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Le Mystère de la chambre jaune, Chapitre 11. Où Frédéric Larsan explique comment l’assassin a pu sortir de la...

Chapitre 11. Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la...

Chapitre 11. Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la Chambre Jaune. Dans la masse de papiers, documents, mémoires, extraits de journaux, pièces de justice dont je dispose relativement au « Mystère de la Chambre Jaune », se trouve un morceau des plus intéressants. C'est la narration du fameux interrogatoire des intéressés qui eut lieu, cet après-midi-là, dans le laboratoire du professeur Stangerson, devant le chef de la Sûreté. Cette narration est due à la plume de M. Maleine, le greffier, qui, tout comme le juge d'instruction, faisait, à ses moments perdus, de la littérature. Ce morceau devait faire partie d'un livre qui n'a jamais paru et qui devait s'intituler : Mes interrogatoires . Il m'a été donné par le greffier lui-même, quelque temps après le « dénouement inouï » de ce procès unique dans les fastes juridiques. Le voici. Ce n'est plus une sèche transcription de demandes et de réponses. Le greffier y relate souvent ses impressions personnelles.

La narration du greffier :

Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d'instruction et moi, nous nous trouvions dans la « Chambre Jaune », avec l'entrepreneur qui avait construit, sur les plans du professeur Stangerson, le pavillon. L'entrepreneur était venu avec un ouvrier. M. de Marquet avait fait nettoyer entièrement les murs, c'est-à-dire qu'il avait fait enlever par l'ouvrier tout le papier qui les décorait. Des coups de pioches et de pics, çà et là, nous avaient démontré l'inexistence d'une ouverture quelconque. Le plancher et le plafond avaient été longuement sondés. Nous n'avions rien découvert. Il n'y avait rien à découvrir. M. de Marquet paraissait enchanté et ne cessait de répéter :

« Quelle affaire ! monsieur l'entrepreneur, quelle affaire ! Vous verrez que nous ne saurons jamais comment l'assassin a pu sortir de cette chambre-là ! Tout à coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu'il ne comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir était de chercher à comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie. « Brigadier, fit-il, allez donc au château et priez M. Stangerson et M. Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire, ainsi que le père Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos hommes, les deux concierges. Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut réuni dans le laboratoire. Le chef de la Sûreté, qui venait d'arriver au Glandier, nous rejoignit aussi dans ce moment. J'étais assis au bureau de M. Stangerson, prêt au travail, quand M. de Marquet nous tint ce petit discours, aussi original qu'inattendu : « Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les interrogatoires ne donnent rien, nous allons abandonner, pour une fois, le vieux système des interrogatoires. Je ne vous ferai point venir devant moi à tour de rôle ; non. Nous resterons tous ici : M. Stangerson, M. Robert Darzac, le père Jacques, les deux concierges, M. le chef de la Sûreté, M. le greffier et moi ! Et nous serons là, tous, « au même titre » ; les concierges voudront bien oublier un instant qu'ils sont arrêtés. « Nous allons causer ! » Je vous ai fait venir « pour causer ». Nous sommes sur les lieux du crime ; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas du crime ? Parlons-en donc ! Parlons-en ! Avec abondance, avec intelligence, ou avec stupidité. Disons tout ce qui nous passera par la tête ! Parlons sans méthode, puisque la méthode ne nous réussit point. J'adresse une fervente prière au dieu hasard, le hasard de nos conceptions ! Commençons ! ...

Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, à voix basse :

« Hein ! croyez-vous, quelle scène ! Auriez-vous imaginé ça, vous ? J'en ferai un petit acte pour le Vaudeville. Et il se frottait les mains avec jubilation.

Je portai les yeux sur M. Stangerson. L'espoir que devait faire naître en lui le dernier bulletin des médecins qui avaient déclaré que Mlle Stangerson pourrait survivre à ses blessures, n'avait pas effacé de ce noble visage les marques de la plus grande douleur. Cet homme avait cru sa fille morte, et il en était encore tout ravagé. Ses yeux bleus si doux et si clairs étaient alors d'une infinie tristesse. J'avais eu l'occasion, plusieurs fois, dans des cérémonies publiques, de voir M. Stangerson. J'avais été, dès l'abord, frappé par son regard, si pur qu'il semblait celui d'un enfant : regard de rêve, regard sublime et immatériel de l'inventeur ou du fou. Dans ces cérémonies, derrière lui ou à ses côtés, on voyait toujours sa fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on, partageant les mêmes travaux depuis de longues années. Cette vierge, qui avait alors trente-cinq ans et qui en paraissait à peine trente, consacrée tout entière à la science, soulevait encore l'admiration par son impériale beauté, restée intacte, sans une ride, victorieuse du temps et de l'amour. Qui m'eût dit alors que je me trouverais, un jour prochain, au chevet de son lit, avec mes paperasses, et que je la verrais, presque expirante, nous raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus mystérieux attentat que j'ai ouï de ma carrière ? Qui m'eût dit que je me trouverais, comme cet après-midi-là, en face d'un père désespéré cherchant en vain à s'expliquer comment l'assassin de sa fille avait pu lui échapper ? À quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la retraite obscure des bois, s'il ne vous garantit point de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, réservées d'ordinaire à ceux d'entre les hommes qui fréquentent les passions de la ville ? « Voyons ! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu d'importance ; placez-vous exactement à l'endroit où vous étiez quand Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre. M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la porte de la « Chambre Jaune », il dit d'une voix sans accent, sans couleur, d'une voix que je qualifierai de morte : « Je me trouvais ici. Vers onze heures, après avoir procédé, sur les fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie, j'avais fait glisser mon bureau jusqu'ici, car le père Jacques, qui passa la soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute la place qui se trouvait derrière moi. Ma fille travaillait au même bureau que moi. Quand elle se leva, après m'avoir embrassé et souhaité le bonsoir au père Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte. C'est vous dire que j'étais bien près du lieu où le crime allait se commettre. — Et ce bureau ? interrompis-je, obéissant, en me mêlant à cette « conversation », aux désirs exprimés par mon chef, ... et ce bureau, aussitôt que vous eûtes, monsieur Stangerson, entendu crier : « À l'assassin ! » et qu'eurent éclaté les coups de revolver... ce bureau, qu'est-il devenu ? Le père Jacques répondit :

« Nous l'avons rejeté contre le mur, ici, à peu près où il est en ce moment, pour pouvoir nous précipiter à l'aise sur la porte, m'sieur le greffier... » Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n'attachais qu'une importance de faible hypothèse : « Le bureau était si près de la chambre qu'un homme, sortant, courbé, de la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu passer inaperçu ? — Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec lassitude, que ma fille avait fermé sa porte à clef et au verrou, que la porte est restée fermée , que nous sommes restés à lutter contre cette porte dès l'instant où l'assassinat commençait, que nous étions déjà sur la porte alors que la lutte de l'assassin et de ma pauvre enfant continuait, que les bruits de cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions râler ma malheureuse fille sous l'étreinte des doigts dont son cou a conservé la marque sanglante . Si rapide qu'ait été l'attaque, nous avons été aussi rapides qu'elle et nous nous sommes trouvés immédiatement derrière cette porte qui nous séparait du drame. Je me levai et allai à la porte que j'examinai à nouveau avec le plus grand soin. Puis je me relevai et fis un geste de découragement.

« Imaginez, dis-je, que le panneau inférieur de cette porte ait pu être ouvert sans que la porte ait été dans la nécessité de s'ouvrir , et le problème serait résolu ! Mais, malheureusement, cette dernière hypothèse est inadmissible, après l'examen de la porte. C'est une solide et épaisse porte de chêne constituée de telle sorte qu'elle forme un bloc inséparable... C'est très visible, malgré les dégâts qui ont été causés par ceux qui l'ont enfoncée... — Oh ! fit le père Jacques... c'est une vieille et solide porte du château qu'on a transportée ici... une porte comme on n'en fait plus maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir raison, à quatre... car la concierge s'y était mise aussi, comme une brave femme qu'elle est, m'sieur l'juge ! C'est tout de même malheureux de les voir en prison, à c't'heure ! Le père Jacques n'eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et de protestation que les pleurs et les jérémiades des deux concierges recommencèrent. Je n'ai jamais vu de prévenus aussi larmoyants. J'en étais profondément dégoûté[1]. Même en admettant leur innocence, je ne comprenais pas que deux êtres pussent à ce point manquer de caractère devant le malheur. Une nette attitude, dans de pareils moments, vaut mieux que toutes les larmes et que tous les désespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et hypocrites.

« Eh ! s'écria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler comme ça ! et dites-nous, dans votre intérêt, ce que vous faisiez, à l'heure où l'on assassinait votre maîtresse, sous les fenêtres du pavillon ! Car vous étiez tout près du pavillon quand le père Jacques vous a rencontrés...

— Nous venions au secours ! » gémirent-ils.

Et la femme, entre deux hoquets, glapit :

« Ah ! si nous le tenions, l'assassin, nous lui ferions passer le goût du pain ! ... »

Et nous ne pûmes, une fois de plus, leur tirer deux phrases sensées de suite. Ils continuèrent de nier avec acharnement, d'attester le bon Dieu et tous les saints qu'ils étaient dans leur lit quand ils avaient entendu un coup de revolver. « Ce n'est pas un, mais deux coups qui ont été tirés. Vous voyez bien que vous mentez. Si vous avez entendu l'un, vous devez avoir entendu l'autre ! — Mon Dieu ! m'sieur le juge, nous n'avons entendu que le second. Nous dormions encore bien sûr quand on a tiré le premier...

— Pour ça, on en a tiré deux ! fit le père Jacques. Je suis sûr, moi, que toutes les cartouches de mon revolver étaient intactes ; nous avons retrouvé deux cartouches brûlées, deux balles, et nous avons entendu deux coups de revolver, derrière la porte. N'est-ce pas, monsieur Stangerson ? — Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd d'abord, puis un coup éclatant. — Pourquoi continuez-vous à mentir ? s'écria M. de Marquet, se retournant vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bête que vous ! Tout prouve que vous étiez dehors, près du pavillon, au moment du drame. Qu'y faisiez-vous ? Vous ne voulez pas le dire ? Votre silence atteste votre complicité ! Et, quant à moi, fit-il, en se tournant vers M. Stangerson... quant à moi, je ne puis m'expliquer la fuite de l'assassin que par l'aide apportée par ces deux complices. Aussitôt que la porte a été défoncée, pendant que vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez de votre malheureuse enfant, le concierge et sa femme facilitaient la fuite du misérable qui se glissait derrière eux, parvenait jusqu'à la fenêtre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge refermait la fenêtre et les volets derrière lui. Car, enfin, ces volets ne se sont pas fermés tout seuls ! Voilà ce que j'ai trouvé... Si quelqu'un a imaginé autre chose, qu'il le dise ! ...

M. Stangerson intervint :

« C'est impossible ! Je ne crois pas à la culpabilité ni à la complicité de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce qu'ils faisaient dans le parc à cette heure avancée de la nuit. Je dis : c'est impossible ! parce que la concierge tenait la lampe et n'a pas bougé du seuil de la chambre ; parce que, moi, sitôt la porte défoncée, je me mis à genoux près du corps de mon enfant, et qu'il était impossible que l'on sortît ou que l'on entrât de cette chambre par cette porte sans enjamber le corps de ma fille et sans me bousculer, moi ! C'est impossible, parce que le père Jacques et le concierge n'ont eu qu'à jeter un regard dans cette chambre et sous le lit, comme je l'ai fait en entrant, pour voir qu'il n'y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille à l'agonie. — Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n'avez encore rien dit ? » demanda le juge.

M. Darzac répondit qu'il ne pensait rien. « Et vous, monsieur le chef de la Sûreté ? M. Dax, le chef de la Sûreté, avait jusqu'alors uniquement écouté et examiné les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents :

« Il faudrait, en attendant que l'on trouve le criminel, découvrir le mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.

— Monsieur le chef de la Sûreté, le crime apparaît bassement passionnel, répliqua M. de Marquet. Les traces laissées par l'assassin, le mouchoir grossier et le béret ignoble nous portent à croire que l'assassin n'appartenait point à une classe de la société très élevée. Les concierges pourraient peut-être nous renseigner là dessus... »

Le chef de la Sûreté continua, se tournant vers M. Stangerson et sur ce ton froid qui est la marque, selon moi, des solides intelligences et des caractères fortement trempés.

« Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier ? Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.

« Avec mon ami que j'eusse été heureux d'appeler mon fils... avec M. Robert Darzac... — Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de ses blessures. C'est un mariage simplement retardé, n'est-ce pas, monsieur ? insista le chef de la Sûreté.

— Je l'espère. — Comment ! Vous n'en êtes pas sûr ? M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agité, ce que je vis à un tremblement de sa main sur sa chaîne de montre, car rien ne m'échappe. M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il était embarrassé.

« Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une affaire aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger ; que nous devons tout savoir, même la plus petite, la plus futile chose se rapportant à la victime... le renseignement, en apparence, le plus insignifiant... Qu'est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la quasi-certitude, où nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson vivra, ce mariage pourra ne pas avoir lieu ? Vous avez dit : « j'espère. » Cette espérance m'apparaît comme un doute. Pourquoi doutez-vous ? M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même :

« Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l'importance si je vous la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis. M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait anormale, fit signe qu'il était de l'avis du professeur. Pour moi, si M. Darzac ne répondait que par signe, c'est qu'il était incapable de prononcer un mot. « Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M. Stangerson, que ma fille avait juré de ne jamais me quitter et tenait son serment malgré toutes mes prières, car j'essayai plusieurs fois de la décider au mariage, comme c'était mon devoir. Nous connûmes M. Robert Darzac de longues années. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu'il en était aimé, puisque j'eus la joie récente d'apprendre de la bouche même de ma fille qu'elle consentait enfin à un mariage que j'appelais de tous mes voeux. Je suis d'un grand âge, monsieur, et ce fut une heure bénie que celle où je connus enfin qu'après moi Mlle Stangerson aurait à ses côtés, pour l'aimer et continuer nos travaux communs, un être que j'aime et que j'estime pour son grand coeur et pour sa science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m'a déclaré qu'elle n'épouserait pas M. Robert Darzac. Il y eut ici un silence pesant. La minute était grave. M Dax reprit :

« Et Mlle Stangerson ne vous a donné aucune explication, ne vous a point dit pour quel motif ? ...

— Elle m'a dit qu'elle était trop vieille maintenant pour se marier... qu'elle avait attendu trop longtemps... qu'elle avait bien réfléchi... qu'elle estimait et même qu'elle aimait M. Robert Darzac... mais qu'il valait mieux que les choses en restassent là... que l'on continuerait le passé... qu'elle serait heureuse même de voir les liens de pure amitié qui nous attachaient à M. Robert Darzac nous unir d'une façon encore plus étroite, mais qu'il fût bien entendu qu'on ne lui parlerait jamais plus de mariage. — Voilà qui est étrange ! murmura M Dax.

— Étrange »,répéta M. de Marquet.

M. Stangerson, avec un pâle et glacé sourire, dit :

« Ce n'est point de ce côté, monsieur, que vous trouverez le mobile du crime. M Dax :

« En tout cas, fit-il d'une voix impatiente, le mobile n'est pas le vol ! — Oh ! nous en sommes sûrs ! », s'écria le juge d'instruction. À ce moment la porte du laboratoire s'ouvrit et le brigadier de gendarmerie apporta une carte au juge d'instruction. M. de Marquet lut et poussa une sourde exclamation ;puis :

« Ah ! voilà qui est trop fort !

— Qu'est-ce ? demanda le chef de la Sûreté.

— La carte d'un petit reporter de L'Époque , M. Joseph Rouletabille, et ces mots : « L'un des mobiles du crime a été le vol ! Le chef de la Sûreté sourit :

« Ah ! Ah ! le jeune Rouletabille... j'en ai déjà entendu parler... il passe pour ingénieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge d'instruction. Et l'on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J'avais fait sa connaissance dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à Épinay-sur-Orge. Il s'était introduit, presque malgré moi, dans notre compartiment et j'aime mieux dire tout de suite que ses manières et sa désinvolture, et la prétention qu'il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une affaire où la justice ne comprenait rien, me l'avaient fait prendre en grippe. Je n'aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et entreprenants qu'il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est tout de suite débordé et il n'est point d'ennuis que l'on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d'années à peine, et le toupet avec lequel il avait osé nous interroger et discuter avec nous me l'avait rendu particulièrement odieux. Du reste, il avait une façon de s'exprimer qui attestait qu'il se moquait outrageusement de nous. Je sais bien que le journal L'Époque est un organe influent avec lequel il faut savoir « composer », mais encore ce journal ferait bien de ne point prendre ses rédacteurs à la mamelle. M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua et attendit que M. de Marquet lui demandât de s'expliquer. « Vous prétendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le mobile du crime, et que ce mobile, contre toute évidence, serait le vol ?

— Non, monsieur le juge d'instruction, je n'ai point prétendu cela. Je ne dis pas que le mobile du crime a été le vol et je ne le crois pas.

— Alors, que signifie cette carte ?

— Elle signifie que l'un des mobiles du crime a été le vol. Qu'est-ce qui vous a renseigné ? — Ceci ! si vous voulez bien m'accompagner. Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que nous fîmes. Là, il se dirigea du côté du lavatory et pria M. le juge d'instruction de se mettre à genoux à côté de lui. Ce lavatory recevait du jour par sa porte vitrée et, quand la porte était ouverte, la lumière qui y pénétrait était suffisante pour l'éclairer parfaitement. M. de Marquet et M Joseph Rouletabille s'agenouillèrent sur le seuil. Le jeune homme montrait un endroit de la dalle.

« Les dalles du lavatory n'ont point été lavées par le père Jacques, fit-il, depuis un certain temps ; cela se voit à la couche de poussière qui les recouvre. Or, voyez, à cet endroit, la marque de deux larges semelles et de cette cendre noire qui accompagne partout les pas de l'assassin. Cette cendre n'est point autre chose que la poussière de charbon qui couvre le sentier que l'on doit traverser pour venir directement, à travers la forêt, d'Épinay au Glandier. Vous savez qu'à cet endroit il y a un petit hameau de charbonniers et qu'on y fabrique du charbon de bois en grande quantité. Voilà ce qu'a dû faire l'assassin : il a pénétré ici l'après-midi quand il n'y eut plus personne au pavillon, et il a perpétré son vol. — Mais quel vol ? Où voyez-vous le vol ? Qui vous prouve le vol ? nous écriâmes nous tous en même temps.

— Ce qui m'a mis sur la trace du vol, continua le journaliste... — C'est ceci ! interrompit M. de Marquet, toujours à genoux.

— Évidemment », fit M. Rouletabille.

Et M. de Marquet expliqua qu'il y avait, en effet, sur la poussière des dalles, à côté de la trace des deux semelles, l'empreinte fraîche d'un lourd paquet rectangulaire, et qu'il était facile de distinguer la marque des ficelles qui l'enserraient... « Mais vous êtes donc venu ici, monsieur Rouletabille ; j'avais pourtant ordonné au père Jacques de ne laisser entrer personne ; il avait la garde du pavillon. — Ne grondez pas le père Jacques, je suis venu ici avec M. Robert Darzac.

— Ah ! vraiment... » s'exclama M. de Marquet mécontent, et jetant un regard de côté à M. Darzac, lequel restait toujours silencieux. « Quand j'ai vu la trace du paquet à côté de l'empreinte des semelles, je n'ai plus douté du vol, reprit M. Rouletabille. Le voleur n'était pas venu avec un paquet... Il avait fait, ici, ce paquet, avec les objets volés sans doute, et il l'avait déposé dans ce coin, dans le dessein de l'y reprendre au moment de sa fuite ; il avait déposé aussi, à côté de son paquet, ses lourdes chaussures ; car, regardez, aucune trace de pas ne conduit à ces chaussures, et les semelles sont à côté l'une de l'autre, comme des semelles au repos et vides de leurs pieds. Ainsi comprendrait-on que l'assassin, quand il s'enfuit de la « Chambre Jaune », n'a laissé aucune trace de ses pas dans le laboratoire ni dans le vestibule. Après avoir pénétré avec ses chaussures dans la « Chambre Jaune », il les y a défaites, sans doute parce qu'elles le gênaient ou parce qu'il voulait faire le moins de bruit possible. La marque de son passage aller à travers le vestibule et le laboratoire a été effacée par le lavage subséquent du père Jacques, ce qui nous mène à faire entrer l'assassin dans le pavillon par la fenêtre ouverte du vestibule lors de la première absence du père Jacques, avant le lavage qui a eu lieu à cinq heure et demie ! « L'assassin, après qu'il eut défait ses chaussures, qui, certainement le gênaient, les a portées à la main dans le lavatory et les y a déposées du seuil, car, sur la poussière du lavatory, il n'y a pas trace de pieds nus ou enfermés dans des chaussettes, ou encore dans d'autres chaussures . Il a donc déposé ses chaussures à côté de son paquet. Le vol était déjà, à ce moment, accompli. Puis l'homme retourne à la « Chambre Jaune » et s'y glisse alors sous le lit où la trace de son corps est parfaitement visible sur le plancher et même sur la natte qui a été, à cet endroit, légèrement roulée et très froissée. Des brins de paille même, fraîchement arrachés, témoignent également du passage de l'assassin sous le lit... — Oui, oui, cela nous le savons... dit M. de Marquet.

— Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet étonnant gamin de journaliste, n'était point le seul mobile de la venue de l'homme . Ne me dites point qu'il s'y serait aussitôt réfugié en apercevant, par la fenêtre du vestibule, soit le père Jacques, soit M. et Mlle Stangerson s'apprêtant à rentrer dans le pavillon. Il était beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et, caché, d'attendre une occasion de se sauver, si son dessein n'avait été que de fuir. Non ! Non ! Il fallait que l'assassin fût dans la « Chambre Jaune »... Ici, le chef de la Sûreté intervint :

« Ça n'est pas mal du tout, cela, jeune homme ! mes félicitations... et si nous ne savons pas encore comment l'assassin est parti, nous suivons déjà, pas à pas, son entrée ici, et nous voyons ce qu'il y a fait : il a volé. Mais qu'a-t-il donc volé ? — Des choses extrêmement précieuses », répondit le reporter.

À ce moment, nous entendîmes un cri qui partait du laboratoire. Nous nous y précipitâmes, et nous y trouvâmes M. Stangerson qui, les yeux hagards, les membres agités, nous montrait une sorte de meuble-bibliothèque qu'il venait d'ouvrir et qui nous apparut vide. Au même instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui était poussé devant le bureau et gémit :

« Encore une fois, je suis volé... »

Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue :

« Surtout, dit-il, qu'on ne dise pas un mot de ceci à ma fille... Elle serait encore plus peinée que moi... » Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d'une douleur que je n'oublierai jamais : « Qu'importe, après tout... pourvu qu'elle vive ! ...

— Elle vivra ! dit, d'une voix étrangement touchante, Robert Darzac. — Et nous vous retrouverons les objets volés, fit M Dax. Mais qu'y avait-il dans ce meuble ? — Vingt ans de ma vie, répondit sourdement l'illustre professeur, ou plutôt de notre vie, à ma fille et à moi. Oui, nos plus précieux documents, les relations les plus secrètes sur nos expériences et sur nos travaux, depuis vingt ans, étaient enfermés là. C'était une véritable sélection parmi tant de documents dont cette pièce est pleine. C'est une perte irréparable pour nous, et, j'ose dire, pour la science. Toutes les étapes par lesquelles j'ai dû passer pour arriver à la preuve décisive de l'anéantissement de la matière, avaient été, par nous, soigneusement énoncées, étiquetées, annotées, illustrées de photographies et de dessins. Tout cela était rangé là. Le plan de trois nouveaux appareils, l'un pour étudier la déperdition, sous l'influence de la lumière ultra-violette, des corps préalablement électrisés ; l'autre qui devait rendre visible la déperdition électrique sous l'action des particules de matière dissociée contenue dans les gaz des flammes ; un troisième, très ingénieux, nouvel électroscope condensateur différentiel ; tout le recueil de nos courbes traduisant les propriétés fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière pondérable et l'éther impondérable ; vingt ans d'expériences sur la chimie intra-atomique et sur les équilibres ignorés de la matière ; un manuscrit que je voulais faire paraître sous ce titre : Les Métaux qui souffrent . Est-ce que je sais ?est-ce que je sais ? L'homme qui est venu là m'aura tout pris... Ma fille et mon oeuvre... mon coeur et mon âme... Et le grand Stangerson se prit à pleurer comme un enfant.

Nous l'entourions en silence, émus par cette immense détresse. M. Robert Darzac, accoudé au fauteuil où le professeur était écroulé, essayait en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un instant me le rendre sympathique, malgré l'instinctive répulsion que son attitude bizarre et son émoi souvent inexpliqué m'avaient inspirée pour son énigmatique personnage. M Joseph Rouletabille, seul, comme si son précieux temps et sa mission sur la terre ne lui permettaient point de s'appesantir sur la misère humaine, s'était rapproché, fort calme, du meuble vide et, le montrant au chef de la Sûreté, rompait bientôt le religieux silence dont nous honorions le désespoir du grand Stangerson. Il nous donna quelques explications, dont nous n'avions que faire, sur la façon dont il avait été amené à croire à un vol, par la découverte simultanée qu'il avait faite des traces dont j'ai parlé plus haut dans le lavatory, et de la vacuité de ce meuble précieux dans le laboratoire. Il n'avait fait, nous disait-il, que passer dans le laboratoire ; mais la première chose qui l'avait frappé avait été la forme étrange du meuble, sa solidité, sa construction en fer qui le mettait à l'abri d'un accident par la flamme, et le fait qu'un meuble comme celui-ci, destiné à conserver des objets auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de fer, « sa clef ». « On n'a point d'ordinaire un coffre-fort pour le laisser ouvert... » Enfin, cette petite clef, à tête de cuivre, des plus compliquées, avait attiré, paraît-il, l'attention de M. Joseph Rouletabille, alors qu'elle avait endormi la nôtre. Pour nous autres, qui ne sommes point des enfants, la présence d'une clef sur un meuble éveille plutôt une idée de sécurité, mais pour M. Joseph Rouletabille, qui est évidemment un génie —comme dit José Dupuy dans Les cinq cents millions de Gladiator . « Quel génie ! Quel dentiste ! » — la présence d'une clef sur une serrure éveille l'idée du vol. Nous en sûmes bientôt la raison.

Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s'il devait se réjouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à l'instruction ou s'il devait se désoler de ce que ce pas n'eût pas été fait par lui. Notre profession comporte de ces déboires, mais nous n'avons point le droit d'être pusillanime et nous devons fouler aux pieds notre amour-propre quand il s'agit du bien général. Aussi M. de Marquet triompha-t-il de lui-même et trouva- t-il bon de mêler enfin ses compliments à ceux de M Dax, qui, lui, ne les ménageait pas à M. Rouletabille. Le gamin haussa les épaules, disant : « il n'y a pas de quoi ! » Je lui aurais flanqué une gifle avec satisfaction, surtout dans le moment qu'il ajouta : « Vous feriez bien, monsieur, de demander à M. Stangerson qui avait la garde ordinaire de cette clef ?

— Ma fille, répondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait jamais.

— Ah ! mais voilà qui change l'aspect des choses et qui ne correspond plus avec la conception de M. Rouletabille, s'écria M. de Marquet. Si cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson, l'assassin aurait donc attendu Mlle Stangerson cette nuit-là, dans sa chambre, pour lui voler cette clef, et le vol n'aurait eu lieu qu' après l'assassinat ! Mais, après l'assassinat, il y avait quatre personnes dans le laboratoire ! ... Décidément, je n'y comprends plus rien ! ... »

Et M. de Marquet répéta, avec une rage désespérée, qui devait être pour lui le comble de l'ivresse, car je ne sais si j'ai déjà dit qu'il n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il ne comprenait pas : « ... plus rien !

— Le vol, répliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu' avant l'assassinat. C'est indubitable pour la raison que vous croyez et pour d'autres raisons que je crois. Et, quand l'assassin a pénétré dans le pavillon, il était déjà en possession de la clef à tête de cuivre. — Ça n'est pas possible ! fit doucement M. Stangerson.

— C'est si bien possible, monsieur, qu'en voici la preuve. Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numéro de L'Époque daté du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut : « — Il a été perdu hier un réticule de satin noir dans les grands magasins de la Louve. Ce réticule contenait divers objets dont une petite clef à tête de cuivre. Il sera donné une forte récompense à la personne qui l'aura trouvée. Cette personne devra écrire, poste restante, au bureau 40, à cette adresse : M.A. T.H.S.N. » Ces lettres ne désignent-elles point, continua le reporter, Mlle Stangerson ? Cette clef à tête de cuivre n'est-elle point cette clef-ci ? ... Je lis toujours les annonces. Dans mon métier, comme dans le vôtre, monsieur le juge d'instruction, il faut toujours lire les petites annonces personnelles... Ce qu'on y découvre d'intrigues ! ... et de clefs d'intrigues ! Qui ne sont pas toujours à tête de cuivre, et qui n'en sont pas moins intéressantes. Cette annonce, particulièrement, par la sorte de mystère dont la femme qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s'entourait, m'avait frappé. Comme elle tenait à cette clef ! Comme elle promettait une forte récompense ! Et je songeai à ces six lettres : M.A.T.H.S.N. Les quatre premières m'indiquaient tout de suite un prénom.« Évidemment, faisais-je, « Math, Mathilde ... » la personne qui a perdu la clef à tête de cuivre, dans un réticule, s'appelle Mathilde ! ... » Mais je ne pus rien faire des deux dernières lettres. Aussi, rejetant le journal, je m'occupai d'autre chose... Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec d'énormes manchettes annonçant l'assassinat de Mlle MATHILDE STANGERSON, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun effort pour cela, machinalement, les lettres de l'annonce. Intrigué un peu, je demandai le numéro de ce jour-là à l'administration. J'avais oublié les deux dernières lettres : S N. Quand je les revis, je ne pus retenir un cri« Stangerson ! ... » Je sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau 40. Je demandai : « Avez-vous une lettre avec cette adresse : M.A.T.H.S.N ! » L'employé me répondit : « Non ! » Et comme j'insistais, le priant, le suppliant de chercher encore, il me dit : « Ah ! çà, monsieur, c'est une plaisanterie ! ... Oui, j'ai eu une lettre aux initiales M.A.T.H.S.N. ; mais je l'ai donnée, il y a trois jours, à une dame qui me l'a réclamée. Vous venez aujourd'hui me réclamer cette lettre à votre tour. Or, avant-hier, un monsieur, avec la même insistance désobligeante, me la demandait encore ! ... J'en ai assez de cette fumisterie... » Je voulus questionner l'employé sur les deux personnages qui avaient déjà réclamé la lettre, mais, soit qu'il voulût se retrancher derrière le secret professionnel - - il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop dit — soit qu'il fût vraiment excédé d'une plaisanterie possible, il ne me répondit plus... » Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les conclusions qu'il pouvait de cette bizarre histoire de lettre poste restante. De fait, il semblait maintenant qu'on tenait un fil solide par lequel on allait pouvoir suivre cette affaire « insaisissable ». M. Stangerson dit :

« Il est donc à peu près certain que ma fille aura perdu cette clef, qu'elle n'a point voulu m'en parler pour m'éviter toute inquiétude et qu'elle aura prié celui ou celle qui aurait pu l'avoir trouvée d'écrire poste restante. Elle craignait évidemment que, donnant notre adresse, ce fait occasionnât des démarches qui m'auraient appris la perte de la clef. C'est très logique et très naturel. Car j'ai déjà été volé, monsieur ! — Où cela ? Et quand ? demanda le directeur de la Sûreté.

— Oh ! Il y a de nombreuses années, en Amérique, à Philadelphie. On m'a volé dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui eussent pu faire la fortune d'un peuple... Non seulement je n'ai jamais su qui était le voleur, mais je n'ai jamais entendu parler de l'objet du « vol » sans doute parce que, pour déjouer les calculs de celui qui m'avait ainsi pillé, j'ai lancé moi-même dans le domaine public ces deux inventions, rendant inutile le larcin. C'est depuis cette époque que je suis très soupçonneux, que je m'enferme hermétiquement quand je travaille. Tous les barreaux de ces fenêtres, l'isolement de ce pavillon, ce meuble que j'ai fait construire moi-même, cette serrure spéciale, cette clef unique, tout cela est le résultat de mes craintes inspirées par une triste expérience. M. Dax déclara : « Très intéressant ! » et M. Joseph Rouletabille demanda des nouvelles du réticule. Ni M. Stangerson, ni le père Jacques n'avaient, depuis quelques jours, vu le réticule de Mlle Stangerson. Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de la bouche même de Mlle Stangerson, que ce réticule lui avait été volé ou qu'elle l'avait perdu, et que les choses s'étaient passées de la sorte que nous les avaient expliquées son père ; qu'elle était allée, le 23 octobre, au bureau de poste 40, et qu'on lui avait remis une lettre qui n'était, affirma-t-elle, que celle d'un mauvais plaisant. Elle l'avait immédiatement brûlée. Pour en revenir à notre interrogatoire, ou plutôt à notre « conversation », je dois signaler que le chef de la Sûreté, ayant demandé à M. Stangerson dans quelles conditions sa fille était allée à Paris le 20 octobre, jour de la perte du réticule, nous apprîmes ainsi qu'elle s'était rendue dans la capitale, « accompagnée de M. Robert Darzac, que l'on n'avait pas revu au château depuis cet instant jusqu'au lendemain du crime ». Le fait que M. Robert Darzac était aux côtés de Mlle Stangerson, dans les grands magasins de la Louve quand le réticule avait disparu, ne pouvait passer inaperçu et retint, il faut le dire, assez fortement notre attention.

Cette conversation entre magistrats, prévenus, victime, témoins et journaliste allait prendre fin quand se produisit un véritable coup de théâtre ; ce qui n'est jamais pour déplaire à M. de Marquet. Le brigadier de gendarmerie vint nous annoncer que Frédéric Larsan demandait à être introduit, ce qui lui fut immédiatement accordé. Il tenait à la main une grossière paire de chaussures vaseuses qu'il jeta dans le laboratoire. « Voilà, dit-il, les souliers que chaussait l'assassin ! Les reconnaissez-vous, père Jacques ?

Le père Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupéfait, reconnut de vieilles chaussures à lui qu'il avait jetées il y avait déjà un certain temps au rebut, dans un coin du grenier ; il était tellement troublé qu'il dut se moucher pour dissimuler son émotion. Alors, montrant le mouchoir dont se servait le père Jacques, Frédéric Larsan dit :

« Voilà un mouchoir qui ressemble étonnamment à celui qu'on a trouvé dans la « Chambre Jaune ». — Ah ! je l'sais ben, fit le père Jacques en tremblant ; ils sont quasiment pareils. — Enfin, continua Frédéric Larsan, le vieux béret basque trouvé également dans la « Chambre Jaune » aurait pu autrefois coiffer le chef du père Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la Sûreté et monsieur le juge d'instruction, prouve, selon moi — remettez- vous, bonhomme ! fit-il au père Jacques qui défaillait —tout ceci prouve, selon moi, que l'assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité. Il l'a fait d'une façon assez grossière ou du moins qui nous apparaît telle , parce que nous sommes sûrs que l'assassin n'est pas le père Jacques, qui n'a pas quitté M. Stangerson . Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-là, n'ait pas prolongé sa veille ; qu'après avoir quitté sa fille il ait regagné le château ; que Mlle Stangerson ait été assassinée alors qu'il n'y avait plus personne dans le laboratoire et que le père Jacques dormait dans son grenier : il n'aurait fait de doute pour personne que le père Jacques était l'assassin ! Celui-ci ne doit son salut qu'à ce que le drame a éclaté trop tôt, l'assassin ayant cru, sans doute, à cause du silence qui régnait à côté, que le laboratoire était vide et que le moment d'agir était venu. L'homme qui a pu s'introduire si mystérieusement ici et prendre de telles précautions contre le père Jacques était, à n'en pas douter, un familier de la maison. À quelle heure exactement s'est-il introduit ici ? Dans l'après-midi ? Dans la soirée ? Je ne saurais dire... Un être aussi familier des choses et des gens de ce pavillon a dû pénétrer dans la « Chambre Jaune », à son heure.

— Il n'a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le laboratoire ? s'écria M. de Marquet. — Qu'en savons-nous, je vous prie ! répliqua Larsan... Il y a eu le dîner dans le laboratoire, le va-et-vient du service... il y a eu une expérience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze heures, M. Stangerson, sa fille et le père Jacques autour des fourneaux... dans ce coin de la haute cheminée... Qui me dit que l'assassin... un familier ! un familier ! ... n'a pas profité de ce moment pour se glisser dans la « Chambre Jaune », après avoir, dans le lavatory, retiré ses souliers ? — C'est bien improbable ! fit M. Stangerson.

— Sans doute, mais ce n'est pas impossible... Aussi je n'affirme rien. Quant à sa sortie, c'est autre chose ! Comment a-t-il pu s'enfuir ? Le plus naturellement du monde ! Un instant, Frédéric Larsan se tut. Cet instant nous parut bien long. Nous attendions qu'il parlât avec une fièvre bien compréhensible. « Je ne suis pas entré dans la « Chambre Jaune », reprit Frédéric Larsan, mais j'imagine que vous avez acquis la preuve qu'on ne pouvait en sortir que par la porte . C'est par la porte que l'assassin est sorti. Or, puisqu'il est impossible qu'il en soit autrement, c'est que cela est ! Il a commis le crime et il est sorti par la porte ! À quel moment ! Au moment où cela lui a été le plus facile, au moment où cela devient le plus explicable, tellement explicable qu'il ne saurait y avoir d'autre explication. Examinons donc les « moments »qui ont suivi le crime. Il y a le premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la porte, prêts à lui barrer le chemin, M. Stangerson et le père Jacques. Il y a le second moment, pendant lequel, le père Jacques étant un instant absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y a le troisième moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par le concierge. Il y a le quatrième moment, pendant lequel se trouvent devant la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et le père Jacques. Il y a le cinquième moment, pendant lequel la porte est défoncée et la « Chambre Jaune » envahie. Le moment où la fuite est le plus explicable est le moment même où il y a le moins de personnes devant la porte. Il y a un moment où il n'y en a plus qu'une : c'est celui où M. Stangerson reste seul devant la porte. À moins d'admettre la complicité de silence du père Jacques, et je n'y crois pas, car le père Jacques ne serait pas sorti du pavillon pour aller examiner la fenêtre de la « Chambre Jaune », s'il avait vu s'ouvrir la porte et sortir l'assassin. La porte ne s'est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et l'homme est sorti. Ici, nous devons admettre que M. Stangerson avait de puissantes raisons pour ne pas arrêter ou pour ne pas faire arrêter l'assassin, puisqu'il l'a laissé gagner la fenêtre du vestibule et qu'il a refermé cette fenêtre derrière lui ! ... Ceci fait, comme le père Jacques allait rentrer et qu'il fallait qu'il retrouvât les choses en l'état, Mlle Stangerson, horriblement blessée, a trouvé encore la force, sans doute sur les objurgations de son père, de refermer à nouveau la porte de la « Chambre Jaune » à clef et au verrou avant de s'écrouler, mourante, sur le plancher... Nous ne savons qui a commis le crime ; nous ne savons de quel misérable M. et Mlle Stangerson sont les victimes ; mais il n'y a point de doute qu'ils le savent, eux ! Ce secret doit être terrible pour que le père n'ait pas hésité à laisser sa fille agonisante derrière cette porte qu'elle refermait sur elle, terrible pour qu'il ait laissé échapper l'assassin... Mais il n'y a point d'autre façon au monde d'expliquer la fuite de l'assassin de la « Chambre Jaune ! Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse avait quelque chose d'affreux. Nous souffrions tous pour l'illustre professeur, acculé ainsi par l'impitoyable logique de Frédéric Larsan à nous avouer la vérité de son martyre ou à se taire, aveu plus terrible encore. Nous le vîmes se lever, cet homme, véritable statue de la douleur, et étendre la main d'un geste si solennel que nous en courbâmes la tête comme à l'aspect d'une chose sacrée. Il prononça alors ces paroles d'une voix éclatante qui sembla épuiser toutes ses forces : « Je jure, sur la tête de ma fille à l'agonie, que je n'ai point quitté cette porte, de l'instant où j'ai entendu l'appel désespéré de mon enfant, que cette porte ne s'est point ouverte pendant que j'étais seul dans mon laboratoire, et qu'enfin, quand nous pénétrâmes dans la « Chambre Jaune », mes trois domestiques et moi, l'assassin n'y était plus ! Je jure que je ne connais pas l'assassin ! Faut-il que je dise que, malgré la solennité d'un pareil serment, nous ne crûmes guère à la parole de M. Stangerson ? Frédéric Larsan venait de nous faire entrevoir la vérité : ce n'était point pour la perdre de si tôt. Comme M. de Marquet nous annonçait que la « conversation » était terminée et que nous nous apprêtions à quitter le laboratoire, le jeune reporter, ce gamin de Joseph Rouletabille, s'approcha de M. Stangerson, lui prit la main avec le plus grand respect et je l'entendis qui disait : « Moi, je vous crois, monsieur ! J'arrête ici la citation que j'ai cru devoir faire de la narration de M. Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n'ai point besoin de dire au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans le laboratoire me fut fidèlement et aussitôt rapporté par Rouletabille lui-même.

Chapitre 11. Chapter 11. In which Frédéric Larsan explains how the assassin was able to get out of the... Capítulo 11. En el que Frédéric Larsan explica cómo el asesino salió de la... 第11章その中でフレデリック・ラルサンは、殺人犯がどのようにして... Capítulo 11. No qual Frédéric Larsan explica como é que o assassino saiu da... 第 11 章 弗雷德里克·拉桑 (Frédéric Larsan) 解释了刺客是如何逃脱的…… Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la...

Chapitre 11. Chapter 11. Où Frédéric Larsan explique comment l’assassin a pu sortir de la Chambre Jaune. Dans la masse de papiers, documents, mémoires, extraits de journaux, pièces de justice dont je dispose relativement au « Mystère de la Chambre Jaune », se trouve un morceau des plus intéressants. In the mass of papers, documents, memoirs, extracts from newspapers, pieces of justice which I have in relation to the "Mystery of the Yellow Room", is a most interesting piece. Среди доступной мне массы бумаг, документов, воспоминаний, газетных отрывков, судебных документов, касающихся «Тайны Желтой комнаты», есть одна из самых интересных работ. C’est la narration du fameux interrogatoire des intéressés qui eut lieu, cet après-midi-là, dans le laboratoire du professeur Stangerson, devant le chef de la Sûreté. It is the narration of the famous interrogation of those concerned that took place that afternoon in Professor Stangerson's laboratory, in front of the Chief of Security. Cette narration est due à la plume de M. Maleine, le greffier, qui, tout comme le juge d’instruction, faisait, à ses moments perdus, de la littérature. This narration is due to the pen of Mr. Maleine, the clerk, who, like the examining magistrate, was, in his spare time, literature. Esta narração deve-se à pena do senhor Maleine, o escrivão que, como o juiz de instrução, era, nas horas vagas, literato. Ce morceau devait faire partie d’un livre qui n’a jamais paru et qui devait s’intituler : Mes interrogatoires . Этот отрывок должен был стать частью книги, которая так и не вышла и которая должна была быть озаглавлена: «Мои допросы». Il m’a été donné par le greffier lui-même, quelque temps après le « dénouement inouï » de ce procès unique dans les fastes juridiques. Er wurde mir vom Gerichtsschreiber selbst gegeben, einige Zeit nach dem "unerhörten Ausgang" dieses in der juristischen Pracht einzigartigen Prozesses. It was given to me by the clerk himself, some time after the “unprecedented outcome” of this unique trial in the legal literature. Foi-me dado pelo próprio escrivão, algum tempo depois do "resultado incrível" deste julgamento único em esplendor jurídico. Его вручил мне сам клерк через некоторое время после «невероятного исхода» этого уникального судебного разбирательства в юридическом великолепии. Le voici. Ce n’est plus une sèche transcription de demandes et de réponses. Le greffier y relate souvent ses impressions personnelles.

La narration du greffier :

Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d’instruction et moi, nous nous trouvions dans la « Chambre Jaune », avec l’entrepreneur qui avait construit, sur les plans du professeur Stangerson, le pavillon. L’entrepreneur était venu avec un ouvrier. M. de Marquet avait fait nettoyer entièrement les murs, c’est-à-dire qu’il avait fait enlever par l’ouvrier tout le papier qui les décorait. Herr de Marquet hatte die Wände vollständig reinigen lassen, d. h. er hatte den Handwerker alles Papier entfernen lassen, mit dem sie verziert waren. M. de Marquet had the walls completely cleaned, that is to say, he had had the worker remove all the paper which decorated them. Des coups de pioches et de pics, çà et là, nous avaient démontré l’inexistence d’une ouverture quelconque. Picks and picks, here and there, had shown us the inexistence of any opening. Удары кирки и кирки тут и там показали нам отсутствие каких-либо отверстий. Le plancher et le plafond avaient été longuement sondés. The floor and the ceiling had been thoroughly investigated. O chão e o teto foram minuciosamente sondados. Nous n’avions rien découvert. Il n’y avait rien à découvrir. M. de Marquet paraissait enchanté et ne cessait de répéter : M. de Marquet seemed delighted and kept repeating:

« Quelle affaire ! monsieur l’entrepreneur, quelle affaire ! Vous verrez que nous ne saurons jamais comment l’assassin a pu sortir de cette chambre-là ! Tout à coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu’il ne comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir était de chercher à comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie. Plötzlich wollte Herr de Marquet, dessen Gesicht strahlte, weil er nicht verstand, daran denken, dass es seine Pflicht war, zu versuchen, zu verstehen, und er rief den Gendarmeriebrigadier. Suddenly M. de Marquet, his face radiant, because he did not understand, wanted to remember that his duty was to try to understand, and he called the gendarmerie sergeant. Внезапно г-н де Марке с сияющим лицом, потому что он ничего не понимал, захотел вспомнить, что его долг - попытаться понять, и позвал сержанта жандармерии. « Brigadier, fit-il, allez donc au château et priez M. Stangerson et M. Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire, ainsi que le père Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos hommes, les deux concierges. "Brigadier", sagte er, "gehen Sie doch ins Schloss und bitten Sie Herrn Stangerson und Herrn Robert Darzac, zu mir ins Laboratorium zu kommen, ebenso wie Vater Jacques, und lassen Sie mir auch die beiden Hausmeister durch Ihre Leute bringen. «Бригадир, - сказал он, - иди в замок и попроси мсье Стэнджерсона и мсье Роберта Дарзака прийти и присоединиться ко мне в лаборатории, а также к отцу Жаку, и пусть твои люди также приведут ко мне двух консьержей. Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut réuni dans le laboratoire. Через пять минут все собрались в лаборатории. Le chef de la Sûreté, qui venait d’arriver au Glandier, nous rejoignit aussi dans ce moment. J’étais assis au bureau de M. Stangerson, prêt au travail, quand M. de Marquet nous tint ce petit discours, aussi original qu’inattendu : I was sitting at Mr. Stangerson's desk, ready to work, when Mr. de Marquet gave us this little speech, as original as it was unexpected: « Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les interrogatoires ne donnent rien, nous allons abandonner, pour une fois, le vieux système des interrogatoires. "If you wish, gentlemen," he said, "since the interrogations are of no avail, we are going to abandon, for once, the old system of interrogations. Je ne vous ferai point venir devant moi à tour de rôle ; non. Ich werde euch nicht abwechselnd vor mich treten lassen; nein. I will not make you come before me in turn; no. Não quero que você venha antes de mim; não. Nous resterons tous ici : M. Stangerson, M. Robert Darzac, le père Jacques, les deux concierges, M. le chef de la Sûreté, M. le greffier et moi ! Et nous serons là, tous, « au même titre » ; les concierges voudront bien oublier un instant qu’ils sont arrêtés. And we will all be there, "in the same way"; the janitors will forget for a moment that they are arrested. « Nous allons causer ! "We are going to chat!" » Je vous ai fait venir « pour causer ». I brought you in "to chat." Nous sommes sur les lieux du crime ; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas du crime ? Wir sind am Ort des Verbrechens; nun, worüber würden wir reden, wenn wir nicht über das Verbrechen reden würden? We are at the crime scene; well, what would we cause if we did not cause crime? Estamos na cena do crime; bem, o que estaríamos causando se não estivéssemos causando o crime? Мы на месте преступления; ну, что бы мы вызывали, если бы не совершали преступления? Parlons-en donc ! Então vamos conversar sobre isso! Parlons-en ! Avec abondance, avec intelligence, ou avec stupidité. Изобилием, умом или глупостью. Disons tout ce qui nous passera par la tête ! Sagen wir alles, was uns in den Sinn kommt! Parlons sans méthode, puisque la méthode ne nous réussit point. Lassen Sie uns ohne Methode sprechen, da die Methode uns nicht gelingt. J’adresse une fervente prière au dieu hasard, le hasard de nos conceptions ! Ich richte ein inbrünstiges Gebet an den Gott Zufall, den Zufall unserer Entwürfe! I address a fervent prayer to the god chance, the chance of our conceptions! Dirijo uma oração fervorosa ao deus do acaso, o acaso dos nossos projetos! Commençons ! ...

Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, à voix basse : Whereupon, passing in front of me, he said to me, in a low voice:

« Hein ! croyez-vous, quelle scène ! do you believe, what a scene! Auriez-vous imaginé ça, vous ? Would you have imagined that, you? J’en ferai un petit acte pour le Vaudeville. Et il se frottait les mains avec jubilation. And he rubbed his hands jubilantly. И он радостно потер руки.

Je portai les yeux sur M. Stangerson. I looked at Mr. Stangerson. L’espoir que devait faire naître en lui le dernier bulletin des médecins qui avaient déclaré que Mlle Stangerson pourrait survivre à ses blessures, n’avait pas effacé de ce noble visage les marques de la plus grande douleur. Die Hoffnung, die das letzte Bulletin der Ärzte in ihm wecken sollte, die erklärt hatten, dass Miss Stangerson ihre Verletzungen überleben könnte, hatte die Zeichen des größten Schmerzes nicht von diesem edlen Gesicht getilgt. The hope that the last bulletin of doctors who had declared that Miss Stangerson could survive his wounds must have aroused in him had not erased the marks of the greatest pain from this noble face. Cet homme avait cru sa fille morte, et il en était encore tout ravagé. This man had believed his daughter dead, and he was still devastated by it. Este homem acreditava que sua filha estava morta e ainda estava arrasado por isso. Ses yeux bleus si doux et si clairs étaient alors d’une infinie tristesse. J’avais eu l’occasion, plusieurs fois, dans des cérémonies publiques, de voir M. Stangerson. J’avais été, dès l’abord, frappé par son regard, si pur qu’il semblait celui d’un enfant : regard de rêve, regard sublime et immatériel de l’inventeur ou du fou. I had been struck at first by his gaze, so pure that it seemed that of a child: dream gaze, sublime and intangible gaze of the inventor or the madman. Меня с самого начала поразил его взгляд, настолько чистый, что он казался взглядом ребенка: взор сновидения, возвышенный и нематериальный взгляд изобретателя или сумасшедшего. Dans ces cérémonies, derrière lui ou à ses côtés, on voyait toujours sa fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on, partageant les mêmes travaux depuis de longues années. In these ceremonies, behind him or at his side, we always saw his daughter, because they never left each other, it was said, sharing the same work for many years. Cette vierge, qui avait alors trente-cinq ans et qui en paraissait à peine trente, consacrée tout entière à la science, soulevait encore l’admiration par son impériale beauté, restée intacte, sans une ride, victorieuse du temps et de l’amour. Diese Jungfrau, die damals fünfunddreißig Jahre alt war und kaum dreißig aussah, widmete sich ganz der Wissenschaft und erregte noch immer Bewunderung für ihre kaiserliche Schönheit, die unversehrt geblieben war, ohne eine einzige Falte, siegreich über die Zeit und die Liebe. This virgin, who was then thirty-five years old and who seemed barely thirty, devoted entirely to science, still aroused admiration by her imperial beauty, remained intact, without a wrinkle, victorious over time and love. . Essa virgem, que tinha então trinta e cinco anos e parecia ter apenas trinta, devotada inteiramente à ciência, ainda despertava admiração por sua beleza imperial, permaneceu intacta, sem ruga, vitoriosa com o tempo e o amor. Qui m’eût dit alors que je me trouverais, un jour prochain, au chevet de son lit, avec mes paperasses, et que je la verrais, presque expirante, nous raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus mystérieux attentat que j’ai ouï de ma carrière ? Wer hätte mir damals sagen können, dass ich eines Tages mit meinen Papieren an ihrem Bett stehen würde und sehen würde, wie sie, fast sterbend, uns mühsam den ungeheuerlichsten und geheimnisvollsten Mordanschlag, von dem ich in meiner Laufbahn gehört habe, erzählen würde? Who would have told me then that I would find myself, one day soon, at the bedside of her bed, with my paperwork, and that I would see her, almost expiring, telling us, with effort, the most monstrous and the most mysterious attack that I have ever seen. heard of my career? ¿Quién me iba a decir entonces que un día no muy lejano me encontraría junto a su cama, con mis papeles, y que la vería, casi expirando, contándonos, con gran esfuerzo, el ataque más monstruoso y misterioso del que he tenido noticia en mi carrera? Кто бы тогда сказал мне, что однажды я окажусь у ее постели с моими документами и увижу ее, почти умирающую, с усилием рассказывающую нам о самом чудовищном и загадочном. нападение, которое я когда-либо видел. слышал о моей карьере? Qui m’eût dit que je me trouverais, comme cet après-midi-là, en face d’un père désespéré cherchant en vain à s’expliquer comment l’assassin de sa fille avait pu lui échapper ? À quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la retraite obscure des bois, s’il ne vous garantit point de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, réservées d’ordinaire à ceux d’entre les hommes qui fréquentent les passions de la ville ? Was nützt die stille Arbeit in den dunklen Wäldern, wenn sie einen nicht vor den großen Katastrophen des Lebens und des Todes bewahrt, die gewöhnlich denjenigen unter den Menschen vorbehalten sind, die sich in den Leidenschaften der Stadt tummeln? What then is the use of silent work, at the bottom of the obscure retreat of the woods, if it does not guarantee you from these great catastrophes of life and death, usually reserved for those of the men who frequent the passions of the city? Какая польза от тихой работы на дне темного уединения в лесу, если она не гарантирует вам от тех великих катастроф жизни и смерти, обычно предназначенных для людей, которые часто посещают городские страсти? « Voyons ! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu d’importance ; placez-vous exactement à l’endroit où vous étiez quand Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre. M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la porte de la « Chambre Jaune », il dit d’une voix sans accent, sans couleur, d’une voix que je qualifierai de morte : Мистер Стэнджерсон встал и, стоя в двух футах от двери «Желтой комнаты», сказал голосом без акцента, без цвета, голосом, который я бы назвал мертвым: « Je me trouvais ici. "Я был тут. Vers onze heures, après avoir procédé, sur les fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie, j’avais fait glisser mon bureau jusqu’ici, car le père Jacques, qui passa la soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute la place qui se trouvait derrière moi. Around eleven o'clock, after having carried out a short chemistry experiment on the laboratory furnaces, I had dragged my desk so far, because Father Jacques, who spent the evening cleaning some of my devices, needed all the space behind me. Ma fille travaillait au même bureau que moi. Quand elle se leva, après m’avoir embrassé et souhaité le bonsoir au père Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte. When she got up, after kissing me goodnight and wishing Father Jacques well, she had to squeeze between my desk and the door to get into her room. Quando ela se levantou, depois de me beijar e desejar boa noite ao padre Jacques, para entrar em seu quarto, teve que deslizar com dificuldade entre o meu escritório e a porta. Когда она встала, поцеловав меня и пожелав отцу Жаку доброго вечера, чтобы войти в ее комнату, ей пришлось довольно с трудом проскользнуть между моим кабинетом и дверью. C’est vous dire que j’étais bien près du lieu où le crime allait se commettre. This tells you that I was very close to the place where the crime was going to be committed. — Et ce bureau ? - And this office? interrompis-je, obéissant, en me mêlant à cette « conversation », aux désirs exprimés par mon chef, ... et ce bureau, aussitôt que vous eûtes, monsieur Stangerson, entendu crier : « À l’assassin ! ... und dieses Büro, sobald Sie, Herr Stangerson, den Ruf "Auf den Mörder! I interrupted, obeying, mingling with this "conversation", with the wishes expressed by my chief, ... and this office, as soon as you were, Mr. Stangerson, heard shouting: "To the assassin!" Interrumpí, obedeciendo los deseos de mi jefe al unirme a esta "conversación", ... y esta oficina, tan pronto como usted, Sr. Stangerson, oyó el grito de "¡Asesinato! Interrompi obedientemente, entrando nesta "conversa", os desejos expressos pelo meu patrão, ... e neste gabinete, assim que o senhor Stangerson ouviu gritar: "Assassino! Я послушно прервал этот «разговор», присоединившись к этому «разговору», пожеланиям моего босса ... и этому офису, как только вы, мистер Стэнджерсон, услышали крик: «Убийца! » et qu’eurent éclaté les coups de revolver... ce bureau, qu’est-il devenu ? "Was ist aus dem Büro geworden? "And that the revolver shots had burst ... this office, what has become of it? E o que aconteceu com os tiros ... o que aconteceu com este escritório? А что случилось со выстрелами ... что стало с этим офисом? Le père Jacques répondit : Father James replied:

« Nous l’avons rejeté contre le mur, ici, à peu près où il est en ce moment, pour pouvoir nous précipiter à l’aise sur la porte, m’sieur le greffier... » "Wir haben ihn hier an die Wand geworfen, ungefähr da, wo er jetzt ist, damit wir bequem auf die Tür zustürmen können, Herr Schreiber ..." "We threw him against the wall here, roughly where he is at the moment, so that we could rush to the door, mister the clerk ..." «Мы отбросили его к стене, здесь, примерно там, где он сейчас, чтобы мы могли спокойно броситься к двери, м-сье клерк ...» Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n’attachais qu’une importance de faible hypothèse : Ich folgte meiner Argumentation, der ich im Übrigen nur eine geringe hypothetische Bedeutung beimaß: I followed my reasoning, to which, moreover, I attached only slight importance to hypothesis: Segui meu raciocínio, ao qual, além disso, atribuí apenas uma ligeira importância à hipótese: « Le bureau était si près de la chambre qu’un homme, sortant, courbé, de la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu passer inaperçu ? "The desk was so close to the bedroom that a man, stooping out of the bedroom and slipping under the desk, could have passed unnoticed? — Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec lassitude, que ma fille avait fermé sa porte à clef et au verrou, que la porte est restée fermée , que nous sommes restés à lutter contre cette porte dès l’instant où l’assassinat commençait, que nous étions déjà sur la porte alors que la lutte de l’assassin et de ma pauvre enfant continuait, que les bruits de cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions râler ma malheureuse fille sous l’étreinte des doigts dont son cou a conservé la marque sanglante . - Sie vergessen immer", unterbrach Herr Stangerson müde, "dass meine Tochter die Tür abgeschlossen und verriegelt hatte, dass die Tür geschlossen blieb, dass wir, als der Mord begann, gegen die Tür ankämpften, dass wir bereits auf der Tür waren, als der Kampf zwischen dem Mörder und meinem armen Kind weiterging, dass die Geräusche dieses Kampfes noch zu uns drangen und wir meine unglückliche Tochter unter der Umklammerung der Finger röcheln hörten, deren blutige Spuren an ihrem Hals geblieben sind. - You keep forgetting," interrupted Mr. Stangerson, wearily, "that my daughter had locked her door, that the door remained closed, that we were left struggling against the door from the moment the murder began, that we were already on the door as the struggle between the murderer and my poor child continued, that the sounds of this struggle were still reaching us and that we could hear my unfortunate daughter grumbling under the embrace of the fingers whose bloody marks remain on her neck. `` Você sempre esquece '' interrompeu o Sr. Stangerson, cansado, `` que minha filha havia trancado sua porta com uma chave e um ferrolho, que a porta permaneceu trancada, que permanecemos lutando contra aquela porta desde o momento em que o assassinato começou, que já estávamos à porta enquanto a luta do assassino e da minha pobre criança continuava, que os sons desta luta ainda nos alcançavam e que ouvíamos a minha filha infeliz gemendo sob o abraço dos dedos dos quais seu pescoço retinha a marca de sangue . - Вы всегда забываете, - устало прервал мистер Стэнджерсон, - что моя дочь заперла дверь на ключ и засов, что дверь оставалась запертой, что мы продолжали бороться против этой двери с момента убийства. ... началось, что мы уже были у дверей, поскольку борьба убийцы и моего бедного ребенка продолжалась, что звуки этой борьбы все еще доходили до нас и что мы могли слышать мою несчастную дочь, стонущую под объятиями пальцев, из которых ее шея сохранил кровавый след. Si rapide qu’ait été l’attaque, nous avons été aussi rapides qu’elle et nous nous sommes trouvés immédiatement derrière cette porte qui nous séparait du drame. So schnell der Angriff auch war, wir waren genauso schnell wie er und befanden uns sofort hinter der Tür, die uns von dem Drama trennte. As fast as the attack was, we were as fast as it was and we were immediately behind this door that separated us from the drama. Какой бы быстрой ни была атака, мы были так же быстры, как и она, и сразу оказались за той дверью, которая отделяла нас от драмы. Je me levai et allai à la porte que j’examinai à nouveau avec le plus grand soin. I got up and went to the door, which I examined again with the greatest care. Puis je me relevai et fis un geste de découragement. Then I got up and made a gesture of discouragement.

« Imaginez, dis-je, que le panneau inférieur de cette porte ait pu être ouvert sans que la porte ait été dans la nécessité de s’ouvrir , et le problème serait résolu ! "Stellen Sie sich vor", sagte ich, "das untere Türblatt hätte geöffnet werden können, ohne dass die Tür sich hätte öffnen müssen, und das Problem wäre gelöst! "Imagine," I said, "that the lower panel of this door could have been opened without the door having had to be opened, and the problem would be solved!" “Imagine”, eu disse, “que o painel inferior desta porta pudesse ser aberto sem que a porta tivesse que ser aberta, e o problema estaria resolvido! Mais, malheureusement, cette dernière hypothèse est inadmissible, après l’examen de la porte. But, unfortunately, this last hypothesis is inadmissible after examining the door. C’est une solide et épaisse porte de chêne constituée de telle sorte qu’elle forme un bloc inséparable... C’est très visible, malgré les dégâts qui ont été causés par ceux qui l’ont enfoncée... It is a solid and thick oak door formed so that it forms an inseparable block ... It is very visible, despite the damage that has been caused by those who knocked it down ... É uma porta de carvalho maciça e grossa feita de tal forma que forma um bloco inseparável ... É muito visível, apesar dos estragos que foram causados por quem a quebrou ... Это массивная и толстая дубовая дверь, выполненная таким образом, что образует неразрывный блок ... Она хорошо видна, несмотря на повреждения, нанесенные ее разбившими ... — Oh ! fit le père Jacques... c’est une vieille et solide porte du château qu’on a transportée ici... une porte comme on n’en fait plus maintenant. said Father Jacques ... it's an old and solid door of the castle that we transported here ... a door like we don't do anymore. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir raison, à quatre... car la concierge s’y était mise aussi, comme une brave femme qu’elle est, m’sieur l’juge ! Die Hausmeisterin hatte sich auch daran beteiligt, wie eine gute Frau, die sie ist, Herr Richter! We needed this iron bar to be right, four ... because the concierge was there too, like a good woman she is, my judge! Precisávamos que essa barra de ferro estivesse certa, quatro de nós ... porque a portaria também tinha começado a fazer isso, como uma mulher valente que ela é, m'sieur l'juge! C’est tout de même malheureux de les voir en prison, à c’t’heure ! It is still unfortunate to see them in prison, right now! Le père Jacques n’eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et de protestation que les pleurs et les jérémiades des deux concierges recommencèrent. Father Jacques would not rather have uttered this phrase of pity and protest than the weeping and whining of the two janitors began again. Apenas el padre Jacques pronunció esta frase de piedad y protesta, comenzaron de nuevo los llantos y quejidos de los dos conserjes. Je n’ai jamais vu de prévenus aussi larmoyants. I have never seen such tearful defendants. J’en étais profondément dégoûté[1]. Ich war zutiefst angewidert[1]. I was deeply disgusted with it [1]. Même en admettant leur innocence, je ne comprenais pas que deux êtres pussent à ce point manquer de caractère devant le malheur. Selbst wenn ich ihre Unschuld zugab, konnte ich nicht verstehen, wie zwei Menschen im Angesicht des Unglücks so charakterlos sein konnten. Even admitting their innocence, I did not understand that two beings could be so lacking in character in the face of misfortune. Incluso admitiendo su inocencia, no podía entender cómo dos personas podían estar tan fuera de carácter ante la desgracia. Une nette attitude, dans de pareils moments, vaut mieux que toutes les larmes et que tous les désespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et hypocrites. Eine klare Haltung in solchen Momenten ist besser als alle Tränen und alle Verzweiflung, die meist nur vorgetäuscht und heuchlerisch sind. A clear attitude, in such moments, is better than all tears and all despair, which, most often, are feigned and hypocritical. Ясное отношение в такие моменты лучше, чем все слезы и все отчаяние, которые чаще всего являются притворными и лицемерными.

« Eh ! s’écria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler comme ça ! - снова воскликнул г-н де Марке, хватит такого визга! et dites-nous, dans votre intérêt, ce que vous faisiez, à l’heure où l’on assassinait votre maîtresse, sous les fenêtres du pavillon ! and tell us, in your interest, what you were doing, at the time when your mistress was assassinated, under the windows of the pavilion! Car vous étiez tout près du pavillon quand le père Jacques vous a rencontrés... Because you were very close to the pavilion when Father Jacques met you ... Потому что вы были очень близко к павильону, когда вас встретил отец Жак ...

— Nous venions au secours ! - We were coming to the rescue! » gémirent-ils. They groan.

Et la femme, entre deux hoquets, glapit : And the woman, between gasps, yelped:

« Ah ! si nous le tenions, l’assassin, nous lui ferions passer le goût du pain ! wenn wir ihn, den Mörder, festhalten würden, würden wir ihm den Geschmack des Brotes austreiben! if we held him, the assassin, we would make him taste the bread! ¡si lo retuviéramos, al asesino, le haríamos perder el gusto por el pan! ... »

Et nous ne pûmes, une fois de plus, leur tirer deux phrases sensées de suite. And we could not, once again, draw two sensible sentences from them. E não poderíamos, mais uma vez, conseguir duas frases sensatas seguidas. Ils continuèrent de nier avec acharnement, d’attester le bon Dieu et tous les saints qu’ils étaient dans leur lit quand ils avaient entendu un coup de revolver. They continued to deny fiercely, to testify to the good Lord and all the saints that they were in their bed when they heard a revolver shot. Eles continuaram a negar veementemente, para atestar ao bom Deus e a todos os santos que eles estavam em sua cama quando ouviram um tiro. « Ce n’est pas un, mais deux coups qui ont été tirés. “It was not one, but two shots that were fired. Vous voyez bien que vous mentez. You can see that you are lying. Si vous avez entendu l’un, vous devez avoir entendu l’autre ! If you heard one, you must have heard the other! — Mon Dieu ! m’sieur le juge, nous n’avons entendu que le second. Судите сами, мы слышали только второе. Nous dormions encore bien sûr quand on a tiré le premier...

— Pour ça, on en a tiré deux ! fit le père Jacques. Je suis sûr, moi, que toutes les cartouches de mon revolver étaient intactes ; nous avons retrouvé deux cartouches brûlées, deux balles, et nous avons entendu deux coups de revolver, derrière la porte. N’est-ce pas, monsieur Stangerson ? — Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd d’abord, puis un coup éclatant. "Yes," said the professor, "two revolver shots, a deaf shot first, then a brilliant shot. - Sí -dijo el profesor-, dos disparos del revólver, primero un disparo sordo y luego uno fuerte. — Pourquoi continuez-vous à mentir ? s’écria M. de Marquet, se retournant vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bête que vous ! Tout prouve que vous étiez dehors, près du pavillon, au moment du drame. Qu’y faisiez-vous ? Was haben Sie dort gemacht? Vous ne voulez pas le dire ? Votre silence atteste votre complicité ! Et, quant à moi, fit-il, en se tournant vers M. Stangerson... quant à moi, je ne puis m’expliquer la fuite de l’assassin que par l’aide apportée par ces deux complices. And, as for me, he said, turning to Mr. Stangerson ... as for me, I can only explain the flight of the murderer by the help brought by these two accomplices. Aussitôt que la porte a été défoncée, pendant que vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez de votre malheureuse enfant, le concierge et sa femme facilitaient la fuite du misérable qui se glissait derrière eux, parvenait jusqu’à la fenêtre du vestibule et sautait dans le parc. As soon as the door was knocked down, while you, Mr. Stangerson, took care of your unhappy child, the concierge and his wife facilitated the escape of the wretch who crept behind them, reached the vestibule window and jumped in. the park. Le concierge refermait la fenêtre et les volets derrière lui. Car, enfin, ces volets ne se sont pas fermés tout seuls ! Because, finally, these shutters did not close by themselves! Voilà ce que j’ai trouvé... Si quelqu’un a imaginé autre chose, qu’il le dise ! Вот что я обнаружил ... Если кто-то придумал что-нибудь еще, пусть скажет! ...

M. Stangerson intervint :

« C’est impossible ! Je ne crois pas à la culpabilité ni à la complicité de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce qu’ils faisaient dans le parc à cette heure avancée de la nuit. Je dis : c’est impossible ! parce que la concierge tenait la lampe et n’a pas bougé du seuil de la chambre ; parce que, moi, sitôt la porte défoncée, je me mis à genoux près du corps de mon enfant, et qu’il était impossible que l’on sortît ou que l’on entrât de cette chambre par cette porte sans enjamber le corps de ma fille et sans me bousculer, moi ! because the concierge was holding the lamp and did not move from the threshold of the room; because, as soon as the door was smashed down, I knelt next to my child's body, and it was impossible for anyone to leave or enter this room through this door without stepping over the body of my daughter and without rushing me! porque o porteiro segurou a lâmpada e não se moveu da soleira da sala; porque assim que a porta foi arrombada ajoelhei-me ao lado do corpo do meu filho, e era impossível alguém sair ou entrar nesta sala por esta porta sem passar por cima do corpo do meu filho, minha filha e sem me empurrar! потому что консьерж держал лампу и не отходил от порога комнаты; потому что, как только дверь была взломана, я опустился на колени возле тела моего ребенка, и никто не мог выйти или войти в эту комнату через эту дверь, не переступив через тело моего ребенка, моей дочери и не толкнув меня! C’est impossible, parce que le père Jacques et le concierge n’ont eu qu’à jeter un regard dans cette chambre et sous le lit, comme je l’ai fait en entrant, pour voir qu’il n’y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille à l’agonie. — Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n’avez encore rien dit ? » demanda le juge.

M. Darzac répondit qu’il ne pensait rien. « Et vous, monsieur le chef de la Sûreté ? M. Dax, le chef de la Sûreté, avait jusqu’alors uniquement écouté et examiné les lieux. Mr. Dax, the head of the Sûreté, had so far only listened and examined the site. Il daigna enfin desserrer les dents : He finally deigned to loosen his teeth: Наконец он соизволил ослабить зубы:

« Il faudrait, en attendant que l’on trouve le criminel, découvrir le mobile du crime. "Bis man den Verbrecher gefunden hat, sollte man das Motiv für das Verbrechen herausfinden. “While waiting for the criminal to be found, the motive for the crime should be discovered. Cela nous avancerait un peu, fit-il. - Это нам немного поможет, - сказал он.

— Monsieur le chef de la Sûreté, le crime apparaît bassement passionnel, répliqua M. de Marquet. - Monsieur le chef de la Sûreté, el crimen parece ser puramente pasional -respondió M. de Marquet. "Monsieur le chef de la Sûreté, o crime parece ser vilmente passional", respondeu o Sr. de Marquet. «Господин шеф-повар де ла Сэрет, преступление, похоже, носит подлую страсть», - ответил г-н де Марке. Les traces laissées par l’assassin, le mouchoir grossier et le béret ignoble nous portent à croire que l’assassin n’appartenait point à une classe de la société très élevée. Die Spuren, die der Mörder hinterließ, das grobe Taschentuch und die schändliche Baskenmütze lassen darauf schließen, dass der Mörder nicht aus einer sehr hohen Gesellschaftsschicht stammte. Os rastros deixados pelo assassino, o lenço grosseiro e a boina ignóbil levam-nos a crer que o assassino não pertencia a uma classe muito alta da sociedade. Les concierges pourraient peut-être nous renseigner là dessus... » The concierges could perhaps inform us on that ... " Возможно, консьержи дадут нам информацию по этому поводу ... "

Le chef de la Sûreté continua, se tournant vers M. Stangerson et sur ce ton froid qui est la marque, selon moi, des solides intelligences et des caractères fortement trempés. O Chefe de Segurança continuou, voltando-se para o Sr. Stangerson e naquele tom frio que é a marca, a meu ver, de fortes inteligências e fortes personagens. Начальник службы безопасности продолжил, обращаясь к мистеру Стэнджерсону тем холодным тоном, который, по моему мнению, является признаком сильного ума и сильных характеров.

« Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier ? Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.

« Avec mon ami que j’eusse été heureux d’appeler mon fils... avec M. Robert Darzac... "With my friend whom I would have been happy to call my son ... with M. Robert Darzac ... "Com meu amigo a quem eu teria prazer em chamar de meu filho ... com M. Robert Darzac ... «С моим другом, которого я был бы счастлив назвать своим сыном ... с господином Робертом Дарзаком ... — Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de ses blessures. - Miss Stangerson geht es viel besser und sie wird sich schnell von ihren Verletzungen erholen. - Miss Stangerson is much better and will recover quickly from her injuries. - Мисс Стэнджерсон намного лучше, и она быстро оправится от травм. C’est un mariage simplement retardé, n’est-ce pas, monsieur ? insista le chef de la Sûreté. insisted the Chief of Security.

— Je l’espère. — Comment ! Vous n’en êtes pas sûr ? M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agité, ce que je vis à un tremblement de sa main sur sa chaîne de montre, car rien ne m’échappe. Mr. Robert Darzac seemed agitated, which I saw in a tremor of his hand on his watch chain, because nothing escapes me. Г-н Роберт Дарзак казался взволнованным, что я видел по дрожанию его руки на цепочке от часов, потому что ничто не ускользало от меня. M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il était embarrassé. M. Dax coughed as M. de Marquet did when he was embarrassed. O Sr. Dax tossiu como o Sr. de Marquet quando ficava constrangido. Г-н Дакс кашлянул, как г-н де Марке, когда ему было неловко.

« Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une affaire aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger ; que nous devons tout savoir, même la plus petite, la plus futile chose se rapportant à la victime... le renseignement, en apparence, le plus insignifiant... Qu’est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la quasi-certitude, où nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson vivra, ce mariage pourra ne pas avoir lieu ? “You will understand, Mr. Stangerson,” he said, “that in such a muddled affair we cannot neglect anything; that we must know everything, even the smallest, the most trivial thing relating to the victim ... the apparently most insignificant information ... What then made you believe that, in the almost certain, where we are now, that Miss Stangerson will live, this marriage may not take place? «Вы поймете, мистер Стэнджерсон, - сказал он, - что в таком запутанном деле мы не можем ничем пренебрегать; что мы должны знать все, даже самое маленькое, самое тривиальное, что касается жертвы ... очевидно, самая незначительная информация ... Что тогда заставило вас поверить, что почти наверняка, где мы сейчас находимся, что мисс Стэнджерсон будет живи, этот брак может не состояться? Vous avez dit : « j’espère. You said: "I hope so. » Cette espérance m’apparaît comme un doute. Pourquoi doutez-vous ? M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même : Mr. Stangerson made a visible effort on himself:

« Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l’importance si je vous la cachais. It is better that you know something that would seem to matter if I hid it from you. Há uma coisa que é melhor você saber que pareceria importar se eu escondesse de você. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis. Besides, Mr. Robert Darzac will be of my opinion. Более того, мистер Роберт Дарзак будет придерживаться моего мнения. M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait anormale, fit signe qu’il était de l’avis du professeur. M. Darzac, whose pallor, at that moment, seemed to me completely abnormal, made a sign that he was of the opinion of the professor. M. Darzac, cuja palidez naquele momento me parecia bastante anormal, fez sinal de que concordava com o professor. Г-н Дарзак, чья бледность в тот момент показалась мне совершенно ненормальной, дал знак, что он согласен с профессором. Pour moi, si M. Darzac ne répondait que par signe, c’est qu’il était incapable de prononcer un mot. « Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M. Stangerson, que ma fille avait juré de ne jamais me quitter et tenait son serment malgré toutes mes prières, car j’essayai plusieurs fois de la décider au mariage, comme c’était mon devoir. "Ich habe mehrmals versucht, sie zur Heirat zu bewegen, wie es meine Pflicht war. "Know then, Mr. Chief of Security, continued Mr. Stangerson, that my daughter had sworn never to leave me and kept her oath despite all my prayers, because I tried several times to decide her at marriage, as it was my duty. Nous connûmes M. Robert Darzac de longues années. We knew Mr. Robert Darzac for many years. Мы знаем М. Роберта Дарзака много лет. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu’il en était aimé, puisque j’eus la joie récente d’apprendre de la bouche même de ma fille qu’elle consentait enfin à un mariage que j’appelais de tous mes voeux. I could believe, for a moment, that he was loved by it, since I had the recent joy of learning from my daughter's own mouth that she was finally consenting to a marriage that I very much called for. На мгновение я мог поверить, что он полюбил его, потому что недавно я испытал радость, узнав из самых уст моей дочери, что она наконец соглашается на брак, на который я надеялся. Je suis d’un grand âge, monsieur, et ce fut une heure bénie que celle où je connus enfin qu’après moi Mlle Stangerson aurait à ses côtés, pour l’aimer et continuer nos travaux communs, un être que j’aime et que j’estime pour son grand coeur et pour sa science. I am of a great age, sir, and it was a blessed hour when I finally knew that after me Miss Stangerson would have by her side, to love her and continue our common works, a being whom I love and that I esteem for his big heart and for his science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m’a déclaré qu’elle n’épouserait pas M. Robert Darzac. Итак, господин шеф-повар де ла Сэрете, за два дня до преступления, я не знаю, на что она ответила, моя дочь сказала мне, что не выйдет замуж за мистера Роберта Дарзака. Il y eut ici un silence pesant. There was a heavy silence here. La minute était grave. The minute was serious. M Dax reprit : M Dax continued:

« Et Mlle Stangerson ne vous a donné aucune explication, ne vous a point dit pour quel motif ? "И мисс Стэнджерсон не дала вам никаких объяснений, не сказала вам, по какой причине?" ...

— Elle m’a dit qu’elle était trop vieille maintenant pour se marier... qu’elle avait attendu trop longtemps... qu’elle avait bien réfléchi... qu’elle estimait et même qu’elle aimait M. Robert Darzac... mais qu’il valait mieux que les choses en restassent là... que l’on continuerait le passé... qu’elle serait heureuse même de voir les liens de pure amitié qui nous attachaient à M. Robert Darzac nous unir d’une façon encore plus étroite, mais qu’il fût bien entendu qu’on ne lui parlerait jamais plus de mariage. - She told me she was too old now to get married... that she had waited too long... that she had thought things through... that she esteemed and even loved Mr. Robert Darzac... but that it was better to leave things as they were.... that we would continue with the past... that she would even be happy to see the bonds of pure friendship that attached us to Mr. Robert Darzac unite us even more closely, but that it was clearly understood that we would never speak to her of marriage again. - Me dijo que era demasiado mayor para casarse ahora... que había esperado demasiado... que había pensado bien las cosas... que valoraba e incluso amaba al señor Robert Darzac... pero que era mejor dejar las cosas como estaban.... que seguiríamos con el pasado... que incluso se alegraría de que los lazos de pura amistad que nos unían al señor Robert Darzac nos unieran aún más, pero que quedaba bien claro que no volveríamos a hablarle de matrimonio. - Ela me disse que já estava muito velha para se casar ... que havia esperado muito ... que havia pensado bem ... que estimava e até amava o Sr. Robert Darzac ... mas foi melhor que as coisas parem por aí ... que continuemos o passado ... que ela ficaria feliz mesmo em ver os laços de pura amizade que nos uniam a M. Robert Darzac nos unirem ainda mais, mas que fique claro que o faríamos nunca mais fale com ele sobre casamento. — Voilà qui est étrange ! - Это странно! murmura M Dax.

— Étrange »,répéta M. de Marquet.

M. Stangerson, avec un pâle et glacé sourire, dit : Mr. Stangerson, with a pale, icy smile, said:

« Ce n’est point de ce côté, monsieur, que vous trouverez le mobile du crime. "Es ist nicht diese Seite, Sir, auf der Sie das Motiv für das Verbrechen finden werden. "It is not on this side, sir, that you will find the motive for the crime." "Não é deste lado, senhor, que o senhor encontrará o motivo do crime. M Dax :

« En tout cas, fit-il d’une voix impatiente, le mobile n’est pas le vol ! "In any case," he said impatiently, "the mobile is not theft!" “De qualquer forma”, disse ele, impaciente, “o motivo não é o roubo! — Oh ! nous en sommes sûrs ! », s’écria le juge d’instruction. À ce moment la porte du laboratoire s’ouvrit et le brigadier de gendarmerie apporta une carte au juge d’instruction. Nesse momento a porta do laboratório se abriu e o sargento da gendarmaria trouxe um cartão ao juiz de instrução. M. de Marquet lut et poussa une sourde exclamation ;puis : M. de Marquet read and uttered a low exclamation; then:

« Ah ! voilà qui est trop fort !

— Qu’est-ce ? demanda le chef de la Sûreté.

— La carte d’un petit reporter de L’Époque , M. Joseph Rouletabille, et ces mots : « L’un des mobiles du crime a été le vol ! - The card of a small reporter from L'Époque, Mr. Joseph Rouletabille, and these words: “One of the motives for the crime was theft! - O cartão de um pequeno repórter do L'Époque, Sr. Joseph Rouletabille, e estas palavras: “Um dos motivos do crime foi o furto! Le chef de la Sûreté sourit :

« Ah ! Ah ! le jeune Rouletabille... j’en ai déjà entendu parler... il passe pour ingénieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge d’instruction. молодой Рультабий ... Я уже слышал о нем ... он слывет изобретательным ... Пусть войдет, господин le Juge d'Instruction. Et l’on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J’avais fait sa connaissance dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à Épinay-sur-Orge. Я встретил его в поезде, который в то утро доставил нас в Эпине-сюр-Орж. Il s’était introduit, presque malgré moi, dans notre compartiment et j’aime mieux dire tout de suite que ses manières et sa désinvolture, et la prétention qu’il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une affaire où la justice ne comprenait rien, me l’avaient fait prendre en grippe. He had introduced himself, almost in spite of me, into our compartment and I prefer to say right away that his manners and his casualness, and the pretension that he seemed to have understood something in a case where justice understood nothing , made me take the flu. Ele havia se esgueirado para dentro do nosso compartimento, quase sem querer, e eu prefiro dizer isso imediatamente do que seus modos e sua petulância, e a pretensão que ele parecia ter de entender algo em um caso em que a justiça não entendia nada, me fez controlar a gripe. Он пробрался в наше купе почти вопреки мне, и я предпочитаю сказать это сразу, чем его манеры, легкомыслие и претензия, что он, казалось, что-то понимает в случае, когда правосудие ничего не понимает, заставили меня подержать грипп. Je n’aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et entreprenants qu’il faut fuir comme la peste. They are rough and enterprising spirits that we must flee like the plague. Eles são mentes confusas e empreendedoras que devem ser evitadas como uma praga. Cette sorte de gens se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est tout de suite débordé et il n’est point d’ennuis que l’on ne doive redouter. Wenn man das Pech hatte, ihnen irgendetwas zuzugestehen und sie an sich herankommen zu lassen, ist man sofort überfordert und es gibt keinen Ärger, den man nicht fürchten müsste. When we have had the misfortune to grant them anything and to allow themselves to be approached by them, we are immediately overwhelmed and there is no trouble that we should not fear. Quando você teve a infelicidade de conceder-lhes qualquer coisa e se deixou ser abordado por eles, você é imediatamente oprimido e não há problemas dos quais não deva temer. Когда вы имели несчастье предоставить им что-либо и позволить им приблизиться к себе, вы сразу же поражены, и нет никаких неприятностей, которых вы не должны бояться. Celui-ci paraissait une vingtaine d’années à peine, et le toupet avec lequel il avait osé nous interroger et discuter avec nous me l’avait rendu particulièrement odieux. Er schien kaum älter als 20 Jahre zu sein, und die Unverfrorenheit, mit der er es gewagt hatte, uns zu befragen und mit uns zu diskutieren, machte ihn für mich besonders unausstehlich. This one seemed barely twenty years old, and the toupee with which he had dared to question and discuss with us had made me particularly odious. Parecía tener poco más de veinte años, y la desfachatez con la que se había atrevido a interrogarnos y discutir con nosotros le había hecho especialmente odioso. Ele mal parecia ter vinte anos, e a bochecha com que ousara nos questionar e discutir conosco o tornara particularmente odioso. Он выглядел едва ли на двадцать лет, и щека, с которой он осмеливался задавать нам вопросы и обсуждать с нами, делала его особенно одиозным. Du reste, il avait une façon de s’exprimer qui attestait qu’il se moquait outrageusement de nous. Besides, he had a way of expressing himself that showed he was laughing at us. Je sais bien que le journal L’Époque est un organe influent avec lequel il faut savoir « composer », mais encore ce journal ferait bien de ne point prendre ses rédacteurs à la mamelle. I know very well that the newspaper L'Époque is an influential body with which you have to know how to "compose", but still this newspaper would do well not to take its editors to the breast. Sei muito bem que o jornal L'Époque é um órgão influente com o qual é preciso saber "compor", mas novamente este jornal faria bem em não pegar no peito os seus editores. M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua et attendit que M. de Marquet lui demandât de s’expliquer. « Vous prétendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le mobile du crime, et que ce mobile, contre toute évidence, serait le vol ? "You claim, sir," said the latter, "that you know the motive for the crime, and that this motive, against all evidence, would be theft?"

— Non, monsieur le juge d’instruction, je n’ai point prétendu cela. - Нет, Monsieur le Juge d'Instruction, я этого не утверждал. Je ne dis pas que le mobile du crime a été le vol et je ne le crois pas. I'm not saying that the motive for the crime was theft, and I don't believe it was. Я не говорю, что мотивом преступления была кража, и не верю в это.

— Alors, que signifie cette carte ?

— Elle signifie que l’un des mobiles du crime a été le vol. - It means that one of the motives for the crime was theft. - Significa que um dos motivos do crime foi roubo. Qu’est-ce qui vous a renseigné ? What informed you? — Ceci ! - This! si vous voulez bien m’accompagner. if you will come with me. Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que nous fîmes. Und der junge Mann bat uns, ihm in den Vorraum zu folgen, was wir auch taten. And the young man asked us to follow him into the hall, which we did. E o jovem pediu que o seguíssemos até o corredor, o que fizemos. Là, il se dirigea du côté du lavatory et pria M. le juge d’instruction de se mettre à genoux à côté de lui. There he walked over to the lavatory and asked the examining magistrate to kneel beside him. Lá ele foi até o banheiro e implorou ao juiz de instrução que se ajoelhasse ao lado dele. Ce lavatory recevait du jour par sa porte vitrée et, quand la porte était ouverte, la lumière qui y pénétrait était suffisante pour l’éclairer parfaitement. Dieses Lavatory erhielt durch seine Glastür Tageslicht und wenn die Tür geöffnet war, reichte das einfallende Licht aus, um es perfekt zu beleuchten. This lavatory received daylight through its glass door and, when the door was open, the light entering it was sufficient to illuminate it perfectly. M. de Marquet et M Joseph Rouletabille s’agenouillèrent sur le seuil. Herr de Marquet und Herr Joseph Rouletabille knieten auf der Schwelle nieder. M. de Marquet and M Joseph Rouletabille knelt on the threshold. Г-н де Марке и г-н Жозеф Рультабий преклонили колени на пороге. Le jeune homme montrait un endroit de la dalle. Der junge Mann zeigte auf eine Stelle der Steinplatte. The young man was pointing to a place on the flagstone. Молодой человек указал на часть плиты.

« Les dalles du lavatory n’ont point été lavées par le père Jacques, fit-il, depuis un certain temps ; cela se voit à la couche de poussière qui les recouvre. Er sagte: "Die Fliesen im Lavatory wurden von Pater Jacques seit einiger Zeit nicht mehr gewaschen. "The tiles in the lavatory have not been washed by Father Jacques," he said, for some time; it shows in the layer of dust that covers them. “As lajes do lavatório não são lavadas pelo padre Jacques”, disse ele, “há algum tempo; isso pode ser visto na camada de poeira que os cobre. Or, voyez, à cet endroit, la marque de deux larges semelles et de cette cendre noire qui accompagne partout les pas de l’assassin. Now, see, in this place, the mark of two broad soles and of that black ash which accompanies the steps of the assassin everywhere. Agora, veja, neste lugar, a marca de duas solas largas e daquela cinza negra que acompanha os passos do assassino por toda parte. Cette cendre n’est point autre chose que la poussière de charbon qui couvre le sentier que l’on doit traverser pour venir directement, à travers la forêt, d’Épinay au Glandier. Vous savez qu’à cet endroit il y a un petit hameau de charbonniers et qu’on y fabrique du charbon de bois en grande quantité. You know that in this place there is a small hamlet of charcoal burners and that there is a large quantity of charcoal produced there. Voilà ce qu’a dû faire l’assassin : il a pénétré ici l’après-midi quand il n’y eut plus personne au pavillon, et il a perpétré son vol. This is what the murderer must have done: he entered here in the afternoon when there was no one left at the lodge, and he carried out his theft. — Mais quel vol ? Où voyez-vous le vol ? Where do you see the theft? Qui vous prouve le vol ? Who proves you theft? nous écriâmes nous tous en même temps. we all cried out at the same time. мы все плакали одновременно.

— Ce qui m’a mis sur la trace du vol, continua le journaliste... - Which put me on the track of the theft, continued the journalist ... — C’est ceci ! - This is it! interrompit M. de Marquet, toujours à genoux.

— Évidemment », fit M. Rouletabille.

Et M. de Marquet expliqua qu’il y avait, en effet, sur la poussière des dalles, à côté de la trace des deux semelles, l’empreinte fraîche d’un lourd paquet rectangulaire, et qu’il était facile de distinguer la marque des ficelles qui l’enserraient... And M. de Marquet explained that there was, in fact, on the dust of the slabs, next to the trace of the two soles, the fresh imprint of a heavy rectangular package, and that it was easy to distinguish the marks strings that would surround him ... E o Sr. de Marquet explicava que havia, de facto, no pó das lajes, junto à marca das duas solas, a nova marca de um pesado feixe rectangular, e que era fácil distinguir as marcas das cordas que o circundou ... И г-н де Марке объяснил, что на самом деле на пыли каменных плит, рядом с отметкой двух подошв, был свежий отпечаток тяжелой прямоугольной связки, и что следы струн легко различить. который окружал его ... « Mais vous êtes donc venu ici, monsieur Rouletabille ; j’avais pourtant ordonné au père Jacques de ne laisser entrer personne ; il avait la garde du pavillon. — Ne grondez pas le père Jacques, je suis venu ici avec M. Robert Darzac.

— Ah ! vraiment... » s’exclama M. de Marquet mécontent, et jetant un regard de côté à M. Darzac, lequel restait toujours silencieux. « Quand j’ai vu la trace du paquet à côté de l’empreinte des semelles, je n’ai plus douté du vol, reprit M. Rouletabille. “Quando vi o rastro do pacote junto à impressão das solas, não duvidei mais do furto”, resumiu M. Rouletabille. Le voleur n’était pas venu avec un paquet... Il avait fait, ici, ce paquet, avec les objets volés sans doute, et il l’avait déposé dans ce coin, dans le dessein de l’y reprendre au moment de sa fuite ; il avait déposé aussi, à côté de son paquet, ses lourdes chaussures ; car, regardez, aucune trace de pas ne conduit à ces chaussures, et les semelles sont à côté l’une de l’autre, comme des semelles au repos et vides de leurs pieds. The thief did not come with a package ... He had made this package here, with the stolen items no doubt, and he had left it in this corner, with the intention of taking it back when his flight; he had also put down his heavy shoes beside his package; for, look, no footprint leads to these shoes, and the soles are next to each other, like resting and empty soles of their feet. O ladrão não veio com o pacote ... Ele havia feito esse pacote aqui, sem dúvida com os objetos roubados, e ele havia deixado neste canto, com a intenção de levá-lo lá quando sua fuga; ele também colocou seus sapatos pesados ao lado de seu pacote; pois, veja, nenhum passo leva a esses sapatos, e as solas estão próximas umas das outras, como as solas dos pés em repouso e vazias. Вор пришел не с пакетом ... Он сделал этот пакет здесь, без сомнения, с украденными вещами, и оставил его в этом углу с намерением забрать его туда во время своего полета; он также положил свои тяжелые ботинки рядом со своим пакетом; ибо, смотри, к этим ботинкам не ведут никакие шаги, а подошвы находятся рядом друг с другом, как опорные и пустые подошвы их ног. Ainsi comprendrait-on que l’assassin, quand il s’enfuit de la « Chambre Jaune », n’a laissé aucune trace de ses pas dans le laboratoire ni dans le vestibule. Thus one would understand that the assassin, when he fled from the “Yellow Room”, left no trace of his footsteps in the laboratory or in the vestibule. Après avoir pénétré avec ses chaussures dans la « Chambre Jaune », il les y a défaites, sans doute parce qu’elles le gênaient ou parce qu’il voulait faire le moins de bruit possible. After entering his shoes in the "Yellow Room" with his shoes, he undid them, probably because they bothered him or because he wanted to make as little noise as possible. La marque de son passage aller à travers le vestibule et le laboratoire a été effacée par le lavage subséquent du père Jacques, ce qui nous mène à faire entrer l’assassin dans le pavillon par la fenêtre ouverte du vestibule lors de la première absence du père Jacques, avant le lavage qui a eu lieu à cinq heure et demie ! The mark of its passage going through the vestibule and the laboratory was erased by the subsequent washing of father Jacques, which leads us to bring the assassin into the pavilion through the open window of the vestibule during the first absence of the father Jacques, before the washing which took place at half past five! A marca da sua passagem pelo vestíbulo e pelo laboratório foi apagada pela lavagem subsequente do Padre Jacques, o que nos leva a trazer o assassino para o pavilhão pela janela aberta do vestíbulo durante a primeira ausência do pai. lavagem que teve lugar às cinco e meia! След его прохода через вестибюль и лабораторию был стерт в результате последующего омовения отца Жака, что привело нас к тому, чтобы ввести убийцу в павильон через открытое окно вестибюля во время первого отсутствия отца. мойка проходила в половине шестого! « L’assassin, après qu’il eut défait ses chaussures, qui, certainement le gênaient, les a portées à la main dans le lavatory et les y a déposées du seuil, car, sur la poussière du lavatory, il n’y a pas trace de pieds nus ou enfermés dans des chaussettes, ou encore dans d’autres chaussures . "The murderer, after he had taken off his shoes, which certainly bothered him, carried them by hand into the lavatory and placed them there from the threshold, for on the dust of the lavatory there is no no trace of bare feet or locked in socks, or in other shoes. "O assassino, depois de tirar os sapatos, o que certamente o incomodava, levou-os à mão para o lavatório e colocou-os lá desde a soleira, pois na poeira do lavatório não há vestígios de pés descalços ou trancados no meias, ou em outros sapatos. "Убийца, сняв туфли, которые, безусловно, беспокоили его, отнес их за руки в уборную и поставил их там с порога, потому что на пыли туалета нет ни следа босых ног или запертых в них ног. носки или в другой обуви. Il a donc déposé ses chaussures à côté de son paquet. Le vol était déjà, à ce moment, accompli. The theft was already accomplished at this time. Puis l’homme retourne à la « Chambre Jaune » et s’y glisse alors sous le lit où la trace de son corps est parfaitement visible sur le plancher et même sur la natte qui a été, à cet endroit, légèrement roulée et très froissée. Then the man returns to the "Yellow Room" and then slips under the bed where the trace of his body is perfectly visible on the floor and even on the mat which has been, at this place, slightly rolled up and very crumpled. . Затем мужчина возвращается в «Желтую комнату», а затем проскальзывает под кровать, где след его тела хорошо виден на полу и даже на циновке, которая в этом месте была слегка скручена и очень смята. Des brins de paille même, fraîchement arrachés, témoignent également du passage de l’assassin sous le lit... Even strands of straw, freshly torn off, also testify to the passage of the murderer under the bed ... Até fios de palha recém-rasgada também testemunham a passagem do assassino para debaixo da cama ... — Oui, oui, cela nous le savons... dit M. de Marquet.

— Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet étonnant gamin de journaliste, n’était point le seul mobile de la venue de l’homme . "This return under the bed proves that theft," continued this astonishing journalist's kid, "was not the only motive for the arrival of man. - Essa devolução embaixo da cama prova que o roubo, continuou o espantoso filho do jornalista, não foi o único motivo para a vinda do homem. Ne me dites point qu’il s’y serait aussitôt réfugié en apercevant, par la fenêtre du vestibule, soit le père Jacques, soit M. et Mlle Stangerson s’apprêtant à rentrer dans le pavillon. Do not tell me that he would immediately have taken refuge there when he saw, through the vestibule window, either Father Jacques or Mr. and Miss Stangerson preparing to return to the pavilion. Не говорите мне, что он тут же укрылся бы там, когда увидел через окно холла отца Жака или мистера и мисс Стэнджерсон, готовящихся войти в павильон. Il était beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et, caché, d’attendre une occasion de se sauver, si son dessein n’avait été que de fuir. Es war viel einfacher für ihn, auf den Dachboden zu klettern und dort versteckt auf eine Gelegenheit zu warten, um sich zu retten, wenn seine Absicht nur darin bestanden hätte, zu fliehen. It was much easier for him to climb to the attic, and, hidden, to wait for an opportunity to escape, if his purpose had only been to flee. Era muito mais fácil para ele subir ao sótão e, escondido, esperar uma oportunidade de escapar, se seu propósito fosse apenas fugir. Non ! Non ! Il fallait que l’assassin fût dans la « Chambre Jaune »... Ici, le chef de la Sûreté intervint :

« Ça n’est pas mal du tout, cela, jeune homme ! "That's not bad at all, young man!" mes félicitations... et si nous ne savons pas encore comment l’assassin est parti, nous suivons déjà, pas à pas, son entrée ici, et nous voyons ce qu’il y a fait : il a volé. congratulations ... and if we do not yet know how the assassin left, we are already following, step by step, his entry here, and we see what he did with it: he stole. Mais qu’a-t-il donc volé ? Aber was hat er denn gestohlen? — Des choses extrêmement précieuses », répondit le reporter. «Чрезвычайно ценные вещи», - ответил репортер.

À ce moment, nous entendîmes un cri qui partait du laboratoire. Nous nous y précipitâmes, et nous y trouvâmes M. Stangerson qui, les yeux hagards, les membres agités, nous montrait une sorte de meuble-bibliothèque qu’il venait d’ouvrir et qui nous apparut vide. We rushed there, and found Mr. Stangerson there, with haggard eyes and restless limbs showing us a sort of library cabinet which he had just opened and which appeared empty to us. Au même instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui était poussé devant le bureau et gémit : At the same moment, he let himself go in the large armchair which was pushed in front of the desk and moaned: В тот же момент он позволил себе сесть в большое кресло, которое стояло перед столом, и застонал:

« Encore une fois, je suis volé... » "Again, I am robbed ..." «Еще раз, меня ограбили ...»

Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue : And then a tear, a heavy tear, ran down his cheek:

« Surtout, dit-il, qu’on ne dise pas un mot de ceci à ma fille... Elle serait encore plus peinée que moi... » "Above all," he said, "that one does not say a word of this to my daughter ... She would be even more upset than me ..." Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d’une douleur que je n’oublierai jamais : He sighed deeply, and, in the tone of a pain I will never forget: « Qu’importe, après tout... pourvu qu’elle vive ! "What does it matter, after all ... as long as she lives!" ...

— Elle vivra ! - Sie wird leben! dit, d’une voix étrangement touchante, Robert Darzac. — Et nous vous retrouverons les objets volés, fit M Dax. - Und wir werden die gestohlenen Gegenstände für Sie finden", sagte M Dax. "And we will find the stolen objects for you," said M Dax. «И мы найдем для вас украденные вещи», - сказал мистер Дакс. Mais qu’y avait-il dans ce meuble ? Aber was befand sich in diesem Möbelstück? But what was in this cabinet? Но что было в этом шкафу? — Vingt ans de ma vie, répondit sourdement l’illustre professeur, ou plutôt de notre vie, à ma fille et à moi. "Twenty years of my life," the illustrious professor replied quietly, or rather of our life, to my daughter and to me. Oui, nos plus précieux documents, les relations les plus secrètes sur nos expériences et sur nos travaux, depuis vingt ans, étaient enfermés là. C’était une véritable sélection parmi tant de documents dont cette pièce est pleine. It was a real selection from so many documents with which this room is full. C’est une perte irréparable pour nous, et, j’ose dire, pour la science. Toutes les étapes par lesquelles j’ai dû passer pour arriver à la preuve décisive de l’anéantissement de la matière, avaient été, par nous, soigneusement énoncées, étiquetées, annotées, illustrées de photographies et de dessins. All the stages through which I had to pass in order to arrive at the decisive proof of the annihilation of matter, had been, by us, carefully stated, labeled, annotated, illustrated with photographs and drawings. Tout cela était rangé là. It was all stored there. Le plan de trois nouveaux appareils, l’un pour étudier la déperdition, sous l’influence de la lumière ultra-violette, des corps préalablement électrisés ; l’autre qui devait rendre visible la déperdition électrique sous l’action des particules de matière dissociée contenue dans les gaz des flammes ; un troisième, très ingénieux, nouvel électroscope condensateur différentiel ; tout le recueil de nos courbes traduisant les propriétés fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière pondérable et l’éther impondérable ; vingt ans d’expériences sur la chimie intra-atomique et sur les équilibres ignorés de la matière ; un manuscrit que je voulais faire paraître sous ce titre : Les Métaux qui souffrent . Der Plan für drei neue Apparaturen, eine zur Untersuchung des Verlusts von zuvor elektrifizierten Körpern unter dem Einfluss von ultraviolettem Licht; eine weitere, die den elektrischen Verlust unter der Wirkung der in den Flammengasen enthaltenen Teilchen dissoziierter Materie sichtbar machen sollte; eine dritte, sehr einfallsreiche, neue Elektroskopie mit Differentialkondensator; die gesamte Sammlung unserer Kurven, die die grundlegenden Eigenschaften der Substanz zwischen der gewichtigen Materie und dem unverwundbaren Äther wiedergeben; zwanzig Jahre Experimente über die inneratomare Chemie und die unbekannten Gleichgewichte der Materie; ein Manuskript, das ich unter diesem Titel veröffentlichen wollte: Die leidenden Metalle . O plano de três novos dispositivos, um para estudar a perda, sob a influência da luz ultravioleta, de corpos antes eletrificados; a outra que tornaria visível a perda elétrica sob a ação das partículas de matéria dissociada contidas nos gases das chamas; um terceiro eletroscópio de capacitor diferencial novo, muito engenhoso; toda a coleção de nossas curvas refletindo as propriedades fundamentais da substância intermediária entre a matéria ponderável e o éter imponderável; vinte anos de experimentos sobre química intra-atômica e sobre os ignorados equilíbrios da matéria; um manuscrito que eu queria publicar com o título: Les Métaux qui souffrent. План для трех новых устройств: одно для изучения потери под воздействием ультрафиолетового света ранее наэлектризованных тел; другой, который должен был сделать видимыми электрические потери под действием частиц диссоциированного вещества, содержащихся в газах пламени; третий, очень изобретательный, новый электроскоп дифференциального конденсатора; весь набор наших кривых, отражающих фундаментальные свойства вещества, промежуточного между весомой материей и невесомым эфиром; двадцать лет экспериментов по внутриатомной химии и игнорируемым равновесиям материи; рукопись, которую я хотел опубликовать под названием: Les Métaux qui souffrent. Est-ce que je sais ?est-ce que je sais ? Weiß ich das? Weiß ich das? L’homme qui est venu là m’aura tout pris... Ma fille et mon oeuvre... mon coeur et mon âme... The man who came there will have taken everything from me ... My daughter and my work ... my heart and my soul ... Et le grand Stangerson se prit à pleurer comme un enfant.

Nous l’entourions en silence, émus par cette immense détresse. We surrounded him in silence, moved by this immense distress. M. Robert Darzac, accoudé au fauteuil où le professeur était écroulé, essayait en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un instant me le rendre sympathique, malgré l’instinctive répulsion que son attitude bizarre et son émoi souvent inexpliqué m’avaient inspirée pour son énigmatique personnage. Herr Robert Darzac lehnte an dem Sessel, in dem der Professor zusammengebrochen war, und versuchte vergeblich, seine Tränen zu verbergen, was ihn mir für einen Moment fast sympathisch machte, trotz der instinktiven Abneigung, die seine seltsame Haltung und seine oft unerklärliche Erregung gegen seinen rätselhaften Charakter in mir ausgelöst hatten. Mr. Robert Darzac, leaning on the chair where the professor was collapsed, tried in vain to hide his tears, which almost made me sympathetic for a moment, despite the instinctive repulsion that his bizarre attitude and his often unexplained excitement had inspired me for his enigmatic character. M. Robert Darzac, recostado na poltrona onde o professor desabara, tentou em vão esconder as lágrimas, que por um momento quase o tornaram simpático, apesar da repulsa instintiva que sua atitude bizarra e sua emoção muitas vezes inexplicada haviam me inspirado. por seu personagem enigmático. M Joseph Rouletabille, seul, comme si son précieux temps et sa mission sur la terre ne lui permettaient point de s’appesantir sur la misère humaine, s’était rapproché, fort calme, du meuble vide et, le montrant au chef de la Sûreté, rompait bientôt le religieux silence dont nous honorions le désespoir du grand Stangerson. Josef Ruletabille war allein, als ob seine kostbare Zeit und seine Mission auf Erden ihm nicht erlaubten, sich mit dem menschlichen Elend zu beschäftigen. Er ging ganz ruhig zu dem leeren Möbelstück und zeigte es dem Chef der Sûreté. M Joseph Rouletabille, alone, as if his precious time and his mission on earth did not allow him to dwell on human misery, had approached, very calm, the empty cabinet and, showing it to the Chief of Security soon broke the religious silence with which we honored the great Stangerson's despair. El señor Joseph Rouletabille, solo, como si su precioso tiempo y su misión en la tierra no le permitieran detenerse en la miseria humana, se había acercado tranquilamente al gabinete vacío y, mostrándoselo al jefe de la Sûreté, no tardó en romper el religioso silencio con que honrábamos la desesperación del gran Stangerson. M Joseph Rouletabille, sozinho, como se o seu precioso tempo e a sua missão na terra não lhe permitissem demorar-se na miséria humana, aproximou-se, com muita calma, do armário vazio e, apresentando-o ao Chefe da Segurança, rapidamente rompeu o silêncio religioso com que honramos o desespero do grande Stangerson. Жозеф Рулетабий в одиночестве, словно его драгоценное время и его миссия на земле не позволяла ему думать о человеческих страданиях, очень спокойно подошел к пустому шкафу и, показывая его начальнику службы безопасности, вскоре нарушил религиозное молчание. которым мы чтили отчаяние великого Стэнджерсона. Il nous donna quelques explications, dont nous n’avions que faire, sur la façon dont il avait été amené à croire à un vol, par la découverte simultanée qu’il avait faite des traces dont j’ai parlé plus haut dans le lavatory, et de la vacuité de ce meuble précieux dans le laboratoire. Er gab uns einige Erklärungen, die uns nicht interessierten, wie er durch die gleichzeitige Entdeckung der oben erwähnten Spuren im Waschraum und der Leere dieses wertvollen Möbelstücks im Labor auf die Idee gekommen war, dass es sich um einen Diebstahl handelte. He gave us some explanations, of which we did not have what to do, on how he had been led to believe in a theft, by the simultaneous discovery that he had made of the traces I mentioned above in the lavatory, and the emptiness of this precious piece of furniture in the laboratory. Ele nos deu algumas explicações, das quais não tínhamos o que fazer, de como fora levado a acreditar em um roubo, pela descoberta simultânea de que havia feito no lavatório os vestígios que mencionei acima, e o vazio de esta preciosa peça de mobiliário no laboratório. Он дал нам некоторые объяснения, из которых мы не знали, что делать, о том, как его заставили поверить в воровство, благодаря одновременному обнаружению им упомянутых мною выше следов в туалете и пустоты в помещении. этот драгоценный предмет мебели в лаборатории. Il n’avait fait, nous disait-il, que passer dans le laboratoire ; mais la première chose qui l’avait frappé avait été la forme étrange du meuble, sa solidité, sa construction en fer qui le mettait à l’abri d’un accident par la flamme, et le fait qu’un meuble comme celui-ci, destiné à conserver des objets auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de fer, « sa clef ». Das erste, was ihm auffiel, war die seltsame Form des Schranks, seine Stabilität, seine Konstruktion aus Eisen, die ihn vor einem Flammenunfall schützte, und die Tatsache, dass ein Schrank wie dieser, der zur Aufbewahrung von Gegenständen bestimmt war, die man über alles schätzen musste, an seiner Eisentür "seinen Schlüssel" hatte. He had only done, he told us, pass into the laboratory; but the first thing that struck him had been the odd shape of the piece of furniture, its solidity, its iron construction which protected it from an accident by the flame, and the fact that a piece of furniture like this , intended to preserve objects which one had to take above all, had, on its iron door, "its key". « On n’a point d’ordinaire un coffre-fort pour le laisser ouvert... » Enfin, cette petite clef, à tête de cuivre, des plus compliquées, avait attiré, paraît-il, l’attention de M. Joseph Rouletabille, alors qu’elle avait endormi la nôtre. "Man hat normalerweise keinen Safe, um ihn offen zu lassen...". Schließlich hatte dieser kleine, komplizierte Schlüssel mit Kupferkopf die Aufmerksamkeit von Herrn Joseph Rültabille auf sich gezogen, während er unsere eingeschläfert hatte. "We do not usually have a safe to leave it open ..." Finally, this small key, with a copper head, of the most complicated, had attracted, it seems, the attention of Mr. Joseph Rouletabille, when she had put ours to sleep. “Normalmente não temos um cofre para deixá-lo aberto ...” Por fim, esta pequena chave, com uma cabeça de cobre, muito complicada, tinha atraído, ao que parece, a atenção do Sr. Joseph Rouletabille, quando colocou a nossa dormir. Pour nous autres, qui ne sommes point des enfants, la présence d’une clef sur un meuble éveille plutôt une idée de sécurité, mais pour M. Joseph Rouletabille, qui est évidemment un génie —comme dit José Dupuy dans Les cinq cents millions de Gladiator . Für uns, die wir keine Kinder sind, weckt ein Schlüssel an einem Möbelstück eher den Gedanken an Sicherheit, aber für Herrn Joseph Rouletabille, der offensichtlich ein Genie ist - wie José Dupuy in Gladiators Fünfhundert Millionen sagt. For us, who are not children, the presence of a key on a piece of furniture rather awakens an idea of security, but for Mr. Joseph Rouletabille, who is obviously a genius - as José Dupuy says in The Five Hundred Millions of Gladiator. Para nós, que não somos crianças, a presença de uma chave num móvel desperta antes uma ideia de segurança, mas para o Sr. Joseph Rouletabille, que obviamente é um gênio - como diz José Dupuy em Os Quinhentos Milhões de Gladiador. « Quel génie ! “What a genius! Quel dentiste ! What a dentist! ¡Vaya dentista! » — la présence d’une clef sur une serrure éveille l’idée du vol. - the presence of a key on a lock awakens the idea of theft. Nous en sûmes bientôt la raison. We soon knew the reason. Logo soubemos o motivo.

Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s’il devait se réjouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à l’instruction ou s’il devait se désoler de ce que ce pas n’eût pas été fait par lui. Er wusste nicht, ob er sich über den neuen Schritt freuen sollte, den der kleine Reporter in der Ausbildung gemacht hatte, oder ob er traurig darüber sein sollte, dass dieser Schritt nicht von ihm gemacht worden war. But, before letting you know it, I must report that M. de Marquet seemed to me very perplexed, not knowing whether he should be delighted with the new step which the little reporter had given to the investigation or whether he should to be sorry that this step had not been taken by him. Mas, antes de vos dar a conhecer, devo relatar que o Sr. de Marquet me pareceu muito perplexo, por não saber se devia estar contente com o novo passo que o pequeno repórter tinha dado à investigação ou se devia lamentar. que este passo não foi dado por ele. Notre profession comporte de ces déboires, mais nous n’avons point le droit d’être pusillanime et nous devons fouler aux pieds notre amour-propre quand il s’agit du bien général. Unser Beruf bringt solche Probleme mit sich, aber wir dürfen nicht kleinmütig sein und müssen unsere Selbstachtung mit Füßen treten, wenn es um das Allgemeinwohl geht. Our profession involves these setbacks, but we have no right to be pusillanimous and we must trample our self-esteem when it comes to the general good. Nossa profissão tem esses contratempos, mas não temos o direito de ser pusilânimes e devemos pisar na nossa auto-estima no que se refere ao bem geral. Aussi M. de Marquet triompha-t-il de lui-même et trouva- t-il bon de mêler enfin ses compliments à ceux de M Dax, qui, lui, ne les ménageait pas à M. Rouletabille. Herr de Marquet triumphierte über sich selbst und fand es gut, seine Komplimente endlich mit denen von Herrn Dax zu vermischen, der sie Herrn Rülabille nicht ersparte. So M. de Marquet triumphed over himself and he thought it good to finally mix his compliments with those of M. Dax, who did not spare them at M. Rouletabille. Le gamin haussa les épaules, disant : « il n’y a pas de quoi ! The kid shrugged his shoulders, saying: "There is nothing! » Je lui aurais flanqué une gifle avec satisfaction, surtout dans le moment qu’il ajouta : "Ich hätte ihm mit Genugtuung eine Ohrfeige verpasst, vor allem in dem Moment, als er hinzufügte: I would have slapped him with satisfaction, especially when he added: "Le habría dado una bofetada de satisfacción, sobre todo cuando añadió: « Vous feriez bien, monsieur, de demander à M. Stangerson qui avait la garde ordinaire de cette clef ? "You would do well, sir, to ask Mr. Stangerson who had ordinary custody of this key?" "Вы не могли бы, сэр, спросить мистера Стэнджерсона, у которого был обычный хранитель этого ключа?"

— Ma fille, répondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait jamais. And that key never left her.

— Ah ! mais voilà qui change l’aspect des choses et qui ne correspond plus avec la conception de M. Rouletabille, s’écria M. de Marquet. but here that changes the aspect of things and which no longer corresponds with the conception of M. Rouletabille, exclaimed M. de Marquet. Si cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson, l’assassin aurait donc attendu Mlle Stangerson cette nuit-là, dans sa chambre, pour lui voler cette clef, et le vol n’aurait eu lieu qu' après l’assassinat ! If this key never left Miss Stangerson, then the assassin would have waited for Miss Stangerson that night, in her room, to steal this key, and the theft would only have taken place after the assassination! Mais, après l’assassinat, il y avait quatre personnes dans le laboratoire ! ... Décidément, je n’y comprends plus rien ! ... »

Et M. de Marquet répéta, avec une rage désespérée, qui devait être pour lui le comble de l’ivresse, car je ne sais si j’ai déjà dit qu’il n’était jamais aussi heureux que lorsqu’il ne comprenait pas : And M. de Marquet repeated, with desperate rage, which must have been the height of intoxication for him, for I do not know if I have already said that he was never as happy as when he did not understand : E o Sr. de Marquet repetia, com uma fúria desesperada, que deve ter sido o cúmulo da embriaguez para ele, pois não sei se já disse que ele nunca foi tão feliz como quando não compreendia.: « ... plus rien !

— Le vol, répliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu' avant l’assassinat. “The theft,” replied the reporter, “can only have taken place before the assassination. C’est indubitable pour la raison que vous croyez et pour d’autres raisons que je crois. This is unquestionable for the reason that you believe and for other reasons that I believe. Et, quand l’assassin a pénétré dans le pavillon, il était déjà en possession de la clef à tête de cuivre. And, when the assassin entered the pavilion, he was already in possession of the brass-headed key. И когда убийца вошел в павильон, у него уже был ключ с медной головкой. — Ça n’est pas possible ! - That is not possible! fit doucement M. Stangerson. said Mr. Stangerson quietly.

— C’est si bien possible, monsieur, qu’en voici la preuve. - It is very possible, sir, here is the proof. Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numéro de L’Époque daté du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut : This devil of a little guy then took out of his pocket an issue of L'Époque dated October 21 (I remind you that the crime took place the night of 24 to 25), and, showing us an advertisement, read: Este diablillo sacó entonces de su bolsillo un número de L'Époque fechado el 21 de octubre (les recuerdo que el crimen tuvo lugar la noche del 24 al 25), y, mostrándonos un anuncio, leyó: Esse homenzinho diabólico tirou então do bolso um exemplar do L'Époque datado de 21 de outubro (recordo que o crime ocorreu na noite de 24 para 25) e, mostrando-nos um anúncio, leu: Затем этот чертов маленький человечек достал из кармана номер L'Époque от 21 октября (я помню, что преступление произошло в ночь с 24 на 25-е) и, показав нам рекламу, прочел: « — Il a été perdu hier un réticule de satin noir dans les grands magasins de la Louve. "- A black satin reticle was lost yesterday in the department stores of La Louve. “- Um retículo de cetim preto foi perdido ontem nas lojas de departamento Louve. «- Черная атласная сетка пропала вчера в универмагах Louve. Ce réticule contenait divers objets dont une petite clef à tête de cuivre. This reticule contained various objects including a small key with a brass head. Il sera donné une forte récompense à la personne qui l’aura trouvée. The person who finds it will be given a big reward. Cette personne devra écrire, poste restante, au bureau 40, à cette adresse : M.A. This person should write, poste restante, at office 40, to this address: MA Essa pessoa deve escrever, poste restante, na sala 40, neste endereço: MA T.H.S.N. THSN » Ces lettres ne désignent-elles point, continua le reporter, Mlle Stangerson ? Der Reporter fuhr fort: "Bezeichnen diese Buchstaben nicht Fräulein Stangerson? "Do these letters not designate," continued the reporter, "Miss Stangerson?" Cette clef à tête de cuivre n’est-elle point cette clef-ci ? Is not this key with a brass head this key? ... Je lis toujours les annonces. ... I always read the ads. Dans mon métier, comme dans le vôtre, monsieur le juge d’instruction, il faut toujours lire les petites annonces personnelles... Ce qu’on y découvre d’intrigues ! In my profession, as in yours, Mr. Examining Magistrate, you always have to read personal classified ads ... What we discover is intriguing! ... et de clefs d’intrigues ! Qui ne sont pas toujours à tête de cuivre, et qui n’en sont pas moins intéressantes. Which are not always copper-headed, and which are nonetheless interesting. Cette annonce, particulièrement, par la sorte de mystère dont la femme qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s’entourait, m’avait frappé. This announcement, particularly, by the sort of mystery with which the woman who had lost a key, an object of little compromise, surrounded herself, had struck me. Me llamó especialmente la atención el tipo de misterio que rodeaba a la mujer que había perdido una llave, un objeto poco comprometedor. Это заявление, в частности, поразило меня таинственностью, которой окружила себя женщина, потерявшая ключ, объект не очень компрометирующий. Comme elle tenait à cette clef ! Wie sehr ihr dieser Schlüssel am Herzen lag! How she clung to this key! Comme elle promettait une forte récompense ! How she promised a great reward! Et je songeai à ces six lettres : M.A.T.H.S.N. And I thought of these six letters: MATHSN E pensei nestas seis letras: MATHSN Les quatre premières m’indiquaient tout de suite un prénom.« Évidemment, faisais-je, « Math, Mathilde ... » la personne qui a perdu la clef à tête de cuivre, dans un réticule, s’appelle Mathilde ! The first four immediately gave me a first name. "Obviously, I said," Math, Mathilde ... "the person who lost the key with the brass head, in a reticule, is called Mathilde! ... » Mais je ne pus rien faire des deux dernières lettres. ... "But I couldn't do anything with the last two letters. Aussi, rejetant le journal, je m’occupai d’autre chose... Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec d’énormes manchettes annonçant l’assassinat de Mlle MATHILDE STANGERSON, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun effort pour cela, machinalement, les lettres de l’annonce. So, rejecting the newspaper, I took care of other things ... When, four days later, the evening newspapers appeared with huge headlines announcing the assassination of Mlle MATHILDE STANGERSON, the name of Mathilde reminded me, without my making any effort for that, mechanically, the letters of the announcement. Intrigué un peu, je demandai le numéro de ce jour-là à l’administration. A little puzzled, I asked the administration for that day's number. J’avais oublié les deux dernières lettres : S N. Quand je les revis, je ne pus retenir un cri« Stangerson ! I had forgotten the last two letters: S N. When I saw them again, I could not restrain a cry "Stangerson!" ... » Je sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau 40. ... "I jumped into a cab and rushed to office 40. Je demandai : « Avez-vous une lettre avec cette adresse : M.A.T.H.S.N ! I asked: "Do you have a letter with this address: MATHSN!" » L’employé me répondit : « Non ! » Et comme j’insistais, le priant, le suppliant de chercher encore, il me dit : « Ah ! "And as I insisted, begging him, begging him to look for more, he said to me:" Ah! "E como eu insisti, implorando, implorando para que procurasse mais, ele me disse:" Ah! çà, monsieur, c’est une plaisanterie ! that, sir, is a joke! ... Oui, j’ai eu une lettre aux initiales M.A.T.H.S.N. ; mais je l’ai donnée, il y a trois jours, à une dame qui me l’a réclamée. ; aber ich habe sie vor drei Tagen einer Dame gegeben, die sie von mir zurückverlangt hat. ; but I gave it three days ago to a lady who asked for it. Vous venez aujourd’hui me réclamer cette lettre à votre tour. You come today to claim this letter from me too. Or, avant-hier, un monsieur, avec la même insistance désobligeante, me la demandait encore ! Vorgestern fragte mich ein Herr mit demselben abfälligen Nachdruck erneut danach! However, the day before yesterday, a gentleman, with the same derogatory insistence, asked me again! Anteayer, un señor me lo volvió a pedir, ¡con la misma insistencia desobligante! No entanto, anteontem, um senhor, com a mesma insistência depreciativa, perguntou-me de novo! ... J’en ai assez de cette fumisterie... » Je voulus questionner l’employé sur les deux personnages qui avaient déjà réclamé la lettre, mais, soit qu’il voulût se retrancher derrière le secret professionnel - - il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop dit — soit qu’il fût vraiment excédé d’une plaisanterie possible, il ne me répondit plus... » ... Ich habe genug von diesem Schwindel ...". Ich wollte den Angestellten nach den beiden Personen fragen, die bereits nach dem Brief gefragt hatten, aber entweder wollte er sich hinter dem Berufsgeheimnis verstecken - er war wohl der Meinung, dass er schon zu viel gesagt hatte - oder er war wirklich über einen möglichen Scherz verärgert und antwortete nicht mehr..." ... I've had enough of this hoax ... "I wanted to question the employee about the two characters who had already asked for the letter, but either he wanted to hide behind professional secrecy - - he considered, no doubt, apart from him, having already said too much - either because he was really fed up with a possible joke, he no longer answered me ... " ... Ya está bien de tonterías...". Quise preguntar al empleado por las dos personas que ya habían pedido la carta, pero, o bien quiso escudarse en el secreto profesional -sin duda sintió, aparte de él mismo, que ya había dicho demasiado-, o bien estaba realmente molesto por una posible broma, no me contestó más...". ... Já chega dessa brincadeira ... "Queria questionar o funcionário sobre os dois personagens que já haviam pedido a carta, mas ou ele queria se esconder atrás do segredo profissional - - considerou, sem dúvida, além dele, já tendo falado demais - ou porque estava farto de uma possível piada, já não me respondia ... ” ... С меня хватит этой мистификации ... "Я хотел расспросить сотрудника о двух персонажах, которые уже просили письмо, но либо он хотел спрятаться за профессиональной тайной - - он, несомненно, считал, что кроме него, который уже сказал слишком много - либо потому, что ему очень надоели возможные шутки, он больше не отвечал мне ... " Rouletabille se tut. Rouletabille fell silent. Nous nous taisions tous. We were all silent. Chacun tirait les conclusions qu’il pouvait de cette bizarre histoire de lettre poste restante. Everyone drew the conclusions they could from this bizarre story of the remaining letter. Todos tiraram as conclusões que puderam dessa história bizarra da carta de poste restante. Из этой причудливой истории о письме до востребования все сделали возможные выводы. De fait, il semblait maintenant qu’on tenait un fil solide par lequel on allait pouvoir suivre cette affaire « insaisissable ». Tatsächlich schien es nun, als hätten wir einen festen Faden in der Hand, an dem wir diesen "schwer fassbaren" Fall verfolgen konnten. In fact, it now seemed that there was a solid thread by which we were going to be able to follow this "elusive" affair. Фактически, теперь казалось, что у нас есть прочная нить, по которой мы сможем проследить это «неуловимое» дело. M. Stangerson dit :

« Il est donc à peu près certain que ma fille aura perdu cette clef, qu’elle n’a point voulu m’en parler pour m’éviter toute inquiétude et qu’elle aura prié celui ou celle qui aurait pu l’avoir trouvée d’écrire poste restante. "It is therefore almost certain that my daughter will have lost this key, that she did not want to talk to me to avoid any worry and that she will have prayed to whoever could have found it. write poste restante. “Portanto, é quase certo que minha filha terá perdido esta chave, que ela não quis falar comigo para evitar qualquer preocupação e que terá rezado para quem a poderia ter encontrado. Escreva poste restante. Elle craignait évidemment que, donnant notre adresse, ce fait occasionnât des démarches qui m’auraient appris la perte de la clef. Sie befürchtete offensichtlich, dass die Angabe unserer Adresse dazu führen würde, dass ich den Schlüssel verlieren würde. She evidently feared that, giving our address, this fact would lead to proceedings which would have taught me the loss of the key. Ela estava obviamente com medo de que, ao dar nosso endereço, esse fato levasse a medidas que teriam me informado da perda da chave. C’est très logique et très naturel. Das ist sehr logisch und natürlich. Car j’ai déjà été volé, monsieur ! Denn ich wurde bereits bestohlen, Sir! Because I have already been robbed, sir! — Où cela ? - Or this ? Et quand ? And when ? demanda le directeur de la Sûreté.

— Oh ! Il y a de nombreuses années, en Amérique, à Philadelphie. On m’a volé dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui eussent pu faire la fortune d’un peuple... Non seulement je n’ai jamais su qui était le voleur, mais je n’ai jamais entendu parler de l’objet du « vol » sans doute parce que, pour déjouer les calculs de celui qui m’avait ainsi pillé, j’ai lancé moi-même dans le domaine public ces deux inventions, rendant inutile le larcin. Man hat mir in meinem Labor das Geheimnis zweier Erfindungen gestohlen, die das Glück eines ganzen Volkes hätten bedeuten können... Ich habe nicht nur nie erfahren, wer der Dieb war, sondern auch nie etwas über den Gegenstand des "Diebstahls" gehört, wahrscheinlich weil ich, um die Berechnungen desjenigen zu durchkreuzen, der mich so geplündert hatte, diese beiden Erfindungen selbst in die öffentliche Domäne einführte und damit den Diebstahl nutzlos machte. I was robbed in my laboratory of the secret of two inventions that could have made the fortune of a people ... Not only did I never know who the thief was, but I never heard of the object of the "theft" probably because, to thwart the calculations of the one who had thus looted me, I myself launched in the public domain these two inventions, making larceny useless. Roubaram de mim em meu laboratório o segredo de duas invenções que poderiam ter feito a fortuna de um povo ... Não só nunca soube quem era o ladrão, mas nunca ouvi falar do objeto do “furto” sem dúvida porque , para frustrar os cálculos daquele que assim me roubou, eu mesmo lancei essas duas invenções no domínio público, tornando o roubo desnecessário. C’est depuis cette époque que je suis très soupçonneux, que je m’enferme hermétiquement quand je travaille. It is since that time that I have been very suspicious, that I shut myself up tightly when I work. Tous les barreaux de ces fenêtres, l’isolement de ce pavillon, ce meuble que j’ai fait construire moi-même, cette serrure spéciale, cette clef unique, tout cela est le résultat de mes craintes inspirées par une triste expérience. All the bars of these windows, the isolation of this pavilion, this piece of furniture that I had built myself, this special lock, this unique key, all this is the result of my fears inspired by a sad experience. Все решетки этих окон, изоляция этого павильона, этот предмет мебели, который я построил сам, этот особый замок, этот уникальный ключ - все это результат моих страхов, вдохновленных печальным опытом. M. Dax déclara : « Très intéressant ! » et M. Joseph Rouletabille demanda des nouvelles du réticule. Ni M. Stangerson, ni le père Jacques n’avaient, depuis quelques jours, vu le réticule de Mlle Stangerson. Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de la bouche même de Mlle Stangerson, que ce réticule lui avait été volé ou qu’elle l’avait perdu, et que les choses s’étaient passées de la sorte que nous les avaient expliquées son père ; qu’elle était allée, le 23 octobre, au bureau de poste 40, et qu’on lui avait remis une lettre qui n’était, affirma-t-elle, que celle d’un mauvais plaisant. We were to learn, a few hours later, from Miss Stangerson herself, that this reticle had been stolen from her or that she had lost it, and that things had happened as her explained to us. dad ; that she had gone to post office 40 on October 23, and had been given a letter which, she asserted, was nothing but a bad joker. Deveríamos ficar sabendo, algumas horas depois, pela própria Srta. Stangerson, que esta retícula foi roubada ou que ela a perdeu, e que as coisas tinham acontecido conforme nos explicado por seu pai; que ela havia ido ao correio em 23 de outubro de 40, e recebido uma carta que, ela afirmou, não passava de um piadista. Через несколько часов мы должны были узнать от самой мисс Стэнджерсон, что эта сетка была украдена или что она ее потеряла, и что все обернулось так, как объяснил нам ее отец; что она пошла на почту 23 октября 40 г. и получила письмо, которое, по ее утверждению, было не чем иным, как плохим шутником. Elle l’avait immédiatement brûlée. She had burned it immediately. Pour en revenir à notre interrogatoire, ou plutôt à notre « conversation », je dois signaler que le chef de la Sûreté, ayant demandé à M. Stangerson dans quelles conditions sa fille était allée à Paris le 20 octobre, jour de la perte du réticule, nous apprîmes ainsi qu’elle s’était rendue dans la capitale, « accompagnée de M. Robert Darzac, que l’on n’avait pas revu au château depuis cet instant jusqu’au lendemain du crime ». Coming back to our questioning, or rather to our "conversation", I must point out that the head of the Sûreté, having asked Mr. Stangerson under what conditions his daughter had gone to Paris on October 20, the day of the loss of the reticule , we learned that she had gone to the capital, "accompanied by Mr. Robert Darzac, who had not been seen at the castle from that moment until the day after the crime". Le fait que M. Robert Darzac était aux côtés de Mlle Stangerson, dans les grands magasins de la Louve quand le réticule avait disparu, ne pouvait passer inaperçu et retint, il faut le dire, assez fortement notre attention. The fact that Mr. Robert Darzac was at Mlle Stangerson's side, in the department stores of La Louve when the reticule had disappeared, could not go unnoticed and, it must be said, quite strongly held our attention. Тот факт, что мистер Роберт Дарзак был рядом с мадемуазель Станжерсон в универмаге Ла-Лув, когда прицельная сетка исчезла, не мог остаться незамеченным и, надо сказать, довольно сильно привлек наше внимание.

Cette conversation entre magistrats, prévenus, victime, témoins et journaliste allait prendre fin quand se produisit un véritable coup de théâtre ; ce qui n’est jamais pour déplaire à M. de Marquet. This conversation between magistrates, defendants, victim, witnesses and journalist was about to come to an end when a real coup de théâtre occurred, which never displeases M. de Marquet. Essa conversa entre magistrados, réus, vítima, testemunhas e jornalista estava prestes a terminar quando uma verdadeira reviravolta ocorreu; o que nunca desagrada o Sr. de Marquet. Le brigadier de gendarmerie vint nous annoncer que Frédéric Larsan demandait à être introduit, ce qui lui fut immédiatement accordé. The gendarmerie brigadier came to tell us that Frédéric Larsan asked to be introduced, which was immediately granted to him. Il tenait à la main une grossière paire de chaussures vaseuses qu’il jeta dans le laboratoire. In his hand he held a coarse pair of muddy shoes which he threw into the laboratory. В руке он держал грубую пару грязных ботинок, которую бросил в лабораторию. « Voilà, dit-il, les souliers que chaussait l’assassin ! “Aqui”, disse ele, “estão os sapatos que o assassino estava usando! Les reconnaissez-vous, père Jacques ?

Le père Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupéfait, reconnut de vieilles chaussures à lui qu’il avait jetées il y avait déjà un certain temps au rebut, dans un coin du grenier ; il était tellement troublé qu’il dut se moucher pour dissimuler son émotion. Father Jacques leaned over this foul leather and, amazed, recognized some old shoes of his that he had thrown out some time ago, in a corner of the attic; he was so confused that he had to blow his nose to hide his emotion. O Padre Jacques debruçou-se sobre este couro asqueroso e, pasmo, reconheceu alguns dos seus sapatos velhos que havia jogado fora há algum tempo, num canto do sótão; ele estava tão confuso que teve que assoar o nariz para esconder sua emoção. Alors, montrant le mouchoir dont se servait le père Jacques, Frédéric Larsan dit : Dann zeigte Frédéric Larsan auf das Taschentuch, das Vater Jacques benutzte, und sagte: Then, showing the handkerchief used by Father Jacques, Frédéric Larsan said: Затем, показывая платок, которым пользовался отец Жак, Фредерик Ларсан сказал:

« Voilà un mouchoir qui ressemble étonnamment à celui qu’on a trouvé dans la « Chambre Jaune ». “Here is a handkerchief that surprisingly resembles the one we found in the“ Yellow Room ”. — Ah ! je l’sais ben, fit le père Jacques en tremblant ; ils sont quasiment pareils. — Enfin, continua Frédéric Larsan, le vieux béret basque trouvé également dans la « Chambre Jaune » aurait pu autrefois coiffer le chef du père Jacques. - Schließlich", fuhr Frédéric Larsan fort, "hätte die alte Baskenmütze, die ebenfalls in der "Gelben Kammer" gefunden wurde, früher den Kopf von Vater Jacques bedecken können. "Finally," continued Frédéric Larsan, "the old Basque beret also found in the" Yellow Room "could once have worn Father Jacques' head. Tout ceci, monsieur le chef de la Sûreté et monsieur le juge d’instruction, prouve, selon moi — remettez- vous, bonhomme ! All this, Mr. Chief of Security and Mr. Examining Magistrate, prove, in my opinion - get over it, good man! Все это, господин начальник службы безопасности и господин следственный судья, доказывает, на мой взгляд, - перестаньте, добрый человек! fit-il au père Jacques qui défaillait —tout ceci prouve, selon moi, que l’assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité. he said to Father Jacques who was fainting — all this proves, in my opinion, that the assassin wanted to disguise his true personality. Il l’a fait d’une façon assez grossière ou du moins qui nous apparaît telle , parce que nous sommes sûrs que l’assassin n’est pas le père Jacques, qui n’a pas quitté M. Stangerson . He did it in a rather crude way, or at least which appears to us to be so, because we are sure that the murderer is not Father Jacques, who has not left Mr. Stangerson. Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-là, n’ait pas prolongé sa veille ; qu’après avoir quitté sa fille il ait regagné le château ; que Mlle Stangerson ait été assassinée alors qu’il n’y avait plus personne dans le laboratoire et que le père Jacques dormait dans son grenier : il n’aurait fait de doute pour personne que le père Jacques était l’assassin ! Aber stellen Sie sich vor, Herr Stangerson hätte an diesem Abend seine Nachtwache nicht verlängert; nachdem er seine Tochter verlassen hatte, wäre er ins Schloss zurückgekehrt; Fräulein Stangerson wäre ermordet worden, als sich niemand mehr im Labor befand und Vater Jacques auf seinem Dachboden schlief: Es hätte für niemanden einen Zweifel daran gegeben, dass Vater Jacques der Mörder war! But imagine that Mr. Stangerson, that evening, did not prolong his vigil; that after leaving his daughter he returned to the castle; that Miss Stangerson had been murdered when there was no one left in the laboratory and that Father Jacques was sleeping in his attic: there would have been no doubt that Father Jacques was the murderer! Celui-ci ne doit son salut qu’à ce que le drame a éclaté trop tôt, l’assassin ayant cru, sans doute, à cause du silence qui régnait à côté, que le laboratoire était vide et que le moment d’agir était venu. The latter owes his salvation only to the fact that the drama broke out too soon, the assassin having no doubt believed, because of the silence which reigned nearby, that the laboratory was empty and that the moment to act was came. Este só deve a sua salvação ao facto de o drama ter começado cedo demais, o assassino sem dúvida acreditando, por causa do silêncio que reinava nas proximidades, que o laboratório estava vazio e que chegara o momento de agir. Последний обязан своим спасением только тому факту, что драма разразилась слишком рано, убийца, несомненно, поверил из-за царившей поблизости тишины, что лаборатория пуста и что момент действовать настал. L’homme qui a pu s’introduire si mystérieusement ici et prendre de telles précautions contre le père Jacques était, à n’en pas douter, un familier de la maison. The man who was able to enter so mysteriously here and take such precautions against Father Jacques was, without a doubt, a familiar of the house. À quelle heure exactement s’est-il introduit ici ? Dans l’après-midi ? Dans la soirée ? Je ne saurais dire... Un être aussi familier des choses et des gens de ce pavillon a dû pénétrer dans la « Chambre Jaune », à son heure. I could not say ... A being so familiar with things and people in this pavilion must have entered the "Yellow Room" at his time. Não sei dizer ... Um ser tão familiarizado com as coisas e pessoas deste pavilhão deve ter entrado na "Sala Amarela" na época.

— Il n’a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le laboratoire ? - Er konnte jedoch nicht hineingehen, als das Labor voll besetzt war? - However, he couldn't get in when there were people in the laboratory? "Mas ele não conseguiu entrar quando havia pessoas no laboratório?" s’écria M. de Marquet. — Qu’en savons-nous, je vous prie ! - Was wissen wir darüber, bitte! - What do we know, please! répliqua Larsan... Il y a eu le dîner dans le laboratoire, le va-et-vient du service... il y a eu une expérience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze heures, M. Stangerson, sa fille et le père Jacques autour des fourneaux... dans ce coin de la haute cheminée... Qui me dit que l’assassin... un familier ! erwiderte Larsan... Es gab das Abendessen im Labor, das Kommen und Gehen der Bedienung ... es gab ein chemisches Experiment, das Herrn Stangerson, seine Tochter und Vater Jacques zwischen zehn und elf Uhr an den Herd gefesselt haben könnte ... in dieser Ecke des hohen Kamins ... Wer sagt mir, dass der Mörder ... ein Vertrauter! Larsan replied. daughter and Father Jacques around the stoves ... in this corner of the high fireplace ... Who tells me that the murderer ... a familiar! Larsan respondeu: filha e padre Jacques ao redor dos fogões ... neste canto da lareira alta ... Quem me disse que o assassino ... um familiar! Ларсан ответил. Дочь и отец Жак у печей ... в этом углу высокого камина ... Кто мне сказал, что убийца ... знакомый! un familier ! ... n’a pas profité de ce moment pour se glisser dans la « Chambre Jaune », après avoir, dans le lavatory, retiré ses souliers ? ... nicht den Moment genutzt, um sich in das "Gelbe Zimmer" zu schleichen, nachdem er im Waschraum seine Schuhe ausgezogen hatte? ... didn't take advantage of this moment to slip into the “Yellow Room”, after having taken off his shoes in the lavatory? — C’est bien improbable ! - It is very improbable! fit M. Stangerson. said Mr. Stangerson.

— Sans doute, mais ce n’est pas impossible... Aussi je n’affirme rien. - No doubt, but it is not impossible ... So I do not assert anything. Quant à sa sortie, c’est autre chose ! Was seinen Abgang betrifft, so ist das eine andere Sache! As for its release, that's something else! Comment a-t-il pu s’enfuir ? How could he get away? Le plus naturellement du monde ! Un instant, Frédéric Larsan se tut. Por um momento, Frédéric Larsan ficou em silêncio. Cet instant nous parut bien long. Nous attendions qu’il parlât avec une fièvre bien compréhensible. We waited for him to speak with an understandable fever. Esperamos que ele falasse com uma febre compreensível. « Je ne suis pas entré dans la « Chambre Jaune », reprit Frédéric Larsan, mais j’imagine que vous avez acquis la preuve qu’on ne pouvait en sortir que par la porte . "I did not enter the 'Yellow Room', continued Frédéric Larsan," but I imagine that you have acquired proof that one could only leave it by the door. C’est par la porte que l’assassin est sorti. It was through the door that the assassin came out. Or, puisqu’il est impossible qu’il en soit autrement, c’est que cela est ! Now, since it is impossible for it to be otherwise, it is because it is! Agora, como é impossível que seja de outra forma, é porque é! Il a commis le crime et il est sorti par la porte ! À quel moment ! Au moment où cela lui a été le plus facile, au moment où cela devient le plus explicable, tellement explicable qu’il ne saurait y avoir d’autre explication. When it was easiest for him, when it becomes the most explicable, so explicable that there can be no other explanation. Когда это было для него легче всего, когда это становится наиболее объяснимым, настолько объяснимым, что другого объяснения быть не может. Examinons donc les « moments »qui ont suivi le crime. So let's take a look at the “moments” that followed the crime. Il y a le premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la porte, prêts à lui barrer le chemin, M. Stangerson et le père Jacques. There is the first moment, during which there are, in front of the door, ready to bar his way, Mr. Stangerson and Father Jacques. Il y a le second moment, pendant lequel, le père Jacques étant un instant absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. There is the second moment, during which, Father Jacques being absent for a moment, M. Stangerson is alone in front of the door. Это второй момент, когда отец Жак отсутствует на мгновение, месье Стэнджерсон остается один перед дверью. Il y a le troisième moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par le concierge. There is the third moment, during which Mr. Stangerson is joined by the concierge. Il y a le quatrième moment, pendant lequel se trouvent devant la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et le père Jacques. Il y a le cinquième moment, pendant lequel la porte est défoncée et la « Chambre Jaune » envahie. There is the fifth moment, during which the door is smashed and the "Yellow Room" invaded. Chega o quinto momento, em que a porta é quebrada e a “Sala Amarela” invadida. Le moment où la fuite est le plus explicable est le moment même où il y a le moins de personnes devant la porte. The moment when the leak is most explainable is the very moment when there are the fewest people in front of the door. Il y a un moment où il n’y en a plus qu’une : c’est celui où M. Stangerson reste seul devant la porte. There is a moment when there is only one: it is when Mr. Stangerson is left alone at the door. Há um momento em que só resta um: é quando o Sr. Stangerson fica sozinho na porta. À moins d’admettre la complicité de silence du père Jacques, et je n’y crois pas, car le père Jacques ne serait pas sorti du pavillon pour aller examiner la fenêtre de la « Chambre Jaune », s’il avait vu s’ouvrir la porte et sortir l’assassin. Es sei denn, man nimmt an, dass Vater Jacques stillschweigend mitschuldig war, und das glaube ich nicht, denn Vater Jacques wäre nicht aus dem Pavillon gekommen, um das Fenster des "Gelben Zimmers" zu untersuchen, wenn er gesehen hätte, wie sich die Tür öffnete und der Mörder herauskam. Unless we admit Father Jacques' complicity in the silence, and I don't believe it, because Father Jacques would not have left the pavilion to go and examine the window of the "Yellow Room" if he had seen his open the door and take out the assassin. A menos que reconheçamos a cumplicidade do Padre Jacques no silêncio, e não acredito, porque o Padre Jacques não teria saído do pavilhão para ir examinar a janela da "Sala Amarela" se a tivesse visto. Abra a porta e leve o assassino. La porte ne s’est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et l’homme est sorti. Die Tür öffnete sich also nur vor Herrn Stangerson allein, und der Mann kam heraus. So the door only opened in front of Mr. Stangerson alone, and the man left. Então a porta só se abriu na frente do Sr. Stangerson sozinho, e o homem saiu. Ici, nous devons admettre que M. Stangerson avait de puissantes raisons pour ne pas arrêter ou pour ne pas faire arrêter l’assassin, puisqu’il l’a laissé gagner la fenêtre du vestibule et qu’il a refermé cette fenêtre derrière lui ! Here we have to admit that Mr. Stangerson had powerful reasons for not arresting or having the assassin arrested, since he let him gain the hall window and closed that window behind him! ... Ceci fait, comme le père Jacques allait rentrer et qu’il fallait qu’il retrouvât les choses en l’état, Mlle Stangerson, horriblement blessée, a trouvé encore la force, sans doute sur les objurgations de son père, de refermer à nouveau la porte de la « Chambre Jaune » à clef et au verrou avant de s’écrouler, mourante, sur le plancher... Nous ne savons qui a commis le crime ; nous ne savons de quel misérable M. et Mlle Stangerson sont les victimes ; mais il n’y a point de doute qu’ils le savent, eux ! ... This done, as Father Jacques was about to come home and he had to find things as they were, Mlle Stangerson, horribly wounded, still found the strength, no doubt on the objurgations of her father, to close the door of the "Yellow Room" again with the key and the lock before collapsing, dying, on the floor ... We do not know who committed the crime; we do not know of what miserable Mr. and Miss Stangerson are the victims; but there is no doubt that they know it! ... Feito isso, quando o Padre Jacques estava para voltar e tinha que encontrar as coisas como estavam, a Srta. Stangerson, terrivelmente ferida, ainda encontrou forças, sem dúvida nas objeções de seu pai, para fechar a porta do " Sala Amarela "novamente com a chave e a fechadura antes de desabar, morrer, no chão ... Não sabemos quem cometeu o crime; não sabemos de quais miseráveis o Sr. e a Srta. Stangerson são as vítimas; mas não há dúvida de que eles sabem disso! Ce secret doit être terrible pour que le père n’ait pas hésité à laisser sa fille agonisante derrière cette porte qu’elle refermait sur elle, terrible pour qu’il ait laissé échapper l’assassin... Mais il n’y a point d’autre façon au monde d’expliquer la fuite de l’assassin de la « Chambre Jaune ! This secret must be terrible so that the father did not hesitate to leave his dying daughter behind this door which she closed behind her, terrible so that he let the murderer escape ... But there is no point. another way to the world to explain the escape of the assassin from the "Yellow Room!" Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse avait quelque chose d’affreux. There was something dreadful about the silence that followed this dramatic and luminous explanation. Было что-то ужасное в тишине, последовавшей за этим драматическим и ярким объяснением. Nous souffrions tous pour l’illustre professeur, acculé ainsi par l’impitoyable logique de Frédéric Larsan à nous avouer la vérité de son martyre ou à se taire, aveu plus terrible encore. We all suffered for the illustrious professor, thus cornered by the merciless logic of Frédéric Larsan to confess to us the truth of his martyrdom or to be silent, an admission even more terrible. Todos sofremos pelo ilustre professor, assim encurralado pela lógica implacável de Frédéric Larsan para nos confessar a verdade do seu martírio ou calar-se, uma confissão ainda mais terrível. Nous le vîmes se lever, cet homme, véritable statue de la douleur, et étendre la main d’un geste si solennel que nous en courbâmes la tête comme à l’aspect d’une chose sacrée. We saw him stand up, this man, a veritable statue of sorrow, and extend his hand with such a solemn gesture that we bowed our heads as if at the aspect of a sacred thing. Vimo-lo levantar-se, este homem, verdadeira estátua da dor, e estender a mão com um gesto tão solene que abaixamos a cabeça como se fosse uma coisa sagrada. Мы видели, как он встал, этот человек, настоящая статуя печали, и протянул руку таким торжественным жестом, что мы склонили головы, как будто при виде священного предмета. Il prononça alors ces paroles d’une voix éclatante qui sembla épuiser toutes ses forces : He then spoke these words in a dazzling voice that seemed to exhaust all his strength: « Je jure, sur la tête de ma fille à l’agonie, que je n’ai point quitté cette porte, de l’instant où j’ai entendu l’appel désespéré de mon enfant, que cette porte ne s’est point ouverte pendant que j’étais seul dans mon laboratoire, et qu’enfin, quand nous pénétrâmes dans la « Chambre Jaune », mes trois domestiques et moi, l’assassin n’y était plus ! "I swear, on the head of my dying daughter, that I did not leave this door, the moment I heard my child's desperate call, that this door did not open. open while I was alone in my laboratory, and finally, when we entered the "Yellow Room", my three servants and I, the murderer was no longer there! "Eu juro, sobre a cabeça da minha filha moribunda, que não saí desta porta, no momento em que ouvi o chamado desesperado do meu filho, que esta porta não se abriu. Abriu enquanto eu estava sozinho no meu laboratório e, finalmente, quando entramos na "Sala Amarela", meus três servos e eu, o assassino não estava mais lá! "Клянусь головой своей умирающей дочери, что я не покидал эту дверь в тот момент, когда я услышал отчаянный зов моего ребенка, что эта дверь не открылась. Открылась, когда я был один в своей лаборатории, и, наконец, когда мы вошли в «Желтую комнату», трое моих слуг и я, убийцы уже не было! Je jure que je ne connais pas l’assassin ! I swear I don't know the killer! Faut-il que je dise que, malgré la solennité d’un pareil serment, nous ne crûmes guère à la parole de M. Stangerson ? Must I say that, despite the solemnity of such an oath, we hardly believed Mr. Stangerson's word? Devo dizer que, apesar da solenidade de tal juramento, dificilmente acreditamos na palavra do Sr. Stangerson? Frédéric Larsan venait de nous faire entrevoir la vérité : ce n’était point pour la perdre de si tôt. Frédéric Larsan had just given us a glimpse of the truth: it was not to lose it so soon. Frédéric Larsan acabava de nos dar um vislumbre da verdade: não era para perdê-la tão cedo. Фредерик Ларсан только что показал нам правду: ее нельзя было так скоро потерять. Comme M. de Marquet nous annonçait que la « conversation » était terminée et que nous nous apprêtions à quitter le laboratoire, le jeune reporter, ce gamin de Joseph Rouletabille, s’approcha de M. Stangerson, lui prit la main avec le plus grand respect et je l’entendis qui disait : As M. de Marquet announced to us that the "conversation" was over and that we were about to leave the laboratory, the young reporter, this kid of Joseph Rouletabille, approached M. Stangerson, took his hand with the largest respect and I heard him say: Quando o Sr. de Marquet nos anunciou que a "conversa" havia acabado e que estávamos para sair do laboratório, o jovem repórter, esse garoto de Joseph Rouletabille, se aproximou de M. Stangerson, pegou sua mão com o homem mais alto. Eu o ouvi dizer: « Moi, je vous crois, monsieur ! “I believe you, sir! J’arrête ici la citation que j’ai cru devoir faire de la narration de M. Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. I stop here the quotation that I thought I should make of the narration of Mr. Maleine, clerk at the court of Corbeil. Paro aqui a citação que julguei dever fazer da narração do Sr. Maleine, escrivão do tribunal de Corbeil. Je n’ai point besoin de dire au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans le laboratoire me fut fidèlement et aussitôt rapporté par Rouletabille lui-même. I do not need to tell the reader that everything that had just happened in the laboratory was faithfully and immediately reported to me by Rouletabille himself. Não preciso dizer ao leitor que tudo o que acabara de acontecer no laboratório foi fiel e imediatamente relatado a mim pelo próprio Rouletabille. Мне не нужно говорить читателю, что обо всем, что только что произошло в лаборатории, правдиво и немедленно сообщил мне сам Рультабий.