×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Meg va à la foire aux vanités IX

Meg va à la foire aux vanités IX

« C'est qu'il est bon d'être tranquille et de ne pas avoir toujours à prendre des airs de cérémonie, dit-elle à Jo. Notre « chez nous » me paraît délicieux, quoiqu'il ne soit pas très beau.

– Je suis contente de vous entendre dire cela, ma chère Marguerite, lui dit sa mère qui avait entendu son aveu, j'avais peur que notre chez nous ne vous parût triste et laid, en comparaison de la belle maison que vous venez de quitter. »

Mme Marsch, depuis son retour, l'avait plusieurs fois regardée avec anxiété, car les yeux maternels découvrent vite les changements qu'apportent les choses dans l'esprit ou les manières de leurs enfants.

Meg avait raconté gaiement ses aventures et avait dit et redit combien elle s'était amusée ; mais quelque chose semblait encore peser sur son esprit, et, lorsque Beth et Amy furent allées se coucher, elle resta à regarder pensivement le feu, parlant peu et paraissant ennuyée. Lorsque neuf heures sonnèrent et que Jo proposa de remonter dans leur chambre, Meg se leva subitement et, prenant le tabouret de Beth, elle appuya ses coudes sur les genoux de sa mère et lui dit bravement :

« Chère mère, il faut que je me confesse.

– J'attendais ce bon mouvement ; parlez, ma chérie.

– Faut-il que je m'en aille ? demanda discrètement Jo.

– Naturellement non. Est-ce que je ne vous dis pas toujours tout ? J'avais honte de parler devant les enfants, mais je veux que vous sachiez les choses terribles que j'ai faites chez les Moffat.

– Nous sommes préparées à écouter, dit M me Marsch qui, tout en essayant de sourire, paraissait quelque peu anxieuse.

– Je vous ai dit qu'on m'avait déguisée, mais je ne vous ai pas dit qu'on m'avait poudrée, serrée, frisée. Laurie a pensé que j'étais peu convenable ; il ne me l'a pas dit, mais j'en suis sûre, et un monsieur, qui ne croyait pas être entendu de moi, a dit qu'arrangée ainsi, je n'avais plus l'air que d'une petite poupée ! Je savais qu'en cédant à l'envie de mes amies, j'allais très probablement me rendre ridicule, mais elles m'avaient flattée, m'avaient dit que j'étais une beauté et toutes sortes de bêtises semblables ; mon sot amour-propre l'a emporté sur la raison, et je les ai laissées faire de moi une folle.

– Est-ce là tout ? demanda Jo, tandis que M me Marsch regardait silencieusement la figure de sa fille.

– Non, et je veux tout dire : on m'a offert du vin de Champagne, j'en ai bu et j'ai été très agitée ; cela, je l'ai bien vu après, m'a excité les nerfs et monté un peu à la tête ; alors j'ai essayé de faire la coquette, enfin j'ai été abominable !

– Il y a encore quelque chose, je pense, dit Mme Marsch en caressant doucement la joue de Meg qui devint écarlate quand elle répondit lentement :

– Oui, c'est quelque chose de très sot, de très mal, mais je veux, mère, que vous le sachiez, parce qu'il m'est très pénible qu'on ose dire et qu'on pense des choses pareilles de nous et de Laurie. »

Elle raconta alors ce qu'elle avait entendu chez Mme Moffat au sujet de leurs relations d'amitié avec leurs voisins, et, pendant qu'elle parlait, Jo vit sa mère serrer étroitement les lèvres l'une contre l'autre. Il était évident qu'elle était très fâchée que de semblables pensées eussent été ainsi jetées dans l'esprit innocent de Meg.

Quant à Jo, elle ne pouvait plus se contenir.

« Eh bien, voilà la plus grande bêtise que j'aie jamais entendue ! s'écria-t-elle avec indignation. Pourquoi n'êtes-vous pas tout de suite allée tout dire à Laurie ?

– Je ne pouvais pas. Réfléchissez, Jo, que cela eût été bien embarrassant pour moi. D'abord, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre ; puis, après avoir entendu, je me suis sentie si en colère et si honteuse, qu'il ne m'est pas venu à l'idée que ce que j'avais de mieux à faire était de m'en aller.

– Eh bien ! attendez que je voie Annie Moffat, reprit Jo, et je vous montrerai comment on traite ces ridicules inventions. Cette idée de nous prêter à nous de tels projets et de prétendre que nous sommes bonnes pour Laurie, afin qu'il nous épouse plus tard ! Comme il va rire quand je vais lui raconter quelles sottes choses on dit de nous autres pauvres enfants ! s'écria Jo en éclatant de rire, comme si sa seconde pensée était de ne plus considérer la chose que comme une absurde plaisanterie.

– Si vous le dites à Laurie, je ne vous pardonnerai jamais, répliqua vivement Meg. Je ne dois assurément rien dire de toutes ces vilenies, n'est-ce pas, mère ? demanda Meg toute désolée.

– Non ; ne répétez jamais ces ridicules bavardages et oubliez-les le plus tôt possible, dit gravement Mme Marsch. J'ai été très peu sage de vous laisser aller chez des personnes que je ne connaissais pas assez complètement. Elles sont bonnes peut-être ; mais, je le vois trop tard, elles sont trop mondaines et pleines d'idées qui, grâce à Dieu, ne vous avaient jamais effleurées. Je suis plus peinée que je ne puis le dire du mal que cette visite a pu vous faire, Meg.

– Ne soyez pas si peinée, mère ; j'oublierai tout le mal et je me rappellerai seulement le bien. J'ai eu, en somme, un peu de plaisir qui a fini par une dure et utile leçon. Je vous remercie, mère, de m'avoir mise en situation de la recevoir, c'est une expérience qui me servira à l'avenir. Je ne serai pour cela ni plus romanesque ni moins contente de mon sort ; je n'ignore pas que je suis une petite fille qui ne sais rien du tout, et je veux rester avec vous jusqu'à ce que je sois capable de prendre soin de moi-même. Mais pourquoi est-il agréable d'être louée et admirée ? Je ne peux pas m'empêcher de dire que cela ne m'a pas assez déplu, dit Meg, qui ne paraissait qu'à moitié honteuse de sa confession.

– Ce sentiment ne serait pas mauvais, dit M me Marsch, si les louanges avaient porté sur des choses louables en elles-mêmes. La modestie n'exclut pas la satisfaction d'être approuvée et appréciée comme on l'a mérité. Mais tel n'était pas le cas, ma pauvre enfant. »

Marguerite resta quelques instants silencieuse, et Jo, les mains derrière le dos, paraissait en même temps intéressée et un peu embarrassée ; c'était pour elle une chose toute nouvelle que de voir de telles questions soulevées à propos de Meg. Il lui semblait que, pendant ces quinze jours, sa soeur avait étonnamment grandi et s'éloignait d'elle pour entrer dans un monde où elle ne pouvait pas la suivre.

« Mère, avez-vous donc pensé à mon avenir, comme l'insinuait Mme Moffat ? demanda timidement Meg.

– Oui, ma chère, j'y ai pensé et j'y penserai encore souvent. C'est le devoir de toutes les mères, mais mes idées diffèrent complètement de celles que m'attribue Mme Moffat. Je vais vous en dire quelques-unes, car le temps est venu où un mot peut remettre dans la bonne voie votre romanesque petite tête. Vous êtes jeune, Meg, mais pas trop jeune pour ne pas me comprendre, et les lèvres d'une mère sont celles qui peuvent le mieux parler de ces choses-là à des jeunes filles comme vous. Jo, votre tour viendra aussi un peu plus tard ; ainsi venez toutes les deux entendre quels sont mes vrais plans en ce qui vous concerne. Vous aurez à m'aider à les rendre un jour réalisables, s'ils sont bons ; il n'est donc pas inutile que vous les connaissiez. »

Jo alla s'asseoir sur le bras du fauteuil de sa mère, en ayant l'air de penser qu'elles allaient faire une chose solennelle, et M me Marsch, tenant une main de chacune d'elles et regardant fixement leurs deux jeunes figures, leur dit de sa manière sérieuse et cependant gaie :

« Je veux que mes filles soient agréables et bonnes, qu'elles aient beaucoup de qualités, qu'on les trouve non seulement capables de plaire, mais surtout dignes d'être aimées et respectées. Je veux, après leur avoir fait une enfance et une jeunesse heureuses, pouvoir un jour les marier honnêtement et sagement. Je rêve pour elles une vie simple, modeste et utile, où le bonheur, avec l'aide de Dieu, pourra trouver sa place à côté du devoir.

Je suis ambitieuse à ma façon pour vous, mes chères filles, mais mon ambition n'est pas que vous soyez jamais en situation de faire du bruit dans le monde par la fortune de vos maris. Je ne vous souhaite donc pas d'habiter jamais quelqu'une de ces maisons fastueuses qui ne sont pas des chez-soi, d'où le luxe chasse si souvent la paix, la bonne humeur, la santé, le bonheur et même les vrais plaisirs. Un bon, un courageux et laborieux mari comme le mien, des enfants comme vous, avec un peu plus d'aisance, si c'est possible, voilà ce que je voudrais vous assurer à chacune, mes chéries.

– Beth dit que les jeunes filles pauvres n'ont aucune chance de trouver de mari, dit Meg en regardant Jo.

– Eh bien ! nous resterons vieilles filles ! s'écria Jo. Nous ne quitterons jamais papa et maman, nous demeurerons toujours ensemble et bien unies. Tous les ménages ne sont pas des paradis, après tout.

– C'est cela ! c'est cela ! dit Meg. Est-ce que nous pourrions jamais nous passer les unes des autres ? Ah ! par exemple, non ! »

La bonne mère sourit, les deux enfants lui souhaitèrent le bonsoir, l'embrassèrent, et un quart d'heure après, Meg et Jo dormaient paisiblement toutes les deux.


Meg va à la foire aux vanités IX Meg goes to vanity fair IX Meg, 베니티 페어 IX에 참가하다

« C'est qu'il est bon d'être tranquille et de ne pas avoir toujours à prendre des airs de cérémonie, dit-elle à Jo. "It's just that it's good to be quiet and not always have to look ceremonious," she said to Jo. Notre « chez nous » me paraît délicieux, quoiqu'il ne soit pas très beau. Our "home" seems delightful to me, although it is not very beautiful. Nuestro "hogar" me parece encantador, aunque no sea muy bonito.

– Je suis contente de vous entendre dire cela, ma chère Marguerite, lui dit sa mère qui avait entendu son aveu, j'avais peur que notre chez nous ne vous parût triste et laid, en comparaison de la belle maison que vous venez de quitter. - I am glad to hear you say that, my dear Marguerite," said her mother, who had heard her confession, "I was afraid that our home would seem sad and ugly to you, compared to the beautiful house you have just left. - Me alegra oírte decir eso, querida Marguerite -dijo su madre, que había oído su confesión-, temía que nuestro hogar pareciera triste y feo comparado con la hermosa casa que acabas de dejar. »

Mme Marsch, depuis son retour, l'avait plusieurs fois regardée avec anxiété, car les yeux maternels découvrent vite les changements qu'apportent les choses dans l'esprit ou les manières de leurs enfants. Mrs. Marsch, since her return, had several times looked at her anxiously, for maternal eyes soon discover the changes which things bring about in the minds or manners of their children.

Meg avait raconté gaiement ses aventures et avait dit et redit combien elle s'était amusée ; mais quelque chose semblait encore peser sur son esprit, et, lorsque Beth et Amy furent allées se coucher, elle resta à regarder pensivement le feu, parlant peu et paraissant ennuyée. Meg had gaily recounted her adventures and said over and over again how much fun she had had; but something still seemed to weigh on her mind, and when Beth and Amy had gone to bed, she remained looking pensively at the fire, speaking little and looking bored. Lorsque neuf heures sonnèrent et que Jo proposa de remonter dans leur chambre, Meg se leva subitement et, prenant le tabouret de Beth, elle appuya ses coudes sur les genoux de sa mère et lui dit bravement : When nine o'clock struck and Jo suggested they go back up to their room, Meg suddenly stood up and, taking Beth's stool, leaned her elbows on her mother's lap and said bravely:

« Chère mère, il faut que je me confesse. "Dear mother, I must confess.

– J'attendais ce bon mouvement ; parlez, ma chérie. - I've been waiting for this good move; speak up, my dear. - He estado esperando esta buena jugada; habla, querida.

– Faut-il que je m'en aille ? - Do I have to leave? - ¿Tengo que ir? demanda discrètement Jo. Jo asked quietly.

– Naturellement non. Est-ce que je ne vous dis pas toujours tout ? Don't I always tell you everything? ¿No te lo cuento siempre todo? J'avais honte de parler devant les enfants, mais je veux que vous sachiez les choses terribles que j'ai faites chez les Moffat. I was ashamed to speak in front of the children, but I want you to know the terrible things I did at the Moffat house.

– Nous sommes préparées à écouter, dit M me Marsch qui, tout en essayant de sourire, paraissait quelque peu anxieuse. - We are prepared to listen," said Mrs. Marsch, who, while trying to smile, seemed somewhat anxious.

– Je vous ai dit qu'on m'avait déguisée, mais je ne vous ai pas dit qu'on m'avait poudrée, serrée, frisée. - I told you I was dressed up, but I didn't tell you I was powdered, tight, curly. - Te dije que me habían arreglado, pero no te dije que me habían empolvado, apretado y rizado. Laurie a pensé que j'étais peu convenable ; il ne me l'a pas dit, mais j'en suis sûre, et un monsieur, qui ne croyait pas être entendu de moi, a dit qu'arrangée ainsi, je n'avais plus l'air que d'une petite poupée ! Laurie thought I was unbecoming; he didn't tell me, but I'm sure he did, and a gentleman, who didn't think he could hear me, said I looked like a little doll when I was dressed like that! Laurie pensaba que yo era indecorosa; no me lo dijo, pero estoy segura de que sí, y un caballero, que no creía oírme, dijo que yo parecía una muñequita con ese traje. Je savais qu'en cédant à l'envie de mes amies, j'allais très probablement me rendre ridicule, mais elles m'avaient flattée, m'avaient dit que j'étais une beauté et toutes sortes de bêtises semblables ; mon sot amour-propre l'a emporté sur la raison, et je les ai laissées faire de moi une folle. I knew that by giving in to the envy of my friends, I would most likely make a fool of myself, but they had flattered me, told me I was a beauty and all sorts of similar nonsense; my foolish self-love overrode reason, and I let them make a fool of me. Sabía que si cedía a la envidia de mis amigos, lo más probable es que hiciera el ridículo, pero me habían halagado, me habían dicho que era una belleza y todo tipo de tonterías similares; mi tonta autoestima pudo más que mi razón y dejé que me tomaran el pelo.

– Est-ce là tout ? - Is that all? demanda Jo, tandis que M me Marsch regardait silencieusement la figure de sa fille. Jo asked, as Mrs. Marsch looked silently into her daughter's face.

– Non, et je veux tout dire : on m'a offert du vin de Champagne, j'en ai bu et j'ai été très agitée ; cela, je l'ai bien vu après, m'a excité les nerfs et monté un peu à la tête ; alors j'ai essayé de faire la coquette, enfin j'ai été abominable ! - No, and I want to say everything: I was offered Champagne wine, I drank it and I was very agitated; that, I saw it well afterwards, excited my nerves and went up to my head a little; then I tried to make the coquette, finally I was abominable! - No, y lo digo todo: me ofrecieron vino de Champagne, bebí un poco y me agité mucho; eso, lo vi después, excitó mis nervios y se me subió un poco a la cabeza; así que intenté ser vanidoso, ¡al final estuve abominable!

– Il y a encore quelque chose, je pense, dit Mme Marsch en caressant doucement la joue de Meg qui devint écarlate quand elle répondit lentement : - 'There's still something, I think,' said Mrs Marsch, gently stroking Meg's cheek, which turned scarlet as she slowly replied:

– Oui, c'est quelque chose de très sot, de très mal, mais je veux, mère, que vous le sachiez, parce qu'il m'est très pénible qu'on ose dire et qu'on pense des choses pareilles de nous et de Laurie. - Yes, it is a very foolish thing, a very bad thing, but I want you to know it, mother, because it is very painful to me that people should dare to say and think such things about us and Laurie. - Sí, es muy tonto, muy equivocado, pero quiero que lo sepas, Madre, porque es muy doloroso para mí que la gente se atreva a decir y pensar tales cosas sobre nosotros y Laurie. »

Elle raconta alors ce qu'elle avait entendu chez Mme Moffat au sujet de leurs relations d'amitié avec leurs voisins, et, pendant qu'elle parlait, Jo vit sa mère serrer étroitement les lèvres l'une contre l'autre. She then told what she had heard at Mrs. Moffat's house about their friendly relations with their neighbors, and as she spoke Jo saw her mother press her lips together tightly. Il était évident qu'elle était très fâchée que de semblables pensées eussent été ainsi jetées dans l'esprit innocent de Meg. It was obvious that she was very angry that such thoughts had been thrown into Meg's innocent mind. Era obvio que estaba muy enfadada de que tales pensamientos se hubieran metido en la inocente mente de Meg.

Quant à Jo, elle ne pouvait plus se contenir. As for Jo, she could no longer contain herself.

« Eh bien, voilà la plus grande bêtise que j'aie jamais entendue ! "Well, here's the most nonsense I've ever heard! s'écria-t-elle avec indignation. Pourquoi n'êtes-vous pas tout de suite allée tout dire à Laurie ? Why didn't you tell Laurie right away?

– Je ne pouvais pas. - I couldn't. Réfléchissez, Jo, que cela eût été bien embarrassant pour moi. Think about it, Jo, it would have been very embarrassing for me. D'abord, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre ; puis, après avoir entendu, je me suis sentie si en colère et si honteuse, qu'il ne m'est pas venu à l'idée que ce que j'avais de mieux à faire était de m'en aller. At first I couldn't help but hear; then, after hearing, I felt so angry and ashamed, that it didn't occur to me that the best thing I could do was to walk away. Al principio no pude evitar escuchar; luego, tras oírlo, me sentí tan enfadada y avergonzada que no se me ocurrió que lo mejor que podía hacer era marcharme.

– Eh bien ! attendez que je voie Annie Moffat, reprit Jo, et je vous montrerai comment on traite ces ridicules inventions. Wait until I see Annie Moffat," said Jo, "and I'll show you how these ridiculous inventions are treated. Cette idée de nous prêter à nous de tels projets et de prétendre que nous sommes bonnes pour Laurie, afin qu'il nous épouse plus tard ! This idea of lending us such projects and pretending that we are good for Laurie, so that he will marry us later! Comme il va rire quand je vais lui raconter quelles sottes choses on dit de nous autres pauvres enfants ! How he will laugh when I tell him what silly things they say about us poor children! s'écria Jo en éclatant de rire, comme si sa seconde pensée était de ne plus considérer la chose que comme une absurde plaisanterie. cried Jo, bursting out laughing, as if her second thought was to consider the thing nothing more than an absurd joke.

– Si vous le dites à Laurie, je ne vous pardonnerai jamais, répliqua vivement Meg. - If you tell Laurie, I will never forgive you," Meg replied sharply. Je ne dois assurément rien dire de toutes ces vilenies, n'est-ce pas, mère ? I certainly don't have to say anything about all this naughtiness, do I, Mother? No debo decir nada de toda esa maldad, ¿verdad, madre? demanda Meg toute désolée.

– Non ; ne répétez jamais ces ridicules bavardages et oubliez-les le plus tôt possible, dit gravement Mme Marsch. - No; never repeat this ridiculous talk and forget it as soon as possible," said Mrs. Marsch gravely. J'ai été très peu sage de vous laisser aller chez des personnes que je ne connaissais pas assez complètement. I was very unwise to let you go to people I didn't know completely. Elles sont bonnes peut-être ; mais, je le vois trop tard, elles sont trop mondaines et pleines d'idées qui, grâce à Dieu, ne vous avaient jamais effleurées. They may be good; but, I see it too late, they are too worldly and full of ideas which, thank God, had never occurred to you. Pueden ser buenos, pero, como veo demasiado tarde, son demasiado mundanos y están llenos de ideas que, gracias a Dios, nunca se te habían ocurrido. Je suis plus peinée que je ne puis le dire du mal que cette visite a pu vous faire, Meg. I am more sorry than I can say for the harm this visit may have done to you, Meg.

– Ne soyez pas si peinée, mère ; j'oublierai tout le mal et je me rappellerai seulement le bien. - Don't be so upset, mother; I will forget all the bad and remember only the good. J'ai eu, en somme, un peu de plaisir qui a fini par une dure et utile leçon. I had, in short, a little fun that ended up with a hard and useful lesson. Je vous remercie, mère, de m'avoir mise en situation de la recevoir, c'est une expérience qui me servira à l'avenir. I thank you, mother, for putting me in the position to receive it, it is an experience that will serve me well in the future. Je ne serai pour cela ni plus romanesque ni moins contente de mon sort ; je n'ignore pas que je suis une petite fille qui ne sais rien du tout, et je veux rester avec vous jusqu'à ce que je sois capable de prendre soin de moi-même. I will be no more romantic or less content with my lot for that; I don't know that I am a little girl who knows nothing at all, and I want to stay with you until I am able to take care of myself. Mais pourquoi est-il agréable d'être louée et admirée ? But why is it nice to be praised and admired? Pero, ¿por qué es agradable ser alabado y admirado? Je ne peux pas m'empêcher de dire que cela ne m'a pas assez déplu, dit Meg, qui ne paraissait qu'à moitié honteuse de sa confession. I can't help saying that I didn't dislike it enough," said Meg, who seemed only half ashamed of her confession. No puedo evitar decir que no me disgustó lo suficiente -dijo Meg, que parecía avergonzarse sólo a medias de su confesión.

– Ce sentiment ne serait pas mauvais, dit M me Marsch, si les louanges avaient porté sur des choses louables en elles-mêmes. - This feeling would not be bad, says Mrs. Marsch, if the praise had been for things that were praiseworthy in themselves. - No sería una mala sensación", dice la Sra. Marsch, "si los elogios hubieran sido por cosas loables en sí mismas. La modestie n'exclut pas la satisfaction d'être approuvée et appréciée comme on l'a mérité. Modesty does not exclude the satisfaction of being approved and appreciated as one has earned. La modestia no excluye la satisfacción de ser aprobado y apreciado como te mereces. Mais tel n'était pas le cas, ma pauvre enfant. But that was not the case, my poor child. »

Marguerite resta quelques instants silencieuse, et Jo, les mains derrière le dos, paraissait en même temps intéressée et un peu embarrassée ; c'était pour elle une chose toute nouvelle que de voir de telles questions soulevées à propos de Meg. Marguerite remained silent for a few moments, and Jo, with her hands behind her back, seemed at once interested and a little embarrassed; it was a new thing for her to have such questions raised about Meg. Marguerite guardó silencio unos instantes, y Jo, con las manos a la espalda, parecía a la vez interesada y un poco avergonzada; era algo nuevo para ella que le hicieran tales preguntas sobre Meg. Il lui semblait que, pendant ces quinze jours, sa soeur avait étonnamment grandi et s'éloignait d'elle pour entrer dans un monde où elle ne pouvait pas la suivre. It seemed to her that in those two weeks, her sister had grown up surprisingly and was moving away from her and into a world where she could not follow her. Le pareció que, durante esas dos semanas, su hermana había crecido sorprendentemente, alejándose de ella y adentrándose en un mundo en el que no podía seguirla.

« Mère, avez-vous donc pensé à mon avenir, comme l'insinuait Mme Moffat ? "Mother, have you then thought of my future, as Mrs. Moffat insinuated? "Madre, ¿has pensado en mi futuro, como insinuó la señora Moffat? demanda timidement Meg. Meg asked shyly.

– Oui, ma chère, j'y ai pensé et j'y penserai encore souvent. - Yes, my dear, I have thought about it and I will think about it often. C'est le devoir de toutes les mères, mais mes idées diffèrent complètement de celles que m'attribue Mme Moffat. This is the duty of all mothers, but my ideas differ completely from those attributed to me by Mrs. Moffat. Je vais vous en dire quelques-unes, car le temps est venu où un mot peut remettre dans la bonne voie votre romanesque petite tête. I'll tell you a few, because the time has come when a word can put your romantic little head back on track. Te voy a contar unas cuantas, porque ha llegado el momento en que una palabra puede volver a poner tu romántica cabecita en el buen camino. Vous êtes jeune, Meg, mais pas trop jeune pour ne pas me comprendre, et les lèvres d'une mère sont celles qui peuvent le mieux parler de ces choses-là à des jeunes filles comme vous. You are young, Meg, but not too young not to understand me, and a mother's lips can best speak of such things to young girls like you. Jo, votre tour viendra aussi un peu plus tard ; ainsi venez toutes les deux entendre quels sont mes vrais plans en ce qui vous concerne. Jo, your turn will also come a little later, so both of you come and hear what my real plans are for you. Vous aurez à m'aider à les rendre un jour réalisables, s'ils sont bons ; il n'est donc pas inutile que vous les connaissiez. You will have to help me to make them achievable one day, if they are good; it is therefore not useless for you to know them. Algún día tendrás que ayudarme a hacerlos realidad, si son buenos, así que no está de más que sepas cuáles son. »

Jo alla s'asseoir sur le bras du fauteuil de sa mère, en ayant l'air de penser qu'elles allaient faire une chose solennelle, et M me Marsch, tenant une main de chacune d'elles et regardant fixement leurs deux jeunes figures, leur dit de sa manière sérieuse et cependant gaie : Jo went and sat down on the arm of her mother's chair, looking as if they were about to do something solemn, and Mrs. Marsch, holding a hand from each of them and staring at their two young figures, said in her serious yet cheerful way:

« Je veux que mes filles soient agréables et bonnes, qu'elles aient beaucoup de qualités, qu'on les trouve non seulement capables de plaire, mais surtout dignes d'être aimées et respectées. "I want my daughters to be pleasant and good, to have many qualities, to be found not only capable of pleasing, but especially worthy of being loved and respected. "Quiero que mis hijas sean agradables y buenas, que tengan muchas cualidades, que no sólo sean capaces de agradar, sino sobre todo dignas de ser amadas y respetadas. Je veux, après leur avoir fait une enfance et une jeunesse heureuses, pouvoir un jour les marier honnêtement et sagement. I want, after having given them a happy childhood and youth, to be able one day to marry them honestly and wisely. Je rêve pour elles une vie simple, modeste et utile, où le bonheur, avec l'aide de Dieu, pourra trouver sa place à côté du devoir. I dream for them a simple, modest and useful life, where happiness, with God's help, can find its place next to duty.

Je suis ambitieuse à ma façon pour vous, mes chères filles, mais mon ambition n'est pas que vous soyez jamais en situation de faire du bruit dans le monde par la fortune de vos maris. I am ambitious in my own way for you, my dear daughters, but my ambition is not that you should ever be in a position to make a noise in the world by the fortune of your husbands. Je ne vous souhaite donc pas d'habiter jamais quelqu'une de ces maisons fastueuses qui ne sont pas des chez-soi, d'où le luxe chasse si souvent la paix, la bonne humeur, la santé, le bonheur et même les vrais plaisirs. So I don't wish you to ever live in one of those lavish houses that are not homes, from which luxury so often drives away peace, good humor, health, happiness and even true pleasures. Así que no te deseo que vivas nunca en una de esas suntuosas casas que no son hogares, donde el lujo ahuyenta tan a menudo la paz, el buen humor, la salud, la felicidad e incluso el verdadero placer. Un bon, un courageux et laborieux mari comme le mien, des enfants comme vous, avec un peu plus d'aisance, si c'est possible, voilà ce que je voudrais vous assurer à chacune, mes chéries. A good, brave and hard-working husband like mine, children like you, with a little more ease, if possible, that is what I would like to assure you each, my darlings. Un marido bueno, valiente y trabajador como el mío, unos hijos como vosotros, con un poco más de soltura, si eso es posible, eso es lo que me gustaría aseguraros a cada uno de vosotros, queridos míos.

– Beth dit que les jeunes filles pauvres n'ont aucune chance de trouver de mari, dit Meg en regardant Jo. - Beth says poor girls have no chance of finding a husband," Meg said, looking at Jo.

– Eh bien ! - Well, well, well! nous resterons vieilles filles ! we will remain old maids! ¡nos quedaremos solteronas! s'écria Jo. Jo exclaimed. Nous ne quitterons jamais papa et maman, nous demeurerons toujours ensemble et bien unies. We will never leave mom and dad, we will always stay together and well united. Tous les ménages ne sont pas des paradis, après tout. Not all households are paradises, after all.

– C'est cela ! - That's it! c'est cela ! that's it! dit Meg. Est-ce que nous pourrions jamais nous passer les unes des autres ? Could we ever do without each other? ¿Podríamos vivir el uno sin el otro? Ah ! par exemple, non ! »

La bonne mère sourit, les deux enfants lui souhaitèrent le bonsoir, l'embrassèrent, et un quart d'heure après, Meg et Jo dormaient paisiblement toutes les deux. The good mother smiled, the two children wished her good night, kissed her, and fifteen minutes later, Meg and Jo were both sleeping peacefully.