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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Un paquet de lettres XVI

Un paquet de lettres XVI

XVI

Un paquet de lettres

Les soeurs allumèrent leurs lampes le lendemain matin, au point du jour, pendant que tout, au dehors, était froid et sombre, et elles adressèrent au ciel leurs prières avec une ardeur qu'elles n'avaient jamais sentie si grande auparavant, car maintenant l'ombre d'une douleur réelle était venue leur montrer combien leur vie avait été riche en bonheur jusque-là. Elles convinrent, en s'habillant, de se montrer pleines d'espoir et de confiance en Dieu en embrassant leur mère, au moment du départ, afin de ne pas ajouter le poids de leur douleur à la sienne. Tout leur paraissait tout autre qu'à l'ordinaire, lorsqu'elles descendirent. Le calme du dehors faisait un triste contraste avec la sombre agitation de leur petit intérieur.

Le déjeuner, préparé déjà, avait, lui aussi, un air étrange ; la figure de Hannah ne semblait pas la même non plus, pendant qu'elle allait et venait dans la chambre, avec son bonnet de nuit sur la tête. La grande malle était toute prête dans le vestibule, le châle et le chapeau de M me Marsch l'attendaient sur le canapé. La bonne mère essaya de manger avec ses filles ; mais elle était si pâle, et paraissait si fatiguée par une nuit d'insomnie, que toutes trouvèrent leur résolution bien difficile à tenir. Les yeux de Meg se remplissaient de larmes malgré elle. Jo fut plus d'une fois obligée de cacher sa figure dans sa serviette, et le visage des deux plus jeunes avait une expression grave et troublée, comme si la douleur était pour elles une nouvelle expérience.

Personne ne parlait, mais, comme le moment de la séparation approchait et que déjà elles entendaient la voiture, Mme Marsch dit à ses enfants, qui étaient toutes occupées autour d'elle, l'une pliant son châle, l'autre arrangeant les brides de son chapeau, la troisième lui mettant des caoutchoucs, et la quatrième fermant son sac de voyage :

« Mes enfants, je vous laisse aux soins de Hannah et sous la protection de M. Laurentz. Hannah est la fidélité même, et votre bon voisin vous gardera comme si vous étiez ses propres enfants. Je n'ai pas de craintes pour vous, et, cependant, j'ai peur que vous ne preniez pas avec courage votre affliction. Lorsque je serai partie, ne vous désolez pas et ne vous désespérez pas ; ne pensez pas non plus que vous vous consolerez en restant inoccupées et en essayant d'oublier. Continuez à faire votre travail quotidien, sous l'oeil de Dieu, comme d'habitude, car le travail est un soulagement béni. Rappelez-vous que nous avons toujours un père au ciel.

– Oui, mère.

– Soyez prudente, chère Meg, veillez sur vos soeurs, consultez Hannah et allez vers M. Laurentz, lorsque vous aurez quelque difficulté. Vous, Jo, soyez patiente, ne vous découragez pas, et ne faites pas d'actions irréfléchies ; écrivez- moi souvent, et restez ma brave fille, prête à nous aider et à nous consoler tous. Beth, demandez du courage à votre musique et soyez fidèle à vos petits devoirs ; et vous, Amy, aidez vos soeurs autant que vous le pourrez ; soyez docile ; je veux vous retrouver toutes meilleures encore que vous n'êtes.

– Oui, mère, nous vous le promettons. »

La voiture s'arrêta à la porte ; c'était l'instant difficile, mais les jeunes filles surent se contenir ; pas une ne pleura, pas une ne courut après sa mère, ni ne se lamenta, quoiqu'elles eussent le coeur bien gros, en envoyant à leur père des messages d'amour, qui arriveraient peut-être trop tard pour qu'il les reçût. Elles embrassèrent leur mère avec une sorte de calme, l'entourèrent tendrement jusqu'au dernier moment, et essayèrent d'agiter leurs mouchoirs lorsque la voiture se mit en route. Laurie et son grand-père étaient venus dire adieu à M me Marsch. D'autre part M. Brooke paraissait si fort et si bon, que les jeunes filles sentirent qu'elles pouvaient se reposer sur lui des soins dont pourrait avoir besoin leur mère.

« Adieu, mes chéries, Dieu vous bénisse et vous garde toutes », dit Mme Marsch en embrassant l'un après l'autre, une dernière fois, les chers visages de ses enfants. Puis elle se jeta dans la voiture.

Comme elle s'éloignait, le soleil se leva, et, en se retournant pour regarder encore ses enfants, elle le vit briller sur le groupe assemblé à la porte, comme un meilleur présage. Ses filles lui adressèrent encore un sourire en agitant leurs mouchoirs. La dernière chose qu'aperçut M me Marsch fut leurs quatre gracieuses figures, et derrière elles, comme un corps de réserve, le vieux M. Laurentz, la fidèle Hannah et le dévoué Laurie.

« Comme tout le monde est bon pour nous ! dit-elle en se retournant et voyant une nouvelle preuve de ce qu'elle disait, dans la figure sympathique de son jeune compagnon.

– Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, répondit M. Brooke. Est-il une meilleure et plus aimable famille que la vôtre ? »

Mme Marsch, pensant à ses filles, ne put s'empêcher de lui répondre avec un sourire d'adhésion.

Ainsi son long et triste voyage commença par de bons présages, du soleil, des sourires, de bonnes et affectueuses paroles.

« Je suis dans le même état que s'il y avait eu un tremblement de terre, dit Jo lorsque leurs voisins les eurent quittées.

– On dirait que la moitié de la maison est partie, répondit Meg. Quelle place elle tient dans notre vie, notre mère ! »

Beth ouvrit les lèvres pour dire quelque chose, mais put seulement montrer à ses soeurs une pile de linge bien raccommodé par Mme Marsch, prouvant ainsi que, même dans les derniers moments, elle avait pensé à elles et travaillé pour elles. C'était une petite chose, mais elle alla droit à leur coeur, et, malgré leur résolution héroïque, elles pleurèrent toutes amèrement.

Hannah leur permit sagement de se soulager par des larmes, et lorsque l'orage sembla s'apaiser, elle arriva armée d'une cafetière.

« Maintenant, mes chères demoiselles, rappelez-vous ce que votre maman a dit, et ne vous désolez pas trop. Venez prendre une tasse de café, et puis vous vous mettrez à travailler, de manière à faire honneur à la famille. »

Le café était leur déjeuner favori du matin. Elles n'en avaient pas tous les jours, et Hannah montra un grand tact en leur en donnant ce matin- là. Aucune des jeunes filles ne put résister à la bonne odeur qui s'échappait du bec de la cafetière. Elles se mirent à table, échangèrent leurs mouchoirs contre des serviettes, et dix minutes après tout semblait à sa place.

« Espérons et occupons-nous, voilà notre devise ; ainsi, voyons laquelle de nous y sera le plus fidèle, dit Jo, en avalant son café. Je vais aller chez tante Marsch comme d'habitude. Oh ! comme elle va gronder ! Dieu fasse qu'elle ne me parle pas de cet argent, qu'il a fallu lui emprunter !

– Je vais aller chez mes Kings, et, cependant, peut-être ferais-je mieux de rester ici à travailler, dit Meg en regrettant au fond du coeur que ses yeux fussent si rouges.

– Au contraire, Meg, prenez cette distraction. Beth et moi nous garderons parfaitement bien la maison, interrompit Amy d'un air important.

– Hannah nous dira ce qu'il faudra que nous fassions, et tout sera rangé quand vous reviendrez, dit Beth en prenant résolument son eau chaude pour faire leur toilette aux tasses du déjeuner.

– Je trouve que l'anxiété, à force d'être grande, finit par être douce », dit Amy en mangeant du sucre d'un air pensif.

Ses soeurs ne purent s'empêcher de rire et se trouvèrent mieux à leur aise après avoir un peu ri, quoique Meg secouât la tête à la vue d'une jeune fille qui pouvait trouver de grandes consolations dans un sucrier.

La vue des petits pâtés habituels rendit Jo grave, et, lorsqu'elle partit avec Meg pour remplir leurs devoirs quotidiens, elles se retournèrent toutes deux avec douleur vers la fenêtre où elles étaient habituées à voir la figure de leur mère. Elle n'y était plus ; mais Beth avait pensé à la petite cérémonie habituelle et était là, à leur faire des signes de tête, comme une autre petite maman à figure rose.

« On reconnaît bien là ma Beth, dit Jo en agitant la main d'un air reconnaissant. Adieu, Meggy ; j'espère que vos élèves ne seront pas désagréables aujourd'hui. Ne perdons pas courage ; papa va peut-être déjà mieux, ajouta-t- elle quand elles se séparèrent.

– Et j'espère que tante Marsch sera moins maussade aujourd'hui, car enfin elle n'est pas méchante. Vos cheveux ne vous vont vraiment pas trop mal comme cela. Ils vous donnent tout à fait l'air d'un garçon, répondit Meg en essayant de ne pas sourire à la vue de cette tête frisée qui paraissait, comme subitement rapetissée sur les épaules de sa soeur.

– C'est ma seule consolation ! »

Et, touchant son chapeau à la Laurie, Jo s'en alla, en éprouvant le même sentiment que si elle eût été un mouton tondu un jour d'hiver.

Des nouvelles de leur père consolèrent bientôt les jeunes filles. Quoiqu'il eût été dangereusement blessé, la présence de la meilleure et la plus tendre des gardes-malades lui avait déjà fait du bien. La fièvre avait diminué. M. Brooke envoyait tous les jours un bulletin. Meg, comme chef de la famille, insistait pour lire tout haut les dépêches qui devenaient de jour en jour plus intéressantes. Dans le commencement, chacune d'elles voulut écrire, et de grosses enveloppes étaient jetées dans la boîte aux lettres par l'une ou l'autre des jeunes filles, qui trouvaient que leur correspondance de Washington leur donnait un air assez important. Comme l'un de ces paquets contient des lettres caractéristiques de chacun, nous vous en donnerons connaissance.


Un paquet de lettres XVI A packet of letters XVI Un fascio di lettere XVI Um maço de cartas XVI

XVI

Un paquet de lettres

Les soeurs allumèrent leurs lampes le lendemain matin, au point du jour, pendant que tout, au dehors, était froid et sombre, et elles adressèrent au ciel leurs prières avec une ardeur qu'elles n'avaient jamais sentie si grande auparavant, car maintenant l'ombre d'une douleur réelle était venue leur montrer combien leur vie avait été riche en bonheur jusque-là. The sisters lit their lamps at dawn the next morning, when everything outside was cold and dark, and prayed to heaven with an ardor they had never felt before, for now the shadow of real pain had come to show them how rich in happiness their lives had been until then. Elles convinrent, en s'habillant, de se montrer pleines d'espoir et de confiance en Dieu en embrassant leur mère, au moment du départ, afin de ne pas ajouter le poids de leur douleur à la sienne. As they dressed, they agreed to show hope and trust in God by embracing their mother as she left, so as not to add the weight of their grief to hers. Tout leur paraissait tout autre qu'à l'ordinaire, lorsqu'elles descendirent. As they descended, everything seemed quite different. Le calme du dehors faisait un triste contraste avec la sombre agitation de leur petit intérieur. The calm outside was a sad contrast to the dark turmoil inside.

Le déjeuner, préparé déjà, avait, lui aussi, un air étrange ; la figure de Hannah ne semblait pas la même non plus, pendant qu'elle allait et venait dans la chambre, avec son bonnet de nuit sur la tête. Breakfast, already prepared, also looked strange; Hannah's face didn't seem the same either, as she came and went in the room, with her nightcap on her head. La grande malle était toute prête dans le vestibule, le châle et le chapeau de M me Marsch l'attendaient sur le canapé. The large trunk was ready in the vestibule, and Mrs. Marsch's shawl and hat were waiting for her on the sofa. La bonne mère essaya de manger avec ses filles ; mais elle était si pâle, et paraissait si fatiguée par une nuit d'insomnie, que toutes trouvèrent leur résolution bien difficile à tenir. The good mother tried to eat with her daughters; but she was so pale, and looked so tired from a sleepless night, that they all found their resolution hard to keep. Les yeux de Meg se remplissaient de larmes malgré elle. Meg's eyes filled with tears in spite of herself. Jo fut plus d'une fois obligée de cacher sa figure dans sa serviette, et le visage des deux plus jeunes avait une expression grave et troublée, comme si la douleur était pour elles une nouvelle expérience. Jo was more than once obliged to hide her face in her towel, and the faces of the two younger girls had a grave, troubled expression, as if pain were a new experience for them.

Personne ne parlait, mais, comme le moment de la séparation approchait et que déjà elles entendaient la voiture, Mme Marsch dit à ses enfants, qui étaient toutes occupées autour d'elle, l'une pliant son châle, l'autre arrangeant les brides de son chapeau, la troisième lui mettant des caoutchoucs, et la quatrième fermant son sac de voyage : No one spoke, but as the moment of separation approached and they could already hear the carriage, Mrs Marsch said to her children, who were all busy around her, one folding her shawl, the other arranging the straps of her hat, the third putting rubbers on it, and the fourth closing her travelling bag:

« Mes enfants, je vous laisse aux soins de Hannah et sous la protection de M. Laurentz. "My children, I leave you in Hannah's care and under Mr. Laurentz's protection. Hannah est la fidélité même, et votre bon voisin vous gardera comme si vous étiez ses propres enfants. Hannah is loyalty itself, and your good neighbor will look after you as if you were his own children. Je n'ai pas de craintes pour vous, et, cependant, j'ai peur que vous ne preniez pas avec courage votre affliction. I have no fears for you, and yet I'm afraid you won't take your affliction with courage. Lorsque je serai partie, ne vous désolez pas et ne vous désespérez pas ; ne pensez pas non plus que vous vous consolerez en restant inoccupées et en essayant d'oublier. When I'm gone, don't grieve or despair; nor think that you'll console yourselves by staying idle and trying to forget. Continuez à faire votre travail quotidien, sous l'oeil de Dieu, comme d'habitude, car le travail est un soulagement béni. Keep doing your daily work, under God's eye, as usual, for work is a blessed relief. Rappelez-vous que nous avons toujours un père au ciel. Remember that we always have a father in heaven.

– Oui, mère.

– Soyez prudente, chère Meg, veillez sur vos soeurs, consultez Hannah et allez vers M. Laurentz, lorsque vous aurez quelque difficulté. - Be careful, dear Meg, look after your sisters, consult Hannah and go to Mr. Laurentz, when you have any difficulty. Vous, Jo, soyez patiente, ne vous découragez pas, et ne faites pas d'actions irréfléchies ; écrivez- moi souvent, et restez ma brave fille, prête à nous aider et à nous consoler tous. You, Jo, be patient, don't get discouraged, and don't do anything rash; write to me often, and remain my brave daughter, ready to help and console us all. Beth, demandez du courage à votre musique et soyez fidèle à vos petits devoirs ; et vous, Amy, aidez vos soeurs autant que vous le pourrez ; soyez docile ; je veux vous retrouver toutes meilleures encore que vous n'êtes. Beth, ask your music for courage and be faithful to your little duties; and you, Amy, help your sisters as much as you can; be docile; I want to find you all even better than you are.

– Oui, mère, nous vous le promettons. - Yes, Mother, we promise. »

La voiture s'arrêta à la porte ; c'était l'instant difficile, mais les jeunes filles surent se contenir ; pas une ne pleura, pas une ne courut après sa mère, ni ne se lamenta, quoiqu'elles eussent le coeur bien gros, en envoyant à leur père des messages d'amour, qui arriveraient peut-être trop tard pour qu'il les reçût. The carriage stopped at the door; it was a difficult moment, but the girls knew how to contain themselves; not one cried, not one ran after her mother, nor lamented, though their hearts were heavy, sending their father messages of love, which might arrive too late for him to receive them. Elles embrassèrent leur mère avec une sorte de calme, l'entourèrent tendrement jusqu'au dernier moment, et essayèrent d'agiter leurs mouchoirs lorsque la voiture se mit en route. They embraced their mother with a kind of calm, held her tenderly until the last moment, and tried to wave their handkerchiefs as the carriage pulled away. Laurie et son grand-père étaient venus dire adieu à M me Marsch. Laurie and her grandfather had come to say goodbye to Mrs. Marsch. D'autre part M. Brooke paraissait si fort et si bon, que les jeunes filles sentirent qu'elles pouvaient se reposer sur lui des soins dont pourrait avoir besoin leur mère. On the other hand, Mr. Brooke seemed so strong and kind, that the girls felt they could rely on him for any care their mother might need.

« Adieu, mes chéries, Dieu vous bénisse et vous garde toutes », dit Mme Marsch en embrassant l'un après l'autre, une dernière fois, les chers visages de ses enfants. "Farewell, my darlings, God bless you and keep you all," said Mrs. Marsch, kissing her children's dear faces one after the other one last time. Puis elle se jeta dans la voiture. Then she threw herself into the car.

Comme elle s'éloignait, le soleil se leva, et, en se retournant pour regarder encore ses enfants, elle le vit briller sur le groupe assemblé à la porte, comme un meilleur présage. As she walked away, the sun rose, and as she turned to look again at her children, she saw it shining on the group assembled at the gate, like a better omen. Ses filles lui adressèrent encore un sourire en agitant leurs mouchoirs. His daughters smiled again, waving their handkerchiefs. La dernière chose qu'aperçut M me Marsch fut leurs quatre gracieuses figures, et derrière elles, comme un corps de réserve, le vieux M. Laurentz, la fidèle Hannah et le dévoué Laurie. The last thing Mrs. Marsch saw was their four graceful figures, and behind them, like a reserve corps, old Mr. Laurentz, faithful Hannah and devoted Laurie.

« Comme tout le monde est bon pour nous ! "How good everyone is to us! dit-elle en se retournant et voyant une nouvelle preuve de ce qu'elle disait, dans la figure sympathique de son jeune compagnon. she said, turning around and seeing further proof of what she was saying in the sympathetic face of her young companion.

– Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, répondit M. Brooke. - I don't see how it could be otherwise," replied Mr. Brooke. Est-il une meilleure et plus aimable famille que la vôtre ? Is there a better, kinder family than yours? »

Mme Marsch, pensant à ses filles, ne put s'empêcher de lui répondre avec un sourire d'adhésion. Mrs. Marsch, thinking of her daughters, couldn't help responding with a smile of approval.

Ainsi son long et triste voyage commença par de bons présages, du soleil, des sourires, de bonnes et affectueuses paroles. So his long, sad journey began with good omens, sunshine, smiles and kind, affectionate words.

« Je suis dans le même état que s'il y avait eu un tremblement de terre, dit Jo lorsque leurs voisins les eurent quittées. "I'm in the same state as if there'd been an earthquake," said Jo when their neighbors had left them. Estoy igual que si hubiera habido un terremoto", dijo Jo cuando sus vecinos les dejaron.

– On dirait que la moitié de la maison est partie, répondit Meg. - Looks like half the house is gone," replied Meg. Quelle place elle tient dans notre vie, notre mère ! What a role our mother plays in our lives! »

Beth ouvrit les lèvres pour dire quelque chose, mais put seulement montrer à ses soeurs une pile de linge bien raccommodé par Mme Marsch, prouvant ainsi que, même dans les derniers moments, elle avait pensé à elles et travaillé pour elles. Beth opened her lips to say something, but could only show her sisters a pile of Mrs. Marsch's well-mended laundry, proving that, even in her last moments, she had thought of them and worked for them. Beth abrió los labios para decir algo, pero sólo pudo mostrar a sus hermanas un montón de ropa bien remendada de la señora Marsch, prueba de que incluso en sus últimos momentos había pensado en ellas y había trabajado por ellas. C'était une petite chose, mais elle alla droit à leur coeur, et, malgré leur résolution héroïque, elles pleurèrent toutes amèrement. It was a small thing, but it went straight to their hearts, and, despite their heroic resolve, they all wept bitterly. Era poca cosa, pero les llegó al corazón y, a pesar de su heroica determinación, todos lloraron amargamente.

Hannah leur permit sagement de se soulager par des larmes, et lorsque l'orage sembla s'apaiser, elle arriva armée d'une cafetière. Hannah wisely allowed them to relieve themselves with tears, and when the storm seemed to subside, she arrived armed with a coffee pot. Hannah permitió sabiamente que se aliviaran con lágrimas y, cuando la tormenta pareció amainar, llegó armada con una cafetera.

« Maintenant, mes chères demoiselles, rappelez-vous ce que votre maman a dit, et ne vous désolez pas trop. "Now, my dear ladies, remember what your mama said, and don't be too distressed. Venez prendre une tasse de café, et puis vous vous mettrez à travailler, de manière à faire honneur à la famille. Come and have a cup of coffee, and then you'll get to work, in a way that brings honor to the family. »

Le café était leur déjeuner favori du matin. Coffee was their favorite morning breakfast. Elles n'en avaient pas tous les jours, et Hannah montra un grand tact en leur en donnant ce matin- là. They didn't have them every day, and Hannah showed great tact in giving them some that morning. Aucune des jeunes filles ne put résister à la bonne odeur qui s'échappait du bec de la cafetière. None of the girls could resist the aroma wafting from the coffee pot's spout. Elles se mirent à table, échangèrent leurs mouchoirs contre des serviettes, et dix minutes après tout semblait à sa place. They sat down at the table, exchanged their handkerchiefs for napkins, and ten minutes later everything seemed to be in its place.

« Espérons et occupons-nous, voilà notre devise ; ainsi, voyons laquelle de nous y sera le plus fidèle, dit Jo, en avalant son café. "Let's hope and get busy, that's our motto; so let's see which of us will be the most faithful to it," says Jo, swallowing her coffee. Je vais aller chez tante Marsch comme d'habitude. I'm going to Aunt Marsch's as usual. Oh ! comme elle va gronder ! how she'll rumble! ¡cómo va a retumbar! Dieu fasse qu'elle ne me parle pas de cet argent, qu'il a fallu lui emprunter ! God forbid she should tell me about the money we had to borrow from her! ¡Dios me libre de que me hable del dinero que tuvimos que pedirle prestado!

– Je vais aller chez mes Kings, et, cependant, peut-être ferais-je mieux de rester ici à travailler, dit Meg en regrettant au fond du coeur que ses yeux fussent si rouges. - I'm going to my Kings', and, yet, perhaps I'd better stay here and work," said Meg, regretting in her heart that her eyes were so red.

– Au contraire, Meg, prenez cette distraction. - On the contrary, Meg, take this distraction. Beth et moi nous garderons parfaitement bien la maison, interrompit Amy d'un air important. Beth and I will guard the house perfectly well," Amy interrupted with an air of importance.

– Hannah nous dira ce qu'il faudra que nous fassions, et tout sera rangé quand vous reviendrez, dit Beth en prenant résolument son eau chaude pour faire leur toilette aux tasses du déjeuner. - Hannah will tell us what we need to do, and everything will be tidy when you get back," says Beth, resolutely taking her hot water to wash the breakfast cups.

– Je trouve que l'anxiété, à force d'être grande, finit par être douce », dit Amy en mangeant du sucre d'un air pensif. - I find that anxiety, by dint of being great, ends up being sweet," Amy says, eating sugar thoughtfully.

Ses soeurs ne purent s'empêcher de rire et se trouvèrent mieux à leur aise après avoir un peu ri, quoique Meg secouât la tête à la vue d'une jeune fille qui pouvait trouver de grandes consolations dans un sucrier. Her sisters couldn't help laughing, and found themselves more at ease after a little laughter, though Meg shook her head at the sight of a young girl who could find great consolation in a sugar bowl.

La vue des petits pâtés habituels rendit Jo grave, et, lorsqu'elle partit avec Meg pour remplir leurs devoirs quotidiens, elles se retournèrent toutes deux avec douleur vers la fenêtre où elles étaient habituées à voir la figure de leur mère. The sight of the usual pies made Jo grave, and as she left with Meg to fulfill their daily duties, they both turned sorrowfully back to the window where they were accustomed to seeing their mother's face. Elle n'y était plus ; mais Beth avait pensé à la petite cérémonie habituelle et était là, à leur faire des signes de tête, comme une autre petite maman à figure rose. She wasn't there anymore; but Beth had thought of the usual little ceremony and was there, nodding to them, like another little pink-faced mom.

« On reconnaît bien là ma Beth, dit Jo en agitant la main d'un air reconnaissant. That's my Beth," said Jo, waving her hand appreciatively. Adieu, Meggy ; j'espère que vos élèves ne seront pas désagréables aujourd'hui. Farewell, Meggy; I hope your pupils won't be unpleasant today. Ne perdons pas courage ; papa va peut-être déjà mieux, ajouta-t- elle quand elles se séparèrent. Let's not lose heart; Dad may already be better," she added as they parted.

– Et j'espère que tante Marsch sera moins maussade aujourd'hui, car enfin elle n'est pas méchante. - And I hope Aunt Marsch will be less sullen today, because after all, she's not mean. - Y espero que la tía Marsch no esté tan triste hoy, porque no es mala persona después de todo. Vos cheveux ne vous vont vraiment pas trop mal comme cela. Your hair really doesn't look too bad like that. Ils vous donnent tout à fait l'air d'un garçon, répondit Meg en essayant de ne pas sourire à la vue de cette tête frisée qui paraissait, comme subitement rapetissée sur les épaules de sa soeur. They make you look like a boy," replied Meg, trying not to smile at the sight of that curly head that seemed to have suddenly shrunk onto her sister's shoulders. Te hacen parecer un chico -replicó Meg, intentando no sonreír al ver aquella cabeza rizada que parecía haberse encogido de repente sobre los hombros de su hermana.

– C'est ma seule consolation ! - It's my only consolation! »

Et, touchant son chapeau à la Laurie, Jo s'en alla, en éprouvant le même sentiment que si elle eût été un mouton tondu un jour d'hiver. And, touching her hat to Laurie, Jo walked away, feeling as if she'd been a sheep shorn on a winter's day. Y tocándole el sombrero a Laurie, Jo se alejó, sintiéndose como si hubiera sido una oveja esquilada en un día de invierno.

Des nouvelles de leur père consolèrent bientôt les jeunes filles. News from their father soon consoled the girls. Quoiqu'il eût été dangereusement blessé, la présence de la meilleure et la plus tendre des gardes-malades lui avait déjà fait du bien. Even though he'd been dangerously wounded, the presence of the best and most tender of his nursemaids had already done him a world of good. La fièvre avait diminué. The fever had subsided. M. Brooke envoyait tous les jours un bulletin. Mr. Brooke sent a daily newsletter. Meg, comme chef de la famille, insistait pour lire tout haut les dépêches qui devenaient de jour en jour plus intéressantes. Meg, as head of the family, insisted on reading aloud the dispatches, which were becoming more interesting by the day. Dans le commencement, chacune d'elles voulut écrire, et de grosses enveloppes étaient jetées dans la boîte aux lettres par l'une ou l'autre des jeunes filles, qui trouvaient que leur correspondance de Washington leur donnait un air assez important. In the beginning, each of them wanted to write, and large envelopes were thrown into the mailbox by one or other of the girls, who thought their correspondence from Washington made them look rather important. Al principio, cada una de ellas quería escribir, y alguna que otra echaba grandes sobres al buzón, pues pensaba que su correspondencia desde Washington las hacía parecer bastante importantes. Comme l'un de ces paquets contient des lettres caractéristiques de chacun, nous vous en donnerons connaissance. As one of these packages contains letters characteristic of each, we'll let you know about them. A medida que uno de estos paquetes contenga cartas características de cada uno, se las iremos comunicando.