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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Une depêche et ses suites XV

Une depêche et ses suites XV

Tout était arrangé, lorsque Laurie, qui avait voulu épargner à Jo d'aller chez sa tante, arriva avec un billet de tante Marsch contenant la somme désirée, ainsi que quelques lignes répétant qu'elle avait toujours dit qu'il était absurde à son beau-frère d'aller à l'armée, qu'elle lui avait prédit qu'il n'en adviendrait rien de bon, et qu'elle espérait qu'une autre fois il suivrait ses avis. Mme Marsch, très émue quoique silencieuse, continua ses préparatifs de départ ; ses lèvres étroitement serrées auraient appris à Jo, – si elle eût été là, – ce qu'il lui en avait coûté de demander un service à leur tante.

La courte après-midi s'était écoulée ; tous les préparatifs étaient faits. Meg et sa mère achevaient quelques travaux de couture indispensables, et Beth et Amy s'occupaient du thé, pendant que Hannah finissait de repasser. Jo ne revenait pas. Elles commencèrent à s'inquiéter, et Laurie sortit pour aller à sa recherche, car personne ne savait ce que Jo, inquiète d'un refus possible de sa tante, pouvait avoir imaginé. Cependant il ne la rencontra pas, et bientôt elle revint seule. Elle avait, en entrant, un air très bizarre qui semblait un mélange de plaisir et de crainte, de satisfaction et de regret, et qui fut une aussi grande énigme pour sa famille que le petit rouleau d'or qu'elle mit devant sa mère en disant d'une voix étranglée :

« Voici ma contribution pour faire du bien à père et le ramener bientôt au milieu de nous.

– Où avez-vous eu cette grosse somme, ma chère ? Vingt-cinq dollars ! Jo, j'espère que vous n'avez rien fait d'irréfléchi.

– Non, c'est honnêtement à moi ; je ne l'ai ni mendié, ni emprunté, ni volé. Je l'ai gagné et je ne pense pas que vous me blâmiez, puisque ce que j'ai vendu était ma propriété. »

Tout en parlant, Jo ôta son chapeau, et un cri général se fit entendre, car ses longs cheveux épais étaient coupés courts.

« Vos cheveux, vos beaux cheveux ! Oh ! Jo, comment avez-vous pu faire cela ? C'était votre beauté ! Ma chère enfant, il n'y en avait, nulle nécessité. »

Mme Marsch la prit dans ses bras ; les deux têtes se confondirent dans une étreinte muette.

« Elle ne ressemble plus à notre Jo, dit-elle en se tournant vers ses autres enfants ; mais nous l'aimerons encore plus tendrement maintenant. »

Comme chacune se récriait, et que Beth embrassait avec une sorte de piété la tête tondue de Jo, celle-ci prit un air indifférent qui ne trompa personne, et, passant la main sur ses cheveux coupés courts, comme si cela lui plaisait, elle dit :

« Ne gémissez pas, Beth ; cela n'affecte pas le sort de la nation, et ce sera bon pour ma vanité. Je devenais trop fière de ma perruque ; cela me fera du bien de ne plus avoir cette vanité sur la tête. Je me sens délicieusement fraîche et légère, et le perruquier m'a assuré que j'aurais bientôt des boucles qui me donneront l'air d'un garçon, m'iront très bien, par conséquent, et seront faciles à peigner. Je suis satisfaite ; ainsi, prenez l'argent, je vous en prie, et soupons.

– Racontez-moi tout, Jo. Je ne suis pas tout à fait satisfaite ; mais je ne peux pas vous blâmer et je sais que vous avez sacrifié de tout votre coeur votre vanité, comme vous l'appelez, à votre tendresse pour votre père et pour nous tous. Je crains pourtant que vous n'ayez pas consulté vos forces, et que vous ne le regrettiez un jour, dit Mme Marsch.

– Non certes, répondit vivement Jo, trop heureuse de ce que son action n'eût pas été entièrement condamnée.

– Qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? demanda Amy, qui aurait aussi bien pensé à couper sa tête qu'à couper ses jolis cheveux.

– Eh bien ! je désirais ardemment faire quelque chose pour père, répondit Jo pendant qu'elles se mettaient à table ; je déteste autant que mère emprunter quelque chose aux gens, et je n'étais pas sûre que tante Marsch prêtât toute la somme nécessaire. Meg avait dernièrement donné son salaire de trois mois pour payer le loyer, tandis que moi, je m'étais acheté des habits avec le mien. J'ai trouvé que c'était très mal et j'ai senti qu'il fallait que je fisse à mon tour quelque

chose pour le bien commun. Une fois cette idée admise, je me serais coupé le nez, s'il l'avait fallu, pour le vendre, plutôt que de ne rien vendre du tout.

– Vous n'avez pas de reproches à vous faire pour vos vêtements, mon enfant. Vous n'aviez pas de vêtements d'hiver, et vous avez acheté les plus simples avec l'argent que vous aviez gagné en travaillant d'une manière peu agréable, dit M me Marsch avec un regard, qui réchauffa le coeur de Jo.

– Je n'avais pas eu d'abord la moindre idée de vendre mes cheveux ; mais, en marchant, je me demandais ce que je pourrais faire. Dans une devanture de coiffeur je vis des queues de cheveux avec les prix marqués ; j'en remarquai une, noire, plus longue que la mienne, mais pas si épaisse, elle était marquée quarante dollars. Tout à coup la pensée me vint que je possédais quelque chose dont je pouvais avoir de l'argent, et, sans m'arrêter à réfléchir, j'entrai dans la boutique, et je demandai au coiffeur s'il achetait des cheveux et combien il me donnerait des miens.

– Je ne comprends pas comment vous avez osé le demander ! s'écria Beth avec terreur.

– Le coiffeur était un gros homme chauve qui n'avait pas l'air imposant. Il n'avait à s'occuper de cheveux que pour le compte des autres. Il parut d'abord étonné, comme s'il n'était pas habitué à voir des jeunes filles se précipiter dans sa boutique et lui demander d'acheter leurs cheveux, puis il dit que les miens ne lui conviendraient guère, qu'ils n'étaient pas d'une couleur à la mode, qu'il ne payait jamais bien cher ces couleurs-là et que, d'ailleurs, ce qui donnait valeur à ceux qu'il vendait, c'était la préparation, etc., etc. Bref, il se faisait tard, et j'avais peur de ne pas réussir du tout, si je ne le décidais pas tout de suite. Vous savez, lorsque je commence quelque chose, je déteste l'abandonner ; je lui demandai de les prendre tels qu'ils étaient et je lui dis pourquoi j'étais si pressée. C'était bête, mais cela le fit changer de ton ; j'étais excitée en lui racontant mon histoire ; et sa femme, une dame très maigre, qui m'avait écoutée jusque-là sans se mêler à l'affaire, lui dit avec bonté : « Prenez-les, Thomas, et obligez la demoiselle. J'en ferais autant pour notre Jimmy, si j'avais des cheveux de quelque valeur. »

– Quel était ce Jimmy ? demanda Amy qui aimait à ce que les choses lui fussent expliquées jusqu'au bout.

– C'était leur fils qui est soldat. Ces choses font tout de suite des amis de gens inconnus. La femme du coiffeur me parla donc de son Jimmy pendant tout le temps que son mari me tondait et parvint à me distraire complètement.

– N'avez-vous pas eu un sentiment terrible quand le premier coup de ciseaux fut donné ? demanda Meg en frissonnant.

– J'ai regardé une dernière fois ma crinière, et ça a été tout. Je ne pleurniche jamais pour des bagatelles comme cela ! Je dois cependant confesser que je me suis sentie toute bizarre quand j'ai vu mes chers vieux cheveux sur la table, et que je n'ai plus senti sur ma tête que des petits bouts courts et raides. Il me semblait presque que j'avais un bras ou une jambe de moins. La femme me vit les regarder et m'en donna une grande mèche. Je vais vous la donner comme souvenir des gloires passées, maman, car c'est si agréable d'avoir des cheveux courts, que je ne pense pas que je me laisse jamais repousser une queue comme celle que j'avais. »

Mme Marsch plia la grande mèche de cheveux châtains, et, quand elle se retourna pour la placer dans son portefeuille, à côté d'une mèche de cheveux gris et courts, on aurait pu voir la pauvre mère déposer un baiser sur ces deux reliques. Elle aurait voulu parler à Jo ; mais elle ne put que lui dire : « Ma chérie », et quelque chose dans sa figure fit penser à ses enfants qu'il fallait changer de sujet de conversation. Elles parlèrent alors aussi gaiement que possible de la bonté de M. Laurentz, puis de l'offre et du départ de M. Brooke :

« Qu'en pensez-vous, Jo ? lui dit Beth.

– Je pense, dit Jo, je pense que c'est très bien, absolument bien. Je ne puis penser autrement. »

On causa enfin de la perspective d'un beau temps pour le lendemain et du bonheur qu'elles auraient quand leur mère serait revenue, leur rapportant de vraies bonnes nouvelles.

Personne ne désirait aller se coucher ; mais, quand dix heures sonnèrent, Mme Marsch mit de côté l'ouvrage qu'elle venait de terminer et dit : « Venez, enfants. » Beth alla au piano et joua l'hymne favorite de son père. Elles commencèrent toutes bravement à chanter, mais bientôt les sons se refusèrent à sortir de leurs lèvres ; l'une après l'autre, elles durent se taire. Beth seule acheva la prière, car la musique était la manière d'exprimer ses sentiments qui l'intimidait le moins.

« Allez vous coucher, maintenant, mes filles bien-aimées, leur dit Mme Marsch après les avoir tendrement embrassées l'une après l'autre ; mais ne causez pas ce soir, car il faudra nous lever de bonne heure et nous avons besoin de tout le sommeil possible. Bonsoir, mes chéries ! Que Dieu vous garde et nous conserve votre père ! »

Les quatre enfants se couchèrent aussi silencieusement que si le cher malade eût été dans la chambre à côté. Beth et Amy s'endormirent vite malgré leur douleur ; mais Meg, absorbée dans les pensées les plus sérieuses qu'elle eût jamais eues, resta éveillée. Jo, immobile, semblait endormie, quand un sanglot à demi étouffé apprit à Meg qu'elle ne dormait pas non plus. Elle passa sa main sur le visage de sa soeur et sentit qu'elle avait les joues mouillées de larmes.

« Jo chérie, qu'avez-vous ? Pleurez-vous à cause de papa ?

– Tout à l'heure, oui, mais pas en ce moment. Oh ! c'est indigne !

– Pourquoi, alors ?

– Je suis assez sotte, Meg, le croiriez-vous, pour pleurer mes cheveux ! s'écria la pauvre Jo qui essayait en vain d'étouffer son chagrin dans son oreiller. J'ai honte de moi, et c'est aussi, je crois, de honte que je pleure. C'est plus mêlé que mes cheveux ne l'avaient jamais été. »

Ces paroles ne semblèrent pas comiques du tout à Meg. Elle caressa et embrassa tendrement la pauvre héroïne.

« Je ne suis pas fâchée de l'avoir fait, protesta Jo d'une voix altérée ; je recommencerais demain si je pouvais ; c'est seulement la partie vaine et égoïste de moi-même qui pleure de cette stupide manière. Ne le dites à personne, c'est fini maintenant ! Je pensais que vous étiez endormie, et j'avais cru pouvoir gémir en secret sur ma seule beauté. Comment cela se fait-il que vous ayez été éveillée ?

– Je ne peux pas dormir, je suis si inquiète !

– Pensez à quelque chose d'agréable, et vous vous endormirez bientôt.

– J'ai essayé, mais j'ai été encore plus éveillée qu'avant.

– À quoi pensiez-vous ?

– Je pensais, dit Meg en baissant la voix, que M. Laurentz était bien bon d'envoyer un homme aussi parfait que M. Brooke en Amérique avec maman en ce moment. »

Jo se mit à rire, et Meg lui ordonna d'un ton bref de se taire ; puis elle lui promit de faire boucler ses cheveux, et s'endormit bientôt en rêvant à son château en Espagne.

Minuit venait de sonner et les chambres étaient silencieuses, quand Mme Marsch se glissa doucement d'un lit à l'autre, relevant une couverture ici, arrangeant un oreiller là, s'arrêtant pour regarder longuement et tendrement la figure de chacune de ses enfants, les bénissant l'une et l'autre du fond de son coeur et adressant à Dieu une de ces prières dont les mères seules ont le secret. Comme elle levait le rideau pour sonder du regard la nuit terrible, la lune sortit subitement de derrière les nuages et brilla sur elle comme pour lui dire : « Ne te désespère pas ; il y a toujours du soleil derrière les nuages. »


Une depêche et ses suites XV A dispatch and its consequences XV

Tout était arrangé, lorsque Laurie, qui avait voulu épargner à Jo d'aller chez sa tante, arriva avec un billet de tante Marsch contenant la somme désirée, ainsi que quelques lignes répétant qu'elle avait toujours dit qu'il était absurde à son beau-frère d'aller à l'armée, qu'elle lui avait prédit qu'il n'en adviendrait rien de bon, et qu'elle espérait qu'une autre fois il suivrait ses avis. Everything was arranged, when Laurie, who had wanted to spare Jo from going to her aunt's house, arrived with a bill from Aunt Marsch containing the desired sum, together with a few lines repeating that she had always said it was absurd for her brother-in-law to go to the army, that she had predicted that nothing good would come of it, and that she hoped that another time he would follow her advice. Todo estaba arreglado cuando Laurie, que había querido evitar que Jo fuera a casa de su tía, llegó con una nota de tía Marsch que contenía la suma que ella quería y unas líneas en las que repetía que siempre había dicho que era absurdo que su cuñado fuera al ejército, que había predicho que nada bueno saldría de ello y que esperaba que en otra ocasión siguiera su consejo. Mme Marsch, très émue quoique silencieuse, continua ses préparatifs de départ ; ses lèvres étroitement serrées auraient appris à Jo, – si elle eût été là, – ce qu'il lui en avait coûté de demander un service à leur tante. Mrs. Marsch, very moved though silent, continued her preparations for departure; her tightly pressed lips would have told Jo, - if she had been there, - what it had cost her to ask their aunt for a favor.

La courte après-midi s'était écoulée ; tous les préparatifs étaient faits. The short afternoon had passed; all the preparations were done. Meg et sa mère achevaient quelques travaux de couture indispensables, et Beth et Amy s'occupaient du thé, pendant que Hannah finissait de repasser. Meg and her mother were finishing up some much-needed sewing, and Beth and Amy were busy making tea, while Hannah finished ironing. Jo ne revenait pas. Jo was not coming back. Jo no ha vuelto. Elles commencèrent à s'inquiéter, et Laurie sortit pour aller à sa recherche, car personne ne savait ce que Jo, inquiète d'un refus possible de sa tante, pouvait avoir imaginé. They began to worry, and Laurie went out to look for her, for no one knew what Jo, worried about a possible refusal from her aunt, might have imagined. Empezaron a preocuparse, y Laurie salió a buscarla, pues nadie sabía lo que Jo, preocupada por una posible negativa de su tía, podía haber imaginado. Cependant il ne la rencontra pas, et bientôt elle revint seule. However, he did not meet her, and soon she returned alone. Elle avait, en entrant, un air très bizarre qui semblait un mélange de plaisir et de crainte, de satisfaction et de regret, et qui fut une aussi grande énigme pour sa famille que le petit rouleau d'or qu'elle mit devant sa mère en disant d'une voix étranglée : She had, as she entered, a very strange air which seemed a mixture of pleasure and fear, satisfaction and regret, and which was as great an enigma to her family as the little golden scroll which she put before her mother, saying in a strangled voice: Al entrar, tenía un aire muy extraño que parecía una mezcla de placer y miedo, satisfacción y pesar, y que era un enigma tan grande para su familia como el pequeño pergamino de oro que colocó ante su madre, diciendo con voz estrangulada:

« Voici ma contribution pour faire du bien à père et le ramener bientôt au milieu de nous. "Here is my contribution to do good to Father and bring him back to our midst soon.

– Où avez-vous eu cette grosse somme, ma chère ? - Where did you get this large sum, my dear? Vingt-cinq dollars ! Twenty-five dollars! Jo, j'espère que vous n'avez rien fait d'irréfléchi. Jo, I hope you didn't do anything rash.

– Non, c'est honnêtement à moi ; je ne l'ai ni mendié, ni emprunté, ni volé. - No, it's honestly mine; I didn't beg, borrow or steal it. Je l'ai gagné et je ne pense pas que vous me blâmiez, puisque ce que j'ai vendu était ma propriété. I earned it and I don't think you blame me, since what I sold was my property. »

Tout en parlant, Jo ôta son chapeau, et un cri général se fit entendre, car ses longs cheveux épais étaient coupés courts. As he spoke, Jo took off his hat, and a general cry was heard, for his long, thick hair was cut short.

« Vos cheveux, vos beaux cheveux ! "Your hair, your beautiful hair! Oh ! Oh! Jo, comment avez-vous pu faire cela ? Jo, how could you do this? C'était votre beauté ! It was your beauty! Ma chère enfant, il n'y en avait, nulle nécessité. My dear child, there was no need. »

Mme Marsch la prit dans ses bras ; les deux têtes se confondirent dans une étreinte muette. Mrs. Marsch took her in her arms; the two heads merged in a silent embrace.

« Elle ne ressemble plus à notre Jo, dit-elle en se tournant vers ses autres enfants ; mais nous l'aimerons encore plus tendrement maintenant. "She doesn't look like our Jo anymore," she said, turning to her other children; "but we'll love her even more dearly now. »

Comme chacune se récriait, et que Beth embrassait avec une sorte de piété la tête tondue de Jo, celle-ci prit un air indifférent qui ne trompa personne, et, passant la main sur ses cheveux coupés courts, comme si cela lui plaisait, elle dit : As each one recoiled, and Beth kissed Jo's shorn head with a sort of piety, Jo assumed an air of indifference which deceived no one, and, passing her hand over her short-cut hair, as if she liked it, she said:

« Ne gémissez pas, Beth ; cela n'affecte pas le sort de la nation, et ce sera bon pour ma vanité. "Do not groan, Beth; it does not affect the fate of the nation, and it will be good for my vanity. Je devenais trop fière de ma perruque ; cela me fera du bien de ne plus avoir cette vanité sur la tête. I was getting too proud of my wig; it will do me good to get that vanity off my head. Je me sens délicieusement fraîche et légère, et le perruquier m'a assuré que j'aurais bientôt des boucles qui me donneront l'air d'un garçon, m'iront très bien, par conséquent, et seront faciles à peigner. I feel delightfully fresh and light, and the wigmaker assured me that I will soon have curls that will make me look like a boy, will fit me very well, therefore, and will be easy to comb. Je suis satisfaite ; ainsi, prenez l'argent, je vous en prie, et soupons. I am satisfied; so please take the money and let's have a dinner.

– Racontez-moi tout, Jo. Je ne suis pas tout à fait satisfaite ; mais je ne peux pas vous blâmer et je sais que vous avez sacrifié de tout votre coeur votre vanité, comme vous l'appelez, à votre tendresse pour votre père et pour nous tous. I am not quite satisfied; but I cannot blame you, and I know that you have sacrificed your vanity, as you call it, with all your heart to your tenderness for your father and for us all. No estoy del todo satisfecha, pero no puedo culparte y sé que has sacrificado tu vanidad, como tú la llamas, con todo tu corazón a tu ternura por tu padre y por todos nosotros. Je crains pourtant que vous n'ayez pas consulté vos forces, et que vous ne le regrettiez un jour, dit Mme Marsch. I fear, however, that you have not consulted your strength, and that you will one day regret it," said Mrs. Marsch. Pero me temo que no consultaste tus fuerzas y que algún día te arrepentirás", dice la Sra. Marsch.

– Non certes, répondit vivement Jo, trop heureuse de ce que son action n'eût pas été entièrement condamnée. - No, of course not," Jo answered, too happy that her action had not been entirely condemned.

– Qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? - What gave you the idea? demanda Amy, qui aurait aussi bien pensé à couper sa tête qu'à couper ses jolis cheveux. Amy asked, who might as well have thought about cutting off her head as cutting off her pretty hair.

– Eh bien ! je désirais ardemment faire quelque chose pour père, répondit Jo pendant qu'elles se mettaient à table ; je déteste autant que mère emprunter quelque chose aux gens, et je n'étais pas sûre que tante Marsch prêtât toute la somme nécessaire. I was longing to do something for Father," said Jo as they sat down to eat; "I hate borrowing from people as much as Mother does, and I wasn't sure that Aunt Marsch would lend the full amount. Meg avait dernièrement donné son salaire de trois mois pour payer le loyer, tandis que moi, je m'étais acheté des habits avec le mien. Meg had recently given her three months' salary to pay the rent, while I had bought clothes with mine. J'ai trouvé que c'était très mal et j'ai senti qu'il fallait que je fisse à mon tour quelque I thought it was very wrong and I felt that I had to do something about it.

chose pour le bien commun. for the common good. Une fois cette idée admise, je me serais coupé le nez, s'il l'avait fallu, pour le vendre, plutôt que de ne rien vendre du tout. Once this idea was accepted, I would have cut off my nose, if I had to, to sell it, rather than not selling anything at all. Una vez aceptada esta idea, me habría cortado la nariz, si hubiera tenido que hacerlo, para venderla, antes que no vender nada.

– Vous n'avez pas de reproches à vous faire pour vos vêtements, mon enfant. - You don't have to blame yourself for your clothes, child. Vous n'aviez pas de vêtements d'hiver, et vous avez acheté les plus simples avec l'argent que vous aviez gagné en travaillant d'une manière peu agréable, dit M me Marsch avec un regard, qui réchauffa le coeur de Jo. You had no winter clothes, and you bought the simplest ones with the money you had earned by working in an unpleasant way," said Mrs. Marsch with a look, which warmed Jo's heart.

– Je n'avais pas eu d'abord la moindre idée de vendre mes cheveux ; mais, en marchant, je me demandais ce que je pourrais faire. - I hadn't had the slightest idea of selling my hair at first; but as I walked along, I wondered what I could do. Dans une devanture de coiffeur je vis des queues de cheveux avec les prix marqués ; j'en remarquai une, noire, plus longue que la mienne, mais pas si épaisse, elle était marquée quarante dollars. In a barber shop I saw hair tails with prices marked on them; I noticed one, black, longer than mine, but not so thick, it was marked forty dollars. Tout à coup la pensée me vint que je possédais quelque chose dont je pouvais avoir de l'argent, et, sans m'arrêter à réfléchir, j'entrai dans la boutique, et je demandai au coiffeur s'il achetait des cheveux et combien il me donnerait des miens. Suddenly the thought came to me that I had something I could get money for, and, without stopping to think, I went into the store, and asked the barber if he was buying hair and how much he would give me of mine.

– Je ne comprends pas comment vous avez osé le demander ! - I don't understand how you dared to ask! s'écria Beth avec terreur.

– Le coiffeur était un gros homme chauve qui n'avait pas l'air imposant. - The barber was a fat, bald man who did not look imposing. - El peluquero era un hombre gordo y calvo que no parecía imponente. Il n'avait à s'occuper de cheveux que pour le compte des autres. He only had to deal with hair on behalf of others. Sólo tenía que cuidar el cabello en nombre de los demás. Il parut d'abord étonné, comme s'il n'était pas habitué à voir des jeunes filles se précipiter dans sa boutique et lui demander d'acheter leurs cheveux, puis il dit que les miens ne lui conviendraient guère, qu'ils n'étaient pas d'une couleur à la mode, qu'il ne payait jamais bien cher ces couleurs-là et que, d'ailleurs, ce qui donnait valeur à ceux qu'il vendait, c'était la préparation, etc., etc. He seemed surprised at first, as if he was not used to seeing young girls rushing into his store and asking him to buy their hair, then he said that mine would hardly suit him, that they were not of a fashionable color, that he never paid much for them and that, besides, what gave value to those he sold was the preparation, etc., etc. Al principio pareció sorprendido, como si no estuviera acostumbrado a ver a jovencitas que entraban corriendo en su tienda y le pedían que les comprara el pelo, luego dijo que los míos no le irían bien, que no eran de un color de moda, que él nunca pagaba mucho por ellos y que, además, lo que daba valor al pelo que vendía era la forma de prepararlo, etc., etc. Bref, il se faisait tard, et j'avais peur de ne pas réussir du tout, si je ne le décidais pas tout de suite. Anyway, it was getting late, and I was afraid I wouldn't succeed at all, if I didn't decide right away. Vous savez, lorsque je commence quelque chose, je déteste l'abandonner ; je lui demandai de les prendre tels qu'ils étaient et je lui dis pourquoi j'étais si pressée. You know, when I start something, I hate to leave it behind; I asked him to take them as they were and told him why I was in such a hurry. C'était bête, mais cela le fit changer de ton ; j'étais excitée en lui racontant mon histoire ; et sa femme, une dame très maigre, qui m'avait écoutée jusque-là sans se mêler à l'affaire, lui dit avec bonté : « Prenez-les, Thomas, et obligez la demoiselle. It was silly, but it made him change his tone; I was excited in telling him my story; and his wife, a very thin lady, who had listened to me till then without interfering, said kindly, "Take them, Thomas, and oblige the lady. Me emocioné al contarle mi historia, y su mujer, una señora muy delgada, que me había escuchado hasta entonces sin interferir, me dijo amablemente: "Cógelos, Thomas, y hazle un favor a la señorita. J'en ferais autant pour notre Jimmy, si j'avais des cheveux de quelque valeur. I would do the same for our Jimmy, if I had hair of any value. »

– Quel était ce Jimmy ? demanda Amy qui aimait à ce que les choses lui fussent expliquées jusqu'au bout. asked Amy, who liked to have things explained to her in full.

– C'était leur fils qui est soldat. - It was their son who is a soldier. Ces choses font tout de suite des amis de gens inconnus. These things immediately make friends out of strangers. La femme du coiffeur me parla donc de son Jimmy pendant tout le temps que son mari me tondait et parvint à me distraire complètement. So the barber's wife talked to me about her Jimmy the whole time her husband was shearing me and managed to distract me completely.

– N'avez-vous pas eu un sentiment terrible quand le premier coup de ciseaux fut donné ? - Didn't you have a terrible feeling when the first scissors were cut? demanda Meg en frissonnant.

– J'ai regardé une dernière fois ma crinière, et ça a été tout. - I took one last look at my mane, and that was it. - Eché un último vistazo a mi melena y eso fue todo. Je ne pleurniche jamais pour des bagatelles comme cela ! I never whine about trifles like this! Je dois cependant confesser que je me suis sentie toute bizarre quand j'ai vu mes chers vieux cheveux sur la table, et que je n'ai plus senti sur ma tête que des petits bouts courts et raides. I must confess, however, that I felt quite strange when I saw my dear old hair on the table, and felt nothing on my head but short, straight bits. Il me semblait presque que j'avais un bras ou une jambe de moins. It almost seemed as if I had an arm or a leg missing. La femme me vit les regarder et m'en donna une grande mèche. The woman saw me looking at them and gave me a large lock. La mujer me vio mirándolas y me dio un gran candado. Je vais vous la donner comme souvenir des gloires passées, maman, car c'est si agréable d'avoir des cheveux courts, que je ne pense pas que je me laisse jamais repousser une queue comme celle que j'avais. I'll give it to you as a reminder of past glories, Mom, because it's so nice to have short hair, I don't think I'll ever let myself grow a tail like the one I had. »

Mme Marsch plia la grande mèche de cheveux châtains, et, quand elle se retourna pour la placer dans son portefeuille, à côté d'une mèche de cheveux gris et courts, on aurait pu voir la pauvre mère déposer un baiser sur ces deux reliques. Mrs. Marsch folded the large lock of chestnut hair, and when she turned to place it in her wallet, next to a lock of short gray hair, one could have seen the poor mother placing a kiss on these two relics. Elle aurait voulu parler à Jo ; mais elle ne put que lui dire : « Ma chérie », et quelque chose dans sa figure fit penser à ses enfants qu'il fallait changer de sujet de conversation. She would have liked to talk to Jo; but she could only say, "My dear," and something in her face made her children think that they should change the subject of conversation. Elles parlèrent alors aussi gaiement que possible de la bonté de M. Laurentz, puis de l'offre et du départ de M. Brooke : They then talked as cheerfully as they could about Mr. Laurentz's kindness, and then about Mr. Brooke's offer and departure:

« Qu'en pensez-vous, Jo ? "What do you think, Jo? lui dit Beth.

– Je pense, dit Jo, je pense que c'est très bien, absolument bien. - I think, says Jo, I think it's very good, absolutely good. Je ne puis penser autrement. I cannot think otherwise. »

On causa enfin de la perspective d'un beau temps pour le lendemain et du bonheur qu'elles auraient quand leur mère serait revenue, leur rapportant de vraies bonnes nouvelles. Finally, they talked about the prospect of good weather for the next day and how happy they would be when their mother returned with real good news.

Personne ne désirait aller se coucher ; mais, quand dix heures sonnèrent, Mme Marsch mit de côté l'ouvrage qu'elle venait de terminer et dit : « Venez, enfants. No one wanted to go to bed, but when ten o'clock came, Mrs. Marsch put aside the work she had just finished and said, "Come, children. » Beth alla au piano et joua l'hymne favorite de son père. "Beth went to the piano and played her father's favorite hymn. Elles commencèrent toutes bravement à chanter, mais bientôt les sons se refusèrent à sortir de leurs lèvres ; l'une après l'autre, elles durent se taire. They all bravely began to sing, but soon the sounds refused to leave their lips; one after the other, they had to be silent. Todos empezaron a cantar valientemente, pero pronto los sonidos se negaron a salir de sus labios; uno a uno, tuvieron que callarse. Beth seule acheva la prière, car la musique était la manière d'exprimer ses sentiments qui l'intimidait le moins. Beth alone completed the prayer, for music was the least intimidating way to express her feelings. Beth terminó sola la oración, porque la música era la forma menos intimidatoria de expresar sus sentimientos.

« Allez vous coucher, maintenant, mes filles bien-aimées, leur dit Mme Marsch après les avoir tendrement embrassées l'une après l'autre ; mais ne causez pas ce soir, car il faudra nous lever de bonne heure et nous avons besoin de tout le sommeil possible. Go to bed now, my beloved daughters," said Mrs. Marsch, after kissing them tenderly one after the other; "but don't talk tonight, for we must be up early, and we need all the sleep we can get. Ahora a la cama, mis queridas hijas -dijo la señora Marsch después de besarlas tiernamente una a una-, pero no habléis esta noche, porque tenemos que madrugar y necesitamos dormir todo lo que podamos. Bonsoir, mes chéries ! Que Dieu vous garde et nous conserve votre père ! May God keep you and us your father! »

Les quatre enfants se couchèrent aussi silencieusement que si le cher malade eût été dans la chambre à côté. The four children went to bed as quietly as if the dear patient had been in the next room. Beth et Amy s'endormirent vite malgré leur douleur ; mais Meg, absorbée dans les pensées les plus sérieuses qu'elle eût jamais eues, resta éveillée. Beth and Amy fell fast asleep in spite of their pain; but Meg, absorbed in the most serious thoughts she had ever had, remained awake. Jo, immobile, semblait endormie, quand un sanglot à demi étouffé apprit à Meg qu'elle ne dormait pas non plus. Jo, motionless, seemed to be asleep, when a half-stifled sob told Meg that she wasn't asleep either. Jo, inmóvil, parecía dormida, cuando un sollozo medio ahogado le dijo a Meg que ella tampoco dormía. Elle passa sa main sur le visage de sa soeur et sentit qu'elle avait les joues mouillées de larmes. She ran her hand over her sister's face and felt that her cheeks were wet with tears.

« Jo chérie, qu'avez-vous ? "Jo dear, what's wrong with you? Pleurez-vous à cause de papa ? Are you crying because of Daddy?

– Tout à l'heure, oui, mais pas en ce moment. - Earlier, yes, but not right now. Oh ! c'est indigne ! ¡es vergonzoso!

– Pourquoi, alors ? - Why, then?

– Je suis assez sotte, Meg, le croiriez-vous, pour pleurer mes cheveux ! - I am foolish enough, Meg, would you believe, to cry my hair! - ¡Creerías que soy tan tonto, Meg, como para llorar por mi pelo! s'écria la pauvre Jo qui essayait en vain d'étouffer son chagrin dans son oreiller. cried poor Jo, trying in vain to smother her grief in her pillow. J'ai honte de moi, et c'est aussi, je crois, de honte que je pleure. I am ashamed of myself, and it is also, I think, of shame that I cry. C'est plus mêlé que mes cheveux ne l'avaient jamais été. It's more mixed up than my hair has ever been. Está más revuelto de lo que nunca ha estado mi pelo. »

Ces paroles ne semblèrent pas comiques du tout à Meg. These words did not seem comical at all to Meg. Elle caressa et embrassa tendrement la pauvre héroïne. She tenderly caressed and kissed the poor heroine.

« Je ne suis pas fâchée de l'avoir fait, protesta Jo d'une voix altérée ; je recommencerais demain si je pouvais ; c'est seulement la partie vaine et égoïste de moi-même qui pleure de cette stupide manière. "I'm not angry that I did it," protested Jo in an altered voice; "I'd do it again to-morrow if I could; it's only the vain, selfish part of me that cries in that stupid way. Ne le dites à personne, c'est fini maintenant ! Je pensais que vous étiez endormie, et j'avais cru pouvoir gémir en secret sur ma seule beauté. I thought you were asleep, and I had thought I could moan in secret about my beauty alone. Comment cela se fait-il que vous ayez été éveillée ? How is it that you were awakened? ¿Cómo es que te despertaste?

– Je ne peux pas dormir, je suis si inquiète ! - I can't sleep, I'm so worried!

– Pensez à quelque chose d'agréable, et vous vous endormirez bientôt. - Think of something pleasant, and you will soon fall asleep.

– J'ai essayé, mais j'ai été encore plus éveillée qu'avant. - I tried, but I was even more awake than before.

– À quoi pensiez-vous ? - What were you thinking?

– Je pensais, dit Meg en baissant la voix, que M. Laurentz était bien bon d'envoyer un homme aussi parfait que M. Brooke en Amérique avec maman en ce moment. - I thought," said Meg, lowering her voice, "that Mr. Laurentz was very good to send such a perfect man as Mr. Brooke to America with Mother at this time. »

Jo se mit à rire, et Meg lui ordonna d'un ton bref de se taire ; puis elle lui promit de faire boucler ses cheveux, et s'endormit bientôt en rêvant à son château en Espagne. Jo laughed, and Meg ordered her in a short tone to be quiet; then she promised to have her hair curled, and soon fell asleep dreaming of her castle in Spain. Jo se rió, y Meg le dijo en tono breve que se callara; luego prometió hacerse rizar el pelo, y pronto se durmió soñando con su castillo en España.

Minuit venait de sonner et les chambres étaient silencieuses, quand Mme Marsch se glissa doucement d'un lit à l'autre, relevant une couverture ici, arrangeant un oreiller là, s'arrêtant pour regarder longuement et tendrement la figure de chacune de ses enfants, les bénissant l'une et l'autre du fond de son coeur et adressant à Dieu une de ces prières dont les mères seules ont le secret. Midnight had just struck and the rooms were silent, when Mrs. Marsch slipped gently from one bed to another, lifting a blanket here, arranging a pillow there, stopping to look long and tenderly at the faces of each of her children, blessing them both from the bottom of her heart and addressing to God one of those prayers of which only mothers have the secret. Acababa de dar la medianoche y las habitaciones estaban en silencio, cuando la señora Marsch se deslizó suavemente de una cama a otra, levantando una manta por aquí, acomodando una almohada por allá, deteniéndose para mirar larga y tiernamente el rostro de cada uno de sus hijos, bendiciéndolos a ambos desde el fondo de su corazón y dirigiendo a Dios una de esas oraciones cuyo secreto sólo poseen las madres. Comme elle levait le rideau pour sonder du regard la nuit terrible, la lune sortit subitement de derrière les nuages et brilla sur elle comme pour lui dire : « Ne te désespère pas ; il y a toujours du soleil derrière les nuages. As she lifted the curtain to peer into the terrible night, the moon suddenly came out from behind the clouds and shone down on her as if to say, "Don't despair; there's always sunshine behind the clouds. »