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TED Talks in French, De l'étincelle au brasier | Philippe Echaroux | TEDxMarseille

De l'étincelle au brasier | Philippe Echaroux | TEDxMarseille

Traducteur: Elise LECAMP Relecteur: Elisabeth Buffard

Si je suis ici aujourd'hui,

c'est pour m'adresser à... je ne vois pas très bien

à toi là-bas. Toi.

T'as mis ta belle veste à ce que je vois,

la chemise, t'as mis ton parfait déguisement d'adulte,

la nana à côté de toi, pareil.

Mais quand on regarde de plus près, si je pouvais m'approcher,

je pense qu'on verrait encore le petit gamin à l'intérieur qui est aux manettes.

Ou alors,

toi !

Toi, le genre de mec qui a mille idées à la seconde,

mais qui ne sait pas toujours quoi en faire.

Ou...

Je ne sais pas.

Toi, tiens !

Je te connais, tu avais beaucoup de rêves, de projets,

mais tu t'es un peu fait rattraper par le quotidien

et la routine est confortable.

Après tout, qui te reprochera d'avoir une vie bien rangée ?

Enfin, pour tous les « toi », tout le monde assis là aujourd'hui,

je voudrais commencer par vous poser cette question-là :

qu'est-ce que l'enfant que tu étais pense de l'adulte que tu es devenu ?

Vous avez déjà pris le temps de vous poser cette question ?

Dans mon cas, l'ancien enfant, l'ancien minot marseillais

que j'étais, que je suis toujours, aurait été le premier surpris

si on lui avait dit qu'il se retrouverait à parler devant plein de gens.

Je pensais que c'était ceux

qui avaient des vies extraordinaires, qui sauvaient des vies

ou qui étaient plutôt bardés de diplômes.

Alors, vie extraordinaire, je ne pense pas.

Sauver des vies, il vaut mieux pas que je me mette à ça, c'est risqué.

Les diplômes, mon rapport avec l'école,

c'était plutôt un truc comme ça.

C'est une métaphore : sous les ponts.

Disons que j'avais plutôt un profil autodidacte que scolaire.

J'ai quand même eu mon bac pour faire plaisir à mes parents

mais un bac un petit peu particulier,

un bac avec options chemins de traverse.

C'est tout ce que j'ai appris sur ces nombreux chemins de traverse

que je suis venu partager avec vous.

Alors, j'ai commencé par user les bancs

mais pas forcément ceux qu'attendaient mes parents,

pas ceux de la fac, ceux de la salle d'escalade.

Là-bas, j'ai appris à canaliser mon énergie.

Ensuite, étant natif de Marseille, adorant les sports de pleine nature,

je me suis tourné vers le kitesurf

mais à l'époque, ce n'était pas ce que c'est maintenant.

C'était un sport un peu fait de bidouille

mais j'ai appris à explorer, à essayer

tout en faisant quand même attention à la sécurité

car c'était vraiment dangereux à l'époque.

Ensuite, j'avais envie de trouver un moyen d'expression artistique

plus classique, même si je trouve les sports extrêmes artistiques.

Je me suis tourné vers l'écriture.

Alors, j'ai écrit un conte philosophique à 23 ans.

J'ai adoré ça.

Mais j'ai vite compris que ce n'était pas pour moi.

Ce n'était pas assez rapide, pas assez direct.

Il me fallait quelque chose de plus succinct dans la forme.

On est en 2008, je me dis : « Bon, j'ai eu la belle vie.

Il est quand même temps de trouver un vrai travail.

J'avais envie de me sentir utile, de travailler au contact des gens

et de partager ce que j'avais eu la chance de vivre jusque là, je me suis tourné

vers une carrière de travailleur social, d'éducateur spécialisé.

Mais en 2008, je suis tombé aussi, par hasard, un été

alors que je m'ennuyais à Marseille,

j'ai acheté un appareil photo et je suis tombé sur la photo.

Et la photo, elle m'a rapidement appelé de cette façon-là.

C'est quand même compliqué de dire non

quand la photo vous appelle avec cette gueule-là.

Vous serez d'accord avec ça.

C'est dur de dire non à M. Chabal.

Alors, je lui ai dit : « Je vais finir mon diplôme d'éducateur

-- j'aime finir ce que j'ai commencé.

Et puis, ça me plaît, pourquoi j'arrêterais ? »

Une fois mon diplôme obtenu, je me suis dit :

« Tu vas décider, enfin j'ai décidé,

de laisser une chance à la photo. »

La chance, notre ami Zinédine en sait quelque chose.

La chance, c'est un mot qui rend tout un petit peu plus... facile.

Ça a un peu un super pouvoir.

Parce qu'au début, je me suis dit :

« Tel photographe a la chance de photographier tel mec,

ou il vient de faire telle campagne, il a trop de chance ! »

Dès que je me suis lancé, j'ai vite compris que derrière le mot chance

se cachaient le mot travail, le mot acharnement, le mot culot

et surtout le mot sacrifice

comme beaucoup de temps à passer avec ses proches qu'on sacrifie.

Aujourd'hui quand je monte sur cette scène,

on me présente comme artiste.

On m'introduit ainsi, on me range dans cette case.

Quand on est artiste, c'est notre métier d'avoir des idées, notre matière première.

En fait, on ne choisit pas, c'est comme ça.

On est comme ça, les idées viennent à nous.

Avoir une idée, je pense qu'on peut l'imager comme une petite étincelle

c'est un peu magique, tout petit, on ne sait pas d'où ça vient

mais c'est un petit quelque chose, un début.

Il va falloir apprendre à transformer cette petite étincelle en immense brasier.

Désolé, je suis un peu petit, je ne peux pas mimer le brasier énorme,

mais vous comprendrez : d'une étincelle en brasier.

Dans mon métier d'artiste, il est plus simple d'exister

si vous faites ce qui se fait de tendance.

Je pense que vous aurez peut-être du travail,

on dira même peut-être que vous êtes un grand artiste,

vous aurez du succès, la belle vie,

la postérité et peut-être que tout ira bien.

J'ai choisi une approche un petit peu moins rock and roll,

un peu plus différente.

Je me suis dit, si tu veux un jour te prétendre artiste,

il faut que tu crées ta propre façon de t'exprimer.

Autrement dit, pour parler de façon plus large, ta propre façon d'exister.

Sinon, je me considérerais comme un copier coller,

au mieux à peine amélioré,

un simple interprète,

je n'ai rien contre les interprètes,

de ce qui se fait déjà,

pas un artiste au sens où je l'entends.

Alors pour tenter de me dire artiste,

j'ai créé ce que j'ai appelé le Street Art 2.0.

Ça ressemble à ça.

Street Art 2.0, c'est quoi ?

Je me suis dit : « J'ai envie de faire du Street Art.

Certains utilisent la classique bombe de peinture ou le collage, plein de choses.

Ils font déjà ça très bien, pourquoi tenter de refaire ce qu'ils font déjà ?

Ce sont des champions, hyper aboutis dans leur domaine,

pourquoi ne pas tenter de créer ma propre façon de faire du Street Art ?

Je réfléchis un peu, je viens de la photo,

j'aime travailler les éclairages en photo, j'ai pensé, mon outil, c'est la lumière !

Tu la comprends, tu la maîtrises, t'es à l'aise avec.

Pourquoi ne pas proposer un street art basé sur la projection lumineuse ?

Derrière moi, c'est une projection lumineuse dans la rue

qu'on laisse pendant un temps donné, c'est éphémère

et ça disparaît quand on éteint notre projecteur.

D'où le terme 2.0.

J'ai remplacé la peinture, les bombes de peinture ou la colle

par la technologie

et qui plus est, j'adorais l'idée de proposer un street art

qui était doux dans la forme, c'est donc de la lumière,

ça ne laisse pas de trace quand je l'éteins,

mais ça ne m'empêchait pas pour autant d'être impactant dans le fond.

J'ai donc tenté de créer ma façon de faire du Street Art.

Pour parler de façon plus large,

j'ai tenté d'inventer mon métier.

Alors ça, ça en impose autant à dire sur une scène,

genre le mec « Ouais, je crée mon métier » que c'est inconfortable au quotidien.

C'est vraiment, vraiment inconfortable.

Je vous explique.

Quand j'ai mis ce Street Art au point, ça a pris un bon moment,

j'ai été voir la grande famille du street art en leur disant,

- imaginez un petit chien avec sa nouvelle balle, tout content :

« J'ai créé ce Street Art-là, qu'en pensez-vous ? »

C'est quoi ?

C'est une nouvelle façon de faire ce qu'on aime tous.

Qu'est-ce que t'en penses ?

Il va me féliciter.

Là, pas du tout.

Ils m'ont rabattu plus bas que terre.

Je me suis fait critiquer, ou j'ai eu droit à des :

« Mais ton truc, c'est pas du Street Art ! »

Ou pire que tout, on m'a carrément ignoré :

« Pourquoi il me contacte, lui ? »

A part quelques rares exceptions,

merci M. Christophe, Mme Dominique, ils se reconnaîtront.

Deux ans après, après beaucoup de travail,

ce Street Art 2.0 se retrouve dans deux livres majeurs de street art

et ne me demandez pas pourquoi ni comment, je ne sais pas,

dans les livres de français de 3ème.

Pourquoi je vous dis ça ?

(Rires)

Pour un mec qui n'était pas le meilleur ami de l'école, je trouve ça rigolo.

Je le mets dans un petit coin de ma tête.

Pourquoi je vous raconte ça ?

Je pense qu'il y en a pas mal qui sont là, parce qu'ils ont envie,

ou si vous vous posez des questions,

vous avez envie de trouver votre façon de vous exprimer, d'exister.

Vous avez peut-être déjà trouvé des solutions

vous cherchez comment les rendre viables.

En tout cas, je pense que quand on s'assoit dans cet amphithéâtre,

on vient chercher ça.

On vient chercher un petit coup de pied aux fesses pour nous aider à nous lancer.

Alors je vous le dis, vous allez déranger, vous allez interroger :

on ne va pas vous comprendre au début, vous allez être une petite lueur

là où il n'y en a jamais eu.

Les gens adorent les cases mais laissez-leur bien le soin

de vous ranger dans la case qui les rassure.

On me demande tout le temps :

« Tu es Street Artist ou photographe ? Je ne comprends pas. »

C'est pas à moi de me ranger dans une case,

moi, mon métier, c'est d'en créer.

Plus vous dérangerez, mieux ça sera pour vous.

Il y a un petit ingrédient dans mon expérience

qui est indispensable

et qui va vous aider à traverser toutes ces zones de turbulences.

Ce sont ces périodes de doute,

les périodes où vous en prenez plein la gueule,

vous avez tendance à tomber

et il va falloir se relever.

Cet ingrédient un peu magique quelque part, c'est le pourquoi ?

Alors le pourquoi, il est un peu traître

parce que, quand je parle de pourquoi,

je ne parle pas de mon projet d'aller faire du surf à Hawaï,

pour manger des graines de fruits bio que je tremperai dans du houmous

et je mangerai des cocktails, pourquoi ?

Parce que c'est cool, je le mettrai sur Instagram, j'aurai plein de followers.

Non, je ne parle pas de ce pourquoi-là du tout.

Quand je parle du mot « Pourquoi »,

pour moi, c'est quel message, qu'est-ce que vous avez à dire ?

Qu'est-ce qui vous habite, qu'est-ce qui brûle en vous

qui fait que vous pouvez faire passer votre petite étincelle

à travers n'importe quelle épreuve et la transformer en brasier.

Au final, qui êtes-vous par rapport à vos projets ?

J'ai fait du Street Art,

c'était mon idée de départ, mon étincelle, mais pourquoi ?

Je me suis dit que j'ai toujours eu ancré en moi,

ça, je ne sais pas forcément pourquoi,

ce besoin d'essayer de faire réagir l'autre

pour essayer de l'inspirer,

de le rendre un peu meilleur.

J'ai toujours eu besoin de montrer aux autres :

« Regarde ! Moi j'y arrive. Pourquoi pas toi ?

Je ne suis pas meilleur que toi, j'ai juste essayé de me lancer. »

Tant que j'aurais ça ancré en moi,

je pourrais traverser n'importe quelle épreuve,

ma petite étincelle va peut-être trembler.

On a un fort mistral chez nous !

Elle va vaciller, elle va bouger

mais je sais que tôt ou tard, elle va continuer à grandir

et peut-être, elle se transformera en un brasier.

Si j'ai de la chance.

Rappelez-vous ce que je vous ai dit sur la chance.

Aujourd'hui j'ai fait un petit bonhomme de chemin

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Traducteur: Elise LECAMP Relecteur: Elisabeth Buffard Tradutor: Margarida Ferreira Revisora: Mafalda Ferreira

Si je suis ici aujourd'hui, Se estou hoje aqui

c'est pour m'adresser à... je ne vois pas très bien é para me dirigir a... não estou a ver bem...

à toi là-bas. Toi. a ti, aí atrás, a ti.

T'as mis ta belle veste à ce que je vois, Puseste o teu casaco bonito, pelo que vejo,

la chemise, t'as mis ton parfait déguisement d'adulte, a camisa, vestiste o teu perfeito disfarce de adulto,

la nana à côté de toi, pareil. a babá ao teu lado, igualmente.

Mais quand on regarde de plus près, si je pouvais m'approcher, Mas, quando olhamos mais de perto, se eu pudesse aproximar-me,

je pense qu'on verrait encore le petit gamin à l'intérieur qui est aux manettes. penso que ainda veríamos o garotinho lá dentro, que está a jogar no PC.

Ou alors, Ou então,

toi ! a ti!

Toi, le genre de mec qui a mille idées à la seconde, Tu, o tipo de miúdo que tem mil ideias por segundo

mais qui ne sait pas toujours quoi en faire. mas que nunca sabe o que fazer com elas

Ou... Ou...

Je ne sais pas. não sei.

Toi, tiens ! Tu, tu aí!

Je te connais, tu avais beaucoup de rêves, de projets, Conheço-te, tinhas muitos sonhos, muitos projetos,

mais tu t'es un peu fait rattraper par le quotidien mas deixaste-te apanhar pelo quotidiano,

et la routine est confortable. e a rotina é confortável.

Après tout, qui te reprochera d'avoir une vie bien rangée ? Afinal, quem te censurará por teres uma vida bem organizada?

Enfin, pour tous les « toi », tout le monde assis là aujourd'hui, Enfim, para todos os "tus" toda a gente aqui sentada hoje,

je voudrais commencer par vous poser cette question-là : queria começar por vos fazer uma pergunta:

qu'est-ce que l'enfant que tu étais pense de l'adulte que tu es devenu ? O que é que a criança que tu eras pensa do adulto em que te tornaste?

Vous avez déjà pris le temps de vous poser cette question ? Já tiveram tempo de fazer esta pergunta?

Dans mon cas, l'ancien enfant, l'ancien minot marseillais No meu caso, o antigo miúdo, o antigo puto marselhês que eu era,

que j'étais, que je suis toujours, aurait été le premier surpris que ainda sou hoje, teria sido o primeiro a ficar admirado

si on lui avait dit qu'il se retrouverait à parler devant plein de gens. se lhe tivessem dito que haveria de falar diante de tanta gente,

Je pensais que c'était ceux Eu pensava que só eram

qui avaient des vies extraordinaires, qui sauvaient des vies aqueles que tinham vidas extraordinárias, que salvavam vidas

ou qui étaient plutôt bardés de diplômes. ou que estavam atafulhados de diplomas.

Alors, vie extraordinaire, je ne pense pas. Ora bem, uma vida extraordinária, acho que não tenho.

Sauver des vies, il vaut mieux pas que je me mette à ça, c'est risqué. Salvar vidas, é melhor que não me meta nisso, riscado.

Les diplômes, mon rapport avec l'école, Os diplomas, a minha relação com a escola

c'était plutôt un truc comme ça. era sobretudo uma coisa assim.

C'est une métaphore : sous les ponts. É uma metáfora: debaixo das pontes.

Disons que j'avais plutôt un profil autodidacte que scolaire. Digamos que tinha um perfil mais autodidata do que escolar.

J'ai quand même eu mon bac pour faire plaisir à mes parents De qualquer modo, fiz a licenciatura para agradar aos meus pais,

mais un bac un petit peu particulier, mas uma licenciatura um pouco especial,

un bac avec options chemins de traverse. uma licenciatura com caminhos opcionais pelo meio.

C'est tout ce que j'ai appris sur ces nombreux chemins de traverse É tudo isso o que aprendi nesses numerosos caminhos pelo meio

que je suis venu partager avec vous. que venho aqui partilhar convosco.

Alors, j'ai commencé par user les bancs Comecei por usar os bancos

mais pas forcément ceux qu'attendaient mes parents, mas não propriamente aqueles que os meus pais julgavam,

pas ceux de la fac, ceux de la salle d'escalade. não os da faculdade, mas os da sala de escalada.

Là-bas, j'ai appris à canaliser mon énergie. Foi ali que aprendi a canalizar a minha energia.

Ensuite, étant natif de Marseille, adorant les sports de pleine nature, Depois, sendo natural de Marselha, adoro os desportos ao ar livre,

je me suis tourné vers le kitesurf e virei-me para o "kitesurf"

mais à l'époque, ce n'était pas ce que c'est maintenant. mas, na época, não era o que é hoje.

C'était un sport un peu fait de bidouille Era um desporto um pouco artesanal

mais j'ai appris à explorer, à essayer mas aprendi a explorar, a experimentar,

tout en faisant quand même attention à la sécurité não deixando de ter cuidado com a segurança

car c'était vraiment dangereux à l'époque. porque, na época, era muito perigoso.

Ensuite, j'avais envie de trouver un moyen d'expression artistique Then I wanted to find a means of artistic expression. Depois, tive desejos de encontrar um meio de expressão artística

plus classique, même si je trouve les sports extrêmes artistiques. mais clássica, apesar de achar que os desportos são muito artísticos.

Je me suis tourné vers l'écriture. Dediquei-me à escrita.

Alors, j'ai écrit un conte philosophique à 23 ans. Escrevi um conto filosófico, quando tinha 23 anos.

J'ai adoré ça. Adorei.

Mais j'ai vite compris que ce n'était pas pour moi. Mas depressa percebi que aquilo não era para mim.

Ce n'était pas assez rapide, pas assez direct. Não era bastante rápido, bastante direto.

Il me fallait quelque chose de plus succinct dans la forme. Precisava de qualquer coisa com uma forma mais sucinta.

On est en 2008, je me dis : « Bon, j'ai eu la belle vie. Estávamos em 2008 e pensei: "Bom, já tive uma vida boa,

Il est quand même temps de trouver un vrai travail. "Chegou a altura de encontrar um trabalho a sério".

J'avais envie de me sentir utile, de travailler au contact des gens Sentia necessidade de me sentir útil, de trabalhar em contacto com pessoas

et de partager ce que j'avais eu la chance de vivre jusque là, je me suis tourné e de partilhar aquilo que eu tivera a sorte de viver até aí.

vers une carrière de travailleur social, d'éducateur spécialisé. towards a career as a social worker or specialized educator. Virei-me para uma carreira de trabalhador social, educador especializado.

Mais en 2008, je suis tombé aussi, par hasard, un été Mas, em 2008, num verão, em que me aborrecia em Marselha,

alors que je m'ennuyais à Marseille, comprei uma máquina fotográfica

j'ai acheté un appareil photo et je suis tombé sur la photo. e caí, por acaso, na fotografia.

Et la photo, elle m'a rapidement appelé de cette façon-là. E a fotografia rapidamente me atraiu daquele modo.

C'est quand même compliqué de dire non É muito complicado dizer não

quand la photo vous appelle avec cette gueule-là. quando a fotografia nos chama com esta gritaria.

Vous serez d'accord avec ça. Devem estar de acordo comigo.

C'est dur de dire non à M. Chabal. É difícil dizer não a M. Chabal.

Alors, je lui ai dit : « Je vais finir mon diplôme d'éducateur Então, disse-lhe: "Vou terminar o meu diploma de educador."

-- j'aime finir ce que j'ai commencé. Gosto de acabar o que comecei

Et puis, ça me plaît, pourquoi j'arrêterais ? » e, além disso, gosto daquilo, porque é que havia de parar?

Une fois mon diplôme obtenu, je me suis dit : Depois de obter o meu diploma, pensei:

« Tu vas décider, enfin j'ai décidé, "Vais decidir — quer dizer, decidi —

de laisser une chance à la photo. » "dar uma oportunidade à fotografia".

La chance, notre ami Zinédine en sait quelque chose. Quanto à oportunidade o nosso amigo Zinédine percebe disso.

La chance, c'est un mot qui rend tout un petit peu plus... facile. A oportunidade ou sorte é uma palavra que torna tudo um pouco mais fácil.

Ça a un peu un super pouvoir. Tem um certo poder super.

Parce qu'au début, je me suis dit : Porque, no início, pensei:

« Tel photographe a la chance de photographier tel mec, "Aquele fotógrafo tem a sorte de fotografar aquele tipo",

ou il vient de faire telle campagne, il a trop de chance ! » ou "ele acaba de fazer aquela campanha, tem cá uma sorte!"

Dès que je me suis lancé, j'ai vite compris que derrière le mot chance Desde que me lancei, depressa percebi que, por detrás da palavra sorte

se cachaient le mot travail, le mot acharnement, le mot culot escondiam-se as palavras "trabalho", "obstinação", "ousadia"

et surtout le mot sacrifice e, sobretudo, a palavra "sacrifício"

comme beaucoup de temps à passer avec ses proches qu'on sacrifie. como o sacrifício de passar muito tempo longe dos nossos.

Aujourd'hui quand je monte sur cette scène, Hoje, quando subo a um palco,

on me présente comme artiste. apresentam-me como um artista.

On m'introduit ainsi, on me range dans cette case. Apresentam-me assim, arrumam-me nesse cacifo.

Quand on est artiste, c'est notre métier d'avoir des idées, notre matière première. Quando somos artistas, o nosso trabalho é ter ideias, a nossa matéria-prima.

En fait, on ne choisit pas, c'est comme ça. Na verdade, não escolhemos, é assim mesmo.

On est comme ça, les idées viennent à nous. Somos assim mesmo, as ideias vêm ter connosco.

Avoir une idée, je pense qu'on peut l'imager comme une petite étincelle Ter uma ideia, penso que podemos imaginar isso como uma pequena faísca

c'est un peu magique, tout petit, on ne sait pas d'où ça vient é um pouco mágico, muito pequena, não fazemos ideia de onde vem

mais c'est un petit quelque chose, un début. mas é uma coisa qualquer, pequenina, um começo.

Il va falloir apprendre à transformer cette petite étincelle en immense brasier. Vai ser preciso aprender a transformar essa pequena faísca num braseiro enorme.

Désolé, je suis un peu petit, je ne peux pas mimer le brasier énorme, Lamento, sou demasiado pequeno, não posso imitar o braseiro enorme,

mais vous comprendrez : d'une étincelle en brasier. mas vocês percebem: duma faísca para um braseiro.

Dans mon métier d'artiste, il est plus simple d'exister Na minha profissão de artista é mais simples existir

si vous faites ce qui se fait de tendance. se fizermos aquilo para que temos tendência.

Je pense que vous aurez peut-être du travail, Acho que vocês devem ter trabalho,

on dira même peut-être que vous êtes un grand artiste, até talvez vos digam que são um grande artista,

vous aurez du succès, la belle vie, que vão ter êxito, uma bela vida,

la postérité et peut-être que tout ira bien. a posteridade, e talvez tudo corra bem.

J'ai choisi une approche un petit peu moins rock and roll, Escolhi uma abordagem um pouco menos "rock and roll",

un peu plus différente. um pouco diferente.

Je me suis dit, si tu veux un jour te prétendre artiste, Pensei: "Se um dia, queres apresentar-te como artista,

il faut que tu crées ta propre façon de t'exprimer. "precisas de criar a tua forma de te exprimires.

Autrement dit, pour parler de façon plus large, ta propre façon d'exister. "Ou seja, para dizer de modo mais amplo, a tua forma de existir".

Sinon, je me considérerais comme un copier coller, Senão, vou considerar-me como um "copiar, colar",

au mieux à peine amélioré, quando muito um pouco melhorado,

un simple interprète, um simples intérprete

je n'ai rien contre les interprètes, — não tenho nada contra os intérpretes —

de ce qui se fait déjà, daquilo que já existe,

pas un artiste au sens où je l'entends. mas não um artista, no sentido que entendo.

Alors pour tenter de me dire artiste, Então, para me intitular artista

j'ai créé ce que j'ai appelé le Street Art 2.0. criei aquilo a que chamei o Street Art 2.0.

Ça ressemble à ça. É parecido com isto.

Street Art 2.0, c'est quoi ? Street Art 2.0, o que é isso?

Je me suis dit : « J'ai envie de faire du Street Art. Pensei: "Tenho vontade de fazer arte de rua.

Certains utilisent la classique bombe de peinture ou le collage, plein de choses. "Há quem use a clássica pintura à pistola, ou a colagem, muitas coisas.

Ils font déjà ça très bien, pourquoi tenter de refaire ce qu'ils font déjà ? "Fazem isso muito bem, para quê tentar fazer o que eles já fazem?

Ce sont des champions, hyper aboutis dans leur domaine, "Eles são campeões, super bem sucedidos nesse campo.

pourquoi ne pas tenter de créer ma propre façon de faire du Street Art ? "Porque não tentar criar o meu modo de fazer arte de rua?"

Je réfléchis un peu, je viens de la photo, Refleti um pouco, venho da fotografia,

j'aime travailler les éclairages en photo, j'ai pensé, mon outil, c'est la lumière ! gosto de trabalhar a iluminação na foto, pensei: "A minha ferramenta é a luz!"

Tu la comprends, tu la maîtrises, t'es à l'aise avec. "Tu compreende-la, domina-la, estás à vontade com ela.

Pourquoi ne pas proposer un street art basé sur la projection lumineuse ? "Porque não propor uma arte de rua baseada na projeção luminosa?"

Derrière moi, c'est une projection lumineuse dans la rue Aqui atrás de mim, está uma projeção luminosa na rua

qu'on laisse pendant un temps donné, c'est éphémère que se mantém durante um certo tempo, é efémera

et ça disparaît quand on éteint notre projecteur. e desaparece, quando apagamos o nosso projetor.

D'où le terme 2.0. Daí o termo 2.0.

J'ai remplacé la peinture, les bombes de peinture ou la colle Substituí a pintura, as latas de tinta ou a cola

par la technologie pela tecnologia.

et qui plus est, j'adorais l'idée de proposer un street art Além disso, adorava a ideia de propor uma arte de rua

qui était doux dans la forme, c'est donc de la lumière, que era doce na forma — é a luz —

ça ne laisse pas de trace quand je l'éteins, não deixa vestígios quando a apago.

mais ça ne m'empêchait pas pour autant d'être impactant dans le fond. Mas isso não me impedia de causar impacto no fundo,

J'ai donc tenté de créer ma façon de faire du Street Art. Portanto, tentei criar a minha forma de fazer arte de rua.

Pour parler de façon plus large, Para falar de forma mais geral,

j'ai tenté d'inventer mon métier. tentei inventar a minha profissão.

Alors ça, ça en impose autant à dire sur une scène, Isto faz efeito, dizer num palco

genre le mec « Ouais, je crée mon métier » que c'est inconfortable au quotidien. "Pois, eu crio a minha profissão" que é desconfortável no quotidiano,

C'est vraiment, vraiment inconfortable. É realmente muito desconfortável.

Je vous explique. Passo a explicar.

Quand j'ai mis ce Street Art au point, ça a pris un bon moment, Quando afinei a arte de rua — foi um bom momento —

j'ai été voir la grande famille du street art en leur disant, fui ter com a grande família da arte de rua

- imaginez un petit chien avec sa nouvelle balle, tout content : — imaginem um cãozinho com uma bola nova, todo contente — e disse:

« J'ai créé ce Street Art-là, qu'en pensez-vous ? » "Criei esta arte de rua, o que é que acham?"

C'est quoi ? O quê?

C'est une nouvelle façon de faire ce qu'on aime tous. "É uma forma nova de fazer o que todos adoramos.

Qu'est-ce que t'en penses ? "O que é que achas?"

Il va me féliciter. Ele vai felicitar-me?

Là, pas du tout. Não, nada disso.

Ils m'ont rabattu plus bas que terre. Enterraram-me o mais que puderam.

Je me suis fait critiquer, ou j'ai eu droit à des : Criticaram-me, tive direito a:

« Mais ton truc, c'est pas du Street Art ! » "Mas essa coisa não é arte de rua!"

Ou pire que tout, on m'a carrément ignoré : Ou, pior ainda, ignoraram-me completamente:

« Pourquoi il me contacte, lui ? » "Porque é que este tipo me contactou?"

A part quelques rares exceptions, Aparte raras exceções,

merci M. Christophe, Mme Dominique, ils se reconnaîtront. obrigado M. Christophe, Mme Dominique, eles sabem quem são.

Deux ans après, après beaucoup de travail, Dois anos depois, ao fim de muito trabalho,

ce Street Art 2.0 se retrouve dans deux livres majeurs de street art esta Street Art 2.0 encontra-se em dois livros importantes de arte de rua

et ne me demandez pas pourquoi ni comment, je ne sais pas, e, não me perguntem porquê, nem como, porque eu não sei,

dans les livres de français de 3ème. nos livros de francês do 3.º ano.

Pourquoi je vous dis ça ? Porque é que eu vos digo isto?

(Rires) (Risos)

Pour un mec qui n'était pas le meilleur ami de l'école, je trouve ça rigolo. Para um tipo que não era o melhor amigo da escola, acho isso divertido.

Je le mets dans un petit coin de ma tête. Ponho-o a um cantinho da cabeça.

Pourquoi je vous raconte ça ? Porque é que vos conto isto?

Je pense qu'il y en a pas mal qui sont là, parce qu'ils ont envie, Penso que há por aí muita gente que tem vontade

ou si vous vous posez des questions, ou, se se interrogarem,

vous avez envie de trouver votre façon de vous exprimer, d'exister. têm vontade de encontrar um modo de se exprimirem, de existir.

Vous avez peut-être déjà trouvé des solutions Talvez já tenham encontrado soluções

vous cherchez comment les rendre viables. e andem à procura de as tornar viáveis.

En tout cas, je pense que quand on s'assoit dans cet amphithéâtre, Em todo o caso, penso que, quando nos sentamos neste anfiteatro,

on vient chercher ça. vimos procurar isso,

On vient chercher un petit coup de pied aux fesses pour nous aider à nous lancer. vimos procurar um pequeno pontapé no rabo para nos ajudar a lançar-nos.

Alors je vous le dis, vous allez déranger, vous allez interroger : Assim, digo-vos: vocês vão incomodar, vão interrogar,

on ne va pas vous comprendre au début, vous allez être une petite lueur ninguém vai compreender-vos de início, vocês vão ser uma luzinha

là où il n'y en a jamais eu. onde ela nunca existiu.

Les gens adorent les cases mais laissez-leur bien le soin As pessoas adoram os cacifos, mas deixem que elas se ocupem

de vous ranger dans la case qui les rassure. de vos arrumar no cacifo que as tranquiliza.

On me demande tout le temps : Estão sempre a perguntar-me:

« Tu es Street Artist ou photographe ? Je ne comprends pas. » "Tu és um artista da rua ou um fotógrafo? Não percebo bem".

C'est pas à moi de me ranger dans une case, Não me compete ser eu a arrumar-me num cacifo,

moi, mon métier, c'est d'en créer. a minha função é criar.

Plus vous dérangerez, mieux ça sera pour vous. Quanto mais vocês desarrumarem melhor para vocês.

Il y a un petit ingrédient dans mon expérience Há um pequeno ingrediente na minha experiência

qui est indispensable que é indispensável

et qui va vous aider à traverser toutes ces zones de turbulences. e que vos ajudará a atravessar todas as zonas de turbulência.

Ce sont ces périodes de doute, São os períodos de dúvida,

les périodes où vous en prenez plein la gueule, os períodos em que ficamos fartos,

vous avez tendance à tomber temos tendência a cair

et il va falloir se relever. e precisamos de nos levantar.

Cet ingrédient un peu magique quelque part, c'est le pourquoi ? Esse ingrediente um pouco mágico é o "porquê?"

Alors le pourquoi, il est un peu traître O "porquê?" é um pouco traiçoeiro,

parce que, quand je parle de pourquoi, porque, quando eu falo de "porquê?"

je ne parle pas de mon projet d'aller faire du surf à Hawaï, não falo do meu projeto de ir fazer "surf" para Havaí,

pour manger des graines de fruits bio que je tremperai dans du houmous porque vou comer sementes de frutos biológicos que mergulharei em húmus

et je mangerai des cocktails, pourquoi ? e comerei "cocktails", porquê?

Parce que c'est cool, je le mettrai sur Instagram, j'aurai plein de followers. porque é fixe, vou pôr isso no Instagram, vou ter muitos seguidores.

Non, je ne parle pas de ce pourquoi-là du tout. Não, não falo desse "porquê?", de modo nenhum.

Quand je parle du mot « Pourquoi », Quando falo do "porquê?"

pour moi, c'est quel message, qu'est-ce que vous avez à dire ? para mim é: qual é a mensagem, o que é que vocês têm para dizer?

Qu'est-ce qui vous habite, qu'est-ce qui brûle en vous O que é que têm lá dentro? Qual é a vossa chama interior

qui fait que vous pouvez faire passer votre petite étincelle que faz com que possam fazer passar a vossa pequena faísca

à travers n'importe quelle épreuve et la transformer en brasier. por qualquer prova que seja e transformá-la num braseiro?

Au final, qui êtes-vous par rapport à vos projets ? Afinal, quem é que vocês são em relação aos vossos projetos?

J'ai fait du Street Art, Eu fiz arte de rua,

c'était mon idée de départ, mon étincelle, mais pourquoi ? era a minha ideia à partida, a minha faísca, mas porquê?

Je me suis dit que j'ai toujours eu ancré en moi, Pensei que sempre tivera isso dentro de mim,

ça, je ne sais pas forcément pourquoi, — não sou obrigado a saber porquê —

ce besoin d'essayer de faire réagir l'autre essa necessidade de tentar fazer os outros reagirem

pour essayer de l'inspirer, tentar inspirá-los, tentar torná-los um pouco melhores.

de le rendre un peu meilleur.

J'ai toujours eu besoin de montrer aux autres :

« Regarde ! Moi j'y arrive. Pourquoi pas toi ?

Je ne suis pas meilleur que toi, j'ai juste essayé de me lancer. »

Tant que j'aurais ça ancré en moi, Enquanto eu tiver isto dentro de mim,

je pourrais traverser n'importe quelle épreuve, posso aguentar qualquer prova,

ma petite étincelle va peut-être trembler. a minha pequena faísca talvez vá tremer.

On a un fort mistral chez nous ! Temos aqui um vento forte!

Elle va vaciller, elle va bouger Ela vai vacilar, vai tremer

mais je sais que tôt ou tard, elle va continuer à grandir mas eu sei que, mais tarde ou mais cedo, vai continuar a aumentar

et peut-être, elle se transformera en un brasier. e, quem sabe, transformar-se-á num braseiro.

Si j'ai de la chance. Sim, eu tenho sorte.

Rappelez-vous ce que je vous ai dit sur la chance. Mas lembrem-se do que eu disse da sorte.

Aujourd'hui j'ai fait un petit bonhomme de chemin Hoje, tenho feito um caminho e tanto