Conférence de presse du Président Emmanuel Macron (2)
Il fallait cet accord que l'OCDE a permis avec tous les États, qui a même été acté au-delà de celles et ceux qui appartiennent à l'OCDE et qui est maintenant transcrit dans les faits et la loi par les Européens.
Cette semaine, c'est aussi la taxe carbone aux frontières qui a été adoptée, qui est un dispositif, comme vous le savez, sur lequel nous nous sommes très largement engagés.
C'était aussi une avancée importante de cette semaine.
Voilà les principaux sujets abordés.
Je voulais profiter de ce soir à la fois pour remercier de leur action et de leur compagnonnage le tichok irlandais et le président chypriote, qui vivaient ce soir à nos côtés leur dernier conseil, leur dire à la fois mon amitié, mais aussi le plaisir que nous avons eu à coopérer avec eux et leurs équipes, remercier également Petr Fiala et l'ensemble des équipes de la présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne, qui ont fait un travail remarquable ces six derniers mois, et souhaiter à la présidence suédoise qui va prendre le relais dans quelques jours tout le succès requis. J'aurai l'occasion, dans les premiers jours de janvier, de pouvoir accueillir le Premier ministre suédois à Paris, pour pouvoir faire le point complet sur tous ces chantiers.
Je vais maintenant répondre à vos questions.
Bonsoir, Monsieur le Président.
Est-ce que vous m'entendez ?
Moi, je vous entends.
Ania Nussbaum, de Bloomberg.
Deux petites questions sur l'IRA et sur la réponse européenne à l'IRA.
l'Union européenne a déjà beaucoup de dispositifs, vous les connaissez.
Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent qu'une réponse européenne pourrait amener à la course au moins-disant fiscal et au mieux-disant au niveau des subventions ?
Une deuxième question sur les propositions qui circulent en ce moment à Berlin.
On parle beaucoup de la négociation d'un genre d'accord de libre échange avec les États-Unis, pour remédier aux problèmes et aux difficultés posées par l'IRA.
C'est une notion très controversée en France.
On a eu beaucoup de débats très tendus sur le TAFTA, TTIP, ou qu'on l'appelle comme on le souhaite, qu'est-ce que vous en pensez, vous, de cette idée d'accord de libre échange ou de petit accord de libre échange avec les U.S. ?
Je vais vous dire les choses très simplement.
Moi, je crois dans les règles du jeu saines, quand il y a une compétition juste avec des règles acceptées par tous et toutes.
C'est celle que notre multilatéralisme a justement bâti entre l'OCDE, l'Organisation mondiale du commerce et autres.
Il est à peu près sûr que l'IRA n'est pas compatible avec l'Organisation mondiale du commerce et ses règles, si demain nous mettions ce sujet sur la table et regardions celui-ci.
On ne va pas ouvrir ce sujet avec des amis et des alliés, en pleine période de guerre. Mais, la réalité, on peut décider d'être les derniers à appliquer des règles que les deux principales puissances économiques n'appliquent plus, mais moi je pense que ce n'est pas une bonne idée.
Je veux défendre les emplois et l'industrie en Europe.
Je constate que la Chine est un pays qui détient les entreprises, les sursubventionne, et que nous laissons ces entreprises venir parfois nous concurrencer alors que nous appliquons des règles que les autres n'appliquent pas.
Je vois aujourd'hui que, sur ces sujets que nous évoquons, le choix qui a été fait par les Américains, et je le respecte totalement, il est pour défendre l'emploi et les projets sur le sol américain, a été de faire des subventions très importantes.
Je le rappelais à mes collègues tout à l'heure mais, si vous prenez par exemple l'hydrogène vert pour produire de l'acier, il est 4 à 5 fois plus subventionné aux États-Unis qu'en Europe.
Donc quelqu'un qui regarde juste les subventions et le marché ne fait plus un projet en Europe et, nous, nous avons envie de produire notre acier parce que comment parler d'autonomie stratégique ou même d'autonomie si nous ne pouvons plus produire d'acier qui corresponde à nos ambitions climatiques sur notre sol ?
Donc il est impérieux de faire revenir tout le monde au respect des règles du commerce international, qui consistent en effet à ne pas sursubventionner.
Qu'est-ce que les règles du commerce ?
C'est je ne vais pas subventionner quelque chose que vous ne subventionnez pas et je ne vais pas mettre des tarifs là où vous n'en mettez pas, et c'est la désescalade des instruments qui biaisent la libre circulation des biens.
Quand vous avez les deux grandes puissances qui sursubventionnent certains secteurs, vous pouvez décider que vous n'allez rien faire.
Peut-être alors que vous respecterez les règles et la pureté de la doctrine mais, si vous êtes les seuls à les respecter, il ne reste plus grand chose à la fin.
Donc moi, je veux me battre pour celles et ceux qui y travaillent, pour l'innovation dans notre continent et pour sa compétitivité.
Donc nous devons bouger, et nous pouvons bouger de deux manières, comme je le disais, en négociant des exemptions avec les États-Unis d'Amérique, et nous avons eu de très bonnes discussions avec le président Biden et ses équipes, quand j'y suis allé, et avec les parlementaires, et je les en remercie.
On a eu une vraie discussion de fond et une discussion sincère, et je vais dire ici les choses très clairement, j'ai pu mesurer qu'à aucun moment l'intention de l'administration américaine n'était d'attaquer l'Europe.
C'était de défendre ses intérêts et de réduire les dépendance à l'égard de la Chine, et je l'ai mesuré chez les parlementaires comme chez le président lui-même, personnellement.
Donc ce qu'il m'a dit, il l'a d'ailleurs dit en conférence de presse, il a dit je ne vais pas m'excuser, ce n'est pas ce que je lui ai demandé, je veux une Amérique forte et des emplois forts, mais je ne veux pas et en aucun cas abîmer l'industrie européenne.
Je ne demande pas davantage.
Si on ne veut pas abîmer l'industrie européenne, il faut nous donner les exemptions comme le Canada et le Mexique, et la possibilité d'avoir ces clauses qui permettent de compenser au cas par cas.
Nous, Européens, nous devons faire autant sur les segments clés, si nous voulons garder nos projets et nos industries.
C'est un effort qui est environ de deux points de PIB, l'effort macroéconomique américain, avec des mécanismes beaucoup plus simples.
Il faut faire les mathématiques et regarder les techniques.
Je vous le dis très simplement, quand vous dépensez beaucoup moins sur certains secteurs et que vous financez des projets à horizon de deux ans, vous n'êtes pas compétitif quand quelqu'un vous donne un crédit d'impôt immédiat.
Donc il faut qu'on fasse à peu près la même chose, en tout cas que, secteur par secteur et projet par projet, on s'adapte.
Là, il y a un consensus.
Après, les accords de libre échange sont utiles, mais quand les règles sont les mêmes.
Là on a un problème, comme on le dit en bon français, de level playing field.
Nous ne sommes plus au même niveau de jeu parce qu'il y a un biais de compétitivité qui est créé par le Buy American Act, le 100 % américain qui est dans l'Inflation Reduction Act et le Chips Act, et les mécanismes d'accompagnement.
Réglons ça d'abord, mais ce n'est pas en ouvrant d'avantage notre marché qu'on le réglera.
La priorité, c'est d'obtenir ces clauses que j'évoquais auprès de l'administration américaine, de manière honnête, sincère et amicale, et c'est à nous de faire le même type d'efforts.
Je vais vous dire, en plus c'est bon et pour les États-Unis et pour nous parce que, si on fait ça, nous développerons plus rapidement des projets sur notre sol qui aillent dans le sens de la décarbonation de notre économie, qui nous permettent d'atteindre notre objectif et qui réduisent nos dépendances à nous aussi, en particulier avec certaines technologies chinoises.
Bonjour, Julien Gasparutto, France Télévisions.
Sur les soupçons de corruption du Qatar, vous avez eu de longs échanges ce matin avec la présidente du Parlement.
À l'issue, elle a promis des réformes d'ampleur pour l'année prochaine.
Est-ce que vous pensez qu'il faut cantonner ces réformes au Parlement ou est-ce que vous pensez qu'il faut les étendre à toutes les institutions européennes ?
Est-ce que vous ne craignez pas que ce scandale éclabousse toutes les institutions, peut-être même la France, et est-ce que vous d'ailleurs, au niveau national, vous seriez prêt à prendre des réformes pour plus de transparence ?
Sur ce sujet, d'abord je suis très prudent parce qu'il y a des enquêtes.
Il y a un travail qui est fait par des enquêteurs et la justice.
Donc je pense qu'il ne faut commenter les faits qu'une fois établis et que, quand une procédure est lancée, qu'ils sont jugés, sinon on fait du commentaire et on tape à côté.
Ensuite, il y a une institution qui aujourd'hui est impactée, en tout cas mise en cause, c'est le Parlement européen, et je veux saluer le sérieux avec lequel la présidente a pris ce sujet dès le début, l'extrême gravité et la détermination qu'elle a montrée.
Ensuite, sur ce sujet, je veux dire que le parti Renew au niveau européen, et En marche à l'époque en 2019, a fait campagne aux européennes de 2019 sur la création d'un équivalent européen de la Haute Autorité de transparence de la vie publique.
Il ne m'appartient pas, de là où je suis et au moment où je vous parle, de dire ce qu'il faut faire pour le Parlement, c'est au Parlement de le dire, mais il y a là en tout cas des parlementaires qui ont porté cette inspiration, qui ont été élus sur la base d'un tel projet et qui, je pense, pourraient regrouper beaucoup de bonnes volontés dans le moment que nous vivons.
Ensuite, toutes les institutions doivent en permanence se poser cette question. Je pense que la Commission et les services du Conseil font aussi ce travail, et qu'il ne faut pas simplement jeter une espèce de soupçon généralisé sur tout le monde quand ces choses- là arrivent.
Il faut simplement regarder la résistance et la transparence de toutes les structures et faire le meilleur travail possible.
Pour ce qui est de la France, nous avons fait ce travail, à la fois en 2013 et en 2017, moment où d'une part la Haute Autorité de transparence de la vie publique, le Parquet national financier et plusieurs structures ont permis d'améliorer les procédures de transparence, de déclaration et d'investigation dans notre pays puis, en 2017, là où nous les avons complétées par la loi de transparence de la vie politique et où nous les avons élargies à beaucoup d'élus et de fonctionnaires dans les postes clés.
Donc je pense que, forts de ce que nous avons pu vivre, parce qu'à chaque fois ça se fait sur les à-coups de l'histoire et de la vie politique et judiciaire, je pense que la France s'est dotée d'instruments qui permettent de répondre à ce sujet.
Bonjour Fabienne Schmitt, le quotidien Les Échos, une question de suivi sur l'IRA.
Est-ce que vous pouvez nous donner une estimation de combien de subventions européennes il faut mettre sur la table pour être sûrs de rivaliser efficacement avec les Américains ?
Est-ce qu'il faut mettre le même niveau de subventions que les Américains ?
Et une autre question sur l'énergie.
Dans la présentation que vous avez faite, vous avez donné l'impression de reléguer au second plan le plafonnement du prix du gaz au profit des achats conjoints qui, pour vous, est la méthode la plus structurante.
Est-ce que finalement - ça fait tellement longtemps qu'on en parle - s'il y a un accord lundi, cet accord n'a pas perdu en substance, n'a pas fait perdre de l'importance à cette mesure et la reléguant au second plan, ou bien, s'il n'y a pas d'accord, est-ce que ce sera vraiment un drame, en fin de compte ?
Alors, je vais commencer par le gaz et puis je continuerai sur l'IRA.