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Introduction to French Poetry, André Chénier (1762-1794) : "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie..."

André Chénier (1762-1794) : "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie..."

Quand au mouton bêlant la sombre boucherie Ouvre ses cavernes de mort, Pâtres, chiens et moutons, toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort. Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine, Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s'il est tendre. Dans cet abîme enseveli J'ai le même destin. Je m'y devais attendre. Accoutumons-nous à l'oubli. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi. Que pouvaient mes amis? Oui, de leur main chérie Un mot à travers ces barreaux Eût versé quelque baume en mon âme flétrie; De l'or peut-être à mes bourreaux... Mais tout est précipice. Ils ont eu droit de vivre. Vivez, amis; vivez contents. En dépit de----soyez lents à me suivre. Peut-être en de plus heureux temps J'ai moi-même, à l'aspect des pleurs de l'infortune, Détourné mes regards distraits; A mon tour, aujourd'hui; mon malheur importune: Vivez, amis, vivez en paix.


André Chénier (1762-1794) : "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie..." André Chénier (1762-1794): "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie..." (When the sheep bleats the dark slaughter). André Chénier (1762-1794): "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie? André Chénier (1762-1794): "Quand au mouton bêlant la sombre boucherie?

Quand au mouton bêlant la sombre boucherie Ouvre ses cavernes de mort, Pâtres, chiens et moutons, toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort. When to the bleating sheep the dark butchery opens its caverns of death, Pagans, dogs and sheep, the whole sheepfold no longer inquires about its fate. Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine, Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s'il est tendre. The children who followed his frolics in the plain, The maidens with beautiful colors Who kissed him in crowds, and on his white wool Intertwined ribbons and flowers, Without thinking of him any more, eat him if he is tender. Dans cet abîme enseveli J'ai le même destin. In this buried abyss I have the same destiny. Je m'y devais attendre. I had to expect it. Accoutumons-nous à l'oubli. Let's get used to forgetting. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi. Forgotten like me in this dreadful den, A thousand other sheep, like me, Hanging from the bloody fangs of the people's mass grave, Will be served to the people-king. Que pouvaient mes amis? What could my friends do? Oui, de leur main chérie Un mot à travers ces barreaux Eût versé quelque baume en mon âme flétrie; De l'or peut-être à mes bourreaux... Mais tout est précipice. Ils ont eu droit de vivre. Vivez, amis; vivez contents. En dépit de----soyez lents à me suivre. Peut-être en de plus heureux temps J'ai moi-même, à l'aspect des pleurs de l'infortune, Détourné mes regards distraits; A mon tour, aujourd'hui; mon malheur importune: Vivez, amis, vivez en paix.