(#1) État Islamique - Résumé de la guerre contre Daech - YouTube
Fin novembre 2017, l'information passe presque inaperçue, mais l'organisation
terroriste qui a fait couler le plus d'encre ces dernières années perd les
dernières villes qu'elles contrôlait au Moyen-Orient. Comment ce groupe a t'il
réussi à s'imposer en quelques mois pour contrôler à son apogée un territoire
grand comme le Royaume-Uni.
Retraçons sur carte l'histoire de la guerre contre l'État Islamique.
Mais d'abord, voyons le contexte avant 2003
La Syrie et l'Irak sont situés au Moyen-Orient entre deux grandes
puissances rivales d'un point de vue ethnique et religieux,
l'Arabie Saoudite et l'Iran. L'Arabie Saoudite est principalement arabe et à 87% sunnites
tandis que l'Iran est majoritairement perse et chiite. En Irak, Saddam Hussein
qui est de confession sunnite gouverne le pays depuis 1979.
En Syrie, Bachar el-assad qui est comme 13% de la population de confession alaouite
proche du chiisme, succède à son père à la présidence depuis 2000.
Enfin, les deux pays comptent une minorité ethnique kurde qui font partie
d'un peuple d'environ 35 millions d'habitants, divisés au sein de plusieurs états.
Si on regarde les ressources dans la région, l'Irak possède à cette époque
les troisièmes plus grandes réserves de pétrole connues au monde avec
principalement sept gisements géants dont deux sont exploités. Le pétrole
irakien et nationalisé depuis 1972 par Saddam Hussein et ne peut donc être
extrait que par les compagnies nationales.
En 2003, les États-Unis, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme et des
armes de destruction massive, forment une coalition internationale et envahissent
l'Irak en trois semaines. il mettent ensuite en place une autorité provisoire qui
commence par supprimer tout ce qui était en lien avec Saddam Hussein.
D'abord ils interdisent le parti Baas et son million et demi d'adhérents,
licenciant au passage 200 000 employés de l'administration publique.
Ensuite, ils démantèlent les forces armées irakiennes et renvoient plus de 250 000 soldats
pour la plupart sunnites. Cette politique va déstabiliser le pays
et permettre l'apparition de milices rebelles qui vont s'organiser et
rapidement monter en puissance. En 2004, l'une d'elles prête allégeance à
Oussama Ben Laden et devient Al Qaïda en Irak.
Elle est alors basé dans la province d'Al Anbar et combat essentiellement la
coalition américaine et les chiites, déclenchant une guerre civile.
Plus tard elle fusionne avec cinq autres milices et s'autoproclame l'État Islamique d'Irak.
En juin 2009, le nouveau gouvernement irakien met aux enchères l'exploitation de ses gisements
à des multinationales pétrolières. Au même moment, les usa entament
le retrait de leurs troupes d'Irak, ce qui crée une accalmie et marque la fin de la guerre civile.
2011 est marqué par le printemps arabe, des révoltes populaires se soulèvent
contre leurs dirigeants, pour la plupart au pouvoir depuis plusieurs dizaines d'années.
La Syrie n'est pas épargnée, mais les révoltes sont violemment matées par l'armée,
ce qui pousse certains soldats à faire défection et a créer l'Armée Syrienne Libre
rapidement soutenue et armée, parfois discrètement, par l'international.
En face, le Hezbollah libanais et le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique
une organisation paramilitaire basée en Iran, tous deux chiites et alliés de Bachar el-assad
combattent aux côtés de l'armée régulière.
Le conflit rend le pays instable et permet l'arrivée de nouvelles factions
sunnites djihadiste et salafiste qui prennent rapidement le dessus sur la révolution.
Parmi celles-ci, il y a le Front al Nosra, une branche d'Al-Qaïda
En avril 2013
l'État Islamique en Irak décide de devenir L'État Islamique en Irak et au Levant
englobant Al Nosra. Mais Al-Qaïda refuse de valider le nouveau groupe
ce qui rompt le lien entre les organisations.
L'État Islamique en Irak et au Levant décide alors d'intervenir seul en Syrie
En juin, il s'empare d'une bonne partie de Raqqa, aux dépens de l'Armée Syrienne Libre.
La ville deviendra sa capitale politique et militaire.
Face à la menace, les kurdes de Syrie se fédèrent et créent
leur propre administration autonome. Il organisent aussi
leurs unités de protection: le YPG et sa branche 100% féminine le YPJ
En Irak, la deuxième guerre civile éclate avec l'insurrection de tribus sunnites à Al Anbar.
L'État Islamique en Irak et au Levant est au premier plan
et gagne rapidement du territoire. Dans son avancée
l'organisation s'empare de réserves pétrolières et de matériels militaires
abandonnés par l'armée en fuite. En juin, ils prennent Mossoul, la deuxième
ville d'irak avec deux millions d'habitants qui devient sa capitale
religieuse et intellectuelle. Cependant ils seront bloqués dans leur
évolution vers Kirkouk par les Peshmergas, le bras armé des Kurdes d'Irak.
L'État Islamique en Irak et au Levant devient l'État Islamique
et proclame l'instauration d'un califat sur les territoires qu'il contrôle.
L'Iran réagi en soutenant militairement l'Irak et en procédant à des bombardements.
De leur côté les USA créent une nouvelle coalition internationale qui regroupera
69 pays et qui est chargée notamment d'appuyer militairement les forces qui
luttent contre l'État Islamique, et de bloquer les fonds et financements vers l'organisation.
Alors qu'un peu partout dans le monde
des groupes rebelles djihadistes commencent à prêter allégeance à l'état islamique
Au nord de la Syrie, l'État Islamique repousse les Kurdes jusqu'à Kobane
à la frontière turque. Mais quelques mois plus tard
avec l'appui de la coalition internationale, les Kurdes reprennent le dessus
et repoussent l'État Islamique jusqu'au lac El-Assad
Ils infligent ensuite une défaite importante à l'État Islamique
en reprenant la ville frontalière de Tall Abyad qui était un point de passage
important des trafics de pétrole de pétrole de contrebande d'armes et de combattants étrangers
Fin septembre, la Russie intervient à son tour aux côtés de Bachar El-Assad
son allié historique. Elle doit aussi défendre son unique base
navale en mer méditerranée située à Tartous. Elle va d'abord s'attaquer aux
rebelles, dont le front Al Nosra qui contrôle alors 20 à 25% de la population syrienne
Au même moment les Kurdes annoncent
qu'ils s'unissent avec d'autres groupes rebelles pour former
les forces démocratiques syriennes. Ils tentent ensuite de gagner plus
d'indépendance en proclamant la région fédérale du Rojava, ce qui va faire
réagir la Turquie. Plutôt isolée jusque là d'un point de vue diplomatique
elle va d'abord rétablir des liens avec la Russie pour ensuite lancer
l'opération bouclier de l'Euphrate et s'emparer des derniers territoires
de l'État Islamique le long de sa frontière
En Irak, les Peshmergas qui ont libéré Sinjar, coupant la route qui relie Mossoul à Raqqa
participent maintenant à la reprise de Mossoul avec l'armée irakienne
En février la Turquie arrive à son objectif qui était Al Bab
Elle veut maintenant reprendre Manbij aux Kurdes, mais les USA et la
Russie vont l'en empêcher. La Turquie se retire alors officiellement de Syrie et
offre le terre conquise aux rebelles de l'Armée Syrienne Libre
L'État Islamique semble affaibli et perd sur tous les fronts. le FDS rentre à Raqqa
le mois suivant Mossoul est entièrement libérées. l'armée irakienne
et ses alliés reprennent rapidement des territoires. Cependant, les Kurdes d'Irak
organisent un référendum pour leur indépendance
ravivant les tensions ethniques. Le gouvernement irakien engage alors
le combat et reprend le contrôle de zones stratégiques, notamment pétrolières et frontalières
Finalement un cessez-le-feu interrompra ce conflit
Raqqa est maintenant entièrement libérées, suivi rapidement des dernières villes
et villages que contrôlait l'État Islamique
Si aujourd'hui l'État Islamique n'a plus de territoire au Moyen-Orient
son passage n'aura pas été sans conséquence. En Irak, une stabilité fragile
semble être établie, le pays doit se reconstruire en trouvant
un équilibre entre les trois grandes communautés du pays
En Syrie, la guerre civile qui a fait jusqu'ici plus de 400 000 morts
et déplacé la moitié de la population n'est pas encore terminée. Certaines zones
sont encore contrôlées par des groupes rebelles
Bachar El-Assad s'accroche au pouvoir, et probablement que l'enjeu kurde
sera aussi important à l'avenir. Enfin l'Iran et la Russie semblent
renforcés diplomatiquement dans ce conflit alors que l'Arabie Saoudite est
maintenant embourbée dans un autre conflit au Yémen où elle combat les
Houtis, des rebelles chiites qui sont soutenus par l'Iran
Mais ça on en parlera dans une prochaine vidéo.