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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Le Pickwick Club X

Le Pickwick Club X

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Le Pickwick Club

Le printemps arrivant, de nouveaux amusements devinrent à la mode, et les jours plus longs donnèrent de grandes après-midi soit pour le travail, soit pour les jeux. Chacune des quatre soeurs avait dans le jardin un petit coin de terre où elle faisait ce qu'elle voulait. Hannah disait souvent : « Je reconnaîtrais leur jardin à chacune, dans quelque pays que ce soit. » Et cela lui était facile, car les goûts des jeunes filles différaient autant les uns des autres que leurs caractères. Meg avait dans son jardin des roses, de l'héliotrope, du myrte et un petit oranger. Celui de Jo n'était jamais pareil deux années de suite ; elle faisait toujours des expériences.

L'année dont nous parlons, elle avait une plantation de tournesols dont les graines étaient le mets favori de sa nombreuse famille de poules et de poulets, et, avec ces graines, elle avait trouvé le secret de se faire bien venir du perroquet de sa tante, qui en était très friand. Beth élevait du réséda, des pensées, des pois de senteur, des pieds-d'alouette, et cette plante à feuille odoriférante qu'on appelle communément citronnelle, ainsi que du millet pour son oiseau. Amy avait un berceau qui était un peu petit, mais très joli à voir, tout couvert de chèvrefeuille et de liserons étalant en gracieux festons leurs clochettes aux mille couleurs ; elle avait aussi de grands lis blancs, des fougères délicates et autant de plantes brillantes et pittoresques qu'elle en pouvait placer dans la petite étendue de son parterre.

Jardiner, se promener à pied ou en voiture, faire des parties de bateau et aller à la chasse aux fleurs ou aux papillons, tout cela occupait suffisamment les jeunes filles pendant les belles journées ; les jours de pluie, elles avaient d'autres jeux, les uns anciens, les autres nouveaux, tous plus ou moins originaux. L'un de ceux-ci était le Club Pickwick. Les sociétés closes étant très à la mode dans le pays, elles avaient trouvé indispensable d'en former une, et, comme elles admiraient toutes Charles Dickens, elles avaient nommé leur Club « le Pickwick Club ».

Depuis un an, presque sans interruption, elles s'étaient réunies tous les samedis soirs dans un grand grenier en observant les cérémonies suivantes : on arrangeait quatre chaises autour d'une table sur laquelle étaient une lampe et quatre grands bandeaux blancs, au milieu desquels on lisait en gros caractères de différentes couleurs, ce chiffre : C. P. Le journal hebdomadaire appelé le Portefeuille Pickwick, auquel chacun des membres du club contribuait journellement, occupait le centre de la table.

Jo, qui aimait passionnément les plumes et l'encre, en était l'éditeur.

À sept heures du soir, les quatre membres montaient à la chambre du club, nouaient leur bandeau blanc autour de leur tête et s'asseyaient solennellement.

Meg, étant l'aînée, était M. le président ; Jo était chargée de faire le procès-verbal du portefeuille de la semaine, et, je puis bien vous le dire en secret, ce portefeuille contenait d'ordinaire l'histoire, toujours sincère, des actions et des pensées de chacun des membres pendant les jours écoulés. Cela ressemblait souvent à une confession, car celui qui avait fait une faute, était tenu de la coucher sur son papier. Ce compte rendu des actions de chacun avait un bon effet ; on le discutait, et il donnait lieu, suivant la circonstance, tantôt aux critiques les plus méritées, tantôt à des éloges flatteurs, mais presque toujours aux commentaires les plus drôles. Il apprenait à chacune à être sincère envers elle-même et équitable envers les autres, car les procès-verbaux devaient s'ouvrir, en cas de réclamation, à toutes les rectifications des intéressés.

Le soir dont nous voulons parler, après lecture et adoption des procès-verbaux, Jo se leva et déclara qu'elle avait à faire une proposition.

« Chères collègues, dit-elle en prenant une attitude et un ton parlementaires, je viens vous proposer l'admission d'un nouveau membre qui mérite hautement cet honneur, en serait profondément reconnaissant, ajouterait immensément à l'esprit du club, à la valeur littéraire du journal et serait on ne peut plus gai et aimable. Je propose M. Théodore Laurentz comme membre honoraire du Club Pickwick. Allons, prenons-le ! »

Le changement imprévu du ton de Jo dans sa péroraison fit rire ses soeurs ; mais elles paraissaient un peu indécises, et aucune d'elles ne se décida à parler pendant qu'elle reprenait son siège.

« Nous allons mettre le projet aux voix, dit le président. Tous les membres qui voudront l'admission du candidat sont priés de le manifester en disant : Oui. »

Jo poussa un oui énergique, qui, à la surprise de chacun, fut suivi par un timide oui de Beth.

« Ceux qui seront d'un avis contraire diront : Non. »

Meg et Amy étaient d'un avis contraire, et Amy se leva pour donner les raisons de son refus.

« Nous ne voulons pas admettre de garçons, ils ne font que sauter et dire des bêtises. Notre club est un club de dames respectables ; nous voulons rester seules, cela sera plus convenable.

– Il serait en effet à craindre que le nouveau membre ne se moquât de nous et de notre journal, fit observer le président Meg en tortillant la petite boucle qui tombait sur son front, comme elle le faisait toujours quand elle ne savait à quoi se décider. »

Jo, bondissant d'indignation, s'écria :

« Mon président, Laurie ne fera rien de pareil : il aime à écrire et donnera du ton à nos rapports ; les siens feront variété parmi les nôtres, qui se ressemblent trop souvent. Il est très gai. Il a l'esprit un peu satirique ; tant mieux, il nous empêchera de devenir des bas-bleus. D'ailleurs, nous pouvons faire si peu de chose pour Laurie, et il fait tant pour nous, que c'est bien le moins que nous lui ouvrions notre société close. Selon moi, nous ne pouvons que le recevoir de tout notre coeur ; je dis plus : nous le devons. »

Cette allusion artificieuse aux bienfaits de Laurentz toucha profondément le coeur de Beth qui pensait à son piano. Elle prit courageusement la parole :

« Oh ! oui, ne soyons point ingrates ; nous devons offrir au petit-fils de M. Laurentz une place parmi nous, – même si nous avons peur. Je dis que Laurie peut venir, et son grand-père aussi, s'il le veut. »

Ce discours de Beth électrisa le club, et Jo se leva pour aller lui donner une poignée de main d'approbation.

« Maintenant, votez de nouveau, et que chacune, se rappelant que c'est de notre Laurie qu'il s'agit, dise : oui, et de bon coeur, s'écria le président, que la réflexion avait converti.

– Oui ! s'écrièrent les quatre voix à la fois.

– Allons, c'est bien ! s'écria Jo. Maintenant, comme il n'y a rien de tel que de saisir l'occasion par les cheveux, permettez-moi de vous présenter immédiatement notre nouveau membre. »

Jo, se levant alors, ouvrit toute grande la porte d'un cabinet, et fit voir, aux assistants stupéfaits, Laurie qui, assis sur un sac de vieux chiffons, était devenu écarlate à force de se retenir de rire.

« Oh ! le misérable ! le traître ! Jo, c'est très mal », s'écria toute l'assemblée.

Mais Jo, sans se laisser déconcerter, conduisit en triomphe son ami vers la table et l'installa à sa place.

« Votre calme est étonnant », dit Meg, le président.

Elle tâchait de prendre un air fâché, mais elle ne réussit qu'à produire le plus aimable sourire du monde.

Le nouveau membre était à la hauteur de la situation. Se levant, il fit un gracieux salut au président et dit de la manière la plus engageante :

« Monsieur le président et mesdames, j'ai à vous dire tout d'abord que je suis et resterai jusqu'à mon dernier soupir le très humble serviteur du club.

– Bien ! bien ! » s'écria Jo.

Laurie reprit :

« Mais je dois, sans plus tarder, vous confesser que mon parrain, qui m'a si vigoureusement présenté à vos suffrages, ne doit pas supporter le blâme du vil stratagème de ce soir. C'est moi qui en ai conçu l'idée, et Jo n'y a consenti qu'après avoir été bien tourmentée par ses scrupules et par mes instances.

– Allons, ne prenez pas maintenant toute la faute sur vous, Laurie, dit Jo ; vous savez bien que j'avais été jusqu'à vous offrir de vous cacher dans le vieux buffet.

– Ne faites pas attention à ce que la trop généreuse Jo vient de vous dire. Je suis le seul coupable ! s'écria magnanimement Laurie ; mais je vous jure que je ne recommencerai pas, et que, dès à présent, je me dévoue aux intérêts de ce club immortel.

– Écoutez ! Écoutez ! cria Jo en faisant résonner comme une cymbale le couvercle d'une vieille bassinoire qu'elle avait trouvée à côté de Laurie dans le cabinet.

– Je désire simplement dire, reprit Laurie, que, dans le désir de vous donner un faible témoignage de ma gratitude pour l'honneur insigne que vous me faites, et comme moyen d'entretenir les relations amicales entre les nations voisines, j'ai établi une poste aux lettres près de la haie au bout du jardin. Vous connaissez le local, il est beau et sera en outre très commode ; c'est l'ancienne maison du vieux chien de garde. Je l'ai fait nettoyer, il est comme neuf. J'en ai fermé la porte à clef après avoir fait faire au toit une ouverture, par laquelle les membres du club pourront introduire toutes sortes de communications. Cette boîte aux lettres épargnera notre temps si précieux. On pourra mettre dedans des correspondances, des manuscrits, des rapports, des livres et même des paquets ; le trou est grand, et, comme chaque membre aura une clef, je suppose que mon invention sera extraordinairement agréable à tous. Permettez-moi de vous présenter à chacune une clef de notre bureau de poste, et de vous remercier encore de la faveur que vous me faites en me donnant place au milieu de vous. »

Laurie déposa en même temps quatre petites clefs sur la table. Son discours fut vivement applaudi ; la bassinoire fit le plus grand tapage possible, et il se passa quelque temps avant que l'ordre pût être rétabli. Une longue discussion suivit cette proposition, et la réunion, très animée, ne se termina que fort tard dans la soirée par trois hourrahs en faveur du nouveau membre du club.

La vérité et la justice nous forcent à dire que jamais personne ne regretta d'avoir admis Laurie dans le club, et que le club ne pouvait en effet posséder un membre plus dévoué, mieux élevé et plus gai que lui. Il ajoutait certainement de l'esprit et du ton au journal. Ses discours donnaient presque des convulsions à ses auditeurs, tant ils étaient drôles, et ses rapports étaient tour à tour de vrais chefs-d'oeuvre de gaieté ou de raison.

La poste aux lettres était une invention excellente et elle prospérait étonnamment. Il y passait presque autant de choses que dans une vraie poste aux lettres : des tragédies et des cravates, de la poésie et des bonbons, des graines et des rubans, des invitations, des gronderies et des livres. Cette idée avait plu au vieux M. Laurentz, et il s'amusait à envoyer, par ce moyen, au club, des paquets toujours pleins de surprises, des messages étranges ou mystérieux, bien faits pour exercer l'imagination des membres du club, mais qui aboutissaient toujours à quelque aimable chose.

Un seul fait anormal se produisit. Il arriva que le jardinier de M. Laurentz, qui était captivé par les qualités sérieuses de Hannah, crut pouvoir se servir de la poste du club pour lui envoyer une lettre de demande en mariage ni plus ni moins, qu'il recommandait à la bienveillance de miss Jo. Hannah refusa en haussant les épaules. Qu'avait- elle besoin de se marier ? La famille de sa bonne maîtresse ne lui suffisait-elle pas, et au-delà, pour occuper ses bras et son coeur ?

Le Pickwick Club X The Pickwick Club X ピックウィック・クラブX 픽윅 클럽 X O Clube Pickwick X

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Le Pickwick Club El Club Pickwick

Le printemps arrivant, de nouveaux amusements devinrent à la mode, et les jours plus longs donnèrent de grandes après-midi soit pour le travail, soit pour les jeux. With the arrival of spring, new amusements became fashionable, and the longer days gave great afternoons either for work or for play. Con la llegada de la primavera, se pusieron de moda nuevas diversiones, y los días más largos proporcionaban largas tardes para trabajar y jugar. Chacune des quatre soeurs avait dans le jardin un petit coin de terre où elle faisait ce qu'elle voulait. Each of the four sisters had a small piece of land in the garden where she could do what she wanted. Hannah disait souvent : « Je reconnaîtrais leur jardin à chacune, dans quelque pays que ce soit. Hannah often said, "I would know their garden from any country. Hannah decía a menudo: "Conocería cada uno de sus jardines, en cualquier país. » Et cela lui était facile, car les goûts des jeunes filles différaient autant les uns des autres que leurs caractères. "And this was easy for him, for the tastes of the girls differed as much from each other as their characters. Meg avait dans son jardin des roses, de l'héliotrope, du myrte et un petit oranger. Meg had roses, heliotrope, myrtle and a small orange tree in her garden. Celui de Jo n'était jamais pareil deux années de suite ; elle faisait toujours des expériences. Jo's was never the same two years in a row; she was always experimenting.

L'année dont nous parlons, elle avait une plantation de tournesols dont les graines étaient le mets favori de sa nombreuse famille de poules et de poulets, et, avec ces graines, elle avait trouvé le secret de se faire bien venir du perroquet de sa tante, qui en était très friand. The year we are talking about, she had a sunflower plantation whose seeds were the favorite food of her large family of chickens, and with these seeds, she had found the secret of getting her aunt's parrot, who was very fond of them. El año del que hablamos, tenía una plantación de girasoles, cuyas semillas eran el alimento favorito de su numerosa familia de gallinas y pollos, y con ellas había encontrado el secreto para conseguir el loro de su tía, al que le gustaban mucho. Beth élevait du réséda, des pensées, des pois de senteur, des pieds-d'alouette, et cette plante à feuille odoriférante qu'on appelle communément citronnelle, ainsi que du millet pour son oiseau. Beth raised reseda, pansies, sweet peas, larkspur, and that fragrant leafy plant commonly known as lemongrass, as well as millet for her bird. Beth cultivaba reseda, pensamientos, guisantes de olor, espuela de caballero y la fragante planta de hoja comúnmente conocida como hierba limón, así como mijo para su pájaro. Amy avait un berceau qui était un peu petit, mais très joli à voir, tout couvert de chèvrefeuille et de liserons étalant en gracieux festons leurs clochettes aux mille couleurs ; elle avait aussi de grands lis blancs, des fougères délicates et autant de plantes brillantes et pittoresques qu'elle en pouvait placer dans la petite étendue de son parterre. Amy had a crib that was a little small, but very pretty to look at, all covered with honeysuckle and bindweed spreading their thousand-colored bells in graceful festoons; she also had large white lilies, delicate ferns, and as many bright and picturesque plants as she could fit into the small expanse of her flowerbed. Amy tenía una cuna un poco pequeña, pero muy bonita a la vista, toda cubierta de madreselva y enredadera que desplegaban sus campanillas de mil colores en graciosos festones; también tenía grandes lirios blancos, delicados helechos y tantas plantas brillantes y pintorescas como cabían en la pequeña extensión de su parterre.

Jardiner, se promener à pied ou en voiture, faire des parties de bateau et aller à la chasse aux fleurs ou aux papillons, tout cela occupait suffisamment les jeunes filles pendant les belles journées ; les jours de pluie, elles avaient d'autres jeux, les uns anciens, les autres nouveaux, tous plus ou moins originaux. Gardening, walking, driving, boating, and flower and butterfly hunting were enough to keep the girls busy on nice days; on rainy days they had other games, some old, some new, all more or less original. Jardinería, paseos, paseos en coche, paseos en barco, caza de flores y caza de mariposas mantenían ocupadas a las niñas en los días soleados; en los días lluviosos, tenían otros juegos, algunos antiguos, otros nuevos, todos más o menos originales. L'un de ceux-ci était le Club Pickwick. One of these was the Pickwick Club. Uno de ellos era el Club Pickwick. Les sociétés closes étant très à la mode dans le pays, elles avaient trouvé indispensable d'en former une, et, comme elles admiraient toutes Charles Dickens, elles avaient nommé leur Club « le Pickwick Club ». As brothels were very fashionable in the country, they had found it essential to form one, and, as they all admired Charles Dickens, they had named their Club "The Pickwick Club. Como los burdeles estaban muy de moda en el país, les había parecido imprescindible formar uno y, como todos admiraban a Charles Dickens, habían bautizado su club como "El Club Pickwick".

Depuis un an, presque sans interruption, elles s'étaient réunies tous les samedis soirs dans un grand grenier en observant les cérémonies suivantes : on arrangeait quatre chaises autour d'une table sur laquelle étaient une lampe et quatre grands bandeaux blancs, au milieu desquels on lisait en gros caractères de différentes couleurs, ce chiffre : C. P. Le journal hebdomadaire appelé le Portefeuille Pickwick, auquel chacun des membres du club contribuait journellement, occupait le centre de la table. For a year, almost without interruption, they had met every Saturday evening in a large attic, observing the following ceremonies: four chairs were arranged around a table on which was a lamp and four large white banners, in the middle of which was written in large letters of different colors, this number: C. The weekly newspaper called the Pickwick Portfolio, to which each member of the club contributed daily, occupied the center of the table. Durante un año, casi sin interrupción, se habían reunido todos los sábados por la noche en un gran ático, observando las siguientes ceremonias: cuatro sillas estaban dispuestas alrededor de una mesa sobre la que había una lámpara y cuatro grandes estandartes blancos, en cuyo centro estaba escrito, en grandes letras de diferentes colores, el número C. P. El periódico semanal llamado Pickwick Portfolio, al que cada miembro contribuía diariamente, ocupaba el centro de la mesa. El periódico semanal llamado Pickwick Portfolio, al que cada miembro del club contribuía diariamente, ocupaba el centro de la mesa.

Jo, qui aimait passionnément les plumes et l'encre, en était l'éditeur.

À sept heures du soir, les quatre membres montaient à la chambre du club, nouaient leur bandeau blanc autour de leur tête et s'asseyaient solennellement. At seven o'clock in the evening, the four members went up to the club room, tied their white headbands around their heads and sat down solemnly. A las siete de la tarde, los cuatro miembros subieron a la sala del club, se ataron la venda blanca a la cabeza y se sentaron solemnemente.

Meg, étant l'aînée, était M. le président ; Jo était chargée de faire le procès-verbal du portefeuille de la semaine, et, je puis bien vous le dire en secret, ce portefeuille contenait d'ordinaire l'histoire, toujours sincère, des actions et des pensées de chacun des membres pendant les jours écoulés. Meg, being the eldest, was Mr. President; Jo was in charge of keeping the minutes of the week's portfolio, and, I can tell you in secret, this portfolio usually contained the story, always truthful, of the actions and thoughts of each member during the past days. Meg, al ser la mayor, era el Sr. Presidente; Jo se encargaba de levantar acta de la cartera de la semana y, puedo contarlo en secreto, esta cartera solía contener el relato, siempre veraz, de las acciones y pensamientos de cada uno de los miembros durante los últimos días. Cela ressemblait souvent à une confession, car celui qui avait fait une faute, était tenu de la coucher sur son papier. This often resembled a confession, because the person who had made a mistake was obliged to write it down. Ce compte rendu des actions de chacun avait un bon effet ; on le discutait, et il donnait lieu, suivant la circonstance, tantôt aux critiques les plus méritées, tantôt à des éloges flatteurs, mais presque toujours aux commentaires les plus drôles. This account of each person's actions had a good effect; it was discussed, and it gave rise, depending on the circumstances, sometimes to the most deserved criticism, sometimes to flattering praise, but almost always to the funniest comments. Este relato de las acciones de cada uno tuvo un buen efecto; se discutió, y dio lugar, según las circunstancias, unas veces a las críticas más merecidas, otras a halagadores elogios, pero casi siempre a los comentarios más divertidos. Il apprenait à chacune à être sincère envers elle-même et équitable envers les autres, car les procès-verbaux devaient s'ouvrir, en cas de réclamation, à toutes les rectifications des intéressés. He taught each one to be sincere towards herself and fair towards the others, because the minutes had to be open, in case of complaint, to all rectifications of the interested parties.

Le soir dont nous voulons parler, après lecture et adoption des procès-verbaux, Jo se leva et déclara qu'elle avait à faire une proposition. On the evening we want to talk about, after the reading and adoption of the minutes, Jo stood up and said she had a proposal to make.

« Chères collègues, dit-elle en prenant une attitude et un ton parlementaires, je viens vous proposer l'admission d'un nouveau membre qui mérite hautement cet honneur, en serait profondément reconnaissant, ajouterait immensément à l'esprit du club, à la valeur littéraire du journal et serait on ne peut plus gai et aimable. Dear colleagues," she said, assuming a parliamentary attitude and tone, "I have come to propose the admission of a new member who is highly deserving of the honor, would be deeply grateful, would add immensely to the spirit of the club, to the literary value of the journal, and would be most cheerful and amiable. Je propose M. Théodore Laurentz comme membre honoraire du Club Pickwick. Allons, prenons-le ! Come on, let's take it! »

Le changement imprévu du ton de Jo dans sa péroraison fit rire ses soeurs ; mais elles paraissaient un peu indécises, et aucune d'elles ne se décida à parler pendant qu'elle reprenait son siège. Jo's unexpected change of tone in her peroration made her sisters laugh; but they seemed a little indecisive, and none of them decided to speak as she resumed her seat. El inesperado cambio de tono de Jo en su perorata hizo reír a sus hermanas; pero parecían un poco indecisas, y ninguna se decidió a hablar mientras ella reasumía su asiento.

« Nous allons mettre le projet aux voix, dit le président. We will vote on the project," says the president. Tous les membres qui voudront l'admission du candidat sont priés de le manifester en disant : Oui. All members who want to admit the candidate are requested to indicate this by saying: Yes. Todos los miembros que deseen que el candidato sea admitido deben indicarlo diciendo : Sí. »

Jo poussa un oui énergique, qui, à la surprise de chacun, fut suivi par un timide oui de Beth. Jo gave a forceful yes, which, to everyone's surprise, was followed by a timid yes from Beth.

« Ceux qui seront d'un avis contraire diront : Non. "Those who are of a contrary opinion will say: No. »

Meg et Amy étaient d'un avis contraire, et Amy se leva pour donner les raisons de son refus. Meg and Amy disagreed, and Amy stood up to give her reasons for refusal.

« Nous ne voulons pas admettre de garçons, ils ne font que sauter et dire des bêtises. "We don't want to admit boys, they just jump around and talk nonsense. Notre club est un club de dames respectables ; nous voulons rester seules, cela sera plus convenable. Our club is a club of respectable ladies; we want to be left alone, it will be more suitable.

– Il serait en effet à craindre que le nouveau membre ne se moquât de nous et de notre journal, fit observer le président Meg en tortillant la petite boucle qui tombait sur son front, comme elle le faisait toujours quand elle ne savait à quoi se décider. - It would indeed be feared that the new member would make a mockery of us and our paper," observed President Meg, twisting the little curl that fell over her forehead, as she always did when she didn't know what to decide. - En efecto, sería de temer que el nuevo miembro se burlara de nosotros y de nuestro periódico", observó la presidenta, Meg, retorciéndose el pequeño rizo que le caía sobre la frente, como hacía siempre que no sabía qué decidir. »

Jo, bondissant d'indignation, s'écria : Jo, leaping with indignation, exclaimed:

« Mon président, Laurie ne fera rien de pareil : il aime à écrire et donnera du ton à nos rapports ; les siens feront variété parmi les nôtres, qui se ressemblent trop souvent. "My president, Laurie, will do nothing of the sort: he loves to write and will give tone to our reports; his will make a variety among ours, which too often resemble each other. "Mi presidente, Laurie, no hará nada de eso: le encanta escribir y dará tono a nuestros informes; el suyo será una variedad entre los nuestros, que demasiado a menudo se parecen entre sí. Il est très gai. He is very cheerful. Es muy alegre. Il a l'esprit un peu satirique ; tant mieux, il nous empêchera de devenir des bas-bleus. He has a bit of a satirical mind; so much the better, he will prevent us from becoming bas-bleus. Tiene una mente ligeramente satírica; tanto mejor, evitará que nos convirtamos en bas-bleus. D'ailleurs, nous pouvons faire si peu de chose pour Laurie, et il fait tant pour nous, que c'est bien le moins que nous lui ouvrions notre société close. Besides, we can do so little for Laurie, and he does so much for us, that it is the least we can do to open our closed society to him. Selon moi, nous ne pouvons que le recevoir de tout notre coeur ; je dis plus : nous le devons. In my opinion, we can only receive it with all our heart; I say more: we must. »

Cette allusion artificieuse aux bienfaits de Laurentz toucha profondément le coeur de Beth qui pensait à son piano. This contrived allusion to Laurentz's blessings touched Beth's heart deeply as she thought about her piano. Esta alusión artificial a las bendiciones de Laurentz tocó profundamente el corazón de Beth, que pensaba en su piano. Elle prit courageusement la parole : She bravely spoke up:

« Oh ! oui, ne soyons point ingrates ; nous devons offrir au petit-fils de M. Laurentz une place parmi nous, – même si nous avons peur. Yes, let us not be ungrateful; we must offer Mr. Laurentz's grandson a place among us, - even if we are afraid. Je dis que Laurie peut venir, et son grand-père aussi, s'il le veut. I say Laurie can come, and so can her grandfather, if he wants to. »

Ce discours de Beth électrisa le club, et Jo se leva pour aller lui donner une poignée de main d'approbation. Beth's speech electrified the club, and Jo stood up to give her a handshake of approval. El discurso de Beth electrizó al club, y Jo se levantó para estrecharle la mano en señal de aprobación.

« Maintenant, votez de nouveau, et que chacune, se rappelant que c'est de notre Laurie qu'il s'agit, dise : oui, et de bon coeur, s'écria le président, que la réflexion avait converti. "Now, vote again, and let each one, remembering that it is our Laurie that is at issue, say: yes, and heartily," cried the president, whom reflection had converted.

– Oui ! s'écrièrent les quatre voix à la fois. cried the four voices at the same time.

– Allons, c'est bien ! - Come on, that's good! s'écria Jo. Maintenant, comme il n'y a rien de tel que de saisir l'occasion par les cheveux, permettez-moi de vous présenter immédiatement notre nouveau membre. Now, since there's nothing like grabbing the opportunity by the hair, let me introduce our newest member immediately. »

Jo, se levant alors, ouvrit toute grande la porte d'un cabinet, et fit voir, aux assistants stupéfaits, Laurie qui, assis sur un sac de vieux chiffons, était devenu écarlate à force de se retenir de rire. Jo then got up and opened the door of a cabinet wide, and showed the astonished audience Laurie, who was sitting on a bag of old rags and had become scarlet from holding back his laughter. Jo se levantó entonces, abrió de par en par la puerta de un armario y mostró al atónito público a Laurie, que estaba sentada sobre una bolsa de trapos viejos y se había puesto escarlata de tanto reír.

« Oh ! le misérable ! le traître ! ¡el traidor! Jo, c'est très mal », s'écria toute l'assemblée. Jo, this is very bad," the whole assembly cried.

Mais Jo, sans se laisser déconcerter, conduisit en triomphe son ami vers la table et l'installa à sa place. But Jo, undaunted, led his friend triumphantly to the table and settled him in his place.

« Votre calme est étonnant », dit Meg, le président. "Your calm is amazing," says Meg, the president.

Elle tâchait de prendre un air fâché, mais elle ne réussit qu'à produire le plus aimable sourire du monde. She tried to look angry, but only managed to produce the kindest smile in the world. Intentó parecer enfadada, pero sólo consiguió esbozar la sonrisa más amable del mundo.

Le nouveau membre était à la hauteur de la situation. The new member was up to the task. Se levant, il fit un gracieux salut au président et dit de la manière la plus engageante : Rising to his feet, he gave the chairman a gracious bow and said in the most engaging manner: Se puso en pie, se inclinó amablemente ante el Presidente y le dijo con sus maneras más simpáticas:

« Monsieur le président et mesdames, j'ai à vous dire tout d'abord que je suis et resterai jusqu'à mon dernier soupir le très humble serviteur du club. "Mr. President and ladies, first of all I would like to tell you that I am and will remain until my last breath the most humble servant of the club.

– Bien ! bien ! » s'écria Jo.

Laurie reprit :

« Mais je dois, sans plus tarder, vous confesser que mon parrain, qui m'a si vigoureusement présenté à vos suffrages, ne doit pas supporter le blâme du vil stratagème de ce soir. "But I must, without further ado, confess to you that my sponsor, who so vigorously presented me to your suffrages, must not bear the blame for the vile stratagem of this evening. "Pero debo, sin más preámbulos, confesaros que mi padrino, que tan vigorosamente me presentó a vuestros votos, no debe cargar con la culpa de la vil estratagema de esta noche. C'est moi qui en ai conçu l'idée, et Jo n'y a consenti qu'après avoir été bien tourmentée par ses scrupules et par mes instances. I conceived the idea, and Jo only agreed to it after being tormented by her scruples and my urgings. Fue idea mía, y Jo sólo accedió tras ser atormentada por sus escrúpulos y mis insistencias.

– Allons, ne prenez pas maintenant toute la faute sur vous, Laurie, dit Jo ; vous savez bien que j'avais été jusqu'à vous offrir de vous cacher dans le vieux buffet. - Come now, don't take all the blame on yourself, Laurie," said Jo; "you know I went so far as to offer to hide you in the old dresser. - Vamos, no cargues ahora con toda la culpa, Laurie -dijo Jo-, sabes que llegué a ofrecerte esconderte en el viejo aparador.

– Ne faites pas attention à ce que la trop généreuse Jo vient de vous dire. - Pay no attention to what the overly generous Jo just told you. Je suis le seul coupable ! s'écria magnanimement Laurie ; mais je vous jure que je ne recommencerai pas, et que, dès à présent, je me dévoue aux intérêts de ce club immortel. exclaimed Laurie magnanimously; but I swear to you that I will not do it again, and that from now on I am devoted to the interests of this immortal club. exclamó Laurie magnánimamente-; pero te juro que no volveré a hacerlo, y que a partir de ahora me dedicaré a los intereses de este club inmortal.

– Écoutez ! Écoutez ! cria Jo en faisant résonner comme une cymbale le couvercle d'une vieille bassinoire qu'elle avait trouvée à côté de Laurie dans le cabinet. Jo shouted as she rattled the lid of an old basin she had found next to Laurie in the cabinet like a cymbal. gritó Jo, sonando como un címbalo en la tapa de una vieja palangana que había encontrado junto a Laurie en el estudio.

– Je désire simplement dire, reprit Laurie, que, dans le désir de vous donner un faible témoignage de ma gratitude pour l'honneur insigne que vous me faites, et comme moyen d'entretenir les relations amicales entre les nations voisines, j'ai établi une poste aux lettres près de la haie au bout du jardin. - I merely wish to say," said Laurie, "that, in the desire to give you a small token of my gratitude for the great honor you do me, and as a means of maintaining friendly relations between neighboring nations, I have established a letter post near the hedge at the end of the garden. - Sólo quiero decirle -continuó Laurie- que para darle una pequeña muestra de mi gratitud por el gran honor que me ha hecho, y como medio de mantener relaciones amistosas entre naciones vecinas, he instalado una oficina de correos cerca del seto que hay al final del jardín. Vous connaissez le local, il est beau et sera en outre très commode ; c'est l'ancienne maison du vieux chien de garde. You know the place, it is beautiful and will be moreover very convenient; it is the old house of the old watchdog. Conoces el lugar, es hermoso y será muy conveniente; es la casa del viejo perro guardián. Je l'ai fait nettoyer, il est comme neuf. I had it cleaned, it's like new. Me lo han limpiado y está como nuevo. J'en ai fermé la porte à clef après avoir fait faire au toit une ouverture, par laquelle les membres du club pourront introduire toutes sortes de communications. I have locked the door after making an opening in the roof through which the members of the club can introduce all kinds of communications. Cette boîte aux lettres épargnera notre temps si précieux. This mailbox will save our precious time. Este buzón nos ahorrará un tiempo precioso. On pourra mettre dedans des correspondances, des manuscrits, des rapports, des livres et même des paquets ; le trou est grand, et, comme chaque membre aura une clef, je suppose que mon invention sera extraordinairement agréable à tous. Correspondence, manuscripts, reports, books and even packages can be put inside; the hole is large, and, as each member will have a key, I suppose that my invention will be extraordinarily agreeable to all. Permettez-moi de vous présenter à chacune une clef de notre bureau de poste, et de vous remercier encore de la faveur que vous me faites en me donnant place au milieu de vous. Allow me to present each of you with a key to our post office, and to thank you again for the favor you are doing me by giving me a place among you. »

Laurie déposa en même temps quatre petites clefs sur la table. At the same time, Laurie placed four small keys on the table. Son discours fut vivement applaudi ; la bassinoire fit le plus grand tapage possible, et il se passa quelque temps avant que l'ordre pût être rétabli. His speech was loudly applauded; the crib made as much noise as possible, and it was some time before order could be restored. Su discurso fue muy aplaudido; el pesebre hizo todo el ruido posible, y pasó algún tiempo antes de que pudiera restablecerse el orden. Une longue discussion suivit cette proposition, et la réunion, très animée, ne se termina que fort tard dans la soirée par trois hourrahs en faveur du nouveau membre du club. A lengthy discussion followed this proposal, and the lively meeting did not end until very late in the evening with three cheers for the new club member.

La vérité et la justice nous forcent à dire que jamais personne ne regretta d'avoir admis Laurie dans le club, et que le club ne pouvait en effet posséder un membre plus dévoué, mieux élevé et plus gai que lui. Truth and justice compel us to say that no one ever regretted admitting Laurie to the club, and that the club could not have had a more devoted, better-bred and more cheerful member than he. Il ajoutait certainement de l'esprit et du ton au journal. It certainly added wit and tone to the paper. Ses discours donnaient presque des convulsions à ses auditeurs, tant ils étaient drôles, et ses rapports étaient tour à tour de vrais chefs-d'oeuvre de gaieté ou de raison. His speeches almost gave convulsions to his listeners, so funny were they, and his reports were by turns true masterpieces of gaiety or reason.

La poste aux lettres était une invention excellente et elle prospérait étonnamment. The letter post was an excellent invention and it flourished surprisingly. El correo postal fue un invento excelente y prosperó asombrosamente. Il y passait presque autant de choses que dans une vraie poste aux lettres : des tragédies et des cravates, de la poésie et des bonbons, des graines et des rubans, des invitations, des gronderies et des livres. Almost as many things passed through it as through a real letter post: tragedies and ties, poetry and candy, seeds and ribbons, invitations, scolding and books. Por él pasaron casi tantas cosas como por un correo de verdad: tragedias y corbatas, poesía y dulces, semillas y cintas, invitaciones, regaños y libros. Cette idée avait plu au vieux M. Laurentz, et il s'amusait à envoyer, par ce moyen, au club, des paquets toujours pleins de surprises, des messages étranges ou mystérieux, bien faits pour exercer l'imagination des membres du club, mais qui aboutissaient toujours à quelque aimable chose. Old Mr. Laurentz liked this idea, and he amused himself by sending packages to the club that were always full of surprises, strange or mysterious messages, well done to exercise the imagination of the members of the club, but which always led to something nice.

Un seul fait anormal se produisit. Only one abnormal event occurred. Sólo se ha producido un evento anormal. Il arriva que le jardinier de M. Laurentz, qui était captivé par les qualités sérieuses de Hannah, crut pouvoir se servir de la poste du club pour lui envoyer une lettre de demande en mariage ni plus ni moins, qu'il recommandait à la bienveillance de miss Jo. It so happened that Mr. Laurentz's gardener, who was captivated by Hannah's earnest qualities, thought he could use the club's post office to send her a letter of proposal of marriage, nothing more and nothing less, which he commended to Miss Jo's kindness. Hannah refusa en haussant les épaules. Hannah refused, shrugging her shoulders. Hannah se negó, encogiéndose de hombros. Qu'avait- elle besoin de se marier ? What did she need to get married? La famille de sa bonne maîtresse ne lui suffisait-elle pas, et au-delà, pour occuper ses bras et son coeur ? Wasn't the family of his good mistress enough, and beyond, to occupy his arms and heart? ¿Acaso la familia de su buena señora no era suficiente para mantener ocupados sus brazos y su corazón?