Journal en français facile 06/04/2020 20h00 GMT
Johanne Burgell : Vous écoutez RFI, il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue à tous. C'est l'heure de votre Journal en français facile, avec à la une de l'actualité de ce lundi 6 avril : - la pandémie de coronavirus a maintenant fait 50 000 morts en Europe, mais la baisse du nombre de décès notamment en Espagne donne quelques signes encourageants. L'Autriche a même l'intention de rouvrir progressivement ses commerces. - dans ce contexte, les investisseurs reprennent espoir, les bourses asiatiques et européennes ont terminé en hausse ce lundi. - et puis comment se procurer un masque de protection en cette période de pénurie. En France certains ont choisi de les fabriquer eux-mêmes. ------ JB : Commençons par cette information en provenance du Royaume-Uni. Le premier ministre Boris Johnson a été placé en soins intensifs sur les conseils de son équipe médicale. Dix jours après avoir été contaminé par le coronavirus, le dirigeant britannique avait été hospitalisé la nuit dernière en raison d'une fièvre élevée et son état s'est aggravé. C'est donc le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, qui est le premier secrétaire d'État, qui assurera l'intérim. Au Royaume-Uni, la barre des 5 000 morts a été dépassée aujourd'hui. En Asie, le gouvernement japonais va déclarer l'État d'urgence dans sept régions, dont celle de Tokyo. Le premier ministre Shinzo Abe annonce aussi un plan d'aide à l'économie de 915 milliards d'euros. Et à Singapour, qui passait comme l'un des pays ayant le mieux géré la crise du coronavirus, la cité-État doit désormais faire face à un pic inattendu de contaminations. Hier, 120 nouvelles infections ont été enregistrées, le plus grand nombre depuis le début de la pandémie. La grande majorité de ces cas a été détecté dans deux résidences pour travailleurs migrants, du coup placées en quarantaine. Mais à partir de demain, les 6 millions d'habitants de Singapour seront confinés, Heike Schmidt. Quelques 20 000 travailleurs migrants ne pourront désormais plus quitter leurs dortoirs pour aller travailler ou faire leurs courses – le gouvernement leur impose une quarantaine stricte, après la découverte de 91 contaminations dans leurs centres d'hébergement. Ils recevront leur paie et trois repas par jour, assure le gouvernement, qui leur promet aussi des masques et du gel hydro alcoolique – mais selon plusieurs résidents interviewés par le journal local Straits Times, la promiscuité dans ces logements est telle que tout le monde vit dans l'angoisse d'une contamination. « Nous avons tous très, très peur, car personne n'est à l'abri, » dit l'un des travailleurs migrants. Une douzaine d'ouvriers, d'origine indienne, thaïlandaise ou encore sri-lankaise, se partagent une chambre. Les dortoirs sont infectés de cafards, les toilettes débordent, et il faut patienter serrés les uns contre les autres dans des files d'attentes pour recevoir son repas racontent plusieurs témoins. L'ONG Amnesty International craint un « désastre » et appelle le gouvernement à assurer des soins médicaux pour tous les habitants de Singapour, y compris pour les plus d'un million de travailleurs migrants. Heike Schmidt. JB : En Europe, continent le plus touché du monde par la pandémie de coronavirus, certains chiffres donnent un peu d'espoir, notamment en Espagne. Le bilan quotidien des décès dans le pays a baissé ce lundi, pour le quatrième jour de suite avec 637 morts supplémentaires en 24 heures. Au total, il y a plus de 13 000 morts en Espagne. Ce weekend le gouvernement a indiqué que le confinement resterait en place jusqu'au 26 avril au moins. En Italie, le bilan quotidien du nombre de morts est reparti à la hausse aujourd'hui, après deux journées consécutives de baisse. L'Italie reste le pays le plus durement touché avec 16 500 morts. De son côté, l'Autriche souhaite assouplir progressivement les restrictions en vigueur, à compter de la semaine prochaine. Le gouvernement l'a annoncé aujourd'hui. Les déplacements restent réduits au minimum jusqu'à la fin du mois d'avril mais les commerces vont progressivement rouvrir. À Vienne, Isaure Hiace. Les déplacements resteront réduits au strict nécessaire jusqu'à la fin du mois d'avril mais les activités vont progressivement reprendre dans le pays, selon un calendrier présenté ce lundi par le gouvernement. Les petits commerces pourront ainsi rouvrir leurs portes à compter du 14 avril. À cette date, le port du masque, actuellement obligatoire pour faire ses courses au supermarché, sera étendu aux transports en commun et aux boutiques qui auront rouvert. Tous les autres magasins devraient rouvrir début mai, dont les coiffeurs, selon le plan du gouvernement, suivis, à partir de la mi-mai, des hôtels et des restaurants. Pour ce dernier point, une réévaluation de la situation sera nécessaire fin avril. Cet assouplissement progressif est possible car l'Autriche a pris des mesures suffisamment tôt selon le chancelier Sebastian Kurz. «En Autriche, nous avons réagi plus rapidement et de manière plus restrictive que d'autres pays. Cette réaction nous donne aujourd'hui la possibilité de sortir plus rapidement de cette crise. Mais seulement si nous continuons tous à respecter les mesures aussi rigoureusement que nous l'avons fait jusqu'à présent.» Ces derniers jours, le taux d'augmentation de contamination a en effet largement ralenti en Autriche mais cette semaine va être décisive, selon le chancelier, pour savoir si l'assouplissement des restrictions pourra être mis en œuvre comme prévu. Isaure Hiace, Vienne, RFI. JB : Et les grands rassemblements publics restent interdits en Autriche jusqu'au mois de juillet au moins. L'espoir donc de voir l'Europe se diriger vers un affaiblissement de la pandémie, aura redonné le moral aux investisseurs. Les bourses européennes ont repris des couleurs, elles se portent un peu mieux. À Paris, le CAC 40 a fini en hausse de 4,61 %. À Francfort, le Dax a gagné plus de 5,5 %. Aux États-Unis, les bourses sont en hausse ce lundi malgré un bilan de l'épidémie de coronavirus qui fait désormais état de 10 000 morts. Myriam Berber. Dans le sillage des bourses asiatiques, les marchés européens remontent la pente. Ils réagissent aux bonnes nouvelles sur le front sanitaire. Le nombre de décès liés au Covid-19 baisse en Italie, en Espagne et en France. Reste de nombreuses inquiétudes. L'explosion du chômage aux États-Unis. Le taux de chômage est remonté à quatre et demi pour cent. À cela s'ajoute la baisse marquée des commandes industrielles en Allemagne. Avant même les mesures de confinement en Europe. Enfin, les prix du pétrole sont en net recul. Pour soutenir l'activité économique, les investisseurs espèrent donc des crédits supplémentaires. Il en sera question lors de la réunion de l'Eurogroupe ce mardi. La pression monte en faveur d'une mutualisation de la dette. Deux commissaires européens, dont le français Thierry Breton plaident pour un recours à un emprunt européen, pour faire face à la crise du coronavirus. Mais, le gouvernement allemand s'oppose toujours à ces « Corona Bonds. » Myriam Berber. JB : En France, l'épidémie de coronavirus a fait 833 morts supplémentaires en 24 heures, soit un total de 8 911 décès. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé ce soir une vaste opération de dépistage pour recenser les personnels soignants atteints du Covid-19. Des soignants fortement mobilisés et à qui les masques de protection sont désormais réservés. Pour la population, qui doit sortir pour faire ses courses ou aller travailler, rien n'interdit de se fabriquer son propre masque. Le gouvernement français incite même les particuliers à essayer. Résultat : des couturiers plus ou moins improvisés se sont mis au travail. Reportage Bruno Faure. C'est une vidéo tutoriel, un guide d'apprentissage que l'on peut tous trouver sur internet, comme il en existe bien d'autres. Vues des centaines de milliers de fois. Elle a inspiré Géraldine, habitante de région parisienne, qui a ressorti sa machine à coudre. […] 10 par heure. Et avec d'autres couturiers de circonstance, Géraldine fournit des masques en tissu aux maisons de retraite et à tous ceux qui en ont besoin. […] Certes, nos masques ne sont pas parfaits, reconnaît la couturière, mais comme il n'y en aura jamais pour tout le monde, c'est mieux que rien. Reportage de Bruno Faure pour RFI.