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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Une famille de mauvaise humeur IV

Une famille de mauvaise humeur IV

– A-t-elle avoué que cela l'amusait ? demanda Meg.

– Oh ! non, mais elle a laissé dormir Belsham, et lorsque je suis allée chercher mes gants cette après-midi, je l'ai vue qui lisait si attentivement le Vicaire, qu'elle ne m'a pas entendue rire et sauter de joie en pensant au bon temps que j'allais avoir. Qu'elle serait heureuse, tante, si elle voulait ! Mais je ne l'envie pas beaucoup malgré sa richesse, et j'en reviens toujours là : les riches ont, après tout, autant d'ennuis que les pauvres.

– Cela me rappelle, dit Meg, que, moi aussi, j'ai quelque chose à raconter. J'ai trouvé aujourd'hui toute la famille Kings en émoi : l'un des enfants m'a dit que leur frère aîné avait fait quelque chose de si mal que M. Kings l'avait chassé. J'ai entendu Mme Kings qui pleurait et son mari qui parlait très fort, et Grâce et Ellen se sont détournées en passant près de moi, afin que je ne visse pas leurs yeux rouges. Je n'ai naturellement fait aucune question ; mais j'étais très peinée pour elles, et, pendant tout le temps que je suis revenue, je me disais que j'étais bien contente que nous n'eussions pas de frères qui fissent de vilaines choses.

– C'est encore bien plus terrible d'être déshonorée dans sa pension, dit Amy en secouant la tête comme si elle avait une profonde expérience de la vie. Susie Perkins avait aujourd'hui une charmante bague de cornaline qui me faisait envie, et j'aurais bien voulu être à sa place. Mais n'a-t-elle pas eu l'idée de faire le portrait de M. David avec un nez monstrueux, une bosse et les mots : « Mesdemoiselles, je vous vois », sortant de sa bouche dans un ballon. Nous regardions en riant quand il nous vit tout à coup et ordonna à Susie de lui apporter son ardoise. Elle était à moitié paralysée par la frayeur ; mais il lui fallut obéir tout de même, et qu'est-ce que vous pensez qu'il a fait ? Il l'a prise par l'oreille ; par l'oreille, pensez donc comme c'est horrible ! Et il l'a fait asseoir sur un grand tabouret, au milieu de la classe. Elle y est restée pendant une demi-heure, en tenant son ardoise de manière que toute la classe put la voir.

– Et avez-vous bien ri ? demanda Jo.

– Ri ! Personne n'a ri ! Nous étions aussi muettes que des souris, et Susie sanglotait. Je n'enviais pas son sort alors, car je sentais que des millions de bagues de cornaline ne m'auraient pas rendue heureuse après cette punition. Je ne pourrais jamais subir une si agonisante mortification », dit Amy.

Sur ce, elle continua à travailler avec l'air charmé d'une personne intimement convaincue de sa vertu, et qui venait en outre de se donner la satisfaction de placer deux grands mots français dans la même phrase.

« J'ai vu aussi quelque chose ce matin, dit Beth, qui rangeait le panier toujours en désordre de Jo ; j'avais l'intention de le dire à table, mais j'ai oublié. Lorsque je suis allée chercher du poisson, M. Laurentz était dans la boutique avec M. Cutter, le marchand, quand une pauvre femme, portant un seau et une brosse, vint demander à M. Cutter s'il voulait lui faire faire quelque nettoyage en lui donnant pour paiement un peu de poisson pour ses enfants qui n'avaient rien à manger. M. Cutter, qui était très occupé, dit assez rudement « non », et la pauvre femme s'en allait tristement, quand M. Laurentz décrocha un gros poisson avec le bec recourbé de sa canne et le lui tendit. Elle était si contente et si surprise qu'elle prit le poisson dans ses bras et s'en fit comme un plastron ; c'était en même temps attendrissant et risible de la voir, ainsi cuirassée, remercier M. Laurentz de toutes ses forces, et lui dire qu'elle espérait que son lit serait doux dans le paradis. Il lui mit dans la main une pièce de monnaie pour le pain et l'ale, en la priant de ne pas perdre son temps en remerciement, et en l'engageant brusquement à aller vite faire cuire son poisson, ce qu'elle fit. Comme c'était bien de la part de M. Laurentz !

– Très bien, répondit tout l'auditoire, très bien !

– Voilà en quoi j'envie les riches, dit Jo. Quand ils ont pu faire dans leur journée une bonne petite chose comme celle-là, ils sont plus heureux que nous.

– Assurément, dit Beth, j'aurais voulu pouvoir être à la place de M. Laurentz dans ce moment- là. »

Les quatre soeurs, ayant raconté chacune leur histoire, prièrent leur mère de leur en dire une à son tour, et celle-ci commença d'un air un peu grave :

« Aujourd'hui, pendant que j'étais à l'ambulance, occupée à couper des gilets de flanelle pour les soldats, j'étais très inquiète de votre père, et je pensais combien nous serions seules et malheureuses si quelque grand malheur lui arrivait. J'étais très triste quand un vieillard entra me demander des secours et s'assit près de moi. Il avait l'air très pauvre, très fatigué et très triste, et je lui demandai s'il avait des fils dans l'armée.

« – Oui, madame, j'en ai eu quatre, mais deux ont été tués ; le troisième a été fait prisonnier, et je suis en route pour aller trouver le dernier, qui est dans un des hôpitaux de Washington, me répondit-il.

« – Vous avez beaucoup fait pour votre pays, monsieur, lui dis-je, ma pitié s'étant changée en respect.

« – Pas plus que je ne le devais, madame ; je serais parti moi-même si j'en avais eu la force ; mais, comme je ne le peux pas, je donne mes enfants et je les donne de tout coeur au rétablissement de la paix et à l'union. »

« Il parlait avec tant de résignation que je fus honteuse de moi-même qui croyais avoir tant fait en laissant partir mon mari, alors que j'avais gardé tous mes enfants pour me consoler. Je me suis trouvée, à côté de ce vieillard, si riche et si heureuse, que je l'ai remercié de tout mon coeur de la leçon qu'il m'avait donnée sans le savoir.

« J'ai pu, grâce à Dieu, lui faire donner par l'association de l'argent et un bon paquet de provisions pour son voyage.

– Si nous avions été des garçons, dit Beth tout doucement, mère ne nous aurait pas gardées.

– Et elle aurait bien fait, répliqua Meg : « La patrie avant tout ! »

– Racontez-nous encore une autre histoire, mère, dit Jo, après un silence de quelques minutes, une qui ait une morale comme celle-ci. J'aime beaucoup à me les rappeler quand elles sont vraies et qu'elles ne sont pas cachées dans un trop grand sermon. »

Mme Marsch sourit et commença immédiatement :

« Il y avait une fois quatre petites filles qui avaient tous les jours ce qu'il leur fallait en fait de nourriture, de vêtements et encore bien des choses utiles et agréables, de bons parents et des amis qui les aimaient tendrement. Cependant elles n'étaient pas toujours contentes. (Ici les quatre soeurs se jetèrent quelques regards furtifs et continuèrent à coudre très vite.) Ces petites filles désiraient être sages et prenaient beaucoup d'excellentes résolutions, mais elles ne les tenaient pas toujours très bien. Il leur arrivait souvent de dire : « Si nous avions seulement ceci ! » ou bien : « Si nous pouvions seulement faire cela ! » et elles oubliaient alors complètement combien de bonnes choses elles avaient qui, trop souvent, manquent à d'autres, et combien de moments agréables elles pouvaient encore se donner. Elles demandèrent à une vieille femme de leur faire cadeau d'un talisman pour les rendre heureuses, et celle-ci leur dit : « Quand un jour vous ne serez pas contentes, comptez tous vos bonheurs, soit de la veille, soit des jours déjà passés, pensez à tous ceux que l'avenir vous promet encore et soyez reconnaissantes. » (Ici Jo leva vivement la tête comme si elle voulait parler, mais elle se tut, en voyant que l'histoire n'était pas terminée.)

« Elles essayèrent de mettre l'avis à profit, et furent bientôt surprises de voir combien elles étaient mieux partagées que beaucoup d'autres. L'une découvrit que l'argent n'empêchait pas la honte et la douleur d'entrer dans la maison de certains riches ; l'autre, que, quoiqu'elle fût pauvre, elle était bien plus heureuse avec sa jeunesse, sa santé et sa gaieté qu'une certaine vieille dame toujours malade, et par suite toujours impatiente, qu'elle voyait souvent ; la troisième s'avoua que, bien que ce soit peu agréable d'aller gagner son dîner, c'eût été encore bien plus dur de le mendier ; et la quatrième se rendit compte que le plaisir d'avoir une jolie bague de cornaline ne valait pas le témoignage qu'on peut se rendre quand on s'est très bien conduite. Elles prirent donc la résolution de cesser de se plaindre, de jouir des bonheurs qu'elles avaient déjà, et d'essayer de les mériter toujours, de peur qu'ils ne leur fussent enlevés. Je crois, mes chères petites, qu'elles ne furent jamais désappointées ou fâchées d'avoir suivi le conseil de la vieille femme.

– Ce n'est pas très bien, chère maman, de retourner nos paroles contre nous et de nous faire un sermon au lieu de nous raconter une histoire, s'écria Meg.

– J'aime cette espèce de sermon, dit Beth pensivement ; c'est comme ceux que père nous faisait.

– Je crois que je ne me plaignais pas tant que les autres, mais j'y ferai plus attention maintenant, dit Amy, car Susie m'a donné une leçon.

– Nous avions besoin de votre leçon, maman, et nous ne l'oublierons pas, mais si nous l'oublions, vous n'avez qu'à nous dire ce que la vieille Chloé disait dans la Case de l'oncle Tom : « Vous devoir penser à vos bonheurs, enfants ! Vous devoir penser à vos bonheurs ! » dit Jo, qui avait fait aussi son profit du petit sermon.


Une famille de mauvaise humeur IV Eine schlecht gelaunte Familie IV A family in a bad mood IV Una familia de mal humor IV Una famiglia di cattivo umore IV 기분이 좋지 않은 가족 IV Uma família de mau humor IV

– A-t-elle avoué que cela l'amusait ? - Did she admit that it amused her? - ¿Admitió que le divertía? - Ela admitiu que estava a divertir-se? demanda Meg.

– Oh ! non, mais elle a laissé dormir Belsham, et lorsque je suis allée chercher mes gants cette après-midi, je l'ai vue qui lisait si attentivement le Vicaire, qu'elle ne m'a pas entendue rire et sauter de joie en pensant au bon temps que j'allais avoir. no, but she let Belsham sleep, and when I went to get my gloves this afternoon, I saw her reading the Vicar so carefully, that she did not hear me laugh and jump for joy at the good time I was going to have. no, pero dejó dormir a Belsham, y cuando esta tarde fui a buscar mis guantes la vi leyendo el Vicario con tanta atención que no me oyó reír y saltar de alegría por el buen rato que iba a pasar. Qu'elle serait heureuse, tante, si elle voulait ! How happy she would be, Aunt, if she wanted! Mais je ne l'envie pas beaucoup malgré sa richesse, et j'en reviens toujours là : les riches ont, après tout, autant d'ennuis que les pauvres. But I don't envy him much despite his wealth, and it always comes down to this: the rich have, after all, as much trouble as the poor.

– Cela me rappelle, dit Meg, que, moi aussi, j'ai quelque chose à raconter. - This reminds me," says Meg, "that I too have something to say. J'ai trouvé aujourd'hui toute la famille Kings en émoi : l'un des enfants m'a dit que leur frère aîné avait fait quelque chose de si mal que M. Kings l'avait chassé. I found the whole Kings family in an uproar today: one of the children told me that their older brother had done something so bad that Mr. Kings had kicked him out. Hoy he encontrado a toda la familia Kings alborotada: uno de los niños me ha dicho que su hermano mayor había hecho algo tan malo que el señor Kings le había echado. J'ai entendu Mme Kings qui pleurait et son mari qui parlait très fort, et Grâce et Ellen se sont détournées en passant près de moi, afin que je ne visse pas leurs yeux rouges. I heard Mrs. Kings crying and her husband talking very loudly, and Grace and Ellen turned away as they passed me, so I wouldn't see their red eyes. Oí llorar a la señora Kings y a su marido hablar en voz muy alta, y Grace y Ellen se apartaron al pasar junto a mí para que no les viera los ojos enrojecidos. Je n'ai naturellement fait aucune question ; mais j'étais très peinée pour elles, et, pendant tout le temps que je suis revenue, je me disais que j'étais bien contente que nous n'eussions pas de frères qui fissent de vilaines choses. I naturally made no question; but I was very sorry for them, and all the time I came back I said to myself that I was very glad that we had no brothers who did naughty things. Naturalmente, no hice ninguna pregunta, pero sentí mucha pena por ellos y, durante todo el tiempo que estuve de vuelta, no dejé de repetirme lo contenta que estaba de no haber tenido hermanos que hicieran travesuras.

– C'est encore bien plus terrible d'être déshonorée dans sa pension, dit Amy en secouant la tête comme si elle avait une profonde expérience de la vie. - It's even more terrible to be disgraced in your boarding house," Amy said, shaking her head as if she had a profound experience of life. Susie Perkins avait aujourd'hui une charmante bague de cornaline qui me faisait envie, et j'aurais bien voulu être à sa place. Susie Perkins had a lovely carnelian ring today that I was envious of, and I wish I could have been in her shoes. Susie Perkins llevaba hoy un precioso anillo de cornalina que me apetecía mucho tener, y me hubiera gustado estar en su lugar. Mais n'a-t-elle pas eu l'idée de faire le portrait de M. David avec un nez monstrueux, une bosse et les mots : « Mesdemoiselles, je vous vois », sortant de sa bouche dans un ballon. But didn't she have the idea of portraying Mr. David with a monstrous nose, a hump and the words, "Mesdemoiselles, je vous vois," coming out of his mouth in a balloon. Pero, ¿no se le ocurrió retratar al Sr. David con una nariz monstruosa, una joroba y las palabras "Mesdemoiselles, je vous vois" (Señoras, ya las veo) saliendo de su boca en un globo? Nous regardions en riant quand il nous vit tout à coup et ordonna à Susie de lui apporter son ardoise. We were watching and laughing when he suddenly saw us and ordered Susie to bring him his slate. Elle était à moitié paralysée par la frayeur ; mais il lui fallut obéir tout de même, et qu'est-ce que vous pensez qu'il a fait ? She was half paralyzed with fright; but she had to obey all the same, and what do you think he did? Estaba medio paralizada del susto; pero tuvo que obedecer de todos modos, ¿y qué crees que hizo él? Il l'a prise par l'oreille ; par l'oreille, pensez donc comme c'est horrible ! He took her by the ear; by the ear, think how horrible it is! Et il l'a fait asseoir sur un grand tabouret, au milieu de la classe. And he sat him on a large stool in the middle of the classroom. Elle y est restée pendant une demi-heure, en tenant son ardoise de manière que toute la classe put la voir. She stayed there for half an hour, holding her slate so that the whole class could see her.

– Et avez-vous bien ri ? - And did you have a good laugh? demanda Jo.

– Ri ! Personne n'a ri ! Nobody laughed! Nous étions aussi muettes que des souris, et Susie sanglotait. We were as dumb as mice, and Susie was sobbing. Estábamos mudos como ratones y Susie sollozaba. Je n'enviais pas son sort alors, car je sentais que des millions de bagues de cornaline ne m'auraient pas rendue heureuse après cette punition. I didn't envy her fate then, because I felt that millions of carnelian rings would not have made me happy after this punishment. Je ne pourrais jamais subir une si agonisante mortification », dit Amy. I could never endure such agonizing mortification," says Amy.

Sur ce, elle continua à travailler avec l'air charmé d'une personne intimement convaincue de sa vertu, et qui venait en outre de se donner la satisfaction de placer deux grands mots français dans la même phrase. With that, she continued to work with the charmed air of a person intimately convinced of her virtue, and who had just given herself the satisfaction of placing two great French words in the same sentence. A continuación, siguió trabajando con el aire encantado de quien está profundamente convencida de su virtud y acaba de darse la satisfacción de colocar dos grandes palabras francesas en la misma frase.

« J'ai vu aussi quelque chose ce matin, dit Beth, qui rangeait le panier toujours en désordre de Jo ; j'avais l'intention de le dire à table, mais j'ai oublié. "I saw something this morning, too," said Beth, who was tidying Jo's still messy basket; "I meant to say it at the table, but I forgot. "Yo también vi algo esta mañana", dijo Beth, que estaba ordenando la siempre desordenada cesta de Jo; "quería decirlo en la mesa, pero se me olvidó. Lorsque je suis allée chercher du poisson, M. Laurentz était dans la boutique avec M. Cutter, le marchand, quand une pauvre femme, portant un seau et une brosse, vint demander à M. Cutter s'il voulait lui faire faire quelque nettoyage en lui donnant pour paiement un peu de poisson pour ses enfants qui n'avaient rien à manger. When I went to get some fish, Mr. Laurentz was in the store with Mr. Cutter, the merchant, when a poor woman, carrying a bucket and brush, came to ask Mr. Cutter if he would do some cleaning for her by giving her some fish for her children who had nothing to eat. Cuando fui a comprar pescado, el Sr. Laurentz estaba en la tienda con el Sr. Cutter, el comerciante, cuando una pobre mujer, que llevaba un cubo y un cepillo, se acercó a pedirle al Sr. Cutter si podía hacer algo de limpieza por ella dándole algo de pescado para sus hijos que no tenían nada que comer. M. Cutter, qui était très occupé, dit assez rudement « non », et la pauvre femme s'en allait tristement, quand M. Laurentz décrocha un gros poisson avec le bec recourbé de sa canne et le lui tendit. Mr. Cutter, who was very busy, said rather rudely, "No," and the poor woman was going away sadly, when Mr. Laurentz unhooked a large fish with the curved beak of his cane and handed it to her. El señor Cutter, que estaba muy ocupado, dijo "no" con bastante rudeza, y la pobre mujer se marchaba triste, cuando el señor Laurentz desenganchó un gran pez con el pico curvado de su bastón y se lo entregó. Elle était si contente et si surprise qu'elle prit le poisson dans ses bras et s'en fit comme un plastron ; c'était en même temps attendrissant et risible de la voir, ainsi cuirassée, remercier M. Laurentz de toutes ses forces, et lui dire qu'elle espérait que son lit serait doux dans le paradis. She was so happy and surprised that she took the fish in her arms and made a breastplate out of it; it was at the same time touching and laughable to see her, thus armored, thanking Mr. Laurentz with all her strength, and telling him that she hoped his bed would be soft in heaven. Estaba tan contenta y sorprendida que cogió el pez en brazos y se hizo una coraza con él; era a la vez conmovedor y risible verla, así acorazada, dando las gracias al señor Laurentz con todas sus fuerzas, y diciéndole que esperaba que su cama fuera mullida en el paraíso. Il lui mit dans la main une pièce de monnaie pour le pain et l'ale, en la priant de ne pas perdre son temps en remerciement, et en l'engageant brusquement à aller vite faire cuire son poisson, ce qu'elle fit. He put a coin in her hand for the bread and ale, begging her not to waste her time in thanks, and urging her to go quickly and cook her fish, which she did. Le puso una moneda en la mano para el pan y la cerveza, pidiéndole que no perdiera el tiempo agradeciéndoselo, e instándola a que fuera a cocinar el pescado rápidamente, cosa que hizo. Comme c'était bien de la part de M. Laurentz ! How nice of Mr. Laurentz!

– Très bien, répondit tout l'auditoire, très bien ! - Very good," said the whole audience, "very good!

– Voilà en quoi j'envie les riches, dit Jo. - This is how I envy the rich," says Jo. Quand ils ont pu faire dans leur journée une bonne petite chose comme celle-là, ils sont plus heureux que nous. When they have been able to do a good little thing like that in their day, they are happier than we are.

– Assurément, dit Beth, j'aurais voulu pouvoir être à la place de M. Laurentz dans ce moment- là. - Surely," said Beth, "I wish I could have been in Mr. Laurentz's shoes at that moment. »

Les quatre soeurs, ayant raconté chacune leur histoire, prièrent leur mère de leur en dire une à son tour, et celle-ci commença d'un air un peu grave : The four sisters, having each told their story, asked their mother to tell them one in turn, and she began with a somewhat serious air:

« Aujourd'hui, pendant que j'étais à l'ambulance, occupée à couper des gilets de flanelle pour les soldats, j'étais très inquiète de votre père, et je pensais combien nous serions seules et malheureuses si quelque grand malheur lui arrivait. "Today, while I was in the ambulance, cutting flannel vests for the soldiers, I was very worried about your father, and I thought how lonely and unhappy we would be if some great misfortune happened to him. "Hoy, mientras estaba en la ambulancia, cortando chalecos de franela para los soldados, estaba muy preocupada por tu padre, y pensaba en lo solos e infelices que nos sentiríamos si le ocurriera alguna gran desgracia. J'étais très triste quand un vieillard entra me demander des secours et s'assit près de moi. I was very sad when an old man came in to ask for help and sat down beside me. Me sentí muy triste cuando un anciano entró a pedir ayuda y se sentó a mi lado. Il avait l'air très pauvre, très fatigué et très triste, et je lui demandai s'il avait des fils dans l'armée. He looked very poor, very tired and very sad, and I asked him if he had any sons in the army.

« – Oui, madame, j'en ai eu quatre, mais deux ont été tués ; le troisième a été fait prisonnier, et je suis en route pour aller trouver le dernier, qui est dans un des hôpitaux de Washington, me répondit-il. "- Yes, ma'am, I had four, but two were killed; the third was taken prisoner, and I am on my way to find the last one, who is in one of the hospitals in Washington," he replied.

« – Vous avez beaucoup fait pour votre pays, monsieur, lui dis-je, ma pitié s'étant changée en respect. You have done much for your country, sir," I said, my pity having turned to respect.

« – Pas plus que je ne le devais, madame ; je serais parti moi-même si j'en avais eu la force ; mais, comme je ne le peux pas, je donne mes enfants et je les donne de tout coeur au rétablissement de la paix et à l'union. "- No more than I had to, madam; I would have gone myself if I had had the strength; but, as I cannot, I give my children and I give them wholeheartedly to the restoration of peace and union. »

« Il parlait avec tant de résignation que je fus honteuse de moi-même qui croyais avoir tant fait en laissant partir mon mari, alors que j'avais gardé tous mes enfants pour me consoler. "He spoke with such resignation that I was ashamed of myself for thinking I had done so much by letting my husband go, while I had kept all my children to console me. Je me suis trouvée, à côté de ce vieillard, si riche et si heureuse, que je l'ai remercié de tout mon coeur de la leçon qu'il m'avait donnée sans le savoir. I found myself, next to this old man, so rich and so happy, that I thanked him with all my heart for the lesson he had given me without knowing it.

« J'ai pu, grâce à Dieu, lui faire donner par l'association de l'argent et un bon paquet de provisions pour son voyage. "I was able, thank God, to have the association give him money and a good package of supplies for his trip.

– Si nous avions été des garçons, dit Beth tout doucement, mère ne nous aurait pas gardées. - If we had been boys," Beth said quietly, "Mother wouldn't have kept us. - Si hubiéramos sido niños -dijo Beth en voz baja-, mamá no nos habría retenido.

– Et elle aurait bien fait, répliqua Meg : « La patrie avant tout ! - And she would have done well, Meg replied: "The fatherland first! »

– Racontez-nous encore une autre histoire, mère, dit Jo, après un silence de quelques minutes, une qui ait une morale comme celle-ci. - Tell us another story, Mother," said Jo, after a few minutes' silence, "one with a moral like this. J'aime beaucoup à me les rappeler quand elles sont vraies et qu'elles ne sont pas cachées dans un trop grand sermon. I love to remember them when they are true and not hidden in too much preaching. »

Mme Marsch sourit et commença immédiatement : Ms. Marsch smiled and immediately began:

« Il y avait une fois quatre petites filles qui avaient tous les jours ce qu'il leur fallait en fait de nourriture, de vêtements et encore bien des choses utiles et agréables, de bons parents et des amis qui les aimaient tendrement. "Once upon a time there were four little girls who had every day what they needed in terms of food, clothing and many other useful and pleasant things, good parents and friends who loved them dearly. Cependant elles n'étaient pas toujours contentes. However, they were not always happy. (Ici les quatre soeurs se jetèrent quelques regards furtifs et continuèrent à coudre très vite.) (Here the four sisters cast a few furtive glances at each other and continued to sew very quickly). (Aquí las cuatro hermanas se miraron furtivamente y siguieron cosiendo muy deprisa). Ces petites filles désiraient être sages et prenaient beaucoup d'excellentes résolutions, mais elles ne les tenaient pas toujours très bien. These little girls wanted to be good and made many excellent resolutions, but they didn't always keep them very well. Il leur arrivait souvent de dire : « Si nous avions seulement ceci ! They often said, "If only we had this! » ou bien : « Si nous pouvions seulement faire cela ! "Or, "If we could only do that! » et elles oubliaient alors complètement combien de bonnes choses elles avaient qui, trop souvent, manquent à d'autres, et combien de moments agréables elles pouvaient encore se donner. "And then they completely forgot how many good things they had that others too often miss, and how many good times they could still give themselves. Elles demandèrent à une vieille femme de leur faire cadeau d'un talisman pour les rendre heureuses, et celle-ci leur dit : « Quand un jour vous ne serez pas contentes, comptez tous vos bonheurs, soit de la veille, soit des jours déjà passés, pensez à tous ceux que l'avenir vous promet encore et soyez reconnaissantes. They asked an old woman to give them a gift of a talisman to make them happy, and she said to them: "When one day you are not happy, count all your happinesses, either from the previous day or from the days already passed, think of all those that the future still promises you and be grateful. Le pidieron a una anciana que les regalara un talismán para ser felices, y ella les dijo: "Cuando un día no seas feliz, cuenta todas tus alegrías, ya sean del día anterior o de días ya pasados, piensa en todas las que aún te promete el futuro y sé agradecido. » (Ici Jo leva vivement la tête comme si elle voulait parler, mais elle se tut, en voyant que l'histoire n'était pas terminée.) " (Here Jo raised her head sharply as if she wanted to speak, but she fell silent, seeing that the story was not over.) " (Aquí Jo levantó bruscamente la cabeza como si quisiera hablar, pero se calló, viendo que la historia no había terminado).

« Elles essayèrent de mettre l'avis à profit, et furent bientôt surprises de voir combien elles étaient mieux partagées que beaucoup d'autres. "They tried to put the notice to good use, and were soon surprised to see how much better shared they were than many others. "Intentaron darle un buen uso al aviso y pronto se sorprendieron al ver lo mucho mejor compartidos que estaban que muchos otros. L'une découvrit que l'argent n'empêchait pas la honte et la douleur d'entrer dans la maison de certains riches ; l'autre, que, quoiqu'elle fût pauvre, elle était bien plus heureuse avec sa jeunesse, sa santé et sa gaieté qu'une certaine vieille dame toujours malade, et par suite toujours impatiente, qu'elle voyait souvent ; la troisième s'avoua que, bien que ce soit peu agréable d'aller gagner son dîner, c'eût été encore bien plus dur de le mendier ; et la quatrième se rendit compte que le plaisir d'avoir une jolie bague de cornaline ne valait pas le témoignage qu'on peut se rendre quand on s'est très bien conduite. One discovered that money did not prevent shame and sorrow from entering the house of some rich people; the other, that, although she was poor, she was much happier with her youth, health, and cheerfulness than a certain old lady who was always sick, and consequently always impatient, whom she often saw; the third admitted to herself that, although it was not very pleasant to go and earn her dinner, it would have been much harder to beg for it; and the fourth realized that the pleasure of having a pretty carnelian ring was not worth the testimony one can give oneself when one has behaved very well. Elles prirent donc la résolution de cesser de se plaindre, de jouir des bonheurs qu'elles avaient déjà, et d'essayer de les mériter toujours, de peur qu'ils ne leur fussent enlevés. They therefore resolved to stop complaining, to enjoy the happiness they already had, and to try to earn it always, lest it be taken away from them. Por eso decidieron dejar de quejarse, disfrutar de la felicidad que ya tenían e intentar merecerla siempre, no fuera que se la arrebataran. Je crois, mes chères petites, qu'elles ne furent jamais désappointées ou fâchées d'avoir suivi le conseil de la vieille femme. I believe, my dear little ones, that they were never disappointed or angry at having followed the old woman's advice. No creo, mis queridos pequeños, que nunca se sintieran decepcionados o enfadados por haber seguido el consejo de la anciana.

– Ce n'est pas très bien, chère maman, de retourner nos paroles contre nous et de nous faire un sermon au lieu de nous raconter une histoire, s'écria Meg. - It's not very nice, dear Mom, to turn our words against us and lecture us instead of telling us a story," cried Meg. - No está muy bien, mami querida, que vuelvas nuestras palabras contra nosotros y nos sermonees en vez de contarnos un cuento -gritó Meg.

– J'aime cette espèce de sermon, dit Beth pensivement ; c'est comme ceux que père nous faisait. - I like this kind of sermon," Beth said thoughtfully, "it's like the ones Father used to give us.

– Je crois que je ne me plaignais pas tant que les autres, mais j'y ferai plus attention maintenant, dit Amy, car Susie m'a donné une leçon. - I guess I wasn't complaining as much as the others, but I'll be more careful now," Amy said, "because Susie taught me a lesson.

– Nous avions besoin de votre leçon, maman, et nous ne l'oublierons pas, mais si nous l'oublions, vous n'avez qu'à nous dire ce que la vieille Chloé disait dans la Case de l'oncle Tom : « Vous devoir penser à vos bonheurs, enfants ! - We needed your lesson, Mom, and we won't forget it, but if we do, just tell us what old Chloe said in Uncle Tom's Cabin: "You must think of your happiness, children! Vous devoir penser à vos bonheurs ! You must think about your happiness! » dit Jo, qui avait fait aussi son profit du petit sermon. " said Jo, who had also made his profit from the little sermon.