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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Le testament d'Amy XIX

Le testament d'Amy XIX

Elle avait été si touchée d'apprendre ainsi les bonnes intentions de sa tante, que, depuis ce jour, elle devint un modèle d'obéissance. Sa tante en attribua tout le mérite à son système d'éducation.

Esther arrangea le petit cabinet avec une petite table devant laquelle elle mit une chaise, et sur laquelle elle posa un tableau pris dans une des chambres du second étage. Elle pensait qu'il n'était pas de grande valeur, et que madame ne se fâcherait pas qu'elle l'eût déplacé pour faire un plaisir à sa nièce. C'était une très bonne copie d'une des plus célèbres madones de Raphaël, et Amy, qui avait le sentiment instinctif du beau, n'était jamais fatiguée de regarder la belle figure de la madone, tout en s'occupant de bonnes pensées. Elle posa un petit livre de prières sur la table, mit devant le tableau un vase rempli des plus jolies fleurs que lui apportait Laurie, et vint tous les jours dans la petite chambre prier Dieu de conserver Beth. Elle essaya de s'oublier, de rester gaie et d'être satisfaite de bien faire, quoique personne ne la vît et ne lui donnât de louanges.

Dans son premier effort d'être très très bonne, elle eut l'idée de faire son testament, comme tante Marsch, afin que si elle mourait, ses biens fussent justement et généreusement distribués. Elle y avait quelque mérite, car la pensée seule d'abandonner ses petits trésors, plus précieux à ses yeux que tous les bijoux de la vieille dame, lui fut très pénible.

Pendant une de ses récréations, elle écrivit le document important de sa plus belle écriture, avec l'aide d'Esther pour quelques termes légaux, et, lorsque la bonne Française eut signé, Amy, un peu soulagée, le mit de côté afin de le montrer à Laurie, qu'elle voulait comme second témoin.

Il pleuvait, et Amy alla tâcher de se distraire dans une des grandes chambres d'en haut, où se trouvait une garde-robe pleine de vieux costumes avec lesquels Esther lui permettait de jouer. Un de ses amusements était de mettre ces vieilles robes de brocart et de se promener devant les grandes glaces en se faisant de profonds saluts et en laissant traîner les longues queues, qui faisaient derrière elle un frou-frou délicieux. Il arriva que, ce jour-là, elle était si occupée qu'elle n'entendit pas sonner Laurie, et ne s'aperçut pas qu'il avait passé sa tête par la porte entrouverte et la regardait se promener gravement de long en large dans le costume étrange dont elle s'était affublée. Elle s'était coiffée d'un grand turban rose, qui contrastait d'une manière risible avec une robe de satin bleu et un long jupon de brocart jaune. D'une main elle agitait un vieil éventail très précieux, et, de l'autre, relevait sa traîne. Elle était obligée de faire grande attention en marchant, car elle avait mis de hauts talons, et, comme Laurie le dit plus tard à Jo, c'était comique de la voir se promener dans cet accoutrement, et se faisant à elle-même de gracieux mouvements de tête quand elle s'approchait d'une grande glace où elle pouvait se contempler tout entière.

Laurie, ayant, non sans peine, réussi à garder quelque temps son sérieux, afin de ne pas offenser Sa Majesté Amy dans ses étranges atours, finit par se décider à frapper à la porte.

Il fut gracieusement reçu.

« Reposez-vous un peu pendant que je rangerai tout cela, puis je vous consulterai sur une chose sérieuse », dit Amy après s'être fait admirer.

Elle s'aperçut alors que le perroquet, que M. Polly en personne avait suivi Laurie. Elle le relégua dans un coin de la chambre et dit, en enlevant la montagne rose qui ornait sa tête, pendant que Laurie s'asseyait sur le bras d'un fauteuil :

« Cet oiseau est le tourment de ma vie ! Il est plus bavard qu'aucun monsieur, seulement il ne sait jamais ni ce qu'il dit, ni s'il est à propos de se taire ou de parler. Hier, tante était endormie, et je tâchais d'être aussi tranquille qu'une souris, quand tout à coup Polly a commencé à battre des ailes et à grogner dans sa cage. Je suis allée l'en faire sortir. C'était une grosse araignée qui avait causé son émoi ; j'ai chassé l'araignée avec les pincettes, mais elle s'est enfuie sous la bibliothèque. Alors Polly, devenu brave, s'avisa de lui donner la chasse. Il la retrouva sous le meuble et lui dit en remuant la tête : « Embrassons-nous ? » Je n'ai pas pu m'empêcher de rire ; Polly s'est mis alors à crier, ma tante s'est éveillée et nous a grondés tous deux.

– L'araignée avait-elle accepté l'invitation de Polly ? demanda Laurie.

– Oui, car elle a quitté le dessous de la bibliothèque ; mais Polly, la voyant arriver droit sur lui, s'enfuit effrayé et grimpa sur le fauteuil de tante en criant : « Oh la la ! Oh la la ! »

– Menteuse ! s'écria Polly à ce moment du récit d'Amy.

– Je vous tordrais le cou si vous m'apparteniez, vieux tourment de ma vie », s'écria Amy très blessée.

Cette menace eut pour effet de décider Polly à regagner l'escalier.

« Maintenant que nous sommes seuls, dit Amy à Laurie en fermant la garde-robe, je vais vous montrer l'acte », et, tirant un papier de sa poche, elle ajouta : « Voudriez-vous lire ceci et me dire si c'est légal et bien. Je crains d'être obligée d'agir ainsi, car la vie est courte et incertaine, et je ne veux pas laisser de mauvais sentiments sur ma tombe. »

Laurie se mordit les lèvres pour s'empêcher de rire, et, s'approchant de la fenêtre, il lut le document suivant avec une gravité méritoire, si l'on considère que l'orthographe en était quelquefois fort étrange :

« Mes dernières volontés et testament.

« Moi, Amy Curtis Marsch, étant dans mon esprit saint, donne et lègue toutes mes propriétés personnelles comme il suit :

« À mon père, mes meilleurs tableaux, dessins, mappemondes et oeuvres d'art, pour en faire ce qu'il voudra.

« À ma mère, tous mes vêtements, excepté mon tablier de soie, ainsi que mon portrait et ma médaille.

« À ma chère soeur Marguerite, je donne ma bague de turkoise (si je l'ai), ma boîte verte avec des colombes dessus, mon bout de vraie dentelle et le dessin que j'ai fait d'elle, comme souvenir de sa petite fille.

« À Jo, je laisse ma broche, qui est racomodée avec de la cire à cacheter ; mon encrier de bronze dont elle a cassé le couvercle, et mon plus beau lapin de plâtre, parce que je me repens encore d'avoir brûlé son histoire.

« À Beth (si elle vit après moi), je donne mes poupées et le petit bureau, mon éventail, mon col et mes pantoufles neuves, si elles ne lui sont pas trop petites, et je lui laisse mes regrets de m'être moquée de la vieille Johanna, l'aînée de ses poupées.

« À mon ami et voisin, Théodore Laurentz, je lègue mon album de dessin, mon cheval en argile, quoiqu'il ait dit qu'il n'avait point de cou ; aussi, pour le remercier de sa grande bonté pour moi dans mon afliction, celle de mes oeuvres artistyques qu'il aimera le mieux. Notre-Dame est la meilleure.

« À notre vénérable bienfaiteur, M. Laurentz, je laisse ma boîte rouge qui a un petit couvercle de verre, et dans laquelle il pourra mettre ses plumes ; elle lui rappellera la petite fille morte qui le remercie de ses faveurs pour toute sa famille, et spécialement pour Beth.

« À Hannah, je donne la boîte de carton qu'elle aime, en espérant qu'elle se souviendra de moi.

« À mon amie de coeur, Kitty Bryant, je donne mon tablier de soie et ma petite bague en or.

« Et maintenant, ayant disposé de mes possessions les plus valuables, j'espère que tous seront satisfaits et ne blâmeront pas la morte. Je pardonne à tout le monde, et j'espère que nous nous reverrons tous un jour dans un monde meilleur.

« Qu'on ne s'étonne pas de trouver quelques taches sur ce document ; écrire son testament n'est pas oeuvre de joie, ce sont des larmes que j'ai versées sur ma future mort.

« À ces dernières volontés et testament j'appose ma main et mon seau, ce vingt novembre de anniie Domino 1861.

« AMY CURTIS MARSCH.

« TÉMOINS : ESTELLE VALNER.

« THÉODORE LAURENTZ. »

Le dernier nom était écrit au crayon, et Amy expliqua à Laurie qu'il devait l'écrire à l'encre et cacheter convenablement son testament.

« Qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? Vous a-t-on dit que Beth avait donné toutes ses affaires ? » demanda gravement Laurie à la petite fille quand Amy posa devant lui un grand bâton de cire à cacheter, un cachet et une bougie allumée.

Elle expliqua ses motifs et demanda anxieusement :

« Qu'est-ce que vous disiez de Beth ?

– Je suis fâché d'avoir parlé, mais, puisque j'ai commencé, je vais vous le dire. Elle s'est trouvée si mal un jour, qu'elle a dit à Jo qu'elle voulait laisser son piano à Meg, son oiseau à vous, et sa pauvre vieille poupée à Jo, qui l'aimerait en souvenir d'elle. Elle était fâchée d'avoir si peu de choses à donner, et a laissé ses cheveux aux autres. Elle n'a jamais pensé à faire un testament. »

Laurie signait et pliait le papier tout en parlant, et ne leva la tête qu'en voyant tomber une grosse larme sur le papier. La figure d'Amy était pleine de douleur, mais elle dit seulement :

« Est-ce que les gens ne mettent pas quelquefois des post-scriptum à leur testament ?

– Si, des codicilles, comme on les appelle.

– Mettez-en un au mien alors. Je veux que toutes mes boucles soient coupées et distribuées entre mes amis. Je l'avais oublié, mais je veux que cela soit fait, quoique cela doive me rendre moins bien. »

Laurie écrivit ce qu'Amy désirait, en souriant du dernier et plus grand sacrifice de la petite fille, puis il l'amusa pendant une heure et s'intéressa à tous ses ennuis. Lorsqu'il fut au moment de partir, Amy le retint et lui dit tout bas :

« Y a-t-il réellement du danger pour Beth ?

– On a pu le croire, mais nous devons espérer qu'elle se guérira ; ainsi ne pleurez pas, chère petite Amy », répondit Laurie en mettant son bras autour d'elle d'une manière fraternelle très consolante.

Lorsqu'il fut parti, Amy alla à sa petite chapelle, et, assise dans l'obscurité, elle pria pour Beth en pleurant. Elle sentait que des millions de bagues de turquoises ne la consoleraient pas de la perte de sa gentille petite soeur.


Le testament d'Amy XIX Amy's Will XIX エイミーの遺言 XIX Testamento de Amy XIX

Elle avait été si touchée d'apprendre ainsi les bonnes intentions de sa tante, que, depuis ce jour, elle devint un modèle d'obéissance. She had been so touched to learn of her aunt's good intentions that, from that day on, she became a model of obedience. Sa tante en attribua tout le mérite à son système d'éducation. His aunt attributed all the credit to her educational system.

Esther arrangea le petit cabinet avec une petite table devant laquelle elle mit une chaise, et sur laquelle elle posa un tableau pris dans une des chambres du second étage. Esther arranged the small cabinet with a small table in front of which she placed a chair, and on which she placed a painting taken from one of the rooms on the second floor. Elle pensait qu'il n'était pas de grande valeur, et que madame ne se fâcherait pas qu'elle l'eût déplacé pour faire un plaisir à sa nièce. She thought it wasn't very valuable, and that Madame wouldn't mind if she moved it to please her niece. C'était une très bonne copie d'une des plus célèbres madones de Raphaël, et Amy, qui avait le sentiment instinctif du beau, n'était jamais fatiguée de regarder la belle figure de la madone, tout en s'occupant de bonnes pensées. It was a very good copy of one of Raphael's most famous Madonnas, and Amy, who had an instinctive sense of the beautiful, was never tired of looking at the Madonna's lovely figure, while occupying herself with good thoughts. Elle posa un petit livre de prières sur la table, mit devant le tableau un vase rempli des plus jolies fleurs que lui apportait Laurie, et vint tous les jours dans la petite chambre prier Dieu de conserver Beth. She put a little prayer book on the table, placed a vase filled with the prettiest flowers Laurie brought her in front of the painting, and came to the little room every day to pray to God to keep Beth. Elle essaya de s'oublier, de rester gaie et d'être satisfaite de bien faire, quoique personne ne la vît et ne lui donnât de louanges. She tried to forget herself, to remain cheerful and satisfied with doing well, even though no one saw her or praised her.

Dans son premier effort d'être très très bonne, elle eut l'idée de faire son testament, comme tante Marsch, afin que si elle mourait, ses biens fussent justement et généreusement distribués. In her first effort to be very, very good, she had the idea of making a will, like Aunt Marsch, so that if she died, her possessions would be fairly and generously distributed. Elle y avait quelque mérite, car la pensée seule d'abandonner ses petits trésors, plus précieux à ses yeux que tous les bijoux de la vieille dame, lui fut très pénible. She had some merit in this, for the very thought of giving up her little treasures, more precious to her than all the old lady's jewels, was very painful.

Pendant une de ses récréations, elle écrivit le document important de sa plus belle écriture, avec l'aide d'Esther pour quelques termes légaux, et, lorsque la bonne Française eut signé, Amy, un peu soulagée, le mit de côté afin de le montrer à Laurie, qu'elle voulait comme second témoin. During one of her recreations, she wrote the important document in her best handwriting, with Esther's help for some legal terms, and, when the good Frenchwoman had signed, Amy, a little relieved, set it aside to show it to Laurie, whom she wanted as a second witness.

Il pleuvait, et Amy alla tâcher de se distraire dans une des grandes chambres d'en haut, où se trouvait une garde-robe pleine de vieux costumes avec lesquels Esther lui permettait de jouer. It was raining, and Amy went to one of the large upstairs rooms, where there was a wardrobe full of old costumes that Esther allowed her to play with. Un de ses amusements était de mettre ces vieilles robes de brocart et de se promener devant les grandes glaces en se faisant de profonds saluts et en laissant traîner les longues queues, qui faisaient derrière elle un frou-frou délicieux. One of her amusements was to put on those old brocade dresses and stroll in front of the big mirrors, giving each other deep bows and letting the long tails drag, which made a delicious frou-frou behind her. Il arriva que, ce jour-là, elle était si occupée qu'elle n'entendit pas sonner Laurie, et ne s'aperçut pas qu'il avait passé sa tête par la porte entrouverte et la regardait se promener gravement de long en large dans le costume étrange dont elle s'était affublée. As it happened, she was so busy that day that she didn't hear Laurie ring the bell, and didn't notice that he'd poked his head through the half-open door and was watching her stroll gravely up and down in the strange costume she'd donned. Elle s'était coiffée d'un grand turban rose, qui contrastait d'une manière risible avec une robe de satin bleu et un long jupon de brocart jaune. She wore a large pink turban, which contrasted laughably with a blue satin dress and a long yellow brocade underskirt. D'une main elle agitait un vieil éventail très précieux, et, de l'autre, relevait sa traîne. With one hand, she waved a precious old fan, and with the other, raised her train. Con una mano agitaba un precioso abanico antiguo y con la otra levantaba su tren. Elle était obligée de faire grande attention en marchant, car elle avait mis de hauts talons, et, comme Laurie le dit plus tard à Jo, c'était comique de la voir se promener dans cet accoutrement, et se faisant à elle-même de gracieux mouvements de tête quand elle s'approchait d'une grande glace où elle pouvait se contempler tout entière. She had to be very careful when walking, for she'd put on high heels, and, as Laurie later told Jo, it was comical to see her walking around in this get-up, and making graceful head movements to herself when she approached a large mirror where she could contemplate herself entirely.

Laurie, ayant, non sans peine, réussi à garder quelque temps son sérieux, afin de ne pas offenser Sa Majesté Amy dans ses étranges atours, finit par se décider à frapper à la porte. Laurie, having, not without difficulty, managed to keep a straight face for a while, so as not to offend Her Majesty Amy in her strange attire, finally decided to knock on the door.

Il fut gracieusement reçu. He was graciously received.

« Reposez-vous un peu pendant que je rangerai tout cela, puis je vous consulterai sur une chose sérieuse », dit Amy après s'être fait admirer. "Rest a while while I put this away, then I'll consult you on something serious," Amy said after admiring herself.

Elle s'aperçut alors que le perroquet, que M. Polly en personne avait suivi Laurie. She then realized that the parrot, which Mr. Polly himself had followed Laurie. Elle le relégua dans un coin de la chambre et dit, en enlevant la montagne rose qui ornait sa tête, pendant que Laurie s'asseyait sur le bras d'un fauteuil : She relegated him to a corner of the room and said, removing the pink mountain that adorned his head, while Laurie sat on the arm of an armchair:

« Cet oiseau est le tourment de ma vie ! "This bird is the torment of my life! Il est plus bavard qu'aucun monsieur, seulement il ne sait jamais ni ce qu'il dit, ni s'il est à propos de se taire ou de parler. He's more talkative than any gentleman, only he never knows what he's saying, or whether it's right to keep quiet or talk. Es más hablador que cualquier caballero, sólo que nunca sabe lo que dice ni si es buena idea callarse o hablar más alto. Hier, tante était endormie, et je tâchais d'être aussi tranquille qu'une souris, quand tout à coup Polly a commencé à battre des ailes et à grogner dans sa cage. Yesterday, Auntie was asleep, and I was trying to be as quiet as a mouse, when all of a sudden Polly started flapping her wings and growling in her cage. Je suis allée l'en faire sortir. I went to get him out. C'était une grosse araignée qui avait causé son émoi ; j'ai chassé l'araignée avec les pincettes, mais elle s'est enfuie sous la bibliothèque. It was a large spider that had caused her commotion; I chased the spider away with the tweezers, but it fled under the bookcase. Era una araña grande la que había causado su alboroto; la ahuyenté con las pinzas, pero huyó bajo la estantería. Alors Polly, devenu brave, s'avisa de lui donner la chasse. Then Polly, now brave, decided to give chase. Entonces Polly, que se había vuelto valiente, decidió darle caza. Il la retrouva sous le meuble et lui dit en remuant la tête : « Embrassons-nous ? He found her under the cabinet and said, shaking his head: "Shall we kiss? La encontró debajo del armario y dijo, moviendo la cabeza: "¿Nos besamos? » Je n'ai pas pu m'empêcher de rire ; Polly s'est mis alors à crier, ma tante s'est éveillée et nous a grondés tous deux. "I couldn't help laughing; Polly then started screaming, my aunt woke up and scolded us both.

– L'araignée avait-elle accepté l'invitation de Polly ? - Had the spider accepted Polly's invitation? demanda Laurie.

– Oui, car elle a quitté le dessous de la bibliothèque ; mais Polly, la voyant arriver droit sur lui, s'enfuit effrayé et grimpa sur le fauteuil de tante en criant : « Oh la la ! - Yes, because she left the underside of the bookcase; but Polly, seeing her coming right at him, ran away frightened and climbed on Auntie's armchair shouting, "Oh la la! - Sí, porque dejó la parte de abajo de la librería; pero Polly, al verla venir directa hacia él, huyó despavorida y se subió al sillón de la tía gritando: "¡Oh la la! Oh la la ! »

– Menteuse ! - Liar! s'écria Polly à ce moment du récit d'Amy. Polly exclaimed at this point in Amy's story.

– Je vous tordrais le cou si vous m'apparteniez, vieux tourment de ma vie », s'écria Amy très blessée. - I'd wring your neck if you belonged to me, you old torment of my life," Amy cried, very hurt. - Te retorcería el cuello si me pertenecieras, viejo tormento de mi vida", gritó una Amy muy dolida.

Cette menace eut pour effet de décider Polly à regagner l'escalier. This threat made Polly decide to return to the stairs.

« Maintenant que nous sommes seuls, dit Amy à Laurie en fermant la garde-robe, je vais vous montrer l'acte », et, tirant un papier de sa poche, elle ajouta : « Voudriez-vous lire ceci et me dire si c'est légal et bien. "Now that we're alone," Amy said to Laurie as she closed the wardrobe, "I'll show you the deed," and, pulling a paper from her pocket, she added: "Would you please read this and tell me if it's legal and well. Je crains d'être obligée d'agir ainsi, car la vie est courte et incertaine, et je ne veux pas laisser de mauvais sentiments sur ma tombe. I'm afraid I'll have to do this, because life is short and uncertain, and I don't want to leave bad feelings on my grave. »

Laurie se mordit les lèvres pour s'empêcher de rire, et, s'approchant de la fenêtre, il lut le document suivant avec une gravité méritoire, si l'on considère que l'orthographe en était quelquefois fort étrange : Laurie bit his lips to keep from laughing, and, approaching the window, read the following document with meritorious gravity, considering that the spelling was sometimes quite strange:

« Mes dernières volontés et testament. "My last will and testament.

« Moi, Amy Curtis Marsch, étant dans mon esprit saint, donne et lègue toutes mes propriétés personnelles comme il suit : "I, Amy Curtis Marsch, being in my holy spirit, give and bequeath all my personal property as follows:

« À mon père, mes meilleurs tableaux, dessins, mappemondes et oeuvres d'art, pour en faire ce qu'il voudra. "To my father, my best paintings, drawings, maps and works of art, to do with as he pleases.

« À ma mère, tous mes vêtements, excepté mon tablier de soie, ainsi que mon portrait et ma médaille. "To my mother, all my clothes, except my silk apron, as well as my portrait and my medal.

« À ma chère soeur Marguerite, je donne ma bague de turkoise (si je l'ai), ma boîte verte avec des colombes dessus, mon bout de vraie dentelle et le dessin que j'ai fait d'elle, comme souvenir de sa petite fille. "To my dear sister Marguerite, I give my turkoise ring (if I have it), my green box with doves on it, my piece of real lace and the drawing I made of her, as a memento of her little girl. "A mi querida hermana Marguerite, le doy mi anillo de turkoise (si lo tengo), mi caja verde con palomas, mi trozo de encaje de verdad y el dibujo que hice de ella, como recuerdo de su niña.

« À Jo, je laisse ma broche, qui est racomodée avec de la cire à cacheter ; mon encrier de bronze dont elle a cassé le couvercle, et mon plus beau lapin de plâtre, parce que je me repens encore d'avoir brûlé son histoire. "To Jo, I leave my brooch, which is racomodated with sealing wax; my bronze inkwell, whose lid she broke, and my most beautiful plaster rabbit, because I still repent having burned her story. "A Jo le dejo mi broche, que ha sido restaurado con lacre; mi tintero de bronce, cuya tapa ha roto; y mi conejo de escayola más bonito, porque aún me arrepiento de haber quemado su historia.

« À Beth (si elle vit après moi), je donne mes poupées et le petit bureau, mon éventail, mon col et mes pantoufles neuves, si elles ne lui sont pas trop petites, et je lui laisse mes regrets de m'être moquée de la vieille Johanna, l'aînée de ses poupées. "To Beth (if she lives after me), I give my dolls and the little desk, my fan, my collar and my new slippers, if they are not too small for her, and I leave her my regrets for having made fun of old Johanna, the eldest of her dolls. "A Beth (si vive después de mí) le regalo mis muñecas y el pequeño escritorio, mi abanico, mi collar y mis zapatillas nuevas, si no le quedan pequeñas, y le dejo mi pesar por haberme burlado de la vieja Johanna, la mayor de sus muñecas.

« À mon ami et voisin, Théodore Laurentz, je lègue mon album de dessin, mon cheval en argile, quoiqu'il ait dit qu'il n'avait point de cou ; aussi, pour le remercier de sa grande bonté pour moi dans mon afliction, celle de mes oeuvres artistyques qu'il aimera le mieux. "To my friend and neighbor, Theodore Laurentz, I bequeath my drawing album, my clay horse, though he said it had no neck; also, to thank him for his great kindness to me in my afliction, that of my artistyque works which he will like best. "A mi amigo y vecino, Theodore Laurentz, le lego mi álbum de dibujos, mi caballo de barro, aunque él decía que no tenía cuello; también, para agradecerle su gran amabilidad conmigo en mi aflicción, la única de mis obras artísticas que más le gustará. Notre-Dame est la meilleure. Notre-Dame is the best.

« À notre vénérable bienfaiteur, M. Laurentz, je laisse ma boîte rouge qui a un petit couvercle de verre, et dans laquelle il pourra mettre ses plumes ; elle lui rappellera la petite fille morte qui le remercie de ses faveurs pour toute sa famille, et spécialement pour Beth. "To our venerable benefactor, Mr. Laurentz, I leave my red box which has a small glass lid, and in which he can put his feathers; it will remind him of the dead little girl who thanks him for his favors for all her family, and especially for Beth. "A nuestro venerable benefactor, el Sr. Laurentz, le dejo mi caja roja con una tapita de cristal, en la que podrá poner sus plumas; le recordará a la niña muerta que le agradece sus favores para toda su familia, y especialmente para Beth.

« À Hannah, je donne la boîte de carton qu'elle aime, en espérant qu'elle se souviendra de moi. "To Hannah, I give the cardboard box she loves, hoping she'll remember me.

« À mon amie de coeur, Kitty Bryant, je donne mon tablier de soie et ma petite bague en or. "To my dear friend, Kitty Bryant, I give my silk apron and my little gold ring.

« Et maintenant, ayant disposé de mes possessions les plus valuables, j'espère que tous seront satisfaits et ne blâmeront pas la morte. "And now, having disposed of my most valuable possessions, I hope everyone will be satisfied and not blame the dead woman. "Y ahora, habiendo dispuesto de mis posesiones más valiosas, espero que todos estén satisfechos y no culpen a la mujer muerta. Je pardonne à tout le monde, et j'espère que nous nous reverrons tous un jour dans un monde meilleur. I forgive everyone, and I hope we'll all meet again one day in a better world.

« Qu'on ne s'étonne pas de trouver quelques taches sur ce document ; écrire son testament n'est pas oeuvre de joie, ce sont des larmes que j'ai versées sur ma future mort. "Don't be surprised to find a few stains on this document; writing your will is not a work of joy, it's tears I've shed over my future death. "No se sorprenda de encontrar algunas manchas en este documento; escribir su testamento no es una obra de alegría, son lágrimas que he derramado sobre mi futura muerte.

« À ces dernières volontés et testament j'appose ma main et mon seau, ce vingt novembre de anniie Domino 1861. "To these last will and testament I affix my hand and bucket, this twenty November de anniie Domino 1861. "A estas últimas voluntades y testamento afijo mi mano y cubo este veinte de noviembre de anniie Domino 1861.

« AMY CURTIS MARSCH.

« TÉMOINS : ESTELLE VALNER. "WITNESSES: ESTELLE VALNER.

« THÉODORE LAURENTZ. »

Le dernier nom était écrit au crayon, et Amy expliqua à Laurie qu'il devait l'écrire à l'encre et cacheter convenablement son testament. The last name was written in pencil, and Amy explained to Laurie that he should write it in ink and seal his will properly.

« Qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? "What gave you the idea? Vous a-t-on dit que Beth avait donné toutes ses affaires ? Did they tell you that Beth gave away all her stuff? » demanda gravement Laurie à la petite fille quand Amy posa devant lui un grand bâton de cire à cacheter, un cachet et une bougie allumée. "Laurie asked the little girl gravely as Amy placed a large stick of sealing wax, a stamp and a lighted candle in front of him. ", preguntó Laurie a la niña con gravedad mientras Amy le colocaba delante una gran barra de lacre, un sello y una vela encendida.

Elle expliqua ses motifs et demanda anxieusement : She explained her motives and asked anxiously:

« Qu'est-ce que vous disiez de Beth ? "What were you saying about Beth?

– Je suis fâché d'avoir parlé, mais, puisque j'ai commencé, je vais vous le dire. - I'm sorry I spoke, but since I've started, I'll tell you. Elle s'est trouvée si mal un jour, qu'elle a dit à Jo qu'elle voulait laisser son piano à Meg, son oiseau à vous, et sa pauvre vieille poupée à Jo, qui l'aimerait en souvenir d'elle. She felt so bad one day, she told Jo she wanted to leave her piano to Meg, her bird to you, and her poor old doll to Jo, who would love it in memory of her. Un día se sintió tan mal que le dijo a Jo que quería dejarle su piano a Meg, su pájaro a ti y su pobre muñeca vieja a Jo, que la querría en su memoria. Elle était fâchée d'avoir si peu de choses à donner, et a laissé ses cheveux aux autres. She was angry at having so little to give, and left her hair to others. Estaba enfadada por tener tan poco que dar y dejar su pelo a los demás. Elle n'a jamais pensé à faire un testament. She never thought of making a will. »

Laurie signait et pliait le papier tout en parlant, et ne leva la tête qu'en voyant tomber une grosse larme sur le papier. Laurie signed and folded the paper as he spoke, and only looked up to see a large tear fall onto the paper. La figure d'Amy était pleine de douleur, mais elle dit seulement : Amy's face was full of pain, but she only said:

« Est-ce que les gens ne mettent pas quelquefois des post-scriptum à leur testament ? "Don't people sometimes put postscripts to their wills? "¿A veces la gente no pone posdatas en sus testamentos?

– Si, des codicilles, comme on les appelle. - Yes, codicils, as they're called.

– Mettez-en un au mien alors. - Put one on mine then. Je veux que toutes mes boucles soient coupées et distribuées entre mes amis. I want all my curls cut and distributed among my friends. Je l'avais oublié, mais je veux que cela soit fait, quoique cela doive me rendre moins bien. I'd forgotten about it, but I want to get it done, even if it makes me feel worse. »

Laurie écrivit ce qu'Amy désirait, en souriant du dernier et plus grand sacrifice de la petite fille, puis il l'amusa pendant une heure et s'intéressa à tous ses ennuis. Laurie wrote down what Amy wanted, smiling at the little girl's latest and greatest sacrifice, then entertained her for an hour and took an interest in all her troubles. Lorsqu'il fut au moment de partir, Amy le retint et lui dit tout bas : When he was about to leave, Amy held him back and said softly:

« Y a-t-il réellement du danger pour Beth ? "Is there really any danger for Beth?

– On a pu le croire, mais nous devons espérer qu'elle se guérira ; ainsi ne pleurez pas, chère petite Amy », répondit Laurie en mettant son bras autour d'elle d'une manière fraternelle très consolante. - We may have thought so, but we must hope she'll get well; so don't cry, dear little Amy," Laurie replied, putting her arm around her in a very consoling fraternal way.

Lorsqu'il fut parti, Amy alla à sa petite chapelle, et, assise dans l'obscurité, elle pria pour Beth en pleurant. When he had gone, Amy went to her little chapel and, sitting in the dark, wept as she prayed for Beth. Elle sentait que des millions de bagues de turquoises ne la consoleraient pas de la perte de sa gentille petite soeur. She felt that millions of turquoise rings would not console her for the loss of her sweet little sister.