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innerFrench Podcast - Episodes #97 Onward, #112 - Le lycée français 2.0 (4)

#112 - Le lycée français 2.0 (4)

Ingrid: [00:39:34] Est-ce qu'il y a une épreuve pour toi qui était plus stressante qu'une autre ?

Hugo: [00:39:39] Euh… l'épreuve de philo était assez stressante parce que je voulais avoir une bonne note. Et je me souviens que c'était… En fait, je vais faire un épisode sur la philo un peu plus tard parce qu'un des auditeurs a envoyé un email en demandant pourquoi la philosophie est si importante pour les Français et c'est une excellente question ! Donc je ne vais pas trop en parler dans cet épisode, j'en parlerai dans un dans un futur épisode. Mais ouais la philo, c'était… Je me souviens que c'était assez stressant. Et tu te souviens du moment où tu as découvert tes notes ?

Ingrid: [00:40:11] Ouais, je m'en souviens très bien ! Parce que, en fait, je me souviens d'une chose en particulier (et c'est une chose que j'ai évoquée à demi-mot je crois, quand on a fait notre épisode sur l'attention), c'est que ma prof principale était présente. Et c'était ma prof de philo. Et donc j'ai vu mes notes. J'avais eu mention assez bien je crois, j'étais à la limite de bien. Et donc je lui dis. Moi, j'étais contente. Pour moi, c'était juste, « c'est fini », aucun… Et elle a levé les yeux au ciel, elle a fait : « Pfff… Si tu avais travaillé, tu aurais eu « très bien ».» Et je me suis dit, et ça m'est resté que… plus de dix ans après, je m'en souviens en me disant : « Mais qu'est ce que…?» Enfin, déjà c'est horrible de dire ça… Voilà, c'est trop tard, c'est passé. Et en plus c'était son rôle, enfin c'était le rôle… Elle aurait dû me le dire. Enfin, elle aurait dû m'encourager au cours de l'année, se rendre compte que j'avais des facilités, mais qu'en fait je n'avais pas de méthode de travail ou quoi.

Ingrid: [00:41:10] Et en philo, je me rappelle que le jour de l'examen, c'est une des matières sur lesquelles j'ai essayé de jouer la sécurité. J'ai essayé de faire un truc tout beau, tout bien alors que tout le long de l'année j'avais… Voilà, je faisais des trucs un peu plus persos et ça fonctionnait. Donc voilà, je me souviens que moi j'étais contente et totalement neutre par rapport à la mention ou mes notes. Mais voilà, ma prof m'a rappelé que comme on m'a dit toute ma scolarité : « tu aurais pu faire beaucoup mieux !» Et j'ai cru que ça allait marquer toute ma vie. Et c'est récemment que je me suis rendu compte qu'en fait voilà… C'est pas aussi simple. Et toi, tu te souviens de ce moment?

Hugo: [00:41:51] Je m'en souviens assez bien et malheureusement… Donc j'ai eu des bonnes… j'étais très content de mes notes, mais la joie a été de courte durée, comme on dit. La joie n'a pas duré longtemps. Parce que ma copine de l'époque était très très compétitive et on n'était pas dans la même classe, mais on était tous les deux dans la même filière en ES. Et donc moi j'ai eu la mention très bien, elle, elle a eu la mention bien. Et elle était vraiment à quelques dixièmes de point d'avoir la mention très bien. Et elle a pleuré en découvrant ses notes. Et après, elle était vraiment en colère contre moi que j'ai une meilleure mention qu'elle. Et du coup, je n'ai pas pu vraiment célébrer ça. Je n'ai pas pu fêter… par respect pour elle donc…

Ingrid: [00:42:34] Mon pauvre !

Hugo: [00:42:34] Donc voilà, c'était une joie douce–amère, comme on dit.

Ingrid: [00:42:41] Alors ça, c'était pour notre époque, où on découvrait toutes ses notes de bac, tous ensemble, sur des espèces de panneaux d'affichage énormes. Mais pour les lycéens d'aujourd'hui, c'est un peu différent puisque le bac est divisé entre les notes terminales qui ne sont pas si nombreuses et les notes finales. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ça peut-être ?

Hugo: [00:43:08] Ouais. Donc la grande différence du bac maintenant, c'est que 40 % de la note finale dépend du contrôle continu. Autrement dit, des notes que les lycéens obtiennent en première et en terminale pendant leur scolarité avant l'examen. Et ça, c'est la grande nouveauté parce que nous, à notre époque, tout le bac, quasiment je pense, mais l'intégralité de la note dépendait de notre résultat à l'examen. Alors que maintenant, ça dépend des notes tout au long de l'année. Ça, c'est assez positif parce que ça permet… En tout cas, ça force les élèves à travailler toute l'année et pas seulement deux semaines avant le bac pour réviser ou bachoter, comme on dit.

Ingrid: [00:43:52] Tu parles de moi là ? !

Hugo: [00:43:55] Comme Ingrid a fait, certainement. Donc « bachoter », ça veut dire « réviser quelque chose, apprendre quelque chose, mais en général, pour l'oublier juste après.» Donc la plupart des lycéens bachotent, ils essayent d'emmagasiner, d'apprendre toutes les connaissances dont ils ont besoin pour le bac. Et dès que l'épreuve est terminée, ils oublient tout. Donc ça, ce n'est pas très productif. C'est pour ça que maintenant, il y a le contrôle continu. Les lycéens sont obligés de travailler, d'étudier, tout au long de l'année pour obtenir des bonnes notes. Ces notes qui vont compter pour leur note finale au bac.

Ingrid: [00:44:32] Et encore une fois, on ne va pas détailler pourquoi. Je pense que c'est assez évident. Mais cette modalité du contrôle continu est assez critiquée, notamment par les professeurs, parce que d'un lycée à l'autre, c'est très différent. Et tout le monde sait que dans certains lycées, les professeurs sont beaucoup plus exigeants, etc. Donc ça fait vraiment des baccalauréats qui n'ont pas du tout la même valeur suivant le lycée d'où on vient. Parce que dans certains lycées, comme peut-être celui où j'étais où on se dit « bon là-bas, les profs sont plus cools parce que ce n'est pas un très bon lycée, quoi.» Donc ouais… C'est aussi une des modalités qui est critiquée.

Hugo: [00:45:15] Exactement. Parce qu'avant le bac était corrigé au niveau national. Donc les épreuves n'étaient pas corrigées par les professeurs du lycée, par nos professeurs, mais elles étaient… les copies étaient corrigées de manière complètement anonyme, ce qui mettait un peu tous les lycéens sur un pied d'égalité. On estimait que si vous aviez 15 au bac à Châteauroux par exemple, c'était la même chose que d'avoir 15 au bac à Marseille, à Paris, etc. Alors que maintenant, comme une partie de la note dépend du contrôle continu, le lycée dans lequel vous allez a une grande importance pour vos études supérieures. Les universités, quand elles sélectionnent les élèves, elles ont tendance à regarder le classement de leur lycée. Est-ce que l'élève vient d'un bon lycée, un lycée parisien, un lycée bordelais, etc. ou au contraire d'un lycée qui est plutôt mal classé et qui n'a pas bonne réputation ? Et ça, encore une fois, c'est source d'inégalité.

Ingrid: [00:46:17] Après, en termes d'épreuves, donc maintenant, il y en a beaucoup moins logiquement puisqu'il y a 40 %, comme on disait, qui est tout au long de l'année. Et finalement, les épreuves telles que nous, on les a connues, il y en a trois. Il y a une épreuve de français en première, une épreuve…

Hugo: [00:46:38] Deux épreuves de français : il y a le français écrit et le français oral qui restent.

Ingrid: [00:46:42] Ah oui, qui fait après une note globale de français. Ouais, comme nous, on avait. Donc ça, c'est… En fait, il y a trois… deux… trois épreuves de matières qui restent un peu symboliquement les mêmes. En première, tout ce qui est français, en terminale, la philo qui est donc, comme on disait, une entité, un symbole du baccalauréat donc ils l'ont gardée un petit peu pour ça, et aussi parce que peut-être la philosophie, c'est quand même… l'écrit est très important. Et après, il y a une nouvelle chose. Alors là, j'ai pas tout à fait compris de quoi il s'agit. J'avoue que là, ça y est je… On est dans l'âge où on n'a pas assez de jeunes de cet âge autour de nous et pour nous c'est beaucoup trop loin. Donc voilà, en tout cas, il y a une épreuve qui s'appelle « le grand oral.»

Hugo: [00:47:32] C'est ça. Alors oui, le grand oral, bon, ce n'est pas si compliqué, en fait, je vais essayer d'expliquer ça. Les élèves, on vous a dit qu'ils doivent choisir deux spécialités. Et pour le grand oral, ils doivent préparer deux sujets qui sont en rapport avec ces spécialités. Ensuite, le jour de l'examen, les lycéens arrivent avec leurs deux sujets. Ils ont en face d'eux deux professeurs (ça fait beaucoup de « deux ») et les professeurs choisissent un des deux sujets. Après ça, l'élève a vingt minutes, je crois, pour préparer ce sujet, préparer ce qu'il va dire. Et ensuite pendant dix minutes, il présente ses idées par rapport… pour répondre au sujet, en fait, aux deux professeurs. Ça, ça permet d'évaluer la capacité d'analyse, d'argumentation et de présentation des lycéens. Donc voilà, c'est l'objectif de ce grand oral.

Ingrid: [00:48:32] Qui, d'ailleurs, est aussi critiqué parce que inégalitaire, parce que forcément, ça fait appel à la culture générale, à des capacités d'expression à l'oral qui ne sont pas données à tout le monde, et des choses que normalement on apprend plus tard, mais que certains élèves ont la chance, par leurs parents et leur milieu social, de maîtriser déjà beaucoup mieux dès 18 ans.

Hugo: [00:48:58] Ouais, des codes, des compétences interpersonnelles, etc., etc. qui ne sont pas forcément enseignés au lycée mais que certains lycéens possèdent déjà grâce à leur milieu familial.

Ingrid: [00:49:11] Mhm, ouais. Bon, finalement, le… Donc là, on vous parle du bac, mais il faut savoir que ce n'est pas non plus… On vous a dit symboliquement la mention, le stress, le premier examen, ça c'est important dans l'imaginaire français. Mais concrètement, ce n'est pas ce qui détermine les études, l'entrée dans les études supérieures puisque le choix des études supérieures se passe avant via une plateforme qui s'appelle Parcoursup. À notre époque c'était Admission Post-Bac, maintenant c'est Parcoursup. Si vous regardez les infos françaises, vous en avez sûrement entendu parler parce qu'il y a plein de débats autour de cette plateforme. Mais donc finalement les notes du bac quand les élèves, surtout maintenant qu'avec… ils ont 40 % de notes de contrôle continu, ils savent à peu près s'ils vont l'avoir ou pas. Donc après bon, c'est une formalité administrative de le valider pour continuer là où ils savent déjà qui vont aller avant même de le passer.

Hugo: [00:50:15] C'est vrai. Ça fait des années que les gens disent que le bac était plus difficile à leur époque et que maintenant on donne le bac à tout le monde. Donc voilà, la réforme va un peu dans ce sens là. Moi, en étudiant un peu cette réforme, cette nouvelle formule du bac, je ne peux pas forcément dire s'il est plus facile ou non. Ce qui est sûr, c'est que le taux de réussite a augmenté. L'année dernière, 94 % des lycéens ont obtenu leur bac. On se rapproche vraiment des 100 %, alors qu'à notre époque, c'était plutôt entre 80 et 90 %, il me semble.

Ingrid: [00:50:57] Mais en plus, avec… J'ai vu que beaucoup de profs disaient que les notes sont les notes du contrôle continu sont remontées, en général. Enfin, l'objectif, globalement, du lycée des évaluations, enfin, du système, c'est de permettre au plus de lycéens possible de valider leur bac et de partir en études supérieures. L'objectif, ce n'est pas de les faire redoubler, recommencer. De toute façon, voilà, c'est… Il n'y a pas beaucoup d'argent pour avoir plus de lycéens. Donc le mieux c'est qu'ils réussissent et qu'ils partent.

Hugo: [00:51:33] Exactement. Donc le bac, ce n'est plus vraiment un outil de sélection, c'est plus vraiment un filtre, mais certains disent que ça devient une formalité administrative, comme tu as dit. Une formalité administrative, ça veut dire « une chose qu'on doit faire, un document à remplir qui ne demande pas du tout de réflexion, mais voilà, c'est juste une chose qu'on a à faire dans l'administration pour…» Ingrid: [00:51:59] C'est comme payer ses impôts. Hugo: [00:52:00] Voilà, payer ses impôts, c'est une formalité administrative. Hugo: [00:52:05] Voilà, je pense qu'on a fait le tour sur cette réforme. Bon, comme d'habitude, on pourrait encore développer et dire beaucoup de choses, mais on a voulu vous donner une vision un peu synthétique. On espère avoir réussi. Les lycéens pourront découvrir s'ils sont bacheliers ou non, autrement dit s'ils ont réussi leur bac, début juillet. Je ne sais pas quelle est la date exacte, mais… Ingrid: [00:52:26] Je crois que c'était le 7. Je ne l'ai plus sous les yeux. Mais en tout cas, les rattrapages, c'est le… entre le 8 et le 10. Donc logiquement, les résultats, c'est un jour avant. Hugo: [00:52:36] D'accord, ok, ok. Donc voilà, les lycéens pourront bientôt découvrir leurs notes au bac. Et ensuite ils pourront prendre des vacances bien méritées avant de commencer leurs études supérieures. Ingrid: [00:52:49] Et voilà, nous aussi on va pouvoir prendre des vacances. Parce que moi, je suis en vacances demain, donc… Hugo: [00:52:54] Voilà, les vacances commencent pour Ingrid. Moi, ce sera un peu plus tard. Il y aura encore un épisode avant cet été qui sera normalement une interview avec une experte du français parlé en Belgique. On va parler d'accents, de belgicismes, etc. Je pense que ça va être un épisode passionnant. Je vous donne rendez-vous dans deux semaines, si tout va bien. Et voilà ! Ingrid: [00:53:19] Très bien. Eh bah, à bientôt et bon été à tous, du coup ! Hugo: [00:53:22] À bientôt, ciao ! Ingrid: [00:53:24] Au revoir ! Pendant les élections présidentielles, vous avez probablement entendu parler d'Éric Zemmour, candidat d'extrême-droite. Vous savez sûrement qu'il était ces dernières années chroniqueur régulier sur la chaîne CNews, qui lui a donné beaucoup de visibilité. Mais savez-vous à qui appartient cette chaîne de télé ? À Vincent Bolloré, un industriel et une des plus grandes fortunes de France. Il possède de nombreuses chaînes de télé, des radios, des journaux, des maisons d'édition… Et il ne se gêne pas pour se servir de ses médias pour imposer sa vision traditionnaliste de ce à quoi devrait ressembler la France. Dans cet épisode, Ingrid dresse le portrait de cet homme essentiel à connaître pour bien comprendre les enjeux politiques de la France d'aujourd'hui.


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Ingrid: [00:39:34] Est-ce qu'il y a une épreuve pour toi qui était plus stressante qu'une autre ?

Hugo: [00:39:39] Euh… l'épreuve de philo était assez stressante parce que je voulais avoir une bonne note. Et je me souviens que c'était… En fait, je vais faire un épisode sur la philo un peu plus tard parce qu'un des auditeurs a envoyé un email en demandant pourquoi la philosophie est si importante pour les Français et c'est une excellente question ! Donc je ne vais pas trop en parler dans cet épisode, j'en parlerai dans un dans un futur épisode. Mais ouais la philo, c'était… Je me souviens que c'était assez stressant. Et tu te souviens du moment où tu as découvert tes notes ?

Ingrid: [00:40:11] Ouais, je m'en souviens très bien ! Parce que, en fait, je me souviens d'une chose en particulier (et c'est une chose que j'ai évoquée à demi-mot je crois, quand on a fait notre épisode sur l'attention), c'est que ma prof principale était présente. Et c'était ma prof de philo. Et donc j'ai vu mes notes. J'avais eu mention assez bien je crois, j'étais à la limite de bien. Et donc je lui dis. Moi, j'étais contente. Pour moi, c'était juste, « c'est fini », aucun… Et elle a levé les yeux au ciel, elle a fait : « Pfff… Si tu avais travaillé, tu aurais eu « très bien ».» Et je me suis dit, et ça m'est resté que… plus de dix ans après, je m'en souviens en me disant : « Mais qu'est ce que…?» Enfin, déjà c'est horrible de dire ça… Voilà, c'est trop tard, c'est passé. For me, it was just, “it's over”, no… And she rolled her eyes, she went, “Pfff… If you had worked, you would have had “very good”. And I said to myself, and it stayed with me that… more than ten years later, I remember it thinking to myself, “But what the…?” Finally, already it's horrible to say that… Well, it's too late, it's over. Et en plus c'était son rôle, enfin c'était le rôle… Elle aurait dû me le dire. And what's more, it was her role, well, it was her role… She should have told me. Enfin, elle aurait dû m'encourager au cours de l'année, se rendre compte que j'avais des facilités, mais qu'en fait je n'avais pas de méthode de travail ou quoi. Finally, she should have encouraged me during the year, realized that I had facilities, but in fact I had no working method or what.

Ingrid: [00:41:10] Et en philo, je me rappelle que le jour de l'examen, c'est une des matières sur lesquelles j'ai essayé de jouer la sécurité. J'ai essayé de faire un truc tout beau, tout bien alors que tout le long de l'année j'avais… Voilà, je faisais des trucs un peu plus persos et ça fonctionnait. I tried to do something all beautiful, all good, whereas throughout the year I had… Well, I was doing things that were a little more personal and it worked. Donc voilà, je me souviens que moi j'étais contente et totalement neutre par rapport à la mention ou mes notes. So here it is, I remember that I was happy and totally neutral with regard to the mention or my grades. Mais voilà, ma prof m'a rappelé que comme on m'a dit toute ma scolarité : « tu aurais pu faire beaucoup mieux !» Et j'ai cru que ça allait marquer toute ma vie. But now, my teacher reminded me that as I was told throughout my schooling: "You could have done much better!" And I thought it was going to mark my whole life. Et c'est récemment que je me suis rendu compte qu'en fait voilà… C'est pas aussi simple. And it's only recently that I realized that in fact, here it is… It's not that simple. Et toi, tu te souviens de ce moment? And you, do you remember that moment?

Hugo: [00:41:51] Je m'en souviens assez bien et malheureusement… Donc j'ai eu des bonnes… j'étais très content de mes notes, mais la joie a été de courte durée, comme on dit. La joie n'a pas duré longtemps. Parce que ma copine de l'époque était très très compétitive et on n'était pas dans la même classe, mais on était tous les deux dans la même filière en ES. Et donc moi j'ai eu la mention très bien, elle, elle a eu la mention bien. Et elle était vraiment à quelques dixièmes de point d'avoir la mention très bien. Et elle a pleuré en découvrant ses notes. Et après, elle était vraiment en colère contre moi que j'ai une meilleure mention qu'elle. Et du coup, je n'ai pas pu vraiment célébrer ça. Je n'ai pas pu fêter… par respect pour elle donc…

Ingrid: [00:42:34] Mon pauvre !

Hugo: [00:42:34] Donc voilà, c'était une joie douce–amère, comme on dit. Hugo: [00:42:34] So there it was, bittersweet joy, as they say.

Ingrid: [00:42:41] Alors ça, c'était pour notre époque, où on découvrait toutes ses notes de bac, tous ensemble, sur des espèces de panneaux d'affichage énormes. Ingrid: [00:42:41] So that was for our time, when we discovered all of our baccalaureate grades, all together, on sort of huge notice boards. Mais pour les lycéens d'aujourd'hui, c'est un peu différent puisque le bac est divisé entre les notes terminales qui ne sont pas si nombreuses et les notes finales. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ça peut-être ? Can you tell us a bit more about that perhaps?

Hugo: [00:43:08] Ouais. Donc la grande différence du bac maintenant, c'est que 40 % de la note finale dépend du contrôle continu. So the big difference with the bac now is that 40% of the final grade depends on continuous assessment. Autrement dit, des notes que les lycéens obtiennent en première et en terminale pendant leur scolarité avant l'examen. Et ça, c'est la grande nouveauté parce que nous, à notre époque, tout le bac, quasiment je pense, mais l'intégralité de la note dépendait de notre résultat à l'examen. Alors que maintenant, ça dépend des notes tout au long de l'année. Ça, c'est assez positif parce que ça permet… En tout cas, ça force les élèves à travailler toute l'année et pas seulement deux semaines avant le bac pour réviser ou bachoter, comme on dit.

Ingrid: [00:43:52] Tu parles de moi là ? !

Hugo: [00:43:55] Comme Ingrid a fait, certainement. Hugo: [00:43:55] As Ingrid did, certainly. Donc « bachoter », ça veut dire « réviser quelque chose, apprendre quelque chose, mais en général, pour l'oublier juste après.» Donc la plupart des lycéens bachotent, ils essayent d'emmagasiner, d'apprendre toutes les connaissances dont ils ont besoin pour le bac. Et dès que l'épreuve est terminée, ils oublient tout. Donc ça, ce n'est pas très productif. C'est pour ça que maintenant, il y a le contrôle continu. That's why now there is continuous monitoring. Les lycéens sont obligés de travailler, d'étudier, tout au long de l'année pour obtenir des bonnes notes. High school students are forced to work, study, throughout the year to get good grades. Ces notes qui vont compter pour leur note finale au bac.

Ingrid: [00:44:32] Et encore une fois, on ne va pas détailler pourquoi. Je pense que c'est assez évident. Mais cette modalité du contrôle continu est assez critiquée, notamment par les professeurs, parce que d'un lycée à l'autre, c'est très différent. But this mode of continuous assessment is quite criticized, especially by teachers, because from one high school to another, it is very different. Et tout le monde sait que dans certains lycées, les professeurs sont beaucoup plus exigeants, etc. Donc ça fait vraiment des baccalauréats qui n'ont pas du tout la même valeur suivant le lycée d'où on vient. Parce que dans certains lycées, comme peut-être celui où j'étais où on se dit « bon là-bas, les profs sont plus cools parce que ce n'est pas un très bon lycée, quoi.» Donc ouais… C'est aussi une des modalités qui est critiquée.

Hugo: [00:45:15] Exactement. Parce qu'avant le bac était corrigé au niveau national. Donc les épreuves n'étaient pas corrigées par les professeurs du lycée, par nos professeurs, mais elles étaient… les copies étaient corrigées de manière complètement anonyme, ce qui mettait un peu tous les lycéens sur un pied d'égalité. On estimait que si vous aviez 15 au bac à Châteauroux par exemple, c'était la même chose que d'avoir 15 au bac à Marseille, à Paris, etc. It was estimated that if you had 15 in the baccalaureate in Châteauroux for example, it was the same thing as having 15 in the baccalaureate in Marseilles, Paris, etc. Alors que maintenant, comme une partie de la note dépend du contrôle continu, le lycée dans lequel vous allez a une grande importance pour vos études supérieures. Whereas now, as part of the grade depends on continuous assessment, the high school you go to matters a lot to your higher education. Les universités, quand elles sélectionnent les élèves, elles ont tendance à regarder le classement de leur lycée. Est-ce que l'élève vient d'un bon lycée, un lycée parisien, un lycée bordelais, etc. ou au contraire d'un lycée qui est plutôt mal classé et qui n'a pas bonne réputation ? Et ça, encore une fois, c'est source d'inégalité.

Ingrid: [00:46:17] Après, en termes d'épreuves, donc maintenant, il y en a beaucoup moins logiquement puisqu'il y a 40 %, comme on disait, qui est tout au long de l'année. Ingrid: [00:46:17] Afterwards, in terms of events, so now, there are logically much fewer since there is 40%, as we said, which is throughout the year. Et finalement, les épreuves telles que nous, on les a connues, il y en a trois. And finally, the tests such as us, we have known them, there are three. Il y a une épreuve de français en première, une épreuve…

Hugo: [00:46:38] Deux épreuves de français : il y a le français écrit et le français oral qui restent. Hugo: [00:46:38] Two French tests: written French and oral French remain.

Ingrid: [00:46:42] Ah oui, qui fait après une note globale de français. Ingrid: [00:46:42] Ah yes, after that an overall French score. Ouais, comme nous, on avait. Yeah, like us, we had. Donc ça, c'est… En fait, il y a trois… deux… trois épreuves de matières qui restent un peu symboliquement les mêmes. En première, tout ce qui est français, en terminale, la philo qui est donc, comme on disait, une entité, un symbole du baccalauréat donc ils l'ont gardée un petit peu pour ça, et aussi parce que peut-être la philosophie, c'est quand même… l'écrit est très important. Et après, il y a une nouvelle chose. And then there's a new thing. Alors là, j'ai pas tout à fait compris de quoi il s'agit. So, I didn't quite understand what it was about. J'avoue que là, ça y est je… On est dans l'âge où on n'a pas assez de jeunes de cet âge autour de nous et pour nous c'est beaucoup trop loin. I admit that there, that's it I… We're at the age where we don't have enough young people of that age around us and for us it's much too far. Donc voilà, en tout cas, il y a une épreuve qui s'appelle « le grand oral.»

Hugo: [00:47:32] C'est ça. Alors oui, le grand oral, bon, ce n'est pas si compliqué, en fait, je vais essayer d'expliquer ça. So yes, the great oral, well, it's not that complicated, in fact, I'll try to explain that. Les élèves, on vous a dit qu'ils doivent choisir deux spécialités. Et pour le grand oral, ils doivent préparer deux sujets qui sont en rapport avec ces spécialités. Ensuite, le jour de l'examen, les lycéens arrivent avec leurs deux sujets. Ils ont en face d'eux deux professeurs (ça fait beaucoup de « deux ») et les professeurs choisissent un des deux sujets. Après ça, l'élève a vingt minutes, je crois, pour préparer ce sujet, préparer ce qu'il va dire. Et ensuite pendant dix minutes, il présente ses idées par rapport… pour répondre au sujet, en fait, aux deux professeurs. Ça, ça permet d'évaluer la capacité d'analyse, d'argumentation et de présentation des lycéens. Donc voilà, c'est l'objectif de ce grand oral.

Ingrid: [00:48:32] Qui, d'ailleurs, est aussi critiqué parce que inégalitaire, parce que forcément, ça fait appel à la culture générale, à des capacités d'expression à l'oral qui ne sont pas données à tout le monde, et des choses que normalement on apprend plus tard, mais que certains élèves ont la chance, par leurs parents et leur milieu social, de maîtriser déjà beaucoup mieux dès 18 ans.

Hugo: [00:48:58] Ouais, des codes, des compétences interpersonnelles, etc., etc. qui ne sont pas forcément enseignés au lycée mais que certains lycéens possèdent déjà grâce à leur milieu familial.

Ingrid: [00:49:11] Mhm, ouais. Bon, finalement, le… Donc là, on vous parle du bac, mais il faut savoir que ce n'est pas non plus… On vous a dit symboliquement la mention, le stress, le premier examen, ça c'est important dans l'imaginaire français. Mais concrètement, ce n'est pas ce qui détermine les études, l'entrée dans les études supérieures puisque le choix des études supérieures se passe avant via une plateforme qui s'appelle Parcoursup. À notre époque c'était Admission Post-Bac, maintenant c'est Parcoursup. Si vous regardez les infos françaises, vous en avez sûrement entendu parler parce qu'il y a plein de débats autour de cette plateforme. Mais donc finalement les notes du bac quand les élèves, surtout maintenant qu'avec… ils ont 40 % de notes de contrôle continu, ils savent à peu près s'ils vont l'avoir ou pas. But so finally the marks of the baccalaureate when the pupils, especially now that with… they have 40% of marks of continuous control, they know more or less if they will have it or not. Donc après bon, c'est une formalité administrative de le valider pour continuer là où ils savent déjà qui vont aller avant même de le passer. So after good, it's an administrative formality to validate it to continue where they already know who will go before even passing it.

Hugo: [00:50:15] C'est vrai. Ça fait des années que les gens disent que le bac était plus difficile à leur époque et que maintenant on donne le bac à tout le monde. People have been saying for years that the baccalaureate was more difficult in their time and that now we give the baccalaureate to everyone. Donc voilà, la réforme va un peu dans ce sens là. So there you have it, the reform is going a bit in that direction. Moi, en étudiant un peu cette réforme, cette nouvelle formule du bac, je ne peux pas forcément dire s'il est plus facile ou non. Ce qui est sûr, c'est que le taux de réussite a augmenté. L'année dernière, 94 % des lycéens ont obtenu leur bac. On se rapproche vraiment des 100 %, alors qu'à notre époque, c'était plutôt entre 80 et 90 %, il me semble.

Ingrid: [00:50:57] Mais en plus, avec… J'ai vu que beaucoup de profs disaient que les notes sont les notes du contrôle continu sont remontées, en général. Enfin, l'objectif, globalement, du lycée des évaluations, enfin, du système, c'est de permettre au plus de lycéens possible de valider leur bac et de partir en études supérieures. L'objectif, ce n'est pas de les faire redoubler, recommencer. De toute façon, voilà, c'est… Il n'y a pas beaucoup d'argent pour avoir plus de lycéens. Donc le mieux c'est qu'ils réussissent et qu'ils partent.

Hugo: [00:51:33] Exactement. Donc le bac, ce n'est plus vraiment un outil de sélection, c'est plus vraiment un filtre, mais certains disent que ça devient une formalité administrative, comme tu as dit. Une formalité administrative, ça veut dire « une chose qu'on doit faire, un document à remplir qui ne demande pas du tout de réflexion, mais voilà, c'est juste une chose qu'on a à faire dans l'administration pour…» An administrative formality means "something you have to do, a document to fill out that doesn't require any thought, but here it is, it's just something you have to do in the administration to... » Ingrid: [00:51:59] C’est comme payer ses impôts. Hugo: [00:52:00] Voilà, payer ses impôts, c’est une formalité administrative. Hugo: [00:52:05] Voilà, je pense qu’on a fait le tour sur cette réforme. Bon, comme d’habitude, on pourrait encore développer et dire beaucoup de choses, mais on a voulu vous donner une vision un peu synthétique. On espère avoir réussi. Les lycéens pourront découvrir s’ils sont bacheliers ou non, autrement dit s’ils ont réussi leur bac, début juillet. Je ne sais pas quelle est la date exacte, mais… Ingrid: [00:52:26] Je crois que c’était le 7. Je ne l’ai plus sous les yeux. Mais en tout cas, les rattrapages, c’est le… entre le 8 et le 10. Donc logiquement, les résultats, c’est un jour avant. Hugo: [00:52:36] D’accord, ok, ok. Donc voilà, les lycéens pourront bientôt découvrir leurs notes au bac. Et ensuite ils pourront prendre des vacances bien méritées avant de commencer leurs études supérieures. Ingrid: [00:52:49] Et voilà, nous aussi on va pouvoir prendre des vacances. Parce que moi, je suis en vacances demain, donc… Hugo: [00:52:54] Voilà, les vacances commencent pour Ingrid. Moi, ce sera un peu plus tard. Il y aura encore un épisode avant cet été qui sera normalement une interview avec une experte du français parlé en Belgique. On va parler d’accents, de belgicismes, etc. Je pense que ça va être un épisode passionnant. Je vous donne rendez-vous dans deux semaines, si tout va bien. Et voilà ! Ingrid: [00:53:19] Très bien. Eh bah, à bientôt et bon été à tous, du coup ! Hugo: [00:53:22] À bientôt, ciao ! Ingrid: [00:53:24] Au revoir ! Pendant les élections présidentielles, vous avez probablement entendu parler d’Éric Zemmour, candidat d’extrême-droite. Vous savez sûrement qu’il était ces dernières années chroniqueur régulier sur la chaîne CNews, qui lui a donné beaucoup de visibilité. Mais savez-vous à qui appartient cette chaîne de télé ? À Vincent Bolloré, un industriel et une des plus grandes fortunes de France. Il possède de nombreuses chaînes de télé, des radios, des journaux, des maisons d’édition… Et il ne se gêne pas pour se servir de ses médias pour imposer sa vision traditionnaliste de ce à quoi devrait ressembler la France. Dans cet épisode, Ingrid dresse le portrait de cet homme essentiel à connaître pour bien comprendre les enjeux politiques de la France d’aujourd’hui.