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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Une famille de mauvaise humeur IV

Une famille de mauvaise humeur IV

IV

Une famille de mauvaise humeur, ou les inconvénients des fêtes et des vacances

« Mon Dieu, que c'est ennuyeux de s'être amusé pendant toute une semaine ! » soupira Meg en se levant le lendemain matin. Les vacances étaient finies, et huit jours de fête ne la disposaient pas à remplir sa tâche quotidienne.

« Je voudrais que ce soit toute l'année Noël ou le jour de l'an ! N'est-ce pas que ce serait plus agréable ? répondit Jo en bâillant tristement.

– Nous ne nous amuserions peut-être pas tant s'il fallait s'amuser tous les jours », répondit Meg, retrouvant un peu de raison. Mais cela ne dura pas. « C'est cependant bien agréable d'avoir des petits soupers et des bouquets, d'aller en soirée, d'en revenir en voiture, de lire, de se reposer et même de ne pas travailler, dit Meg, tout en essayant de décider laquelle de ses deux vieilles robes était la plus mettable. C'est comme cela que font les jeunes filles dont les parents ont de la fortune, et il y a des moments où je ne puis pas me retenir de les trouver plus heureuses que nous.

– Bah ! riposta Jo, il y a des jeunes personnes très riches qui ont l'air bien maussade; ce n'est donc pas l'argent seul qui rend heureux. Nous ne pouvons pas être comme elles, prenons-en gaiement notre parti et, comme maman, donnons- nous, avec bonne humeur, bien de la peine. Tante Marsch, chez laquelle j'ai pour devoir de passer toute la journée avec la mission impossible à remplir de tâcher de l'égayer, est vraiment pour moi le Vieillard de la mer, de Sindbad le Marin; mais je suppose que, lorsque j'aurai appris à porter mon fardeau sans me plaindre, il sera devenu si léger que je n'y ferai plus attention. »

Cette idée mit Jo de bonne humeur, mais Meg ne s'éclaircit pas. Son fardeau, à elle, consistait à mener l'éducation de quatre enfants gâtés, bien décidés à ne profiter d'aucune leçon. Il lui semblait plus lourd que jamais, et elle n'avait pas même assez de courage pour se faire belle, en mettant comme d'habitude un ruban bleu autour de son cou et en se coiffant de la manière qui lui allait le mieux.

Ce fut dans cette disposition d'esprit que Meg descendit, et elle ne fut pas aimable du tout pendant le déjeuner. Tout le monde paraissait d'ailleurs contrarié et porté à se plaindre : Beth avait mal à la tête, et essayait de se guérir en s'étendant sur le canapé et en jouant avec la chatte et ses trois petits ; Amy se fâchait, parce qu'elle ne savait pas ses leçons et ne pouvait pas trouver ses cahiers ; Jo faisait un grand tapage en s'apprêtant ; Mme Marsch était très occupée à finir une lettre pressée, et Hannah était bourrue, parce que les veilles prolongées la fatiguaient toujours.

« Décidément il n'y a jamais eu au monde une famille d'aussi mauvaise humeur ! s'écria Jo perdant patience, après avoir cassé deux passe- lacets, renversé un encrier et s'être assise sur son chapeau.

– Et c'est vous qui êtes la plus désagréable, répondit Amy en effaçant, avec les larmes qui étaient tombées sur son ardoise, une division qui était toute manquée.

– Beth, si vous ne gardez pas ces horribles bêtes à la cuisine, je dirai à Hannah de les faire cuire ! » s'écria Meg en colère, en essayant de se débarrasser d'un des petits chats qui avait grimpé sur son dos et s'y cramponnait, juste à un endroit où elle ne pouvait pas l'attraper. »

Jo se mit à rire, Meg à gronder, Beth à supplier, et Amy à gémir, parce qu'elle ne pouvait plus se rappeler combien faisaient neuf fois douze.

« Restez donc tranquilles un instant, mes pauvres enfants, dit Mme Marsch en effaçant la troisième phrase de sa lettre ; il faut que ceci parte immédiatement, et je ne peux pas écrire au milieu de votre tapage. »

Il y eut un silence momentané, brisé seulement par l'entrée de Hannah, qui posa sur la table deux petits pâtés à peine sortis du four, et disparut aussi vite qu'elle était entrée. Les enfants appelaient ces petits pâtés des manchons, car elles n'en avaient pas d'autres, et trouvaient fort agréable de se réchauffer les mains en s'en allant avec les petits pâtés brûlants. Aussi Hannah, quelque occupée et fatiguée qu'elle pût être, n'oubliait jamais de leur en préparer, car Meg et Jo avaient une longue course à faire et ne mangeaient rien d'autre jusqu'à leur retour, qui avait rarement lieu avant trois heures de l'après- midi.

« Amusez-vous bien avec vos chats, et tâchez de vous débarrasser de votre mal de tête, petite Beth ! Adieu, chère maman ; nous sommes ce matin de vrais diables, mais nous serons des anges quand nous reviendrons. Allons, venez, Meg. »

Et Jo partit la première, en sentant que, pour cette fois, les pèlerins ne se mettaient pas en route pour le paradis avec leur bonne grâce accoutumée.

Elles se retournaient toujours lorsqu'elles arrivaient au coin de la rue et leur mère n'oubliait jamais de se mettre à la fenêtre pour leur faire un petit signe de tête et leur envoyer un sourire. Il semblait que les deux filles n'auraient pas pu passer la journée si elles n'avaient eu ce dernier regard d'adieu de leur mère, et, quelque ennuyées qu'elles pussent être, ce sourire qui les suivait les ranimait comme un rayon de soleil.

« Si maman nous montrait le poing au lieu de nous envoyer un baiser, ce ne serait que ce que nous méritons ; on n'a jamais vu de petites bêtes aussi ingrates que nous ! s'écria Jo, qui, pleine de remords, tâchait de s'arranger du chemin bourbeux et du vent glacial.

– N'employez donc pas des expressions comme celles-là, dit Meg, dont la voix sortait des profondeurs du voile où elle s'était ensevelie en personne dégoûtée à jamais des biens de ce monde.

– J'aime les mots bons et forts qui signifient quelque chose, répliqua Jo, en rattrapant son chapeau emporté par le vent.

– Donnez-vous tous les noms que vous voudrez ; mais, comme je ne suis ni un diable ni une bête, je ne veux pas qu'on m'appelle ainsi !

– Vous êtes décidément de trop méchante humeur aujourd'hui, Meg, et pourquoi ? Parce que vous n'êtes pas riche comme vous le désirez ! Pauvre chère ! Attendez seulement que je m'enrichisse, et alors vous aurez à profusion des voitures, des glaces, des bouquets, des bottines à grands talons, et des jeunes gens à cheveux rouges, que vous vous efforcerez de ne voir que blonds, pour vous faire danser.

– Que vous êtes ridicule, Jo ! » répondit Meg.

Mais elle se mit à rire et se sentit malgré elle de moins maussade humeur.

« C'est heureux pour vous que je le sois. Si je prenais comme vous des airs malheureux et si je m'évertuais à être désagréable, nous serions dans un joli état ! Grâce à Dieu, je trouve dans tout quelque chose de drôle pour me remettre. Allons, ne grondez plus, revenez après vos leçons à la maison de gentille humeur ; cela fera plaisir à maman », dit Jo, en donnant à sa soeur une petite tape d'encouragement sur l'épaule.

Et les deux soeurs se séparèrent pour toute la journée, prenant un chemin différent, chacune tenant son petit pâté bien chaud dans ses mains et tâchant d'être gaie malgré le temps d'hiver, le travail peu intéressant qui les attendait et le regret de ne pouvoir s'amuser encore.

Lorsque M. Marsch avait perdu sa fortune par la ruine d'un ami malheureux qu'il avait aidé, Meg et Jo avaient eu toutes les deux le bon sens de demander à leurs parents la permission de faire quelque chose qui les mît à même de pourvoir tout au moins à leur entretien personnel. Ceux-ci, pensant qu'elles ne pourraient commencer trop tôt à se rendre indépendantes par leur travail, leur accordèrent ce qu'elles demandaient, et toutes deux se mirent à travailler avec cette bonne volonté venant du coeur qui, malgré les obstacles, réussit toujours.

Marguerite trouva à faire l'éducation de quatre petites miss dans une famille du voisinage, et son modeste salaire fut pour elle une richesse relative. Elle reconnaissait volontiers qu'elle avait un peu trop gardé le goût de l'élégance, et que son plus grand ennui était sa pauvreté ; la gêne dans laquelle la famille vivait lui était plus difficile à supporter qu'à ses soeurs, car, en sa qualité d'aînée, elle se rappelait plus vivement le temps où leur maison était belle, leur vie facile et agréable, et les besoins de toute sorte inconnus. Elle s'efforçait bien de n'être ni envieuse ni mécontente, mais elle ne pouvait se retenir de regretter les fêtes et les jolies choses d'autrefois.

Dans la famille Kings, où elle remplissait pendant une partie du jour ses fonctions d'institutrice, elle voyait chez les autres ce qu'elle ne trouvait plus chez elle : les grandes soeurs des enfants qu'elle instruisait allaient dans le monde, et Meg avait souvent sous les yeux de jolies toilettes de bal, des bouquets, etc. ; elle entendait parler de spectacles, de concerts, de parties en traîneau et de toutes sortes d'amusements.

Elle voyait dépenser beaucoup d'argent pour des riens dont on ne se souciait plus le lendemain et qui lui auraient fait tant de plaisir, à elle. La pauvre Meg se plaignait rarement ; mais une sorte de sentiment d'amertume involontaire l'envahissait quelquefois, car elle n'avait pas encore appris à connaître combien elle était riche des vrais biens qui rendent la vie heureuse.


Une famille de mauvaise humeur IV A family in a bad mood IV خانواده ای در حال بد IV 기분이 좋지 않은 가족 IV Семья в плохом настроении IV

IV

Une famille de mauvaise humeur, ou les inconvénients des fêtes et des vacances A family in a bad mood, or the inconvenience of the vacations

« Mon Dieu, que c'est ennuyeux de s'être amusé pendant toute une semaine ! "God, how boring it is to have had fun for a whole week! » soupira Meg en se levant le lendemain matin. " sighed Meg as she woke up the next morning. Les vacances étaient finies, et huit jours de fête ne la disposaient pas à remplir sa tâche quotidienne. The vacations were over, and eight days of celebration did not dispose her to fulfill her daily task.

« Je voudrais que ce soit toute l'année Noël ou le jour de l'an ! "I wish it was Christmas or New Year's Day all year round! N'est-ce pas que ce serait plus agréable ? Wouldn't that be more pleasant? répondit Jo en bâillant tristement. respondió Jo, bostezando tristemente.

– Nous ne nous amuserions peut-être pas tant s'il fallait s'amuser tous les jours », répondit Meg, retrouvant un peu de raison. - Maybe we wouldn't have so much fun if we had to have fun every day," Meg replied, regaining some sanity. Mais cela ne dura pas. But this did not last. Pero no duró. « C'est cependant bien agréable d'avoir des petits soupers et des bouquets, d'aller en soirée, d'en revenir en voiture, de lire, de se reposer et même de ne pas travailler, dit Meg, tout en essayant de décider laquelle de ses deux vieilles robes était la plus mettable. "It's nice, though, to have little dinners and bouquets, to go to parties, to drive back, to read, to rest, and even not to work," said Meg, while trying to decide which of her two old dresses was more wearable. Es agradable, sin embargo, tener pequeñas cenas y ramos de flores, ir a fiestas y volver en coche, leer y descansar y ni siquiera trabajar -dijo Meg, intentando decidir cuál de sus dos viejos vestidos era más ponible-. C'est comme cela que font les jeunes filles dont les parents ont de la fortune, et il y a des moments où je ne puis pas me retenir de les trouver plus heureuses que nous. That's how girls with wealthy parents do it, and there are times when I can't help but think they are happier than we are. Eso es lo que hacen las jóvenes cuyos padres tienen dinero, y hay veces que no puedo evitar pensar que son más felices que nosotros.

– Bah ! - Bah! riposta Jo, il y a des jeunes personnes très riches qui ont l'air bien maussade; ce n'est donc pas l'argent seul qui rend heureux. Jo retorted, "There are some very rich young people who look very sullen; so it's not money alone that makes you happy. Nous ne pouvons pas être comme elles, prenons-en gaiement notre parti et, comme maman, donnons- nous, avec bonne humeur, bien de la peine. We can't be like them, let's take our side cheerfully and, like mom, let's give ourselves, with good humor, a lot of trouble. No podemos ser como ellos, así que seamos alegres al respecto y, como mamá, hagámonos pasar un buen rato. Tante Marsch, chez laquelle j'ai pour devoir de passer toute la journée avec la mission impossible à remplir de tâcher de l'égayer, est vraiment pour moi le Vieillard de la mer, de Sindbad le Marin; mais je suppose que, lorsque j'aurai appris à porter mon fardeau sans me plaindre, il sera devenu si léger que je n'y ferai plus attention. Aunt Marsch, at whose house I have to spend the whole day with the impossible task of trying to cheer her up, is really to me the Old Man of the Sea, from Sindbad the Sailor; but I suppose that, when I have learned to carry my burden without complaining, it will have become so light that I will no longer pay attention to it. La tía Marsch, en cuya casa tengo que pasar todo el día con la imposible tarea de intentar animarla, es realmente para mí el Viejo del Mar, de Sindbad el Marino; pero supongo que, cuando haya aprendido a llevar mi carga sin quejarme, se habrá vuelto tan ligera que no le prestaré más atención. »

Cette idée mit Jo de bonne humeur, mais Meg ne s'éclaircit pas. This idea put Jo in a good mood, but Meg didn't brighten up. Esta idea puso de buen humor a Jo, pero Meg no se animó. Son fardeau, à elle, consistait à mener l'éducation de quatre enfants gâtés, bien décidés à ne profiter d'aucune leçon. Her burden was to lead the education of four spoiled children who were determined not to learn any lessons. Su carga era criar a cuatro niños mimados que estaban decididos a no aprender ninguna lección. Il lui semblait plus lourd que jamais, et elle n'avait pas même assez de courage pour se faire belle, en mettant comme d'habitude un ruban bleu autour de son cou et en se coiffant de la manière qui lui allait le mieux. It seemed heavier than ever, and she didn't even have enough courage to make herself look good, putting a blue ribbon around her neck as usual and doing her hair in the way that suited her best. Parecía más pesada que nunca, y ni siquiera tuvo el valor suficiente para ponerse guapa, colocándose un lazo azul al cuello como de costumbre y peinándose de la forma que más le favorecía.

Ce fut dans cette disposition d'esprit que Meg descendit, et elle ne fut pas aimable du tout pendant le déjeuner. It was in this frame of mind that Meg came downstairs, and she was not friendly at all during lunch. En este estado de ánimo bajó Meg, que no estuvo nada agradable durante la comida. Tout le monde paraissait d'ailleurs contrarié et porté à se plaindre : Beth avait mal à la tête, et essayait de se guérir en s'étendant sur le canapé et en jouant avec la chatte et ses trois petits ; Amy se fâchait, parce qu'elle ne savait pas ses leçons et ne pouvait pas trouver ses cahiers ; Jo faisait un grand tapage en s'apprêtant ; Mme Marsch était très occupée à finir une lettre pressée, et Hannah était bourrue, parce que les veilles prolongées la fatiguaient toujours. Everyone seemed upset and inclined to complain: Beth had a headache, and tried to cure it by lying on the couch and playing with the cat and her three little ones; Amy was angry, because she didn't know her lessons and couldn't find her notebooks; Jo was making a big fuss getting ready; Mrs. Marsch was very busy finishing a hurried letter, and Hannah was grumpy, because prolonged vigils always tired her. A Beth le dolía la cabeza e intentaba curársela tumbándose en el sofá y jugando con la gata y sus tres cachorros; Amy estaba enfadada porque no se sabía las lecciones y no encontraba los cuadernos; Jo armaba un gran alboroto mientras se arreglaba; la señora Marsch estaba muy ocupada terminando una carta apresurada, y Hannah estaba malhumorada porque siempre estaba cansada de tanto estar despierta.

« Décidément il n'y a jamais eu au monde une famille d'aussi mauvaise humeur ! "There has never been a family in such a bad mood in the world! s'écria Jo perdant patience, après avoir cassé deux passe- lacets, renversé un encrier et s'être assise sur son chapeau. cried Jo, losing her patience, after breaking two shoelaces, knocking over an inkwell and sitting on her hat. gritó Jo, perdiendo la paciencia, después de romper dos cordones de los zapatos, derribar un tintero y sentarse sobre su sombrero.

– Et c'est vous qui êtes la plus désagréable, répondit Amy en effaçant, avec les larmes qui étaient tombées sur son ardoise, une division qui était toute manquée. - And you're the unpleasant one," Amy replied, wiping away a division that was all missed with the tears that had fallen on her slate. - Y tú eres la desagradable -replicó Amy, enjugando una división perdida con las lágrimas que habían caído sobre su pizarra.

– Beth, si vous ne gardez pas ces horribles bêtes à la cuisine, je dirai à Hannah de les faire cuire ! - Beth, if you don't keep those horrible beasts in the kitchen, I'll tell Hannah to cook them! » s'écria Meg en colère, en essayant de se débarrasser d'un des petits chats qui avait grimpé sur son dos et s'y cramponnait, juste à un endroit où elle ne pouvait pas l'attraper. " Meg shouted angrily, trying to get rid of one of the little cats that had climbed onto her back and was clinging to it, just in a place where she couldn't catch it. »

Jo se mit à rire, Meg à gronder, Beth à supplier, et Amy à gémir, parce qu'elle ne pouvait plus se rappeler combien faisaient neuf fois douze. Jo began to laugh, Meg to scold, Beth to beg, and Amy to whimper, because she couldn't remember how much was nine times twelve. Jo reía, Meg regañaba, Beth suplicaba y Amy gemía porque no recordaba cuánto era nueve por doce.

« Restez donc tranquilles un instant, mes pauvres enfants, dit Mme Marsch en effaçant la troisième phrase de sa lettre ; il faut que ceci parte immédiatement, et je ne peux pas écrire au milieu de votre tapage. "Be quiet for a moment, then, my poor children," said Mrs. Marsch, erasing the third sentence of her letter; "this must go at once, and I cannot write in the midst of your racket. »

Il y eut un silence momentané, brisé seulement par l'entrée de Hannah, qui posa sur la table deux petits pâtés à peine sortis du four, et disparut aussi vite qu'elle était entrée. There was a momentary silence, broken only by the entrance of Hannah, who placed two small pies on the table, just out of the oven, and disappeared as quickly as she had entered. Hubo un silencio momentáneo, sólo roto por la entrada de Hannah, que puso sobre la mesa dos pequeñas tartas recién salidas del horno y desapareció tan rápido como había entrado. Les enfants appelaient ces petits pâtés des manchons, car elles n'en avaient pas d'autres, et trouvaient fort agréable de se réchauffer les mains en s'en allant avec les petits pâtés brûlants. The children called these little pies muffins, because they had no other, and found it very pleasant to warm their hands by walking away with the hot pies. Los niños llamaban magdalenas a estos pastelitos, ya que no tenían otros, y les resultaba muy agradable calentarse las manos mientras se alejaban con los pastelitos calientes. Aussi Hannah, quelque occupée et fatiguée qu'elle pût être, n'oubliait jamais de leur en préparer, car Meg et Jo avaient une longue course à faire et ne mangeaient rien d'autre jusqu'à leur retour, qui avait rarement lieu avant trois heures de l'après- midi. So Hannah, no matter how busy and tired she was, never forgot to make them some, because Meg and Jo had a long errand to run and didn't eat anything else until they got home, which was rarely before three in the afternoon.

« Amusez-vous bien avec vos chats, et tâchez de vous débarrasser de votre mal de tête, petite Beth ! "Have fun with your cats, and try to get rid of your headache, little Beth! "¡Diviértete con tus gatos, e intenta librarte de tu dolor de cabeza, pequeña Beth! Adieu, chère maman ; nous sommes ce matin de vrais diables, mais nous serons des anges quand nous reviendrons. Goodbye, dear mother; we are real devils this morning, but we will be angels when we come back. Allons, venez, Meg. Come on, Meg. »

Et Jo partit la première, en sentant que, pour cette fois, les pèlerins ne se mettaient pas en route pour le paradis avec leur bonne grâce accoutumée. And Jo left first, sensing that this time the pilgrims were not setting out for paradise with their usual good grace. Y Jo partió primero, intuyendo que esta vez los peregrinos no partían hacia el paraíso con su acostumbrada buena gracia.

Elles se retournaient toujours lorsqu'elles arrivaient au coin de la rue et leur mère n'oubliait jamais de se mettre à la fenêtre pour leur faire un petit signe de tête et leur envoyer un sourire. They always turned around when they came around the corner and their mother never forgot to stand at the window and give them a little nod and a smile. Il semblait que les deux filles n'auraient pas pu passer la journée si elles n'avaient eu ce dernier regard d'adieu de leur mère, et, quelque ennuyées qu'elles pussent être, ce sourire qui les suivait les ranimait comme un rayon de soleil. It seemed that the two girls would not have made it through the day if they had not had that last farewell look from their mother, and, however bored they might have been, that smile that followed them revived them like a ray of sunshine.

« Si maman nous montrait le poing au lieu de nous envoyer un baiser, ce ne serait que ce que nous méritons ; on n'a jamais vu de petites bêtes aussi ingrates que nous ! "If mom would show us her fist instead of blowing us a kiss, it would only be what we deserve; we've never seen such ungrateful little beasts as we are! "Si mamá nos diera un puñetazo en vez de soplarnos un beso, sólo sería lo que nos merecemos; ¡somos los animalitos más desagradecidos que jamás hayas visto! s'écria Jo, qui, pleine de remords, tâchait de s'arranger du chemin bourbeux et du vent glacial. cried Jo, who, full of remorse, was trying to cope with the muddy path and the icy wind. gritó Jo, que, llena de remordimientos, intentaba hacer frente al camino embarrado y al viento helado.

– N'employez donc pas des expressions comme celles-là, dit Meg, dont la voix sortait des profondeurs du voile où elle s'était ensevelie en personne dégoûtée à jamais des biens de ce monde. - Don't use expressions like that," said Meg, whose voice came out of the depths of the veil where she had buried herself as a person forever disgusted with the goods of this world. - No uses expresiones como ésa", dijo Meg, cuya voz procedía de las profundidades del velo donde se había enterrado como persona asqueada para siempre de los bienes de este mundo.

– J'aime les mots bons et forts qui signifient quelque chose, répliqua Jo, en rattrapant son chapeau emporté par le vent. - I like good, strong words that mean something," Jo replied, catching her hat in the wind. - Me gustan las palabras buenas, fuertes, que signifiquen algo -respondió Jo, cogiéndose el sombrero al viento-.

– Donnez-vous tous les noms que vous voudrez ; mais, comme je ne suis ni un diable ni une bête, je ne veux pas qu'on m'appelle ainsi ! - Call yourselves whatever you like, but as I am neither a devil nor a beast, I don't want to be called that!

– Vous êtes décidément de trop méchante humeur aujourd'hui, Meg, et pourquoi ? - You're definitely in too bad a mood today, Meg, and why? Parce que vous n'êtes pas riche comme vous le désirez ! Because you are not as rich as you want to be! Pauvre chère ! Poor dear! ¡Pobrecito! Attendez seulement que je m'enrichisse, et alors vous aurez à profusion des voitures, des glaces, des bouquets, des bottines à grands talons, et des jeunes gens à cheveux rouges, que vous vous efforcerez de ne voir que blonds, pour vous faire danser. Warten Sie nur, bis ich reich werde, dann werden Sie Autos, Spiegel, Blumensträuße, Stiefel mit hohen Absätzen und junge Männer mit roten Haaren, die Sie nur blond sehen wollen, in Hülle und Fülle haben, um Sie zum Tanzen zu bringen. Just wait until I get rich, and then you'll have plenty of carriages, ice cream, bouquets, high-heeled boots, and red-haired young men, whom you'll strive to see only as blond, to make you dance. Espera a que me haga rica, y entonces tendrás un montón de carruajes, espejos, ramos de flores, botas de tacón alto y jóvenes pelirrojos a los que te esforzarás en ver sólo como rubios, para que te hagan bailar.

– Que vous êtes ridicule, Jo ! - How ridiculous you are, Jo! » répondit Meg.

Mais elle se mit à rire et se sentit malgré elle de moins maussade humeur. But she laughed and felt less sullen in spite of herself.

« C'est heureux pour vous que je le sois. "It's lucky for you that I am. Si je prenais comme vous des airs malheureux et si je m'évertuais à être désagréable, nous serions dans un joli état ! If I put on an unhappy face like you and tried to be unpleasant, we would be in a pretty mess! Si pusiera cara de descontento como tú y tratara de ser desagradable, ¡nos meteríamos en un buen lío! Grâce à Dieu, je trouve dans tout quelque chose de drôle pour me remettre. Thank God I find something funny in everything to get over. Gracias a Dios encuentro algo gracioso en todo para sentirme mejor. Allons, ne grondez plus, revenez après vos leçons à la maison de gentille humeur ; cela fera plaisir à maman », dit Jo, en donnant à sa soeur une petite tape d'encouragement sur l'épaule. Come on, don't scold anymore, come back home after your lessons in a good mood; it will please mom," said Jo, giving her sister a little pat on the shoulder. Vamos, no regañes más y vuelve a casa de buen humor después de las clases; mamá estará encantada -dijo Jo, dándole a su hermana una palmada alentadora en el hombro.

Et les deux soeurs se séparèrent pour toute la journée, prenant un chemin différent, chacune tenant son petit pâté bien chaud dans ses mains et tâchant d'être gaie malgré le temps d'hiver, le travail peu intéressant qui les attendait et le regret de ne pouvoir s'amuser encore. And the two sisters separated for the whole day, going their separate ways, each holding her warm little pie in her hands and trying to be cheerful despite the winter weather, the uninteresting work ahead and the regret of not being able to have fun again.

Lorsque M. Marsch avait perdu sa fortune par la ruine d'un ami malheureux qu'il avait aidé, Meg et Jo avaient eu toutes les deux le bon sens de demander à leurs parents la permission de faire quelque chose qui les mît à même de pourvoir tout au moins à leur entretien personnel. When Mr. Marsch had lost his fortune through the ruin of an unfortunate friend whom he had helped, both Meg and Jo had had the good sense to ask their parents for permission to do something that would enable them to at least provide for themselves. Cuando el señor Marsch había perdido su fortuna por la ruina de un desafortunado amigo al que había ayudado, Meg y Jo habían tenido la sensatez de pedir permiso a sus padres para hacer algo que las pusiera en condiciones de mantenerse al menos por sí mismas. Ceux-ci, pensant qu'elles ne pourraient commencer trop tôt à se rendre indépendantes par leur travail, leur accordèrent ce qu'elles demandaient, et toutes deux se mirent à travailler avec cette bonne volonté venant du coeur qui, malgré les obstacles, réussit toujours. The latter, thinking that they could not begin to make themselves independent by their work too soon, granted them what they asked for, and both began to work with that good will coming from the heart which, in spite of the obstacles, always succeeds.

Marguerite trouva à faire l'éducation de quatre petites miss dans une famille du voisinage, et son modeste salaire fut pour elle une richesse relative. Marguerite found herself educating four little misses in a nearby family, and her modest salary was a relative wealth for her. Elle reconnaissait volontiers qu'elle avait un peu trop gardé le goût de l'élégance, et que son plus grand ennui était sa pauvreté ; la gêne dans laquelle la famille vivait lui était plus difficile à supporter qu'à ses soeurs, car, en sa qualité d'aînée, elle se rappelait plus vivement le temps où leur maison était belle, leur vie facile et agréable, et les besoins de toute sorte inconnus. She readily admitted that she had retained a little too much of the taste for elegance, and that her greatest annoyance was her poverty; the discomfort in which the family lived was more difficult for her to bear than for her sisters, for, as the eldest, she remembered more vividly the time when their house was beautiful, their life easy and pleasant, and needs of every kind unknown. Elle s'efforçait bien de n'être ni envieuse ni mécontente, mais elle ne pouvait se retenir de regretter les fêtes et les jolies choses d'autrefois. She tried hard not to be envious or unhappy, but she couldn't help but miss the parties and the pretty things of old.

Dans la famille Kings, où elle remplissait pendant une partie du jour ses fonctions d'institutrice, elle voyait chez les autres ce qu'elle ne trouvait plus chez elle : les grandes soeurs des enfants qu'elle instruisait allaient dans le monde, et Meg avait souvent sous les yeux de jolies toilettes de bal, des bouquets, etc. In the Kings family, where she was a teacher for part of the day, she saw in others what she could no longer find in her own home: the older sisters of the children she taught went out into the world, and Meg often had before her eyes beautiful ball gowns, bouquets, etc. ; elle entendait parler de spectacles, de concerts, de parties en traîneau et de toutes sortes d'amusements. She heard about shows, concerts, sleigh rides and all sorts of amusements.

Elle voyait dépenser beaucoup d'argent pour des riens dont on ne se souciait plus le lendemain et qui lui auraient fait tant de plaisir, à elle. She could see spending a lot of money on little things that one would no longer care about the next day and that would have given her so much pleasure. Vio cómo se gastaba mucho dinero en pequeñas cosas por las que nadie se preocuparía al día siguiente, y que a ella le habrían dado tanto placer. La pauvre Meg se plaignait rarement ; mais une sorte de sentiment d'amertume involontaire l'envahissait quelquefois, car elle n'avait pas encore appris à connaître combien elle était riche des vrais biens qui rendent la vie heureuse. Poor Meg seldom complained; but a sort of involuntary bitterness came over her sometimes, for she had not yet learned how rich she was in the real goods that make life happy. La pobre Meg rara vez se quejaba, pero a veces la invadía una especie de amargura involuntaria, pues aún no había aprendido lo rica que era en los bienes reales que hacen feliz la vida.