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Hugo Décrypte, L'INTERVIEW AUGMENTÉE DE BENOÎT HAMON - PRÉSIDENTIELLE 2017 - YouTube (2)

L'INTERVIEW AUGMENTÉE DE BENOÎT HAMON - PRÉSIDENTIELLE 2017 - YouTube (2)

d'un jeune enfant ou d'un enfant adolescent.

Et bien, le revenu universel lui permet de passer à temps partiel

sans perdre 1€ de pouvoir d'achat.

- C'est le même revenu ?

- Probablement plus. Admettons, elle gagne 1300€ plus 600€

Dès lors qu'elle passe à 2/3 temps,

elle gagne encore de l'argent, elle en gagne par rapport à sa situation d'avant ...

- D'accord. Son revenu baisse mais le revenu universel qu'il y a à côté

vient en complément.

Si elle passe à temps partiel, forcément, elle va ... Si elle passe à 2/3 temps, elle gagnera 2/3 de 1300€

donc on fait rapidement divisé par 3, vous avez compris.

Ça fait moins 450 à peu près donc voilà.

Donc ça lui fait 850€ plus 600€.

Vous voyez, ça lui fait ... Donc, elle gagne de l'argent

mais elle se retrouve dans la situation pour pouvoir elle consacrer du temps

à des enfants pour un temps de sa vie. Peut-être qu'après, elle reprendra à plein temps

en plus de ces 600€.

La question c'est : est-ce qu'on se dote des instruments pour maîtriser cet avenir,

maîtriser cette transition ? Le revenu universel y participe.

Ou pas ?

Moi, je ne veux pas que le pays,

ce pays, en l'occurrence, dans lequel grandissent mes filles soit un pays

dans lequel elles ne choisissent pas leur vie ou en tout cas, elles le choisissent moins que moi.

- Il y avait un sujet du bac l'année dernière, c'était "Travailler moins est-ce vivre mieux ?",

un sujet de philo. Je suppose que votre réponse vous c'est oui.

- Bah pour la plupart de ceux qui aujourd'hui ont un travail,

sont heureux d'avoir un travail parce qu'ils en vivent

mais un travail qui les broie, dans lequel il ne s'épanouisse pas,

si ils ont autant d'argent en travaillant moins,

je peux vous assurer que c'est mieux.

Mais à condition aussi qu'on ait une politique ambitieuse en matière culturelle,

qu'on ait une politique ambitieuse en matière éducative

une politique ambitieuse en matière associative.

Se réaliser en dehors du travail, ça suppose aussi qu'on ait un environnement

à vous, comme à moi, comme à d'autres

d'avoir accès à des services publiques, à des biens culturels,

à des services culturels, à des opportunités de se réaliser, de s'accomplir un peu différentes.

- Vous voulez instaurer de nouveaux droits pour les travailleurs

notamment la reconnaissance du burn out comme responsabilité de l'entreprise

ou alors le droit à la déconnexion qui me semble a été appliqué avec la loi El Komri.

- Mais qui est facultatif.

- Qui est facultatif, d'accord. Donc, vous vous voulez ajouter quelque chose à ça.

- Le progrès c'est génial mais c'est facultatif.

- Alors justement comment faire s'appliquer, c'est là ma question,

comment faire s'appliquer concrètement ces droits ?

Est-ce que vous allez pénaliser les entreprises dont les salariés font des burn out

ou qu'ils n'appliquent pas le droit à la déconnexion ?

- Alors, je vais prendre un exemple très simple.

Quand ...

Avant on a constaté que dans la construction du bâtiment,

il y avait beaucoup d'accidents du travail.

On a pensé la protection sociale comment ?

En disant : les entreprises où on constate que

pour construire tel ou tel bâtiment, beaucoup tombent, beaucoup se blessent,

plus il y aura de gens à se blesser, plus vous paierez de cotisations.

C'est le principe d'une cotisation qui est proportionnelle à ce qu'on appelle la sinistralité

c'est-à-dire le degré de risque que prennent les salariés.

Moi, je pense qu'il faut faire avec les maladies professionnelles dont les pathologies psychiques

la même chose que ce qu'on a fait dans les entreprises du bâtiment.

Une dépression grave, un stress généralisé, un syndrome d'anxiété généralisé

bref c'est une maladie liée et directement imputable à votre travail.

Donc moi, je souhaite qu'on ait le même modèle.

Quand on sait qu'une dépression est imputable au travail

et bien la facture est payée non pas par l'assurance maladie c'est-à-dire vous et moi,

nos cotisations, mais par l'entreprise.

C'est aussi simple que ça.

- Pour le droit à la déconnexion du coup ?

- Là il faut qu'on puisse avoir un mécanisme de sanctions. Pourquoi ?

Parce qu'aujourd'hui, là encore selon des sondages

et des déclarations des cadres mêmes, un cadre français sur trois

déclare travailler entre 20h et minuit et trouve ça normal.

Donc il répond aux injonctions de sa hiérarchie soit,

et après, une fois qu'il a eu une instruction, il le reporte sur qui ?

Sur ses collaborateurs. Et donc par ruissellement,

l'ensemble de l'entreprise continue à travailler au-delà du temps de travail.

Et finalement, on se rend compte que la durée légale du travail, ce qui est censée vous amener à travailler 35 heures,

au-delà de 35 heures à faire des heures supplémentaires,

en réalité, cadres comme non cadres continuent à travailler bien au-delà.

Et la durée légale du travail même les heures supplémentaires, tout ça n'a plus de sens

puisque votre domicile, vos transports en commun,

votre bureau, tous sont des lieux indifférents au fait que vous continuer à travailler.

Moi, je pense que le droit à la déconnexion consiste à dire : il n'y a pas que le travail dans la vie.

- Une dernière question maintenant sur l'économie.

Vous proposez de nombreuses mesures fortes pour l'État, on a parlé de revenu universel,

on aurait pu parler aussi de l'augmentation du budget dédié à la culture

du recrutement de 40 00 enseignements, de l'augmentation de leur salaire, ...

En parallèle, vous annoncez une révolution fiscale.

Est-ce que vous pouvez comprendre certaines inquiétudes qu'avec l'augmentation des dépenses publiques

quand l'Union Européenne nous impose aujourd'hui un contrôle stricte du budget

que ça pose pas un soucis à un moment ?

- La question c'est : est-ce que ce contrôle est légitime ou pas ?

Est-ce qu'il est justifié ou pas ?

On a mené des politiques austéritaires dans toute l'Europe et

il y a plus d'inégalités, plus de pauvreté.

Prenons l'exemple de l'Allemagne, est-ce que vous savez quel est le taux de pauvreté de l'Allemagne ?

- Je connais pas par cœur.

- Non, je ne fais pas pour un test. Il est autour de 17%.

Pourtant, ils ont entre 5% et 6% de chômeurs

Nous on est à 10% de chômeurs et à 14% de pauvres. Donc on a moins de pauvres qu'eux.

Ça veut dire que vous avez beau baisser le taux de chômage,

ça ne veut pas dire pour autant que vous baissez le nombre de personnes pauvres.

Et là, vous vous dites : mais quel est le sens d'une politique de gauche ?

Si je retrouve ... je permets aux personnes de retrouver du travail

et qu'elle est toujours pauvre donc mal donc vulnérable donc malheureuse,

quel sens cela a t-il ?

Donc la question qu'il faut regarder derrière c'est :

est-ce que ceux qui paient de l'impôt sont les bonnes personnes ?

Là, je ne le crois pas.

Et oui, je vous le dis, certains paieront plus mais d'autres paieront moins.

Le problème c'est quoi ?

C'est que ceux qui savent qu'ils vont payer plus sont ceux qui possèdent les journaux.

Ceux qui savent qu'ils vont payer plus sont ceux qui parlent à la télévision.

Et vous disent : "C'est horrible, on va avoir, à cause de monsieur Hamon, une augmentation des impôts."

Je leur dis : à vous oui.

Ça tombe bien à ce que les châteaux c'est pas délocalisable.

- Mais alors sous avez des châteaux pour les entreprises, est-ce que vous prônez pas un départ

d'entreprises qui sont installées en France aujourd'hui, des délocalisations,

enfin, ce sont des problèmes qui se sont portés ...

- Oui mais vous avez raison.

À condition que là aussi on soit faible.

Il faut pas avoir la main qui tremble.

C'est quand même incroyable que le Conseil constitutionnel

est remis en cause le principe de la taxe Google.

La taxe Google elle disait quoi ?

Google fait d'énormes profits en Europe

mais elle remonte par des systèmes de licences, de redevances,

en gros, à la holding, la société mère qui elle est installée dans les paradis fiscaux.

En l'occurrence, il y en a aussi en Europe.

Et c'est comme ça que l'activité réalisait chez nous, les bénéfices

réalisaient par ces entreprises, Apple, Google, ce qu'on appelle les cafards, Facebook, etc ...

échappent à l'impôts chez nous.

Ça c'est inadmissible.

La lutte contre l'évasion fiscale et la fraude fiscale et sociale,

la fraude aux cotisations,

peut ramener et rapatrier des dizaines de milliards d'euros.

Il faut juste ne pas avoir la main qui tremble.

Et c'est autant valable en matière de coopération internationale

et il faudra regarder Mr. Juncker.

Vous vous rendez compte qu'on a choisi

pour mettre à la tête de l'Union Européenne

quelqu'un qui a été Premier ministre du Luxembourg,

un pays qui a organisé une évasion fiscale de la plus ...

de tous les pays européens

vers le Luxembourg où il y avait le secret bancaire.

On se choisit, honnêtement, la personne la moins qualifiée aujourd'hui pour organiser la transparence.

Et personne n'est choqué mais moi, je suis choqué.

Moi, je ne trouve pas ça admissible.

Moi, je trouve cela même choquant qu'on en soit arrivé là.

Et après, on va jouer les vierges effarouchées au moment où les citoyens européens vont se détourner du projet européen.

Mais arrêtons aujourd'hui de jeter des cailloux

aux projets européens comme le font beaucoup de dirigeants européens

quand ils refusent l'hospitalité aux migrants,

quand ils refusent de taxer les grandes multinationales internationales

quand ils placent un ancien Premier ministre d'un paradis fiscal à leur tête.

Oui, là, on est en train de creuser la tombe du projet européen, je ne m'y résous pas.

- Justement, vous avez parlé de la crise des réfugiés, un débat qui

agite quand même beaucoup la France et en tout cas les politiques ces dernières semaines.

Oui bien sûr, bien sûr, il y a pas de soucis, il y a pas de soucis.

Alors, sur la crise des réfugiés, vous vous prônez un visa humanitaire

et ouvrira, je cite, "aux personnes en situation de détresse humanitaire

une voie d'accès légale et sécurisée au territoire français

pour un accueil et une protection temporaire.".

Comment est-ce que vous définissez finalement les conditions d'obtention de ce visa ?

Et en quoi est-ce que c'est différent de ce qu'on a aujourd'hui en France ?

- Le visa humanitaire existe. La questions c'est : l'utilise-t-on pas ?

Aujourd'hui, il n'est pas utilisé

comme on utilise pas et qu'on n'autorise pas quelqu'un qui veut venir chez nous parce qu'il se sent persécuté,

parce qu'il est en situation de détresse économique ou climatique

à faire le trajet par avion ou par bateau qu'on affréterait nous-mêmes.

Ils prennent quel bateau ?

Ceux que les passeurs mettent à leur disposition au point qu'il y a eu 5000 morts recensés l'année dernière en Méditerranée.

Donc oui, moi je pense qu'il faut la mise en place de couloirs humanitaires.

Ces visas humanitaires viennent permettre

que l'Europe, qui a échoué pour trouver une solution politique en Syrie,

et bien s'honore d'être plus hospitalière qu'elle ne l'est aujourd'hui.

Parce que vous savez, j'ai été l'auteur d'un rapport sur le Liban, un rapport parlementaire,

en commission d'affaires étrangères où j'ai beaucoup travaillé

sur ces questions là.

Et le fait est que j'ai constaté qu'en j'étais au Liban

que les pays européens sont ceux qui achètent des encarts

dans les journaux arabophones libanais pour dire : ne venaient pas en Europe.

Les pays européens plutôt que d'organiser la prise en charge des réfugiés au Liban,

de payer le programme alimentaire mondial, le haut commissariat aux réfugiés,

on préfère s'acheter des encarts pour dire : vous n'êtes pas les bienvenus.

Quand on arrive à ce niveau de cynisme et quand c'est en Europe que l'on voit cela,

moi, je désespère du projet européen.

- Toute dernière question rapidement. Ceux qui regardent régulièrement les interviews sur la chaîne le savent,

c'est une question que je pose à tous les candidats.

Ma génération va voter pour la première fois à l'élection présidentielle en 2017,

qu'est-ce qui doit lui donner raison de croire en la politique encore aujourd'hui ?

- C'est tellement difficile de répondre à une question pareille.

Qu'est-ce qui doit lui donner raison de croire en la politique ?

Tout simplement le fait que si elle ne s'empare pas


L'INTERVIEW AUGMENTÉE DE BENOÎT HAMON - PRÉSIDENTIELLE 2017 - YouTube (2) BENOÎT HAMON'S AUGMENTATED INTERVIEW - PRESIDENTIAL 2017 - YouTube (2) BENOÎT HAMON'S AUGMENTATED INTERVIEW - PRESIDENTIAL 2017 - YouTube (2) ENTREVISTA AUGMENTADA DE BENOÎT HAMON - PRESIDENCIAL 2017 - YouTube (2)

d'un jeune enfant ou d'un enfant adolescent.

Et bien, le revenu universel lui permet de passer à temps partiel

sans perdre 1€ de pouvoir d'achat.

- C'est le même revenu ?

- Probablement plus. Admettons, elle gagne 1300€ plus 600€

Dès lors qu'elle passe à 2/3 temps,

elle gagne encore de l'argent, elle en gagne par rapport à sa situation d'avant ...

- D'accord. Son revenu baisse mais le revenu universel qu'il y a à côté

vient en complément.

Si elle passe à temps partiel, forcément, elle va ... Si elle passe à 2/3 temps, elle gagnera 2/3 de 1300€

donc on fait rapidement divisé par 3, vous avez compris.

Ça fait moins 450 à peu près donc voilà.

Donc ça lui fait 850€ plus 600€.

Vous voyez, ça lui fait ... Donc, elle gagne de l'argent

mais elle se retrouve dans la situation pour pouvoir elle consacrer du temps

à des enfants pour un temps de sa vie. Peut-être qu'après, elle reprendra à plein temps

en plus de ces 600€.

La question c'est : est-ce qu'on se dote des instruments pour maîtriser cet avenir,

maîtriser cette transition ? Le revenu universel y participe.

Ou pas ?

Moi, je ne veux pas que le pays,

ce pays, en l'occurrence, dans lequel grandissent mes filles soit un pays

dans lequel elles ne choisissent pas leur vie ou en tout cas, elles le choisissent moins que moi.

- Il y avait un sujet du bac l'année dernière, c'était "Travailler moins est-ce vivre mieux ?",

un sujet de philo. Je suppose que votre réponse vous c'est oui.

- Bah pour la plupart de ceux qui aujourd'hui ont un travail,

sont heureux d'avoir un travail parce qu'ils en vivent

mais un travail qui les broie, dans lequel il ne s'épanouisse pas,

si ils ont autant d'argent en travaillant moins,

je peux vous assurer que c'est mieux.

Mais à condition aussi qu'on ait une politique ambitieuse en matière culturelle,

qu'on ait une politique ambitieuse en matière éducative

une politique ambitieuse en matière associative.

Se réaliser en dehors du travail, ça suppose aussi qu'on ait un environnement

à vous, comme à moi, comme à d'autres

d'avoir accès à des services publiques, à des biens culturels,

à des services culturels, à des opportunités de se réaliser, de s'accomplir un peu différentes.

- Vous voulez instaurer de nouveaux droits pour les travailleurs

notamment la reconnaissance du burn out comme responsabilité de l'entreprise

ou alors le droit à la déconnexion qui me semble a été appliqué avec la loi El Komri.

- Mais qui est facultatif.

- Qui est facultatif, d'accord. Donc, vous vous voulez ajouter quelque chose à ça.

- Le progrès c'est génial mais c'est facultatif.

- Alors justement comment faire s'appliquer, c'est là ma question,

comment faire s'appliquer concrètement ces droits ?

Est-ce que vous allez pénaliser les entreprises dont les salariés font des burn out

ou qu'ils n'appliquent pas le droit à la déconnexion ?

- Alors, je vais prendre un exemple très simple.

Quand ...

Avant on a constaté que dans la construction du bâtiment,

il y avait beaucoup d'accidents du travail.

On a pensé la protection sociale comment ?

En disant : les entreprises où on constate que

pour construire tel ou tel bâtiment, beaucoup tombent, beaucoup se blessent,

plus il y aura de gens à se blesser, plus vous paierez de cotisations.

C'est le principe d'une cotisation qui est proportionnelle à ce qu'on appelle la sinistralité

c'est-à-dire le degré de risque que prennent les salariés.

Moi, je pense qu'il faut faire avec les maladies professionnelles dont les pathologies psychiques

la même chose que ce qu'on a fait dans les entreprises du bâtiment.

Une dépression grave, un stress généralisé, un syndrome d'anxiété généralisé

bref c'est une maladie liée et directement imputable à votre travail.

Donc moi, je souhaite qu'on ait le même modèle.

Quand on sait qu'une dépression est imputable au travail

et bien la facture est payée non pas par l'assurance maladie c'est-à-dire vous et moi,

nos cotisations, mais par l'entreprise.

C'est aussi simple que ça.

- Pour le droit à la déconnexion du coup ?

- Là il faut qu'on puisse avoir un mécanisme de sanctions. Pourquoi ?

Parce qu'aujourd'hui, là encore selon des sondages

et des déclarations des cadres mêmes, un cadre français sur trois

déclare travailler entre 20h et minuit et trouve ça normal.

Donc il répond aux injonctions de sa hiérarchie soit,

et après, une fois qu'il a eu une instruction, il le reporte sur qui ?

Sur ses collaborateurs. Et donc par ruissellement,

l'ensemble de l'entreprise continue à travailler au-delà du temps de travail.

Et finalement, on se rend compte que la durée légale du travail, ce qui est censée vous amener à travailler 35 heures,

au-delà de 35 heures à faire des heures supplémentaires,

en réalité, cadres comme non cadres continuent à travailler bien au-delà.

Et la durée légale du travail même les heures supplémentaires, tout ça n'a plus de sens

puisque votre domicile, vos transports en commun,

votre bureau, tous sont des lieux indifférents au fait que vous continuer à travailler.

Moi, je pense que le droit à la déconnexion consiste à dire : il n'y a pas que le travail dans la vie.

- Une dernière question maintenant sur l'économie.

Vous proposez de nombreuses mesures fortes pour l'État, on a parlé de revenu universel,

on aurait pu parler aussi de l'augmentation du budget dédié à la culture

du recrutement de 40 00 enseignements, de l'augmentation de leur salaire, ...

En parallèle, vous annoncez une révolution fiscale.

Est-ce que vous pouvez comprendre certaines inquiétudes qu'avec l'augmentation des dépenses publiques

quand l'Union Européenne nous impose aujourd'hui un contrôle stricte du budget

que ça pose pas un soucis à un moment ?

- La question c'est : est-ce que ce contrôle est légitime ou pas ?

Est-ce qu'il est justifié ou pas ?

On a mené des politiques austéritaires dans toute l'Europe et

il y a plus d'inégalités, plus de pauvreté.

Prenons l'exemple de l'Allemagne, est-ce que vous savez quel est le taux de pauvreté de l'Allemagne ?

- Je connais pas par cœur.

- Non, je ne fais pas pour un test. Il est autour de 17%.

Pourtant, ils ont entre 5% et 6% de chômeurs

Nous on est à 10% de chômeurs et à 14% de pauvres. Donc on a moins de pauvres qu'eux.

Ça veut dire que vous avez beau baisser le taux de chômage,

ça ne veut pas dire pour autant que vous baissez le nombre de personnes pauvres.

Et là, vous vous dites : mais quel est le sens d'une politique de gauche ?

Si je retrouve ... je permets aux personnes de retrouver du travail

et qu'elle est toujours pauvre donc mal donc vulnérable donc malheureuse,

quel sens cela a t-il ?

Donc la question qu'il faut regarder derrière c'est :

est-ce que ceux qui paient de l'impôt sont les bonnes personnes ?

Là, je ne le crois pas.

Et oui, je vous le dis, certains paieront plus mais d'autres paieront moins.

Le problème c'est quoi ?

C'est que ceux qui savent qu'ils vont payer plus sont ceux qui possèdent les journaux.

Ceux qui savent qu'ils vont payer plus sont ceux qui parlent à la télévision.

Et vous disent : "C'est horrible, on va avoir, à cause de monsieur Hamon, une augmentation des impôts."

Je leur dis : à vous oui.

Ça tombe bien à ce que les châteaux c'est pas délocalisable.

- Mais alors sous avez des châteaux pour les entreprises, est-ce que vous prônez pas un départ

d'entreprises qui sont installées en France aujourd'hui, des délocalisations,

enfin, ce sont des problèmes qui se sont portés ...

- Oui mais vous avez raison.

À condition que là aussi on soit faible.

Il faut pas avoir la main qui tremble.

C'est quand même incroyable que le Conseil constitutionnel

est remis en cause le principe de la taxe Google.

La taxe Google elle disait quoi ?

Google fait d'énormes profits en Europe

mais elle remonte par des systèmes de licences, de redevances,

en gros, à la holding, la société mère qui elle est installée dans les paradis fiscaux.

En l'occurrence, il y en a aussi en Europe.

Et c'est comme ça que l'activité réalisait chez nous, les bénéfices

réalisaient par ces entreprises, Apple, Google, ce qu'on appelle les cafards, Facebook, etc ...

échappent à l'impôts chez nous.

Ça c'est inadmissible.

La lutte contre l'évasion fiscale et la fraude fiscale et sociale,

la fraude aux cotisations,

peut ramener et rapatrier des dizaines de milliards d'euros.

Il faut juste ne pas avoir la main qui tremble.

Et c'est autant valable en matière de coopération internationale

et il faudra regarder Mr. Juncker.

Vous vous rendez compte qu'on a choisi

pour mettre à la tête de l'Union Européenne

quelqu'un qui a été Premier ministre du Luxembourg,

un pays qui a organisé une évasion fiscale de la plus ...

de tous les pays européens

vers le Luxembourg où il y avait le secret bancaire.

On se choisit, honnêtement, la personne la moins qualifiée aujourd'hui pour organiser la transparence.

Et personne n'est choqué mais moi, je suis choqué.

Moi, je ne trouve pas ça admissible.

Moi, je trouve cela même choquant qu'on en soit arrivé là.

Et après, on va jouer les vierges effarouchées au moment où les citoyens européens vont se détourner du projet européen.

Mais arrêtons aujourd'hui de jeter des cailloux

aux projets européens comme le font beaucoup de dirigeants européens

quand ils refusent l'hospitalité aux migrants,

quand ils refusent de taxer les grandes multinationales internationales

quand ils placent un ancien Premier ministre d'un paradis fiscal à leur tête.

Oui, là, on est en train de creuser la tombe du projet européen, je ne m'y résous pas.

- Justement, vous avez parlé de la crise des réfugiés, un débat qui

agite quand même beaucoup la France et en tout cas les politiques ces dernières semaines.

Oui bien sûr, bien sûr, il y a pas de soucis, il y a pas de soucis.

Alors, sur la crise des réfugiés, vous vous prônez un visa humanitaire

et ouvrira, je cite, "aux personnes en situation de détresse humanitaire

une voie d'accès légale et sécurisée au territoire français

pour un accueil et une protection temporaire.".

Comment est-ce que vous définissez finalement les conditions d'obtention de ce visa ?

Et en quoi est-ce que c'est différent de ce qu'on a aujourd'hui en France ?

- Le visa humanitaire existe. La questions c'est : l'utilise-t-on pas ?

Aujourd'hui, il n'est pas utilisé

comme on utilise pas et qu'on n'autorise pas quelqu'un qui veut venir chez nous parce qu'il se sent persécuté,

parce qu'il est en situation de détresse économique ou climatique

à faire le trajet par avion ou par bateau qu'on affréterait nous-mêmes.

Ils prennent quel bateau ?

Ceux que les passeurs mettent à leur disposition au point qu'il y a eu 5000 morts recensés l'année dernière en Méditerranée.

Donc oui, moi je pense qu'il faut la mise en place de couloirs humanitaires.

Ces visas humanitaires viennent permettre

que l'Europe, qui a échoué pour trouver une solution politique en Syrie,

et bien s'honore d'être plus hospitalière qu'elle ne l'est aujourd'hui.

Parce que vous savez, j'ai été l'auteur d'un rapport sur le Liban, un rapport parlementaire,

en commission d'affaires étrangères où j'ai beaucoup travaillé

sur ces questions là.

Et le fait est que j'ai constaté qu'en j'étais au Liban

que les pays européens sont ceux qui achètent des encarts

dans les journaux arabophones libanais pour dire : ne venaient pas en Europe.

Les pays européens plutôt que d'organiser la prise en charge des réfugiés au Liban,

de payer le programme alimentaire mondial, le haut commissariat aux réfugiés,

on préfère s'acheter des encarts pour dire : vous n'êtes pas les bienvenus.

Quand on arrive à ce niveau de cynisme et quand c'est en Europe que l'on voit cela,

moi, je désespère du projet européen.

- Toute dernière question rapidement. Ceux qui regardent régulièrement les interviews sur la chaîne le savent,

c'est une question que je pose à tous les candidats.

Ma génération va voter pour la première fois à l'élection présidentielle en 2017,

qu'est-ce qui doit lui donner raison de croire en la politique encore aujourd'hui ?

- C'est tellement difficile de répondre à une question pareille.

Qu'est-ce qui doit lui donner raison de croire en la politique ?

Tout simplement le fait que si elle ne s'empare pas