. Now the Headdress belongs to you, and you have the right to make three wishes. »Comme le Roi des Singes achevait son histoire, Dorothée regarda en bas et aperçut les remparts verts et scintillants de la Cité d'Émeraude. "Als der Affenkönig seine Geschichte beendete, blickte Dorothy nach unten und erblickte die grün glitzernden Mauern der Smaragdstadt. As the Monkey King finished his story, Dorothy looked down and saw the shimmering green ramparts of the Emerald City. Elle avait beau s'émerveiller du vol rapide des Singes, elle était néanmoins contente que le voyage fût terminé. So sehr sie sich auch über den schnellen Flug der Affen wunderte, war sie dennoch froh, dass die Reise zu Ende war. She marveled at the quick flight of the Monkeys, but she was glad the trip was over. Les étranges créatures déposèrent doucement les voyageurs devant la porte de la Cité, le Roi s'inclina très bas devant Dorothée et s'envola légèrement, suivi de sa troupe ailée. Die seltsamen Kreaturen setzten die Reisenden sanft vor dem Tor der Stadt ab, der König verbeugte sich tief vor Dorothea und flog leicht auf, gefolgt von seiner geflügelten Truppe. The strange creatures gently deposited the travelers in front of the gate of the City, the King bowed very low before Dorothy and flew away slightly, followed by his winged troop. - Nous avons fait un bon voyage, dit la petite fille. - Wir haben eine gute Reise gemacht", sagte das kleine Mädchen. - We had a good trip, said the little girl. - Oui, approuva le Lion, cela nous a promptement tirés d'embarras. - Ja, stimmte der Löwe zu, das hat uns schnell aus der Verlegenheit geholfen. - Yes, approved the Lion, it got us out of trouble quickly. Quelle chance que vous ayez emporté cette Coiffe merveilleuse! Wie gut, dass Sie diesen wunderbaren Kopfschmuck mitgenommen haben! How lucky that you won this marvelous Headdress!