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Les mots de l'actualité (2009), INTEMPÉRIES   2009-01-26

INTEMPÉRIES 2009-01-26

Une assez forte tempête vient de faire des dégâts plutôt sérieux dans le sud-ouest de la France et de l'autre côté de la frontière, dans le nord de l'Espagne. On se plaint donc des intempéries. C'est le mot que j'ai entendu revenir bien souvent dans les bulletins d'informations qui relataient ces événements. Drôle de mot, quand même, que ce mot « intempéries », qu'on utilise toujours au pluriel. Il désigne quelques accessoires du mauvais temps, des éléments qui l'accompagnent et qui risquent de causer des désagréments : essentiellement des orages, des pluies, de la neige ou de la grêle, des vents très forts. Ces éléments sont jugés perturbants, en tout cas ils gênent, ils dérangent, et on s'en serait bien passé. Mais le mot n'est en usage que quand il fait mauvais, c'est-à-dire quand le thermomètre descend. C'est bien typique de la langue française, une langue née en France, dans un pays tempéré. On considère toujours que ce qu'on appelle le mauvais temps est lié au froid, aux basses températures. S'il fait trop chaud, c'est autre chose. D'abord, c'est relativement rare. Ensuite, on ne dit jamais qu'il fait mauvais quand il fait trop chaud, même si on subit les conséquences désastreuses d'une canicule. Il faut dire que la canicule ne sévit qu'à travers la grosse chaleur, qui n'est pas accompagnée de précipitations, ni de vents particulièrement néfastes. Et justement, les intempéries ne désignent pas la température qu'il fait (ni le très froid, ni bien sûr le très chaud), mais ce qui accompagne une météo menaçante. Alors comment comprendre l'origine du mot « intempéries » ? C'est ce qui va à l'encontre des habitudes du climat tempéré, ce qui n'est pas tempéré. Cet adjectif « tempéré » évoque une idée de juste milieu, en même temps qu'une idée de mesure, et même de contrôle. Une personne tempérée n'est pas excessive, elle a des réactions et des opinions modérées, comme si elle prenait toujours en compte tous les aspects d'un phénomène avant de prendre position. Cette idée de modération se retrouve dans le vocabulaire de la météorologie, c'est-à-dire du temps qu'il fait. Les zones tempérées ne sont ni trop chaudes, ni trop froides. Mais ce sens a bien sûr été influencé par une interprétation abusive du mot, comme s'il contenait le mot « temps ». Comme le préfixe « in- » est toujours senti comme négatif ou privatif, on a spontanément imaginé que les intempéries renvoyaient à une idée de temps déréglé, qui ne correspond plus à ses habitudes, à ce qu'on attend de lui. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


INTEMPÉRIES   2009-01-26 BAD WEATHER 2009-01-26

Une assez forte tempête vient de faire des dégâts plutôt sérieux dans le sud-ouest de la France et de l'autre côté de la frontière, dans le nord de l'Espagne. On se plaint donc des intempéries. C'est le mot que j'ai entendu revenir bien souvent dans les bulletins d'informations qui relataient ces événements. Drôle de mot, quand même, que ce mot « intempéries », qu'on utilise toujours au pluriel. Il désigne quelques accessoires du mauvais temps, des éléments qui l'accompagnent et qui risquent de causer des désagréments : essentiellement des orages, des pluies, de la neige ou de la grêle, des vents très forts. Ces éléments sont jugés perturbants, en tout cas ils gênent, ils dérangent, et on s'en serait bien passé. Mais le mot n'est en usage que quand il fait mauvais, c'est-à-dire quand le thermomètre descend. C'est bien typique de la langue française, une langue née en France, dans un pays tempéré. On considère toujours que ce qu'on appelle le mauvais temps est lié au froid, aux basses températures. S'il fait trop chaud, c'est autre chose. D'abord, c'est relativement rare. Ensuite, on ne dit jamais qu'il fait mauvais quand il fait trop chaud, même si on subit les conséquences désastreuses d'une canicule. Il faut dire que la canicule ne sévit qu'à travers la grosse chaleur, qui n'est pas accompagnée de précipitations, ni de vents particulièrement néfastes. Et justement, les intempéries ne désignent pas la température qu'il fait (ni le très froid, ni bien sûr le très chaud), mais ce qui accompagne une météo menaçante. Alors comment comprendre l'origine du mot « intempéries » ? C'est ce qui va à l'encontre des habitudes du climat tempéré, ce qui n'est pas tempéré. Cet adjectif « tempéré » évoque une idée de juste milieu, en même temps qu'une idée de mesure, et même de contrôle. Une personne tempérée n'est pas excessive, elle a des réactions et des opinions modérées, comme si elle prenait toujours en compte tous les aspects d'un phénomène avant de prendre position. Cette idée de modération se retrouve dans le vocabulaire de la météorologie, c'est-à-dire du temps qu'il fait. Les zones tempérées ne sont ni trop chaudes, ni trop froides. Mais ce sens a bien sûr été influencé par une interprétation abusive du mot, comme s'il contenait le mot « temps ». Comme le préfixe « in- » est toujours senti comme négatif ou privatif, on a spontanément imaginé que les intempéries renvoyaient à une idée de temps déréglé, qui ne correspond plus à ses habitudes, à ce qu'on attend de lui. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/