Journal en français facile 04/05/2021 20h00 GMT
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Romain Auzouy : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile. À la Une ce soir :
Au moins 23 morts après un accident de métro aérien à Mexico. Un pont s'est effondré. Le président Andrés Manuel Lopez Obrador promet que les responsabilités seront établies.
Le groupe pétrolier français Total accusé de financer la junte birmane. Ce sont des révélations du journal Le Monde. Explications dans cette édition.
Et puis, gros plan sur le troisième album du groupe français La Femme. L'un des groupes les plus novateurs du rock français de ces dernières années.
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RA : Au Mexique, c'est un drame qui pose de nombreuses questions. Un pont sur lequel un métro circulait s'est effondré tard, hier soir, à Mexico, la capitale, le bilan est d'au moins 23 morts et 70 blessés. Le président Andrés Manuel Lopez Obrador promet l'ouverture d'une « enquête approfondie, pour chercher à connaître la vérité ». Le déroulé de cette catastrophe avec Marie Normand.
C'est entre les stations Olivos et Tezonco que cette passerelle en béton s'est effondrée au moment du passage d'une rame de la ligne 12. Deux wagons ont plongé dans le vide, se sont écrasés sur une route en contrebas où beaucoup de voiture circulaient comme le montrent les images de télésurveillance. Des survivants racontent avoir été projetés au plafond, d'autres évoquent l'immense nuage de fumée qui a suivi l'effondrement. Les pompiers ont désincarcéré plusieurs personnes. Des grues soulèvent des blocs de béton pour tenter de dégager d'autres éventuelles victimes. Cette ligne 12, qui traverse le sud de Mexico, n'a même pas dix ans. Elle a été inaugurée en octobre 2012, c'est la plus récente du réseau et pourtant elle a très vite présenté plusieurs défauts de conception et de maintenance, note le quotidien Milenio. Cette section surélevée de la ligne avait même été fermée, temporairement, au bout de deux ans. Les critiques se dirigent déjà vers celui qui avait coupé le ruban, l'ancien maire de Mexico et actuel ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard. Il s'était exilé en France sous la précédente administration, soupçonné de corruption dans la construction de cette ligne 12. Sur Twitter, il appelle à déterminer les responsabilités et se dit à la disposition des autorités.
RA : Responsabilités qui seront établies promet le président mexicain.
La pandémie de coronavirus et un nouveau cap franchi en Inde ce mardi, celui des 20 millions de cas. L'Inde frappée par une seconde vague particulièrement violente avec plus de 3 000 décès enregistrés chaque jour. Une situation qui inquiète les autres pays, à l'image de l'Australie qui vient d'interdire à ses propres ressortissants, les ressortissants ce sont les habitants d'un pays, donc les Australiens, de revenir en Australie s'ils se trouvent en Inde. Ceux qui tentent le voyage s'exposent à des peines jusqu'à cinq ans de prison et plusieurs dizaines de milliers d'euros d'amende. Une mesure contraire au droit international, qui fait polémique, et qui est même accusée de racisme. Correspondance à Sydney de Grégory Plesse.
Contre le coronavirus, l'Australie est prête à tout, même à empêcher ses propres citoyens de rentrer chez eux. Depuis quelques jours, tous les vols vers et depuis l'Inde ont été suspendus et les Australiens sur place, environ 9 000 personnes, risquent la prison s'ils essaient de rallier l'Australie en faisant escale dans un pays tiers. Cette mesure polémique est dénoncée par une partie de la classe politique australienne. C'est par exemple le cas de l'ancien Premier ministre, Malcolm Turnbull, pourtant issu de la même formation politique que le gouvernement actuel : « Nous avons un principe fondamental : les Australiens ont un droit inaliénable à rentrer chez eux. C'est l'un des droits conférés à tous les citoyens australiens. Et j'ai été choqué que ce droit ait dans la pratique été abrogé. C'est une erreur, qui devrait être rectifiée. » Accusé entre autres d'être raciste, cette mesure est inédite au niveau mondial et également contraire au droit international. La déclaration universelle des droits de l'Homme prévoit en effet que toute personne a le droit de retourner dans son pays. Mais, ici, le gouvernement campe sur ses positions. C'est ce qu'a fait ce mardi Scott Morrison dans une émission matinale australienne : « C'est une pause de deux semaines, pas une pause indéfinie, pas un confinement de quatre mois. Ce qu'on essaie de faire, c'est éviter qu'il y ait une troisième vague en Australie qui se répande à travers tout le pays. » Malgré la polémique, 60% de la population estime que le gouvernement en fait assez pour aider ses ressortissants à l'étranger d'après un tout récent sondage. Grégory Plesse, Sydney, RFI.
RA : Également dans l'actualité liée à la pandémie de Covid-19, les campagnes de vaccination qui s'accélèrent. Aux Etats-Unis, le président américain Joe Biden fixe l'objectif d'au moins une injection pour 70% des adultes d'ici la fête nationale du 4 juillet. La Commission européenne de son côté affirme que plus d'un quart de la population a reçu au moins une dose de vaccin. Et puis également en Europe, l'Agence européenne des médicaments annonce qu'elle va examiner le vaccin du laboratoire chinois Sinovac, ce qui ouvre la voie à une éventuelle demande d'autorisation prochaine dans l'Union européenne.
C'est une enquête retentissante que signe le journal français Le Monde, concernant le groupe pétrolier français Total. Accusé de financer la junte militaire en Birmanie qui est accusé de graves violations des droits de l'homme depuis le coup d'État du 1er février. Total exploite un gazoduc en Birmanie -un gazoduc, c'est une canalisation qui transport du gaz naturel sur de très longues distances- et via un montage financier opaque, c'est-à-dire non transparent, Total aurait détourné des centaines de millions de dollars issus des ventes du gaz détourné au profit des militaires birmans. Explications Patricia Lecompte.
Implanté en Birmanie depuis 30 ans, Total exploite le champ gazier de Yadana et son pipeline qui permet de transporter le gaz vers la Thaïlande. Le coup d'État du 1er février, qui a provoqué la dispersion de centaines de milliers de documents gouvernementaux, a permis de révéler les pratiques de Total en Birmanie. Selon l'enquête du Monde, l'entreprise MGTC, la Moattama Gas Transportation Company domiciliée aux Bermudes et propriétaire du gazoduc, a pour principal actionnaire Total à hauteur de 31%. L'autre actionnaire est la MOGE, la Myanmar Oil and Gas Enterprise, une société contrôlée par l'armée birmane. La MGTC réalisait 98% de bénéfice net avant impôt, une performance exceptionnelle qui s'explique par le fait que l'entreprise facture à ses propres actionnaires le transport du gaz au prix fort, alors que d'ordinaire il est beaucoup moins taxé. Grâce à ce montage, l'armée birmane, via la MOGE, qu'elle contrôle, perçoit des dividendes sur le transport du gaz, soit 523 millions de dollars en 2019. Selon Le Monde, cette opération aurait permis à Total et à ses partenaires de payer moins d'impôts en Birmanie et de verser d'importantes dividendes à ses actionnaires dont la junte militaire.
RA : Patricia Lecompte.
Musique pour terminer ce Journal en français facile avec La Femme, groupe français reconnu avec déjà deux Victoires de la musique, et plusieurs disques d'or. La Femme qui sort son troisième album intitulé Paradigmes, un paradigme c'est une représentation du monde. Album particulièrement novateur. Présentation avec José Marinho.
Dès la plage titre Paradigme et son explosion de cuivres, le groove est immédiat. La Femme est super chic, porte du noir et se teint les cheveux en blond ou rouge. Tour à tour glamour et décalé, ce groupe mixte de trentenaires est l'un des plus novateurs du rock'n'roll en version française depuis dix ans. Certains le comparent aux pionniers du post punk Stereoloabs ou Flying Lizards. Il est en tout cas la sensation du moment. Il a connu les petites salles miteuses puis l'indifférence des promoteurs de concerts avant de s'imposer sur le plan mondial. Délaisser les codes proposés à chaque genre pour mieux mêler styles et ambiances, la Femme ose tout. Yéyé décadent, musique surf des années 70, new wave, pop, rap et même western en mode électro. Le spectre musical est impressionnant et une volonté clairement affichée de « foutre le bordel » pour paraphraser le titre phare de ce disque qui raconte le monde étrange dans lequel nous vivons. Avec Paradigmes, album rétro futuriste, La Femme reste l'avenir du rock français.
RA : Et c'est le titre Paradigme que l'on entend extrait de l'album du même nom signé La Femme.
C'est la fin de ce Journal en français facile.