5 hommes célèbres morts sur les WC
Mes chers camarades bien le bonjour !
Un empereur Romain, un chevalier Slovène, un roi d'Angleterre, des sous-marinier Allemands,
quel est donc leur point commun ? Eh oui, ceux qui connaissent bien la chaîne le
savent déjà : Caracalla, Erasme de Slovénie, Georges II et l'équipage du U-1206 : tous
sont morts aux toilettes et on l'a vu lors d'un premier épisode! Vous en avez rêvé,
vous l'avez demandé à cor et à cri, aujourd'hui on continue la liste des poissards qui sont
morts... sur les chiottes ! L'histoire de la Chine est extrêmement ancienne : avant même
son unification, de nombreuses dynasties se succèdent et des royaumes naissent,
s'affrontent, fusionnent ou disparaissent. C'est le cas du lointain Royaume de
Jin [DZIN], entre le 11e et le 5e siècle avant notre ère, qui est dirigé par un duc : le duc Jin.
L'État Jin finit par subir un sort assez commun dans l'histoire : il se désagrège. Dans les
derniers temps, le duc n'a plus aucun pouvoir réel. Il ne possède qu'un petit territoire,
et est même parfois chassé de son domaine. En effet trois grandes familles aristocratiques, les
Zhao, les Wei et les Han, se partagent entre elles la totalité du territoire de Jin. Les Annales
des Printemps et Automnes, œuvres successives de nombreux scribes, toutes compilées par Confucius
selon la légende, sont complétées par le Zuo Zhan, littéralement le “Commentaire de Zuo”.
Ces sources croisées racontent comment est mort Jing de Jin,
le dernier des duc de Jin, qui sombra dans l'oubli...et pas que !
Bon premier point, et ce qui est dommage : les annales portent sur un royaume voisin. Elles
ne mentionnent Jing qu'au moment de sa mort, si bien qu'on ne sait rien de son règne. Mais comme
je vous ai dit : pour l'époque, il ne devait avoir aucun réel pouvoir. Un jour, Jing voit
en rêve un démon le maudire. Il fait appeler une voyante de Sangtian pour avoir son avis. La femme
est formelle : “Tu ne goûteras pas le blé nouveau !”, qu'elle lui dit. Ce qui veut dire : tu mourras
dans l'année. Troublé, le duc attend la mort. Un an passe. La saison du blé nouveau arrive. Le
duc Jing de Jin s'en fait servir, et convoque la voyante. Il lui présente le blé appétissant...et
la fait tuer. Histoire de conjurer le sort, ou de s'ouvrir l'appétit, on ne sait pas,
ce duc est un vrai rigolo. Triomphant, il va désormais dévorer le blé. Mais avant cela,
il doit assouvir une envie pressante ! Jing se rend alors aux toilettes. A l'époque,
c'est tout juste une large fosse dans laquelle on se soulage. Pas de chance : le
duc y tombe. Il se noie dans son contenu, et meurt...sans jamais goûter le blé nouveau !
Soyons francs : cette histoire aux allures de fable morale est contredite par une autre source,
les Annales du Bambou, qui est un peu plus fiable aux yeux des historiens. Selon le Bambou,
Jin n'a tout simplement pas pu exister, puisque la dynastie Jin était éteinte bien
avant lui. L'histoire ne serait qu'une légende. N'empêche : le royaume Jin a bel et bien sombré,
aussi profondément que son souverain, ce qui a déclenché une nouvelle ère sanglante pour la
Chine, celle des Royaumes Combattants (453-221 av. JC). Au 14 siècle, dans ce qui est aujourd'hui la
République tchèque et qui était jadis la Bohème, un certain Venceslas III se fait une bonne place.
A ce moment-là, ça fait longtemps que la dynastie des Přemyslides marque l'Europe de l'Est. Ces
princes locaux, ducs de Bohême, ont réussi à s'élever et à devenir rois de Bohême : ils ont
préservé leur autonomie face au Saint Empire Romain Germanique. Mieux : ils ont même lancé
de grandes guerres de conquête, et leur expansion ne tarde pas à leur donner des titres en Pologne
et en Hongrie. Mais leur position est très dure à défendre : autour d'eux, les barons locaux ne
cessent de se révolter. Et au-dessus de leur tête plane l'ombre de l'Empereur,
qui aimerait bien intégrer toutes leurs terres au Saint-Empire. Heureusement pour consolider
leur pouvoir, les Přemyslides ont une belle légende familiale : leur propagande les fait
remonter à un ancêtre mythique, Przemysł Oracz. Traduisez Přemysl le Laboureur.
Eh ouais, si certains princes n'hésitent pas à faire remonter leurs origines jusqu'aux empereurs
de Rome, aux princes de Troie, ou à de lointaines peuplades de guerriers héroïques. En Bohême,
il n y a pas de ça : l'ancêtre, c'est un énorme laboureur super-costaud et super beau,
qui séduit une reine. Ensemble, ils fondent la ville de Prague, le royaume de Bohême,
et engendre une lignée de sang royal. Voilà pour l'ambiance.
Donc il faut vraiment des épaules sacrément solides pour assumer un
tel héritage, à la fois mythique et historique !
Ces épaules, le pauvre Venceslas ne les a pas encore en 1298. Il faut dire que tout va un
peu trop vite pour lui : à seulement 9 ans, il est fiancé à la fille du roi de Hongrie. Quand
beau-papa décède, il est donc fait roi de Hongrie : il a 11 ans. En 1305, son propre père, Venceslas
II, casse sa pipe. Le fiston lui succède : ça y est, il a 15 ans, et le voilà roi de Hongrie, de
Pologne et de Bohême. Boum. Est-ce que vous sentez venir la grosse tension, ou faut-il vous rappeler
le contexte politique : des barons rebelles, et un empereur qui a envie de le manger tout cru ?
Comme si ce n'était pas suffisant, Venceslas a déjà la réputation d'être un bon vivant,
trop jeune dans sa tête. Tout juste sorti de l'adolescence,
on dit de lui qu'il préfère festoyer plutôt que de faire de la politique. Enfin bon, les on-dits
aussi...c'est facile de trouver des critiques, surtout avec autant d'adversaires politiques !
En Hongrie, Charles-Robert le chasse du trône en 1308. Oui, avec un nom pareil vous vous en
doutez : Charles-Robert vient de France, il descend de la maison d'Anjou. En Pologne,
c'est l'ambitieux Ladislas Ier qui s'oppose à lui avec vigueur. Et même en Bohême,
la mère-patrie de ses ancêtres, le jeune Venceslas n'a, franchement,
aucun succès ! L'empereur lui met la pression et Venceslas se tourne vers le pape Boniface VIII.
Malheureusement pour lui, il est accueilli par un long silence. Le pape lui a mis un gros vent,
Venceslas est seul, et bien seul. Alors tant pis,
il va se débrouiller. Il monte une armée, et marche sur la Pologne,
histoire de montrer à Ladislas qui est le patron. Mais...tout s'arrête là !
Dans des circonstances mystérieuses, le jeune Venceslas est assassiné à l'âge de 16 ans,
sans descendance. C'était le dernier des rois Přemyslides.
Les chroniques mentionnent une mise à mort déshonorante, humiliante,
sans en dire plus. Elle aurait en effet eu lieu dans la garde-robe du château d'Olomouc.
Et à l'époque, la garde-robe est un réduit qui sert à stocker les vêtements,
à faire sa toilette et...à se soulager, via un conduit,
type latrine, qui évacue les besoins. Qui est le commanditaire du meurtre ? Mystère,
même si les regards pointent spontanément vers le polonais Ladislas qui parviendra, plus
tard, à devenir roi d'une Pologne autonome. Le problème c'est que l'assassin est instantanément
tué à son tour par les gardes du roi, sans avoir le temps d'être interrogé...comme par hasaaaaard !
Allez, donnons un bon point au très court règne de Venceslas : au 14e siècle, il a incarné une
alliance, Hongrie-Pologne-Bohême, qui s'est reformée en...1991. Oui, le Groupe de Visegrád,
ou “V4”, réunit à présent les Etats de Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie. Ils ont
travaillé des politiques communes pour, ensemble, s'extraire de l'ère post-soviétique, s'intégrer à
l'Union Européenne et promouvoir le marché commun sans se faire marcher dessus par l'Allemagne.
Marrant comme l'histoire se répète non ?! Notre histoire commence en 1075,
quand la Basse-Lotharingie, une région située grosso modo sur la Belgique actuelle,
est plongée au cœur d'un très long conflit : la querelle des
investitures. Mais qu'est-ce que c'est que ça vous allez me dire ?
Pour faire simple, le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV se disputent pour savoir qui
nommera les évêques dans le Saint Empire Romain Germanique. En effet, un évêque, une fois investi
de sa charge (on parle d'investiture), a accès à un domaine, des biens, des pouvoirs...et surtout,
il soutient celui qui le nomme. Donc forcément : le pape Grégoire veut un religieux obéissant
à Rome, le véritable phare de la chrétienté. C'est la réforme grégorienne : l'Europe
s'unifie dans la foi, elle se christianise en profondeur. Mais l'empereur Henri, lui,
a plutôt besoin de placer à ce poste administratif de bons gestionnaires -et tant pis s'ils n'ont pas
la vocation religieuse ! Il voudrait pouvoir donner cette charge politique à ses proches,
à ses partisans. La querelle finit par éclater, et c'est le chaos. De 1075 à 1122, chaque noble,
duc, ou prince du Saint Empire Romain Germanique choisit son camp : pour le pape,
ou pour l'empereur. Par exemple, le duc de Saxe Magnus Ier soutient le pape, et entre en guerre
contre son voisin le duc de Basse-Lotharingie, Godefroid III, qui prend le parti de l'empereur.
Godefroid III n'a donc pas une vie facile : le conflit s'annonce long et dangereux. En plus,
il a épousé Mathilde de Toscane, une région du Sud de l'Empire.
Et si Godefroid est du côté de l'empereur, Mathilde soutient elle le pape à fond ! Vraiment,
vraiment à fond, puisque cette puissante politicienne et cheffe de guerre a même
la réputation de se donner au souverain pontife, corps et âme si vous voyez ce
que je veux dire. Le chroniqueur Benzo d'Alba, furieux partisan de l'empereur,
n'hésite pas à la traiter de “face de vulve” et à l'accuser de mille perversités.
Le mariage de Godefroid est complètement raté : le couple n'a pas d'enfants, donc
pas de descendance pour le duché. Leurs opinions politiques sont opposées, ils ne s'entendent pas,
se querellent, et finissent par ne plus se voir du tout : Mathilde reste chez elle,
en Italie, près du pape. Son attachement à l'église est tel que sa dépouille sera
transférée au 17e siècle (oui, 6 siècles plus tard !) dans la basilique Saint-Pierre de Rome.
Bref : Godefroid a vraiment fait une mauvaise alliance. Et il sait qu'il
prend un risque à partir faire la guerre pour l'empereur, surtout sans descendant.
Il décide donc nommer son héritier : ce sera son neveu, le jeune Godefroid de Bouillon. Apaisé, le
duc peut s'attaquer à la Saxe, à l'Est, puis à la Hollande au Nord. L'évêque d'Utrecht est en effet
attaqué par Robert le Frison, comte de Flandres. Godefroid soutient l'évêque avec succès, et peut
même passer Noël peinard en sa compagnie. Mais la guerre contre le Frison est loin d'être terminée :
Godefroid s'installe dans un château au bord de la Meuse, dans la région de Vlaardingen. Une nouvelle
bataille est imminente. Mais Godefroid mourra avant. L'historien Néerlandais Kees Nieuwenhuijsen
a réuni 24 sources médiévales pour nous raconter sa mort en détail. Robert le Frison la joue pas
cool, il achète les services d'un sicarius, un assassin qui s'appelle Giselbert. Ce dernier est,
selon les sources, soit un spiculator, un garde, soit un coque...un cuisinier.
Le traître a un plan bien rodé : avec l'aide d'une servante, il repère les latrines de la
chambre de Godefroid, qui débouchent en dehors du château. Giselbert attend patiemment que le
duc soit poussé par la nature. Et là, il l'attaque par en-dessous, à l'aide d'une
longue arme métallique acérée. Godefroid aura eu un horrible mariage et une mort atroce. Et
comment cet héroïque sacrifice est-il récompensé ? Quand son neveu se présente comme convenu pour
hériter de la Lotharingie, L'empereur Henri IV a la gratitude des rois : il l'écarte,
et nomme son propre fils Conrad à sa place. Tant pis, le jeune Godefroid
de Bouillon devra aller chercher gloire et aventure ailleurs... à Jérusalem. Mais ça,
on en a parlé dans d'autres épisodes de Nota Bene ! Laissez moi vous raconter l'Histoire
d'Edmond Côte-de-Fer ! Edmond voit le jour en 988, dans une Angleterre en fâcheuse posture.
Pour le contexte lointain, je vous laisse visionner l'excellente série The Last Kingdom
qui raconte comment les rois Anglais successifs (Alfred, Edouard, Aethelstan) parviennent à
unifier leur pays face aux attaques des Danois. Malgré ces beaux succès,
un gros souci arrive en 978, quand le roi Aethelred monte sur le trône.
Je dis ça parce que Aethelred est tellement
mauvais qu'après sa mort, on le surnomme Aethelred le Malavisé. Quand même…
Il subit des défaites face au chef Danois Sven à la Barbe Fourchue. Et en plus,
il le paie ! Il verse le Danegeld, littéralement “l'Or des Danois”,
une rançon censée garantir que les étrangers repartent. Bon,
l'année suivante les Danois reviennent, mais avec plus de navires achetés avec l'argent des Anglais.
Le coup classique ! Tout va tellement mal qu'Aethelred est même obligé de fuir en exil,
pendant que Sven se fait couronner roi à sa place ! Coup de chance, Sven meurt, et Aethelred
reprend le trône. Tout pourrait s'arrêter là, mais non, le clash devient inter-générationnel.
Car Sven a un fils : Knut. Knut le Grand. Encore plus balèze que son viking de père. Et Aethelred
a aussi un descendant : Edmond. Edmond Côte-de-Fer. Entre ces deux grosses brutes,
la lutte peut commencer. Et ils ont de beaux CV ! Knut ne collectionne pas les vignettes-frigo,
mais plutôt les cicatrices. Il a déjà fait la guerre auprès de son père. Edmond aussi est
redoutable. Par exemple, en 1015, son père le roi envoie son homme de main,
Eadric Streona (retenez bien ce nom), ravager l'Est, tuer les seigneurs locaux,
et même placer une belle héritière en pension à vie dans une abbaye. Le fougueux Edmond,
qui devait passer par là et s'ennuyer, défonce l'abbaye, “libère” la damoiselle contre son gré,
l'épouse, revendique tout l'Est et...entre en rébellion contre son père.
Mais c'est à ce moment-là que Knut réapparaît sur scène ! La guerre reprend, mais avec trois camps
au lieu de deux. Edmond affronte les Vikings, mais il se bat aussi contre Eadric Streona,
le conseiller de son père. Quand le roi meurt, Edmond hérite de son titre, et Eadric apprend
à lui obéir. Mais les batailles et les sièges s'enchaînent, la guerre dure, la victoire va
tantôt aux Anglo-Saxons, tantôt aux Danois. De fatigue, les deux combattants se rencontrent
sur l'île d'Alney en 1016. Après plusieurs années à se fracasser, Edmond Côte-de-Fer et
Knut le Grand peuvent enfin se serrer la main. Ils décident de partager l'Angleterre en deux.
Mais… à peine quelques semaines plus tard, Edmond meurt. Aujourd'hui la majorité des historiens,
comme M.K. Lawson, soutient que c'est d'une mort tout à fait naturelle. Ça n'empêche pas
les chroniqueurs médiévaux de s'en donner à coeur joie : c'est forcément un coup de Knut,
qui devient ainsi roi de l'Angleterre, et forme un véritable empire transmarin en cumulant avec les
titres de roi du Danemark et de la Norvège. Il est aussi pote avec l'Empereur du Saint-Empire,
qui lui laisse gérer des provinces voisines comme la Poméranie. Et il
fait un pèlerinage à Rome en 1027, à l'époque les Danois sont déjà pas mal christianisés.
Bref, ça commence à être risqué d'accuser un aussi puissant souverain de meurtre,
alors certains auteurs n'hésitent pas à donner le mauvais rôle à...Eadric Streona,
eh oui, le fameux homme de main, qui fait un traître idéal ! Dommage pour lui !
C'est le cas par exemple du chroniqueur Henri de Huntington qui décrit cet acte ignoble,
en plaçant l'assassinat dans des toilettes :
“Le roi Edmond est traîtreusement assassiné quelques jours plus tard. Voici ce qui se
passa : une nuit, ce grand et puissant souverain se retira pour répondre aux besoins naturels,
et le fils d'Eadric Streona, d'après un stratagème de son père, s'enferma dans
la fosse d'aisance, et poignarda par deux fois le roi par-derrière avec une dague
tranchante. Laissant son arme plantée dans ses intestins, il prit la fuite.”
C'est toujours sympa ! D'ailleurs Huntington conclu sur un ton moraliste :
“Eadric se présenta alors à Knut, et le salua ainsi : “Salut, toi qui est le seul souverain
d'Angleterre !” Une fois les explications faites, Knut lui répondit : “Pour cet exploit
je te récompenserais, selon ton mérite, plus grandement que tous les nobles d'Angleterre.
Il ordonna alors qu'Eadric soit décapité, et sa tête suspendue au sommet de la tour de Londres.”
Vous le connaissez sans aucun doute pour être le grand méchant de Robin des bois : Jean sans
Terre ! Il veut qu'on l'appelle Jean le Preux, mais il est mort ...affreusement !
Jean est issu de la Maison Plantagenêt, une famille originaire non pas d'Angleterre mais du
Maine, du Gâtinais et de l'Anjou en France. Elle conquiert d'abord la Normandie et ses
principales bases sont en Aquitaine, Poitou, Normandie, bref : la France de l'Ouest. Et si
les Plantagenêts finissent par perdre du terrain et se rétracter en Angleterre, c'est...à cause de
Jean Sans Terre, qui porte décidément bien son nom ! Il faut dire que dès le début,
c'était mal parti : Jean est le petit dernier de plusieurs frères prestigieux : Guillaume de
Poitiers, Geoffroy de Bretagne, et Richard d'Angleterre, dit “Coeur-de-Lion”. En plus,
le roi Henri II décide de déclarer son fils “sine terra”, sans terre, à la naissance.
Jean n'a donc aucun héritage. Mais on lui promet de conquérir l'Irlande. Enfin...s'il
en est capable ! Mais pas de chance, il essuie au contraire un désastre : Jean se retrouve
bon dernier parmi ses frères, toujours sans terre, et en plus avec une sale réputation.
Pendant ce temps, Richard guerroie en France, combat son propre père,
et s'aventure dans une croisade en Orient. A Jean, il laisse les tâches
administratives : gérer le royaume, sévèrement encadré par un conseil de régence. Et le pire,
c'est qu'au moment de choisir un héritier, Richard refuse Jean : il lui préfère Arthur de Bretagne.
Pour Jean, c'est le bouquet. Il pète une durite, et se révolte. Et...il se fait tataner par le
grand-frère. Tout ça vous connaissez si vous avez vu ou lu ne serait-ce qu'une œuvre sur le
légendaire Robin des Bois comme je le disais tout à l'heure. Mais finalement, quand Richard meurt,
Jean revient. Le problème, c'est que les précédentes années l'ont rendu violent,
furieux, jaloux de son pouvoir. Il se met à dos tout le monde : ses voisins,
ses alliés, ses nobles, et même son peuple. En fait, il réussit l'exploit
d'être le pire roi d'Angleterre aux yeux du grand public...et des historiens ! C'est pas
qu'il est gentil ou méchant...c'est qu'il est mauvais ! Il perd plein de terres,
accumule les querelles, subit les révoltes, et voit son pouvoir fortement diminué.
Mais était-il si mauvais homme ? Ce n'est pas ce que pensent des historiens comme Stephen Church ou
Paul Webster. D'ailleurs, et c'est ça qui nous intéresse, ce dernier a étudié son rapport à
la religion, notamment lors de sa fin de vie. Jean faisait souvent la charité aux pauvres,
participait aux offices religieux, faisait des dons à des maisons religieuses (qui à l'époque,
rappelons-le, assurent certains services publics comme les hôpitaux). Homme d'art et de culture,
porté sur la philosophie et les sciences, Jean possédait une belle bibliothèque,
et de nombreuses reliques saintes. Mais aux derniers jours de sa vie ratée,
tout son bagage finit emporté dans le torrent d'une rivière. Frappé de douleur, le roi y
voit dans cette perte une punition divine. Abattu, déprimé, il renonce et s'affaiblit.
C'est à ce moment là qu'une dysenterie foudroyante le frappe. Il est victime de
violentes diarrhées et il est transporté en litière. Il meurt dans ses excréments,
demandant le pardon pour son âme. Désolé si vous vous attendiez à un superbe assassinat
ou à un dramatique accident... Mais quand il est mort, Jean était constamment aux toilettes. Bien
sûr, les chroniqueurs qui le détestaient ont bâti sa légende noire à l'époque. Ce qui est
sûr c'et que le roi est mort en pleine dysenteri. Mais s'il avait aussi été assassiné ? Et si le
poison avait déclenché la maladie ? Les rumeurs vont bon train, mais à ce jour,
y'a pas de piste de piste solide ! Et c'est sur ce jeu de mot de l'enfer que l'on termine cet
épisode ! Comme on l'a vu encore une fois, on peut donc collectionner les titres et les conquêtes,
être duc d'Empire, roi indépendant ou souverain déchu, rien ne nous empêche de salement finir
aux toilettes...alors faites pas trop les malins ! Merci à Jean de Boisséson pour la préparation de
cet épisode, comme toujours c'est un plaisir de bosser avec lui ! Encore merci à tous,
n'hésitez pas à partager l'épisode et à vous abonner, à très vite sur Nota Bene ! Ciao !