IDOLE 2009-12-15
« Les gens m'appellent l'idole des jeunes, il en est même qui m'envient ». Chanson à succès, déjà ancienne, mais qui avait entériné cette image de Johnny Halliday : l'idole des jeunes. C'est bien cette idole qui est au cœur de l'actualité en ce moment, et c'est bien comme ça qu'on l'appelait, même avant qu'il ne s'en prévale.
C'était l'époque des yéyés comme on disait, et le mot d'idole pour désigner des vedettes est devenu à la mode à ce moment-là. C'était le temps des copains, le temps des idoles, c'est toute une époque où le rock'n'roll devient une musique et bientôt une culture qui fascine en Europe, bien qu'elle vienne des États-Unis, et peut être parce qu'elle vient des Etats-Unis. Le mot d'« idole » est déjà relativement en usage là-bas. On a donc deux mondes qui se font face : l'idole d'un côté, et de l'autre, ses fans, c'est-à-dire ses adorateurs fanatiques En France, le mot n'est pas absolument nouveau dans ce sens – Balzac l'emploie déjà dans la première moitié du XIXe siècle à propos d'acteurs ou d'actrices très en vogue - mais il reste encore littéraire. Mais dans les années 50, du vingtième siècle bien sûr, il va se populariser et parmi tous les chanteurs qui peuvent y prétendre, c'est Johnny Halliday qui en hérite.
Le mot n'est pas si mal choisi si l'on se souvient des manifestations hystériques qui expriment l'adoration incontrôlée dont le chanteur est la cible. Les jeunes admirateurs, et surtout les jeunes admiratrices veulent se jeter sur lui, gardent en souvenir la chemise qu'il jette dans le public à la fin du concert, feront encadrer leur billet d'entrée. Il y a tout un fétichisme qui s'installe et Johnny Halliday devient un personnage public auquel on rend une sorte de culte. Cette carrière dure bien plus longtemps, et depuis cinquante ans, il y a en effet des gens qui l'idolâtrent.
Idolâtrer, c'est bien le verbe qui correspond à idole, mais il est nettement moins positif. Il est péjoratif, ou bien moqueur. Il est moqueur quand il désigne un amour aveugle, et donc un peu sot, naïf : il idolâtre sa petite amie qui en profite, le mène par le bout du nez et lui fait faire ce qu'elle veut. Il est négatif dans son sens d'origine, qui a une couleur religieuse.
En effet idolâtrer, c'est adorer une image de Dieu au lieu d'adorer Dieu lui-même. Et souvent les religions monothéistes, comme par exemple celles qu'on appelle les religions du livre, christianisme, judaïsme, islam, se méfient des idolâtries, comme si c'était ce qui les différenciait le plus des pratiques polythéistes. C'est peut-être pour ça que certaines religions interdisent qu'on représente la personne divine, de même que la personne humaine.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/