1939 - Seconde guerre mondiale tome 1 | L'Histoire nous le dira (4)
Cependant, certains généraux Allemands, dont Erich von Manstein, proposent audacieusement
de ne pas attaquer directement la ligne Maginot, mais de la contourner par le nord à travers
l'épaisse forêt des Ardennes jugée impénétrable.
Non seulement importe-t-il de contourner la ligne Maginot, mais Manstein cherche à faire
croire aux Alliés que les Allemands n'attaqueront pas non plus par la Belgique, afin de maintenir
un relatif effet de surprise et surtout pour ne pas répéter le scénario de 1914.
Ironiquement, les généraux alliés approuvent en novembre 1939 le Plan Dyle soumis par le
chef d'état-major Français, Maurice Gamelin. Ce plan consiste à dépêcher les meilleures
unités directement en Belgique puis vers les Pays-Bas pour barrer la route aux Allemands.
En clair, le haut commandement allié semble croire que l'ennemi empruntera la traditionnelle
voie d'invasion par la Belgique, au lieu d'envisager d'autres scénarios plus audacieux,
comme une attaque contre la ligne Maginot ou encore à travers les Ardennes.
Toutefois, les défenseurs du Plan Dyle font valoir qu'il s'agit, en quelque sorte,
de boucher trois brèches sur la ligne de front. Une première brèche est déjà bouchée
et il s'agit de la portion du front couverte par la ligne Maginot ; une deuxième brèche
est constituée par la forêt des Ardennes jugée impénétrable!
La troisième, enfin, est celle partant des Ardennes vers les Pays-Bas. C'est cette
brèche qui est jugée la plus vulnérable, d'où l'idée d'y déployer les meilleures
unités mobiles et blindées, car on ne souhaite pas que l'ennemi pénètre profondément
en France et vers les ports de la Manche comme en 14-18.
Bref, l'idée peut se défendre. Elle peut se justifier, d'autant que la « drôle
de guerre » accorde du temps et une relative tranquillité pour mettre en œuvre ce Plan
Dyle jugé infaillible. Il ne reste plus qu'à attendre l'offensive Allemande.
Dans le théâtre d'opérations en Extrême-Orient, notons que la guerre Sino-japonaise se poursuit,
avec une flambée de violence encore inégalée. On se bat dans la province Chinoise du Hunan,
au sud du pays, au cours de la bataille de Changsha en septembre et en octobre 1939.
Les nationalistes chinois y remportent une victoire en empêchant les Japonais de consolider
leur emprise dans le sud de la Chine. Toujours plus au sud, dans la province de
Guangxi, Chinois et Japonais livrent une longue bataille entre novembre 1939 et novembre 1940
pour le contrôle de cette région hautement stratégique, car elle fait la liaison entre
le sud de la Chine et tout ce qui est considéré comme le Vietnam, le golfe du Tonkin et l'océan
Pacifique.
En s'emparant du territoire, les Japonais parviennent progressivement à couper le ravitaillement
de la Chine par le sud du pays, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'effort de guerre
chinois. Ces dernières séries de défaites de l'armée
Chinoise laissent le monde perplexe quant aux capacités de celle-ci à mener une lutte
à plus long terme contre le Japon. Bien qu'elle fasse la lutte au Japon depuis 1931, elle
ne s'est pas remise des défaites subies à Shanghai et à Nankin à la fin des années
1930.
La Chine ne dispose pas d'une armée capable à terme de plus de victoires en raison de
ses faibles ressources industrielles, de l'expérience limitée de son armée pour la guerre moderne,
de l'entraînement et de l'équipement qui font défaut et, pire encore, des problèmes
dans la structure du haut commandement et d'un leadership politique désuni.
Sur le front des airs, l'année 1939 connaît quelques batailles d'importance. On se bat
dans le ciel de la Pologne, où la Luftwaffe remporte la décision face à une force aérienne
Polonaise en infériorité numérique et disposant d'appareils de moins bonne qualité.
Le monde retient qu'en plus du bombardement d'objectifs militaires, les avions de la
Luftwaffe lâchent leurs bombes sur des objectifs civils, notamment sur les villes, ce qui suscite
la désapprobation générale.
Toutefois, les villes Allemandes subissent le même sort. Dès le mois de septembre,
des appareils de la Royal Air Force, la RAF, attaquent des objectifs militaires et des
civils dans la baie de Helgoland, où se trouvent des unités de la Kriegsmarine.
Un peu plus au nord, vers la Scandinavie dans le détroit de Skaggerak, des avions de la
RAF et de la Luftwaffe s'affrontent, comme les Allemands tentent quelques missions de
bombardements contre des unités de la Royal Navy au large des côtes anglaises et écossaises
en septembre et en octobre.
L'année 1939 à l'Ouest semble caractérisée par des combats entre les aviations Britannique
et Allemande, essentiellement dans le but d'endommager le plus possible les forces
navales de l'adversaire.
Et parlant de forces navales, on se bat également dans les eaux du monde en 1939. La très longue
bataille ou campagne de l'Atlantique débute dès le mois de septembre 1939 où un premier
navire, le paquebot Athenia, est torpillé par un sous-marin Allemand.
Comme on l'a dit, les Britanniques imposent d'emblée un bloc naval des côtes Allemandes
et, contrairement à ce qu'on a vu pendant la Grande Guerre, adoptent rapidement le système
relativement efficace des convois lors des dangereuses traversées de l'Atlantique.
La bataille de l'Atlantique en 1939 voit le coulage ou le torpillage audacieux de certaines
unités qui font la fierté des belligérants. C'est le cas notamment du coulage du porte-avions
HMS Courageous, coulé le 17 septembre par un U-boat, tout comme le HMS Royal Oak qui,
lui aussi, a été coulé par un sous-marin Allemand le 13 octobre.
Les Alliés décident au début des hostilités de créer des groupes de combat spécialisés
chargés de patrouiller des secteurs spécifiques de l'océan Atlantique, surtout dans le
but de faire la lutte aux unités de surface ennemies.
On cherche notamment à mettre fin aux activités de deux gros bâtiments Allemands que sont
le Deutschland et le Graf Spee.
D'ailleurs, dès novembre 1939, la flotte Allemande reçoit l'ordre de couler tout
navire marchant allié qu'elle croise, ce qui donne d'emblée le ton, car les unités
maritimes civiles font déjà les frais d'une guerre dont on ne connaît pas d'avance
la durée.
Finalement, l'année 1939 dans l'Atlantique connaît un dernier épisode d'envergure,
à savoir la bataille du Rio de la Plata, un estuaire situé entre l'Argentine et
l'Uruguay, le 13 décembre. S'affrontent alors le croiseur lourd Allemand Graf Spee
et des unités de la Royal Navy. Sévèrement endommagé après une lutte épique
dont est témoin la population Uruguayenne le long de la côte, le Graf Spee fait route
vers Montevideo, un port de mer neutre.
Son commandant, le capitaine Hans Langsdorff, prend la décision de saborder son navire
plutôt que de le voir tomber aux mains des Britanniques. Quelques jours plus tard, il
prend la décision de se suicider, vu le déshonneur qu'il considère d'avoir à abandonner
son navire en présence de l'ennemi.
Voilà pour les principaux affrontements sur tous les fronts pour l'année 1939. On comprend
donc que la guerre qui commence est déjà mondiale et qu'elle ne se terminera pas
de sitôt.
Dès les débuts, les principaux belligérants votent des budgets d'urgence pour leurs
armées, en plus, naturellement, de décréter des ordres de mobilisation générale. C'est
le cas entre autres pour la Grande-Bretagne et la France.
Comme durant la Première Guerre mondiale, on ne tarde pas non plus à mettre sur pied
des ministères spécialisés, par exemple des départements pour les munitions, le ravitaillement,
l'armement et ainsi de suite.
Non sans surprise aussi, la conscription devient vite une réalité, par exemple en France
et en Angleterre où l'on anticipe que le besoin en soldats sera grand.
Le rationnement constitue également une mesure draconienne, mais nécessaire dans l'éventualité
où il faille considérer une coupure quelconque dans les lignes d'approvisionnement.
Plus dramatique cependant sont les mesures entreprises à l'encontre des Juifs. En
Allemagne comme dans les territoires occupés, les Juifs font l'objet de déportations.
Des Juifs d'Autriche et de Tchécoslovaquie partent vers les camps de concentration dès
le mois d'octobre 1939. Un premier ghetto juif est d'ailleurs créé dans la ville
Polonaise de Lublin le même mois, ce qui semble n'être que le début de l'Holocauste
- J'y reviendrai tout au long des prochains épisodes -
La diplomatie constitue pour sa part un autre front à ne pas négliger. Deux jours après
le début de la guerre en Pologne, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne,
non sans lui avoir envoyé des ultimatums afin qu'elle y retire ses troupes.
Une fois la campagne de Pologne terminée, en octobre, Hitler envoie une sorte d'offre
de paix à la France et à la Grande-Bretagne, offre aussitôt rejetée tant et aussi longtemps
que les Allemands ne quitteront pas les territoires occupés.
Il y a même le pape qui ajoute son grain de sel. Le 20 octobre, Pie XII publie une
encyclique intitulée Summi Pontificatus dans laquelle il critique le racisme et le totalitarisme.
Le souverain pontife y dénonce également le pacte Ribbentrop-Molotov, de même qu'il
appelle à la restauration de l'indépendance de l'État Polonais.
Toutefois, certains États optent pour la neutralité. C'est notamment le cas de l'Italie,
qui bien sûr affiche des sympathies pour l'Allemagne Nazie, tout comme pour l'Espagne
fasciste qui sort à peine d'une longue guerre civile. Les pays scandinaves et baltes
adoptent aussi la neutralité. À l'ouest, les pays potentiellement susceptibles
de se trouver sur la voie d'invasion des forces Allemandes proclament aussi leur neutralité.
C'est le cas de la Belgique et des Pays-Bas.
En Amérique du Nord, les États-Unis, non sans surprise, proclament à leur tour leur
neutralité. Cependant, le président Franklin Roosevelt
signe en novembre une mise à jour du Neutrality Act, l'acte de neutralité, qui prône une
politique du Cash & Carry, c'est-à-dire que les États-Unis peuvent vendre des armes
et du matériel de guerre aux belligérants, à condition que les acheteurs payent comptant
et s'occupent entièrement du transport. Pour sa part, le Canada déclare la guerre
à la l'Allemagne le 10 septembre et, contrairement à la situation en 1914, il le fait en son
nom propre. La majorité des dominions Britanniques emboîte le pas pour se trouver à leur tour
en état de guerre.
Allez! Voilà ce qui conclut notre épisode de l'année 1939. La guerre ne fait que
commencer. On se voit dans le prochain épisode dédié aux événements de 1940!
Allez, c'est fini pour aujourd'hui. Merci à Carl Pépin avec qui je travaille sur cette
langue série sur la Seconde Guerre mondiale et si ça vous plaît, dites-le. Faites un
pouce par en l'air, commentez, partagez, vous pouvez me suivre sur Instagram, Twitter,
Facebook, vous avez les références juste ici mais plus encore, si vous voulez d'autres
séries comme celle-là, allez voir le Patréon et vous pouvez nous aider. Tous les liens
sont en dessous.
Je suis Laurent Turcot de L'Histoire nous le dira et je vous dis à la prochaine donc,
en 1940. Bye!