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Première & Dernière fois, Première & Dernière fois 15

Première & Dernière fois 15

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois.

Et pour beaucoup, le cheminement entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus, ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ces confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

Clarence est un homme trans de 24 ans.

Tatoueur à Bruxelles, il nous accueille chez lui pour discuter de son parcours sexuel.

Dans son grand appartement, le chat Kwak nous regarde avec la défiance des chats qui ont

l'habitude de voir passer du monde.

Avant de s'installer au micro, Clarence ne cache pas son stress, et fume ses cigarettes

roulées dans son canapé.

On déplace la table de cuisine au milieu du salon lumineux, deux grands verres d'eau

devant nous, et l'angoisse s'estompe vite.

Pour une meilleure compréhension de cet échange, je vous propose un petit lexique d'introduction.

Je précise que j'ai demandé à Clarence de valider ses définitions.

Trans se dit des personnes ayant une identité de genre différente de celle assignée à

la naissance, en opposition aux personnes cis, qui elles, ont un genre qui correspond

à leur sexe biologique.

Le terme non-binaire désigne les personnes qui ne se reconnaissent pas dans une norme

binaire de genre.

Ces personnes ne sont ni hommes ni femmes, mais soit entre les deux, soit un mélange

des deux, soit aucun des deux.

Bonjour Clarence.

Bonjour.

Alors on va attaquer tout de suite avec ta première fois.

Oui.

Tu avais quel âge à cette première fois ?

J'avais 16 ans.

J'étais au lycée en seconde.

Tu peux nous raconter ce qui s'est passé ? C'était prévu ?

C'était pas prévu du tout.

Ma relation était un peu compliquée avec la personne.

C'était ma première copine.

Elle avait fait un peu du forcing pour qu'on sorte ensemble.

Et je savais pas vraiment si j'étais amoureux.

Maintenant je sais que j'étais pas amoureux.

J'étais juste très admirative d'elle.

Et elle m'impressionnait.

J'étais très flattée qu'elle s'intéresse à moi.

Mais j'étais pas du tout intéressée à ce moment-là à l'idée d'avoir des relations

sexuelles avec qui que ce soit.

Et du coup elle était tout le temps en train de parler de cul et de faire plus ou moins

comme si elle s'y connaissait déjà très bien.

Ce que j'ai compris plus tard n'était pas le cas non plus.

Mais elle essayait de se rassurer elle-même.

Et elle me faisait du pied, machin et tout.

Et je savais vraiment pas comment réagir.

J'étais toujours très mal à l'aise.

J'essayais de faire passer les moments le plus vite possible.

Et sans rien lui dire parce que la communication était assez nulle.

À 16 ans c'est souvent le cas.

À 16 ans mais c'était vraiment zéro communication.

Et puis un jour elle a dormi chez moi, chez mes parents.

Pour la première fois.

Et je sais plus exactement comment ça s'est passé parce que j'ai essayé d'oublier

cet épisode pendant très longtemps.

Mais juste elle voulait visiblement qu'on fasse des trucs.

Et je me souviens juste que j'ai passé 15 minutes à lui tripoter les seins sous son

ordre plus ou moins.

En n'ayant vraiment aucune envie d'être là.

Et c'était très inintéressant.

Et c'était absolument nul.

Et après j'ai réussi à me mettre en boule dans un coin et faire comme si je dormais

tout le reste de la nuit.

Tu fais semblant de dormir.

Voilà.

J'ai un souvenir de lycée qui est un peu comme ça.

Tu dors.

Et après tu réponds pas pendant.

Oui.

On te laisse tranquille.

Ah ça va, c'est très bien que je ne dormais pas.

C'était très gênant.

C'était très gênant.

Alors tu as eu, quand on en a parlé un petit peu avant, tu as eu une seconde première

fois.

Oui.

Qui s'est passée quelques mois après, peut-être six mois après.

J'étais du coup en première.

Toujours dans la classe de cette fille là.

Mais j'avais décidé de sortir avec un garçon de la même classe parce que c'est toujours

une bonne idée.

Et pour le coup, lui, je n'ai pas eu de soucis.

J'ai tout de suite su que j'étais amoureux.

Et du coup, on s'est intéressé naturellement l'un à l'autre, physiquement et sexuellement.

On a eu, comme tout le monde, plein de premières petites fois à la suite les unes des autres.

Je me souviens de la première fois où il m'a mis des doigts.

Enfin, il a mis un doigt et j'ai joui parce que c'était bien.

Je regrette cette époque quand c'était si facile.

Et puis, on a eu notre première fois, telle que c'est censée être.

Donc, première pénétration et tout.

Ça, je ne me souviens pas comme d'un moment particulier.

Je ne me souviens pas avoir été très stressée ni quoi.

Et c'était exactement comme je l'imaginais, c'est-à-dire rapide, pas extrêmement intéressant.

Et puis après, c'était fait.

Mais tu étais excitée, tu en avais envie.

J'étais excitée, j'en avais envie carrément.

Mais juste, même les bisous dans le cou et tout ça, c'était le summum de l'excitation déjà à ce moment-là.

Et du coup, l'acte en lui-même, c'était vraiment pas très intéressant.

Enfin bon, ça a dû durer cinq minutes au maximum.

Oui, c'était pas le plus intéressant sexuellement qu'on ait fait.

Je veux dire, juste le doigt mentionné avant était mieux.

Mais c'était juste intéressant en termes d'intimité parce que ça nous rapprochait aussi.

Et c'était le côté, on a fait notre première fois ensemble, donc il n'y a plus de honte.

Et après, la vraie vie sexuelle n'a plus démarré.

À l'époque, tu te définissais déjà comme bisexuelle ?

Oui, je ne me suis jamais vraiment posé la question parce que j'ai eu la chance, visiblement, d'avoir des parents très ouverts.

Et je ne me suis jamais posé la question, quand je commencerais à m'intéresser à des gens,

est-ce que je vais être homo, est-ce que je vais être bi, est-ce que je vais être hétéro ou quoi ?

Je me suis toujours dit que je m'intéresserais à des gens dans ma vie et je serais amoureuse sûrement des tas de fois.

Et ce sera des gens, et voilà, peu importe quoi.

Tu as précisé que la première fois, donc la première fois avec cette fille, tu n'en avais vraiment pas envie.

Mais c'était quoi la différence ? Il s'est passé juste quelques mois entre les deux histoires.

C'est quoi qui a déclenché chez toi cette envie de le faire ?

Juste le fait de me rendre compte que j'étais vraiment amoureuse de ce garçon.

Elle, je n'arrivais pas à savoir si c'était le cas ou pas.

Mais quand je suis tombée amoureuse de lui, c'était tout de suite évident qu'être amoureuse, c'était beaucoup plus comme ça.

Et que ce n'était pas céder à quelqu'un qui te demande pendant six mois de sortir avec toi,

juste parce que tu la trouves jolie et cool.

Et du coup, vraiment, je ne me suis posé aucune question avec ce garçon.

On a commencé à se voir en dehors du lycée,

on a commencé à se faire des bisous et genre, pareil, ce n'était pas la communication verbale,

mais on savait qu'on avait envie de la même chose tous les deux.

Et tout s'est fait progressivement et très naturellement.

Vous êtes resté longtemps ensemble ?

On a resté trois ans ensemble.

Une grande histoire ?

Une grande histoire de merde.

Ça ne tournait pas bien après ?

Pendant un an et demi, c'était vraiment super.

C'était l'amour de ma vie.

On passait notre temps à niquer parce qu'on adorait ça tous les deux.

Et vraiment, je plains nos pauvres parents parce qu'on habitait tous les deux chez nos parents

et on disparaissait cinq heures pour baiser à tout moment.

Ma mère rentrait du travail,

on était en train de chercher des culottes et des caleçons dans tout l'appartement.

C'était super fou, elle, je pense.

Et puis, au bout d'un an et demi, ça a commencé à devenir compliqué.

Qu'est-ce qui s'est compliqué à cette période-là, au bout d'un an et demi ?

Alors, au bout d'un an et demi, j'ai commencé à ne plus avoir de désir sexuel pour lui.

Et progressivement, en fait, à ne plus être amoureux non plus.

Est-ce qu'à côté de ça, t'avais du désir quand même ?

Est-ce que tu pratiquais la masturbation, par exemple ?

Oui, complètement.

Mais ça, depuis, je pense, mes neuf ans, je me branle un max.

Vraiment, genre, très souvent.

Et particulièrement quand je suis stressée.

Je suis une personne très stressée.

Donc très, très, très souvent.

Et ça n'a rien changé de ce côté-là.

Quand j'étais seule chez moi et que j'avais le temps, je me branlais, globalement.

Mais ça faisait un an et demi qu'on avait construit cette relation.

Ou plutôt qu'il avait construit cette relation de manière très, très étouffante.

En m'excluant pas mal de toutes mes autres relations.

Donc, il était assez manipulateur.

Il était très, très présent.

Il m'envoyait tout le temps des messages.

Si je répondais pas dans la minute, j'avais 15 messages, 3 appels.

Je pouvais pas aller voir ma meilleure amie sans qu'il me fasse une crise de jalousie et qu'il pleure.

Il m'avait créé ma propre petite secte, juste pour moi.

Au point où notre plan, c'était...

Enfin, son plan, mais du coup, voilà.

C'était qu'on aille vivre dans les bois, loin de la civilisation, et qu'on n'en revienne jamais.

Et parfois, je fondais en larmes, genre, chez ma mère, en regardant ma mère et en me disant

« bientôt, je vais plus jamais la revoir » et elle n'est pas au courant.

Voilà.

J'avais obtenu, j'avais réussi à obtenir l'autorisation de prendre un ordinateur et des DVDs

pour ce futur super plan.

Pour pouvoir quand même profiter de sa...

T'as négocié les DVDs ?

Oui, incroyable.

Et en fait, du coup, ben...

J'ai pas voulu le quitter, j'ai pas réussi à le quitter

quand je me suis rendu compte que ça allait vraiment plus.

Parce qu'il me faisait beaucoup de chantage sentimentale,

un petit peu de chantage au suicide aussi,

et j'étais vraiment persuadée que si je le quittais,

il allait se tuer ou finir en dépression, quoi,

et que tout allait être ma faute et que ça allait être horrible.

Donc, j'ai attendu un an et demi de trouver le courage

et j'ai passé un an et demi à subir une relation que je voulais pas,

et...

Enfin, un ton de relation sexuelle que je voulais pas du tout,

mais que j'avais l'impression de lui devoir.

Voilà.

C'est quoi qui a déclenché ce...

Le fait que tu décides que ce soit fini ?

C'était assez rigolo en soi.

Enfin, laisse-moi fais encore rire, alors qu'en fait, tout est horrible, mais...

Chaque été, on partait en vacances ensemble avec sa famille,

à la montagne, dans le sud de la France.

Et ils avaient trois enfants, dont lui.

Donc, une fois, on est partis,

et au retour, il y avait pas de place dans la voiture pour moi,

donc j'ai fait un covoiturage pour rentrer des vacances.

Et dans le covoiturage, il y avait un mec très, très, très mignon.

On a tout de suite crushé fort l'un sur l'autre,

et on a passé un excellent voyage avec eux,

des accidents de voiture et tout, c'était génial.

Bref, un très bon covoiturage.

Ça a pas l'air comme ça, mais c'était vraiment extraordinaire.

Il m'a appris à faire du ukulélé hyper cliché, enfin bref.

Et quand je suis arrivée à Paris, je l'ai revue une fois,

parce que j'avais demandé son numéro à la conductrice,

à qui il avait lui dit que je lui plaisais beaucoup,

donc elle me l'a donné.

Et je l'ai revue une fois, et le crush s'est confirmé.

Et puis, un week-end après,

vraiment une semaine après le covoiturage,

j'étais, comme d'habitude, chez ma mère, avec mon copain dans mon lit,

qui était en train de me dire, comme d'habitude, le petit jeu de genre,

« Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu m'aimes ? »

Ok, ça faisait un an et demi que je répondais,

« Oui, je t'aime, bien sûr », en ne le pensant pas du tout.

Et là, il m'a demandé, et j'ai fait non.

Genre, non, je t'aime pas. Je t'aime plus, c'est fini, et tout.

Et ouais, on a passé deux heures à pleurer toutes les larmes de notre corps

dans ce lit, jusqu'à ce que son père vienne le chercher.

Et j'étais absolument dévastée, parce que même si la relation était horrible,

et je m'en rends compte maintenant, sur le moment, c'était quand même

la personne, la première personne dont j'avais été vraiment amoureuse,

c'était la première personne avec qui j'avais fait des trucs sexuels et tout.

Enfin, c'est la personne à qui j'avais donné le plus de confiance,

et de moi que j'ai jamais donné.

Et du coup, c'était comme enlever un bout de moi.

Et du coup, oui, j'étais en train de pleurer au repas du soir,

dans mes pattes, face à ma maman, et je lui ai dit

que je pouvais pas rester dans l'appart là, parce que c'était trop.

Et du coup, j'ai envoyé un SMS au garçon, du coup, au voiturerage,

et je suis allée dans le marché à lui.

Et j'en suis pas vraiment repartie.

Une nouvelle grande histoire a commencé.

Une nouvelle grande histoire qui a bien commencé et bien mal fini.

On va faire une petite pause maintenant, basée sur le jeu à boire,

Je n'ai jamais, parce qu'on va l'inverser, on va faire J'ai déjà.

Je vais te donner des affirmations et tu vas me dire si ça t'évoque

quelque chose, si t'as des anecdotes sur le sujet ou pas du tout,

ou si c'est des trucs qui te font envie ou pas du tout, c'est possible aussi.

Ça marche. J'ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Non, pas encore, mais j'espère que ça arrivera.

T'en es au stade de l'organisation ou c'est...

Non, je suis au stade où j'ai pas assez confiance en moi pour gérer ça.

Enfin, sexuellement, je suis plutôt le soumis et pas forcément passif,

mais ça reste de ce que j'ai là.

Et du coup, autant j'ai très envie de faire des choses où c'est moi qui prends

entièrement l'initiative, autant j'essaye de grappiller mon courage

là où je peux avant d'y arriver.

Mais c'est un peu très, très envieux.

Mais ça, c'est un grand step.

Oui, mais clairement, c'est dans mes plans de vie futur.

C'est un bon plan de vie.

On ne dit pas assez, mais c'est un très bon plan de vie.

Et effectivement, il faut de la préparation à tous les niveaux.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Ah, ça peut être plein de choses.

Ça va être un gode de michet qui ne va pas, un vibro, une capote, un lubrifiant,

ce que tu veux.

Ou un truc qui, à l'origine, n'était pas du matériel prévu pour, c'est possible.

Non, vraiment pas.

Il y a sûrement mon vibro qui a dû s'arrêter plein de fois en plein milieu

parce qu'il a une durée de vie très nulle.

Mais non, je crois pas.

Matériel différemment, oui.

Genre, rompre un frein, c'est matériel en soi.

Il va falloir que tu nous racontes un peu plus comment ça s'est passé.

Ça serait bien, écoute, j'étais juste avec un de mes amoureux en train de baiser.

À un moment donné, on s'est rendu compte qu'il y avait du sang partout

et que ça ne provenait pas de moi.

Et il n'avait pas senti grand chose, juste il saignait du frein abondamment.

C'était pas vraiment le bon moment parce qu'on venait de baiser dans à peu près

toute la maison de sa mère et on en était actuellement à l'évier de la cuisine.

Donc, il y avait du sang un peu partout.

Et on a commencé à se faire des baisers.

Donc, il y avait du sang un peu partout.

Donc, il n'avait pas trop mal et tout, ça va.

Il me semble qu'on a continué.

Qu'on a essayé.

Mais puis après, on s'est dit qu'on allait juste nettoyer.

Et aller voir un médecin ou quoi ou non ?

Non, je pense qu'il n'était pas rompu.

Je sais pas, il était juste abîmé.

Mais ça lui était déjà arrivé.

Et visiblement, comme ça lui faisait pas mal, il avait décidé de ne pas consulter

et de rester seul avec ses 10 litres de sang par terre.

Écoute, c'est la première fois que tu me la racontes.

Donc, j'allais te demander justement, il paraît que ça saigne beaucoup.

Mais bon, tu es proche.

Oui, ça saigne beaucoup.

Et on peut dire que c'est du matériel.

Je suis tout à fait prête à dire que c'est du matériel.

Effectivement.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sax.

Oui, ou à peu près n'importe quoi.

Mais oui, principalement pendant le cunni ou la fellation.

J'ai tendance à penser à autre chose.

Le cunni, parce que ça me fait pas un effet extraordinaire.

Donc, mon esprit peut vagabonder librement.

Quand tu reçois, du coup.

Oui, quand je reçois.

Et les fellations, parce que autant j'adore randonner, autant je peux aussi faire ça

et penser à des tas de choses à la fois très différentes.

Tu crois que le partenaire s'en rend compte ?

Je sais pas.

J'en ai déjà parlé avec mon dernier partenaire et que ça arrive aussi de penser à autre

chose parfois durant le sexe.

Mais ça me paraît assez normal, je pense.

Et puis avec le stress et la vie et les trucs, évidemment.

Oui, t'as toujours un truc à te penser.

C'est pas honteux.

Non.

C'est pas forcément un signe que tu t'ennuies non plus.

En tout cas, moi, c'est jamais vraiment quand je m'ennuie particulièrement.

C'est juste que mon esprit se promène aussi parce que je suis relâchée.

C'est plutôt gentil.

Oui, on sait une façon de voir les deux bons signes.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Non, ça m'est jamais arrivé.

Alors, même quelqu'un de connu, par exemple une célébrité.

Non, absolument pas.

Je suis désolée.

Ah mais non, mais je veux juste...

Il y a vraiment deux écoles.

Il y a les gens qui ont déjà pensé ou pas pensé à quelqu'un, genre leur voisin

ou un ex ou quelque chose comme ça.

Et il y a des gens qui tout de suite partent sur des trucs de célébrité.

Oui, ok.

Alors, dans un certain sens, j'ai déjà pensé à un ex, mais pas d'une bonne manière.

Juste un trauma lié à cet ex-là.

Et du coup, il y a certaines positions, je sais pas pourquoi ça s'est focalisé là-dessus,

mais certaines positions dans le cul où je bloque et je vois sa gueule.

Je prends ça, cette position-là.

Et en général, du coup, je peux pas continuer.

Donc, j'y pense, mais pas d'une manière...

Positive.

Positive du tout.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

C'est quoi, pas prévu pour ?

Alors, effectivement, on peut définir le pas prévu pour.

Des endroits publics, des endroits fermés, mais publics quand même.

Genre des toilettes d'endroits, par exemple, ou la nature.

En gros, tout ce qui n'est pas ton domicile direct.

Non, pas vraiment.

Enfin, s'il y a un peu le truc cliché, mais c'est déjà arrivé.

Tu sais, quand tu te frottes dans le bus, là...

Alors...

Je sais pas, il y a plein de gens qui en parlent.

Donc, pour moi, je me dis...

Il va falloir de nouveau que tu nous définisses un petit peu cette histoire.

Mais non, mais...

Tu portes un jean, ça frotte sur ton clitoris, t'es dans le bus, il y a les vibrations, t'es

en train de rentrer chez toi, t'en as marre.

Tu viens de rentrer des cours et tu t'emmerdes.

Et du coup, tu te frottes un peu.

Ça fait pas ça, le temps.

Je vois tout à fait.

Je ne pratique pas, mais parce que je prends un peu le bus.

Mais là, du coup, je commence à y réfléchir.

Alors, moi, on n'a jamais trop parlé, évoqué de cette manière-là.

Mais je trouve ça très intéressant.

Et pour le coup, ça nous sort une vraie idée originale.

Alors par contre, je vais préciser que contrairement aux gens qui se frottent contre des gens

dans le métro, là, ce type de masturbation, c'est évidemment avec soi-même.

Évidemment, je ne touche rien, mais je ne me touche même pas avec mes mains.

C'est juste le jean, la couture.

Tout va bien.

Et la vibration du bus, ça aide.

J'imagine qu'on espère un peu les dos d'âne et tout.

C'est un peu ça aussi.

Mais c'est un peu la même chose que quand t'es à vélo et tu sais, la salle.

C'est classique.

En fait, c'est une stimulation qu'on peut avoir n'importe quand.

Selon la tenue qu'on porte et tout.

J'ai déjà éjaculé.

Oui.

C'était bien.

Ça m'est arrivé plusieurs fois.

Et oui, je trouve ça très mignon.

Enfin, c'est satisfaisant, c'est drôle.

Après, c'était bien parce que ça arrive surtout quand tu te fais doigter, genre d'une

certaine manière.

Et à un moment où tu dois être très relâché justement et pas crispé.

Donc, c'est forcément un chouette moment.

Mais par contre, c'était une éjaculation, mais ce n'était pas un orgasme à chaque

fois.

La plupart du temps, ce n'est pas moi qui m'en rends compte.

C'est la personne qui est avec moi.

Et c'était volontaire ou c'était prévu ?

Alors, ce soir ?

Absolument pas, non.

Non, ça arrivait une fois par hasard dans ma dernière relation.

Et depuis, ça est arrivé quelques fois.

Mais c'est des déjaculations.

J'espère qu'un jour, je pourrai éjaculer à la gueule de quelqu'un.

Violemment.

Alors, le truc qu'on dit quand c'est comme ça, c'est que si on prévoit le truc et qu'on

veut vraiment que ce soit violent, il faut boire un demi-litre d'eau avant le rapport

sexuel.

Ça marche mieux.

Oui, je me doute, mais enfin...

Il faut vraiment prévoir le truc.

Ça doit être un objectif, un projet de vie.

Mais je n'aime pas mettre des objectifs à l'avance là-dessus.

On peut comprendre.

Augmente ta consommation d'eau en général.

Oui, je m'y pensais.

Mais du coup, par hasard, ça ne peut pas.

Donc après une longue histoire de trois ans, à commencer avec celui qu'on appellera le

type du covoiturage, qui est le type au ukulélé.

Une deuxième grande histoire.

Comment ça s'est passé cette histoire ?

Ça a été plus condensé cette fois-ci, puisque ça a duré un an.

Donc, je pense que ça a duré sept mois où c'était très, très bien.

Pareil, c'était très sexuel et assez fusionnel.

Enfin, je vivais toujours chez ma mère, mais j'étais globalement tout le temps chez lui.

Et on baisait tout le temps.

Parce que voilà.

Et puis pareil, au bout d'un moment, j'ai commencé à ne plus avoir envie.

Et ça suit le même schéma globalement.

Donc, je n'avais plus envie.

Donc, je ne lançais plus rien.

C'était lui qui prenait l'initiative à chaque fois.

Et puis, je disais que je n'avais pas envie au début.

Et puis après, c'est genre...

Ah, mais je t'aime.

Ah, mais tu ne sais pas comme tu m'excites de ouf.

Donc, du coup, tu finis toujours par le faire.

Sorti de la culpabilité qui ne devait pas être là.

Jusqu'au jour où ça s'est passé comme ça.

J'avais dit non pas mal de fois.

Et du coup, il était en train de faire son truc.

Puisque je ne participais absolument pas.

Et je me suis rendu compte que ce n'était pas normal.

Et j'ai frisé.

J'avais plus de réaction du tout.

J'avais juste mon cerveau qui était là en mode alerte.

Ce n'est pas normal.

Du coup, il a fini son truc.

J'étais absolument inerte.

Et je suis partie.

Je suis rentrée chez moi.

Et tout le trajet, j'étais vraiment en train de me dire que c'était...

Que je venais de me faire violer.

Et c'était horrible de sortir ce moment-là.

Et du coup, qu'il fallait que je fasse quelque chose.

Donc, je lui ai donné rendez-vous le lendemain pour lui en parler.

Parce que j'avais l'impression qu'il ne se rendait pas compte de ce que ça impliquait

pour moi.

Et puis du coup, on a eu rendez-vous le lendemain.

On est allé au cinéma.

A mon avis, ce n'était pas mon idée.

C'était la sienne.

Parce qu'il n'a pas dû capter quand je disais qu'il faut qu'on se voit demain.

J'ai un truc à te dire.

Que c'était grave.

Donc, il s'est dit qu'il en a profité pour en faire un petit date normal.

On est allé au cinéma.

Et du coup, j'en ai parlé dans la salle.

Assis côte à côte, dans le noir.

Avant le temps dans les pubs, je pense.

Ouais.

Ou avant.

Mais moi, j'étais hyper mal, forcément.

Et je me sentais aussi super mal de lui dire.

Parce que j'avais peur qu'il le prenne mal.

J'avais peur qu'il me dise aussi que j'avais complètement imaginé le truc.

J'étais sûre de ce qui s'était passé.

Mais je n'étais pas sûre de moi du tout quand même.

Et du coup, je ne pense pas que j'ai dit le mot viol.

Mais je lui ai dit que ce n'était pas normal ce qui s'était passé.

Et que ça me mettait très mal.

Et dans mon souvenir, il a répondu quelque chose comme

« Ah désolée, je ne savais pas, je ferai plus gaffe la prochaine fois. »

Et je n'ai rien trouvé à répondre.

Donc on a regardé ce film, qui est un film que j'adore.

Donc c'est bien.

Tu vas me dire ce que c'est.

Je crois...

C'est un Mission Impossible, je ne sais plus le combien.

J'adore ce film, il est trop bien.

Ça t'a pas...

Bon, alors au moins le film...

Je l'ai revu un milliard de fois, je l'adore.

Ça ne m'a pas gâché le film.

Ça c'est bien, ça c'est le plus important.

Mais ça s'explique aussi probablement par le fait que du coup,

on est sortis du cinéma.

Du coup, lui, il avait décrété que tout était comme d'habitude.

Donc tout était comme d'habitude.

Et en fait, j'ai complètement oublié cette histoire.

D'accord.

Pour tout le reste de notre relation.

Je m'en suis souvenue plus tard, un an après.

Et donc du coup, je l'ai quitté quelques mois après

parce que je n'avais vraiment plus de sentiments.

En voulant rester bonne amie avec lui.

Et je me souviens, j'ai retrouvé des messages sur Facebook.

Les derniers messages que je lui avais envoyés en disant

je suis vraiment, enfin, je suis trop triste et trop désolée

de ne plus avoir de sentiments.

Parce que c'était vraiment une super personne.

Machin et tout.

À un moment, mon cerveau a fait le déni mais fois mille.

D'ailleurs, on s'est revus une ou deux fois après.

Et il me parlait du fait que sa nouvelle copine,

c'était pas comme moi et qu'il aimerait tellement

qu'on refasse des trucs ensemble.

Mais bref, une grosse merde en fait.

Mais je ne sais pas, je l'avais oublié du coup.

On voit souvent les choses un peu différemment à posteriori.

Surtout, on prend du recul sur les choses et c'est toujours pour le mieux.

On se rend vraiment compte de ce qu'on ressent

quand on n'est plus sous emprise, quand on n'est plus le nez dedans totalement.

Et puis, le viol conjugal, c'est tellement compliqué à appréhender

parce qu'on a estimé même pendant des générations

que c'était quelque chose de normal, que ce n'était pas du tout un viol.

Heureusement, là, de plus en plus, on commence à en parler.

Les victimes en parlent.

Et puis, les enfants de victimes aussi.

Enfin, je veux dire, même dans le cadre de la famille, ça sort.

On n'estime plus

qu'on doit des choses sexuellement à son partenaire ou à sa partenaire.

Déjà, le voir qu'on l'a vécu

et qu'il ne faut pas que ça se reproduise, c'est déjà un bon pas

vers aller mieux après.

Et puis, trouver mieux, même dans son couple.

Je pense que se dire au premier non, si la personne commence à négocier,

clairement, ça ne sent pas bon.

Pendant longtemps aussi, je me suis dit

genre, j'ai appris de la manière difficile, mais au moins maintenant, je sais.

Mais en vrai, ça laisse tellement de trauma et de fragilité

et ça complique tellement les choses que je préférais quand même

que ça ne soit pas arrivé, forcément.

Et on le souhaite honnêtement à personne.

Enfin, il ne faudrait pas que ce soit fondateur pour qui que ce soit.

C'est ça.

Et ça, ce n'est pas vraiment genre...

Peut être que ça apporte plus de compréhension sur les relations

et plus de sensibilité au niveau du consentement et de

dans quoi tu t'engages quand tu as une relation sexuelle

ou amoureuse ou les deux avec quelqu'un.

Mais c'est vraiment trop de fragilité supplémentaire.

Mais après, du coup, ça fait partie de toi.

Et c'est aussi une force.

Être un survivant, c'est quelque chose aussi de particulier.

Et ça place aussi qui tu es aujourd'hui, en fait.

Donc, c'est une histoire.

Quelques temps après, alors que tu avais passé

littéralement toute ta vie jusque là à croire que tu étais une femme cis,

tu t'es rendu compte que ce n'était pas le cas.

Oui. Qu'est ce qui s'est passé pour que tu...

Pour que tu mettes enfin des mots là dessus?

Alors, je pense que c'est lié à cette histoire.

Parce que du coup, comme je disais, un an après, je suis sortie du déni.

À ce moment là, j'habitais à Bruxelles avec

un autre copain que j'ai rencontré après.

Et je vivais ma petite vie tranquille.

Et du jour au lendemain, mon cerveau m'a dit tiens, il y a un an, tu t'es fait violer.

Bon courage pour dealer avec ça.

Et ça a été très difficile parce que du coup, j'avais pas de trauma ou rien.

Tout est arrivé à ce moment là.

Et comme j'étais assez isolée à ce moment là,

enfin j'étais avec mon copain, il était très chouette et tout,

mais je voyais pas énormément de monde à Bruxelles.

Et donc, j'ai commencé pour m'auto aider avec cette histoire là,

à regarder plus de trucs sur Internet, à plus m'intéresser au féminisme,

même si j'étais déjà là dedans.

Et en fait, en découvrant un peu tous les milieux militants et tout.

Et donc, du coup, ce qui m'a beaucoup aidé à accepter que c'était vraiment un viol

et à réussir à m'en sortir, ça m'a aussi permis de découvrir le milieu queer

et des tas de termes dont j'avais pas connaissance avant du tout.

Et à ce moment là, je suis tombée sur la définition de la non-binarité.

Et j'étais là, oh, mais c'est moi.

En fait, il y a d'autres personnes qui ressentent ça et c'est incroyable

parce que je pensais que c'était dans ma tête et que c'était juste que

j'appréciais pas le fait qu'être une femme, ça veut dire dans la société

devoir avoir tel ou tel comportement.

Mais c'était au-delà de ça.

Et du coup, oui, à ce moment là, j'ai découvert que j'étais non-binaire.

Ça a pris du temps quand tu as mis ce mot là, ça a changé des choses chez toi.

Tu t'es dit c'est une libération et ça t'a pris un an, deux ans

pour même changer, je sais pas moi, physiquement, changer des choses dans ta vie,

changer des choses dans ta vie sentimentale et sexuelle ou pas du tout.

C'était genre déjà totalement ce que t'étais et du coup, t'as juste mis une étiquette dessus.

Pour moi, c'était totalement ce que j'étais.

Et effectivement, du coup, j'ai juste eu le terme pour savoir qui j'étais.

Et j'étais vraiment très content.

Ça m'a vraiment beaucoup, beaucoup aidé à ce moment là où du coup,

avec cette histoire de viol, ça n'allait pas super bien.

Et du coup, j'en ai parlé aussitôt à des personnes proches de moi

et j'ai fait un coming out hyper rapidement.

Et pour moi, tout ce qui concerne le reste sur l'apparence ou quoi,

ça n'a pas de lien avec ça.

Parce que là, avant, j'avais effectivement une apparence

qui est plus classiquement féminine que maintenant.

Mais pour moi, ça n'a pas de lien.

C'est une histoire de goût personnel, de praticité.

Aucun lien avec le genre.

T'étais en couple à ce moment là ?

Oui, j'étais en couple avec ce garçon à Bruxelles.

Et je lui ai pas dit tout de suite, je pense.

Enfin, j'ai dû.

Enfin, j'ai peut être attendu un mois ou deux, le temps de m'acclimater

moi-même à l'idée et d'en parler à quelques autres personnes

en qui j'avais confiance.

Plus d'autres, j'imagine ?

Non, mais juste lui, comme c'était plus ou moins la personne la plus proche de moi,

j'avais quand même une petite appréhension.

Après, lui, c'était pas du tout quelque chose qu'il connaissait ou quoi.

Donc, il a mis longtemps avant de se faire à l'idée.

Enfin, il avait rien contre, mais

avant de savoir utiliser les pronoms correctement, etc.

Maintenant, c'est bon.

Enfin, c'est un ami et c'est un très bon ami.

Il y gère, mais ça prend du temps.

Parce que du coup, quand tu as mis cette étiquette non binaire,

t'as changé de pronom, t'as décidé de changer de pronom tout de suite ?

Oui, j'ai tout fait d'un coup.

J'avais pas le temps.

En non binaire, t'as choisi le pronom masculin ?

J'avais choisi un pronom neutre, donc IEL.

Mais après, c'est plutôt à l'usage ou comme j'avais

et j'ai toujours la plupart du temps une apparence jugée féminine.

Les gens, en premier abord, vont me genrer au féminin.

Donc, j'ai commencé à demander à toutes les personnes qui me connaissent

de faire masculin pour faire une petite balance entre les deux.

Mais ça, c'est à l'usage, du coup, c'est au temps.

C'est avec le temps.

Est-ce que ça a changé quelque chose sexuellement pour toi ?

Est-ce que ça a été libérant, par exemple ?

Je saurais pas vraiment dire parce que du coup, le problème,

étant que j'ai découvert ça en plein...

En pleine relation ?

En pleine relation.

Et puis en pleine...

Oui, traumatisme.

En plein dédainé, donc en plein traumatisme.

Et du coup, pendant six mois, j'ai pas pu avoir de relation sexuelle

à cause du traumatisme.

Et le temps que ça passe, ma transition sociale, par exemple, était faite.

Et donc, j'ai pas vraiment eu le sentiment que ça ait influé sur ma vie sexuelle du tout.

Alors que du coup, me remettre du traumatisme, ça, ça a influencé

forcément énormément sur ma manière de relationner

avec les gens sentimentalement et sexuellement.

Pour le mieux ?

Oui.

T'écouter plus ?

Oui.

Et tes limites ?

Oui, bien sûr.

On va faire notre deuxième petit jeu sur les oeuvres qui composent ton imaginaire sexuel.

Je vais encore une fois te citer des affirmations, des bouts de phrases,

et tu vas me dire ce que ça t'évoque.

Est-ce que ça...

Il y a une petite histoire qui va avec, souvent quand même.

Il y a toujours une petite histoire.

OK.

Le livre qui m'excite ?

Il n'y a pas vraiment de roman ou quoi qui m'excite.

Par contre, j'ai acheté, je me suis offert il y a quelques mois

un livre aux éditions Tachaine, de dessin de Tom of Finland.

Et qui est donc un mec qui a créé un énorme imaginaire visuel

gay autour des figures hyper viriles et hyper stéréotypées,

vraiment un peu jusqu'au ridicule.

Et c'était une imagerie qui ne m'intéressait pas du tout avant.

Enfin, où je m'étais dit qu'il ne fallait même pas que je m'y intéresse,

parce que je me considérais comme une meuf cis et c'était adressé à des mecs gays.

Comme maintenant, j'apprivoise l'idée d'être un mec

et d'avoir des tendances plutôt homosexuelles,

biromantiques, mais homosexuelles.

Du coup, je me suis dit bon, vas-y, on va regarder,

parce qu'en fait, ça peut m'être adressé et ça me plaît vachement.

Tu t'es jetée dans le vif du sujet, parce que dans Tom of Finland,

on est dans une imagerie très baire,

avec des personnages qui sont très poilus, très musclés,

qui portent beaucoup de cuir.

Le cuir c'est bien.

Il y a un petit côté Village People dans son imaginaire.

C'est le cuir moustache.

Totalement cuir moustache, mais très beau.

Et puis pour ceux qui aiment ce style, le mangaka Gangoro Tagame

a un petit peu le même imaginaire, avec ce genre de personnages baires aussi,

et ses dessins qui sont très explicites.

Donc si tu aimes, je t'envoie vers ce...

Je connais pas, mais je suis une pingue.

Voilà, tout à fait.

Le film qui te fait vibrer ?

Les Aliens.

Principalement le 3, où ils sont sur une espèce de planète prison.

Bon, c'est juste Ellen Ripley avec les cheveux rasés.

Alors on est obligé de préciser maintenant que tu as les cheveux rasés.

Oui, mais alors attends, faut pas le dire.

Si, tu peux le dire, mais c'est juste...

J'ai une fascination pour les gens aux cheveux rasés, sauf moi.

Moi j'ai les cheveux rasés parce que c'est pratique et confortable.

Mais ouais...

Ripley c'est quelque chose.

Ripley avec les cheveux rasés, c'est vraiment quelque chose.

Et le petit Marcel Blanc là.

Oui.

Et puis il y a le côté aussi, genre je sais pas,

dans les Aliens où ils sont un peu toujours enfermés quelque part, un peu confinés.

Ça met beaucoup plus de tension partout.

Je sais pas, même les Aliens ils sont super sexuels.

Enfin, ou alors c'est moi.

Tu trouves les Aliens sexuels ?

Oui.

Après ils sont baveux.

Non, ils sont dégueulasses.

Mais...

C'est ça, ça m'évoque.

Ils sont dégueulasses, mais tu vois par exemple l'image hyper connue

où elle a la tête de l'Alien juste à côté.

Ils sont très proches et où il y a un moment d'attente comme c'est tout.

Enfin pour moi c'est presque sexuel.

Alors après il y a un truc aussi avec les oeufs, en l'occurrence les oeufs d'Aliens

qui sont une référence directe au sexe féminin.

Donc oui bien sûr, mais c'est vrai que ça...

Mais c'est moite un peu.

Il y a tout un truc comme ça.

C'est la première fois qu'on me le cite,

mais j'accepte avec grand plaisir.

Je vais les revoir autrement.

L'image qui me donne des frissons de plaisir.

Il n'y a pas d'image en particulier,

mais du coup comme tu m'as posé la question un peu avant,

j'ai réfléchi et si il y a un truc qui marche bien avec moi.

Bon c'est un peu bizarre,

mais c'est genre les images de fruits ouverts.

Je sais pas pourquoi,

mais il y a je sais pas un ou deux ans,

c'était la mode en photo.

Il y avait des shootings tout le temps avec une modèle

au milieu de plein de fruits en mode buffet comme ça.

Et avec du jus qui dégouline,

des fruits écrasés sous les coudes

ou en train de mordre dans une orange ou un truc.

Et genre je sais pas, ça me parle.

Enfin ça touche tous les sens en même temps.

Genre je peux tout de suite imaginer la texture des fruits,

l'odeur, le goût et genre le jus qui coule partout et tout.

Pareil, c'est très littéral et ça marche très bien.

Donc je suis très excitée par les images de pamplemousse.

Eh bien écoute, en plus c'est le choix d'iconographie

qu'on a décidé d'avoir pour première dernière fois en l'occurrence.

Ouais, pour...

Comme on peut pas montrer les gens,

on a choisi à chaque fois des images liées à la nourriture.

Donc en l'occurrence du miel, une banane.

Ah bah oui, ça c'est l'image classique.

Voilà, donc on a utilisé cette imagerie aussi

qui nous parle évidemment beaucoup.

Le parfum qui réveille mes sens.

Alors c'est mon parfum.

C'est pour ça que je l'ai acheté.

C'est mon parfum d'hiver.

C'est Claire de Musque de Serge Lutens.

Je trouve ça drôle parce que c'est un parfum,

quand tu regardes les descriptions

sur tous les sites de connaisseurs de parfums et tout,

qui est jugé très sage et un peu froid

et un peu le parfum des personnes françaises.

Et je trouve que c'est pas du tout le cas.

Je le trouve très sexuel, mais genre en sous-ton,

c'est subtil, c'est très subtil.

Principalement parce qu'il y a du musque.

Et genre, c'est la meilleure odeur du monde.

Hyper animal à la base, forcément.

Et ça se marie, je trouve ça se marie trop trop bien

avec les odeurs de la peau, ça les fait ressortir.

Et pour moi, du coup, c'est hyper sensuel.

C'est intéressant parce qu'il y a des gens

qui aiment le parfum de l'autre,

comment il se développe dans le sexe.

Et du coup, toi, tu amènes le parfum

dans la relation et le rapport.

Tu parlais du fait d'être un peu,

pas passif, mais quelque chose un peu comme ça.

Alors que là, c'est super actif.

Tu sais ce que t'aimes et tu l'amènes.

Après, c'est probablement très aiguë,

mais je me l'amène à moi en premier.

J'aime juste être dans cette odeur-là.

Mais c'est important.

C'est hyper bien, même.

La musique qui me met le mieux dans l'ambiance.

Il y en a-t-il une déjà?

Oui, il y en a environ 12 000, je pense.

Parce que, enfin c'est dur à dire,

parce que je suis très sensible,

je suis très sensible à l'ambiance.

Je suis très sensible aux ambiances,

déjà dans les musiques.

Et puis je suis très souvent horny.

Après, c'est dur de savoir

ce qui est venu en premier.

Toutes les musiques ont l'air sexuelles.

Un peu, mais s'il fallait réduire,

je pourrais me limiter à quatre.

Alors déjà, est-ce que t'écoutes de la musique

pendant le sexe?

Pas spécifiquement, pas fait exprès,

mais ça arrive souvent

qu'il y ait de la musique qui tourne en fond chez moi.

Donc oui, ça peut arriver.

Alors c'est quoi ces quatre morceaux?

Le premier, c'est Toxic, de Britney Spears.

Forcément.

Et le deuxième qui va avec, pour moi,

c'est Make Me Feel, de John El Money.

Parce que c'est des musiques qui parlent de cul

et qui sont assez euphorisantes.

Donc c'est le cul joyeux.

T'as envie d'y aller, tu vois.

Et en ambiance qui me correspond

un peu plus sombre.

Sinon, j'aurais tendance à dire Take Me To Church,

de Ozzy.

Et la deuxième, ce serait une reprise

de I'm On Fire,

par Bad For Lushes.

Elle est très belle.

On fera une petite playlist.

Alors on a parlé de ta première fois,

on a parlé de ce qui s'est passé,

des années qui se sont passées

jusqu'à aujourd'hui.

Maintenant on va évoquer ta dernière fois,

au moment où on se parle.

Et c'était quand?

C'était hier.

Félicitations.

Alors c'était avec qui?

Avec une de mes relations amoureuses

que j'ai depuis...

Deux ans?

C'est vrai que quand on a préparé cette émission,

tu m'as précisé que tu étais polyamoureuse.

Donc ce qui veut dire que tu as...

Enfin, que tu es capable

d'avoir plusieurs relations

simultanées.

Sexuelles ou pas.

Et là en l'occurrence, tu es dans des relations polyamoureuses.

Donc avec...

une personne non-binaire,

c'est bien ça.

Une femme cis.

Et là en l'occurrence, c'était, j'imagine, avec la personne non-binaire.

Effectivement, vu que...

avec ma copine,

qui est une femme cis,

on a une relation plutôt platonique.

Donc c'était avec l'autre personne, forcément.

C'était prévu?

C'était prévu, parce qu'elle était chez moi

et qu'on baisse tout le temps.

Donc en soi, oui, on peut dire que c'était prévu.

C'était bien?

C'était très bien. C'était aussi bien que celle

d'un peu plus tôt dans la journée.

Ou du soir d'avant, je sais plus.

Mais oui.

Ça fait deux ans que vous êtes ensemble. Le sexe a changé

depuis deux ans?

Ça fait deux ans qu'on se fréquente et qu'on couche ensemble.

Mais ça fait un an qu'on est ensemble.

Ça a un petit peu évolué,

oui, quand même, on peut dire, parce que...

Au début, forcément,

il y a le moment de la découverte

où on s'apprivoise un peu et...

on essaye de voir qui aime quoi

et tout.

Et en fait,

jusque-là, j'avais été quasiment qu'avec...

Enfin, j'avais des relations sexuelles

quasiment qu'avec

des mecs cis

qui avaient du sexe assez normé.

Et oui, ils avaient probablement peut-être envie

d'autres choses aussi, mais les choses ont fait

que les conversations ne sont pas forcément arrivées

ou quoi. Et moi, j'ai toujours eu

un intérêt pour la soumission

et j'ai toujours plus ou moins essayé de le pousser

un petit peu dans mes relations, mais

ça prenait pas forcément...

Ou c'était pas vraiment le délire de la personne en face,

donc j'insistais pas non plus.

Et là, avec la personne

avec qui je suis,

ça prend beaucoup plus.

C'était le cas hier soir, du coup ?

Hier soir, c'était... tranquille, posé.

On dit vanille, du coup, quand c'est pas...

Oui, oui, c'était...

Dans le spectre BDSM.

Est-ce que t'as pris du plaisir ?

Oui, j'ai eu un orgasme, et ça m'arrive pas si souvent.

Donc c'était bien.

Enfin, même sans orgasme, ça aurait été très bien.

Est-ce que, en dehors du coup, des conversations

que vous avez sur qui a envie de quoi

et quelles sont vos envies

et là où vous avez du plaisir,

est-ce que ça change quelque chose,

le sexe avec une personne non-binaire,

dans ton expérience ?

Non.

Je sais pas, je trouve que c'est une question très très compliquée.

Parce que j'en suis déjà,

juste moi, à m'interroger,

genre, est-ce que moi, le fait d'être une personne trans,

ça change mes relations sexuelles ?

Et du coup, alors, impliquant l'autre personne,

je saurais pas dire, parce que

je vois pas une différence fondamentale.

C'est juste que c'est...

En dehors du fait des non-binaires,

c'est une personne avec qui c'est facile de communiquer,

et avec qui on peut avoir des relations,

enfin, des conversations saines sur ce qu'on veut et tout.

Donc forcément, les choses sont bien plus développées

que dans d'autres relations sexuelles

et amoureuses que j'ai pu avoir.

Et plus riches, fatalement.

Et plus riches, forcément.

Mais pour la non-binaireité,

je saurais vraiment pas dire si ça change quelque chose.

Tu es en couple aussi avec une femme,

cis, et tu as précisé que la relation était platonique.

Est-ce que c'est un choix de ta part, de sa part,

ou l'histoire s'écrit comme ça pour l'instant ?

C'est un choix de ma part,

enfin, qu'elle a validé, donc forcément.

Ça avait commencé en n'étant pas forcément partie pour être platonique.

Mon passé avec les filles fait que...

Elle me terrifie.

Absolument.

Donc déjà qu'on soit ensemble, c'est assez extraordinaire.

Parce qu'elle est trop chouette et tout, mais...

Mais le cul avec des filles, ça me terrifie un petit peu.

Ta vie sexuelle a commencé il y a 8 ans.

Donc à l'époque, tu étais...

Enfin, tu étais beaucoup moins sûre de ce que tu étais.

Ou en tout cas, tu étais sûre de quelque chose que tu n'es plus aujourd'hui.

Est-ce que ton rapport au corps a changé, à ton corps, à toi ?

Est-ce que tu te sens mieux maintenant ?

C'est complexe.

Parce que, comme on disait tout à l'heure,

l'ensemble de mauvaises histoires que j'ai eues

fait que j'ai beaucoup plus de fragilité,

mais en même temps, à partir du moment où j'ai réussi à dépasser le gros du trauma,

j'étais déjà très fière de moi.

Et je l'ai fait en essayant de m'apprécier plus qu'avant,

de m'accorder plus de crédit,

de m'écouter vraiment pour savoir quand j'ai envie des choses,

et si j'en ai pas envie, c'est pas grave.

Et du coup, je trouve la vie sexuelle et le rapport au corps

toujours archi-complexe,

mais ce sera toujours comme ça.

J'ai toujours l'impression d'être de cycle en cycle,

d'avoir l'impression de comprendre quelque chose,

et puis en fait, il y a encore des tonnes, des milliards de choses à comprendre,

parce que tout dépend des relations, des personnes avec qui t'es aussi.

Mais là, je suis en train d'explorer, du coup,

de me questionner sur est-ce que le fait d'être un mec trans,

ça change quelque chose ou ça va changer quelque chose dans mes relations ?

Quelle part de ma vie sexuelle vient de l'habitude d'avoir été élevée comme une meuf cis ?

Quelle implication ça a dans ce que j'aime,

et dans ce que j'accepte ou pas dans mes relations ?

C'est hyper complexe.

Mais sauf que maintenant, je le vois de manière beaucoup moins angoissée ou flippante.

C'est genre juste, il y a plein de choses à voir,

et tant qu'on fait attention à soi, ça va bien se passer.

C'est une bonne conclusion, je trouve,

parce que ça laisse devant toi tout un terrain d'aventure qui est quasiment infini.

Et puis on se rend compte que vu comment on est éduquée,

vu la société dans laquelle on grandit,

avant de commencer à faire quoi que ce soit,

il faut d'abord déconstruire pas mal de trucs.

Et quand on est féministe, on se rend compte de ça aussi,

que là, tout commence par une déconstruction.

Alors, c'est pas toujours très joyeux, simple, et puis facile.

Mais en fait, une fois qu'on a déconstruit,

quoi qu'on ait déconstruit, c'est quand même vachement libérateur,

et on essaye des trucs super.

Mais aussi la déconstruction, elle continue toute notre vie.

Ça c'est sûr.

Ça sera toujours plein de choses à apprendre.

Mais c'est chouette.

On va être beaucoup plus riches après.

Et toi aussi, du coup.

Merci beaucoup, Clarence.

Merci à toi.

C'était Première et Dernière fois.

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C'est compliqué et Lieux du sexe.

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vous pouvez envoyer un mail à l'adresse

Merci à Benjamin Septemours et Aurélie Rodriguez

pour la réalisation et le montage.

Merci à toutes et à tous et à très bientôt.


Première & Dernière fois 15 Erstes & letztes Mal 15 First & Last time 15 最初で最後 15 Primeira e última vez 15

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois.

Et pour beaucoup, le cheminement entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus, ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ces confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

Clarence est un homme trans de 24 ans.

Tatoueur à Bruxelles, il nous accueille chez lui pour discuter de son parcours sexuel.

Dans son grand appartement, le chat Kwak nous regarde avec la défiance des chats qui ont

l'habitude de voir passer du monde.

Avant de s'installer au micro, Clarence ne cache pas son stress, et fume ses cigarettes

roulées dans son canapé.

On déplace la table de cuisine au milieu du salon lumineux, deux grands verres d'eau

devant nous, et l'angoisse s'estompe vite.

Pour une meilleure compréhension de cet échange, je vous propose un petit lexique d'introduction.

Je précise que j'ai demandé à Clarence de valider ses définitions.

Trans se dit des personnes ayant une identité de genre différente de celle assignée à

la naissance, en opposition aux personnes cis, qui elles, ont un genre qui correspond

à leur sexe biologique.

Le terme non-binaire désigne les personnes qui ne se reconnaissent pas dans une norme

binaire de genre.

Ces personnes ne sont ni hommes ni femmes, mais soit entre les deux, soit un mélange

des deux, soit aucun des deux.

Bonjour Clarence.

Bonjour.

Alors on va attaquer tout de suite avec ta première fois.

Oui.

Tu avais quel âge à cette première fois ?

J'avais 16 ans.

J'étais au lycée en seconde.

Tu peux nous raconter ce qui s'est passé ? C'était prévu ?

C'était pas prévu du tout.

Ma relation était un peu compliquée avec la personne.

C'était ma première copine.

Elle avait fait un peu du forcing pour qu'on sorte ensemble.

Et je savais pas vraiment si j'étais amoureux.

Maintenant je sais que j'étais pas amoureux.

J'étais juste très admirative d'elle.

Et elle m'impressionnait.

J'étais très flattée qu'elle s'intéresse à moi.

Mais j'étais pas du tout intéressée à ce moment-là à l'idée d'avoir des relations

sexuelles avec qui que ce soit.

Et du coup elle était tout le temps en train de parler de cul et de faire plus ou moins

comme si elle s'y connaissait déjà très bien.

Ce que j'ai compris plus tard n'était pas le cas non plus.

Mais elle essayait de se rassurer elle-même.

Et elle me faisait du pied, machin et tout.

Et je savais vraiment pas comment réagir.

J'étais toujours très mal à l'aise.

J'essayais de faire passer les moments le plus vite possible.

Et sans rien lui dire parce que la communication était assez nulle.

À 16 ans c'est souvent le cas.

À 16 ans mais c'était vraiment zéro communication.

Et puis un jour elle a dormi chez moi, chez mes parents.

Pour la première fois.

Et je sais plus exactement comment ça s'est passé parce que j'ai essayé d'oublier

cet épisode pendant très longtemps.

Mais juste elle voulait visiblement qu'on fasse des trucs.

Et je me souviens juste que j'ai passé 15 minutes à lui tripoter les seins sous son

ordre plus ou moins.

En n'ayant vraiment aucune envie d'être là.

Et c'était très inintéressant.

Et c'était absolument nul.

Et après j'ai réussi à me mettre en boule dans un coin et faire comme si je dormais

tout le reste de la nuit.

Tu fais semblant de dormir.

Voilà.

J'ai un souvenir de lycée qui est un peu comme ça.

Tu dors.

Et après tu réponds pas pendant.

Oui.

On te laisse tranquille.

Ah ça va, c'est très bien que je ne dormais pas.

C'était très gênant.

C'était très gênant.

Alors tu as eu, quand on en a parlé un petit peu avant, tu as eu une seconde première

fois.

Oui.

Qui s'est passée quelques mois après, peut-être six mois après.

J'étais du coup en première.

Toujours dans la classe de cette fille là.

Mais j'avais décidé de sortir avec un garçon de la même classe parce que c'est toujours

une bonne idée.

Et pour le coup, lui, je n'ai pas eu de soucis.

J'ai tout de suite su que j'étais amoureux.

Et du coup, on s'est intéressé naturellement l'un à l'autre, physiquement et sexuellement.

On a eu, comme tout le monde, plein de premières petites fois à la suite les unes des autres.

Je me souviens de la première fois où il m'a mis des doigts.

Enfin, il a mis un doigt et j'ai joui parce que c'était bien.

Je regrette cette époque quand c'était si facile.

Et puis, on a eu notre première fois, telle que c'est censée être.

Donc, première pénétration et tout.

Ça, je ne me souviens pas comme d'un moment particulier.

Je ne me souviens pas avoir été très stressée ni quoi.

Et c'était exactement comme je l'imaginais, c'est-à-dire rapide, pas extrêmement intéressant.

Et puis après, c'était fait.

Mais tu étais excitée, tu en avais envie.

J'étais excitée, j'en avais envie carrément.

Mais juste, même les bisous dans le cou et tout ça, c'était le summum de l'excitation déjà à ce moment-là.

Et du coup, l'acte en lui-même, c'était vraiment pas très intéressant.

Enfin bon, ça a dû durer cinq minutes au maximum.

Oui, c'était pas le plus intéressant sexuellement qu'on ait fait.

Je veux dire, juste le doigt mentionné avant était mieux.

Mais c'était juste intéressant en termes d'intimité parce que ça nous rapprochait aussi.

Et c'était le côté, on a fait notre première fois ensemble, donc il n'y a plus de honte.

Et après, la vraie vie sexuelle n'a plus démarré.

À l'époque, tu te définissais déjà comme bisexuelle ?

Oui, je ne me suis jamais vraiment posé la question parce que j'ai eu la chance, visiblement, d'avoir des parents très ouverts.

Et je ne me suis jamais posé la question, quand je commencerais à m'intéresser à des gens,

est-ce que je vais être homo, est-ce que je vais être bi, est-ce que je vais être hétéro ou quoi ?

Je me suis toujours dit que je m'intéresserais à des gens dans ma vie et je serais amoureuse sûrement des tas de fois.

Et ce sera des gens, et voilà, peu importe quoi.

Tu as précisé que la première fois, donc la première fois avec cette fille, tu n'en avais vraiment pas envie.

Mais c'était quoi la différence ? Il s'est passé juste quelques mois entre les deux histoires.

C'est quoi qui a déclenché chez toi cette envie de le faire ?

Juste le fait de me rendre compte que j'étais vraiment amoureuse de ce garçon.

Elle, je n'arrivais pas à savoir si c'était le cas ou pas.

Mais quand je suis tombée amoureuse de lui, c'était tout de suite évident qu'être amoureuse, c'était beaucoup plus comme ça.

Et que ce n'était pas céder à quelqu'un qui te demande pendant six mois de sortir avec toi,

juste parce que tu la trouves jolie et cool.

Et du coup, vraiment, je ne me suis posé aucune question avec ce garçon.

On a commencé à se voir en dehors du lycée,

on a commencé à se faire des bisous et genre, pareil, ce n'était pas la communication verbale,

mais on savait qu'on avait envie de la même chose tous les deux.

Et tout s'est fait progressivement et très naturellement.

Vous êtes resté longtemps ensemble ?

On a resté trois ans ensemble.

Une grande histoire ?

Une grande histoire de merde.

Ça ne tournait pas bien après ?

Pendant un an et demi, c'était vraiment super.

C'était l'amour de ma vie.

On passait notre temps à niquer parce qu'on adorait ça tous les deux.

Et vraiment, je plains nos pauvres parents parce qu'on habitait tous les deux chez nos parents

et on disparaissait cinq heures pour baiser à tout moment.

Ma mère rentrait du travail,

on était en train de chercher des culottes et des caleçons dans tout l'appartement.

C'était super fou, elle, je pense.

Et puis, au bout d'un an et demi, ça a commencé à devenir compliqué.

Qu'est-ce qui s'est compliqué à cette période-là, au bout d'un an et demi ?

Alors, au bout d'un an et demi, j'ai commencé à ne plus avoir de désir sexuel pour lui.

Et progressivement, en fait, à ne plus être amoureux non plus.

Est-ce qu'à côté de ça, t'avais du désir quand même ?

Est-ce que tu pratiquais la masturbation, par exemple ?

Oui, complètement.

Mais ça, depuis, je pense, mes neuf ans, je me branle un max.

Vraiment, genre, très souvent.

Et particulièrement quand je suis stressée.

Je suis une personne très stressée.

Donc très, très, très souvent.

Et ça n'a rien changé de ce côté-là.

Quand j'étais seule chez moi et que j'avais le temps, je me branlais, globalement.

Mais ça faisait un an et demi qu'on avait construit cette relation.

Ou plutôt qu'il avait construit cette relation de manière très, très étouffante.

En m'excluant pas mal de toutes mes autres relations.

Donc, il était assez manipulateur.

Il était très, très présent.

Il m'envoyait tout le temps des messages.

Si je répondais pas dans la minute, j'avais 15 messages, 3 appels.

Je pouvais pas aller voir ma meilleure amie sans qu'il me fasse une crise de jalousie et qu'il pleure.

Il m'avait créé ma propre petite secte, juste pour moi.

Au point où notre plan, c'était...

Enfin, son plan, mais du coup, voilà.

C'était qu'on aille vivre dans les bois, loin de la civilisation, et qu'on n'en revienne jamais.

Et parfois, je fondais en larmes, genre, chez ma mère, en regardant ma mère et en me disant

« bientôt, je vais plus jamais la revoir » et elle n'est pas au courant.

Voilà.

J'avais obtenu, j'avais réussi à obtenir l'autorisation de prendre un ordinateur et des DVDs

pour ce futur super plan.

Pour pouvoir quand même profiter de sa...

T'as négocié les DVDs ?

Oui, incroyable.

Et en fait, du coup, ben...

J'ai pas voulu le quitter, j'ai pas réussi à le quitter

quand je me suis rendu compte que ça allait vraiment plus.

Parce qu'il me faisait beaucoup de chantage sentimentale,

un petit peu de chantage au suicide aussi,

et j'étais vraiment persuadée que si je le quittais,

il allait se tuer ou finir en dépression, quoi,

et que tout allait être ma faute et que ça allait être horrible.

Donc, j'ai attendu un an et demi de trouver le courage

et j'ai passé un an et demi à subir une relation que je voulais pas,

et...

Enfin, un ton de relation sexuelle que je voulais pas du tout,

mais que j'avais l'impression de lui devoir.

Voilà.

C'est quoi qui a déclenché ce...

Le fait que tu décides que ce soit fini ?

C'était assez rigolo en soi.

Enfin, laisse-moi fais encore rire, alors qu'en fait, tout est horrible, mais...

Chaque été, on partait en vacances ensemble avec sa famille,

à la montagne, dans le sud de la France.

Et ils avaient trois enfants, dont lui.

Donc, une fois, on est partis,

et au retour, il y avait pas de place dans la voiture pour moi,

donc j'ai fait un covoiturage pour rentrer des vacances.

Et dans le covoiturage, il y avait un mec très, très, très mignon.

On a tout de suite crushé fort l'un sur l'autre,

et on a passé un excellent voyage avec eux,

des accidents de voiture et tout, c'était génial.

Bref, un très bon covoiturage.

Ça a pas l'air comme ça, mais c'était vraiment extraordinaire.

Il m'a appris à faire du ukulélé hyper cliché, enfin bref.

Et quand je suis arrivée à Paris, je l'ai revue une fois,

parce que j'avais demandé son numéro à la conductrice,

à qui il avait lui dit que je lui plaisais beaucoup,

donc elle me l'a donné.

Et je l'ai revue une fois, et le crush s'est confirmé.

Et puis, un week-end après,

vraiment une semaine après le covoiturage,

j'étais, comme d'habitude, chez ma mère, avec mon copain dans mon lit,

qui était en train de me dire, comme d'habitude, le petit jeu de genre,

« Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu m'aimes ? »

Ok, ça faisait un an et demi que je répondais,

« Oui, je t'aime, bien sûr », en ne le pensant pas du tout.

Et là, il m'a demandé, et j'ai fait non.

Genre, non, je t'aime pas. Je t'aime plus, c'est fini, et tout.

Et ouais, on a passé deux heures à pleurer toutes les larmes de notre corps

dans ce lit, jusqu'à ce que son père vienne le chercher.

Et j'étais absolument dévastée, parce que même si la relation était horrible,

et je m'en rends compte maintenant, sur le moment, c'était quand même

la personne, la première personne dont j'avais été vraiment amoureuse,

c'était la première personne avec qui j'avais fait des trucs sexuels et tout.

Enfin, c'est la personne à qui j'avais donné le plus de confiance,

et de moi que j'ai jamais donné.

Et du coup, c'était comme enlever un bout de moi.

Et du coup, oui, j'étais en train de pleurer au repas du soir,

dans mes pattes, face à ma maman, et je lui ai dit

que je pouvais pas rester dans l'appart là, parce que c'était trop.

Et du coup, j'ai envoyé un SMS au garçon, du coup, au voiturerage,

et je suis allée dans le marché à lui.

Et j'en suis pas vraiment repartie.

Une nouvelle grande histoire a commencé.

Une nouvelle grande histoire qui a bien commencé et bien mal fini.

On va faire une petite pause maintenant, basée sur le jeu à boire,

Je n'ai jamais, parce qu'on va l'inverser, on va faire J'ai déjà.

Je vais te donner des affirmations et tu vas me dire si ça t'évoque

quelque chose, si t'as des anecdotes sur le sujet ou pas du tout,

ou si c'est des trucs qui te font envie ou pas du tout, c'est possible aussi.

Ça marche. J’ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Non, pas encore, mais j'espère que ça arrivera.

T'en es au stade de l'organisation ou c'est...

Non, je suis au stade où j'ai pas assez confiance en moi pour gérer ça.

Enfin, sexuellement, je suis plutôt le soumis et pas forcément passif,

mais ça reste de ce que j'ai là.

Et du coup, autant j'ai très envie de faire des choses où c'est moi qui prends

entièrement l'initiative, autant j'essaye de grappiller mon courage

là où je peux avant d'y arriver.

Mais c'est un peu très, très envieux.

Mais ça, c'est un grand step.

Oui, mais clairement, c'est dans mes plans de vie futur.

C'est un bon plan de vie.

On ne dit pas assez, mais c'est un très bon plan de vie.

Et effectivement, il faut de la préparation à tous les niveaux.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Ah, ça peut être plein de choses.

Ça va être un gode de michet qui ne va pas, un vibro, une capote, un lubrifiant,

ce que tu veux.

Ou un truc qui, à l'origine, n'était pas du matériel prévu pour, c'est possible.

Non, vraiment pas.

Il y a sûrement mon vibro qui a dû s'arrêter plein de fois en plein milieu

parce qu'il a une durée de vie très nulle.

Mais non, je crois pas.

Matériel différemment, oui.

Genre, rompre un frein, c'est matériel en soi.

Il va falloir que tu nous racontes un peu plus comment ça s'est passé.

Ça serait bien, écoute, j'étais juste avec un de mes amoureux en train de baiser.

À un moment donné, on s'est rendu compte qu'il y avait du sang partout

et que ça ne provenait pas de moi.

Et il n'avait pas senti grand chose, juste il saignait du frein abondamment.

C'était pas vraiment le bon moment parce qu'on venait de baiser dans à peu près

toute la maison de sa mère et on en était actuellement à l'évier de la cuisine.

Donc, il y avait du sang un peu partout.

Et on a commencé à se faire des baisers.

Donc, il y avait du sang un peu partout.

Donc, il n'avait pas trop mal et tout, ça va.

Il me semble qu'on a continué.

Qu'on a essayé.

Mais puis après, on s'est dit qu'on allait juste nettoyer.

Et aller voir un médecin ou quoi ou non ?

Non, je pense qu'il n'était pas rompu.

Je sais pas, il était juste abîmé.

Mais ça lui était déjà arrivé.

Et visiblement, comme ça lui faisait pas mal, il avait décidé de ne pas consulter

et de rester seul avec ses 10 litres de sang par terre.

Écoute, c'est la première fois que tu me la racontes.

Donc, j'allais te demander justement, il paraît que ça saigne beaucoup.

Mais bon, tu es proche.

Oui, ça saigne beaucoup.

Et on peut dire que c'est du matériel.

Je suis tout à fait prête à dire que c'est du matériel.

Effectivement.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sax.

Oui, ou à peu près n'importe quoi.

Mais oui, principalement pendant le cunni ou la fellation.

J'ai tendance à penser à autre chose.

Le cunni, parce que ça me fait pas un effet extraordinaire.

Donc, mon esprit peut vagabonder librement.

Quand tu reçois, du coup.

Oui, quand je reçois.

Et les fellations, parce que autant j'adore randonner, autant je peux aussi faire ça

et penser à des tas de choses à la fois très différentes.

Tu crois que le partenaire s'en rend compte ?

Je sais pas.

J'en ai déjà parlé avec mon dernier partenaire et que ça arrive aussi de penser à autre

chose parfois durant le sexe.

Mais ça me paraît assez normal, je pense.

Et puis avec le stress et la vie et les trucs, évidemment.

Oui, t'as toujours un truc à te penser.

C'est pas honteux.

Non.

C'est pas forcément un signe que tu t'ennuies non plus.

En tout cas, moi, c'est jamais vraiment quand je m'ennuie particulièrement.

C'est juste que mon esprit se promène aussi parce que je suis relâchée.

C'est plutôt gentil.

Oui, on sait une façon de voir les deux bons signes.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Non, ça m'est jamais arrivé.

Alors, même quelqu'un de connu, par exemple une célébrité.

Non, absolument pas.

Je suis désolée.

Ah mais non, mais je veux juste...

Il y a vraiment deux écoles.

Il y a les gens qui ont déjà pensé ou pas pensé à quelqu'un, genre leur voisin

ou un ex ou quelque chose comme ça.

Et il y a des gens qui tout de suite partent sur des trucs de célébrité.

Oui, ok.

Alors, dans un certain sens, j'ai déjà pensé à un ex, mais pas d'une bonne manière.

Juste un trauma lié à cet ex-là.

Et du coup, il y a certaines positions, je sais pas pourquoi ça s'est focalisé là-dessus,

mais certaines positions dans le cul où je bloque et je vois sa gueule.

Je prends ça, cette position-là.

Et en général, du coup, je peux pas continuer.

Donc, j'y pense, mais pas d'une manière...

Positive.

Positive du tout.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

C'est quoi, pas prévu pour ?

Alors, effectivement, on peut définir le pas prévu pour.

Des endroits publics, des endroits fermés, mais publics quand même.

Genre des toilettes d'endroits, par exemple, ou la nature.

En gros, tout ce qui n'est pas ton domicile direct.

Non, pas vraiment.

Enfin, s'il y a un peu le truc cliché, mais c'est déjà arrivé.

Tu sais, quand tu te frottes dans le bus, là...

Alors...

Je sais pas, il y a plein de gens qui en parlent.

Donc, pour moi, je me dis...

Il va falloir de nouveau que tu nous définisses un petit peu cette histoire.

Mais non, mais...

Tu portes un jean, ça frotte sur ton clitoris, t'es dans le bus, il y a les vibrations, t'es

en train de rentrer chez toi, t'en as marre.

Tu viens de rentrer des cours et tu t'emmerdes.

Et du coup, tu te frottes un peu.

Ça fait pas ça, le temps.

Je vois tout à fait.

Je ne pratique pas, mais parce que je prends un peu le bus.

Mais là, du coup, je commence à y réfléchir.

Alors, moi, on n'a jamais trop parlé, évoqué de cette manière-là.

Mais je trouve ça très intéressant.

Et pour le coup, ça nous sort une vraie idée originale.

Alors par contre, je vais préciser que contrairement aux gens qui se frottent contre des gens

dans le métro, là, ce type de masturbation, c'est évidemment avec soi-même.

Évidemment, je ne touche rien, mais je ne me touche même pas avec mes mains.

C'est juste le jean, la couture.

Tout va bien.

Et la vibration du bus, ça aide.

J'imagine qu'on espère un peu les dos d'âne et tout.

C'est un peu ça aussi.

Mais c'est un peu la même chose que quand t'es à vélo et tu sais, la salle.

C'est classique.

En fait, c'est une stimulation qu'on peut avoir n'importe quand.

Selon la tenue qu'on porte et tout.

J'ai déjà éjaculé.

Oui.

C'était bien.

Ça m'est arrivé plusieurs fois.

Et oui, je trouve ça très mignon.

Enfin, c'est satisfaisant, c'est drôle.

Après, c'était bien parce que ça arrive surtout quand tu te fais doigter, genre d'une

certaine manière.

Et à un moment où tu dois être très relâché justement et pas crispé.

Donc, c'est forcément un chouette moment.

Mais par contre, c'était une éjaculation, mais ce n'était pas un orgasme à chaque

fois.

La plupart du temps, ce n'est pas moi qui m'en rends compte.

C'est la personne qui est avec moi.

Et c'était volontaire ou c'était prévu ?

Alors, ce soir ?

Absolument pas, non.

Non, ça arrivait une fois par hasard dans ma dernière relation.

Et depuis, ça est arrivé quelques fois.

Mais c'est des déjaculations.

J'espère qu'un jour, je pourrai éjaculer à la gueule de quelqu'un.

Violemment.

Alors, le truc qu'on dit quand c'est comme ça, c'est que si on prévoit le truc et qu'on

veut vraiment que ce soit violent, il faut boire un demi-litre d'eau avant le rapport

sexuel.

Ça marche mieux.

Oui, je me doute, mais enfin...

Il faut vraiment prévoir le truc.

Ça doit être un objectif, un projet de vie.

Mais je n'aime pas mettre des objectifs à l'avance là-dessus.

On peut comprendre.

Augmente ta consommation d'eau en général.

Oui, je m'y pensais.

Mais du coup, par hasard, ça ne peut pas.

Donc après une longue histoire de trois ans, à commencer avec celui qu'on appellera le

type du covoiturage, qui est le type au ukulélé.

Une deuxième grande histoire.

Comment ça s'est passé cette histoire ?

Ça a été plus condensé cette fois-ci, puisque ça a duré un an.

Donc, je pense que ça a duré sept mois où c'était très, très bien.

Pareil, c'était très sexuel et assez fusionnel.

Enfin, je vivais toujours chez ma mère, mais j'étais globalement tout le temps chez lui.

Et on baisait tout le temps.

Parce que voilà.

Et puis pareil, au bout d'un moment, j'ai commencé à ne plus avoir envie.

Et ça suit le même schéma globalement.

Donc, je n'avais plus envie.

Donc, je ne lançais plus rien.

C'était lui qui prenait l'initiative à chaque fois.

Et puis, je disais que je n'avais pas envie au début.

Et puis après, c'est genre...

Ah, mais je t'aime.

Ah, mais tu ne sais pas comme tu m'excites de ouf.

Donc, du coup, tu finis toujours par le faire.

Sorti de la culpabilité qui ne devait pas être là.

Jusqu'au jour où ça s'est passé comme ça.

J'avais dit non pas mal de fois.

Et du coup, il était en train de faire son truc.

Puisque je ne participais absolument pas.

Et je me suis rendu compte que ce n'était pas normal.

Et j'ai frisé.

J'avais plus de réaction du tout.

J'avais juste mon cerveau qui était là en mode alerte.

Ce n'est pas normal.

Du coup, il a fini son truc.

J'étais absolument inerte.

Et je suis partie.

Je suis rentrée chez moi.

Et tout le trajet, j'étais vraiment en train de me dire que c'était...

Que je venais de me faire violer.

Et c'était horrible de sortir ce moment-là.

Et du coup, qu'il fallait que je fasse quelque chose.

Donc, je lui ai donné rendez-vous le lendemain pour lui en parler.

Parce que j'avais l'impression qu'il ne se rendait pas compte de ce que ça impliquait

pour moi.

Et puis du coup, on a eu rendez-vous le lendemain.

On est allé au cinéma.

A mon avis, ce n'était pas mon idée.

C'était la sienne.

Parce qu'il n'a pas dû capter quand je disais qu'il faut qu'on se voit demain.

J'ai un truc à te dire.

Que c'était grave.

Donc, il s'est dit qu'il en a profité pour en faire un petit date normal.

On est allé au cinéma.

Et du coup, j'en ai parlé dans la salle.

Assis côte à côte, dans le noir.

Avant le temps dans les pubs, je pense.

Ouais.

Ou avant.

Mais moi, j'étais hyper mal, forcément.

Et je me sentais aussi super mal de lui dire.

Parce que j'avais peur qu'il le prenne mal.

J'avais peur qu'il me dise aussi que j'avais complètement imaginé le truc.

J'étais sûre de ce qui s'était passé.

Mais je n'étais pas sûre de moi du tout quand même.

Et du coup, je ne pense pas que j'ai dit le mot viol.

Mais je lui ai dit que ce n'était pas normal ce qui s'était passé.

Et que ça me mettait très mal.

Et dans mon souvenir, il a répondu quelque chose comme

« Ah désolée, je ne savais pas, je ferai plus gaffe la prochaine fois. »

Et je n'ai rien trouvé à répondre.

Donc on a regardé ce film, qui est un film que j'adore.

Donc c'est bien.

Tu vas me dire ce que c'est.

Je crois...

C'est un Mission Impossible, je ne sais plus le combien.

J'adore ce film, il est trop bien.

Ça t'a pas...

Bon, alors au moins le film...

Je l'ai revu un milliard de fois, je l'adore.

Ça ne m'a pas gâché le film.

Ça c'est bien, ça c'est le plus important.

Mais ça s'explique aussi probablement par le fait que du coup,

on est sortis du cinéma.

Du coup, lui, il avait décrété que tout était comme d'habitude.

Donc tout était comme d'habitude.

Et en fait, j'ai complètement oublié cette histoire.

D'accord.

Pour tout le reste de notre relation.

Je m'en suis souvenue plus tard, un an après.

Et donc du coup, je l'ai quitté quelques mois après

parce que je n'avais vraiment plus de sentiments.

En voulant rester bonne amie avec lui.

Et je me souviens, j'ai retrouvé des messages sur Facebook.

Les derniers messages que je lui avais envoyés en disant

je suis vraiment, enfin, je suis trop triste et trop désolée

de ne plus avoir de sentiments.

Parce que c'était vraiment une super personne.

Machin et tout.

À un moment, mon cerveau a fait le déni mais fois mille.

D'ailleurs, on s'est revus une ou deux fois après.

Et il me parlait du fait que sa nouvelle copine,

c'était pas comme moi et qu'il aimerait tellement

qu'on refasse des trucs ensemble.

Mais bref, une grosse merde en fait.

Mais je ne sais pas, je l'avais oublié du coup.

On voit souvent les choses un peu différemment à posteriori.

Surtout, on prend du recul sur les choses et c'est toujours pour le mieux.

On se rend vraiment compte de ce qu'on ressent

quand on n'est plus sous emprise, quand on n'est plus le nez dedans totalement.

Et puis, le viol conjugal, c'est tellement compliqué à appréhender

parce qu'on a estimé même pendant des générations

que c'était quelque chose de normal, que ce n'était pas du tout un viol.

Heureusement, là, de plus en plus, on commence à en parler.

Les victimes en parlent.

Et puis, les enfants de victimes aussi.

Enfin, je veux dire, même dans le cadre de la famille, ça sort.

On n'estime plus

qu'on doit des choses sexuellement à son partenaire ou à sa partenaire.

Déjà, le voir qu'on l'a vécu

et qu'il ne faut pas que ça se reproduise, c'est déjà un bon pas

vers aller mieux après.

Et puis, trouver mieux, même dans son couple.

Je pense que se dire au premier non, si la personne commence à négocier,

clairement, ça ne sent pas bon.

Pendant longtemps aussi, je me suis dit

genre, j'ai appris de la manière difficile, mais au moins maintenant, je sais.

Mais en vrai, ça laisse tellement de trauma et de fragilité

et ça complique tellement les choses que je préférais quand même

que ça ne soit pas arrivé, forcément.

Et on le souhaite honnêtement à personne.

Enfin, il ne faudrait pas que ce soit fondateur pour qui que ce soit.

C'est ça.

Et ça, ce n'est pas vraiment genre...

Peut être que ça apporte plus de compréhension sur les relations

et plus de sensibilité au niveau du consentement et de

dans quoi tu t'engages quand tu as une relation sexuelle

ou amoureuse ou les deux avec quelqu'un.

Mais c'est vraiment trop de fragilité supplémentaire.

Mais après, du coup, ça fait partie de toi.

Et c'est aussi une force.

Être un survivant, c'est quelque chose aussi de particulier.

Et ça place aussi qui tu es aujourd'hui, en fait.

Donc, c'est une histoire.

Quelques temps après, alors que tu avais passé

littéralement toute ta vie jusque là à croire que tu étais une femme cis,

tu t'es rendu compte que ce n'était pas le cas.

Oui. Qu'est ce qui s'est passé pour que tu...

Pour que tu mettes enfin des mots là dessus?

Alors, je pense que c'est lié à cette histoire.

Parce que du coup, comme je disais, un an après, je suis sortie du déni.

À ce moment là, j'habitais à Bruxelles avec

un autre copain que j'ai rencontré après.

Et je vivais ma petite vie tranquille.

Et du jour au lendemain, mon cerveau m'a dit tiens, il y a un an, tu t'es fait violer.

Bon courage pour dealer avec ça.

Et ça a été très difficile parce que du coup, j'avais pas de trauma ou rien.

Tout est arrivé à ce moment là.

Et comme j'étais assez isolée à ce moment là,

enfin j'étais avec mon copain, il était très chouette et tout,

mais je voyais pas énormément de monde à Bruxelles.

Et donc, j'ai commencé pour m'auto aider avec cette histoire là,

à regarder plus de trucs sur Internet, à plus m'intéresser au féminisme,

même si j'étais déjà là dedans.

Et en fait, en découvrant un peu tous les milieux militants et tout.

Et donc, du coup, ce qui m'a beaucoup aidé à accepter que c'était vraiment un viol

et à réussir à m'en sortir, ça m'a aussi permis de découvrir le milieu queer

et des tas de termes dont j'avais pas connaissance avant du tout.

Et à ce moment là, je suis tombée sur la définition de la non-binarité.

Et j'étais là, oh, mais c'est moi.

En fait, il y a d'autres personnes qui ressentent ça et c'est incroyable

parce que je pensais que c'était dans ma tête et que c'était juste que

j'appréciais pas le fait qu'être une femme, ça veut dire dans la société

devoir avoir tel ou tel comportement.

Mais c'était au-delà de ça.

Et du coup, oui, à ce moment là, j'ai découvert que j'étais non-binaire.

Ça a pris du temps quand tu as mis ce mot là, ça a changé des choses chez toi.

Tu t'es dit c'est une libération et ça t'a pris un an, deux ans

pour même changer, je sais pas moi, physiquement, changer des choses dans ta vie,

changer des choses dans ta vie sentimentale et sexuelle ou pas du tout.

C'était genre déjà totalement ce que t'étais et du coup, t'as juste mis une étiquette dessus.

Pour moi, c'était totalement ce que j'étais.

Et effectivement, du coup, j'ai juste eu le terme pour savoir qui j'étais.

Et j'étais vraiment très content.

Ça m'a vraiment beaucoup, beaucoup aidé à ce moment là où du coup,

avec cette histoire de viol, ça n'allait pas super bien.

Et du coup, j'en ai parlé aussitôt à des personnes proches de moi

et j'ai fait un coming out hyper rapidement.

Et pour moi, tout ce qui concerne le reste sur l'apparence ou quoi,

ça n'a pas de lien avec ça.

Parce que là, avant, j'avais effectivement une apparence

qui est plus classiquement féminine que maintenant.

Mais pour moi, ça n'a pas de lien.

C'est une histoire de goût personnel, de praticité.

Aucun lien avec le genre.

T'étais en couple à ce moment là ?

Oui, j'étais en couple avec ce garçon à Bruxelles.

Et je lui ai pas dit tout de suite, je pense.

Enfin, j'ai dû.

Enfin, j'ai peut être attendu un mois ou deux, le temps de m'acclimater

moi-même à l'idée et d'en parler à quelques autres personnes

en qui j'avais confiance.

Plus d'autres, j'imagine ?

Non, mais juste lui, comme c'était plus ou moins la personne la plus proche de moi,

j'avais quand même une petite appréhension.

Après, lui, c'était pas du tout quelque chose qu'il connaissait ou quoi.

Donc, il a mis longtemps avant de se faire à l'idée.

Enfin, il avait rien contre, mais

avant de savoir utiliser les pronoms correctement, etc.

Maintenant, c'est bon.

Enfin, c'est un ami et c'est un très bon ami.

Il y gère, mais ça prend du temps.

Parce que du coup, quand tu as mis cette étiquette non binaire,

t'as changé de pronom, t'as décidé de changer de pronom tout de suite ?

Oui, j'ai tout fait d'un coup.

J'avais pas le temps.

En non binaire, t'as choisi le pronom masculin ?

J'avais choisi un pronom neutre, donc IEL.

Mais après, c'est plutôt à l'usage ou comme j'avais

et j'ai toujours la plupart du temps une apparence jugée féminine.

Les gens, en premier abord, vont me genrer au féminin.

Donc, j'ai commencé à demander à toutes les personnes qui me connaissent

de faire masculin pour faire une petite balance entre les deux.

Mais ça, c'est à l'usage, du coup, c'est au temps.

C'est avec le temps.

Est-ce que ça a changé quelque chose sexuellement pour toi ?

Est-ce que ça a été libérant, par exemple ?

Je saurais pas vraiment dire parce que du coup, le problème,

étant que j'ai découvert ça en plein...

En pleine relation ?

En pleine relation.

Et puis en pleine...

Oui, traumatisme.

En plein dédainé, donc en plein traumatisme.

Et du coup, pendant six mois, j'ai pas pu avoir de relation sexuelle

à cause du traumatisme.

Et le temps que ça passe, ma transition sociale, par exemple, était faite.

Et donc, j'ai pas vraiment eu le sentiment que ça ait influé sur ma vie sexuelle du tout.

Alors que du coup, me remettre du traumatisme, ça, ça a influencé

forcément énormément sur ma manière de relationner

avec les gens sentimentalement et sexuellement.

Pour le mieux ?

Oui.

T'écouter plus ?

Oui.

Et tes limites ?

Oui, bien sûr.

On va faire notre deuxième petit jeu sur les oeuvres qui composent ton imaginaire sexuel.

Je vais encore une fois te citer des affirmations, des bouts de phrases,

et tu vas me dire ce que ça t'évoque.

Est-ce que ça...

Il y a une petite histoire qui va avec, souvent quand même.

Il y a toujours une petite histoire.

OK.

Le livre qui m'excite ?

Il n'y a pas vraiment de roman ou quoi qui m'excite.

Par contre, j'ai acheté, je me suis offert il y a quelques mois

un livre aux éditions Tachaine, de dessin de Tom of Finland.

Et qui est donc un mec qui a créé un énorme imaginaire visuel

gay autour des figures hyper viriles et hyper stéréotypées,

vraiment un peu jusqu'au ridicule.

Et c'était une imagerie qui ne m'intéressait pas du tout avant.

Enfin, où je m'étais dit qu'il ne fallait même pas que je m'y intéresse,

parce que je me considérais comme une meuf cis et c'était adressé à des mecs gays.

Comme maintenant, j'apprivoise l'idée d'être un mec

et d'avoir des tendances plutôt homosexuelles,

biromantiques, mais homosexuelles.

Du coup, je me suis dit bon, vas-y, on va regarder,

parce qu'en fait, ça peut m'être adressé et ça me plaît vachement.

Tu t'es jetée dans le vif du sujet, parce que dans Tom of Finland,

on est dans une imagerie très baire,

avec des personnages qui sont très poilus, très musclés,

qui portent beaucoup de cuir.

Le cuir c'est bien.

Il y a un petit côté Village People dans son imaginaire.

C'est le cuir moustache.

Totalement cuir moustache, mais très beau.

Et puis pour ceux qui aiment ce style, le mangaka Gangoro Tagame

a un petit peu le même imaginaire, avec ce genre de personnages baires aussi,

et ses dessins qui sont très explicites.

Donc si tu aimes, je t'envoie vers ce...

Je connais pas, mais je suis une pingue.

Voilà, tout à fait.

Le film qui te fait vibrer ?

Les Aliens.

Principalement le 3, où ils sont sur une espèce de planète prison.

Bon, c'est juste Ellen Ripley avec les cheveux rasés.

Alors on est obligé de préciser maintenant que tu as les cheveux rasés.

Oui, mais alors attends, faut pas le dire.

Si, tu peux le dire, mais c'est juste...

J'ai une fascination pour les gens aux cheveux rasés, sauf moi.

Moi j'ai les cheveux rasés parce que c'est pratique et confortable.

Mais ouais...

Ripley c'est quelque chose.

Ripley avec les cheveux rasés, c'est vraiment quelque chose.

Et le petit Marcel Blanc là.

Oui.

Et puis il y a le côté aussi, genre je sais pas,

dans les Aliens où ils sont un peu toujours enfermés quelque part, un peu confinés.

Ça met beaucoup plus de tension partout.

Je sais pas, même les Aliens ils sont super sexuels.

Enfin, ou alors c'est moi.

Tu trouves les Aliens sexuels ?

Oui.

Après ils sont baveux.

Non, ils sont dégueulasses.

Mais...

C'est ça, ça m'évoque.

Ils sont dégueulasses, mais tu vois par exemple l'image hyper connue

où elle a la tête de l'Alien juste à côté.

Ils sont très proches et où il y a un moment d'attente comme c'est tout.

Enfin pour moi c'est presque sexuel.

Alors après il y a un truc aussi avec les oeufs, en l'occurrence les oeufs d'Aliens

qui sont une référence directe au sexe féminin.

Donc oui bien sûr, mais c'est vrai que ça...

Mais c'est moite un peu.

Il y a tout un truc comme ça.

C'est la première fois qu'on me le cite,

mais j'accepte avec grand plaisir.

Je vais les revoir autrement.

L'image qui me donne des frissons de plaisir.

Il n'y a pas d'image en particulier,

mais du coup comme tu m'as posé la question un peu avant,

j'ai réfléchi et si il y a un truc qui marche bien avec moi.

Bon c'est un peu bizarre,

mais c'est genre les images de fruits ouverts.

Je sais pas pourquoi,

mais il y a je sais pas un ou deux ans,

c'était la mode en photo.

Il y avait des shootings tout le temps avec une modèle

au milieu de plein de fruits en mode buffet comme ça.

Et avec du jus qui dégouline,

des fruits écrasés sous les coudes

ou en train de mordre dans une orange ou un truc.

Et genre je sais pas, ça me parle.

Enfin ça touche tous les sens en même temps.

Genre je peux tout de suite imaginer la texture des fruits,

l'odeur, le goût et genre le jus qui coule partout et tout.

Pareil, c'est très littéral et ça marche très bien.

Donc je suis très excitée par les images de pamplemousse.

Eh bien écoute, en plus c'est le choix d'iconographie

qu'on a décidé d'avoir pour première dernière fois en l'occurrence.

Ouais, pour...

Comme on peut pas montrer les gens,

on a choisi à chaque fois des images liées à la nourriture.

Donc en l'occurrence du miel, une banane.

Ah bah oui, ça c'est l'image classique.

Voilà, donc on a utilisé cette imagerie aussi

qui nous parle évidemment beaucoup.

Le parfum qui réveille mes sens.

Alors c'est mon parfum.

C'est pour ça que je l'ai acheté.

C'est mon parfum d'hiver.

C'est Claire de Musque de Serge Lutens.

Je trouve ça drôle parce que c'est un parfum,

quand tu regardes les descriptions

sur tous les sites de connaisseurs de parfums et tout,

qui est jugé très sage et un peu froid

et un peu le parfum des personnes françaises.

Et je trouve que c'est pas du tout le cas.

Je le trouve très sexuel, mais genre en sous-ton,

c'est subtil, c'est très subtil.

Principalement parce qu'il y a du musque.

Et genre, c'est la meilleure odeur du monde.

Hyper animal à la base, forcément.

Et ça se marie, je trouve ça se marie trop trop bien

avec les odeurs de la peau, ça les fait ressortir.

Et pour moi, du coup, c'est hyper sensuel.

C'est intéressant parce qu'il y a des gens

qui aiment le parfum de l'autre,

comment il se développe dans le sexe.

Et du coup, toi, tu amènes le parfum

dans la relation et le rapport.

Tu parlais du fait d'être un peu,

pas passif, mais quelque chose un peu comme ça.

Alors que là, c'est super actif.

Tu sais ce que t'aimes et tu l'amènes.

Après, c'est probablement très aiguë,

mais je me l'amène à moi en premier.

J'aime juste être dans cette odeur-là.

Mais c'est important.

C'est hyper bien, même.

La musique qui me met le mieux dans l'ambiance.

Il y en a-t-il une déjà?

Oui, il y en a environ 12 000, je pense.

Parce que, enfin c'est dur à dire,

parce que je suis très sensible,

je suis très sensible à l'ambiance.

Je suis très sensible aux ambiances,

déjà dans les musiques.

Et puis je suis très souvent horny.

Après, c'est dur de savoir

ce qui est venu en premier.

Toutes les musiques ont l'air sexuelles.

Un peu, mais s'il fallait réduire,

je pourrais me limiter à quatre.

Alors déjà, est-ce que t'écoutes de la musique

pendant le sexe?

Pas spécifiquement, pas fait exprès,

mais ça arrive souvent

qu'il y ait de la musique qui tourne en fond chez moi.

Donc oui, ça peut arriver.

Alors c'est quoi ces quatre morceaux?

Le premier, c'est Toxic, de Britney Spears.

Forcément.

Et le deuxième qui va avec, pour moi,

c'est Make Me Feel, de John El Money.

Parce que c'est des musiques qui parlent de cul

et qui sont assez euphorisantes.

Donc c'est le cul joyeux.

T'as envie d'y aller, tu vois.

Et en ambiance qui me correspond

un peu plus sombre.

Sinon, j'aurais tendance à dire Take Me To Church,

de Ozzy.

Et la deuxième, ce serait une reprise

de I'm On Fire,

par Bad For Lushes.

Elle est très belle.

On fera une petite playlist.

Alors on a parlé de ta première fois,

on a parlé de ce qui s'est passé,

des années qui se sont passées

jusqu'à aujourd'hui.

Maintenant on va évoquer ta dernière fois,

au moment où on se parle.

Et c'était quand?

C'était hier.

Félicitations.

Alors c'était avec qui?

Avec une de mes relations amoureuses

que j'ai depuis...

Deux ans?

C'est vrai que quand on a préparé cette émission,

tu m'as précisé que tu étais polyamoureuse.

Donc ce qui veut dire que tu as...

Enfin, que tu es capable

d'avoir plusieurs relations

simultanées.

Sexuelles ou pas.

Et là en l'occurrence, tu es dans des relations polyamoureuses.

Donc avec...

une personne non-binaire,

c'est bien ça.

Une femme cis.

Et là en l'occurrence, c'était, j'imagine, avec la personne non-binaire.

Effectivement, vu que...

avec ma copine,

qui est une femme cis,

on a une relation plutôt platonique.

Donc c'était avec l'autre personne, forcément.

C'était prévu?

C'était prévu, parce qu'elle était chez moi

et qu'on baisse tout le temps.

Donc en soi, oui, on peut dire que c'était prévu.

C'était bien?

C'était très bien. C'était aussi bien que celle

d'un peu plus tôt dans la journée.

Ou du soir d'avant, je sais plus.

Mais oui.

Ça fait deux ans que vous êtes ensemble. Le sexe a changé

depuis deux ans?

Ça fait deux ans qu'on se fréquente et qu'on couche ensemble.

Mais ça fait un an qu'on est ensemble.

Ça a un petit peu évolué,

oui, quand même, on peut dire, parce que...

Au début, forcément,

il y a le moment de la découverte

où on s'apprivoise un peu et...

on essaye de voir qui aime quoi

et tout.

Et en fait,

jusque-là, j'avais été quasiment qu'avec...

Enfin, j'avais des relations sexuelles

quasiment qu'avec

des mecs cis

qui avaient du sexe assez normé.

Et oui, ils avaient probablement peut-être envie

d'autres choses aussi, mais les choses ont fait

que les conversations ne sont pas forcément arrivées

ou quoi. Et moi, j'ai toujours eu

un intérêt pour la soumission

et j'ai toujours plus ou moins essayé de le pousser

un petit peu dans mes relations, mais

ça prenait pas forcément...

Ou c'était pas vraiment le délire de la personne en face,

donc j'insistais pas non plus.

Et là, avec la personne

avec qui je suis,

ça prend beaucoup plus.

C'était le cas hier soir, du coup ?

Hier soir, c'était... tranquille, posé.

On dit vanille, du coup, quand c'est pas...

Oui, oui, c'était...

Dans le spectre BDSM.

Est-ce que t'as pris du plaisir ?

Oui, j'ai eu un orgasme, et ça m'arrive pas si souvent.

Donc c'était bien.

Enfin, même sans orgasme, ça aurait été très bien.

Est-ce que, en dehors du coup, des conversations

que vous avez sur qui a envie de quoi

et quelles sont vos envies

et là où vous avez du plaisir,

est-ce que ça change quelque chose,

le sexe avec une personne non-binaire,

dans ton expérience ?

Non.

Je sais pas, je trouve que c'est une question très très compliquée.

Parce que j'en suis déjà,

juste moi, à m'interroger,

genre, est-ce que moi, le fait d'être une personne trans,

ça change mes relations sexuelles ?

Et du coup, alors, impliquant l'autre personne,

je saurais pas dire, parce que

je vois pas une différence fondamentale.

C'est juste que c'est...

En dehors du fait des non-binaires,

c'est une personne avec qui c'est facile de communiquer,

et avec qui on peut avoir des relations,

enfin, des conversations saines sur ce qu'on veut et tout.

Donc forcément, les choses sont bien plus développées

que dans d'autres relations sexuelles

et amoureuses que j'ai pu avoir.

Et plus riches, fatalement.

Et plus riches, forcément.

Mais pour la non-binaireité,

je saurais vraiment pas dire si ça change quelque chose.

Tu es en couple aussi avec une femme,

cis, et tu as précisé que la relation était platonique.

Est-ce que c'est un choix de ta part, de sa part,

ou l'histoire s'écrit comme ça pour l'instant ?

C'est un choix de ma part,

enfin, qu'elle a validé, donc forcément.

Ça avait commencé en n'étant pas forcément partie pour être platonique.

Mon passé avec les filles fait que...

Elle me terrifie.

Absolument.

Donc déjà qu'on soit ensemble, c'est assez extraordinaire.

Parce qu'elle est trop chouette et tout, mais...

Mais le cul avec des filles, ça me terrifie un petit peu.

Ta vie sexuelle a commencé il y a 8 ans.

Donc à l'époque, tu étais...

Enfin, tu étais beaucoup moins sûre de ce que tu étais.

Ou en tout cas, tu étais sûre de quelque chose que tu n'es plus aujourd'hui.

Est-ce que ton rapport au corps a changé, à ton corps, à toi ?

Est-ce que tu te sens mieux maintenant ?

C'est complexe.

Parce que, comme on disait tout à l'heure,

l'ensemble de mauvaises histoires que j'ai eues

fait que j'ai beaucoup plus de fragilité,

mais en même temps, à partir du moment où j'ai réussi à dépasser le gros du trauma,

j'étais déjà très fière de moi.

Et je l'ai fait en essayant de m'apprécier plus qu'avant,

de m'accorder plus de crédit,

de m'écouter vraiment pour savoir quand j'ai envie des choses,

et si j'en ai pas envie, c'est pas grave.

Et du coup, je trouve la vie sexuelle et le rapport au corps

toujours archi-complexe,

mais ce sera toujours comme ça.

J'ai toujours l'impression d'être de cycle en cycle,

d'avoir l'impression de comprendre quelque chose,

et puis en fait, il y a encore des tonnes, des milliards de choses à comprendre,

parce que tout dépend des relations, des personnes avec qui t'es aussi.

Mais là, je suis en train d'explorer, du coup,

de me questionner sur est-ce que le fait d'être un mec trans,

ça change quelque chose ou ça va changer quelque chose dans mes relations ?

Quelle part de ma vie sexuelle vient de l'habitude d'avoir été élevée comme une meuf cis ?

Quelle implication ça a dans ce que j'aime,

et dans ce que j'accepte ou pas dans mes relations ?

C'est hyper complexe.

Mais sauf que maintenant, je le vois de manière beaucoup moins angoissée ou flippante.

C'est genre juste, il y a plein de choses à voir,

et tant qu'on fait attention à soi, ça va bien se passer.

C'est une bonne conclusion, je trouve,

parce que ça laisse devant toi tout un terrain d'aventure qui est quasiment infini.

Et puis on se rend compte que vu comment on est éduquée,

vu la société dans laquelle on grandit,

avant de commencer à faire quoi que ce soit,

il faut d'abord déconstruire pas mal de trucs.

Et quand on est féministe, on se rend compte de ça aussi,

que là, tout commence par une déconstruction.

Alors, c'est pas toujours très joyeux, simple, et puis facile.

Mais en fait, une fois qu'on a déconstruit,

quoi qu'on ait déconstruit, c'est quand même vachement libérateur,

et on essaye des trucs super.

Mais aussi la déconstruction, elle continue toute notre vie.

Ça c'est sûr.

Ça sera toujours plein de choses à apprendre.

Mais c'est chouette.

On va être beaucoup plus riches après.

Et toi aussi, du coup.

Merci beaucoup, Clarence.

Merci à toi.

C'était Première et Dernière fois.

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Merci à Benjamin Septemours et Aurélie Rodriguez

pour la réalisation et le montage.

Merci à toutes et à tous et à très bientôt.