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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 19. Rouletabille m’offre à déjeuner à l’auberge du « Donjon »

Chapitre 19. Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du « Donjon »

Chapitre 19. Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du « Donjon » Ce n'est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet où l'histoire du phénomène de la « galerie inexplicable » avait été retracée tout au long, par lui, le matin même qui suivit cette nuit énigmatique. Le jour où je le rejoignis au Glandier dans sa chambre, il me raconta, par le plus grand détail, tout ce que vous connaissez maintenant, y compris l'emploi de son temps pendant les quelques heures qu'il était allé passer, cette semaine-là, à Paris, où, du reste, il ne devait rien apprendre qui le servît. L'événement de la « galerie inexplicable » était survenu dans la nuit du 29 au 30 octobre, c'est-à-dire trois jours avant mon retour au château, puisque nous étions le 2 novembre. « C'est donc le 2 novembre » que je reviens au Glandier, appelé par la dépêche de mon ami et apportant les revolvers. Je suis dans la chambre de Rouletabille ; il vient de terminer son récit.

Pendant qu'il parlait, il n'avait point cessé de caresser la convexité des verres du binocle qu'il avait trouvé sur le guéridon et je comprenais, à la joie qu'il prenait à manipuler ces verres de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces « marques sensibles destinées à entrer dans le cercle tracé par le bon bout de sa raison ». Cette façon bizarre, unique, qu'il avait de s'exprimer en usant de termes merveilleusement adéquats à sa pensée ne me surprenait plus ; mais souvent il fallait connaître sa pensée pour comprendre les termes et ce n'était point toujours facile que de pénétrer la pensée de Joseph Rouletabille. La pensée de cet enfant était une des choses les plus curieuses que j'avais jamais eu à observer. Rouletabille se promenait dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement — disons le mot — de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Les gens tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer, s'éloigner, comme on s'arrête pour considérer plus longtemps une silhouette originale que l'on a croisée sur sa route. Et comme on se dit : « D'où vient-il, celui-là ! Où va-t-il ? » on se disait : « D'où vient la pensée de Joseph Rouletabille et où va-t-elle ? » J'ai avoué qu'il ne se doutait point de la couleur originale de sa pensée ; aussi ne la gênait-elle nullement pour se promener, comme tout le monde, dans la vie. De même, un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il tout à fait à son aise, quel que soit le milieu qu'il traverse. C'est donc avec une simplicité naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau supernaturel, exprimait des choses formidables « par leur logique raccourcie », tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous autres, comprendre la forme qu'autant qu'à nos yeux émerveillés il voulait bien la détendre et la présenter de face dans sa position normale. Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du récit qu'il venait de me faire. Je lui répondis que sa question m'embarrassait fort, à quoi il me répliqua d'essayer, à mon tour, de prendre ma raison par le bon bout. « Eh bien, fis-je, il me semble que le point de départ de mon raisonnement doit être celui-ci : il ne fait point de doute que l'assassin que vous poursuiviez a été à un moment de cette poursuite dans la galerie. Et je m'arrêtai... « En partant si bien, s'exclama-t-il, vous ne devriez point être arrêté si tôt. Voyons, un petit effort.

— Je vais essayer. Du moment où il était dans la galerie et où il en a disparu, alors qu'il n'a pu passer ni par une porte ni par une fenêtre, il faut qu'il se soit échappé par une autre ouverture. Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment et n'hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais toujours « comme une savate ». « Que dis-je ? comme une savate ! Vous raisonnez comme Frédéric Larsan ! Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives d'admiration et de dédain pour Frédéric Larsan ; tantôt il s'écriait : « Il est vraiment fort ! » ; tantôt il gémissait : « Quelle brute ! », selon que — et je l'avais bien remarqué — selon que les découvertes de Frédéric Larsan venaient corroborer son raisonnement à lui ou qu'elles le contredisaient. C'était un des petits côtés du noble caractère de cet enfant étrange. Nous nous étions levés et il m'entraîna dans le parc. Comme nous nous trouvions dans la cour d'honneur, nous dirigeant vers la sortie, un bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner la tête, et nous vîmes au premier étage de l'aile gauche du château, à la fenêtre, une figure écarlate et entièrement rasée que je ne connaissais point. « Tiens ! murmura Rouletabille, Arthur Rance ! Il baissa la tête, hâta sa marche et je l'entendis qui disait entre ses dents : « Il était donc cette nuit au château ? ... Qu'est-il venu y faire ? Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui était cet Arthur Rance et comment il l'avait connu. Alors il me rappela son récit du matin même, me faisant souvenir que M. Arthur-W. Rance était cet américain de Philadelphie avec qui il avait si copieusement trinqué à la réception de l'Élysée. « Mais ne devait-il point quitter la France presque immédiatement ? demandai-je.

— Sans doute ; aussi vous me voyez tout étonné de le trouver encore, non seulement en France, mais encore, mais surtout au Glandier. Il n'est point arrivé ce matin ; il n'est point arrivé cette nuit ; il sera donc arrivé avant dîner et je ne l'ai point vu. Comment se fait-il que les concierges ne m'aient point averti ? Je fis remarquer à mon ami qu'à propos des concierges, il ne m'avait point encore dit comment il s'y était pris pour les faire remettre en liberté. Nous approchions justement de la loge ; le père et la mère Bernier nous regardaient venir. Un bon sourire éclairait leur face prospère. Ils semblaient n'avoir gardé aucun mauvais souvenir de leur détention préventive. Mon jeune ami leur demanda à quelle heure était arrivé Arthur Rance. Ils lui répondirent qu'ils ignoraient que M. Arthur Rance fût au château. Il avait dû s'y présenter dans la soirée de la veille, mais ils n'avaient pas eu à lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur Rance, qui était, paraît-il, un grand marcheur et qui ne voulait point qu'on allât le chercher en voiture, avait coutume de descendre à la gare du petit bourg de Saint-Michel ; de là, il s'acheminait à travers la forêt jusqu'au château. Il arrivait au parc par la grotte de Sainte-Geneviève, descendait dans cette grotte, enjambait un petit grillage et se trouvait dans le parc.

À mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de Rouletabille s'assombrir, manifester un certain mécontentement et, à n'en point douter, un mécontentement contre lui-même. Évidemment, il était un peu vexé que, ayant tant travaillé sur place, ayant étudié les êtres et les choses du Glandier avec un soin méticuleux, il en fût encore à apprendre « qu'Arthur Rance avait coutume de venir au château ». Morose, il demanda des explications.

« Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au château... Mais, quand y est-il donc venu pour la dernière fois ?

— Nous ne saurions vous dire exactement, répondit M. Bernier — c'était le nom du concierge — attendu que nous ne pouvions rien savoir pendant qu'on nous tenait en prison, et puis parce que, si ce monsieur, quand il vient au château, ne passe pas par notre grille, il n'y passe pas non plus quand il le quitte... — Enfin, savez-vous quand il y est venu pour la première fois ?

— Oh ! oui, monsieur... il y a neuf ans ! ...

— Il est donc venu en France, il y a neuf ans, répondit Rouletabille ; et, cette fois-ci, à votre connaissance, combien de fois est-il venu au Glandier ?

— Trois fois.

— Quand est-il venu au Glandier pour la dernière fois, à « votre connaissance », avant aujourd'hui. — Une huitaine de jours avant l'attentat de la « Chambre Jaune ». Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulièrement à la femme :

« Dans la rainure du parquet ?

— Dans la rainure du parquet, répondit-elle.

— Merci, fit Rouletabille, et préparez-vous pour ce soir. Il prononça cette dernière phrase, un doigt sur la bouche, pour recommander le silence et la discrétion.

Nous sortîmes du parc et nous dirigeâmes vers l'auberge du « Donjon ». « Vous allez quelquefois manger à cette auberge ?

— Quelquefois.

— Mais vous prenez aussi vos repas au château ?

— Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantôt dans l'une de nos chambres, tantôt dans l'autre. — M. Stangerson ne vous a jamais invité à sa table ?

— Jamais.

— Votre présence chez lui ne le lasse pas ?

— Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le gênions pas. — Il ne vous interroge jamais ?

— Jamais ! Il est resté dans cet état d'esprit du monsieur qui était derrière la porte de la « Chambre Jaune », pendant qu'on assassinait sa fille, qui a défoncé la porte et qui n'a point trouvé l'assassin. Il est persuadé que, du moment qu'il n'a pu, « sur le fait », rien découvrir, nous ne pourrons à plus forte raison rien découvrir non plus, nous autres... Mais il s'est fait un devoir, « depuis l'hypothèse de Larsan », de ne point contrarier nos illusions. Rouletabille se replongea dans ses réflexions. Il en sortit enfin pour m'apprendre comment il avait libéré les deux concierges. « Je suis allé, dernièrement, trouver M. Stangerson avec une feuille de papier. Je lui ai dit d'écrire sur cette feuille ces mots : « Je m'engage, quoi qu'ils puissent dire, à garder à mon service mes deux fidèles serviteurs, Bernier et sa femme », et de signer. Je lui expliquai qu'avec cette phrase je serais en mesure de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que j'étais sûr qu'ils n'étaient pour rien dans le crime. Ce fut, d'ailleurs, toujours mon opinion. Le juge d'instruction présenta cette feuille signée aux Bernier qui, alors, parlèrent. Ils dirent ce que j'étais certain qu'ils diraient, dès qu'on leur enlèverait la crainte de perdre leur place. Ils racontèrent qu'ils braconnaient sur les propriétés de M. Stangerson et que c'était par un soir de braconnage qu'ils se trouvèrent non loin du pavillon au moment du drame. Les quelques lapins qu'ils acquéraient ainsi, au détriment de M. Stangerson, étaient vendus par eux au patron de l'auberge du « Donjon » qui s'en servait pour sa clientèle ou qui les écoulait sur Paris. C'était la vérité, je l'avais devinée dès le premier jour. Souvenez-vous de cette phrase avec laquelle j'entrai dans l'auberge du « Donjon » : « Il va falloir manger du saignant maintenant ! » Cette phrase, je l'avais entendue le matin même, quand nous arrivâmes devant la grille du parc, et vous l'aviez entendue, vous aussi, mais vous n'y aviez point attaché d'importance. Vous savez qu'au moment où nous allions atteindre cette grille, nous nous sommes arrêtés à regarder un instant un homme qui, devant le mur du parc, faisait les cent pas en consultant, à chaque instant, sa montre. Cet homme, c'était Frédéric Larsan qui, déjà, travaillait. Or, derrière nous, le patron de l'auberge sur son seuil disait à quelqu'un qui se trouvait à l'intérieur de l'auberge : « Maintenant, il va falloir manger du saignant ! « Pourquoi ce « maintenant » ? Quand on est comme moi à la recherche de la plus mystérieuse vérité, on ne laisse rien échapper, ni de ce que l'on voit, ni de ce que l'on entend. Il faut, à toutes choses, trouver un sens. Nous arrivions dans un petit pays qui venait d'être bouleversé par un crime. La logique me conduisait à soupçonner toute phrase prononcée comme pouvant se rapporter à l'événement du jour. « Maintenant », pour moi, signifiait : « Depuis l'attentat. » Dès le début de mon enquête, je cherchai donc à trouver une corrélation entre cette phrase et le drame. Nous allâmes déjeuner au « Donjon ».

Je répétai tout de go la phrase et je vis, à la surprise et à l'ennui du père Mathieu, que je n'avais pas, quant à lui, exagéré l'importance de cette phrase. J'avais appris, à ce moment, l'arrestation des concierges. Le père Mathieu nous parla de ces gens comme on parle de vrais amis... Que l'on regrette... Liaison fatale des idées... je me dis : « Maintenant que les concierges sont arrêtés, « il va falloir manger du saignant. » Plus de concierges, plus de gibier ! Comment ai-je été conduit à cette idée précise de « gibier » ! La haine exprimée par le père Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine, prétendait-il, partagée par les concierges, me mena tout doucement à l'idée de braconnage... Or, comme, de toute évidence, les concierges ne pouvaient être dans leur lit au moment du drame, pourquoi étaient- ils dehors cette nuit-là ? Pour le drame ? Je n'étais point disposé à le croire, car déjà je pensais, pour des raisons que je vous dirai plus tard, que l'assassin n'avait pas de complice et que tout ce drame cachait un mystère entre Mlle Stangerson et l'assassin, mystère dans lequel les concierges n'avaient que faire. L'histoire du braconnage expliquait tout, relativement aux concierges. Je l'admis en principe et je recherchai une preuve chez eux, dans leur loge. Je pénétrai dans leur maisonnette, comme vous le savez, et découvris sous leur lit des lacets et du fil de laiton. « Parbleu ! pensai-je, parbleu ! voilà bien pourquoi ils étaient, la nuit, dans le parc. » Je ne m'étonnai point qu'ils se fussent tus devant le juge et que, sous le coup d'une aussi grave accusation que celle d'une complicité dans le crime, ils n'aient point répondu tout de suite en avouant le braconnage. Le braconnage les sauvait de la cour d'assisses, mais les faisait mettre à la porte du château, et, comme ils étaient parfaitement sûrs de leur innocence sur le fait crime, ils espéraient bien que celle-ci serait vite découverte et que l'on continuerait à ignorer le fait braconnage. Il leur serait toujours loisible de parler à temps ! Je leur ai fait hâter leur confession par l'engagement signé de M. Stangerson, que je leur apportais. Ils donnèrent toutes preuves nécessaires, furent mis en liberté et conçurent pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les avais-je point fait délivrer plus tôt ? Parce que je n'étais point sûr alors qu'il n'y avait dans leur cas que du braconnage. Je voulais les laisser venir, et étudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus certaine, à mesure que les jours s'écoulaient. Au lendemain de la « galerie inexplicable », comme j'avais besoin de gens dévoués ici, je résolus de me les attacher immédiatement en faisant cesser leur captivité. Et voilà ! Ainsi s'exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m'étonner encore de la simplicité de raisonnement qui l'avait conduit à la vérité dans cette affaire de la complicité des concierges. Certes, l'affaire était minime, mais je pensai à part moi que le jeune homme, un de ces jours, ne manquerait point de nous expliquer, avec la même simplicité, la formidable nuit de la « Chambre Jaune » et celle de la « galerie inexplicable ». Nous étions arrivés à l'auberge du « Donjon ». Nous entrâmes.

Cette fois, nous ne vîmes point l'hôte, mais ce fut l'hôtesse qui nous accueillit avec un bon sourire heureux. J'ai déjà décrit la salle où nous nous trouvions, et j'ai donné un aperçu de la charmante femme blonde aux yeux doux qui se mit immédiatement à notre disposition pour le déjeuner. « Comment va le père Mathieu ? demanda Rouletabille.

— Guère mieux, monsieur, guère mieux ; il est toujours au lit.

— Ses rhumatismes ne le quittent donc pas ?

— Eh non ! J'ai encore été obligée, la nuit dernière, de lui faire une piqûre de morphine. Il n'y a que cette drogue-là qui calme ses douleurs. Elle parlait d'une voix douce ; tout, en elle, exprimait la douceur. C'était vraiment une belle femme, un peu indolente, aux grands yeux cernés, des yeux d'amoureuse. Le père Mathieu, quand il n'avait pas de rhumatismes, devait être un heureux gaillard. Mais elle, était-elle heureuse avec ce rhumatisant bourru ? La scène à laquelle nous avions précédemment assisté ne pouvait nous le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l'attitude de cette femme, quelque chose qui ne dénotait point le désespoir. Elle disparut dans sa cuisine pour préparer notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d'excellent cidre. Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l'alluma, et, tranquillement, m'expliqua enfin la raison qui l'avait déterminé à me faire venir au Glandier avec des revolvers. « Oui, dit-il, en suivant d'un oeil contemplatif les volutes de la fumée qu'il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, j'attends, ce soir, l'assassin. Il y eut un petit silence que je n'eus garde d'interrompre, et il reprit : « Hier soir, au moment où j'allais me mettre au lit, M. Robert Darzac frappa à la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me confia qu'il était dans la nécessité de se rendre, le lendemain matin, c'est-à-dire ce matin même, à Paris. La raison qui le déterminait à ce voyage était à la fois péremptoire et mystérieuse, péremptoire puisqu'il lui était impossible de ne pas faire ce voyage, et mystérieuse puisqu'il lui était aussi impossible de m'en dévoiler le but.« Je pars, et cependant, ajouta- t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce moment Mlle Stangerson. » Il ne me cacha point qu'il la croyait encore une fois en danger.« Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que je ne m'en étonnerais guère, avoua-t-il, et cependant il faut que je m'absente. Je ne pourrai être de retour au Glandier qu'après-demain matin. « Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu'il m'expliqua. Cette idée d'un danger pressant lui venait uniquement de la coïncidence qui existait entre ses absences et les attentats dont Mlle Stangerson était l'objet. La nuit de la « galerie inexplicable », il avait dû quitter le Glandier ; la nuit de la « Chambre Jaune », il n'aurait pu être au Glandier et, de fait, nous savons qu'il n'y était pas. Du moins nous le savons officiellement, d'après ses déclarations. Pour que, chargé d'une idée pareille, il s'absentât à nouveau aujourd'hui, il fallait qu'il obéît à une volonté plus forte que la sienne. C'est ce que je pensais et c'est ce que je lui dis. Il me répondit : « Peut- être ! » Je demandai si cette volonté plus forte que la sienne était celle de Mlle Stangerson ; il me jura que non et que la décision de son départ avait été prise par lui, en dehors de toute instruction de Mlle Stangerson. Bref, il me répéta qu'il ne croyait à la possibilité d'un nouvel attentat qu'à cause de cette extraordinaire coïncidence qu'il avait remarquée « et que le juge d'instruction, du reste, lui avait fait remarquer ». « S'il arrivait quelque chose à Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et pour elle et pour moi ; pour elle, qui sera une fois de plus entre la vie et la mort ; pour moi, qui ne pourrai la défendre en cas d'attaque et qui serai ensuite dans la nécessité de ne point dire où j'ai passé la nuit. Or, je me rends parfaitement compte des soupçons qui pèsent sur moi.

Le juge d'instruction et M. Frédéric Larsan — ce dernier m'a suivi à la piste, la dernière fois que je me suis rendu à Paris, et j'ai eu toutes les peines du monde à m'en débarrasser — ne sont pas loin de me croire coupable.—Que ne dites-vous, m'écriai-je tout à coup, le nom de l'assassin, puisque vous le connaissez ? » M. Darzac parut extrêmement troublé de mon exclamation. Il me répliqua, d'une voix hésitante : « Moi ! Je connais le nom de l'assassin ? Qui me l'aurait appris ? » Je repartis aussitôt : « Mlle Stangerson ! » Alors, il devint tellement pâle que je crus qu'il allait se trouver mal, et je vis que j'avais frappé juste : Mlle Stangerson et lui savent le nom de l'assassin ! Quand il fut un peu remis, il me dit : « Je vais vous quitter, monsieur. Depuis que vous êtes ici, j'ai pu apprécier votre exceptionnelle intelligence et votre ingéniosité sans égale. Voici le service que je réclame de vous. Peut-être ai-je tort de craindre un attentat la nuit prochaine ; mais, comme il faut tout prévoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat impossible... Prenez toutes dispositions qu'il faudra pour isoler, pour garder Mlle Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon chien de garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde de repos. L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse, qui n'a peut-être encore jamais été égalée au monde. Cette astuce même la sauvera si vous veillez ; car il est impossible qu'il ne sache point que vous veillez, à cause de cette astuce même ; et, s'il sait que vous veillez, il ne tentera rien. —Avez-vous parlé de ces choses à M. Stangerson ?—Non !—Pourquoi ?—Parce que je ne veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m'avez dit tout à l'heure : Vous connaissez le nom de l'assassin ! » Si, vous, vous êtes étonné de ce que je viens vous dire : « L'assassin va peut-être venir demain ! », quel serait l'étonnement de M. Stangerson, si je lui répétais la même chose ! Il n'admettra peut- être point que mon sinistre pronostic ne soit basé que sur des coïncidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver étranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce que j'ai une grande... une grande confiance en vous... Je sais que, vous , vous ne me soupçonnez pas ! ... »

« Le pauvre homme, continua Rouletabille, me répondait comme il pouvait, à hue et à dia. Il souffrait. J'eus pitié de lui, d'autant plus que je me rendais parfaitement compte qu'il se ferait tuer plutôt que de me dire qui était l'assassin comme Mlle Stangerson se fera plutôt assassiner que de dénoncer l'homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable ». L'homme doit la tenir, ou doit les tenir tous deux, d'une manière terrible, « et ils ne doivent rien tant redouter que de voir M. Stangerson apprendre que sa fille est « tenue « par son assassin. » Je fis comprendre à M. Darzac qu'il s'était suffisamment expliqué et qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien m'apprendre. Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la nuit.

Il insista pour que j'organisasse une véritable barrière infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du boudoir où couchaient les deux gardes et autour du salon où couchait, depuis la « galerie inexplicable », M. Stangerson ; bref, autour de tout l'appartement. Non seulement je compris, à cette insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible l'arrivée à la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre cette arrivée si « visiblement » impossible, que l'homme fût rebuté tout de suite et disparût sans laisser de trace. C'est ainsi que j'expliquai, à part moi, la phrase finale dont il me salua : « Quand je serai parti, vous pourrez parler de « vos » soupçons pour cette nuit à M. Stangerson, au père Jacques, à Frédéric Larsan, à tout le monde au château et organiser ainsi, jusqu'à mon retour, une surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul l'idée. « Il s'en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guère ce qu'il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui « criaient » que j'avais deviné les trois quarts de son secret. Oui, oui, vraiment, il devait être tout à fait désemparé pour être venu à moi dans un moment pareil et pour abandonner Mlle Stangerson, quand il avait dans la tête cette idée terrible de la « coïncidence... »

« Quand il fut parti, je réfléchis. Je réfléchis à ceci, qu'il fallait être plus astucieux que l'astuce même, de telle sorte que l'homme, s'il devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle Stangerson, ne se doutât point une seconde qu'on pouvait soupçonner sa venue. Certes ! l'empêcher de pénétrer, même par la mort, mais le laisser avancer suffisamment pour que, mort ou vivant, on pût voir nettement sa figure ! Car il fallait en finir, il fallait libérer Mlle Stangerson de cet assassinat latent !

« Oui, mon ami, déclara Rouletabille, après avoir posé sa pipe sur la table et vidé son verre, il faut que je voie, d'une façon bien distincte, sa figure, histoire d'être sûr qu'elle entre dans le cercle que j'ai tracé avec le bon bout de ma raison. À ce moment, apportant l'omelette au lard traditionnelle, l'hôtesse fit sa réapparition. Rouletabille lutina un peu Mme Mathieu et celle-ci se montra de l'humeur la plus charmante. « Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le père Mathieu est cloué au lit par ses rhumatismes que lorsque le père Mathieu est ingambe ! Mais je n'étais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de l'hôtesse ; j'étais tout entier aux dernières paroles de mon jeune ami et à l'étrange démarche de M. Robert Darzac. Quand il eut fini son omelette et que nous fûmes seuls à nouveau, Rouletabille reprit le cours de ses confidences :

« Quand je vous ai envoyé ma dépêche ce matin, à la première heure, j'en étais resté, me dit-il, à la parole de M. Darzac : « L'assassin viendra peut-être'' la nuit prochaine. » Maintenant, je peux vous dire qu'il viendra « sûrement ». Oui, je l'attends. — Et qu'est-ce qui vous a donné cette certitude ? Ne serait-ce point par hasard...

— Taisez-vous, m'interrompit en souriant Rouletabille, taisez- vous, vous allez dire une bêtise. Je suis sûr que l'assassin viendra depuis ce matin, dix heures et demie , c'est-à-dire avant votre arrivée, et par conséquent avant que nous n'ayons aperçu Arthur Rance à la fenêtre de la cour d'honneur... — Ah ! ah ! fis-je... vraiment... mais encore, pourquoi en étiez- vous sûr dès dix heures et demie ?

— Parce que, à dix heures et demie, j'ai eu la preuve que Mlle Stangerson faisait autant d'efforts pour permettre à l'assassin de pénétrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait pris, en s'adressant à moi, de précautions pour qu'il n'y entrât pas... — Oh ! oh ! m'écriai-je, est-ce bien possible ! ... »

Et plus bas :

« Ne m'avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert Darzac ? — Je vous l'ai dit parce que c'est la vérité ! — Alors, vous ne trouvez pas bizarre...

— Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien que le bizarre que vous, vous connaissez n'est rien à côté du bizarre qui vous attend ! ...

— Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson « et son assassin » aient entre eux des relations au moins épistolaires ?

— Admettez-le ! mon ami, admettez-le ! ... Vous ne risquez rien ! ... Je vous ai rapporté l'histoire de la lettre sur la table de Mlle Stangerson, lettre laissée par l'assassin la nuit de la « galerie inexplicable », lettre disparue... dans la poche de Mlle Stangerson... Qui pourrait prétendre que, « dans cette lettre, l'assassin ne sommait pas Mlle Stangerson de lui donner un prochain rendez-vous effectif », et enfin qu'il n'a pas fait savoir à Mlle Stangerson, « aussitôt qu'il a été sûr du départ de M. Darzac », que ce rendez-vous devait être pour la nuit qui vient ? Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments où je me demandais s'il ne se payait point ma tête. La porte de l'auberge s'ouvrit. Rouletabille fut debout, si subitement, qu'on eût pu croire qu'il venait de subir sur son siège une décharge électrique. « Mr Arthur Rance ! » s'écria-t-il. M. Arthur Rance était devant nous, et, flegmatiquement, saluait.


Chapitre 19. Kapitel 19. Rouletabille lädt mich zum Mittagessen im Gasthaus "Donjon" ein Chapter 19. Rouletabille offers me lunch at the "Donjon" inn Capítulo 19. Rouletabille me ofrece almorzar en la posada "Donjon". Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du « Donjon »

Chapitre 19. Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du « Donjon » Ce n'est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet où l'histoire du phénomène de la « galerie inexplicable » avait été retracée tout au long, par lui, le matin même qui suivit cette nuit énigmatique. It was only later that Rouletabille gave me this notebook where the history of the phenomenon of the “inexplicable gallery” had been traced all along, by him, the very morning that followed this enigmatic night. Rouletabille me entregó más tarde este cuaderno en el que había relatado íntegramente la historia del fenómeno de la "galería inexplicable" la mañana siguiente a aquella enigmática noche. Só mais tarde Rouletabille me deu este caderno em que a história do fenômeno da "inexplicável galeria" fora traçada por ele ao longo da própria manhã que se seguiu àquela noite enigmática. Le jour où je le rejoignis au Glandier dans sa chambre, il me raconta, par le plus grand détail, tout ce que vous connaissez maintenant, y compris l'emploi de son temps pendant les quelques heures qu'il était allé passer, cette semaine-là, à Paris, où, du reste, il ne devait rien apprendre qui le servît. The day I joined him at the Glandier in his room, he told me, in great detail, everything you know now, including the use of his time during the few hours he had gone to spend this week. there, in Paris, where, moreover, he was not to learn anything that served him. No dia em que me juntei a ele no Glandier em seu quarto, ele me contou, em detalhes, tudo o que você sabe agora, incluindo o uso de seu tempo durante as poucas horas que passou esta semana. Lá, em Paris, onde, além disso, ele não devia aprender nada que o servisse. L'événement de la « galerie inexplicable » était survenu dans la nuit du 29 au 30 octobre, c'est-à-dire trois jours avant mon retour au château, puisque nous étions le 2 novembre. « C'est donc le 2 novembre » que je reviens au Glandier, appelé par la dépêche de mon ami et apportant les revolvers. "É, portanto, 2 de novembro" que volto a Glandier, chamado pelo despacho do meu amigo e trazendo os revólveres. Je suis dans la chambre de Rouletabille ; il vient de terminer son récit. I'm in Rouletabille's room; he's just finished his story.

Pendant qu'il parlait, il n'avait point cessé de caresser la convexité des verres du binocle qu'il avait trouvé sur le guéridon et je comprenais, à la joie qu'il prenait à manipuler ces verres de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces « marques sensibles destinées à entrer dans le cercle tracé par le bon bout de sa raison ». While he was speaking, he had not stopped caressing the convexity of the glasses of the binocle he had found on the pedestal table and I understood, to the joy he took in handling these glasses for presbyopia, that these were to constitute one of those "sensitive marks intended to enter the circle traced by the good end of his reason". Enquanto falava, não parava de acariciar a convexidade dos copos do binóculo que encontrara na mesa do pedestal e compreendi, para a alegria que sentia ao manusear estes copos para presbiopia, que estes viriam a constituir um daqueles " marcas sensíveis destinadas a entrar no círculo traçado pelo bom fim de sua razão ". Cette façon bizarre, unique, qu'il avait de s'exprimer en usant de termes merveilleusement adéquats à sa pensée ne me surprenait plus ; mais souvent il fallait connaître sa pensée pour comprendre les termes et ce n'était point toujours facile que de pénétrer la pensée de Joseph Rouletabille. This bizarre, unique way of expressing himself in terms wonderfully adequate to his thought no longer surprised me; but often it was necessary to know his thoughts to understand the terms and it was not always easy to penetrate the thoughts of Joseph Rouletabille. La pensée de cet enfant était une des choses les plus curieuses que j'avais jamais eu à observer. The thought of this child was one of the most curious things I had ever seen. Rouletabille se promenait dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement — disons le mot — de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Rouletabille walked through life with this thought without suspecting the astonishment - let us say the word - the bewilderment he encountered on his way. Les gens tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer, s'éloigner, comme on s'arrête pour considérer plus longtemps une silhouette originale que l'on a croisée sur sa route. People turned their heads towards this thought, watched it go by, go away, as one stops to consider for a longer time an original silhouette that one has passed on the way. Et comme on se dit : « D'où vient-il, celui-là ! And as we say to ourselves: "Where does he come from, that one!" Où va-t-il ? » on se disait : « D'où vient la pensée de Joseph Rouletabille et où va-t-elle ? We said to ourselves: "Where does Joseph Rouletabille's thought come from and where does it go?" » J'ai avoué qu'il ne se doutait point de la couleur originale de sa pensée ; aussi ne la gênait-elle nullement pour se promener, comme tout le monde, dans la vie. I confessed that he did not suspect the original color of his thought; so it did not bother her in any way to take a walk, like everyone else, in life. De même, un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il tout à fait à son aise, quel que soit le milieu qu'il traverse. Likewise, an individual who does not suspect his eccentric outfit is quite at his ease, whatever the environment he is going through. C'est donc avec une simplicité naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau supernaturel, exprimait des choses formidables « par leur logique raccourcie », tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous autres, comprendre la forme qu'autant qu'à nos yeux émerveillés il voulait bien la détendre et la présenter de face dans sa position normale. It is therefore with a natural simplicity that this child, irresponsible of his supernatural brain, expressed formidable things "by their shortened logic", so shortened that we, we, could not understand the form as much as we could. our amazed eyes he was willing to relax her and present her face in her normal position. Así, con una sencillez natural, este niño, irresponsable de su cerebro sobrenatural, expresaba cosas formidables "por su lógica abreviada", tan abreviada que nosotros, los demás, sólo podíamos comprender la forma hasta donde nuestros ojos asombrados estaban dispuestos a relajarla y presentarla frontalmente en su posición normal. Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du récit qu'il venait de me faire. Joseph Rouletabille asked me what I thought of the story he had just told me. Je lui répondis que sa question m'embarrassait fort, à quoi il me répliqua d'essayer, à mon tour, de prendre ma raison par le bon bout. I replied that his question embarrassed me greatly, to which he replied that I, in turn, try to take my reason by the right end. « Eh bien, fis-je, il me semble que le point de départ de mon raisonnement doit être celui-ci : il ne fait point de doute que l'assassin que vous poursuiviez a été à un moment de cette poursuite dans la galerie. “Well,” I said, “it seems to me that the starting point of my reasoning must be this: there is no doubt that the assassin you were pursuing was at one point in this pursuit in the gallery. Et je m'arrêtai... And I stopped ... « En partant si bien, s'exclama-t-il, vous ne devriez point être arrêté si tôt. "Starting off so well," he exclaimed, "you shouldn't be arrested so soon." “Começando tão bem”, ele exclamou, “você não deveria ser interrompido tão cedo. Voyons, un petit effort. Come on, a little effort.

— Je vais essayer. Du moment où il était dans la galerie et où il en a disparu, alors qu'il n'a pu passer ni par une porte ni par une fenêtre, il faut qu'il se soit échappé par une autre ouverture. Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment et n'hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais toujours « comme une savate ». Joseph Rouletabille looked at me with pity, smiled carelessly and did not hesitate any longer to confide in me that I always reasoned "like a savate". Joseph Rouletabille olhou para mim com pena, sorriu despreocupado e não hesitou mais em me confidenciar que sempre raciocinei "como um chinelo". « Que dis-je ? " What did I say ? comme une savate ! Vous raisonnez comme Frédéric Larsan ! You reason like Frédéric Larsan! Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives d'admiration et de dédain pour Frédéric Larsan ; tantôt il s'écriait : « Il est vraiment fort ! For Joseph Rouletabille went through alternate periods of admiration and disdain for Frédéric Larsan; sometimes he exclaimed: "He is really strong! » ; tantôt il gémissait : « Quelle brute ! "; sometimes he moaned: "What a brute! », selon que — et je l'avais bien remarqué — selon que les découvertes de Frédéric Larsan venaient corroborer son raisonnement à lui ou qu'elles le contredisaient. », Depending on whether - and I had noticed it - whether Frédéric Larsan's discoveries corroborated his reasoning or whether they contradicted him. C'était un des petits côtés du noble caractère de cet enfant étrange. It was one of the small sides of the noble character of this strange child. Era uma das pequenas facetas do caráter nobre dessa criança estranha. Nous nous étions levés et il m'entraîna dans le parc. We stood up and he led me into the park. Nós nos levantamos e ele me levou para o parque. Comme nous nous trouvions dans la cour d'honneur, nous dirigeant vers la sortie, un bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner la tête, et nous vîmes au premier étage de l'aile gauche du château, à la fenêtre, une figure écarlate et entièrement rasée que je ne connaissais point. As we were in the main courtyard, heading towards the exit, a noise of shutters thrown against the wall made us turn our heads, and we saw on the first floor of the left wing of the castle, at the window, a scarlet and completely shaven face that I did not know. Como estávamos no pátio principal, rumando para a saída, o som das venezianas atiradas contra a parede nos fez virar a cabeça, e vimos no primeiro andar da ala esquerda do castelo, na janela, um rosto escarlate e totalmente barbeado que eu não sabia. « Tiens ! " Here ! murmura Rouletabille, Arthur Rance ! murmured Rouletabille, Arthur Rance! Il baissa la tête, hâta sa marche et je l'entendis qui disait entre ses dents : He bowed his head, hurried on, and I heard him say between his teeth: « Il était donc cette nuit au château ? "So it was that night at the castle?" ... Qu'est-il venu y faire ? Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui était cet Arthur Rance et comment il l'avait connu. When we were far enough from the castle, I asked him who this Arthur Rance was and how he had known him. Alors il me rappela son récit du matin même, me faisant souvenir que M. Arthur-W. Then he reminded me of his story that morning, reminding me that Mr. Arthur-W. Rance était cet américain de Philadelphie avec qui il avait si copieusement trinqué à la réception de l'Élysée. Rance was the American from Philadelphia with whom he had so generously toasted at the reception of the Élysée Palace. Rance era el americano de Filadelfia con el que tan copiosamente había brindado en la recepción del Elíseo. Rance era aquele americano da Filadélfia com quem brindou tão copiosamente na recepção no Palácio do Eliseu. « Mais ne devait-il point quitter la France presque immédiatement ? "But shouldn't he leave France almost immediately? demandai-je.

— Sans doute ; aussi vous me voyez tout étonné de le trouver encore, non seulement en France, mais encore, mais surtout au Glandier. - Without a doubt ; also you see me quite astonished to find him still, not only in France, but also, but especially in Glandier. Il n'est point arrivé ce matin ; il n'est point arrivé cette nuit ; il sera donc arrivé avant dîner et je ne l'ai point vu. He did not arrive this morning; he did not arrive that night; he will therefore have arrived before dinner and I did not see him. Ele não chegou esta manhã; ele não apareceu naquela noite; ele deve, portanto, ter chegado antes do jantar e eu não o vi. Comment se fait-il que les concierges ne m'aient point averti ? How is it that the concierges did not warn me? Je fis remarquer à mon ami qu'à propos des concierges, il ne m'avait point encore dit comment il s'y était pris pour les faire remettre en liberté. I pointed out to my friend that, with regard to the janitors, he had not yet told me how he had managed to get them released. Nous approchions justement de la loge ; le père et la mère Bernier nous regardaient venir. We were just approaching the lodge; father and mother Bernier watched us coming. Un bon sourire éclairait leur face prospère. A good smile lit up their prosperous faces. Ils semblaient n'avoir gardé aucun mauvais souvenir de leur détention préventive. They seemed to have no bad memories of their pre-trial detention. Mon jeune ami leur demanda à quelle heure était arrivé Arthur Rance. My young friend asked them what time Arthur Rance arrived. Ils lui répondirent qu'ils ignoraient que M. Arthur Rance fût au château. They replied that they did not know that Mr. Arthur Rance was at the castle. Il avait dû s'y présenter dans la soirée de la veille, mais ils n'avaient pas eu à lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur Rance, qui était, paraît-il, un grand marcheur et qui ne voulait point qu'on allât le chercher en voiture, avait coutume de descendre à la gare du petit bourg de Saint-Michel ; de là, il s'acheminait à travers la forêt jusqu'au château. He must have been there the evening of the day before, but they had not had to open the gate for him, since Mr. Arthur Rance, who was, it seems, a great walker and who did not want 'we went to fetch him by car, it was customary to get off at the station in the small town of Saint-Michel; from there he walked through the forest to the castle. Il arrivait au parc par la grotte de Sainte-Geneviève, descendait dans cette grotte, enjambait un petit grillage et se trouvait dans le parc. He arrived at the park by the grotto of Sainte-Geneviève, went down into this grotto, stepped over a small fence and was in the park. Ele chegou ao parque pela gruta de Sainte-Geneviève, desceu nesta gruta, passou por cima de uma pequena cerca e estava no parque.

À mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de Rouletabille s'assombrir, manifester un certain mécontentement et, à n'en point douter, un mécontentement contre lui-même. Évidemment, il était un peu vexé que, ayant tant travaillé sur place, ayant étudié les êtres et les choses du Glandier avec un soin méticuleux, il en fût encore à apprendre « qu'Arthur Rance avait coutume de venir au château ». Obviously, he was a little annoyed that, having worked so much on the spot, having studied the beings and things of the Glandier with meticulous care, he was still learning "that Arthur Rance used to come to the castle". Obviamente, ele estava um pouco aborrecido que, tendo trabalhado tanto no local, tendo estudado os seres e as coisas do Glandier com cuidado meticuloso, ainda não soubesse "que Arthur Rance costumava vir ao castelo". Morose, il demanda des explications. Malhumorado, pidió explicaciones.

« Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au château... Mais, quand y est-il donc venu pour la dernière fois ? "You say that Mr. Arthur Rance used to come to the castle ... But when was the last time he came there?

— Nous ne saurions vous dire exactement, répondit M. Bernier — c'était le nom du concierge — attendu que nous ne pouvions rien savoir pendant qu'on nous tenait en prison, et puis parce que, si ce monsieur, quand il vient au château, ne passe pas par notre grille, il n'y passe pas non plus quand il le quitte... - We could not tell you exactly, replied M. Bernier - that was the name of the concierge - since we could not know anything while we were being held in prison, and then because, if this gentleman, when he comes to the castle, does not pass through our gate, nor does it pass when he leaves it ... - Não te podíamos dizer exactamente, respondeu M. Bernier - era esse o nome do porteiro - já que nada podíamos saber enquanto estávamos detidos, e então porque, se este senhor, quando vier ao castelo , não passa pelo nosso portão, nem passa quando ele sai ... — Enfin, savez-vous quand il y est venu pour la première fois ?

— Oh ! oui, monsieur... il y a neuf ans ! ...

— Il est donc venu en France, il y a neuf ans, répondit Rouletabille ; et, cette fois-ci, à votre connaissance, combien de fois est-il venu au Glandier ?

— Trois fois.

— Quand est-il venu au Glandier pour la dernière fois, à « votre connaissance », avant aujourd'hui. - When was the last time he came to Glandier, "to your knowledge", before today. — Une huitaine de jours avant l'attentat de la « Chambre Jaune ». - A week or so before the attack on the “Yellow Room”. Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulièrement à la femme :

« Dans la rainure du parquet ? "In der Nut des Parketts? "In the groove of the parquet?

— Dans la rainure du parquet, répondit-elle. - In the groove of the parquet floor," she replied.

— Merci, fit Rouletabille, et préparez-vous pour ce soir. Il prononça cette dernière phrase, un doigt sur la bouche, pour recommander le silence et la discrétion.

Nous sortîmes du parc et nous dirigeâmes vers l'auberge du « Donjon ». « Vous allez quelquefois manger à cette auberge ? "Do you sometimes eat at this inn?"

— Quelquefois.

— Mais vous prenez aussi vos repas au château ? - But you also take your meals at the castle?

— Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantôt dans l'une de nos chambres, tantôt dans l'autre. - Yes, Larsan and I are served sometimes in one of our rooms, sometimes in the other. — M. Stangerson ne vous a jamais invité à sa table ? - Mr. Stangerson never invited you to his table?

— Jamais.

— Votre présence chez lui ne le lasse pas ? - Your presence at his place does not tire him?

— Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le gênions pas. - I don't know, but in any case he pretends we don't bother him. — Il ne vous interroge jamais ? - He never questions you?

— Jamais ! Il est resté dans cet état d'esprit du monsieur qui était derrière la porte de la « Chambre Jaune », pendant qu'on assassinait sa fille, qui a défoncé la porte et qui n'a point trouvé l'assassin. He remained in this state of mind of the gentleman who was behind the door of the "Yellow Room", while his daughter was being murdered, who broke down the door and who did not find the assassin. Il est persuadé que, du moment qu'il n'a pu, « sur le fait », rien découvrir, nous ne pourrons à plus forte raison rien découvrir non plus, nous autres... Mais il s'est fait un devoir, « depuis l'hypothèse de Larsan », de ne point contrarier nos illusions. He is convinced that, as long as he was unable to "discover" anything, we will not be able to discover anything either, we others ... But he made it his duty, "From Larsan's hypothesis", not to contradict our illusions. Rouletabille se replongea dans ses réflexions. Rouletabille plunged back into his reflections. Rouletabille mergulhou de volta em seus pensamentos. Il en sortit enfin pour m'apprendre comment il avait libéré les deux concierges. He finally got out to tell me how he had freed the two janitors. « Je suis allé, dernièrement, trouver M. Stangerson avec une feuille de papier. “I recently went to find Mr. Stangerson with a sheet of paper. Je lui ai dit d'écrire sur cette feuille ces mots : « Je m'engage, quoi qu'ils puissent dire, à garder à mon service mes deux fidèles serviteurs, Bernier et sa femme », et de signer. I told him to write these words on this sheet: "I promise, whatever they may say, to keep my two faithful servants, Bernier and his wife, in my service", and to sign. Disse-lhe que escrevesse estas palavras nesta folha: "Comprometo-me, digam o que disserem, a manter a meu serviço os meus dois servos fiéis, Bernier e a sua mulher", e a assinar. Je lui expliquai qu'avec cette phrase je serais en mesure de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que j'étais sûr qu'ils n'étaient pour rien dans le crime. I explained to him that with this sentence I would be able to make the concierge and his wife speak and I assured him that I was sure that they had nothing to do with the crime. Ce fut, d'ailleurs, toujours mon opinion. It was, moreover, always my opinion. Le juge d'instruction présenta cette feuille signée aux Bernier qui, alors, parlèrent. The examining magistrate presented this signed sheet to the Berniers who then spoke. Ils dirent ce que j'étais certain qu'ils diraient, dès qu'on leur enlèverait la crainte de perdre leur place. They said what I was sure they would say, as soon as they were robbed of the fear of losing their place. Disseram o que eu tinha certeza que diriam, assim que o medo de perder o lugar fosse tirado deles. Ils racontèrent qu'ils braconnaient sur les propriétés de M. Stangerson et que c'était par un soir de braconnage qu'ils se trouvèrent non loin du pavillon au moment du drame. They said that they were poaching on Mr. Stangerson's property and that it was on an evening of poaching that they found themselves not far from the lodge at the time of the drama. Les quelques lapins qu'ils acquéraient ainsi, au détriment de M. Stangerson, étaient vendus par eux au patron de l'auberge du « Donjon » qui s'en servait pour sa clientèle ou qui les écoulait sur Paris. The few rabbits they acquired in this way, to the detriment of Mr. Stangerson, were sold by them to the owner of the "Donjon" inn who used them for his customers or who sold them in Paris. Los pocos conejos que adquirían de este modo, a expensas del Sr. Stangerson, los vendían al dueño de la posada "Donjon", que los utilizaba para sus clientes o los vendía en París. C'était la vérité, je l'avais devinée dès le premier jour. It was the truth, I guessed it from day one. Souvenez-vous de cette phrase avec laquelle j'entrai dans l'auberge du « Donjon » : « Il va falloir manger du saignant maintenant ! Remember this sentence with which I entered the inn in the "Dungeon": "We're going to have to eat rare now!" » Cette phrase, je l'avais entendue le matin même, quand nous arrivâmes devant la grille du parc, et vous l'aviez entendue, vous aussi, mais vous n'y aviez point attaché d'importance. This sentence, I had heard it that very morning, when we arrived in front of the park gate, and you had heard it too, but you had not attached any importance to it. Vous savez qu'au moment où nous allions atteindre cette grille, nous nous sommes arrêtés à regarder un instant un homme qui, devant le mur du parc, faisait les cent pas en consultant, à chaque instant, sa montre. You know that when we were going to reach this gate, we stopped to look for a moment at a man who, in front of the park wall, was pacing around, looking at his watch at all times. Você sabe que, quando estávamos para chegar a este portão, paramos por um momento de olhar para um homem que, em frente ao muro do parque, andava de um lado para o outro, consultando constantemente o relógio. Cet homme, c'était Frédéric Larsan qui, déjà, travaillait. This man was Frédéric Larsan who was already working. Or, derrière nous, le patron de l'auberge sur son seuil disait à quelqu'un qui se trouvait à l'intérieur de l'auberge : « Maintenant, il va falloir manger du saignant ! However, behind us, the owner of the inn on his doorstep was saying to someone inside the inn: "Now we have to eat rare!" « Pourquoi ce « maintenant » ? "Why this" now "? Quand on est comme moi à la recherche de la plus mystérieuse vérité, on ne laisse rien échapper, ni de ce que l'on voit, ni de ce que l'on entend. When you are like me in search of the most mysterious truth, you let nothing escape, neither from what you see, nor from what you hear. Il faut, à toutes choses, trouver un sens. All things need to find meaning. Nous arrivions dans un petit pays qui venait d'être bouleversé par un crime. We arrived in a small country which had just been turned upside down by a crime. La logique me conduisait à soupçonner toute phrase prononcée comme pouvant se rapporter à l'événement du jour. Logic led me to suspect any sentence uttered as possibly relating to the event of the day. « Maintenant », pour moi, signifiait : « Depuis l'attentat. » Dès le début de mon enquête, je cherchai donc à trouver une corrélation entre cette phrase et le drame. Nous allâmes déjeuner au « Donjon ».

Je répétai tout de go la phrase et je vis, à la surprise et à l'ennui du père Mathieu, que je n'avais pas, quant à lui, exagéré l'importance de cette phrase. I repeated the sentence all at once and I saw, to the surprise and boredom of Father Mathieu, that I had not, for his part, exaggerated the importance of this sentence. Repeti a frase sem rodeios e vi, para surpresa e contrariedade do padre Mathieu, que não tinha, por sua vez, exagerado a importância desta frase. J'avais appris, à ce moment, l'arrestation des concierges. I had learned, at that time, of the janitors' arrest. Le père Mathieu nous parla de ces gens comme on parle de vrais amis... Que l'on regrette... Liaison fatale des idées... je me dis : « Maintenant que les concierges sont arrêtés, « il va falloir manger du saignant. Father Mathieu spoke to us about these people as we talk about real friends ... We regret ... Fatal connection of ideas ... I say to myself: "Now that the janitors are arrested," we will have to eat some bleeding. » Plus de concierges, plus de gibier ! No more janitors, no more game! Comment ai-je été conduit à cette idée précise de « gibier » ! How was I led to this precise idea of "game"! La haine exprimée par le père Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine, prétendait-il, partagée par les concierges, me mena tout doucement à l'idée de braconnage... Or, comme, de toute évidence, les concierges ne pouvaient être dans leur lit au moment du drame, pourquoi étaient- ils dehors cette nuit-là ? O ódio manifestado pelo Padre Mathieu pelo cuidado do Sr. Stangerson, ódio, ele afirmava, compartilhado pelos zeladores, aos poucos me levou à ideia de caça furtiva ... poderia estar na cama deles no momento da tragédia, por que eles estavam fora naquela noite? Pour le drame ? For the drama? Je n'étais point disposé à le croire, car déjà je pensais, pour des raisons que je vous dirai plus tard, que l'assassin n'avait pas de complice et que tout ce drame cachait un mystère entre Mlle Stangerson et l'assassin, mystère dans lequel les concierges n'avaient que faire. I was not disposed to believe it, because I already thought, for reasons which I will tell you later, that the assassin had no accomplice and that all this drama hid a mystery between Miss Stangerson and the assassin. , a mystery in which the concierges had nothing to do with. Não estava disposto a acreditar, pois já pensava, por motivos que contarei mais tarde, que o assassino não tinha cúmplice e que todo esse drama escondia um mistério entre a senhorita Stangerson e o assassino. Mistério em que os concierges não teve nada a ver com. L'histoire du braconnage expliquait tout, relativement aux concierges. Je l'admis en principe et je recherchai une preuve chez eux, dans leur loge. I admitted it in principle and looked for proof in them, in their lodge. Je pénétrai dans leur maisonnette, comme vous le savez, et découvris sous leur lit des lacets et du fil de laiton. Entrei na cabana deles, como você sabe, e encontrei cadarços e fios de latão embaixo da cama. « Parbleu ! "Parbleu!" pensai-je, parbleu ! I thought, parbleu! voilà bien pourquoi ils étaient, la nuit, dans le parc. » Je ne m'étonnai point qu'ils se fussent tus devant le juge et que, sous le coup d'une aussi grave accusation que celle d'une complicité dans le crime, ils n'aient point répondu tout de suite en avouant le braconnage. I was not surprised that they were silent before the judge and that, under the charge of as serious an accusation as that of an accomplice in the crime, they did not immediately respond by admitting the poaching. Le braconnage les sauvait de la cour d'assisses, mais les faisait mettre à la porte du château, et, comme ils étaient parfaitement sûrs de leur innocence sur le fait crime, ils espéraient bien que celle-ci serait vite découverte et que l'on continuerait à ignorer le fait braconnage. The poaching saved them from the assize court, but had them kicked out of the castle, and, as they were perfectly sure of their innocence on the crime, they hoped that it would be soon discovered and that the we would continue to ignore the poaching fact. Il leur serait toujours loisible de parler à temps ! It would always be possible for them to speak in time! Je leur ai fait hâter leur confession par l'engagement signé de M. Stangerson, que je leur apportais. I made them hasten their confession by the engagement signed by Mr. Stangerson, which I brought them. Ils donnèrent toutes preuves nécessaires, furent mis en liberté et conçurent pour moi une vive reconnaissance. They gave all the necessary proofs, were released and conceived a keen gratitude for me. Eles deram todas as provas necessárias, foram libertados e ficaram muito gratos a mim. Pourquoi ne les avais-je point fait délivrer plus tôt ? Why had I not had them delivered earlier? Parce que je n'étais point sûr alors qu'il n'y avait dans leur cas que du braconnage. Because I was not sure then that in their case there was only poaching. Je voulais les laisser venir, et étudier le terrain. I wanted to let them come, and study the field. Ma conviction ne devint que plus certaine, à mesure que les jours s'écoulaient. My conviction only became more certain as the days went by. Minha convicção só se tornou mais certa com o passar dos dias. Au lendemain de la « galerie inexplicable », comme j'avais besoin de gens dévoués ici, je résolus de me les attacher immédiatement en faisant cesser leur captivité. In the aftermath of the "inexplicable gallery", as I needed dedicated people here, I resolved to attach myself to them immediately by ending their captivity. A raíz de la "inexplicable galería", como necesitaba personas entregadas aquí, resolví unirlas a mí inmediatamente poniendo fin a su cautiverio. No rescaldo da "galeria inexplicável", como eu precisava de pessoas dedicadas aqui, resolvi amarrá-las imediatamente, encerrando seu cativeiro. Et voilà ! Ainsi s'exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m'étonner encore de la simplicité de raisonnement qui l'avait conduit à la vérité dans cette affaire de la complicité des concierges. So said Joseph Rouletabille, and I could only still wonder at the simplicity of reasoning which had led him to the truth in this affair of the complicity of the janitors. Certes, l'affaire était minime, mais je pensai à part moi que le jeune homme, un de ces jours, ne manquerait point de nous expliquer, avec la même simplicité, la formidable nuit de la « Chambre Jaune » et celle de la « galerie inexplicable ». Admittedly, the affair was minimal, but I thought apart from me that the young man, one of these days, would not fail to explain to us, with the same simplicity, the formidable night of the "Yellow Room" and that of the " inexplicable gallery ”. É certo que o caso foi mínimo, mas pensei além de mim que o jovem, um dia destes, não deixaria de nos explicar, com a mesma simplicidade, a noite formidável do "Quarto Amarelo" e a do " galeria inexplicável ”. Nous étions arrivés à l'auberge du « Donjon ». Nous entrâmes.

Cette fois, nous ne vîmes point l'hôte, mais ce fut l'hôtesse qui nous accueillit avec un bon sourire heureux. This time we did not see the host, but it was the hostess who greeted us with a good happy smile. J'ai déjà décrit la salle où nous nous trouvions, et j'ai donné un aperçu de la charmante femme blonde aux yeux doux qui se mit immédiatement à notre disposition pour le déjeuner. I have already described the room we were in, and I gave a glimpse of the charming blonde woman with soft eyes who immediately made herself available for lunch. « Comment va le père Mathieu ? "How is Father Mathieu?" demanda Rouletabille.

— Guère mieux, monsieur, guère mieux ; il est toujours au lit. - Better, sir, hardly better; he's still in bed.

— Ses rhumatismes ne le quittent donc pas ? - So his rheumatism does not leave him?

— Eh non ! J'ai encore été obligée, la nuit dernière, de lui faire une piqûre de morphine. I had to give him a morphine shot again last night. Il n'y a que cette drogue-là qui calme ses douleurs. There is only this drug that calms his pains. Elle parlait d'une voix douce ; tout, en elle, exprimait la douceur. She spoke in a soft voice; everything in her expressed sweetness. C'était vraiment une belle femme, un peu indolente, aux grands yeux cernés, des yeux d'amoureuse. She was really a beautiful woman, a little indolent, with big dark circles, loving eyes. Le père Mathieu, quand il n'avait pas de rhumatismes, devait être un heureux gaillard. Father Mathieu, when he had no rheumatism, must have been a happy fellow. O padre Mathieu, quando não tinha reumatismo, deve ter sido um sujeito feliz. Mais elle, était-elle heureuse avec ce rhumatisant bourru ? But was she happy with this gruff rheumatist? La scène à laquelle nous avions précédemment assisté ne pouvait nous le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l'attitude de cette femme, quelque chose qui ne dénotait point le désespoir. The scene we had previously witnessed could not make us believe it, and yet there was something about this woman's whole attitude which did not denote despair. Elle disparut dans sa cuisine pour préparer notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d'excellent cidre. She disappeared into her kitchen to prepare our meal, leaving us on the table a bottle of excellent cider. Ela desapareceu em sua cozinha para preparar nossa refeição, deixando sobre a mesa uma garrafa de uma excelente cidra. Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l'alluma, et, tranquillement, m'expliqua enfin la raison qui l'avait déterminé à me faire venir au Glandier avec des revolvers. Rouletabille poured it into bowls, stuffed his pipe, lit it, and, quietly, finally explained to me the reason which had determined him to bring me to the Glandier with revolvers. « Oui, dit-il, en suivant d'un oeil contemplatif les volutes de la fumée qu'il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, j'attends, ce soir, l'assassin. "Yes," he said, following with a contemplative eye the curls of the smoke which he drew from his puffard, "yes, dear friend, I am waiting for the murderer this evening." Sí -dijo, contemplativo, siguiendo las volutas de humo de su calada-, sí, querido amigo, esta noche espero al asesino. "Sim", disse ele, acompanhando com um olhar contemplativo as ondas da fumaça que ele puxou de seu puffard, "sim, caro amigo, estou esperando pelo assassino esta noite." Il y eut un petit silence que je n'eus garde d'interrompre, et il reprit : There was a little silence which I was careful not to interrupt, and he continued: « Hier soir, au moment où j'allais me mettre au lit, M. Robert Darzac frappa à la porte de ma chambre. “Yesterday evening, just as I was about to go to bed, M. Robert Darzac knocked on my bedroom door. Je lui ouvris, et il me confia qu'il était dans la nécessité de se rendre, le lendemain matin, c'est-à-dire ce matin même, à Paris. I opened it to him, and he confided to me that he had to go the next morning, that is to say this very morning, to Paris. Abri para ele e ele me confidenciou que tinha de ir a Paris na manhã seguinte, isto é, esta manhã. La raison qui le déterminait à ce voyage était à la fois péremptoire et mystérieuse, péremptoire puisqu'il lui était impossible de ne pas faire ce voyage, et mystérieuse puisqu'il lui était aussi impossible de m'en dévoiler le but.« Je pars, et cependant, ajouta- t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce moment Mlle Stangerson. The reason which determined him for this trip was both peremptory and mysterious, peremptory since it was impossible for him not to make this trip, and mysterious since it was also impossible for him to reveal the purpose to me. "I'm leaving , and yet, he added, I would give half my life not to leave Miss Stangerson at this moment. O motivo que o determinou a esta viagem foi peremptório e misterioso, peremptório porque lhe era impossível não fazer esta viagem, e misterioso porque também lhe era impossível revelar o propósito para mim. No entanto, ele acrescentou, eu daria metade da minha vida para não deixar a Srta. Stangerson neste momento. » Il ne me cacha point qu'il la croyait encore une fois en danger.« Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que je ne m'en étonnerais guère, avoua-t-il, et cependant il faut que je m'absente. "He did not hide from me that he believed her once again in danger." Something would happen next night that I would not be surprised at, he confessed, and yet I must be away. Je ne pourrai être de retour au Glandier qu'après-demain matin. I won't be able to return to the Glandier until the day after tomorrow morning. « Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu'il m'expliqua. "I asked him for an explanation, and here is all he explained to me. Cette idée d'un danger pressant lui venait uniquement de la coïncidence qui existait entre ses absences et les attentats dont Mlle Stangerson était l'objet. This idea of a pressing danger came to him only from the coincidence which existed between his absences and the attacks of which Miss Stangerson was the object. Essa ideia de um perigo urgente veio a ele apenas pela coincidência que existia entre suas ausências e os ataques de que Miss Stangerson era o objeto. La nuit de la « galerie inexplicable », il avait dû quitter le Glandier ; la nuit de la « Chambre Jaune », il n'aurait pu être au Glandier et, de fait, nous savons qu'il n'y était pas. On the night of the "inexplicable gallery" he must have left the Glandier; on the night of the "Yellow Room" he could not have been at the Glandier and, in fact, we know he was not there. Du moins nous le savons officiellement, d'après ses déclarations. At least we know officially, from his statements. Pour que, chargé d'une idée pareille, il s'absentât à nouveau aujourd'hui, il fallait qu'il obéît à une volonté plus forte que la sienne. Wenn er mit einer solchen Idee beladen heute wieder abwesend war, musste er einem stärkeren Willen gehorchen als seinem eigenen. In order for him to be absent again today, charged with such an idea, he had to obey a will stronger than his. Para que hoje se ausentasse novamente, acusado de tal ideia, ele teve que obedecer a uma vontade mais forte do que a sua. C'est ce que je pensais et c'est ce que je lui dis. That's what I thought and that's what I tell him. Il me répondit : « Peut- être ! » Je demandai si cette volonté plus forte que la sienne était celle de Mlle Stangerson ; il me jura que non et que la décision de son départ avait été prise par lui, en dehors de toute instruction de Mlle Stangerson. I asked if this will stronger than his was Miss Stangerson's; he swore that he did not and that the decision to leave had been taken by him, without any instruction from Miss Stangerson. Eu perguntei se essa vontade mais forte do que a dele era a da Srta. Stangerson; jurou que não e que a decisão de partir fora tomada por ele, sem qualquer instrução da Srta. Stangerson. Bref, il me répéta qu'il ne croyait à la possibilité d'un nouvel attentat qu'à cause de cette extraordinaire coïncidence qu'il avait remarquée « et que le juge d'instruction, du reste, lui avait fait remarquer ». In short, he repeated to me that he only believed in the possibility of a new attack because of this extraordinary coincidence which he had noticed "and which the examining magistrate, moreover, had pointed out to him". « S'il arrivait quelque chose à Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et pour elle et pour moi ; pour elle, qui sera une fois de plus entre la vie et la mort ; pour moi, qui ne pourrai la défendre en cas d'attaque et qui serai ensuite dans la nécessité de ne point dire où j'ai passé la nuit. “If anything happened to Miss Stangerson,” he said, “it would be terrible both for her and for me; for her, who will once again be between life and death; for me, who will not be able to defend it in the event of an attack and who will then be forced not to say where I spent the night. Or, je me rends parfaitement compte des soupçons qui pèsent sur moi. However, I am fully aware of the suspicions hanging over me. No entanto, percebo perfeitamente as suspeitas que pesam sobre mim.

Le juge d'instruction et M. Frédéric Larsan — ce dernier m'a suivi à la piste, la dernière fois que je me suis rendu à Paris, et j'ai eu toutes les peines du monde à m'en débarrasser — ne sont pas loin de me croire coupable.—Que ne dites-vous, m'écriai-je tout à coup, le nom de l'assassin, puisque vous le connaissez ? Der Untersuchungsrichter und Herr Frédéric Larsan - letzterer hat mich bei meinem letzten Besuch in Paris aufgespürt und ich hatte alle Mühe, ihn loszuwerden - sind nicht weit davon entfernt, mich für schuldig zu halten.-Was sagen Sie nicht", rief ich plötzlich, "den Namen des Mörders, wenn Sie ihn schon kennen? The examining magistrate and Mr. Frédéric Larsan - the latter followed me to the track the last time I went to Paris, and I had all the trouble in the world to get rid of them - are not not far from believing me guilty. "" What do you not say, "I cried suddenly," the name of the assassin, since you know him? » M. Darzac parut extrêmement troublé de mon exclamation. M. Darzac seemed extremely disturbed by my exclamation. Il me répliqua, d'une voix hésitante : « Moi ! He replied in a hesitant voice: "Me!" Je connais le nom de l'assassin ? Do I know the name of the assassin? Qui me l'aurait appris ? Who would have taught me? » Je repartis aussitôt : « Mlle Stangerson ! I left immediately: "Miss Stangerson!" » Alors, il devint tellement pâle que je crus qu'il allait se trouver mal, et je vis que j'avais frappé juste : Mlle Stangerson et lui savent le nom de l'assassin ! Then he became so pale that I thought he was going to be wrong, and I saw that I had just hit him: Miss Stangerson and he know the name of the murderer! Então ele ficou tão pálido que achei que ele ia se enganar, e vi que acertou o prego na cabeça: ele e a Srta. Stangerson sabem o nome do assassino! Quand il fut un peu remis, il me dit : « Je vais vous quitter, monsieur. When he had recovered a little, he said to me: “I am going to leave you, sir. Depuis que vous êtes ici, j'ai pu apprécier votre exceptionnelle intelligence et votre ingéniosité sans égale. Since you have been here, I have been able to appreciate your exceptional intelligence and unparalleled ingenuity. Voici le service que je réclame de vous. Peut-être ai-je tort de craindre un attentat la nuit prochaine ; mais, comme il faut tout prévoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat impossible... Prenez toutes dispositions qu'il faudra pour isoler, pour garder Mlle Stangerson. Perhaps I am wrong to fear an attack next night; but, as everything must be foreseen, I am counting on you to make this attack impossible. Take all the necessary measures to isolate, to keep Miss Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de Mlle Stangerson. Make sure we can't get into Miss Stangerson's room. Veillez autour de cette chambre comme un bon chien de garde. Watch around this room like a good watchdog. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde de repos. Do not allow yourself a second of rest. L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse, qui n'a peut-être encore jamais été égalée au monde. The man we dread is astoundingly clever, perhaps never equaled in the world. El hombre al que tememos tiene una astucia prodigiosa que quizá nunca se haya igualado en el mundo. O homem que tememos é incrivelmente inteligente, talvez nunca igualado no mundo. Cette astuce même la sauvera si vous veillez  ; car il est impossible qu'il ne sache point que vous veillez, à cause de cette astuce même ; et, s'il sait que vous veillez, il ne tentera rien. This very trick will save her if you are awake; for it is impossible for him not to know that you are watching, because of this very trick; and if he knows you are watching, he will not try anything. Esse mesmo truque vai salvá-la se você estiver acordado; pois é impossível que ele não saiba que você está assistindo, por causa desse mesmo truque; e, se ele sabe que você está acordado, não tentará nada. —Avez-vous parlé de ces choses à M. Stangerson ?—Non !—Pourquoi ?—Parce que je ne veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m'avez dit tout à l'heure : Vous connaissez le nom de l'assassin ! “Did you talk to Mr. Stangerson about these things?” “No!” “Why?” “Because I don't want Mr. Stangerson to tell me what you told me earlier: You know the name of the assassin! » Si, vous, vous êtes étonné de ce que je viens vous dire : « L'assassin va peut-être venir demain ! "Yes, you are astonished at what I have come to tell you:" The murderer will perhaps come tomorrow! " », quel serait l'étonnement de M. Stangerson, si je lui répétais la même chose ! Il n'admettra peut- être point que mon sinistre pronostic ne soit basé que sur des coïncidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver étranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce que j'ai une grande... une grande confiance en vous... Je sais que, vous , vous ne me soupçonnez pas ! He will perhaps not admit that my sinister prognosis is based only on coincidences which he too would doubtless end up finding strange ... I tell you all that, Monsieur Rouletabille, because I have a great ... a great confidence in you ... I know that, you, you do not suspect me! ... »

« Le pauvre homme, continua Rouletabille, me répondait comme il pouvait, à hue et à dia. "The poor man," continued Rouletabille, "answered me as best he could, in hue and dia. El pobre hombre -continuó Rouletabille- me respondió como pudo, de aquí para allá. "O pobre homem", continuou Rouletabille, "respondeu-me da melhor maneira que pôde, em tom e dia. Il souffrait. J'eus pitié de lui, d'autant plus que je me rendais parfaitement compte qu'il se ferait tuer plutôt que de me dire qui était l'assassin comme Mlle Stangerson se fera plutôt assassiner que de dénoncer l'homme de la « Chambre Jaune » et de la « galerie inexplicable ». I took pity on him, especially since I was fully aware that he would be killed rather than telling me who the murderer was like Miss Stangerson would rather be assassinated than denounce the man of the House. Jaune ”and the“ inexplicable gallery ”. Tive pena dele, especialmente porque tinha plena consciência de que ele seria morto, em vez de me dizer quem era o assassino, como se a Srta. Stangerson preferisse ser assassinada do que denunciar o homem da Casa. Jaune ”e a“ inexplicável galeria ”. L'homme doit la tenir, ou doit les tenir tous deux, d'une manière terrible, « et ils ne doivent rien tant redouter que de voir M. Stangerson apprendre que sa fille est « tenue « par son assassin. The man must hold her, or must hold them both, in a terrible way, "and they should fear nothing so much as to see Mr. Stangerson learn that his daughter is" held "by his killer." » Je fis comprendre à M. Darzac qu'il s'était suffisamment expliqué et qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien m'apprendre. I made M. Darzac understand that he had explained himself sufficiently and that he could be silent since he could no longer teach me anything. Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la nuit.

Il insista pour que j'organisasse une véritable barrière infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du boudoir où couchaient les deux gardes et autour du salon où couchait, depuis la « galerie inexplicable », M. Stangerson ; bref, autour de tout l'appartement. He insisted that I organize a real insurmountable barrier around Miss Stangerson's room, around the boudoir where the two guards slept and around the living room where slept, from the "inexplicable gallery", Mr. Stangerson; in short, around the whole apartment. Non seulement je compris, à cette insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible l'arrivée à la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre cette arrivée si « visiblement » impossible, que l'homme fût rebuté tout de suite et disparût sans laisser de trace. Not only did I understand, at this insistence, that Mr. Darzac was asking me to make Miss Stangerson's arrival in the bedroom impossible, but also to make this arrival so "visibly" impossible, that the man should be put off immediately and disappeared without a trace. No sólo comprendí por esta insistencia que el señor Darzac me pedía que imposibilitara el acceso a la habitación de la señorita Stangerson, sino también que lo hiciera tan "visiblemente" imposible que el hombre se desanimara de inmediato y desapareciera sin dejar rastro. Não só compreendi, com esta insistência, que M. Darzac me pedia para impossibilitar a chegada ao quarto de Mlle Stangerson, mas também para tornar esta chegada tão "visivelmente" impossível, que o homem fosse imediatamente adiado e desaparecesse sem deixando um rastro. C'est ainsi que j'expliquai, à part moi, la phrase finale dont il me salua : « Quand je serai parti, vous pourrez parler de « vos » soupçons pour cette nuit à M. Stangerson, au père Jacques, à Frédéric Larsan, à tout le monde au château et organiser ainsi, jusqu'à mon retour, une surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul l'idée. This is how I explained, apart from myself, the final sentence with which he greeted me: "When I am gone, you will be able to speak about" your "suspicions for this night to Mr. Stangerson, to Father Jacques, to Frédéric Larsan. , to everyone at the castle and thus organize, until my return, a surveillance of which, in the eyes of all, you will have had the idea alone. « Il s'en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guère ce qu'il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui « criaient » que j'avais deviné les trois quarts de son secret. "He went away, the poor man, the poor man, no longer knowing what he was saying, before my silence and my eyes which" shouted "to him that I had guessed three-quarters of his secret. Oui, oui, vraiment, il devait être tout à fait désemparé pour être venu à moi dans un moment pareil et pour abandonner Mlle Stangerson, quand il avait dans la tête cette idée terrible de la « coïncidence... » Yes, yes, really, he must have been quite distraught to have come to me at a moment like this and to abandon Miss Stangerson, when he had this terrible idea of the "coincidence ..." in his head.

« Quand il fut parti, je réfléchis. Je réfléchis à ceci, qu'il fallait être plus astucieux que l'astuce même, de telle sorte que l'homme, s'il devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle Stangerson, ne se doutât point une seconde qu'on pouvait soupçonner sa venue. I reflected on this, that it was necessary to be cleverer than the trick itself, so that the man, if he had to go tonight to Miss Stangerson's room, did not suspect for a second that one could suspect his coming. Certes ! Certainly ! l'empêcher de pénétrer, même par la mort, mais le laisser avancer suffisamment pour que, mort ou vivant, on pût voir nettement sa figure ! prevent him from penetrating, even by death, but let him advance enough so that, dead or alive, one could clearly see his face! Car il fallait en finir, il fallait libérer Mlle Stangerson de cet assassinat latent ! Because we had to end it, we had to free Miss Stangerson from this latent assassination!

« Oui, mon ami, déclara Rouletabille, après avoir posé sa pipe sur la table et vidé son verre, il faut que je voie, d'une façon bien distincte, sa figure, histoire d'être sûr qu'elle entre dans le cercle que j'ai tracé avec le bon bout de ma raison. "Yes, my friend," declared Rouletabille, after having laid his pipe on the table and emptied his glass, I must see her face very clearly, just to be sure that she enters the circle. that I drew with the right end of my reason "Sim, meu amigo", declarou Rouletabille, depois de colocar o cachimbo na mesa e esvaziar o copo, devo ver, de forma bem distinta, o rosto dela, só para ter certeza de que ela entra no círculo. Que tracei com o bom fim da minha razão. À ce moment, apportant l'omelette au lard traditionnelle, l'hôtesse fit sa réapparition. At that moment, bringing the traditional bacon omelette, the hostess reappeared. Rouletabille lutina un peu Mme Mathieu et celle-ci se montra de l'humeur la plus charmante. Rouletabille read Mrs. Mathieu a little and she showed herself in the most charming mood. Rouletabille jugó un poco con Mme Mathieu y ella estaba de lo más encantadora. Rouletabille leu um pouco Madame Mathieu e ela apareceu com o humor mais encantador. « Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le père Mathieu est cloué au lit par ses rhumatismes que lorsque le père Mathieu est ingambe ! "She is much more cheerful," he said to me, "when Father Mathieu is bedridden by his rheumatism than when Father Mathieu is unarmed!" Es mucho más feliz", dijo, "cuando el padre Mathieu está en cama con reumatismo que cuando el padre Mathieu está en cama". "Ela fica muito mais alegre", disse-me ele, "quando o padre Mathieu está acamado por seu reumatismo do que quando o padre Mathieu está desarmado!" Mais je n'étais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de l'hôtesse ; j'étais tout entier aux dernières paroles de mon jeune ami et à l'étrange démarche de M. Robert Darzac. But I was neither at Rouletabille's games, nor at the hostess's smiles; I was entirely at the last words of my young friend and at the strange step of Mr. Robert Darzac. Mas eu não estava nos jogos de Rouletabille, nem nos sorrisos da anfitriã; Fiquei inteiramente atento às últimas palavras de meu jovem amigo e à estranha abordagem de M. Robert Darzac. Quand il eut fini son omelette et que nous fûmes seuls à nouveau, Rouletabille reprit le cours de ses confidences : When he had finished his omelet and we were alone again, Rouletabille resumed the course of his confidences:

« Quand je vous ai envoyé ma dépêche ce matin, à la première heure, j'en étais resté, me dit-il, à la parole de M. Darzac : « L'assassin viendra peut-être'' la nuit prochaine. "When I sent you my despatch this morning, early on, I had stuck with M. Darzac's words," he said to me: "The murderer will perhaps come" next night. «Quando lhe enviei o meu despacho esta manhã, bem cedo, cumpri as palavras de M. Darzac», disse-me ele: «O assassino talvez apareça» na noite seguinte. » Maintenant, je peux vous dire qu'il viendra « sûrement ». Oui, je l'attends. Yes, I am waiting for him. — Et qu'est-ce qui vous a donné cette certitude ? - And what gave you this certainty? Ne serait-ce point par hasard... Would it not be by chance ...

— Taisez-vous, m'interrompit en souriant Rouletabille, taisez- vous, vous allez dire une bêtise. - Shut up, interrupted me, smiling Rouletabille, shut up, you're going to say something stupid. Je suis sûr que l'assassin viendra depuis ce matin, dix heures et demie , c'est-à-dire avant votre arrivée, et par conséquent avant que nous n'ayons aperçu Arthur Rance à la fenêtre de la cour d'honneur... I am sure that the assassin will come since this morning, half past ten, that is to say before your arrival, and therefore before we saw Arthur Rance at the window of the courtyard. .. — Ah ! ah ! fis-je... vraiment... mais encore, pourquoi en étiez- vous sûr dès dix heures et demie ? I said ... really ... but still, why were you sure at half past ten?

— Parce que, à dix heures et demie, j'ai eu la preuve que Mlle Stangerson faisait autant d'efforts pour permettre à l'assassin de pénétrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait pris, en s'adressant à moi, de précautions pour qu'il n'y entrât pas... — Oh ! - Because, at half past ten, I had proof that Miss Stangerson was making as much effort to allow the assassin to enter his room, that night, that Mr. Robert Darzac had taken, addressing to me, precautions so that it did not enter there ... - Oh! oh ! m'écriai-je, est-ce bien possible ! I cried, is it really possible! ... »

Et plus bas : And further down:

« Ne m'avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert Darzac ? "Didn't you tell me that Mlle Stangerson adored M. Robert Darzac?" — Je vous l'ai dit parce que c'est la vérité ! - I told you because it's the truth! — Alors, vous ne trouvez pas bizarre... - So you don't find it weird ...

— Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien que le bizarre que vous, vous connaissez n'est rien à côté du bizarre qui vous attend ! - Everything is bizarre in this affair, my friend, but believe that the bizarre that you know is nothing compared to the bizarre that awaits you! ... ...

— Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson « et son assassin » aient entre eux des relations au moins épistolaires ? "Should we admit," I said again, "that Miss Stangerson" and her assassin "have at least epistolary relations between them?

— Admettez-le ! - Admit it! mon ami, admettez-le ! my friend, admit it! ... Vous ne risquez rien ! ... You risk nothing! ... Je vous ai rapporté l'histoire de la lettre sur la table de Mlle Stangerson, lettre laissée par l'assassin la nuit de la « galerie inexplicable », lettre disparue... dans la poche de Mlle Stangerson... Qui pourrait prétendre que, « dans cette lettre, l'assassin ne sommait pas Mlle Stangerson de lui donner un prochain rendez-vous effectif », et enfin qu'il n'a pas fait savoir à Mlle Stangerson, « aussitôt qu'il a été sûr du départ de M. Darzac », que ce rendez-vous devait être pour la nuit qui vient ? ... I brought you the story of the letter on Miss Stangerson's table, letter left by the assassin on the night of the "inexplicable gallery", letter missing ... in Miss Stangerson's pocket ... Who could claim that, "in this letter, the assassin did not summon Miss Stangerson to give him an effective next meeting", and finally that he did not let Miss Stangerson know, "as soon as he was sure of M. Darzac's departure ”, that this meeting should be for the night to come? ... Les he contado la historia de la carta sobre la mesa de la señorita Stangerson, una carta dejada por el asesino la noche de la "inexplicable galería", una carta que desapareció... en el bolsillo de la señorita Stangerson... ¿Quién podría afirmar que, "en esta carta, el asesino no emplazó a la señorita Stangerson a que le diera una cita efectiva", y finalmente que no le hizo saber a la señorita Stangerson, "tan pronto como estuvo seguro de que el señor Darzac se había marchado", que esta cita sería para la noche siguiente? Et mon ami ricana silencieusement. And my friend sneered silently. Il y avait des moments où je me demandais s'il ne se payait point ma tête. There were times when I wondered if he was not getting my head. La porte de l'auberge s'ouvrit. The door to the inn opened. Rouletabille fut debout, si subitement, qu'on eût pu croire qu'il venait de subir sur son siège une décharge électrique. Rouletabille was on his feet, so suddenly, that one would have thought that he had just undergone an electric shock on his seat. Rouletabille levantou-se tão de repente que alguém poderia pensar que ele acabara de sofrer um choque elétrico no assento. « Mr Arthur Rance ! “Mr Arthur Rance! » s'écria-t-il. He cried. M. Arthur Rance était devant nous, et, flegmatiquement, saluait. Mr. Arthur Rance was in front of us, and phlegmatically saluted.