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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 17. La galerie inexplicable

Chapitre 17. La galerie inexplicable

Chapitre 17. La galerie inexplicable

Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre, continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous étions presque à sa porte, dans cette galerie où venait de se passer l'incroyable phénomène. Il y a des moments où l'on sent sa cervelle fuir de toutes parts. Une balle dans la tête, un crâne qui éclate, le siège de la logique assassiné, la raison en morceaux... tout cela était sans doute comparable à la sensation, qui m'épuisait, « qui me vidait », du déséquilibre de tout, de la fin de mon moi pensant, pensant avec ma pensée d'homme ! La ruine morale d'un édifice rationnel, doublé de la ruine réelle de la vision physiologique, alors que les yeux voient toujours clair, quel coup affreux sur le crâne ! Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre. Je la vis ; et ce fut une diversion à ma pensée en chaos... Je la respirai... « je respirai son parfum de la dame en noir... Chère dame en noir, chère dame en noir » que je ne reverrai jamais plus ! Mon Dieu ! dix ans de ma vie, la moitié de ma vie pour revoir la dame en noir ! Mais, hélas ! Je ne rencontre plus, de temps en temps, et encore ! ... et encore ! ... que le parfum, à peu près le parfum dont je venais respirer la trace, sensible pour moi seul, dans le parloir de ma jeunesse ! ... c'est cette réminiscence aiguë de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers celle-ci que voilà tout en blanc, et si pâle, si pâle, et si belle sur le seuil de la « galerie inexplicable » ! Ses beaux cheveux dorés relevés sur la nuque laissent voir l'étoile rouge de sa tempe, la blessure dont elle faillit mourir... Quand je commençais seulement à prendre ma raison par le bon bout, dans cette affaire, j'imaginais que, la nuit du mystère de la « Chambre Jaune », Mlle Stangerson portait les cheveux en bandeaux... « Mais, avant mon entrée dans la « Chambre Jaune », comment aurais-je raisonné sans la chevelure aux bandeaux » ? Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la « galerie inexplicable » ; je suis là, stupide, devant l'apparition de Mlle Stangerson, pâle et si belle. Elle est vêtue d'un peignoir d'une blancheur de rêve. On dirait une apparition, un doux fantôme. Son père la prend dans ses bras, l'embrasse avec passion, semble la reconquérir une fois de plus, puisqu'une fois de plus elle eût pu, pour lui, être perdue ! Il n'ose l'interroger... Il l'entraîne dans sa chambre où nous les suivons... car, enfin, il faut savoir ! ... La porte du boudoir est ouverte... Les deux visages épouvantés des gardes-malades sont penchés vers nous... « Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit. » « Voilà, dit-elle, c'est bien simple ! ... » — Comme c'est simple ! comme c'est simple ! — ... Elle a eu l'idée de ne pas dormir cette nuit dans sa chambre, de se coucher dans la même pièce que les gardes- malades, dans le boudoir... Et elle a fermé, sur elles trois, la porte du boudoir... Elle a, depuis la nuit criminelle, des craintes, des peurs soudaines fort compréhensibles, n'est-ce pas ? ... Qui comprendra pourquoi, cette nuit justement « où il devait revenir », elle s'est enfermée par un « hasard » très heureux avec ses femmes ? Qui comprendra pourquoi elle repousse la volonté de M. Stangerson de coucher dans le salon de sa fille, puisque sa fille a peur ? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui était tout à l'heure sur la table de la chambre, « n'y est plus » ! ... Celui qui comprendra cela dira : Mlle Stangerson savait que l'assassin devait revenir... elle ne pouvait l'empêcher de revenir... elle n'a prévenu personne parce qu'il faut que l'assassin reste inconnu... inconnu de son père, inconnu de tous... excepté de Robert Darzac. Car M. Darzac doit le connaître maintenant... Il le connaissait peut-être avant ! Se rappeler la phrase du jardin de l'Élysée : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? » Contre qui, le crime, sinon « contre l'obstacle », contre l'assassin ? Se rappeler encore cette phrase de M. Darzac en réponse à ma question : « Cela ne vous déplairait-il point que je découvre l'assassin ?—Ah ! Je voudrais le tuer de ma main ! » Et je lui ai répliqué : « Vous n'avez pas répondu à ma question ! » Ce qui était vrai. En vérité, en vérité, M. Darzac connaît si bien l'assassin qu'il a peur que je le découvre, « tout en voulant le tuer ». Il n'a facilité mon enquête que pour deux raisons : d'abord parce que je l'y ai forcé ; ensuite, pour mieux veiller sur elle... Je suis dans la chambre... dans sa chambre... je la regarde, elle... et je regarde aussi la place où était la lettre tout à l'heure... Mlle Stangerson s'est emparée de la lettre ; cette lettre était pour elle, évidemment... évidemment... Ah ! comme la malheureuse tremble... Elle tremble au récit fantastique que son père lui fait de la présence de l'assassin dans sa chambre et de la poursuite dont il a été l'objet... Mais il est visible... il est visible qu'elle n'est tout à fait rassurée que lorsqu'on lui affirme que l'assassin, par un sortilège inouï, a pu nous échapper. Et puis il y a un silence... Quel silence ! ... Nous sommes tous là, à « la » regarder... Son père, Larsan, le père Jacques et moi... Quelles pensées roulent dans ce silence autour d'elle ? ... Après l'événement de ce soir, après le mystère de la « galerie inexplicable », après cette réalité prodigieuse de l'installation de l'assassin dans sa chambre, à elle, il me semble que toutes les pensées, toutes, depuis celles qui se traînent sous le crâne du père Jacques, jusqu'à celles qui « naissent » sous le crâne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces mots qu'on lui adresserait, à elle : « Oh ! toi qui connais le mystère, explique-le- nous, et nous te sauverons peut-être ! » Ah ! comme je voudrais la sauver... d'elle-même, et de l'autre ! ... J'en pleure... Oui, je sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si horriblement cachée. Elle est là, celle qui a le parfum de « la dame en noir »... je la vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle n'a pas voulu me recevoir... dans cette chambre « où elle se tait », où elle continue de se taire. Depuis l'heure fatale de la « Chambre Jaune », nous tournons autour de cette femme invisible et muette pour savoir ce qu'elle sait. Notre désir, notre volonté de savoir doivent lui être un supplice de plus. Qui nous dit que, si « nous apprenons », la connaissance de « son » mystère ne sera pas le signal d'un drame plus épouvantable que ceux qui se sont déjà déroulés ici ? Qui nous dit qu'elle n'en mourra pas ? Et cependant, elle a failli mourir... et nous ne savons rien... Ou plutôt il y en a qui ne savent rien... mais moi... si je savais « qui », je saurais tout... Qui ? qui ? qui ? ... et ne sachant pas qui, je dois me taire, par pitié pour elle, car il ne fait point de doute qu'elle sait, elle, comment « il » s'est enfui, lui, de la « Chambre Jaune », et cependant elle se tait. Pourquoi parlerais-je ? Quand je saurai qui, « je lui parlerai, à lui ! Elle nous regarde maintenant... mais de loin... comme si nous n'étions pas dans sa chambre... M. Stangerson rompt le silence. M. Stangerson déclare que, désormais, il ne quittera plus l'appartement de sa fille. C'est en vain que celle-ci veut s'opposer à cette volonté formelle, M. Stangerson tient bon. Il s'y installera dès cette nuit même, dit-il. Sur quoi, uniquement occupé de la santé de sa fille, il lui reproche de s'être levée... puis il lui tient soudain de petits discours enfantins... Il lui sourit... il ne sait plus beaucoup ni ce qu'il dit, ni ce qu'il fait... L'illustre professeur perd la tête... Il répète des mots sans suite qui attestent le désarroi de son esprit... celui du nôtre n'est guère moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une voix si douloureuse, ces simples mots : « Mon père ! mon père ! » que celui-ci éclate en sanglots. Le père Jacques se mouche et Frédéric Larsan, lui-même, est obligé de se détourner pour cacher son émotion. Moi, je n'en peux plus... je ne pense plus, je ne sens plus, je suis au-dessous du végétal. Je me dégoûte.

C'est la première fois que Frédéric Larsan se trouve, comme moi, en face de Mlle Stangerson, depuis l'attentat de la « Chambre Jaune ». Comme moi, il avait insisté pour pouvoir interroger la malheureuse ; mais, pas plus que moi, il n'avait été reçu. À lui comme à moi, on avait toujours fait la même réponse : Mlle Stangerson était trop faible pour nous recevoir, les interrogatoires du juge d'instruction la fatiguaient suffisamment, etc... Il y avait là une mauvaise volonté évidente à nous aider dans nos recherches qui, « moi », ne me surprenait pas, mais qui étonnait toujours Frédéric Larsan. Il est vrai que Frédéric Larsan et moi avons une conception du crime tout à fait différente...

... Ils pleurent... Et je me surprends encore à répéter au fond de moi : La sauver ! ... la sauver malgré elle ! la sauver sans la compromettre ! La sauver sans qu'« il » parle ! Qui : « il ? » — « Il », l'assassin... Le prendre et lui fermer la bouche ! ... Mais M. Darzac l'a fait entendre : « pour lui fermer la bouche, il faut le tuer ! » Conclusion logique des phrases échappées à M. Darzac. Ai-je le droit de tuer l'assassin de Mlle Stangerson ? Non ! ... Mais qu'il m'en donne seulement l'occasion. Histoire de voir s'il est bien, réellement, en chair et en os ! Histoire de voir son cadavre, puisqu'on ne peut saisir son corps vivant ! Ah ! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde même pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père, que je suis capable de tout pour la sauver... Oui... oui... je recommencerai à prendre ma raison par le bon bout et j'accomplirai des prodiges... Je m'avance vers elle... je veux parler, je veux la supplier d'avoir confiance en moi... je voudrais lui faire entendre par quelques mots, compris d'elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est sorti de la « Chambre Jaune », que j'ai deviné la moitié de son secret... et que je la plains, elle, de tout mon coeur... Mais déjà son geste nous prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos immédiat... M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous renvoie... Frédéric Larsan et moi saluons, et, suivis du père Jacques, nous regagnons la galerie. J'entends Frédéric Larsan qui murmure : « Bizarre ! bizarre ! ... » Il me fait signe d'entrer dans sa chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. Il lui demande :

« Vous l'avez bien vu, vous ? — Qui ?

— L'homme ! — Si je l'ai vu ! ... Il avait une large barbe rousse, des cheveux roux...

— C'est ainsi qu'il m'est apparu, à moi, fis-je. — Et à moi aussi », dit Frédéric Larsan.

Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, à parler de la chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant l'affaire dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions qu'il me pose, aux explications qu'il me donne, est persuadé — malgré ses yeux, malgré mes yeux, malgré tous les yeux — que l'homme a disparu par quelque passage secret de ce château qu'il connaissait. « Car il connaît le château, me dit-il ; il le connaît bien...

— C'est un homme de taille plutôt grande, bien découplé... — Il a la taille qu'il faut... murmure Fred... — Je vous comprends, dis-je... mais comment expliquez-vous la barbe rousse, les cheveux roux ?

— Trop de barbe, trop de cheveux... Des postiches, indique Frédéric Larsan.

— C'est bientôt dit... Vous êtes toujours occupé par la pensée de Robert Darzac... Vous ne pourrez donc vous en débarrasser jamais ? ... Je suis sûr, moi, qu'il est innocent... — Tant mieux ! Je le souhaite... mais vraiment tout le condamne... Vous avez remarqué les pas sur le tapis ? ... Venez les voir...

— Je les ai vus... Ce sont « les pas élégants » du bord de l'étang. — Ce sont les pas de Robert Darzac ; le nierez-vous ?

— Évidemment, on peut s'y méprendre... — Avez-vous remarqué que la trace de ces pas « ne revient pas » ? Quand l'homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous, ses pas n'ont point laissé de traces... — L'homme était peut-être dans la chambre « depuis des heures ». La boue de ses bottines a séché et il glissait avec une telle rapidité sur la pointe de ses bottines... On le voyait fuir, l'homme... on ne l'entendait pas... » Soudain, j'interromps ces propos sans suite, sans logique, indignes de nous. Je fais signe à Larsan d'écouter : « Là, en bas... on ferme une porte... »

Je me lève ; Larsan me suit ; nous descendons au rez-de-chaussée du château ; nous sortons du château. Je conduis Larsan à la petite pièce en encorbellement dont la terrasse donne sous la fenêtre de la galerie tournante. Mon doigt désigne cette porte fermée maintenant, ouverte tout à l'heure, sous laquelle filtre de la lumière. « Le garde ! dit Fred.

— Allons-y ! » lui soufflai-je...

Et, décidé, mais décidé à quoi, le savais-je ? décidé à croire que le garde est le coupable ? l'affirmerais-je ? je m'avance contre la porte, et je frappe un coup brusque. Certains penseront que ce retour à la porte du garde est bien tardif... et que notre premier devoir à tous, après avoir constaté que l'assassin nous avait échappé dans la galerie, était de le rechercher partout ailleurs, autour du château, dans le parc... Partout... Si l'on nous fait une telle objection, nous n'avons pour y répondre que ceci : c'est que l'assassin était disparu de telle sorte de la galerie « que nous avons réellement pensé qu'il n'était plus nulle part » ! Il nous avait échappé quand nous avions tous la main dessus, quand nous le touchions presque... nous n'avions plus aucun ressort pour nous imaginer que nous pourrions maintenant le découvrir dans le mystère de la nuit et du parc. Enfin, je vous ai dit de quel coup cette disparition m'avait choqué le crâne ! ... Aussitôt que j'eus frappé, la porte s'ouvrit ; le garde nous demanda d'une voix calme ce que nous voulions. Il était en chemise « et il allait se mettre au lit » ; le lit n'était pas encore défait... Nous entrâmes ; je m'étonnai. « Tiens ! vous n'êtes pas encore couché ? ...

— Non ! répondit-il d'une voix rude... J'ai été faire une tournée dans le parc et dans les bois... J'en reviens... Maintenant, j'ai sommeil... bonsoir ! ...

— Écoutez, fis-je... Il y avait tout à l'heure, auprès de votre fenêtre, une échelle... — Quelle échelle ? Je n'ai pas vu d'échelle ! ... Bonsoir ! Et il nous mit à la porte tout simplement.

Dehors, je regardai Larsan. Il était impénétrable.

« Eh bien ? fis-je...

— Eh bien ? répéta Larsan...

— Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons ? Sa mauvaise humeur était certaine. En rentrant au château, je l'entendis qui bougonnait : « Il serait tout à fait, mais tout à fait étrange que je me fusse trompé à ce point ! ... »

Et, cette phrase, il me semblait qu'il l'avait plutôt prononcée à mon adresse qu'il ne se la disait à lui-même. Il ajouta :

« Dans tous les cas, nous serons bientôt fixés... Ce matin il fera jour.


Chapitre 17. Chapter 17. The inexplicable gallery Capítulo 17. La galería inexplicable Capítulo 17. A galeria inexplicável La galerie inexplicable

Chapitre 17. La galerie inexplicable The inexplicable gallery

Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre, continue toujours le carnet de Rouletabille. Miss Mathilde Stangerson appeared on the threshold of her anteroom, still carrying on Rouletabille's notebook. Nous étions presque à sa porte, dans cette galerie où venait de se passer l'incroyable phénomène. We were almost at his door, in this gallery where the incredible phenomenon had just happened. Il y a des moments où l'on sent sa cervelle fuir de toutes parts. There are times when you feel your brain leaking from all sides. Une balle dans la tête, un crâne qui éclate, le siège de la logique assassiné, la raison en morceaux... tout cela était sans doute comparable à la sensation, qui m'épuisait, « qui me vidait », du déséquilibre de tout, de la fin de mon moi pensant, pensant avec ma pensée d'homme ! A bullet in the head, a shattering skull, the seat of murdered logic, reason in pieces ... all that was probably comparable to the sensation, which exhausted me, "which emptied me", of the imbalance of everything , from the end of my thinking self, thinking with my human thought! Uma bala na cabeça, um crânio despedaçado, a sede da lógica assassinada, a razão em pedaços ... tudo isso era sem dúvida comparável ao sentimento, que me exauria, "que me esvaziava", do desequilíbrio de tudo., De o fim do meu eu pensante, pensando com meu pensamento humano! La ruine morale d'un édifice rationnel, doublé de la ruine réelle de la vision physiologique, alors que les yeux voient toujours clair, quel coup affreux sur le crâne ! الخراب الأخلاقي للهيكل العقلاني ، إلى جانب الخراب الحقيقي للرؤية الفسيولوجية ، عندما ترى العين دائمًا بوضوح ، ما هي ضربة فظيعة على الجمجمة! The moral ruin of a rational building, coupled with the real ruin of the physiological vision, while the eyes always see clearly, what a terrible blow on the skull! Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre. لحسن الحظ ، ظهرت الآنسة Mathilde Stangerson على عتبة غرفة الانتظار الخاصة بها. Je la vis ; et ce fut une diversion à ma pensée en chaos... Je la respirai... « je respirai son parfum de la dame en noir... Chère dame en noir, chère dame en noir » que je ne reverrai jamais plus ! أنا أعيشها ؛ وكان تسريبًا من تفكيري في حالة من الفوضى ... لقد تنفست ... "لقد تنفست عطرها للسيدة باللون الأسود ... عزيزي السيدة باللون الأسود ، السيدة العزيزة باللون الأسود" التي لن أراها أبدًا مرة أخرى! I live it; and it was a diversion from my thought in chaos ... I breathed it ... "I breathed her perfume of the lady in black ... Dear lady in black, dear lady in black" that I will never see again! Mon Dieu ! إلهي ! dix ans de ma vie, la moitié de ma vie pour revoir la dame en noir ! عشر سنوات من حياتي ، نصف حياتي لرؤية سيدة باللون الأسود مرة أخرى! ten years of my life, half of my life to see the lady in black again! Mais, hélas ! But unfortunately ! Je ne rencontre plus, de temps en temps, et encore ! I don't meet anymore, from time to time, and again! ... et encore ! ... que le parfum, à peu près le parfum dont je venais respirer la trace, sensible pour moi seul, dans le parloir de ma jeunesse ! ... that the perfume, almost the perfume of which I had come to breathe the trace, sensitive for me alone, in the visiting room of my youth! ... c'est cette réminiscence aiguë de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers celle-ci que voilà tout en blanc, et si pâle, si pâle, et si belle sur le seuil de la « galerie inexplicable » ! ... it was this sharp reminiscence of your dear perfume, lady in black, that made me go towards this one that is all white, and so pale, so pale, and so beautiful on the threshold of the "inexplicable gallery "! Ses beaux cheveux dorés relevés sur la nuque laissent voir l'étoile rouge de sa tempe, la blessure dont elle faillit mourir... Quand je commençais seulement à prendre ma raison par le bon bout, dans cette affaire, j'imaginais que, la nuit du mystère de la « Chambre Jaune », Mlle Stangerson portait les cheveux en bandeaux... « Mais, avant mon entrée dans la « Chambre Jaune », comment aurais-je raisonné sans la chevelure aux bandeaux » ? Her beautiful golden hair raised on the nape of the neck lets see the red star of her temple, the wound from which she almost died ... When I only began to take my reason by the right end, in this case, I imagined that, the night of the mystery of the "Yellow Room", Miss Stangerson wore her hair in bands ... "But, before I entered the" Yellow Room ", how would I have reasoned without my hair in bands"? Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la « galerie inexplicable » ; je suis là, stupide, devant l'apparition de Mlle Stangerson, pâle et si belle. And now, I no longer reason at all, since the fact of the "inexplicable gallery"; I am there, stupid, before the appearance of Miss Stangerson, pale and so beautiful. Elle est vêtue d'un peignoir d'une blancheur de rêve. She is dressed in a dream white robe. On dirait une apparition, un doux fantôme. It looks like an appearance, a sweet ghost. Son père la prend dans ses bras, l'embrasse avec passion, semble la reconquérir une fois de plus, puisqu'une fois de plus elle eût pu, pour lui, être perdue ! Her father takes her in his arms, kisses her passionately, seems to win her back once more, since once again she could have been lost to him! Il n'ose l'interroger... Il l'entraîne dans sa chambre où nous les suivons... car, enfin, il faut savoir ! He dares not question him ... He takes him to his room where we follow them ... because, finally, you have to know! ... La porte du boudoir est ouverte... Les deux visages épouvantés des gardes-malades sont penchés vers nous... « Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit. ... The boudoir door is open ... The two frightened faces of the nurses are leaning towards us ... "Miss Stangerson asks what all this noise means. ... A porta do boudoir está aberta ... Os dois rostos assustados das enfermeiras se inclinam em nossa direção ... "Dona Stangerson pergunta o que significa todo esse barulho. » « Voilà, dit-elle, c'est bien simple ! "Here," she said, "it's very simple!" ... » — Comme c'est simple ! ... "- How simple! comme c'est simple ! — ... Elle a eu l'idée de ne pas dormir cette nuit dans sa chambre, de se coucher dans la même pièce que les gardes- malades, dans le boudoir... Et elle a fermé, sur elles trois, la porte du boudoir... Elle a, depuis la nuit criminelle, des craintes, des peurs soudaines fort compréhensibles, n'est-ce pas ? - ... She had the idea of not sleeping that night in her room, of sleeping in the same room as the nurses, in the boudoir ... And she closed the door on all three of them boudoir ... She has, since the criminal night, fears, sudden fears very understandable, is not it? ... Qui comprendra pourquoi, cette nuit justement « où il devait revenir », elle s'est enfermée par un « hasard » très heureux avec ses femmes ? ... Who will understand why, that night precisely "where he was to return", she shut herself up by a very happy "chance" with her women? ... Quem vai entender por que, naquela mesma noite "para onde ele tinha que voltar", ela se trancou por um "acaso" muito feliz com suas esposas? Qui comprendra pourquoi elle repousse la volonté de M. Stangerson de coucher dans le salon de sa fille, puisque sa fille a peur ? Who will understand why she rejects Mr. Stangerson's desire to sleep in his daughter's living room, since her daughter is afraid? Quem vai entender por que ela rejeita o desejo do Sr. Stangerson de dormir na sala de sua filha, já que sua filha está com medo? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui était tout à l'heure sur la table de la chambre, « n'y est plus » ! Who will understand why the letter, which was just now on the bedroom table, "is no longer there"! ... Celui qui comprendra cela dira : Mlle Stangerson savait que l'assassin devait revenir... elle ne pouvait l'empêcher de revenir... elle n'a prévenu personne parce qu'il faut que l'assassin reste inconnu... inconnu de son père, inconnu de tous... excepté de Robert Darzac. ... Whoever understands this will say: Miss Stangerson knew that the assassin must return ... she could not prevent him from returning ... she did not warn anyone because the assassin must remain unknown. .. unknown to his father, unknown to everyone ... except Robert Darzac. Car M. Darzac doit le connaître maintenant... Il le connaissait peut-être avant ! Because Mr. Darzac must know him now ... He may have known him before! Se rappeler la phrase du jardin de l'Élysée : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? Remember the sentence from the Élysée garden: "Will I have to commit a crime to get you?" Lembre-se da frase do jardim do Eliseu: "Tenho que cometer um crime para ter você?" » Contre qui, le crime, sinon « contre l'obstacle », contre l'assassin ? Against whom, the crime, if not "against the obstacle", against the murderer? Se rappeler encore cette phrase de M. Darzac en réponse à ma question : « Cela ne vous déplairait-il point que je découvre l'assassin ?—Ah ! Remember again this sentence of M. Darzac in answer to my question: "Would you not like it if I discovered the murderer?" Je voudrais le tuer de ma main ! I would kill him with my hand! » Et je lui ai répliqué : « Vous n'avez pas répondu à ma question ! And I replied, "You haven't answered my question!" » Ce qui était vrai. En vérité, en vérité, M. Darzac connaît si bien l'assassin qu'il a peur que je le découvre, « tout en voulant le tuer ». In truth, in truth, Mr. Darzac knows the assassin so well that he is afraid that I will discover him, "while wanting to kill him". Il n'a facilité mon enquête que pour deux raisons : d'abord parce que je l'y ai forcé ; ensuite, pour mieux veiller sur elle... He only facilitated my investigation for two reasons: first, because I forced him to do so; then, to better watch over her ... Je suis dans la chambre... dans sa chambre... je la regarde, elle... et je regarde aussi la place où était la lettre tout à l'heure... Mlle Stangerson s'est emparée de la lettre ; cette lettre était pour elle, évidemment... évidemment... Ah ! comme la malheureuse tremble... Elle tremble au récit fantastique que son père lui fait de la présence de l'assassin dans sa chambre et de la poursuite dont il a été l'objet... Mais il est visible... il est visible qu'elle n'est tout à fait rassurée que lorsqu'on lui affirme que l'assassin, par un sortilège inouï, a pu nous échapper. how the unhappy trembles ... She trembles at the fantastic tale her father gives her of the presence of the murderer in his room and of the pursuit of which he has been the object ... But he is visible ... he is visible that she is only completely reassured when we tell her that the murderer, by an incredible spell, was able to escape us. Et puis il y a un silence... Quel silence ! ... Nous sommes tous là, à « la » regarder... Son père, Larsan, le père Jacques et moi... Quelles pensées roulent dans ce silence autour d'elle ? ... We are all there, "watching" her ... Her father, Larsan, Father Jacques and me ... What thoughts roll in this silence around her? ... Après l'événement de ce soir, après le mystère de la « galerie inexplicable », après cette réalité prodigieuse de l'installation de l'assassin dans sa chambre, à elle, il me semble que toutes les pensées, toutes, depuis celles qui se traînent sous le crâne du père Jacques, jusqu'à celles qui « naissent » sous le crâne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces mots qu'on lui adresserait, à elle : « Oh ! ... After tonight's event, after the mystery of the “inexplicable gallery”, after this prodigious reality of the assassin's installation in her room, to her, it seems to me that all thoughts, all, from those which drag themselves under the skull of Father Jacques, to those which "are born" under the skull of Mr. Stangerson, all could be translated by these words which one would address to him, to her: "Oh! ... Depois do acontecimento desta noite, depois do mistério da “inexplicável galeria”, depois desta realidade estupenda da instalação do assassino no seu quarto, parece-me que todos os pensamentos, todos, daqueles que se arrastam sob a caveira do Padre Jacques, para aqueles que "nascem" sob o crânio do Sr. Stangerson, tudo poderia ser traduzido por estas palavras que se diria a ele, a ela: "Oh! toi qui connais le mystère, explique-le- nous, et nous te sauverons peut-être ! you who know the mystery, explain it to us, and maybe we'll save you! você que conhece o mistério, explique-nos, e podemos salvá-lo! » Ah ! comme je voudrais la sauver... d'elle-même, et de l'autre ! ... J'en pleure... Oui, je sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si horriblement cachée. ... I cry ... Yes, I feel my eyes fill with tears in front of so much misery so horribly hidden. Elle est là, celle qui a le parfum de « la dame en noir »... je la vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle n'a pas voulu me recevoir... dans cette chambre « où elle se tait », où elle continue de se taire. There she is, the one who has the scent of "the lady in black" ... I finally see her, at home, in her room, in this room where she did not want to receive me ... in this room " where it is silent ”, where it continues to be silent. Depuis l'heure fatale de la « Chambre Jaune », nous tournons autour de cette femme invisible et muette pour savoir ce qu'elle sait. Since the fatal hour of the "Yellow Room", we have been walking around this invisible and dumb woman to find out what she knows. Desde a hora fatal da “Sala Amarela”, circulamos em torno desta mulher invisível e silenciosa para descobrir o que ela sabe. Notre désir, notre volonté de savoir doivent lui être un supplice de plus. Our desire, our will to know, must be another torture. Qui nous dit que, si « nous apprenons », la connaissance de « son » mystère ne sera pas le signal d'un drame plus épouvantable que ceux qui se sont déjà déroulés ici ? Who tells us that, if "we learn", the knowledge of "his" mystery will not be the signal of a more terrible drama than those which have already taken place here? Qui nous dit qu'elle n'en mourra pas ? Who tells us that she will not die? Et cependant, elle a failli mourir... et nous ne savons rien... Ou plutôt il y en a qui ne savent rien... mais moi... si je savais « qui », je saurais tout... Qui ? And yet, she almost died ... and we know nothing ... Or rather there are some who know nothing ... but me ... if I knew "who", I would know everything ... Who ? qui ? qui ? ... et ne sachant pas qui, je dois me taire, par pitié pour elle, car il ne fait point de doute qu'elle sait, elle, comment « il » s'est enfui, lui, de la « Chambre Jaune », et cependant elle se tait. ... and not knowing who, I must be silent, for pity for her, because there is no doubt that she knows, she, how "he" fled, him, from the "Yellow Room" , and yet she is silent. Pourquoi parlerais-je ? Why should I speak? Quand je saurai qui, « je lui parlerai, à lui ! Elle nous regarde maintenant... mais de loin... comme si nous n'étions pas dans sa chambre... M. Stangerson rompt le silence. She is looking at us now ... but from afar ... as if we weren't in her room ... Mr. Stangerson breaks the silence. M. Stangerson déclare que, désormais, il ne quittera plus l'appartement de sa fille. Mr. Stangerson declares that from now on he will never leave his daughter's apartment. C'est en vain que celle-ci veut s'opposer à cette volonté formelle, M. Stangerson tient bon. It is in vain that the latter wants to oppose this formal will, Mr. Stangerson stands firm. Il s'y installera dès cette nuit même, dit-il. He will settle there this very night, he said. Sur quoi, uniquement occupé de la santé de sa fille, il lui reproche de s'être levée... puis il lui tient soudain de petits discours enfantins... Il lui sourit... il ne sait plus beaucoup ni ce qu'il dit, ni ce qu'il fait... L'illustre professeur perd la tête... Il répète des mots sans suite qui attestent le désarroi de son esprit... celui du nôtre n'est guère moindre. Whereupon, solely concerned with the health of his daughter, he reproaches her for getting up ... then he suddenly gives her little childish speeches ... He smiles at her ... he no longer knows much or what he says, nor what he does ... The illustrious professor loses his head ... He repeats words without follow-up which attest to the confusion of his mind ... that of ours is hardly less. Mlle Stangerson dit alors, avec une voix si douloureuse, ces simples mots : « Mon père ! Miss Stangerson then said, in such a pained voice, these simple words: "My father!" mon père ! » que celui-ci éclate en sanglots. »That he bursts into tears. Le père Jacques se mouche et Frédéric Larsan, lui-même, est obligé de se détourner pour cacher son émotion. Father Jacques blows his nose and Frédéric Larsan himself is forced to turn away to hide his emotion. Moi, je n'en peux plus... je ne pense plus, je ne sens plus, je suis au-dessous du végétal. I can't take it anymore ... I no longer think, I no longer feel, I'm below the plant. Je me dégoûte. I disgust myself.

C'est la première fois que Frédéric Larsan se trouve, comme moi, en face de Mlle Stangerson, depuis l'attentat de la « Chambre Jaune ». This is the first time that Frédéric Larsan has found himself, like me, in front of Mlle Stangerson, since the attack on the “Yellow Room”. Comme moi, il avait insisté pour pouvoir interroger la malheureuse ; mais, pas plus que moi, il n'avait été reçu. Like me, he had insisted on being able to question the unfortunate woman; but, no more than I, he had not been received. À lui comme à moi, on avait toujours fait la même réponse : Mlle Stangerson était trop faible pour nous recevoir, les interrogatoires du juge d'instruction la fatiguaient suffisamment, etc... Il y avait là une mauvaise volonté évidente à nous aider dans nos recherches qui, « moi », ne me surprenait pas, mais qui étonnait toujours Frédéric Larsan. To him as to me, we had always made the same answer: Miss Stangerson was too weak to receive us, the examinations of the investigating judge tired her enough, etc ... There was there an obvious ill will to help us in our research which, “me”, did not surprise me, but which always surprised Frédéric Larsan. Il est vrai que Frédéric Larsan et moi avons une conception du crime tout à fait différente... It is true that Frédéric Larsan and I have a completely different conception of crime ...

... Ils pleurent... Et je me surprends encore à répéter au fond de moi : La sauver ! ... Sie weinen ... Und ich ertappe mich immer noch dabei, wie ich in meinem Inneren wiederhole: Sie retten! ... They cry ... And I still find myself repeating inside of me: Save her! ... la sauver malgré elle ! ... sie gegen ihren Willen retten! ... save her in spite of herself! la sauver sans la compromettre ! sie retten, ohne sie zu kompromittieren! save it without compromising it! La sauver sans qu'« il » parle ! Saving her without "him" talking! Qui : « il ? Who: "he? » — « Il », l'assassin... Le prendre et lui fermer la bouche ! "-" He ", the assassin ... Take him and shut his mouth!" ... Mais M. Darzac l'a fait entendre : « pour lui fermer la bouche, il faut le tuer ! ... But Mr. Darzac made him hear: "To shut his mouth, you have to kill him!" » Conclusion logique des phrases échappées à M. Darzac. Logical conclusion of the sentences escaped from Mr. Darzac. Ai-je le droit de tuer l'assassin de Mlle Stangerson ? Do I have the right to kill Miss Stangerson's assassin? Non ! No ! ... Mais qu'il m'en donne seulement l'occasion. ... But let me just give me the opportunity. Histoire de voir s'il est bien, réellement, en chair et en os ! History to see if it is good, really, in the flesh! Histoire de voir son cadavre, puisqu'on ne peut saisir son corps vivant ! History to see his corpse, since we cannot seize his living body! Ah ! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde même pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père, que je suis capable de tout pour la sauver... Oui... oui... je recommencerai à prendre ma raison par le bon bout et j'accomplirai des prodiges... how to make understand to this woman, who does not even look at us, who is all to her terror and the pain of her father, that I am capable of anything to save her ... Yes ... yes ... I will start again to take my reason by the good end and I will accomplish wonders ... Je m'avance vers elle... je veux parler, je veux la supplier d'avoir confiance en moi... je voudrais lui faire entendre par quelques mots, compris d'elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est sorti de la « Chambre Jaune », que j'ai deviné la moitié de son secret... et que je la plains, elle, de tout mon coeur... Mais déjà son geste nous prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos immédiat... M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous renvoie... Frédéric Larsan et moi saluons, et, suivis du père Jacques, nous regagnons la galerie. I walk towards her ... I want to speak, I want to beg her to have confidence in me ... I would like to make her understand by a few words, understood from her alone and from me, that I know how her murderer came out of the "Yellow Room", which I guessed half of her secret ... and that I pity her, her, with all my heart ... But already her gesture begs us to leave her alone, expresses the weariness, the need for immediate rest ... Mr. Stangerson asks us to go back to our rooms, thanks us, sends us back ... Frédéric Larsan and I say hello, and, followed by Father Jacques, we return to the gallery. J'entends Frédéric Larsan qui murmure : « Bizarre ! bizarre ! ... » Il me fait signe d'entrer dans sa chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. On the threshold, he turns to Father Jacques. Il lui demande :

« Vous l'avez bien vu, vous ? "Did you see it, did you?" — Qui ?

— L'homme ! — Si je l'ai vu ! - If I saw him! ... Il avait une large barbe rousse, des cheveux roux...

— C'est ainsi qu'il m'est apparu, à moi, fis-je. "That's how it appeared to me," I said. — Et à moi aussi », dit Frédéric Larsan.

Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, à parler de la chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant l'affaire dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions qu'il me pose, aux explications qu'il me donne, est persuadé — malgré ses yeux, malgré mes yeux, malgré tous les yeux — que l'homme a disparu par quelque passage secret de ce château qu'il connaissait. It is clear that Fred, from the questions he asks me, from the explanations he gives me, is convinced - despite his eyes, despite my eyes, despite all eyes - that the man has disappeared through some secret passage of this castle he knew. « Car il connaît le château, me dit-il ; il le connaît bien...

— C'est un homme de taille plutôt grande, bien découplé... - Es un hombre bastante alto, bien constituido... — Il a la taille qu'il faut... murmure Fred... - He's the right size ... whispers Fred ... — Je vous comprends, dis-je... mais comment expliquez-vous la barbe rousse, les cheveux roux ?

— Trop de barbe, trop de cheveux... Des postiches, indique Frédéric Larsan. - Muita barba, muito cabelo ... Apliques, indica Frédéric Larsan.

— C'est bientôt dit... Vous êtes toujours occupé par la pensée de Robert Darzac... Vous ne pourrez donc vous en débarrasser jamais ? - It will soon be said ... You are still occupied by the thought of Robert Darzac ... You will never be able to get rid of it? ... Je suis sûr, moi, qu'il est innocent... — Tant mieux ! - So much the better! Je le souhaite... mais vraiment tout le condamne... Vous avez remarqué les pas sur le tapis ? I hope so ... but really everything condemns it ... Did you notice the steps on the carpet? ... Venez les voir...

— Je les ai vus... Ce sont « les pas élégants » du bord de l'étang. - I saw them ... They are "the elegant steps" by the edge of the pond. - Eu os vi ... São "os degraus elegantes" da beira do lago. — Ce sont les pas de Robert Darzac ; le nierez-vous ? - These are the steps of Robert Darzac; will you deny it?

— Évidemment, on peut s'y méprendre... - Obviously, we can be mistaken ... — Avez-vous remarqué que la trace de ces pas « ne revient pas » ? - Have you noticed that the trace of these steps "does not come back"? Quand l'homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous, ses pas n'ont point laissé de traces... When the man left the room, pursued by all of us, his footsteps left no mark ... Quando o homem saiu da sala, perseguido por todos nós, seus passos não deixaram marcas ... — L'homme était peut-être dans la chambre « depuis des heures ». La boue de ses bottines a séché et il glissait avec une telle rapidité sur la pointe de ses bottines... On le voyait fuir, l'homme... on ne l'entendait pas... » The mud in his boots has dried and he was sliding with such speed on the tips of his boots ... We saw him run away, the man ... we couldn't hear him ... " Soudain, j'interromps ces propos sans suite, sans logique, indignes de nous. Suddenly, I interrupt these words without follow-up, without logic, unworthy of us. Je fais signe à Larsan d'écouter : I motion for Larsan to listen: « Là, en bas... on ferme une porte... » "Lá, lá embaixo ... fechamos uma porta ..."

Je me lève ; Larsan me suit ; nous descendons au rez-de-chaussée du château ; nous sortons du château. Je conduis Larsan à la petite pièce en encorbellement dont la terrasse donne sous la fenêtre de la galerie tournante. I lead Larsan to the small corbelled room whose terrace overlooks the revolving gallery window. Levo Larsan até a pequena sala com mísulas, cujo terraço dá para a janela da galeria giratória. Mon doigt désigne cette porte fermée maintenant, ouverte tout à l'heure, sous laquelle filtre de la lumière. My finger points to this door now closed, opened just now, under which light filters. « Le garde ! " The guard ! dit Fred.

— Allons-y ! » lui soufflai-je... I whispered to him ... Eu sussurrei para ele ...

Et, décidé, mais décidé à quoi, le savais-je ? And, decided, but decided what, did I know? décidé à croire que le garde est le coupable ? l'affirmerais-je ? would I say it? je m'avance contre la porte, et je frappe un coup brusque. I advance against the door, and knock suddenly. Certains penseront que ce retour à la porte du garde est bien tardif... et que notre premier devoir à tous, après avoir constaté que l'assassin nous avait échappé dans la galerie, était de le rechercher partout ailleurs, autour du château, dans le parc... Partout... Some will think that this return to the guard's door is very late ... and that our first duty to all, after noting that the assassin had escaped us in the gallery, was to look for him everywhere else, around the castle, in the park ... everywhere ... Alguns pensarão que esse retorno à porta do guarda é muito tarde ... e que nosso primeiro dever para com todos, depois de notar que o assassino havia nos escapado na galeria, era procurá-lo em todos os outros lugares, ao redor do castelo, no parque ... em todo lugar ... Si l'on nous fait une telle objection, nous n'avons pour y répondre que ceci : c'est que l'assassin était disparu de telle sorte de la galerie « que nous avons réellement pensé qu'il n'était plus nulle part » ! If such an objection is made to us, we have only this to answer: it is that the assassin had disappeared in such a way from the gallery "that we really thought he was no longer anywhere. "! Il nous avait échappé quand nous avions tous la main dessus, quand nous le touchions presque... nous n'avions plus aucun ressort pour nous imaginer que nous pourrions maintenant le découvrir dans le mystère de la nuit et du parc. He had slipped away from us when we all had our hands on it, when we almost touched him ... we had no more spring to imagine that we could now find him in the mystery of the night and the park. Ele havia se afastado de nós quando todos estávamos com as mãos nele, quando quase o tocamos ... não tínhamos como imaginar que agora poderíamos encontrá-lo no mistério da noite e do parque. Enfin, je vous ai dit de quel coup cette disparition m'avait choqué le crâne ! Finally, I told you how this disappearance shocked my skull! ... Aussitôt que j'eus frappé, la porte s'ouvrit ; le garde nous demanda d'une voix calme ce que nous voulions. ... As soon as I knocked, the door opened; the guard asked us in a calm voice what we wanted. Il était en chemise « et il allait se mettre au lit » ; le lit n'était pas encore défait... He was in his shirt "and he was going to bed"; the bed was not yet undone ... Nous entrâmes ; je m'étonnai. We entered; I was surprised. « Tiens ! " Here ! vous n'êtes pas encore couché ? you haven't gone to bed yet? ...

— Non ! répondit-il d'une voix rude... J'ai été faire une tournée dans le parc et dans les bois... J'en reviens... Maintenant, j'ai sommeil... bonsoir ! he replied in a harsh voice ... I went for a tour in the park and in the woods ... I come back ... Now I'm sleepy ... good evening! ...

— Écoutez, fis-je... Il y avait tout à l'heure, auprès de votre fenêtre, une échelle... - Listen, I said ... There was a ladder near your window earlier ... — Quelle échelle ? Je n'ai pas vu d'échelle ! ... Bonsoir ! Et il nous mit à la porte tout simplement. And he simply kicked us out.

Dehors, je regardai Larsan. Il était impénétrable. He was impenetrable. Ele era impenetrável.

« Eh bien ? fis-je...

— Eh bien ? répéta Larsan...

— Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons ? - Does that not open up new horizons for you? - Isso não abre horizontes para você? Sa mauvaise humeur était certaine. En rentrant au château, je l'entendis qui bougonnait : On returning to the castle, I heard him grumbling: « Il serait tout à fait, mais tout à fait étrange que je me fusse trompé à ce point ! "It would be completely, but quite strange if I had been so wrong! "Seria muito, mas muito estranho se eu estivesse tão errado!" ... »

Et, cette phrase, il me semblait qu'il l'avait plutôt prononcée à mon adresse qu'il ne se la disait à lui-même. And, this sentence, it seemed to me that he had rather pronounced it to me than he said it to himself. E esta frase, pareceu-me que ele tinha mais falado para mim do que ele estava dizendo para si mesmo. Il ajouta :

« Dans tous les cas, nous serons bientôt fixés... Ce matin il fera jour. "In any case, we will soon be fixed ... This morning it will be day. "Em qualquer caso, logo estaremos consertados ... Esta manhã será de dia."