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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 20. Un geste de Mlle Stangerson

Chapitre 20. Un geste de Mlle Stangerson

Chapitre 20. Un geste de Mlle Stangerson

« Vous me reconnaissez, monsieur ? demanda Rouletabille au gentleman.

— Parfaitement, répondit Arthur Rance. J'ai reconnu en vous le petit garçon du buffet. (Visage cramoisi de colère de Rouletabille à ce titre de petit garçon.) Et je suis descendu de ma chambre pour venir vous serrer la main. Vous êtes un joyeux petit garçon. Main tendue de l'américain ; Rouletabille se déride, serre la main en riant, me présente, présente Mr Arthur-William Rance, l'invite à partager notre repas.

« Non, merci. Je déjeune avec M. Stangerson. Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.

« Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir ; ne deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain de la réception à l'Élysée ? Rouletabille et moi, en apparence indifférents à cette conversation de rencontre, prêtons une oreille fort attentive à chaque parole de l'Américain.

La face rose violacée de l'homme, ses paupières lourdes, certains tics nerveux, tout démontre, tout prouve l'alcoolique. Comment ce triste individu est-il le commensal de M. Stangerson ? Comment peut-il être intime avec l'illustre professeur ?

Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frédéric Larsan — lequel avait, comme nous, été surpris et intrigué par la présence de l'Américain au château, et s'était documenté — que M. Rance n'était devenu alcoolique que depuis une quinzaine d'années, c'est-à-dire depuis le départ de Philadelphie du professeur et de sa fille. À l'époque où les Stangerson habitaient l'Amérique, ils avaient connu et beaucoup fréquenté Arthur Rance, qui était un des phrénologues les plus distingués du Nouveau Monde. Il avait su, grâce à des expériences nouvelles et ingénieuses, faire franchir un pas immense à la science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut retenir à l'actif d'Arthur Rance et pour l'explication de cette intimité avec laquelle il était reçu au Glandier, que le savant américain avait rendu un jour un grand service à Mlle Stangerson, en arrêtant, au péril de sa vie, les chevaux emballés de sa voiture. Il était même probable qu'à la suite de cet événement une certaine amitié avait lié momentanément Arthur Rance et la fille du professeur ; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la moindre histoire d'amour.

Où Frédéric Larsan avait-il puisé ses renseignements ? Il ne me le dit point ; mais il paraissait à peu près sûr de ce qu'il avançait.

Si, au moment où Arthur Rance nous vint rejoindre à l'auberge du « Donjon », nous avions connu ces détails, il est probable que sa présence au château nous eût moins intrigués, mais ils n'auraient fait, en tout cas, « qu'augmenter l'intérêt » que nous portions à ce nouveau personnage. L'américain devait avoir dans les quarante- cinq ans. Il répondit d'une façon très naturelle à la question de Rouletabille :

« Quand j'ai appris l'attentat, j'ai retardé mon retour en Amérique ; je voulais m'assurer, avant de partir, que Mlle Stangerson n'était point mortellement atteinte, et je ne m'en irai que lorsqu'elle sera tout à fait rétablie. Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, évitant de répondre à certaines questions de Rouletabille, nous faisant part, sans que nous l'y invitions, de ses idées personnelles sur le drame, idées qui n'étaient point éloignées, à ce que j'ai pu comprendre, des idées de Frédéric Larsan lui-même, c'est-à-dire que l'Américain pensait, lui aussi, que M. Robert Darzac « devait être pour quelque chose dans l'affaire ». Il ne le nomma point, mais il ne fallait point être grand clerc pour saisir ce qui était au fond de son argumentation. Il nous dit qu'il connaissait les efforts faits par le jeune Rouletabille pour arriver à démêler l'écheveau embrouillé du drame de la « Chambre Jaune ». Il nous rapporta que M. Stangerson l'avait mis au courant des événements qui s'étaient déroulés dans la « galerie inexplicable ». On devinait, en écoutant Arthur Rance, qu'il expliquait tout par Robert Darzac. À plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fût « justement absent du château » quand il s'y passait d'aussi mystérieux drames, et nous sûmes ce que parler veut dire. Enfin, il émit cette opinion que M. Darzac avait été « très bien inspiré, très habile », en installant lui-même sur les lieux M. Joseph Rouletabille, qui ne manquerait point — un jour ou l'autre — de découvrir l'assassin. Il prononça cette dernière phrase avec une ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.

Rouletabille, à travers la fenêtre, le regarda s'éloigner et dit :

« Drôle de corps ! Je lui demandai :

« Croyez-vous qu'il passera la nuit au Glandier ? À ma stupéfaction, le jeune reporter répondit « que cela lui était tout à fait indifférent ».

Je passerai sur l'emploi de notre après-midi. Qu'il vous suffise de savoir que nous allâmes nous promener dans les bois, que Rouletabille me conduisit à la grotte de Sainte-Geneviève et que, tout ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le préoccupait. Ainsi le soir arriva. J'étais tout étonné de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions auxquelles je m'attendais. Je lui en fis la remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. Il me répondit que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que l'assassin ne pouvait, cette fois, lui échapper. Comme j'émettais quelque doute, lui rappelant la disparition de l'homme dans la galerie, et faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il répliqua : « Qu'il l'espérait bien, et que c'est tout ce qu'il désirait cette nuit-là. » Je n'insistai point, sachant par expérience combien mon insistance eût été vaine et déplacée. Il me confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, le château était surveillé de telle sorte que personne ne pût en approcher sans qu'il en fût averti ; et que, dans le cas où personne ne viendrait du dehors, il était bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner « ceux du dedans ».

Il était alors six heures et demie, à la montre qu'il tira de son gousset ; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune précaution, sans essayer même d'atténuer le bruit de ses pas, sans me recommander le silence, il me conduisit à travers la galerie ; nous atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes jusqu'au palier de l'escalier que nous traversâmes. Nous avons alors continué notre marche dans la galerie, « aile gauche », passant devant l'appartement du professeur Stangerson. À l'extrémité de cette galerie, avant d'arriver au donjon, se trouvait une pièce qui était la chambre occupée par Arthur Rance. Nous savions cela parce que nous avions vu, à midi, l'Américain à la fenêtre de cette chambre qui donnait sur la cour d'honneur. La porte de cette chambre était dans le travers de la galerie, puisque la chambre barrait et terminait la galerie de ce côté. En somme, la porte de cette chambre était juste en face de la fenêtre « est « qui se trouvait à l'extrémité de l'autre galerie droite, aile droite, là où, précédemment, Rouletabille avait placé le père Jacques. Quand on tournait le dos à cette porte, c'est-à-dire quand on sortait de cette chambre, « on voyait toute la galerie » en enfilade : aile gauche, palier et aile droite. Il n'y avait, naturellement, que la galerie tournante de l'aile droite que l'on ne voyait point.

« Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la réserve. Vous, quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici. Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris sur la galerie et situé de biais à gauche de la porte de la chambre d'Arthur Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui se passait dans la galerie aussi facilement que si j'avais été devant la porte d'Arthur Rance et je pouvais également surveiller la porte même de l'Américain. La porte de ce cabinet, qui devait être mon lieu d'observation, était garnie de carreaux non dépolis. Il faisait clair dans la galerie où toutes les lampes étaient allumées ; il faisait noir dans le cabinet. C'était là un poste de choix pour un espion.

Car que faisais-je, là, sinon un métier d'espion ? de bas policier ? J'y répugnais certainement ; et, outre mes instincts naturels, n'y avait-il pas la dignité de ma profession qui s'opposait à un pareil avatar ? En vérité, si mon bâtonnier me voyait ! si l'on apprenait ma conduite, au Palais, que dirait le Conseil de l'Ordre ? Rouletabille, lui, ne soupçonnait même pas qu'il pouvait me venir à l'idée de lui refuser le service qu'il me demandait, et, de fait, je ne le lui refusai point : d'abord parce que j'eusse craint de passer à ses yeux pour un lâche ; ensuite parce que je réfléchis que je pouvais toujours prétendre qu'il m'était loisible de chercher partout la vérité en amateur ; enfin, parce qu'il était trop tard pour me tirer de là. Que n'avais-je eu ces scrupules plus tôt ? Pourquoi ne les avais-je pas eus ? Parce que ma curiosité était plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que j'allais contribuer à sauver la vie d'une femme ; et il n'est point de règlements professionnels qui puissent interdire un aussi généreux dessein.

Nous revînmes à travers la galerie. Comme nous arrivions en face de l'appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s'ouvrit, poussée par le maître d'hôtel qui faisait le service du dîner (M. Stangerson dînait avec sa fille dans le salon du premier étage, depuis trois jours), et, comme la porte était restée entrouverte, nous vîmes parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de l'absence du domestique et de ce que son père était baissé, ramassant un objet qu'elle venait de faire tomber, « versait hâtivement le contenu d'une fiole dans le verre de M. Stangerson ».


Chapitre 20. Kapitel 20. Eine Geste von Fräulein Stangerson Chapter 20. A gesture from Miss Stangerson Capítulo 20. Un gesto de la Srta. Stangerson Capítulo 20. Um gesto de Miss Stangerson Un geste de Mlle Stangerson

Chapitre 20. Chapter 20. Un geste de Mlle Stangerson A gesture from Miss Stangerson

« Vous me reconnaissez, monsieur ? "Do you recognize me, sir?" demanda Rouletabille au gentleman. Rouletabille asked the gentleman.

— Parfaitement, répondit Arthur Rance. "Perfectly," Arthur Rance replied. J’ai reconnu en vous le petit garçon du buffet. Ich habe in Ihnen den kleinen Jungen vom Buffet erkannt. I recognized you as the little boy at the buffet. (Visage cramoisi de colère de Rouletabille à ce titre de petit garçon.) (Rouletabilles zorniges, karmesinrotes Gesicht bei diesem Titel für einen kleinen Jungen). (Rouletabille's crimson face of anger as a little boy.) (O rosto de Rouletabille fica vermelho de raiva como um menino.) Et je suis descendu de ma chambre pour venir vous serrer la main. Und ich bin von meinem Zimmer heruntergekommen, um Ihnen die Hand zu schütteln. And I came down from my room to come and shake your hand. Vous êtes un joyeux petit garçon. Sie sind ein fröhlicher kleiner Junge. You are a happy little boy. Main tendue de l’américain ; Rouletabille se déride, serre la main en riant, me présente, présente Mr Arthur-William Rance, l’invite à partager notre repas. Ausgestreckte Hand des Amerikaners; Rouletabille erholt sich, schüttelt lachend die Hand, stellt mich vor, stellt Herrn Arthur-William Rance vor, lädt ihn ein, mit uns zu essen. Outstretched hand of the American; Rouletabille cheers up, shakes hands with a laugh, introduces me, introduces Mr Arthur-William Rance, invites him to share our meal. El americano le tiende la mano; Rouletabille se relaja, le estrecha la mano riendo, me presenta, presenta al Sr. Arthur-William Rance, le invita a compartir nuestra comida. Mão estendida do americano; Rouletabille se anima, dá um aperto de mão com uma risada, me apresenta, apresenta o Sr. Arthur-William Rance, o convida para compartilhar nossa refeição.

« Non, merci. Je déjeune avec M. Stangerson. I'm having lunch with Mr. Stangerson. Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.

« Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir ; ne deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain de la réception à l’Élysée ? “I thought, sir, that I would no longer have the pleasure of seeing you again; Weren't you supposed to leave our country the day after or two days after the reception at the Élysée? Rouletabille et moi, en apparence indifférents à cette conversation de rencontre, prêtons une oreille fort attentive à chaque parole de l’Américain. Rouletabille and I, apparently indifferent to this meeting conversation, lend a very attentive ear to every word of the American. Rouletabille e eu, aparentemente indiferentes a esta conversa de encontro, prestamos um ouvido muito atento a cada palavra do americano.

La face rose violacée de l’homme, ses paupières lourdes, certains tics nerveux, tout démontre, tout prouve l’alcoolique. The purplish pink face of the man, his heavy eyelids, certain nervous tics, everything demonstrates, everything proves the alcoholic. Comment ce triste individu est-il le commensal de M. Stangerson ? How is this sad fellow Mr. Stangerson's companion? Comment peut-il être intime avec l’illustre professeur ? How can he be intimate with the illustrious teacher?

Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frédéric Larsan — lequel avait, comme nous, été surpris et intrigué par la présence de l’Américain au château, et s’était documenté — que M. Rance n’était devenu alcoolique que depuis une quinzaine d’années, c’est-à-dire depuis le départ de Philadelphie du professeur et de sa fille. I was to learn, a few days later, from Frédéric Larsan - who, like us, had been surprised and intrigued by the presence of the American at the castle, and had documented himself - that M. Rance had only become an alcoholic since about fifteen years, that is to say since the departure of the professor and his daughter from Philadelphia. À l’époque où les Stangerson habitaient l’Amérique, ils avaient connu et beaucoup fréquenté Arthur Rance, qui était un des phrénologues les plus distingués du Nouveau Monde. By the time the Stangersons lived in America, they had known and frequented Arthur Rance, who was one of the most distinguished phrenologists in the New World. Il avait su, grâce à des expériences nouvelles et ingénieuses, faire franchir un pas immense à la science de Gall et de Lavater. He had been able, thanks to new and ingenious experiments, to take the science of Gall and Lavater to take an immense leap forward. Enfin, il faut retenir à l’actif d’Arthur Rance et pour l’explication de cette intimité avec laquelle il était reçu au Glandier, que le savant américain avait rendu un jour un grand service à Mlle Stangerson, en arrêtant, au péril de sa vie, les chevaux emballés de sa voiture. Finally, it must be remembered in the assets of Arthur Rance and for the explanation of this intimacy with which he was received at the Glandier, that the American scientist had one day rendered a great service to Miss Stangerson, by stopping, at the risk of his life, the packed horses of his car. Il était même probable qu’à la suite de cet événement une certaine amitié avait lié momentanément Arthur Rance et la fille du professeur ; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la moindre histoire d’amour. It was even probable that following this event a certain friendship had temporarily linked Arthur Rance and the professor's daughter; but there was nothing to suggest any love story in all of this.

Où Frédéric Larsan avait-il puisé ses renseignements ? Where did Frédéric Larsan get his information from? Il ne me le dit point ; mais il paraissait à peu près sûr de ce qu’il avançait. He did not tell me; but he seemed pretty sure what he was saying.

Si, au moment où Arthur Rance nous vint rejoindre à l’auberge du « Donjon », nous avions connu ces détails, il est probable que sa présence au château nous eût moins intrigués, mais ils n’auraient fait, en tout cas, « qu’augmenter l’intérêt » que nous portions à ce nouveau personnage. Hätten wir diese Details gewusst, als Arthur Rance zu uns ins Gasthaus "Donjon" kam, hätte uns seine Anwesenheit im Schloss wahrscheinlich weniger fasziniert, aber sie hätten auf jeden Fall "nur das Interesse" an dieser neuen Figur gesteigert. If, by the time Arthur Rance came to join us at the inn in the "Dungeon", we had known these details, it is probable that his presence at the castle would have intrigued us less, but they would not have done, in any case, " that to increase the interest ”that we have in this new character. Se, na época em que Arthur Rance veio se juntar a nós na pousada "Donjon", nós soubéssemos desses detalhes, é provável que sua presença no castelo nos teria intrigado menos, mas eles não teriam, em qualquer caso, “isso para aumentar o interesse” que temos neste novo personagem. L’américain devait avoir dans les quarante- cinq ans. The American must have been around forty-five. Il répondit d’une façon très naturelle à la question de Rouletabille : He answered Rouletabille's question in a very natural way:

« Quand j’ai appris l’attentat, j’ai retardé mon retour en Amérique ; je voulais m’assurer, avant de partir, que Mlle Stangerson n’était point mortellement atteinte, et je ne m’en irai que lorsqu’elle sera tout à fait rétablie. “When I learned of the attack, I delayed my return to America; I wanted to make sure, before I left, that Miss Stangerson was not fatally injured, and I will not leave until she is fully recovered. “Quando soube do ataque, adiei meu retorno à América; Queria ter certeza, antes de partir, de que a Srta. Stangerson não estava mortalmente ferida e não irei embora até que ela esteja totalmente recuperada. Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, évitant de répondre à certaines questions de Rouletabille, nous faisant part, sans que nous l’y invitions, de ses idées personnelles sur le drame, idées qui n’étaient point éloignées, à ce que j’ai pu comprendre, des idées de Frédéric Larsan lui-même, c’est-à-dire que l’Américain pensait, lui aussi, que M. Robert Darzac « devait être pour quelque chose dans l’affaire ». Arthur Rance then took the lead in the conversation, avoiding answering certain questions from Rouletabille, telling us, without our inviting him, of his personal ideas on the drama, ideas which were not distant, so that I was able to understand, from the ideas of Frédéric Larsan himself, that is to say that the American also thought that Mr. Robert Darzac "must have had something to do with the affair". Il ne le nomma point, mais il ne fallait point être grand clerc pour saisir ce qui était au fond de son argumentation. He did not name him, but one did not have to be a great clerk to understand what was at the bottom of his argument. Ele não o nomeou, mas você não precisava ser um grande escrivão para entender o que estava por trás de seu argumento. Il nous dit qu’il connaissait les efforts faits par le jeune Rouletabille pour arriver à démêler l’écheveau embrouillé du drame de la « Chambre Jaune ». He tells us that he was aware of the efforts made by the young Rouletabille to untangle the tangled skein of the "Yellow Room" drama. Il nous rapporta que M. Stangerson l’avait mis au courant des événements qui s’étaient déroulés dans la « galerie inexplicable ». He told us that Mr. Stangerson had informed him of the events that had taken place in the "inexplicable gallery". On devinait, en écoutant Arthur Rance, qu’il expliquait tout par Robert Darzac. We could guess, listening to Arthur Rance, that he was explaining everything through Robert Darzac. À plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fût « justement absent du château » quand il s’y passait d’aussi mystérieux drames, et nous sûmes ce que parler veut dire. On several occasions he regretted that M. Darzac was "justly absent from the chateau" when such mysterious dramas took place there, and we knew what talking meant. Enfin, il émit cette opinion que M. Darzac avait été « très bien inspiré, très habile », en installant lui-même sur les lieux M. Joseph Rouletabille, qui ne manquerait point — un jour ou l’autre — de découvrir l’assassin. Finally, he expressed the opinion that Mr. Darzac had been "very well inspired, very clever" by installing Mr. Joseph Rouletabille himself on the premises, who would not fail - one day or another - to discover the assassin. Il prononça cette dernière phrase avec une ironie visible, se leva, nous salua, et sortit. He said that last sentence with visible irony, stood up, greeted us, and left.

Rouletabille, à travers la fenêtre, le regarda s’éloigner et dit : Rouletabille, through the window, watched him go away and said:

« Drôle de corps ! "Funny body! Je lui demandai :

« Croyez-vous qu’il passera la nuit au Glandier ? "Do you think he'll spend the night at the Glandier?" À ma stupéfaction, le jeune reporter répondit « que cela lui était tout à fait indifférent ». To my amazement, the young reporter replied "that it was completely indifferent to him".

Je passerai sur l’emploi de notre après-midi. I will pass on the job of our afternoon. Qu’il vous suffise de savoir que nous allâmes nous promener dans les bois, que Rouletabille me conduisit à la grotte de Sainte-Geneviève et que, tout ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le préoccupait. Suffice it to know that we went for a walk in the woods, that Rouletabille took me to the cave of Sainte-Geneviève and that, all this time, my friend affected to talk to me about anything other than what worried him. . Ainsi le soir arriva. So evening came. J’étais tout étonné de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions auxquelles je m’attendais. I was amazed to see the reporter not make any of the arrangements I expected. Je lui en fis la remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. I remarked to him when, when night came, we found ourselves in his room. Il me répondit que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que l’assassin ne pouvait, cette fois, lui échapper. He replied that all his arrangements had already been made and that the assassin could not escape him this time. Comme j’émettais quelque doute, lui rappelant la disparition de l’homme dans la galerie, et faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il répliqua : « Qu’il l’espérait bien, et que c’est tout ce qu’il désirait cette nuit-là. As I expressed some doubt, reminding him of the disappearance of the man in the gallery, and giving to understand that the same fact could be repeated, he replied: 'he wanted that night. » Je n’insistai point, sachant par expérience combien mon insistance eût été vaine et déplacée. Il me confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, le château était surveillé de telle sorte que personne ne pût en approcher sans qu’il en fût averti ; et que, dans le cas où personne ne viendrait du dehors, il était bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner « ceux du dedans ». Er vertraute mir an, dass das Schloss seit Tagesbeginn durch seine und die Sorgfalt der Hausmeister so bewacht wurde, dass sich niemand ohne seine Warnung nähern konnte, und dass er in dem Fall, dass niemand von draußen käme, in Bezug auf alles, was "die drinnen" betreffen könnte, sehr beruhigt war. He confided to me that, from the beginning of the day, by his care and those of the concierges, the castle had been watched so that no one could approach it without being informed; and that, in the event that no one came from outside, he was very quiet about anything that might concern "those within."

Il était alors six heures et demie, à la montre qu’il tira de son gousset ; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune précaution, sans essayer même d’atténuer le bruit de ses pas, sans me recommander le silence, il me conduisit à travers la galerie ; nous atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes jusqu’au palier de l’escalier que nous traversâmes. It was then half past six, by the watch which he drew from his pocket; he got up, motioned for me to follow him and, without taking any precaution, without even trying to attenuate the noise of his steps, without recommending silence, he led me through the gallery; we reached the right gallery, and we followed it to the landing of the staircase which we crossed. Eram então seis e meia, pelo relógio que ele tirou do bolso; levantou-se, fez sinal para que eu o seguisse e, sem qualquer precaução, sem mesmo tentar atenuar o som dos seus passos, sem recomendar silêncio, conduziu-me pela galeria; chegamos à galeria certa e a seguimos até o patamar da escada que cruzamos. Nous avons alors continué notre marche dans la galerie, « aile gauche », passant devant l’appartement du professeur Stangerson. We then continued our walk in the gallery, “left wing”, passing in front of Professor Stangerson's apartment. À l’extrémité de cette galerie, avant d’arriver au donjon, se trouvait une pièce qui était la chambre occupée par Arthur Rance. At the end of this gallery, before arriving at the keep, was a room which was the room occupied by Arthur Rance. Nous savions cela parce que nous avions vu, à midi, l’Américain à la fenêtre de cette chambre qui donnait sur la cour d’honneur. La porte de cette chambre était dans le travers de la galerie, puisque la chambre barrait et terminait la galerie de ce côté. The door of this room was across the gallery, since the room barred and terminated the gallery on this side. En somme, la porte de cette chambre était juste en face de la fenêtre « est « qui se trouvait à l’extrémité de l’autre galerie droite, aile droite, là où, précédemment, Rouletabille avait placé le père Jacques. In short, the door to this room was directly opposite the "east" window which was at the end of the other right gallery, right wing, where Rouletabille had previously placed Father Jacques. Quand on tournait le dos à cette porte, c’est-à-dire quand on sortait de cette chambre, « on voyait toute la galerie » en enfilade : aile gauche, palier et aile droite. Al dar la espalda a esta puerta, es decir, al salir de esta habitación, "se veía toda la galería" en fila: ala izquierda, rellano y ala derecha. Quando virámos as costas a esta porta, ou seja, quando saímos desta sala, "podíamos ver toda a galeria" em fila: ala esquerda, ala direita. Il n’y avait, naturellement, que la galerie tournante de l’aile droite que l’on ne voyait point. There was, of course, only the revolving gallery of the right wing which one could not see.

« Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la réserve. "This revolving gallery," said Rouletabille, "I reserve it for myself. Vous, quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici. You, when I ask you, you will come and settle here. Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris sur la galerie et situé de biais à gauche de la porte de la chambre d’Arthur Rance. And he made me enter a small triangular dark cabinet, taken from the gallery and situated at an angle to the left of the door to Arthur Rance's bedroom. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui se passait dans la galerie aussi facilement que si j’avais été devant la porte d’Arthur Rance et je pouvais également surveiller la porte même de l’Américain. From that corner I could see everything going on in the gallery as easily as if I had been in front of Arthur Rance's door and I could also watch the American's very door. La porte de ce cabinet, qui devait être mon lieu d’observation, était garnie de carreaux non dépolis. The door of this cabinet, which was to be my place of observation, was lined with unpolished tiles. Il faisait clair dans la galerie où toutes les lampes étaient allumées ; il faisait noir dans le cabinet. It was bright in the gallery where all the lamps were on; it was dark in the cabinet. C’était là un poste de choix pour un espion. This was a prime position for a spy. Esta era uma posição privilegiada para um espião.

Car que faisais-je, là, sinon un métier d’espion ? Because what was I doing there, if not a spy job? de bas policier ? low policeman? J’y répugnais certainement ; et, outre mes instincts naturels, n’y avait-il pas la dignité de ma profession qui s’opposait à un pareil avatar ? I was certainly repugnant to it; and besides my natural instincts, was there not the dignity of my profession which opposed such an avatar? En vérité, si mon bâtonnier me voyait ! In truth, if my chairman saw me! si l’on apprenait ma conduite, au Palais, que dirait le Conseil de l’Ordre ? if they learned of my conduct at the Palace, what would the Council of the Order say? se soubessem de minha conduta no palácio, o que diria o Conselho da Ordem? Rouletabille, lui, ne soupçonnait même pas qu’il pouvait me venir à l’idée de lui refuser le service qu’il me demandait, et, de fait, je ne le lui refusai point : d’abord parce que j’eusse craint de passer à ses yeux pour un lâche ; ensuite parce que je réfléchis que je pouvais toujours prétendre qu’il m’était loisible de chercher partout la vérité en amateur ; enfin, parce qu’il était trop tard pour me tirer de là. Rouletabille himself did not even suspect that it might occur to me to refuse him the service he asked of me, and, in fact, I did not refuse it: first of all because I was afraid. to pass in his eyes for a coward; secondly because I reflected that I could always claim that it was possible for me to seek the truth everywhere as an amateur; well, because it was too late to get me out of there. O próprio Rouletabille nem mesmo suspeitou que me ocorreria recusar o serviço que ele me pediu e, de fato, não o recusei: primeiro porque tive medo de passar-lhe nos olhos por um covarde; em segundo lugar, porque refleti que sempre poderia afirmar que era livre para buscar a verdade em qualquer lugar como um amador; bem, porque era tarde demais para me tirar de lá. Que n’avais-je eu ces scrupules plus tôt ? What had I not had these scruples earlier? Pourquoi ne les avais-je pas eus ? Why hadn't I had them? Parce que ma curiosité était plus forte que tout. Because my curiosity was stronger than anything. Encore, je pouvais dire que j’allais contribuer à sauver la vie d’une femme ; et il n’est point de règlements professionnels qui puissent interdire un aussi généreux dessein. Again, I could tell I was going to help save a woman's life; and there are no professional regulations which can prohibit such a generous design. Novamente, eu poderia dizer que ajudaria a salvar a vida de uma mulher; e não há regulamentos profissionais que possam proibir um design tão generoso.

Nous revînmes à travers la galerie. We returned through the gallery. Comme nous arrivions en face de l’appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s’ouvrit, poussée par le maître d’hôtel qui faisait le service du dîner (M. Stangerson dînait avec sa fille dans le salon du premier étage, depuis trois jours), et, comme la porte était restée entrouverte, nous vîmes parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de l’absence du domestique et de ce que son père était baissé, ramassant un objet qu’elle venait de faire tomber, « versait hâtivement le contenu d’une fiole dans le verre de M. Stangerson ». Als wir vor Fräulein Stangersons Wohnung ankamen, öffnete sich die Tür zum Salon, die vom Oberkellner, der das Abendessen servierte, aufgestoßen wurde (Herr Stangerson war seit drei Tagen mit seiner Tochter zusammen. Stangerson dinierte seit drei Tagen mit seiner Tochter im Salon im ersten Stock), und da die Tür halb offen blieb, konnten wir genau sehen, wie Miss Stangerson die Abwesenheit des Dieners und die Tatsache, dass ihr Vater gebückt stand, ausnutzte, einen Gegenstand aufhob, den sie gerade fallen gelassen hatte, und "hastig den Inhalt eines Fläschchens in Herrn Stangersons Glas goss". As we arrived opposite Miss Stangerson's apartment, the living room door opened, pushed by the butler who served dinner (Mr. Stangerson had dinner with his daughter in the living room on the first floor, from three days), and, as the door remained ajar, we saw perfectly Miss Stangerson who, taking advantage of the absence of the servant and that her father was lowered, picking up an object which she had just dropped, "poured hastily the contents of a vial in Mr. Stangerson's glass ”. Quando chegamos em frente ao apartamento da Srta. Stangerson, a porta da sala se abriu, empurrada pelo mordomo que estava servindo o jantar (o Sr. Stangerson jantava com a filha na sala do primeiro andar, há três dias) , e, como a porta permanecera entreaberta, vimos perfeitamente a Srta. Stangerson que, aproveitando a ausência do criado e do fato de seu pai estar caído, pegando um objeto que ela acabara de deixar cair, "despejou apressadamente o conteúdo de um frasco no vidro do Sr. Stangerson ”.