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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 22. Le cadavre incroyable

Chapitre 22. Le cadavre incroyable

Chapitre 22. Le cadavre incroyable

Je me penchai, avec une anxiété inexprimable, sur le corps du reporter, et j'eus la joie de constater qu'il dormait ! Il dormait de ce sommeil profond et maladif dont j'avais vu s'endormir Frédéric Larsan. Lui aussi était victime du narcotique que l'on avait versé dans nos aliments. Comment, moi-même, n'avais-je point subi le même sort ! Je réfléchis alors que le narcotique avait dû être versé dans notre vin ou dans notre eau, car ainsi tout s'expliquait : « je ne bois pas en mangeant. » Doué par la nature d'une rotondité prématurée, je suis au régime sec, comme on dit. Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point à lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait être, à n'en point douter, le fait de Mlle Stangerson.

Celle-ci avait certainement pensé que, plus que son père encore, elle avait à craindre la veille de ce jeune homme qui prévoyait tout, qui savait tout ! Je me rappelai que le maître d'hôtel nous avait recommandé, en nous servant, un excellent Chablis qui, sans doute, avait passé sur la table du professeur et de sa fille.

Plus d'un quart d'heure s'écoula ainsi. Je me résolus, en ces circonstances extrêmes, où nous avions tant besoin d'être éveillés, à des moyens robustes. Je lançai à la tête de Rouletabille un broc d'eau. Il ouvrit les yeux, enfin ! de pauvres yeux mornes, sans vie et ni regard. Mais n'était-ce pas là une première victoire ? Je voulus la compléter ; j'administrai une paire de gifles sur les joues de Rouletabille, et le soulevai. Bonheur ! je sentis qu'il se raidissait entre mes bras, et je l'entendis qui murmurait : « Continuez, mais ne faites pas tant de bruit ! ... » Continuer à lui donner des gifles sans faire de bruit me parut une entreprise impossible. Je me repris à le pincer et à le secouer, et il put tenir sur ses jambes. Nous étions sauvés ! ... « On m'a endormi, fit-il... Ah ! J'ai passé un quart d'heure abominable avant de céder au sommeil... Mais maintenant, c'est passé ! Ne me quittez pas ! ... »

Il n'avait pas plus tôt terminé cette phrase que nous eûmes les oreilles déchirées par un cri affreux qui retentissait dans le château, un véritable cri de la mort...

« Malheur ! hurla Rouletabille... nous arrivons trop tard ! ... »

Et il voulut se précipiter vers la porte ; mais il était tout étourdi et roula contre la muraille. Moi, j'étais déjà dans la galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du côté de la chambre de Mlle Stangerson. Au moment même où j'arrivais à l'intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je vis un individu qui s'échappait de l'appartement de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier.

Je ne fus pas maître de mon geste : je tirai... le coup de revolver retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant ; mais l'homme, continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà l'escalier. Je courus derrière lui, en criant : « Arrête ! arrête ! ou je te tue ! ... » Comme je me précipitais à mon tour dans l'escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie, aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait : « Qu'y a-t-il ? ... Qu'y a-t-il ? ... » Nous arrivâmes presque en même temps au bas de l'escalier, Arthur Rance et moi ; la fenêtre du vestibule était ouverte ; nous vîmes distinctement la forme de l'homme qui fuyait ; instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa direction ; l'homme n'était pas à plus de dix mètres devant nous ; il trébucha et nous crûmes qu'il allait tomber ; déjà nous sautions par la fenêtre ; mais l'homme se reprit à courir avec une vigueur nouvelle ; j'étais en chaussettes, l'Américain était pieds nus ; nous ne pouvions espérer l'atteindre « si nos revolvers ne l'atteignaient pas » ! Nous tirâmes nos dernières cartouches sur lui ; il fuyait toujours... Mais il fuyait du côté droit de la cour d'honneur vers l'extrémité de l'aile droite du château, dans ce coin entouré de fossés et de hautes grilles d'où il allait lui être impossible de s'échapper, dans ce coin qui n'avait d'autre issue, « devant nous », que la porte de la petite chambre en encorbellement occupée maintenant par le garde.

L'homme, bien qu'il fût inévitablement blessé par nos balles, avait maintenant une vingtaine de mètres d'avance. Soudain, derrière nous, au-dessus de nos têtes, une fenêtre de la galerie s'ouvrit et nous entendîmes la voix de Rouletabille qui clamait, désespérée :

« Tirez, Bernier ! Tirez ! Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore striée d'un éclair.

À la lueur de cet éclair, nous vîmes le père Bernier, debout avec son fusil, à la porte du donjon.

Il avait bien visé. « L'ombre tomba. » Mais, comme elle était arrivée à l'extrémité de l'aile droite du château, elle tomba de l'autre côté de l'angle de la bâtisse ; c'est-à-dire que nous vîmes qu'elle tombait, mais elle ne s'allongea définitivement par terre que de cet autre côté du mur que nous ne pouvions pas voir. Bernier, Arthur Rance et moi, nous arrivions de cet autre côté du mur, vingt secondes plus tard. « L'ombre était morte à nos pieds. Réveillé évidemment de son sommeil léthargique par les clameurs et les détonations, Larsan venait d'ouvrir la fenêtre de sa chambre et nous criait, comme avait crié Arthur Rance : « Qu'y a-t-il ? ... Qu'y a-t-il ? ... »

Et nous, nous étions penchés sur l'ombre, sur la mystérieuse ombre morte de l'assassin. Rouletabille, tout à fait réveillé maintenant, nous rejoignit dans le moment, et je lui criai :

« Il est mort ! Il est mort ! ...

— Tant mieux, fit-il... Apportez-le dans le vestibule du château...

Mais il se reprit :

« Non ! non ! Déposons-le dans la chambre du garde ! ... »

Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde... Personne ne répondit de l'intérieur... ce qui ne m'étonna point, naturellement.

« Évidemment, il n'est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait déjà sorti ! ... Portons donc ce corps dans le vestibule... »

Depuis que nous étions arrivés sur « l'ombre morte », la nuit s'était faite si noire, par suite du passage d'un gros nuage sur la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes. Et cependant, nos yeux avaient hâte de savoir ! Le père Jacques, qui arrivait, nous aida à transporter le cadavre jusque dans le vestibule du château. Là, nous le déposâmes sur la première marche de l'escalier. J'avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des blessures...

Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Il se pencha sur le visage de « l'ombre morte », et nous reconnûmes le garde, celui que le patron de l'auberge du « Donjon » appelait « l'homme vert » et que, une heure auparavant, j'avais vu sortir de la chambre d'Arthur Rance, chargé d'un ballot. Mais, ce que j'avais vu, je ne pouvais le rapporter qu'à Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques instants plus tard.

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Je ne saurais passer sous silence l'immense stupéfaction — je dirai même le cruel désappointement — dont firent preuve Joseph Rouletabille et Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. Ils tâtaient le cadavre... ils regardaient cette figure morte, ce costume vert du garde... et ils répétaient, l'un et l'autre : « Impossible ! ... c'est impossible ! Rouletabille s'écria même :

« C'est à jeter sa tête aux chiens ! Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de lamentations ridicules. Il affirmait qu'on s'était trompé et que le garde ne pouvait être l'assassin de sa maîtresse. Nous dûmes le faire taire. On aurait assassiné son fils qu'il n'eût point gémi davantage, et j'expliquai cette exagération de bons sentiments par la peur dont il devait être hanté que l'on crût qu'il se réjouissait de ce décès dramatique ; chacun savait, en effet, que le père Jacques détestait le garde. Je constatai que seul, de nous tous qui étions fort débraillés ou pieds nus ou en chaussettes, le père Jacques était entièrement habillé.

Mais Rouletabille n'avait pas lâché le cadavre ; à genoux sur les dalles du vestibule, éclairé par la lanterne du père Jacques, il déshabillait le corps du garde ! ... Il lui mit la poitrine à nu. Elle était sanglante.

Et, soudain, prenant, des mains du père Jacques, la lanterne, il en projeta les rayons, de tout près, sur la blessure béante. Alors, il se releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton d'une ironie sauvage :

« Cet homme que vous croyez avoir tué à coups de revolver et de chevrotines est mort d'un coup de couteau au coeur ! Je crus, une fois de plus, que Rouletabille était devenu fou et je me penchai à mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu'en effet le corps du garde ne portait aucune blessure provenant d'un projectile, et que, seule, la région cardiaque avait été entaillée par une lame aiguë.


Chapitre 22. Kapitel 22. Die unglaubliche Leiche Chapter 22. The Incredible Corpse Capítulo 22. El cadáver increíble Le cadavre incroyable

Chapitre 22. Le cadavre incroyable The incredible corpse

Je me penchai, avec une anxiété inexprimable, sur le corps du reporter, et j’eus la joie de constater qu’il dormait ! Ich stützte mich mit unbeschreiblicher Angst auf den Körper des Reporters und war froh zu sehen, dass er schlief! I leaned, with inexpressible anxiety, over the reporter's body, and I was delighted to see that he was asleep! Inclinei-me, com uma ansiedade inexprimível, sobre o corpo do repórter e fiquei encantado ao ver que ele estava dormindo! Il dormait de ce sommeil profond et maladif dont j’avais vu s’endormir Frédéric Larsan. Er schlief aus diesem tiefen und kranken Schlaf, aus dem ich Frédéric Larsan einschlafen sah. He was sleeping that deep and sickly sleep in which I had seen Frédéric Larsan fall asleep. Ele dormia aquele sono profundo e doentio em que vi Frédéric Larsan adormecer. Lui aussi était victime du narcotique que l’on avait versé dans nos aliments. Auch er war ein Opfer des Betäubungsmittels, das wir in unser Essen gegossen hatten. He too was a victim of the narcotic that we had poured into our food. Ele também foi vítima do narcótico que colocamos em nossa comida. Comment, moi-même, n’avais-je point subi le même sort ! Wie hätte ich nicht das gleiche Schicksal erlitten! How, myself, had I not suffered the same fate! Como, eu mesmo, não sofri o mesmo destino! Je réfléchis alors que le narcotique avait dû être versé dans notre vin ou dans notre eau, car ainsi tout s’expliquait : « je ne bois pas en mangeant. Ich denke dann darüber nach, dass das Narkotikum in unseren Wein oder in unser Wasser gegossen worden sein muss, denn so wurde alles erklärt: "Ich trinke nicht beim Essen. I then reflected that the narcotic must have been poured into our wine or into our water, for everything was explained in this way: "I do not drink while eating." » Doué par la nature d’une rotondité prématurée, je suis au régime sec, comme on dit. Gifted by the nature of a premature roundness, I am on a dry diet, as they say. Dotado da natureza da redondeza prematura, estou em uma dieta seca, como dizem. Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point à lui faire ouvrir les yeux. I shook Rouletabille forcefully, but I couldn't get him to open his eyes. Ce sommeil devait être, à n’en point douter, le fait de Mlle Stangerson. This sleep must have been, no doubt, Miss Stangerson's.

Celle-ci avait certainement pensé que, plus que son père encore, elle avait à craindre la veille de ce jeune homme qui prévoyait tout, qui savait tout ! She had certainly thought that, more than her father yet, she had to fear the eve of this young man who foresaw everything, who knew everything! Je me rappelai que le maître d’hôtel nous avait recommandé, en nous servant, un excellent Chablis qui, sans doute, avait passé sur la table du professeur et de sa fille. I remembered that the maitre d 'had recommended to us, while serving us, an excellent Chablis which, no doubt, had passed on the table of the professor and his daughter.

Plus d’un quart d’heure s’écoula ainsi. More than a quarter of an hour passed thus. Mais de um quarto de hora se passou assim. Je me résolus, en ces circonstances extrêmes, où nous avions tant besoin d’être éveillés, à des moyens robustes. I resolved, in these extreme circumstances, where we needed so much to be awake, to robust means. Resolvi, nessas circunstâncias extremas, onde tanto precisávamos ser despertados, para meios robustos. Je lançai à la tête de Rouletabille un broc d’eau. Il ouvrit les yeux, enfin ! de pauvres yeux mornes, sans vie et ni regard. poor, dull, lifeless eyes and eyes. Mais n’était-ce pas là une première victoire ? But was this not a first victory? Je voulus la compléter ; j’administrai une paire de gifles sur les joues de Rouletabille, et le soulevai. Bonheur ! je sentis qu’il se raidissait entre mes bras, et je l’entendis qui murmurait : « Continuez, mais ne faites pas tant de bruit ! I felt him stiffen in my arms, and I heard him whisper: "Continue, but don't make so much noise!" Eu o senti enrijecer em meus braços e ouvi-o sussurrar: "Continue, mas não faça tanto barulho!" ... » Continuer à lui donner des gifles sans faire de bruit me parut une entreprise impossible. Je me repris à le pincer et à le secouer, et il put tenir sur ses jambes. I resumed pinching and shaking him, and he could stand on his legs. Nous étions sauvés ! We were saved! ... « On m’a endormi, fit-il... Ah ! ... "I was put to sleep," he said ... Ah! J’ai passé un quart d’heure abominable avant de céder au sommeil... Mais maintenant, c’est passé ! Ne me quittez pas ! Do not leave me ! ... »

Il n’avait pas plus tôt terminé cette phrase que nous eûmes les oreilles déchirées par un cri affreux qui retentissait dans le château, un véritable cri de la mort...

« Malheur ! hurla Rouletabille... nous arrivons trop tard ! ... »

Et il voulut se précipiter vers la porte ; mais il était tout étourdi et roula contre la muraille. And he wanted to rush to the door; but he was quite stunned and rolled against the wall. Moi, j’étais déjà dans la galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du côté de la chambre de Mlle Stangerson. Au moment même où j’arrivais à l’intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je vis un individu qui s’échappait de l’appartement de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier. Assim que cheguei ao cruzamento da galeria giratória com a galeria direita, vi um indivíduo fugindo do apartamento da Srta. Stangerson e, com alguns saltos, alcancei o patamar.

Je ne fus pas maître de mon geste : je tirai... le coup de revolver retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant ; mais l’homme, continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà l’escalier. I was not master of my gesture: I fired ... the revolver rang in the gallery with a deafening crash; but the man, continuing his insane leaps, was already tumbling down the stairs. El disparo resonó en la galería con un estruendo ensordecedor, pero el hombre ya estaba cayendo por las escaleras, continuando con sus saltos enloquecidos. Não fui dono do meu gesto: disparei ... o tiro do revólver ressoou na galeria com um estrondo ensurdecedor; mas o homem, continuando seus saltos insanos, já estava caindo escada abaixo. Je courus derrière lui, en criant : « Arrête ! Corri atrás dele, gritando: “Pare! arrête ! ou je te tue ! ... » Comme je me précipitais à mon tour dans l’escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie, aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait : « Qu’y a-t-il ? ... "As I rushed my turn up the stairs, I saw in front of me, arriving from the back of the gallery, left wing of the castle, Arthur Rance who was screaming:" What is it? ... Qu’y a-t-il ? ... What is it ? ... » Nous arrivâmes presque en même temps au bas de l’escalier, Arthur Rance et moi ; la fenêtre du vestibule était ouverte ; nous vîmes distinctement la forme de l’homme qui fuyait ; instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa direction ; l’homme n’était pas à plus de dix mètres devant nous ; il trébucha et nous crûmes qu’il allait tomber ; déjà nous sautions par la fenêtre ; mais l’homme se reprit à courir avec une vigueur nouvelle ; j’étais en chaussettes, l’Américain était pieds nus ; nous ne pouvions espérer l’atteindre « si nos revolvers ne l’atteignaient pas » ! ... »We arrived almost at the same time at the bottom of the stairs, Arthur Rance and me; the hall window was open; we distinctly saw the form of the fleeing man; instinctively, we discharged our revolvers in its direction; the man was not more than ten meters ahead of us; he stumbled and we thought he was going to fall; we were already jumping out of the window; but the man continued to run with new vigor; I was in socks, the American was barefoot; we could not hope to reach it "if our revolvers did not reach it"! Nous tirâmes nos dernières cartouches sur lui ; il fuyait toujours... Mais il fuyait du côté droit de la cour d’honneur vers l’extrémité de l’aile droite du château, dans ce coin entouré de fossés et de hautes grilles d’où il allait lui être impossible de s’échapper, dans ce coin qui n’avait d’autre issue, « devant nous », que la porte de la petite chambre en encorbellement occupée maintenant par le garde. We fired our last cartridges at him; he was still fleeing ... But he was fleeing on the right side of the main courtyard towards the end of the right wing of the castle, in this corner surrounded by ditches and high gates from which it was going to be impossible for him to escape. 'escape, in this corner which had no other exit, "in front of us", than the door of the small corbelled room now occupied by the guard. Atiramos nossos últimos cartuchos contra ele; ele ainda estava fugindo ... Mas ele fugia pelo lado direito do pátio principal em direção ao final da ala direita do castelo, neste canto cercado por fossos e portões altos dos quais seria impossível para ele escape. 'escape, neste canto que não tinha outra saída, "na nossa frente", que a porta da pequena sala mísseis agora ocupada pelo guarda.

L’homme, bien qu’il fût inévitablement blessé par nos balles, avait maintenant une vingtaine de mètres d’avance. The man, although he was inevitably injured by our bullets, was now about twenty yards ahead. Soudain, derrière nous, au-dessus de nos têtes, une fenêtre de la galerie s’ouvrit et nous entendîmes la voix de Rouletabille qui clamait, désespérée : De repente, atrás de nós, acima de nossas cabeças, uma janela da galeria se abriu e ouvimos a voz de Rouletabille gritando em desespero:

« Tirez, Bernier ! "Shoot, Bernier! Tirez ! Pull ! Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore striée d’un éclair. And the clear night, at this moment, the lunar night, was still streaked with a lightning.

À la lueur de cet éclair, nous vîmes le père Bernier, debout avec son fusil, à la porte du donjon. In the light of this flash, we saw Father Bernier, standing with his rifle, at the door of the keep.

Il avait bien visé. He had aimed well. « L’ombre tomba. » Mais, comme elle était arrivée à l’extrémité de l’aile droite du château, elle tomba de l’autre côté de l’angle de la bâtisse ; c’est-à-dire que nous vîmes qu’elle tombait, mais elle ne s’allongea définitivement par terre que de cet autre côté du mur que nous ne pouvions pas voir. But, as she had reached the end of the right wing of the chateau, she fell on the other side of the corner of the building; that is, we saw that she was falling, but she definitely only lay down on the ground on that other side of the wall that we couldn't see. Bernier, Arthur Rance et moi, nous arrivions de cet autre côté du mur, vingt secondes plus tard. « L’ombre était morte à nos pieds. “The shadow was dead at our feet. Réveillé évidemment de son sommeil léthargique par les clameurs et les détonations, Larsan venait d’ouvrir la fenêtre de sa chambre et nous criait, comme avait crié Arthur Rance : « Qu’y a-t-il ? Obviously awakened from its lethargic sleep by the clamor and the detonations, Larsan had just opened the window of his room and shouted at us, as Arthur Rance had shouted: "What is it?" ... Qu’y a-t-il ? ... What is it ? ... »

Et nous, nous étions penchés sur l’ombre, sur la mystérieuse ombre morte de l’assassin. And we were bent over the shadow, over the mysterious dead shadow of the murderer. E estávamos inclinados sobre a sombra, sobre a misteriosa sombra morta do assassino. Rouletabille, tout à fait réveillé maintenant, nous rejoignit dans le moment, et je lui criai : Rouletabille, quite awake now, joined us in the moment, and I shouted to him:

« Il est mort ! " He is dead ! Il est mort ! He is dead ! ... ...

— Tant mieux, fit-il... Apportez-le dans le vestibule du château... - So much the better, he said ... Bring it into the hall of the castle ...

Mais il se reprit : But he recovered:

« Non ! " No ! non ! no ! Déposons-le dans la chambre du garde ! Let's put it in the guard's room! Vamos colocá-lo na sala do guarda! ... » ... "

Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde... Personne ne répondit de l’intérieur... ce qui ne m’étonna point, naturellement. Rouletabille knocked on the door of the guard's room ... Nobody answered from inside ... which did not surprise me, of course.

« Évidemment, il n’est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait déjà sorti ! "Obviously, he's not here," said the reporter, "otherwise he would have gone out already!" ... Portons donc ce corps dans le vestibule... » ... So let's carry this body in the hallway ... "

Depuis que nous étions arrivés sur « l’ombre morte », la nuit s’était faite si noire, par suite du passage d’un gros nuage sur la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes. Since we had arrived on "the dead shadow", the night had become so dark, following the passage of a large cloud over the moon, that we could only touch this shadow without distinguishing its lines. Desde que chegamos na "sombra morta", a noite havia se tornado tão escura, seguindo a passagem de uma grande nuvem sobre a lua, que só podíamos tocar essa sombra sem distinguir suas linhas. Et cependant, nos yeux avaient hâte de savoir ! And yet our eyes were anxious to know! Le père Jacques, qui arrivait, nous aida à transporter le cadavre jusque dans le vestibule du château. Father Jacques, who was arriving, helped us transport the corpse into the hall of the castle. Là, nous le déposâmes sur la première marche de l’escalier. There we put him down on the first step of the stairs. J’avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des blessures... I had felt, on my hands, during this trip, the hot blood that flowed from the wounds ...

Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Father Jacques ran to the kitchens and returned with a lantern. Il se pencha sur le visage de « l’ombre morte », et nous reconnûmes le garde, celui que le patron de l’auberge du « Donjon » appelait « l’homme vert » et que, une heure auparavant, j’avais vu sortir de la chambre d’Arthur Rance, chargé d’un ballot. He leaned over the face of the "dead shadow", and we recognized the guard, the one the owner of the inn in the "Dungeon" called "the green man" and whom, an hour before, I had seen. leave Arthur Rance's room, loaded with a bundle. Ele se inclinou sobre o rosto da "sombra morta", e reconhecemos o guarda, aquele que o dono da pousada no "Calabouço" chamava de "homem verde" e de quem, uma hora antes, eu tinha visto. O quarto de Arthur Rance, carregado com uma trouxa. Mais, ce que j’avais vu, je ne pouvais le rapporter qu’à Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques instants plus tard. But what I had seen I could only bring back to Rouletabille alone, which I did a few moments later. Mas o que vi só pude trazer de volta para Rouletabille sozinho, o que fiz alguns momentos depois.

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Je ne saurais passer sous silence l’immense stupéfaction — je dirai même le cruel désappointement — dont firent preuve Joseph Rouletabille et Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. I cannot ignore the immense stupefaction - I would even say the cruel disappointment - shown by Joseph Rouletabille and Frédéric Larsan, who had joined us in the hall. Não posso ignorar o imenso espanto - diria mesmo a cruel decepção - demonstrado por Joseph Rouletabille e Frédéric Larsan, que se juntaram a nós no corredor. Ils tâtaient le cadavre... ils regardaient cette figure morte, ce costume vert du garde... et ils répétaient, l’un et l’autre : « Impossible ! They felt the corpse ... they looked at that dead figure, that green costume of the guard ... and they both repeated: "Impossible!" ... c’est impossible ! ... it's impossible ! Rouletabille s’écria même : Rouletabille even exclaimed:

« C’est à jeter sa tête aux chiens ! "It's to throw your head at the dogs!" "Você joga sua cabeça nos cachorros!" Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de lamentations ridicules. Father Jacques showed stupid pain accompanied by ridiculous laments. Il affirmait qu’on s’était trompé et que le garde ne pouvait être l’assassin de sa maîtresse. He claimed that we had made a mistake and that the guard could not be the murderer of his mistress. Nous dûmes le faire taire. We had to silence him. Tivemos que silenciá-lo. On aurait assassiné son fils qu’il n’eût point gémi davantage, et j’expliquai cette exagération de bons sentiments par la peur dont il devait être hanté que l’on crût qu’il se réjouissait de ce décès dramatique ; chacun savait, en effet, que le père Jacques détestait le garde. His son would have been assassinated that he would not have moaned more, and I explained this exaggeration of good feelings by the fear with which he was to be haunted that one thought that he was delighted with this dramatic death; everyone knew, in fact, that Father Jacques hated the guard. Seu filho teria sido assassinado se não tivesse gemido mais, e expliquei esse exagero de bons sentimentos pelo medo com que ele deve ter sido assombrado por se acreditar que ele estava se alegrando com essa morte dramática; todos sabiam, de fato, que o padre Jacques odiava o guarda. Je constatai que seul, de nous tous qui étions fort débraillés ou pieds nus ou en chaussettes, le père Jacques était entièrement habillé. I noticed that only, of all of us who were very scruffy or barefoot or in socks, Father Jacques was fully dressed. Notei que apenas, de todos nós que estávamos muito maltrapilhos ou descalços ou de meias, o Padre Jacques estava completamente vestido.

Mais Rouletabille n’avait pas lâché le cadavre ; à genoux sur les dalles du vestibule, éclairé par la lanterne du père Jacques, il déshabillait le corps du garde ! But Rouletabille had not let go of the corpse; kneeling on the flagstones of the vestibule, lit by Father Jacques' lantern, he was undressing the body of the guard! Mas Rouletabille não largou o cadáver; ajoelhado nas lajes do vestíbulo, iluminado pela lanterna do padre Jacques, despia o corpo do guarda! ... Il lui mit la poitrine à nu. ... He bared her chest. ... Ele desnudou o peito dela. Elle était sanglante. She was bloody.

Et, soudain, prenant, des mains du père Jacques, la lanterne, il en projeta les rayons, de tout près, sur la blessure béante. And suddenly, taking the lantern from Father Jacques' hands, he threw the rays of it, very close, on the gaping wound. De repente, tirando a lanterna das mãos do padre Jacques, ele projetou seus raios de muito perto da ferida aberta. Alors, il se releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton d’une ironie sauvage : So he got up and said in an extraordinary tone, in a tone of savage irony:

« Cet homme que vous croyez avoir tué à coups de revolver et de chevrotines est mort d’un coup de couteau au coeur ! "This man whom you believe to have killed with revolver and buckshot died of a stab in the heart! "Este homem que você pensa que matou com revólver e chumbo grosso foi apunhalado no coração!" Je crus, une fois de plus, que Rouletabille était devenu fou et je me penchai à mon tour sur le cadavre. I believed, once again, that Rouletabille had gone mad and I in turn leaned over the corpse. Alors je pus constater qu’en effet le corps du garde ne portait aucune blessure provenant d’un projectile, et que, seule, la région cardiaque avait été entaillée par une lame aiguë. Then I could see that indeed the body of the guard bore no injury from a projectile, and that, alone, the cardiac region had been cut by an acute blade. Então pude ver que de fato o corpo do guarda não apresentava nenhum ferimento decorrente de projétil, e que, apenas, a região do coração havia sido cortada por uma lâmina afiada.