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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 23. La double piste

Chapitre 23. La double piste

Chapitre 23. La double piste

Je n'étais pas encore revenu de la stupeur que me causait une pareille découverte quand mon jeune ami me frappa sur l'épaule et me dit :

« Suivez-moi !

— Où, lui demandai-je ?

— Dans ma chambre.

— Qu'allons-nous y faire ?

— Réfléchir. J'avouai, quant à moi, que j'étais dans l'impossibilité totale, non seulement de réfléchir, mais encore de penser ; et, dans cette nuit tragique, après des événements dont l'horreur n'était égalée que par leur incohérence, je m'expliquais difficilement comment, entre le cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-être à l'agonie, Joseph Rouletabille pouvait avoir la prétention de « réfléchir ». C'est ce qu'il fit cependant, avec le sang-froid des grands capitaines au milieu des batailles. Il poussa sur nous la porte de sa chambre, m'indiqua un fauteuil, s'assit posément en face de moi, et, naturellement, alluma sa pipe. Je le regardais réfléchir... et je m'endormis. Quand je me réveillai, il faisait jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille n'était plus là. Son fauteuil, en face de moi, était vide. Je me levai et commençai de m'étirer les membres quand la porte s'ouvrit et mon ami rentra. Je vis tout de suite à sa physionomie que, pendant que je dormais, il n'avait point perdu son temps.

« Mlle Stangerson ? demandai-je tout de suite.

— Son état, très alarmant, n'est pas désespéré.

— Il y a longtemps que vous avez quitté cette chambre ?

— Au premier rayon de l'aube.

— Vous avez travaillé ?

— Beaucoup.

— Découvert quoi ?

— Une double empreinte de pas très remarquable « et qui aurait pu me gêner... »

— Elle ne vous gêne plus ?

— Non.

— Vous explique-t-elle quelque chose ?

— Oui.

— Relativement au « cadavre incroyable » du garde ?

— Oui ; ce cadavre est tout à fait « croyable », maintenant. J'ai découvert ce matin, en me promenant autour du château, deux sortes de pas distinctes dont les empreintes avaient été faites cette nuit en même temps, côte à côte. Je dis : « en même temps » ; et, en vérité, il ne pouvait guère en être autrement, car, si l'une de ces empreintes était venue après l'autre, suivant le même chemin, elle eût souvent « empiété sur l'autre », ce qui n'arrivait jamais. Les pas de celui-ci ne marchaient point sur les pas de celui-là. Non, c'étaient des pas « qui semblaient causer entre eux ». Cette double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le milieu de la cour d'honneur, pour sortir de cette cour et se diriger vers la chênaie. Je quittais la cour d'honneur, les yeux fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan. Immédiatement, il s'intéressa beaucoup à mon travail, car cette double empreinte méritait vraiment qu'on s'y attachât. On retrouvait là la double empreinte des pas de l'affaire de la « Chambre Jaune » : les pas grossiers et les pas élégants ; mais, tandis que, lors de l'affaire de la « Chambre Jaune », les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de l'étang les pas élégants, pour disparaître ensuite — dont nous avions conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même individu qui n'avait fait que changer de chaussures — ici, pas grossiers et pas élégants voyageaient de compagnie. Une pareille constatation était bien faite pour me troubler dans mes certitudes antérieures. Larsan semblait penser comme moi ; aussi, restions- nous penchés sur ces empreintes, reniflant ces pas comme des chiens à l'affût.

« Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La première semelle, qui était celle que j'avais découpée sur l'empreinte des souliers du père Jacques retrouvés par Larsan, c'est-à-dire sur l'empreinte des pas grossiers, cette première semelle, dis-je, s'appliqua parfaitement à l'une des traces que nous avions sous les yeux, et la seconde semelle, qui était le dessin des « pas élégants », s'appliqua également sur l'empreinte correspondante, mais avec une légère différence à la pointe. En somme, cette trace nouvelle du pas élégant ne différait de la trace du bord de l'étang que par la pointe de la bottine. Nous ne pouvions en tirer cette conclusion que cette trace appartenait au même personnage, mais nous ne pouvions non plus affirmer qu'elle ne lui appartenait pas. L'inconnu pouvait ne plus porter les mêmes bottines.

« Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous fûmes conduits à sortir bientôt de la chênaie et nous nous trouvâmes sur les mêmes bords de l'étang qui nous avaient vus lors de notre première enquête. Mais, cette fois, aucune des traces ne s'y arrêtait et toutes deux, prenant le petit sentier, allaient rejoindre la grande route d'Épinay. Là, nous tombâmes sur un macadam récent qui ne nous montra plus rien ; et nous revînmes au château, sans nous dire un mot.

« Arrivés dans la cour d'honneur, nous nous sommes séparés ; mais, par suite du même chemin qu'avait pris notre pensée, nous nous sommes rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père Jacques. Nous avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté tout de suite que les effets qu'il avait jetés sur une chaise étaient dans un état lamentable, et que ses chaussures, des souliers tout à fait pareils à ceux que nous connaissions, étaient extraordinairement boueux. Ce n'était certainement point en aidant à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses habits, puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant ce moment-là et il avait plu après.

« Quant à la figure du bonhomme, elle n'était pas belle à voir. Elle semblait refléter une fatigue extrême, et ses yeux clignotants nous regardèrent, dès l'abord, avec effroi.

« Nous l'avons interrogé. Il nous a répondu d'abord qu'il s'était couché immédiatement après l'arrivée au château du médecin que le maître d'hôtel était allé quérir ; mais nous l'avons si bien poussé, nous lui avons si bien prouvé qu'il mentait, qu'il a fini par nous avouer qu'il était, en effet, sorti du château. Nous lui en avons, naturellement, demandé la raison ; il nous a répondu qu'il s'était senti mal à la tête, et qu'il avait eu besoin de prendre l'air, mais qu'il n'était pas allé plus loin que la chênaie. Nous lui avons alors décrit tout le chemin qu'il avait fait, aussi bien que si nous l'avions vu marcher. Le vieillard se dressa sur son séant et se prit à trembler.

« —Vous n'étiez pas seul ! » s'écria Larsan.

« Alors, le père Jacques :

« —Vous l'avez donc vu ?

« —Qui ? demandai-je.

« — Mais le fantôme noir ! « Sur quoi, le père Jacques nous conta que, depuis quelques nuits, il voyait le fantôme noir. Il apparaissait dans le parc sur le coup de minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse incroyable. Il paraissait « traverser » le tronc des arbres ; deux fois, le père Jacques, qui avait aperçu le fantôme à travers sa fenêtre, à la clarté de la lune, s'était levé et, résolument, était parti à la chasse de cette étrange apparition. L'avant- veille, il avait failli la rejoindre, mais elle s'était évanouie au coin du donjon ; enfin, cette nuit, étant en effet sorti du château, travaillé par l'idée du nouveau crime qui venait de se commettre, il avait vu tout à coup, surgir au milieu de la cour d'honneur, le fantôme noir. Il l'avait suivi d'abord prudemment, puis de plus près... ainsi il avait tourné la chênaie, l'étang, et était arrivé au bord de la route d'Épinay. « Là, le fantôme avait soudain disparu. « —Vous n'avez pas vu sa figure ? demanda Larsan.

« —Non ! Je n'ai vu que des voiles noirs...

« —Et, après ce qui s'est passé dans la galerie, vous n'avez pas sauté dessus ?

« —Je ne le pouvais pas ! Je me sentais terrifié... C'est à peine si j'avais la force de le suivre...

« —Vous ne l'avez pas suivi, fis-je, père Jacques, — et ma voix était menaçante — vous êtes allé avec le fantôme jusqu'à la route d'Épinay « bras dessus, bras dessous » !

« —Non ! cria-t-il... il s'est mis à tomber des trombes d'eau... Je suis rentré ! ... Je ne sais pas ce que le fantôme noir est devenu... »

« Mais ses yeux se détournèrent de moi.

« Nous le quittâmes.

« Quand nous fûmes dehors :

« —Complice ? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant Larsan bien en face pour surprendre le fond de sa pensée.

« Larsan leva les bras au ciel.

« —Est-ce qu'on sait ? ... Est-ce qu'on sait, dans une affaire pareille ? ... Il y a vingt-quatre heures, j'aurais juré qu'il n'y avait pas de complice ! ... »

« Et il me laissa en m'annonçant qu'il quittait le château sur-le- champ pour se rendre à Épinay. Rouletabille avait fini son récit. Je lui demandai :

« Eh bien ? Que conclure de tout cela ? ... Quant à moi, je ne vois pas ! ... je ne saisis pas ! ... Enfin ! Que savez-vous ?

— Tout ! s'exclama-t-il ... Tout ! Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s'était levé et me serrait la main avec force...

« Alors, expliquez-moi, priai-je...

— Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson », me répondit- il brusquement.


Chapitre 23. Chapter 23. The double track Capítulo 23. La doble vía Capitolo 23. Il doppio binario Capítulo 23. A via dupla Глава 23. Двойной путь La double piste

Chapitre 23. Chapter 23. La double piste The double track

Je n’étais pas encore revenu de la stupeur que me causait une pareille découverte quand mon jeune ami me frappa sur l’épaule et me dit : I had not yet recovered from the amazement that such discovery caused me when my young friend slapped me on the shoulder and said: Eu ainda não havia me recuperado do espanto que tal descoberta me causou quando meu jovem amigo me deu um tapa no ombro e disse:

« Suivez-moi !

— Où, lui demandai-je ?

— Dans ma chambre.

— Qu’allons-nous y faire ? - What are we going to do there? - O que você irá fazer sobre isso?

— Réfléchir. - Reflect. J’avouai, quant à moi, que j’étais dans l’impossibilité totale, non seulement de réfléchir, mais encore de penser ; et, dans cette nuit tragique, après des événements dont l’horreur n’était égalée que par leur incohérence, je m’expliquais difficilement comment, entre le cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-être à l’agonie, Joseph Rouletabille pouvait avoir la prétention de « réfléchir ». I confessed, for my part, that I was in the total impossibility, not only of thinking, but also of thinking; and, on that tragic night, after events whose horror was matched only by their inconsistency, I found it difficult to understand how, between the body of the guard and Mlle Stangerson, perhaps in agony, Joseph Rouletabille could have had the claim to "think". C’est ce qu’il fit cependant, avec le sang-froid des grands capitaines au milieu des batailles. He did, however, with the coolness of great captains in the midst of battle. Il poussa sur nous la porte de sa chambre, m’indiqua un fauteuil, s’assit posément en face de moi, et, naturellement, alluma sa pipe. He pushed open the door of his room on us, pointed to an armchair, sat down calmly in front of me, and naturally lit his pipe. Ele empurrou a porta de seu quarto para nós, apontou para uma poltrona, sentou-se calmamente na minha frente e acendeu naturalmente seu cachimbo. Je le regardais réfléchir... et je m’endormis. I watched him think ... and fell asleep. Quand je me réveillai, il faisait jour. When I woke up, it was daylight. Ma montre marquait huit heures. My watch marked eight o'clock. Rouletabille n’était plus là. Rouletabille was no longer there. Son fauteuil, en face de moi, était vide. His chair, in front of me, was empty. Je me levai et commençai de m’étirer les membres quand la porte s’ouvrit et mon ami rentra. I stood up and began to stretch my limbs when the door opened and my friend entered. Je vis tout de suite à sa physionomie que, pendant que je dormais, il n’avait point perdu son temps. I immediately saw by his countenance that, while I was asleep, he had not wasted his time.

« Mlle Stangerson ? "Miss Stangerson? demandai-je tout de suite.

— Son état, très alarmant, n’est pas désespéré. - Sein Zustand ist zwar sehr alarmierend, aber nicht hoffnungslos. - His condition, very alarming, is not hopeless.

— Il y a longtemps que vous avez quitté cette chambre ? - Is it a long time since you left this room?

— Au premier rayon de l’aube. - Ao primeiro raio da madrugada.

— Vous avez travaillé ?

— Beaucoup.

— Découvert quoi ?

— Une double empreinte de pas très remarquable « et qui aurait pu me gêner... » - Ein doppelter Abdruck von nicht sehr bemerkenswert " und der mich hätte stören können...". - A very remarkable double footprint "which could have bothered me ..."

— Elle ne vous gêne plus ? - Stört sie Sie nicht mehr?

— Non.

— Vous explique-t-elle quelque chose ? - Erklärt sie Ihnen etwas? - Does she explain anything to you?

— Oui.

— Relativement au « cadavre incroyable » du garde ? - In Bezug auf die "unglaubliche Leiche" des Wachmanns? - Relating to the guard's “incredible corpse”?

— Oui ; ce cadavre est tout à fait « croyable », maintenant. - Yes ; this corpse is quite "believable" now. J’ai découvert ce matin, en me promenant autour du château, deux sortes de pas distinctes dont les empreintes avaient été faites cette nuit en même temps, côte à côte. I discovered this morning, while walking around the castle, two different kinds of steps whose imprints had been made that night at the same time, side by side. Je dis : « en même temps » ; et, en vérité, il ne pouvait guère en être autrement, car, si l’une de ces empreintes était venue après l’autre, suivant le même chemin, elle eût souvent « empiété sur l’autre », ce qui n’arrivait jamais. I say: "at the same time"; and, in truth, it could hardly have been otherwise, because, if one of these imprints had come after the other, following the same path, it would often have "encroached on the other", which did not happen never. Eu digo: "ao mesmo tempo"; e, na verdade, dificilmente poderia ser de outra forma, pois, se uma dessas gravuras viesse depois da outra, seguindo o mesmo caminho, muitas vezes teria "invadido a outra", o que não aconteceu, nunca. Les pas de celui-ci ne marchaient point sur les pas de celui-là. The steps of this one did not follow the steps of that one. Non, c’étaient des pas « qui semblaient causer entre eux ». No, they were steps "that seemed to be causing each other". Cette double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le milieu de la cour d’honneur, pour sortir de cette cour et se diriger vers la chênaie. This double imprint left all the other imprints, towards the middle of the main courtyard, to leave this courtyard and go towards the oak grove. Je quittais la cour d’honneur, les yeux fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan. I was leaving the main courtyard, my eyes fixed on my track, when I was joined by Frédéric Larsan. Immédiatement, il s’intéressa beaucoup à mon travail, car cette double empreinte méritait vraiment qu’on s’y attachât. Immediately, he became very interested in my work, because this double imprint really deserved to be attached to it. Inmediatamente se interesó mucho por mi trabajo, porque esta doble huella realmente merecía atención. Imediatamente, ele se interessou muito pelo meu trabalho, pois essa dupla impressão realmente merecia atenção. On retrouvait là la double empreinte des pas de l’affaire de la « Chambre Jaune » : les pas grossiers et les pas élégants ; mais, tandis que, lors de l’affaire de la « Chambre Jaune », les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de l’étang les pas élégants, pour disparaître ensuite — dont nous avions conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même individu qui n’avait fait que changer de chaussures — ici, pas grossiers et pas élégants voyageaient de compagnie. Here we find the double imprint of the steps of the "Yellow Room" affair: the coarse and elegant steps; but, while, during the "Yellow Room" affair, the coarse steps only joined the elegant steps at the edge of the pond, only to disappear - which we concluded, Larsan and I, that these two sort of footsteps belonged to the same individual who had only changed shoes - here, rude and not elegant were traveling with company. Une pareille constatation était bien faite pour me troubler dans mes certitudes antérieures. Such an observation was well made to disturb me in my previous certainties. Larsan semblait penser comme moi ; aussi, restions- nous penchés sur ces empreintes, reniflant ces pas comme des chiens à l’affût. Larsan seemed to think like me; so we stayed leaning over these footprints, sniffing these steps like dogs on the prowl. Larsan parecia pensar como eu; então ficamos curvados sobre essas pegadas, farejando essas pegadas como cães à espreita.

« Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. “I took my paper soles out of my wallet. “Tirei as solas de papel da carteira. La première semelle, qui était celle que j’avais découpée sur l’empreinte des souliers du père Jacques retrouvés par Larsan, c’est-à-dire sur l’empreinte des pas grossiers, cette première semelle, dis-je, s’appliqua parfaitement à l’une des traces que nous avions sous les yeux, et la seconde semelle, qui était le dessin des « pas élégants », s’appliqua également sur l’empreinte correspondante, mais avec une légère différence à la pointe. The first sole, which was the one I had cut from the imprint of Father Jacques' shoes found by Larsan, that is to say, on the imprint of coarse footsteps, this first sole, I say, is applied perfectly to one of the marks we had in front of us, and the second sole, which was the design of the "elegant steps", also applied to the corresponding indentation, but with a slight difference at the toe. A primeira sola, que foi a que cortei da marca dos sapatos do Padre Jacques encontrados pelo Larsan, ou seja, da marca de pegadas grosseiras, esta primeira sola, digo eu, é aplicada perfeitamente a uma das marcas tínhamos à nossa frente, e a segunda sola, que era o desenho dos "degraus elegantes", também aplicada ao recuo correspondente, mas com uma ligeira diferença na biqueira. En somme, cette trace nouvelle du pas élégant ne différait de la trace du bord de l’étang que par la pointe de la bottine. In short, this new trace of elegant step differed from the trace of the edge of the pond only by the tip of the boot. Em suma, esse novo traço do degrau elegante diferia do traço da beira do lago apenas pela ponta da bota. Nous ne pouvions en tirer cette conclusion que cette trace appartenait au même personnage, mais nous ne pouvions non plus affirmer qu’elle ne lui appartenait pas. We could not draw this conclusion that this trace belonged to the same character, but neither could we say that it did not belong to him. L’inconnu pouvait ne plus porter les mêmes bottines. The stranger could no longer wear the same boots.

« Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous fûmes conduits à sortir bientôt de la chênaie et nous nous trouvâmes sur les mêmes bords de l’étang qui nous avaient vus lors de notre première enquête. “Always following this double imprint, Larsan and I were driven out of the oak grove soon and we found ourselves on the same edge of the pond that we had seen during our first investigation. Mais, cette fois, aucune des traces ne s’y arrêtait et toutes deux, prenant le petit sentier, allaient rejoindre la grande route d’Épinay. But this time, none of the tracks stopped there and both, taking the small path, went to join the main road to Épinay. Là, nous tombâmes sur un macadam récent qui ne nous montra plus rien ; et nous revînmes au château, sans nous dire un mot. There, we came across a recent macadam which showed us nothing; and we returned to the chateau without saying a word to each other. Allí nos encontramos con un nuevo asfalto que no nos mostró nada más, y regresamos al castillo sin decirnos una palabra. Lá, encontramos um macadame recente que não nos mostrou nada; e voltamos ao castelo sem dizer uma palavra um ao outro.

« Arrivés dans la cour d’honneur, nous nous sommes séparés ; mais, par suite du même chemin qu’avait pris notre pensée, nous nous sommes rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père Jacques. “Arrived in the main courtyard, we parted; but, following the same path that our thoughts had taken, we met again in front of the door of Father Jacques' room. Nous avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté tout de suite que les effets qu’il avait jetés sur une chaise étaient dans un état lamentable, et que ses chaussures, des souliers tout à fait pareils à ceux que nous connaissions, étaient extraordinairement boueux. We found the old servant in bed and immediately saw that the things he had thrown on a chair were in terrible shape, and that his shoes, shoes quite like those we know, were extraordinarily muddy . Ce n’était certainement point en aidant à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses habits, puisque alors il ne pleuvait pas. It was certainly not by helping to transport the body of the guard, from the end of the yard to the hall, and by going to get a lantern in the kitchens, that Father Jacques had arranged his shoes in this way and soaked his clothes, since then he was not raining. Certamente não foi ajudando a transportar o corpo do guarda, do fundo do pátio ao vestíbulo, e indo buscar uma lanterna na cozinha, que o Padre Jacques arranjou assim seus sapatos e ensopou suas roupas, desde então ele não estava chovendo. Mais il avait plu avant ce moment-là et il avait plu après. But it had rained before that time and it had rained after.

« Quant à la figure du bonhomme, elle n’était pas belle à voir. "As for the figure of the man, it was not beautiful to see. Elle semblait refléter une fatigue extrême, et ses yeux clignotants nous regardèrent, dès l’abord, avec effroi. She seemed to reflect extreme tiredness, and her blinking eyes looked at us from the start with dread. Ela parecia refletir um cansaço extremo, e seus olhos piscantes olharam para nós, a princípio, com medo.

« Nous l’avons interrogé. "We interrogated him. Il nous a répondu d’abord qu’il s’était couché immédiatement après l’arrivée au château du médecin que le maître d’hôtel était allé quérir ; mais nous l’avons si bien poussé, nous lui avons si bien prouvé qu’il mentait, qu’il a fini par nous avouer qu’il était, en effet, sorti du château. He replied first of all that he had gone to bed immediately after the doctor's arrival at the chateau that the butler had gone to fetch; but we pushed him so well, we proved him so well that he was lying, that he finally admitted to us that he had, in fact, left the castle. Ele primeiro respondeu que foi para a cama imediatamente após a chegada ao castelo do médico que o mordomo tinha ido buscar; mas nós o pressionamos tão bem, provamos tão bem que ele estava mentindo, que ele acabou nos confessando que realmente havia deixado o castelo. Nous lui en avons, naturellement, demandé la raison ; il nous a répondu qu’il s’était senti mal à la tête, et qu’il avait eu besoin de prendre l’air, mais qu’il n’était pas allé plus loin que la chênaie. We naturally asked him why; he replied that he had felt a headache, and that he needed some fresh air, but that he had gone no further than the oak grove. Naturalmente, perguntamos a ele por quê; ele respondeu que tinha sentido uma dor de cabeça e que precisava de um pouco de ar fresco, mas que não tinha ido além do bosque de carvalhos. Nous lui avons alors décrit tout le chemin qu’il avait fait, aussi bien que si nous l’avions vu marcher. We then described to him all the way he had come, as well as if we had seen him walk. Le vieillard se dressa sur son séant et se prit à trembler. The old man rose to his feet and began to tremble. O velho sentou-se e começou a tremer.

« —Vous n’étiez pas seul ! "'You weren't alone! » s’écria Larsan.

« Alors, le père Jacques :

« —Vous l’avez donc vu ? "'So you saw him?

« —Qui ? demandai-je.

« — Mais le fantôme noir ! "- But the black ghost! « Sur quoi, le père Jacques nous conta que, depuis quelques nuits, il voyait le fantôme noir. "Whereupon, Father Jacques told us that, for the past few nights, he had seen the black ghost. “Então o padre Jacques nos disse que havia várias noites que via o fantasma negro. Il apparaissait dans le parc sur le coup de minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse incroyable. He appeared in the park at the stroke of midnight and glided against the trees with incredible flexibility. Ele apareceu no parque ao bater da meia-noite e deslizou contra as árvores com incrível flexibilidade. Il paraissait « traverser » le tronc des arbres ; deux fois, le père Jacques, qui avait aperçu le fantôme à travers sa fenêtre, à la clarté de la lune, s’était levé et, résolument, était parti à la chasse de cette étrange apparition. He seemed to "go through" the trunks of trees; twice Father Jacques, who had seen the phantom through his window, by moonlight, got up and resolutely set out to hunt for this strange apparition. Ele parecia "atravessar" os troncos das árvores; duas vezes o padre Jacques, que vira o fantasma pela janela ao luar, levantou-se e partiu resolutamente para caçar aquela estranha aparição. L’avant- veille, il avait failli la rejoindre, mais elle s’était évanouie au coin du donjon ; enfin, cette nuit, étant en effet sorti du château, travaillé par l’idée du nouveau crime qui venait de se commettre, il avait vu tout à coup, surgir au milieu de la cour d’honneur, le fantôme noir. The day before, he had almost joined her, but she had passed out at the corner of the keep; finally, that night, having indeed left the castle, worked on by the idea of the new crime which had just been committed, he had suddenly seen appearing, in the middle of the court of honor, the black ghost. Il l’avait suivi d’abord prudemment, puis de plus près... ainsi il avait tourné la chênaie, l’étang, et était arrivé au bord de la route d’Épinay. He had followed him cautiously at first, then closer ... so he had turned the oak grove, the pond, and arrived at the edge of the road to Épinay. « Là, le fantôme avait soudain disparu. "There, the ghost had suddenly disappeared. « —Vous n’avez pas vu sa figure ? demanda Larsan.

« —Non ! Je n’ai vu que des voiles noirs... I only saw black sails ...

« —Et, après ce qui s’est passé dans la galerie, vous n’avez pas sauté dessus ? "And after what happened in the gallery, you haven't jumped on it?"

« —Je ne le pouvais pas ! "'I couldn't! Je me sentais terrifié... C’est à peine si j’avais la force de le suivre... I felt terrified ... I barely had the strength to follow him ...

« —Vous ne l’avez pas suivi, fis-je, père Jacques, — et ma voix était menaçante — vous êtes allé avec le fantôme jusqu’à la route d’Épinay « bras dessus, bras dessous » ! "You did not follow him," said I, Father Jacques. “'Você não o seguiu, padre Jacques, - e minha voz era ameaçadora - você foi com o fantasma até a estrada para Épinay' de braços dados, de braços dados '!

« —Non ! " -No ! cria-t-il... il s’est mis à tomber des trombes d’eau... Je suis rentré ! he cried ... he started to fall like rain ... I came back! ... Je ne sais pas ce que le fantôme noir est devenu... » ... I don't know what the black ghost has become ... "

« Mais ses yeux se détournèrent de moi. "But his eyes turned away from me.

« Nous le quittâmes. "We left him.

« Quand nous fûmes dehors : "When we were outside:

« —Complice ? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant Larsan bien en face pour surprendre le fond de sa pensée. I asked, in a singular tone, looking Larsan straight in the face to catch the back of his mind.

« Larsan leva les bras au ciel. Larsan threw his arms up to the sky.

« —Est-ce qu’on sait ? "'Do we know? ... Est-ce qu’on sait, dans une affaire pareille ? ... Do we know, in such a case? ... Il y a vingt-quatre heures, j’aurais juré qu’il n’y avait pas de complice ! ... Twenty-four hours ago, I could have sworn there was no accomplice! ... » ... "

« Et il me laissa en m’annonçant qu’il quittait le château sur-le- champ pour se rendre à Épinay. "And he left me, announcing that he was leaving the chateau at once to go to Épinay. Rouletabille avait fini son récit. Rouletabille had finished his story. Je lui demandai :

« Eh bien ? Que conclure de tout cela ? ... Quant à moi, je ne vois pas ! ... As for me, I don't see! ... je ne saisis pas ! ... I don't understand! ... Enfin ! ... Finally ! Que savez-vous ? What do you know ?

— Tout ! - All ! s’exclama-t-il ... Tout ! he exclaimed ... Everything! Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. And I had never seen him look more radiant. Il s’était levé et me serrait la main avec force... He stood up and squeezed my hand tightly ... Ele se levantou e apertou minha mão com força ...

« Alors, expliquez-moi, priai-je... "So explain it to me," I begged ...

— Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson », me répondit- il brusquement. "Let's go and find out from Miss Stangerson," he replied sharply. "Vamos descobrir com a Srta. Stangerson", ele respondeu bruscamente.