×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 13. « Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de ... »

Chapitre 13. « Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de ... »

Chapitre 13. « Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat »

Huit jours après les événements que je viens de raconter, exactement le 2 novembre, je recevais à mon domicile, à Paris, un télégramme ainsi libellé : « Venez au Glandier, par premier train. Apportez revolvers. Amitiés. Rouletabille.

» Je vous ai déjà dit, je crois, qu'à cette époque, jeune avocat stagiaire et à peu près dépourvu de causes, je fréquentais le Palais, plutôt pour me familiariser avec mes devoirs professionnels, que pour défendre la veuve et l'orphelin. Je ne pouvais donc m'étonner que Rouletabille disposât ainsi de mon temps ; et il savait du reste combien je m'intéressais à ses aventures journalistiques en général et surtout à l'affaire du Glandier. Je n'avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis huit jours, que par les innombrables racontars des journaux et par quelques notes très brèves, de Rouletabille dans L'Époque. Ces notes avaient divulgué le coup de « l'os de mouton » et nous avaient appris qu'à l'analyse les marques laissées sur l'os de mouton s'étaient révélées « de sang humain » ; il y avait là les traces fraîches « du sang de Mlle Stangerson » ; les traces anciennes provenaient d'autres crimes pouvant remonter à plusieurs années...

Vous pensez si l'affaire défrayait la presse du monde entier. Jamais illustre crime n'avait intrigué davantage les esprits. Il me semblait bien cependant que l'instruction n'avançait guère ; aussi eussé-je été très heureux de l'invitation que me faisait mon ami de le venir rejoindre au Glandier, si la dépêche n'avait contenu ces mots : « Apportez revolvers. Voilà qui m'intriguait fort. Si Rouletabille me télégraphiait d'apporter des revolvers, c'est qu'il prévoyait qu'on aurait l'occasion de s'en servir. Or, je l'avoue sans honte : je ne suis point un héros. Mais quoi ! il s'agissait, ce jour-là, d'un ami sûrement dans l'embarras qui m'appelait, sans doute, à son aide ; je n'hésitai guère ; et, après avoir constaté que le seul revolver que je possédais était bien armé, je me dirigeai vers la gare d'Orléans. En route, je pensai qu'un revolver ne faisait qu'une arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait revolvers au pluriel ; j'entrai chez un armurier et achetai une petite arme excellente, que je me faisais une joie d'offrir à mon ami.

J'espérais trouver Rouletabille à la gare d'Épinay, mais il n'y était point. Cependant un cabriolet m'attendait et je fus bientôt au Glandier. Personne à la grille. Ce n'est que sur le seuil même du château que j'aperçus le jeune homme. Il me saluait d'un geste amical et me recevait aussitôt dans ses bras en me demandant, avec effusion, des nouvelles de ma santé.

Quand nous fûmes dans le petit vieux salon dont j'ai parlé, Rouletabille me fit asseoir et me dit tout de suite :

— Ça va mal !

— Qu'est-ce qui va mal ?

— Tout ! Il se rapprocha de moi, et me confia à l'oreille :

« Frédéric Larsan marche à fond contre M. Robert Darzac. Ceci n'était point pour m'étonner, depuis que j'avais vu le fiancé de Mlle Stangerson pâlir devant la trace de ses pas.

Cependant, j'observai tout de suite :

« Eh bien ! Et la canne ?

— La canne ! Elle est toujours entre les mains de Frédéric Larsan qui ne la quitte pas...

— Mais... ne fournit-elle pas un alibi à M. Robert Darzac ?

— Pas le moins du monde. M. Darzac, interrogé par moi en douceur, nie avoir acheté ce soir-là, ni aucun autre soir, une canne chez Cassette... Quoi qu'il en soit, fit Rouletabille, « je ne jurerais de rien », car M. Darzac a de si étranges silences qu'on ne sait exactement ce qu'il faut penser de ce qu'il dit ! ...

— Dans l'esprit de Frédéric Larsan, cette canne doit être une bien précieuse canne, une canne à conviction... Mais de quelle façon ? Car, toujours à cause de l'heure de l'achat, elle ne pouvait se trouver entre les mains de l'assassin...

— L'heure ne gênera pas Larsan... Il n'est pas forcé d'adopter mon système qui commence par introduire l'assassin dans la « Chambre Jaune », entre cinq et six ; qu'est-ce qui l'empêche, lui, de l'y faire pénétrer entre dix heures et onze heures du soir ? À ce moment, justement, M. et Mlle Stangerson, aidés du père Jacques, ont procédé à une intéressante expérience de chimie dans cette partie du laboratoire occupée par les fourneaux. Larsan dira que l'assassin s'est glissé derrière eux, tout invraisemblable que cela paraisse... Il l'a déjà fait entendre au juge d'instruction... Quand on le considère de près, ce raisonnement est absurde, attendu que le familier — si familier il y a — devait savoir que le professeur allait bientôt quitter le pavillon ; et il y allait de sa sécurité, à lui familier, de remettre ses opérations après ce départ... Pourquoi aurait-il risqué de traverser le laboratoire pendant que le professeur s'y trouvait ? Et puis, quand le familier se serait-il introduit dans le pavillon ? ... Autant de points à élucider avant d'admettre l'imagination de Larsan. Je n'y perdrai pas mon temps, quant à moi, car j'ai un système irréfutable qui ne me permet point de me préoccuper de cette imagination-là ! Seulement, comme je suis obligé momentanément de me taire et que Larsan, quelquefois, parle... il se pourrait que tout finît par s'expliquer contre M. Darzac... si je n'étais pas là ! ajouta le jeune homme avec orgueil. Car il y a contre ce M. Darzac d'autres « signes extérieurs » autrement terribles que cette histoire de canne, qui reste pour moi incompréhensible, d'autant plus incompréhensible que Larsan ne se gêne pas pour se montrer devant M. Darzac avec cette canne qui aurait appartenu à M. Darzac lui-même ! Je comprends beaucoup de choses dans le système de Larsan, mais je ne comprends pas encore la canne.

— Frédéric Larsan est toujours au château ?

— Oui ; il ne l'a guère quitté ! Il y couche, comme moi, sur la prière de M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M. Robert Darzac a fait pour moi. Accusé par Frédéric Larsan de connaître l'assassin et d'avoir permis sa fuite, M. Stangerson a tenu à faciliter à son accusateur tous les moyens d'arriver à la découverte de la vérité. Ainsi M. Robert Darzac agit-il envers moi.

— Mais vous êtes, vous, persuadé de l'innocence de M. Robert Darzac ?

— J'ai cru un instant à la possibilité de sa culpabilité. Ce fut à l'heure même où nous arrivions ici pour la première fois. Le moment est venu de vous raconter ce qui s'est passé entre M. Darzac et moi. Ici, Rouletabille s'interrompit et me demanda si j'avais apporté les armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit : « C'est parfait ! » et me les rendit.

« En aurons-nous besoin ? demandai-je.

— Sans doute ce soir ; nous passons la nuit ici ; cela ne vous ennuie pas ?

— Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraîna le rire de Rouletabille.

— Allons ! allons ! reprit-il, ce n'est pas le moment de rire. Parlons sérieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a été le : « Sésame, ouvre-toi ! » de ce château plein de mystère ?

— Oui, fis-je, parfaitement : le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. C'est encore cette phrase-là, à moitié roussie, que vous avez retrouvée sur un papier dans les charbons du laboratoire.

— Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecté cette date : « 23 octobre. » Souvenez-vous de cette date qui est très importante. Je vais vous dire maintenant ce qu'il en est de cette phrase saugrenue. Je ne sais si vous savez que, l'avant-veille du crime, c'est-à-dire le 23, M. et Mlle Stangerson sont allés à une réception à l'Élysée. Ils ont même assisté au dîner, je crois bien. Toujours est-il qu'ils sont restés à la réception, « puisque je les y ai vus ». J'y étais, moi, par devoir professionnel. Je devais interviewer un de ces savants de l'Académie de Philadelphie que l'on fêtait ce jour-là. Jusqu'à ce jour, je n'avais jamais vu ni M. ni Mlle Stangerson. J'étais assis dans le salon qui précède le salon des Ambassadeurs, et, las d'avoir été bousculé par tant de nobles personnages, je me laissais aller à une vague rêverie, quand je sentis passer le parfum de la dame en noir. Vous me demanderez : « qu'est-ce que le parfum de la dame en noir ? » Qu'il vous suffise de savoir que c'est un parfum que j'ai beaucoup aimé, parce qu'il était celui d'une dame, toujours habillée de noir, qui m'a marqué quelque maternelle bonté dans ma première jeunesse. La dame qui, ce jour-là, était discrètement imprégnée du « parfum de la dame en noir » était habillée de blanc. Elle était merveilleusement belle. Je ne pus m'empêcher de me lever et de la suivre, elle et son parfum.

Un homme, un vieillard, donnait le bras à cette beauté. Chacun se détournait sur leur passage, et j'entendis que l'on murmurait : « C'est le professeur Stangerson et sa fille ! » C'est ainsi que j'appris qui je suivais. Ils rencontrèrent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. Le professeur Stangerson, abordé par l'un des savants américains, Arthur-William Rance, s'assit dans un fauteuil de la grande galerie, et M. Robert Darzac entraîna Mlle Stangerson dans les serres. Je suivais toujours. Il faisait, ce soir-là, un temps très doux ; les portes sur le jardin étaient ouvertes. Mlle Stangerson jeta un fichu léger sur ses épaules et je vis bien que c'était elle qui priait M. Darzac de pénétrer avec elle dans la quasi- solitude du jardin. Je suivis encore, intéressé par l'agitation que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient maintenant, à pas lents, le long du mur qui longe l'avenue Marigny. Je pris par l'allée centrale. Je marchais parallèlement à mes deux personnages. Et puis, je « coupai »à travers la pelouse pour les croiser. La nuit était obscure, l'herbe étouffait mes pas. Ils étaient arrêtés dans la clarté vacillante d'un bec de gaz et semblaient, penchés tous les deux sur un papier que tenait Mlle Stangerson, lire quelque chose qui les intéressait fort. Je m'arrêtai, moi aussi. J'étais entouré d'ombre et de silence. Ils ne m'aperçurent point, et j'entendis distinctement Mlle Stangerson qui répétait, en repliant le papier : « le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ! Et ce fut dit sur un ton à la fois si railleur et si désespéré, et fut suivi d'un éclat de rire si nerveux, que je crois bien que cette phrase me restera toujours dans l'oreille. Mais une autre phrase encore fut prononcée, celle-ci par M. Robert Darzac : Me faudra-t-il donc, pour vous avoir, commettre un crime ? M. Robert Darzac était dans une agitation extraordinaire ; il prit la main de Mlle Stangerson, la porta longuement à ses lèvres et je pensai, au mouvement de ses épaules, qu'il pleurait. Puis, ils s'éloignèrent.

— Quand j'arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille, je ne vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir qu'au Glandier, après le crime, mais j'aperçus Mlle Stangerson, M. Stangerson et les délégués de Philadelphie. Mlle Stangerson était près d'Arthur Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les yeux de l'Américain, pendant cette conversation, brillaient d'un singulier éclat. Je crois bien que Mlle Stangerson n'écoutait même pas ce que lui disait Arthur Rance, et son visage exprimait une indifférence parfaite. Arthur-William Rance est un homme sanguin, au visage couperosé ; il doit aimer le gin. Quand M. et Mlle Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet et ne le quitta plus. Je l'y rejoignis et lui rendis quelques services, dans cette cohue. Il me remercia et m'apprit qu'il repartait pour l'Amérique, trois jours plus tard, c'est-à-dire le 26 (le lendemain du crime). Je lui parlai de Philadelphie ; il me dit qu'il habitait cette ville depuis vingt-cinq ans, et que c'est là qu'il avait connu l'illustre professeur Stangerson et sa fille. Là-dessus, il reprit du champagne et je crus qu'il ne s'arrêterait jamais de boire. Je le quittai quand il fut à peu près ivre.

« Telle a été ma soirée, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte de précision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle Stangerson ne me quitta point de la nuit, et je vous laisse à penser l'effet que me produisit la nouvelle de l'assassinat de Mlle Stangerson. Comment ne pas me souvenir de ces mots : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? » Ce n'est cependant point cette phrase que je dis à M. Robert Darzac quand nous le rencontrâmes au Glandier. Celle où il est question du presbytère et du jardin éclatant, que Mlle Stangerson semblait avoir lue sur le papier qu'elle tenait à la main, suffit pour nous faire ouvrir toutes grandes les portes du château. Croyais-je, à ce moment, que M. Robert Darzac était l'assassin ? Non ! Je ne pense pas l'avoir tout à fait cru. À ce moment-là, je ne pensais sérieusement « rien ». J'étais si peu documenté. « Mais j'avais besoin » qu'il me prouvât tout de suite qu'il n'était pas blessé à la main. Quand nous fûmes seuls, tous les deux, je lui contai ce que le hasard m'avait fait surprendre de sa conversation dans les jardins de l'Élysée avec Mlle Stangerson ; et, quand je lui eus dit que j'avais entendu ces mots : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? » il fut tout à fait troublé, mais beaucoup moins, certainement, qu'il ne l'avait été par la phrase du « presbytère ». Ce qui le jeta dans une véritable consternation, ce fut d'apprendre, de ma bouche, que, le jour où il allait se rencontrer à l'Élysée avec Mlle Stangerson, celle-ci était allée, dans l'après-midi, au bureau de poste 40, chercher une lettre qui était peut-être celle qu'ils avaient lue tous les deux dans les jardins de l'Élysée et qui se terminait par ces mots : « Le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ! » cette hypothèse me fut confirmée du reste, depuis, par la découverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les charbons du laboratoire, d'un morceau de cette lettre qui portait la date du 23 octobre.

La lettre avait été écrite et retirée du bureau le même jour. Il ne fait point de doute qu'en rentrant de l'Élysée, la nuit même, Mlle Stangerson a voulu brûler ce papier compromettant. C'est en vain que M. Robert Darzac nia que cette lettre eût un rapport quelconque avec le crime. Je lui dis que, dans une affaire aussi mystérieuse, il n'avait pas le droit de cacher à la justice l'incident de la lettre ; que j'étais persuadé, moi, que celle-ci avait une importance considérable ; que le ton désespéré avec lequel Mlle Stangerson avait prononcé la phrase fatidique, que ses pleurs, à lui, Robert Darzac, et que cette menace d'un crime qu'il avait proférée à la suite de la lecture de la lettre, ne me permettaient pas d'en douter. Robert Darzac était de plus en plus agité. Je résolus de profiter de mon avantage.

« — Vous deviez vous marier, monsieur », fis-je négligemment, sans plus regarder mon interlocuteur, et tout d'un coup ce mariage devient impossible à cause de l'auteur de cette lettre , puisque, aussitôt la lecture de la lettre, vous parlez d'un crime nécessaire pour avoir Mlle Stangerson. IL Y A DONC QUELQU'UN ENTRE VOUS ET MLLE STANGERSON, QUELQU'UN QUI LUI DÈFEND DE SE MARIER, QUELQU'UN QUI LA TUE AVANT QU'ELLE NE SE MARIE ! « Et je terminai ce petit discours par ces mots :

« — Maintenant, monsieur, vous n'avez plus qu'à me confier le nom de l'assassin ! « J'avais dû, sans m'en douter, dire des choses formidables. Quand je relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage décomposé, un front en sueur, des yeux d'effroi.

« — Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi je donnerais ma vie : il ne faut pas parler devant les magistrats de ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l'Élysée, ... ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me croyez, mais j'aimerais mieux passer pour coupable que de voir les soupçons de la justice s'égarer sur cette phrase : « le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. » Il faut que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire vous appartient, monsieur, je vous la donne, mais oubliez la soirée de l'Élysée. Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-là qui vous conduiront à la découverte du criminel ; je vous les ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous installer ici ? Parler ici en maître ? Manger, dormir ici ? Surveiller mes actes et les actes de tous ? Vous serez au Glandier comme si vous en étiez le maître, monsieur, mais oubliez la soirée de l'Élysée. Rouletabille, ici, s'arrêta pour souffler un peu. Je comprenais maintenant l'attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis de mon ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu s'installer sur les lieux du crime. Tout ce que je venais d'apprendre ne pouvait qu'exciter ma curiosité. Je demandai à Rouletabille de la satisfaire encore. Que s'était-il passé au Glandier depuis huit jours ? Mon ami ne m'avait-il pas dit qu'il y avait maintenant contre M. Darzac des signes extérieurs autrement terribles que celui de la canne trouvée par Larsan ?

« Tout semble se tourner contre lui, me répondit mon ami, et la situation devient extrêmement grave. M. Robert Darzac semble ne point s'en préoccuper outre mesure ; il a tort ; mais rien ne l'intéresse que la santé de Mlle Stangerson qui allait s'améliorant tous les jours quand est survenu un événement plus mystérieux encore que le mystère de la « Chambre Jaune » !

— Ça n'est pas possible ! m'écriai-je, et quel événement peut être plus mystérieux que le mystère de la « Chambre Jaune » ?

— Revenons d'abord à M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me calmant. Je vous disais que tout se tourne contre lui. « Les pas élégants » relevés par Frédéric Larsan paraissent bien être « les pas du fiancé de Mlle Stangerson ». L'empreinte de la bicyclette peut être l'empreinte de « sa » bicyclette ; la chose a été contrôlée. Depuis qu'il avait cette bicyclette, il la laissait toujours au château. Pourquoi l'avoir emportée à Paris justement à ce moment-là ? Est-ce qu'il ne devait plus revenir au château ? Est- ce que la rupture de son mariage devait entraîner la rupture de ses relations avec les Stangerson ? Chacun des intéressés affirme que ces relations devaient continuer. Alors ? Frédéric Larsan, lui, croit que « tout était rompu ». Depuis le jour où Robert Darzac a accompagné Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve, jusqu'au lendemain du crime, l'ex-fiancé n'est point revenu au Glandier.

Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son réticule et la clef à tête de cuivre quand elle était en compagnie de M. Robert Darzac. Depuis ce jour jusqu'à la soirée de l'Élysée, le professeur en Sorbonne et Mlle Stangerson ne se sont point vus. Mais ils se sont peut-être écrit. Mlle Stangerson est allée chercher une lettre poste restante au bureau 40, lettre que Frédéric Larsan croit de Robert Darzac, car Frédéric Larsan, qui ne sait rien naturellement de ce qui s'est passé à l'Élysée, est amené à penser que c'est Robert Darzac lui-même qui a volé le réticule et la clef, dans le dessein de forcer la volonté de Mlle Stangerson en s'appropriant les papiers les plus précieux du père, papiers qu'il aurait restitués sous condition de mariage. Tout cela serait d'une hypothèse bien douteuse et presque absurde, comme me le disait le grand Fred lui-même, s'il n'y avait pas encore autre chose, et autre chose de beaucoup plus grave. D'abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas à m'expliquer : ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait allé demander la lettre au bureau de poste, lettre qui avait été déjà retirée la veille par Mlle Stangerson ; la description de l'homme qui s'est présenté au guichet répond point par point au signalement de M. Robert Darzac.

Celui-ci, aux questions qui lui furent posées, à titre de simple renseignement, par le juge d'instruction, nie qu'il soit allé au bureau de poste ; et moi, je crois M. Robert Darzac, car, en admettant même que la lettre ait été écrite par lui — ce que je ne pense pas — il savait que Mlle Stangerson l'avait retirée, puisqu'il la lui avait vue, cette lettre, entre les mains, dans les jardins de l'Élysée. Ce n'est donc pas lui qui s'est présenté, le lendemain 24, au bureau 40, pour demander une lettre qu'il savait n'être plus là. Pour moi, c'est quelqu'un qui lui ressemblait étrangement, et c'est bien le voleur du réticule qui dans cette lettre devait demander quelque chose à la propriétaire du réticule, à Mlle Stangerson, — « quelque chose qu'il ne vit pas venir ». Il dut en être stupéfait, et fut amené à se demander si la lettre qu'il avait expédiée avec cette inscription sur l'enveloppe : M.A.T.H.S.N. avait été retirée. D'où sa démarche au bureau de poste et l'insistance avec laquelle il réclame la lettre. Puis il s'en va, furieux. La lettre a été retirée, et pourtant ce qu'il demandait ne lui a pas été accordé ! Que demandait-il ? Nul ne le sait que Mlle Stangerson. Toujours est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson avait été quasi assassinée dans la nuit, et que je découvrais, le surlendemain, moi, que le professeur avait été volé du même coup, grâce à cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il semble bien que l'homme qui est venu au bureau de poste doive être l'assassin ; et tout ce raisonnement, des plus logiques en somme, sur les raisons de la démarche de l'homme au bureau de poste, Frédéric Larsan se l'est tenu, mais, en l'appliquant à Robert Darzac.

Vous pensez bien que le juge d'instruction, et que Larsan, et que moi-même nous avons tout fait pour avoir, au bureau de poste, des détails précis sur le singulier personnage du 24 octobre. Mais on n'a pu savoir d'où il venait ni où il s'en est allé ! En dehors de cette description qui le fait ressembler à M. Robert Darzac, rien ! J'ai fait annoncer dans les plus grands journaux : « Une forte récompense est promise au cocher qui a conduit un client au bureau de poste 40, dans la matinée du 24 octobre, vers les dix heures. S'adresser à la rédaction de L'Époque , et demander M. R. » Ça n'a rien donné. En somme, cet homme est peut-être venu à pied ; mais, puisqu'il était pressé, c'était une chance à courir qu'il fût venu en voiture. Je n'ai pas, dans ma note aux journaux, donné la description de l'homme pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette heure- là, conduit un client au bureau 40, vinssent à moi. Il n'en est pas venu un seul. Et je me suis demandé nuit et jour : « Quel est donc cet homme qui ressemble aussi étrangement à M. Robert Darzac et que je retrouve achetant la canne tombée entre les mains de Frédéric Larsan ? Le plus grave de tout est que M. Darzac, qui avait à faire, à la même heure, à l'heure où son sosie se présentait au bureau de poste, un cours à la Sorbonne, ne l'a pas fait. Un de ses amis le remplaçait. Et, quand on l'interroge sur l'emploi de son temps, il répond qu'il est allé se promener au bois de Boulogne.

Qu'est-ce que vous pensez de ce professeur qui se fait remplacer à son cours pour aller se promener au bois de Boulogne ? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac avoue s'être allé promener au bois de Boulogne dans la matinée du 24, il ne peut plus donner du tout l'emploi de son temps dans la nuit du 24 au 25 ! ... Il a répondu fort paisiblement à Frédéric Larsan qui lui demandait ce renseignement que ce qu'il faisait de son temps, à Paris, ne regardait que lui... Sur quoi, Frédéric Larsan a juré tout haut qu'il découvrirait bien, lui, sans l'aide de personne, l'emploi de ce temps. Tout cela semble donner quelque corps aux hypothèses du grand Fred ; d'autant plus que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la « Chambre Jaune » pourrait venir corroborer l'explication du policier sur la façon dont l'assassin se serait enfui : M. Stangerson l'aurait laissé passer pour éviter un effroyable scandale ! C'est, du reste, cette hypothèse, que je crois fausse, qui égarera Frédéric Larsan, et ceci ne serait point pour me déplaire, s'il n'y avait pas un innocent en cause ! Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan ? Voilà !

Voilà !

Voilà !

— Eh ! Frédéric Larsan a peut-être raison ! m'écriai-je, interrompant Rouletabille... Êtes-vous sûr que M. Darzac soit innocent ? Il me semble que voilà bien des fâcheuses coïncidences...

— Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies de la vérité.

— Qu'en pense aujourd'hui le juge d'instruction ?

— M. de Marquet, le juge d'instruction, hésite à découvrir M. Robert Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il aurait contre lui toute l'opinion publique, sans compter la Sorbonne, mais encore M. Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci adore M. Robert Darzac. Si peu qu'elle ait vu l'assassin, on ferait croire difficilement au public qu'elle n'eût point reconnu M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait été l'agresseur. La « Chambre Jaune » était obscure, sans doute, mais une petite veilleuse tout de même l'éclairait, ne l'oubliez pas. Voici, mon ami, où en étaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutôt trois nuits, survint cet événement inouï dont je vous parlais tout à l'heure.


Chapitre 13. Kapitel 13: "Das Pfarrhaus hat nichts von seinem Charme verloren und der Garten auch nicht ..." Chapter 13: "The presbytery has lost none of its charm, nor has the garden..." Capítulo 13: "El presbiterio no ha perdido nada de su encanto, ni el jardín...". 第13章:「長老院はその魅力をまったく失っていないし、庭も...」。 Глава 13: "Пресвитерий не утратил своего очарования, как и сад...". « Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de ... » “The presbytery has lost none of its charm, nor the garden of...”

Chapitre 13. Chapter 13. « Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat » "The presbytery has lost none of its charm nor the garden of its brilliance" «Пресвитерий не утратил ни своего очарования, ни великолепия сада»

Huit jours après les événements que je viens de raconter, exactement le 2 novembre, je recevais à mon domicile, à Paris, un télégramme ainsi libellé : « Venez au Glandier, par premier train. Eight days after the events I have just related, exactly on November 2, I received at my home in Paris a telegram thus worded: "Come to Glandier, by first train." Oito dias depois dos acontecimentos que acabo de relatar, exatamente no dia 2 de novembro, recebi em minha casa em Paris um telegrama assim redigido: "Venha a Glandier, no primeiro trem". Apportez revolvers. Bring guns. Amitiés. Friendships. Rouletabille. Roulette.

» Je vous ai déjà dit, je crois, qu’à cette époque, jeune avocat stagiaire et à peu près dépourvu de causes, je fréquentais le Palais, plutôt pour me familiariser avec mes devoirs professionnels, que pour défendre la veuve et l’orphelin. I have already told you, I believe, that at that time, a young trainee lawyer and almost devoid of causes, I frequented the Palace, rather to familiarize myself with my professional duties, than to defend the widow and the orphan . Я уже сказал вам, я полагаю, что в то время, молодой юрист-стажер и почти беспричинный, я часто бывал во Дворце, скорее для ознакомления со своими профессиональными обязанностями, чем для защиты вдовы и сироты ... Je ne pouvais donc m’étonner que Rouletabille disposât ainsi de mon temps ; et il savait du reste combien je m’intéressais à ses aventures journalistiques en général et surtout à l’affaire du Glandier. So I could not be surprised that Rouletabille was thus disposing of my time; and he also knew how much I was interested in his journalistic adventures in general and especially in the Glandier affair. Portanto, não poderia ficar surpreso que Rouletabille estivesse desperdiçando meu tempo dessa maneira; e ele também sabia o quanto eu estava interessado em suas aventuras jornalísticas em geral e especialmente no caso Glandier. Je n’avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis huit jours, que par les innombrables racontars des journaux et par quelques notes très brèves, de Rouletabille dans L’Époque. I had only heard from her for the last week or so through the innumerable gossip in the newspapers and a few very brief notes from Rouletabille in L'Époque. Eu só tinha ouvido falar dela nos últimos oito dias, por meio de inúmeras fofocas nos jornais e de algumas notas muito breves de Rouletabille no L'Epoque. Ces notes avaient divulgué le coup de « l’os de mouton » et nous avaient appris qu’à l’analyse les marques laissées sur l’os de mouton s’étaient révélées « de sang humain » ; il y avait là les traces fraîches « du sang de Mlle Stangerson » ; les traces anciennes provenaient d’autres crimes pouvant remonter à plusieurs années... These notes had disclosed the blow to the "sheep bone" and had taught us that on analysis the marks left on the sheep bone were found to be "of human blood"; there were fresh traces of "Miss Stangerson's blood"; the old traces came from other crimes that could go back several years ...

Vous pensez si l’affaire défrayait la presse du monde entier. You think if the case hit the press around the world. Le sorprendería que la historia fuera noticia en todo el mundo. Você pensa se o caso atingiu a imprensa em todo o mundo. Jamais illustre crime n’avait intrigué davantage les esprits. Never had an illustrious crime intrigued minds more. Il me semblait bien cependant que l’instruction n’avançait guère ; aussi eussé-je été très heureux de l’invitation que me faisait mon ami de le venir rejoindre au Glandier, si la dépêche n’avait contenu ces mots : « Apportez revolvers. It seemed to me, however, that the instruction was hardly advancing; so I would have been very happy with my friend's invitation to join him at the Glandier, if the dispatch had not contained these words: "Bring revolvers." Pareceu-me, entretanto, que a instrução mal avançava; então eu teria ficado muito feliz com o convite que meu amigo me fez para ir e me juntar a ele no Glandier, se o despacho não contivesse estas palavras: "Traga revólveres." Voilà qui m’intriguait fort. This intrigued me greatly. Si Rouletabille me télégraphiait d’apporter des revolvers, c’est qu’il prévoyait qu’on aurait l’occasion de s’en servir. If Rouletabille telegraphed me to bring revolvers, it was because he foresaw that we would have the opportunity to use them. Or, je l’avoue sans honte : je ne suis point un héros. Now I admit it without shame: I am not a hero. Mais quoi ! But what ! il s’agissait, ce jour-là, d’un ami sûrement dans l’embarras qui m’appelait, sans doute, à son aide ; je n’hésitai guère ; et, après avoir constaté que le seul revolver que je possédais était bien armé, je me dirigeai vers la gare d’Orléans. On that day it was a question of a friend who was surely in embarrassment and who no doubt called on me to help him; I hardly hesitated; and, after seeing that the only revolver I had was well armed, I headed for the station of Orleans. En route, je pensai qu’un revolver ne faisait qu’une arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait revolvers au pluriel ; j’entrai chez un armurier et achetai une petite arme excellente, que je me faisais une joie d’offrir à mon ami. On the way, I thought that a revolver made only one weapon and that the dispatch from Rouletabille called for revolvers in the plural; I went to a gunsmith and bought an excellent little weapon, which I was happy to give to my friend. No caminho, pensei que um revólver fizesse apenas uma arma e que o despacho de Rouletabille pedisse revólveres no plural; Fui a um armeiro e comprei uma excelente arma pequena, que fiquei feliz em dar ao meu amigo.

J’espérais trouver Rouletabille à la gare d’Épinay, mais il n’y était point. I hoped to find Rouletabille at Épinay station, but he was not there. Cependant un cabriolet m’attendait et je fus bientôt au Glandier. However, a convertible awaited me and I was soon at the Glandier. Personne à la grille. No one at the gate. Ce n’est que sur le seuil même du château que j’aperçus le jeune homme. It was only on the very threshold of the castle that I saw the young man. Foi apenas na entrada do castelo que vi o jovem. Il me saluait d’un geste amical et me recevait aussitôt dans ses bras en me demandant, avec effusion, des nouvelles de ma santé. He greeted me with a friendly gesture and immediately received me in his arms, asking me effusively for news of my health.

Quand nous fûmes dans le petit vieux salon dont j’ai parlé, Rouletabille me fit asseoir et me dit tout de suite : When we were in the little old drawing-room of which I have spoken, Rouletabille made me sit down and said to me immediately:

— Ça va mal ! - It's bad!

— Qu’est-ce qui va mal ?

— Tout ! Il se rapprocha de moi, et me confia à l’oreille : He approached me, and whispered in my ear:

« Frédéric Larsan marche à fond contre M. Robert Darzac. “Frédéric Larsan is working hard against Mr. Robert Darzac. “Frédéric Larsan está marchando contra o Sr. Robert Darzac. Ceci n’était point pour m’étonner, depuis que j’avais vu le fiancé de Mlle Stangerson pâlir devant la trace de ses pas. This was not to surprise me, since I had seen Miss Stangerson's fiancé pale before the traces of his steps.

Cependant, j’observai tout de suite :

« Eh bien ! Et la canne ?

— La canne ! Elle est toujours entre les mains de Frédéric Larsan qui ne la quitte pas... It is still in the hands of Frédéric Larsan who does not leave it ...

— Mais... ne fournit-elle pas un alibi à M. Robert Darzac ? - But ... doesn't she provide an alibi to Mr. Robert Darzac?

— Pas le moins du monde. - Not at all. M. Darzac, interrogé par moi en douceur, nie avoir acheté ce soir-là, ni aucun autre soir, une canne chez Cassette... Quoi qu’il en soit, fit Rouletabille, « je ne jurerais de rien », car M. Darzac a de si étranges silences qu’on ne sait exactement ce qu’il faut penser de ce qu’il dit ! M. Darzac, gently questioned by me, denies having bought that evening, or any other evening, a cane at Cassette ... Anyway, said Rouletabille, "I would swear nothing", because Mr. Darzac has such strange silences that one does not know exactly what to think of what he is saying! ...

— Dans l’esprit de Frédéric Larsan, cette canne doit être une bien précieuse canne, une canne à conviction... Mais de quelle façon ? - In the mind of Frédéric Larsan, this cane must be a very precious cane, a cane of conviction ... But in what way? Car, toujours à cause de l’heure de l’achat, elle ne pouvait se trouver entre les mains de l’assassin... Because, still because of the time of purchase, it could not be in the hands of the murderer ...

— L’heure ne gênera pas Larsan... Il n’est pas forcé d’adopter mon système qui commence par introduire l’assassin dans la « Chambre Jaune », entre cinq et six ; qu’est-ce qui l’empêche, lui, de l’y faire pénétrer entre dix heures et onze heures du soir ? - The hour will not bother Larsan ... He is not forced to adopt my system which begins by introducing the assassin into the "Yellow Room", between five and six; What is it that prevents him from making her enter between ten and eleven at night? - A hora não vai incomodar Larsan ... Ele não é obrigado a adotar meu sistema que começa por introduzir o assassino na “Sala Amarela”, entre cinco e seis; O que é que o impede de fazê-la entrar entre dez e onze da noite? À ce moment, justement, M. et Mlle Stangerson, aidés du père Jacques, ont procédé à une intéressante expérience de chimie dans cette partie du laboratoire occupée par les fourneaux. Just then, Mr. and Miss Stangerson, helped by Father Jacques, carried out an interesting chemistry experiment in this part of the laboratory occupied by the stoves. Larsan dira que l’assassin s’est glissé derrière eux, tout invraisemblable que cela paraisse... Il l’a déjà fait entendre au juge d’instruction... Quand on le considère de près, ce raisonnement est absurde, attendu que le familier — si familier il y a — devait savoir que le professeur allait bientôt quitter le pavillon ; et il y allait de sa sécurité, à lui familier, de remettre ses opérations après ce départ... Pourquoi aurait-il risqué de traverser le laboratoire pendant que le professeur s’y trouvait ? Larsan will say that the assassin slipped behind them, unlikely as it seems ... He already made it heard to the examining magistrate ... When one considers it closely, this reasoning is absurd, considering that the familiar - so familiar there is - must have known that the professor would soon be leaving the lodge; and it was his safety, familiar to him, to resume his operations after this departure ... Why would he have risked crossing the laboratory while the professor was there? Et puis, quand le familier se serait-il introduit dans le pavillon ? And then, when would the familiar have entered the pavilion? ... Autant de points à élucider avant d’admettre l’imagination de Larsan. ... So many points to elucidate before admitting Larsan's imagination. Je n’y perdrai pas mon temps, quant à moi, car j’ai un système irréfutable qui ne me permet point de me préoccuper de cette imagination-là ! I won't waste my time on it, because I have an irrefutable system which does not allow me to worry about that imagination! Seulement, comme je suis obligé momentanément de me taire et que Larsan, quelquefois, parle... il se pourrait que tout finît par s’expliquer contre M. Darzac... si je n’étais pas là ! Only, as I am momentarily obliged to be silent and Larsan sometimes speaks ... it could be that everything ends up being explained against M. Darzac ... if I were not there! ajouta le jeune homme avec orgueil. acrescentou o jovem com orgulho. Car il y a contre ce M. Darzac d’autres « signes extérieurs » autrement terribles que cette histoire de canne, qui reste pour moi incompréhensible, d’autant plus incompréhensible que Larsan ne se gêne pas pour se montrer devant M. Darzac avec cette canne qui aurait appartenu à M. Darzac lui-même ! Because there are against this M. Darzac other "external signs" that are more terrible than this story of the cane, which remains incomprehensible to me, all the more incomprehensible since Larsan does not hesitate to show himself in front of M. Darzac with this cane that would have belonged to Mr. Darzac himself! Je comprends beaucoup de choses dans le système de Larsan, mais je ne comprends pas encore la canne.

— Frédéric Larsan est toujours au château ?

— Oui ; il ne l’a guère quitté ! - Yes ; he hardly left him! Il y couche, comme moi, sur la prière de M. Stangerson. He sleeps there, like me, at the request of Mr. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M. Robert Darzac a fait pour moi. Mr. Stangerson did for him what Mr. Robert Darzac did for me. Accusé par Frédéric Larsan de connaître l’assassin et d’avoir permis sa fuite, M. Stangerson a tenu à faciliter à son accusateur tous les moyens d’arriver à la découverte de la vérité. Accused by Frédéric Larsan of knowing the murderer and of having allowed his escape, Mr. Stangerson wanted to facilitate his accuser all means of arriving at the discovery of the truth. Ainsi M. Robert Darzac agit-il envers moi. So Mr. Robert Darzac acts towards me.

— Mais vous êtes, vous, persuadé de l’innocence de M. Robert Darzac ?

— J’ai cru un instant à la possibilité de sa culpabilité. - I believed for a moment in the possibility of his guilt. Ce fut à l’heure même où nous arrivions ici pour la première fois. It was at the same time we arrived here for the first time. Foi ao mesmo tempo que chegamos aqui pela primeira vez. Le moment est venu de vous raconter ce qui s’est passé entre M. Darzac et moi. Ici, Rouletabille s’interrompit et me demanda si j’avais apporté les armes. Here Rouletabille stopped and asked me if I had brought the weapons. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit : « C’est parfait ! » et me les rendit. And handed them back to me.

« En aurons-nous besoin ? "Will we need it?" "Será que vamos precisar?" demandai-je.

— Sans doute ce soir ; nous passons la nuit ici ; cela ne vous ennuie pas ? - No doubt tonight; we spend the night here; don't you mind?

— Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraîna le rire de Rouletabille. - On the contrary, I said with a grimace which drew Rouletabille's laughter.

— Allons ! allons ! reprit-il, ce n’est pas le moment de rire. he resumed, now is not the time to laugh. Parlons sérieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a été le : « Sésame, ouvre-toi ! You remember that sentence which was the: "Sesame, open up!" » de ce château plein de mystère ?

— Oui, fis-je, parfaitement : le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. - Yes, I said, perfectly: the presbytery has lost none of its charm, nor the garden of its splendor. C’est encore cette phrase-là, à moitié roussie, que vous avez retrouvée sur un papier dans les charbons du laboratoire. It is again that sentence, half scorched, that you found on a piece of paper in the coals of the laboratory. É de novo aquela frase, meio queimada, que você encontrou em um pedaço de papel nas brasas do laboratório.

— Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecté cette date : « 23 octobre. » Souvenez-vous de cette date qui est très importante. Remember this very important date. Je vais vous dire maintenant ce qu’il en est de cette phrase saugrenue. I will tell you now what it is about this absurd sentence. Je ne sais si vous savez que, l’avant-veille du crime, c’est-à-dire le 23, M. et Mlle Stangerson sont allés à une réception à l’Élysée. I do not know if you know that, two days before the crime, that is to say on the 23rd, Mr. and Miss Stangerson went to a reception at the Elysee. Não sei se você sabe que, dois dias antes do crime, ou seja, no dia 23, o Sr. e a Srta. Stangerson foram a uma recepção no Eliseu. Ils ont même assisté au dîner, je crois bien. Toujours est-il qu’ils sont restés à la réception, « puisque je les y ai vus ». Still, they stayed at the reception, "since I saw them there". J’y étais, moi, par devoir professionnel. I was there as a professional duty. Je devais interviewer un de ces savants de l’Académie de Philadelphie que l’on fêtait ce jour-là. I was to interview one of those Philadelphia Academy scholars who were being celebrated that day. Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais vu ni M. ni Mlle Stangerson. J’étais assis dans le salon qui précède le salon des Ambassadeurs, et, las d’avoir été bousculé par tant de nobles personnages, je me laissais aller à une vague rêverie, quand je sentis passer le parfum de la dame en noir. I was seated in the salon which precedes the Salon des Ambassadeurs, and, weary of having been jostled by so many noble figures, I indulged in a vague reverie when I felt the perfume of the lady in black pass through. Vous me demanderez : « qu’est-ce que le parfum de la dame en noir ? You will ask me: "What is the perfume of the lady in black?" » Qu’il vous suffise de savoir que c’est un parfum que j’ai beaucoup aimé, parce qu’il était celui d’une dame, toujours habillée de noir, qui m’a marqué quelque maternelle bonté dans ma première jeunesse. It is enough for you to know that it is a perfume that I liked very much, because it was that of a lady, always dressed in black, who marked me with some maternal kindness in my early youth. Basta você saber que é um perfume de que gostei muito, porque era o de uma senhora, sempre vestida de preto, que me marcou com alguma gentileza maternal na minha juventude. La dame qui, ce jour-là, était discrètement imprégnée du « parfum de la dame en noir » était habillée de blanc. Elle était merveilleusement belle. Je ne pus m’empêcher de me lever et de la suivre, elle et son parfum.

Un homme, un vieillard, donnait le bras à cette beauté. A man, an old man, gave his arm to this beauty. Chacun se détournait sur leur passage, et j’entendis que l’on murmurait : « C’est le professeur Stangerson et sa fille ! Everyone turned as they passed, and I heard a whisper, "It's Professor Stangerson and his daughter!" » C’est ainsi que j’appris qui je suivais. So I learned who I was following. Ils rencontrèrent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. They met M. Robert Darzac whom I knew by sight. Le professeur Stangerson, abordé par l’un des savants américains, Arthur-William Rance, s’assit dans un fauteuil de la grande galerie, et M. Robert Darzac entraîna Mlle Stangerson dans les serres. Professor Stangerson, approached by one of the American scholars, Arthur-William Rance, sat down in an armchair in the great gallery, and Mr. Robert Darzac led Miss Stangerson into the greenhouses. O Professor Stangerson, abordado por um dos cientistas americanos, Arthur-William Rance, sentou-se em uma poltrona na grande galeria, e o Sr. Robert Darzac conduziu a Srta. Stangerson para as estufas. Je suivais toujours. Il faisait, ce soir-là, un temps très doux ; les portes sur le jardin étaient ouvertes. The weather was very mild that evening; the doors to the garden were open. Mlle Stangerson jeta un fichu léger sur ses épaules et je vis bien que c’était elle qui priait M. Darzac de pénétrer avec elle dans la quasi- solitude du jardin. Miss Stangerson threw a light kerchief over her shoulders and I could see that it was she who was begging Mr. Darzac to enter the near solitude of the garden with her. La señorita Stangerson se echó un ligero pañuelo sobre los hombros y pude ver que era ella quien pedía al señor Darzac que se reuniera con ella en la casi soledad del jardín. Mlle. Stangerson jogou um lenço leve sobre os ombros e vi claramente que era ela quem implorava a M. Darzac que entrasse com ela na quase solidão do jardim. Je suivis encore, intéressé par l’agitation que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient maintenant, à pas lents, le long du mur qui longe l’avenue Marigny. They were now creeping slowly along the wall which runs along Avenue Marigny. Eles agora estavam deslizando lentamente ao longo da parede que acompanha a avenida Marigny. Je pris par l’allée centrale. I took the central aisle. Je marchais parallèlement à mes deux personnages. Et puis, je « coupai »à travers la pelouse pour les croiser. And then I "cut" across the lawn to meet them. La nuit était obscure, l’herbe étouffait mes pas. The night was dark, the grass stifled my steps. Ils étaient arrêtés dans la clarté vacillante d’un bec de gaz et semblaient, penchés tous les deux sur un papier que tenait Mlle Stangerson, lire quelque chose qui les intéressait fort. They were stopped in the flickering light of a gas lamp and seemed, both bent over a piece of paper Miss Stangerson was holding, to read something that interested them greatly. Je m’arrêtai, moi aussi. J’étais entouré d’ombre et de silence. I was surrounded by shadow and silence. Ils ne m’aperçurent point, et j’entendis distinctement Mlle Stangerson qui répétait, en repliant le papier : « le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ! They did not see me, and I distinctly heard Mlle Stangerson repeating, as she folded up the paper: "The presbytery has lost none of its charm, nor the garden of its splendor!" Eles não me viram, e ouvi distintamente Mlle Stangerson repetir, enquanto dobrava o papel: "o presbitério não perdeu nada de seu encanto, nem o jardim de seu esplendor!" Et ce fut dit sur un ton à la fois si railleur et si désespéré, et fut suivi d’un éclat de rire si nerveux, que je crois bien que cette phrase me restera toujours dans l’oreille. And it was said in a tone at once so mocking and so desperate, and was followed by a burst of laughter so nervous, that I believe that this sentence will always stay in my ear. E foi dito em um tom ao mesmo tempo tão zombeteiro e tão desesperado, e foi seguido por uma gargalhada tão nervosa, que acredito que ficará para sempre no meu ouvido. Mais une autre phrase encore fut prononcée, celle-ci par M. Robert Darzac : Me faudra-t-il donc, pour vous avoir, commettre un crime ? But yet another sentence was pronounced, this one by Mr. Robert Darzac: Will I then have to commit a crime to get you? Pero se pronunció otra frase, ésta de M. Robert Darzac: ¿Será necesario que yo cometa un delito para atraparte? Mas ainda outra frase foi proferida, esta por M. Robert Darzac: Devo então, para tê-lo, cometer um crime? M. Robert Darzac était dans une agitation extraordinaire ; il prit la main de Mlle Stangerson, la porta longuement à ses lèvres et je pensai, au mouvement de ses épaules, qu’il pleurait. M. Robert Darzac was in extraordinary agitation; he took Miss Stangerson's hand, brought it to his lips for a long time, and I thought from the movement of his shoulders that he was crying. M. Robert Darzac estava em extraordinária agitação; ele pegou a mão da Srta. Stangerson, levou-a aos lábios por um longo tempo e, pelo movimento de seus ombros, pensei que ele estava chorando. Puis, ils s’éloignèrent. Then they walked away.

— Quand j’arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille, je ne vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir qu’au Glandier, après le crime, mais j’aperçus Mlle Stangerson, M. Stangerson et les délégués de Philadelphie. `` When I arrived in the large gallery, '' continued Rouletabille, `` I no longer saw M. Robert Darzac, and I was only to see him again at Glandier, after the crime, but I saw Mlle Stangerson, M. Stangerson and the delegates from Philadelphia. Mlle Stangerson était près d’Arthur Rance. Miss Stangerson was near Arthur Rance. Miss Stangerson estava perto de Arthur Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les yeux de l’Américain, pendant cette conversation, brillaient d’un singulier éclat. The latter spoke to him animatedly, and the American's eyes, during this conversation, shone with a singular brilliance. Éste le habló animadamente, y los ojos del americano brillaron con singular fulgor durante esta conversación. Je crois bien que Mlle Stangerson n’écoutait même pas ce que lui disait Arthur Rance, et son visage exprimait une indifférence parfaite. I don't think Miss Stangerson was even listening to what Arthur Rance was saying to her, and her face expressed perfect indifference. Arthur-William Rance est un homme sanguin, au visage couperosé ; il doit aimer le gin. Arthur-William Rance is a sanguine man, with a rosy face; he must like gin. Arthur-William Rance es un hombre sanguíneo con la cara manchada; le debe gustar la ginebra. Arthur-William Rance é um homem ensanguentado com um rosto manchado; ele deve gostar de gim. Quand M. et Mlle Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet et ne le quitta plus. When Mr. and Miss Stangerson were gone, he walked over to the sideboard and never left it. Je l’y rejoignis et lui rendis quelques services, dans cette cohue. I joined him there and rendered him some services, in this crowd. Eu me juntei a ele lá e fiz alguns serviços a ele nesta multidão. Il me remercia et m’apprit qu’il repartait pour l’Amérique, trois jours plus tard, c’est-à-dire le 26 (le lendemain du crime). He thanked me and told me that he was leaving for America, three days later, that is to say on the 26th (the day after the crime). Ele me agradeceu e disse que partiria para a América três dias depois, ou seja, no dia 26 (o dia seguinte ao crime). Je lui parlai de Philadelphie ; il me dit qu’il habitait cette ville depuis vingt-cinq ans, et que c’est là qu’il avait connu l’illustre professeur Stangerson et sa fille. I told him about Philadelphia; he told me that he had lived in that town for twenty-five years, and that it was there that he had known the illustrious Professor Stangerson and his daughter. Là-dessus, il reprit du champagne et je crus qu’il ne s’arrêterait jamais de boire. With that, he took more champagne and I thought he would never stop drinking. Je le quittai quand il fut à peu près ivre. I left him when he was almost drunk.

« Telle a été ma soirée, mon cher ami. “This has been my evening, my dear friend. Je ne sais par quelle sorte de précision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle Stangerson ne me quitta point de la nuit, et je vous laisse à penser l’effet que me produisit la nouvelle de l’assassinat de Mlle Stangerson. I do not know by what sort of precision the double image of M. Robert Darzac and Mlle Stangerson did not leave me all night, and I leave you to imagine the effect which the news of Mlle Stangerson's assassination produced on me. Comment ne pas me souvenir de ces mots : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? How can I not remember these words: "Do I have to commit a crime to have you?" Como posso não me lembrar dessas palavras: "Tenho que cometer um crime para ter você?" » Ce n’est cependant point cette phrase que je dis à M. Robert Darzac quand nous le rencontrâmes au Glandier. However, this is not the phrase I said to M. Robert Darzac when we met him at Glandier. No entanto, esta não é a frase que disse a M. Robert Darzac quando o encontramos em Glandier. Celle où il est question du presbytère et du jardin éclatant, que Mlle Stangerson semblait avoir lue sur le papier qu’elle tenait à la main, suffit pour nous faire ouvrir toutes grandes les portes du château. The one about the presbytery and the bright garden, which Miss Stangerson seemed to have read on the paper she was holding in her hand, is enough to make us open the doors of the castle wide. Croyais-je, à ce moment, que M. Robert Darzac était l’assassin ? Did I believe, at that time, that M. Robert Darzac was the assassin? Non ! Je ne pense pas l’avoir tout à fait cru. I don't think I fully believed it. Eu não acho que acreditei muito nisso. À ce moment-là, je ne pensais sérieusement « rien ». At that time, I seriously thought "nothing". J’étais si peu documenté. I was so poorly documented. « Mais j’avais besoin » qu’il me prouvât tout de suite qu’il n’était pas blessé à la main. "But I needed" to prove to me immediately that he was not injured in the hand. Quand nous fûmes seuls, tous les deux, je lui contai ce que le hasard m’avait fait surprendre de sa conversation dans les jardins de l’Élysée avec Mlle Stangerson ; et, quand je lui eus dit que j’avais entendu ces mots : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? When we were alone, the two of us, I told him what chance had surprised me about his conversation in the gardens of the Elysee with Miss Stangerson; and, when I had told him that I had heard these words: "Do I have to commit a crime in order to have you?" » il fut tout à fait troublé, mais beaucoup moins, certainement, qu’il ne l’avait été par la phrase du « presbytère ». He was quite disturbed, but much less, certainly, than he had been by the phrase of the "rectory". Ficou bastante perturbado, mas muito menos, certamente, do que ficara com a frase da "reitoria". Ce qui le jeta dans une véritable consternation, ce fut d’apprendre, de ma bouche, que, le jour où il allait se rencontrer à l’Élysée avec Mlle Stangerson, celle-ci était allée, dans l’après-midi, au bureau de poste 40, chercher une lettre qui était peut-être celle qu’ils avaient lue tous les deux dans les jardins de l’Élysée et qui se terminait par ces mots : « Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ! What threw him in real dismay was to learn from my mouth that the day he was going to meet at the Élysée with Miss Stangerson, she had gone, in the afternoon, to post office 40, look for a letter which was perhaps the one they had both read in the Elysée gardens and which ended with these words: "The presbytery has lost nothing of its charm, nor the garden of its splendor! » cette hypothèse me fut confirmée du reste, depuis, par la découverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les charbons du laboratoire, d’un morceau de cette lettre qui portait la date du 23 octobre. This hypothesis was confirmed to me since, by the discovery which I made, you will remember, in the coals of the laboratory, of a piece of this letter which bore the date of October 23.

La lettre avait été écrite et retirée du bureau le même jour. The letter had been written and taken from the office the same day. Il ne fait point de doute qu’en rentrant de l’Élysée, la nuit même, Mlle Stangerson a voulu brûler ce papier compromettant. There is no doubt that on returning from the Élysée, that very night, Miss Stangerson wanted to burn this compromising paper. Não há dúvida de que, ao retornar do Eliseu, naquela mesma noite, a Srta. Stangerson quis queimar este papel comprometedor. C’est en vain que M. Robert Darzac nia que cette lettre eût un rapport quelconque avec le crime. It was in vain that M. Robert Darzac denied that this letter had any connection whatsoever with the crime. Je lui dis que, dans une affaire aussi mystérieuse, il n’avait pas le droit de cacher à la justice l’incident de la lettre ; que j’étais persuadé, moi, que celle-ci avait une importance considérable ; que le ton désespéré avec lequel Mlle Stangerson avait prononcé la phrase fatidique, que ses pleurs, à lui, Robert Darzac, et que cette menace d’un crime qu’il avait proférée à la suite de la lecture de la lettre, ne me permettaient pas d’en douter. I told him that, in such a mysterious affair, he had no right to conceal the incident in the letter from the courts; that I was convinced that this was of considerable importance; that the desperate tone with which Mlle Stangerson had uttered the fateful sentence, that his tears, to him, Robert Darzac, and that this threat of a crime which he had uttered after reading the letter, did not allow me not to doubt it. Robert Darzac était de plus en plus agité. Je résolus de profiter de mon avantage. I resolved to take advantage of my advantage.

« — Vous deviez vous marier, monsieur », fis-je négligemment, sans plus regarder mon interlocuteur, et tout d’un coup ce mariage devient impossible à cause de l’auteur de cette lettre , puisque, aussitôt la lecture de la lettre, vous parlez d’un crime nécessaire pour avoir Mlle Stangerson. "- You were to get married, sir," I said casually, without looking at my interlocutor, and all of a sudden this marriage becomes impossible because of the author of this letter, since, as soon as the letter is read, you speak of a crime necessary to have Miss Stangerson. "- Você ia se casar, senhor", eu disse casualmente, sem olhar para o meu interlocutor, e de repente esse casamento se torna impossível por causa do autor desta carta, pois, assim que a carta é lida, você fala de um crime necessário para ter Miss Stangerson. IL Y A DONC QUELQU’UN ENTRE VOUS ET MLLE STANGERSON, QUELQU’UN QUI LUI DÈFEND DE SE MARIER, QUELQU’UN QUI LA TUE AVANT QU’ELLE NE SE MARIE ! THERE IS SOMEBODY BETWEEN YOU AND MlLE STANGERSON, SOMEONE WHO DEFENDS HIM TO GET MARRIED, SOMEONE WHO KILLS HER BEFORE SHE MARRIES! « Et je terminai ce petit discours par ces mots :

« — Maintenant, monsieur, vous n’avez plus qu’à me confier le nom de l’assassin ! "'Now, sir, you just have to tell me the name of the murderer! « J’avais dû, sans m’en douter, dire des choses formidables. “I must have said some wonderful things without realizing it. Quand je relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage décomposé, un front en sueur, des yeux d’effroi. When I looked up at Robert Darzac, I saw a decomposed face, a sweaty brow, eyes of dread.

« — Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi je donnerais ma vie  : il ne faut pas parler devant les magistrats de ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l’Élysée, ... ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. "- Sir," he said to me, "I am going to ask you one thing, which will perhaps seem foolish to you, but in exchange for which I would give my life: you must not speak in front of the magistrates about what you have seen and heard in the gardens of the Élysée, ... neither in front of the magistrates, nor in front of anyone in the world. Je vous jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me croyez, mais j’aimerais mieux passer pour coupable que de voir les soupçons de la justice s’égarer sur cette phrase : « le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. I swear to you that I am innocent and I know, and I feel, that you believe me, but I would rather pass for guilty than to see the suspicions of justice go astray on this sentence: "the presbytery has nothing lost its charm, nor the garden of its splendor. Juro-te que sou inocente e sei, e sinto, que acreditas em mim, mas prefiro passar por culpado a ver as suspeitas da justiça se perderem nesta frase: "o presbitério não perdeu nada do seu encanto , nem o jardim de seu esplendor. » Il faut que la justice ignore cette phrase. »Justice must ignore this sentence. Toute cette affaire vous appartient, monsieur, je vous la donne, mais oubliez la soirée de l’Élysée. This whole affair belongs to you, sir, I give it to you, but forget the evening at the Élysée. Todo este assunto é seu, senhor, vou dar-lhe, mas esqueça a noite do Elysee. Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-là qui vous conduiront à la découverte du criminel ; je vous les ouvrirai, je vous aiderai. There will be for you a hundred other ways than this one which will lead you to the discovery of the criminal; I will open them to you, I will help you. Haverá para você uma centena de outros caminhos além deste que o levará à descoberta do criminoso; Vou abri-los para você, vou ajudá-lo. Voulez-vous vous installer ici ? Do you want to settle here? Parler ici en maître ? Speak here like a master? Manger, dormir ici ? Surveiller mes actes et les actes de tous ? Vous serez au Glandier comme si vous en étiez le maître, monsieur, mais oubliez la soirée de l’Élysée. You will be at the Glandier as if you were its master, sir, but forget the evening of the Elysee. Estará en el Glandier como si fuera su amo, señor, pero olvídese de la fiesta en el Elíseo. Rouletabille, ici, s’arrêta pour souffler un peu. Je comprenais maintenant l’attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis de mon ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu s’installer sur les lieux du crime. I now understood the inexplicable attitude of Mr. Robert Darzac towards my friend, and the ease with which he had been able to settle at the scene of the crime. Tout ce que je venais d’apprendre ne pouvait qu’exciter ma curiosité. Everything I had just learned could only excite my curiosity. Je demandai à Rouletabille de la satisfaire encore. Que s’était-il passé au Glandier depuis huit jours ? Mon ami ne m’avait-il pas dit qu’il y avait maintenant contre M. Darzac des signes extérieurs autrement terribles que celui de la canne trouvée par Larsan ? Hadn't my friend told me that there were now external signs against M. Darzac that were far more terrible than that of the cane found by Larsan?

« Tout semble se tourner contre lui, me répondit mon ami, et la situation devient extrêmement grave. “Everything seems to be turning against him,” my friend replied, “and the situation is becoming extremely serious. M. Robert Darzac semble ne point s’en préoccuper outre mesure ; il a tort ; mais rien ne l’intéresse que la santé de Mlle Stangerson qui allait s’améliorant tous les jours quand est survenu un événement plus mystérieux encore que le mystère de la « Chambre Jaune » ! Mr. Robert Darzac seems not to be overly concerned with it; he is wrong ; but nothing interests him but the health of Miss Stangerson who was going to improve every day when an event occurred more mysterious than the mystery of the "Yellow Room"! M. Robert Darzac não parece estar abertamente preocupado com isso; ele está errado ; mas nada o interessa, exceto a saúde da Srta. Stangerson, que melhorava a cada dia quando um acontecimento ainda mais misterioso do que o mistério da "Sala Amarela" ocorreu!

— Ça n’est pas possible ! m’écriai-je, et quel événement peut être plus mystérieux que le mystère de la « Chambre Jaune » ?

— Revenons d’abord à M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me calmant. "Let us come back to M. Robert Darzac first," said Rouletabille, calming me down. Je vous disais que tout se tourne contre lui. « Les pas élégants » relevés par Frédéric Larsan paraissent bien être « les pas du fiancé de Mlle Stangerson ». “The elegant steps” noted by Frédéric Larsan seem to be “the steps of Miss Stangerson's fiancé”. “Os passos elegantes” apontados por Frédéric Larsan parecem ser “os passos do noivo de Miss Stangerson”. L’empreinte de la bicyclette peut être l’empreinte de « sa » bicyclette ; la chose a été contrôlée. The imprint of the bicycle may be the imprint of “his” bicycle; the thing has been checked. Depuis qu’il avait cette bicyclette, il la laissait toujours au château. Since he had this bicycle, he always left it at the castle. Pourquoi l’avoir emportée à Paris justement à ce moment-là ? Why did you take her to Paris precisely at that time? Est-ce qu’il ne devait plus revenir au château ? Should he not come back to the castle? Est- ce que la rupture de son mariage devait entraîner la rupture de ses relations avec les Stangerson ? Should the breakdown of her marriage result in the breakdown of her relations with the Stangersons? Chacun des intéressés affirme que ces relations devaient continuer. Each of the parties affirmed that these relations should continue. Alors ? So ? Frédéric Larsan, lui, croit que « tout était rompu ». Frédéric Larsan, he believes that “everything was broken”. Depuis le jour où Robert Darzac a accompagné Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve, jusqu’au lendemain du crime, l’ex-fiancé n’est point revenu au Glandier. From the day Robert Darzac accompanied Mlle Stangerson to the department stores in La Louve, until the day after the crime, the ex-fiancé did not return to Glandier. Desde o dia em que Robert Darzac acompanhou Mlle Stangerson às lojas de departamento de La Louve, até o dia seguinte ao crime, o ex-noivo não voltou para Glandier.

Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son réticule et la clef à tête de cuivre quand elle était en compagnie de M. Robert Darzac. Depuis ce jour jusqu’à la soirée de l’Élysée, le professeur en Sorbonne et Mlle Stangerson ne se sont point vus. Mais ils se sont peut-être écrit. But they may have written to each other. Mlle Stangerson est allée chercher une lettre poste restante au bureau 40, lettre que Frédéric Larsan croit de Robert Darzac, car Frédéric Larsan, qui ne sait rien naturellement de ce qui s’est passé à l’Élysée, est amené à penser que c’est Robert Darzac lui-même qui a volé le réticule et la clef, dans le dessein de forcer la volonté de Mlle Stangerson en s’appropriant les papiers les plus précieux du père, papiers qu’il aurait restitués sous condition de mariage. Miss Stangerson went to get a poste restante letter from office 40, a letter that Frédéric Larsan believes from Robert Darzac, because Frédéric Larsan, who naturally knows nothing of what happened at the Elysee, is led to think that it is Robert Darzac himself was the one who stole the reticule and the key, with the intention of forcing Mlle Stangerson's will by appropriating the father's most precious papers, papers which he would have returned on condition of marriage. A senhorita Stangerson foi buscar uma carta de posta restante do escritório 40, uma carta que Frédéric Larsan acredita de Robert Darzac, porque Frédéric Larsan, que naturalmente nada sabe do que aconteceu no Elysee, é levado a pensar que é o próprio Robert Darzac que foi o aquele que roubou a bolsa e a chave, com a intenção de forçar o testamento de Mlle Stangerson, apropriando-se dos papéis mais preciosos do pai, papéis que ele teria devolvido sob condição de casamento. Tout cela serait d’une hypothèse bien douteuse et presque absurde, comme me le disait le grand Fred lui-même, s’il n’y avait pas encore autre chose, et autre chose de beaucoup plus grave. It would all be a very doubtful and almost absurd hypothesis, as the great Fred himself told me, if there were not yet something else, and something much more serious. D’abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas à m’expliquer : ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait allé demander la lettre au bureau de poste, lettre qui avait été déjà retirée la veille par Mlle Stangerson ; la description de l’homme qui s’est présenté au guichet répond point par point au signalement de M. Robert Darzac. First, a strange thing, and which I cannot explain myself: it would be Mr. Darzac in person who, on the 24th, went to ask for the letter at the post office, a letter which had already been withdrawn the day before by Miss Stangerson; the description of the man who came to the counter responds point by point to the report by Mr. Robert Darzac. Em primeiro lugar, uma coisa estranha, e que não consigo explicar a mim mesmo: seria o Sr. Darzac em pessoa quem, no dia 24, foi pedir a carta no correio, carta que já tinha sido retirada naquele dia antes por Mlle. Stangerson; a descrição do homem que se apresentou no balcão responde ponto a ponto à descrição do Sr. Robert Darzac.

Celui-ci, aux questions qui lui furent posées, à titre de simple renseignement, par le juge d’instruction, nie qu’il soit allé au bureau de poste ; et moi, je crois M. Robert Darzac, car, en admettant même que la lettre ait été écrite par lui — ce que je ne pense pas — il savait que Mlle Stangerson l’avait retirée, puisqu’il la lui avait vue, cette lettre, entre les mains, dans les jardins de l’Élysée. The latter, when asked questions, by way of simple information, by the investigating judge, denied that he had gone to the post office; and I believe Mr. Robert Darzac because, even admitting that the letter was written by him - which I don't think - he knew that Miss Stangerson had withdrawn it, since he had seen it, letter, in my hands, in the gardens of the Élysée. Ce n’est donc pas lui qui s’est présenté, le lendemain 24, au bureau 40, pour demander une lettre qu’il savait n’être plus là. So he was not the one who showed up the next day at office 40 to ask for a letter that he knew was no longer there. Pour moi, c’est quelqu’un qui lui ressemblait étrangement, et c’est bien le voleur du réticule qui dans cette lettre devait demander quelque chose à la propriétaire du réticule, à Mlle Stangerson, — « quelque chose qu’il ne vit pas venir ». To me, he was someone who looked strangely like him, and it was indeed the thief of the reticle who in this letter was to ask something of the owner of the reticle, of Miss Stangerson, - "something that he did not see." not come ". Il dut en être stupéfait, et fut amené à se demander si la lettre qu’il avait expédiée avec cette inscription sur l’enveloppe : M.A.T.H.S.N. He must have been amazed, and was led to wonder if the letter he had sent with this inscription on the envelope: MATHSN avait été retirée. had been withdrawn. D’où sa démarche au bureau de poste et l’insistance avec laquelle il réclame la lettre. Hence his approach at the post office and the insistence with which he claims the letter. De ahí su acercamiento a la oficina de correos y su insistencia en recibir la carta. Daí a sua aproximação ao correio e a insistência com que pediu a carta. Puis il s’en va, furieux. Then he leaves, furious. La lettre a été retirée, et pourtant ce qu’il demandait ne lui a pas été accordé ! The letter was withdrawn, and yet what he asked for was not granted! Que demandait-il ? Nul ne le sait que Mlle Stangerson. No one knows that except Miss Stangerson. Toujours est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson avait été quasi assassinée dans la nuit, et que je découvrais, le surlendemain, moi, que le professeur avait été volé du même coup, grâce à cette clef, objet de la lettre poste restante. The fact remains that the next day, we learned that Miss Stangerson had been almost murdered during the night, and that I discovered, two days later, that the professor had been robbed at the same time, thanks to this key, the object of the letter post remaining. Mesmo assim, no dia seguinte, ficamos sabendo que Mlle Stangerson quase havia sido assassinada durante a noite, e que eu descobri, dois dias depois, que o professor havia sido roubado na mesma hora, graças a essa chave, objeto do correio carta restante. Ainsi, il semble bien que l’homme qui est venu au bureau de poste doive être l’assassin ; et tout ce raisonnement, des plus logiques en somme, sur les raisons de la démarche de l’homme au bureau de poste, Frédéric Larsan se l’est tenu, mais, en l’appliquant à Robert Darzac. Thus, it seems that the man who came to the post office must be the murderer; and all this reasoning, most logical in short, on the reasons for the approach of the man at the post office, Frédéric Larsan held it, but, by applying it to Robert Darzac. Portanto, parece que o homem que foi ao correio deve ser o assassino; e todo esse raciocínio, enfim mais lógico, sobre os motivos da abordagem do homem do correio, Frédéric Larsan o sustentou, mas, aplicando-o a Robert Darzac.

Vous pensez bien que le juge d’instruction, et que Larsan, et que moi-même nous avons tout fait pour avoir, au bureau de poste, des détails précis sur le singulier personnage du 24 octobre. You can imagine that the examining magistrate, and that Larsan, and that I myself have done everything to have, at the post office, precise details on the singular character of October 24th. Mais on n’a pu savoir d’où il venait ni où il s’en est allé ! But we could not know where he came from or where he went! En dehors de cette description qui le fait ressembler à M. Robert Darzac, rien ! Apart from this description which makes him look like Mr. Robert Darzac, nothing! J’ai fait annoncer dans les plus grands journaux : « Une forte récompense est promise au cocher qui a conduit un client au bureau de poste 40, dans la matinée du 24 octobre, vers les dix heures. I had advertised in the biggest newspapers: "A heavy reward is promised to the driver who drove a customer to post office 40, on the morning of October 24, around ten o'clock." Eu havia anunciado nos maiores jornais: "Promete-se uma pesada recompensa ao motorista que levou um cliente à agência dos correios 40, na manhã de 24 de outubro, por volta das dez horas". S’adresser à la rédaction de L’Époque , et demander M. R. Contact the editorial staff of L'Époque, and ask for Mr. » Ça n’a rien donné. It didn't work. En somme, cet homme est peut-être venu à pied ; mais, puisqu’il était pressé, c’était une chance à courir qu’il fût venu en voiture. In short, this man may have come on foot; but, since he was in a hurry, it was a chance that he had come by car. Je n’ai pas, dans ma note aux journaux, donné la description de l’homme pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette heure- là, conduit un client au bureau 40, vinssent à moi. I did not, in my note to the newspapers, give the description of the man so that all the coachmen who could have, around that time, led a client to office 40, came to me. Não dei, em minha nota aos jornais, a descrição do homem para que todos os cocheiros que por essa altura já tivessem trazido um cliente ao escritório 40 me procurassem. Il n’en est pas venu un seul. Not a single one came. Et je me suis demandé nuit et jour : « Quel est donc cet homme qui ressemble aussi étrangement à M. Robert Darzac et que je retrouve achetant la canne tombée entre les mains de Frédéric Larsan ? And I asked myself night and day: "So who is this man who so strangely resembles Mr. Robert Darzac and whom I find buying the cane that fell into the hands of Frédéric Larsan?" Le plus grave de tout est que M. Darzac, qui avait à faire, à la même heure, à l’heure où son sosie se présentait au bureau de poste, un cours à la Sorbonne, ne l’a pas fait. The most serious of all is that Mr. Darzac, who had to do, at the same time, at the time when his double appeared at the post office, a course at the Sorbonne, did not do it. O mais grave de tudo é que M. Darzac, que tinha que fazer, ao mesmo tempo, na época em que seu sósia aparecia nos correios, um curso na Sorbonne, não o fez. Un de ses amis le remplaçait. One of his friends was replacing him. Et, quand on l’interroge sur l’emploi de son temps, il répond qu’il est allé se promener au bois de Boulogne. And, when asked about the use of his time, he replies that he has gone for a walk in the Bois de Boulogne. E, quando questionado sobre o uso do seu tempo, responde que foi passear no Bois de Boulogne.

Qu’est-ce que vous pensez de ce professeur qui se fait remplacer à son cours pour aller se promener au bois de Boulogne ? What do you think of this professor who is replaced in his class to go for a walk in the Bois de Boulogne? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac avoue s’être allé promener au bois de Boulogne dans la matinée du 24, il ne peut plus donner du tout l’emploi de son temps dans la nuit du 24 au 25 ! Finally, you must know that, if Mr. Robert Darzac admits to having gone for a walk in the Bois de Boulogne on the morning of the 24th, he can no longer give the use of his time at all during the night of the 24th to the 25th. ! ... Il a répondu fort paisiblement à Frédéric Larsan qui lui demandait ce renseignement que ce qu’il faisait de son temps, à Paris, ne regardait que lui... Sur quoi, Frédéric Larsan a juré tout haut qu’il découvrirait bien, lui, sans l’aide de personne, l’emploi de ce temps. ... He replied very peacefully to Frédéric Larsan who asked him for this information that what he was doing in his time, in Paris, only looked at him ... Upon which, Frédéric Larsan swore aloud that he would discover well , him, without the help of anyone, the use of this time. ... Ele respondeu muito pacificamente a Frédéric Larsan que lhe pediu esta informação de que o que ele fazia em seu tempo, em Paris, era apenas seu negócio ... Sobre o que, Frédéric Larsan jurou em voz alta que iria descobrir., Ele , sem ajuda de ninguém, o aproveitamento desse tempo. Tout cela semble donner quelque corps aux hypothèses du grand Fred ; d’autant plus que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la « Chambre Jaune » pourrait venir corroborer l’explication du policier sur la façon dont l’assassin se serait enfui : M. Stangerson l’aurait laissé passer pour éviter un effroyable scandale ! All this seems to give some substance to the great Fred's hypotheses; all the more so since the fact of Robert Darzac being in the "Yellow Room" could corroborate the explanation of the police officer on the way in which the assassin ran away: Mr. Stangerson would have let him pass to avoid a frightful scandal ! Tudo isso parece dar alguma substância às hipóteses do grande Fred; especialmente porque o fato de Robert Darzac estar na “Sala Amarela” poderia vir a corroborar a explicação do policial sobre a forma como o assassino teria escapado: o Sr. Stangerson o teria deixado passar para evitar um terrível escândalo! C’est, du reste, cette hypothèse, que je crois fausse, qui égarera Frédéric Larsan, et ceci ne serait point pour me déplaire, s’il n’y avait pas un innocent en cause ! It is, moreover, this hypothesis, which I believe false, which will mislead Frédéric Larsan, and this would not be to displease me, if there were not an innocent involved! É, aliás, esta hipótese, que me parece falsa, que vai enganar Frédéric Larsan, e isso não me desagradaria, se não houvesse um inocente envolvido! Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan ? Now, does this hypothesis really mislead Frédéric Larsan? Voilà !

Voilà !

Voilà !

— Eh ! Frédéric Larsan a peut-être raison ! Frédéric Larsan may be right! m’écriai-je, interrompant Rouletabille... Êtes-vous sûr que M. Darzac soit innocent ? I cried, interrupting Rouletabille. Are you sure that M. Darzac is innocent? Il me semble que voilà bien des fâcheuses coïncidences... It seems to me that these are many unfortunate coincidences ... Parece-me que existem muitas coincidências infelizes ...

— Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies de la vérité. - Coincidences, replied my friend, are the worst enemies of truth.

— Qu’en pense aujourd’hui le juge d’instruction ? - What does the examining magistrate think today?

— M. de Marquet, le juge d’instruction, hésite à découvrir M. Robert Darzac sans aucune preuve certaine. - M. de Marquet, the examining magistrate, hesitates to discover M. Robert Darzac without any certain proof. Non seulement, il aurait contre lui toute l’opinion publique, sans compter la Sorbonne, mais encore M. Stangerson et Mlle Stangerson. Not only would he have all public opinion against him, without counting the Sorbonne, but also M. Stangerson and Mlle Stangerson. Celle-ci adore M. Robert Darzac. She adores Mr. Robert Darzac. Si peu qu’elle ait vu l’assassin, on ferait croire difficilement au public qu’elle n’eût point reconnu M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait été l’agresseur. However little she saw the assassin, it would be hard to make the public believe that she would not have recognized M. Robert Darzac, if M. Robert Darzac had been the aggressor. Por menos que visse o assassino, seria difícil fazer o público acreditar que ela não teria reconhecido M. Robert Darzac, se M. Robert Darzac fosse o agressor. La « Chambre Jaune » était obscure, sans doute, mais une petite veilleuse tout de même l’éclairait, ne l’oubliez pas. The "Yellow Room" was dark, no doubt, but a little nightlight lit it all the same, don't forget that. Voici, mon ami, où en étaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutôt trois nuits, survint cet événement inouï dont je vous parlais tout à l’heure. Behold, my friend, where were things when, three days ago, or rather three nights, occurred this incredible event of which I spoke to you a moment ago. Aqui está, meu amigo, onde estavam as coisas quando, há três dias, ou melhor, três noites, ocorreu este incrível acontecimento de que acabei de falar.