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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XXX

XXX

D'abord je ne vis rien. Mes yeux, déshabitués de la lumière, se fermèrent brusquement. Lorsque je pus les rouvrir, je demeurai encore plus stupéfait qu'émerveillé.

« La mer ! m'écriai-je.

— Oui, répondit mon oncle, la mer Lidenbrock ; et, j'aime à le penser, aucun navigateur ne me disputera l'honneur de l'avoir découverte et le droit de la nommer de mon nom ! Une vaste nappe d'eau s'étendait devant mes yeux.

Une vaste nappe d'eau, le commencement d'un lac ou d'un océan, s'étendait au delà des limites de la vue. Le rivage, largement échancré, offrait aux dernières ondulations des vagues un sable fin, doré et parsemé de ces petits coquillages où vécurent les premiers êtres de la création. Les flots s'y brisaien tavec ce murmure sonore particulier aux milieux clos et immenses. Une légère écume s'envolait au souffle d'un vent modéré, et quelques embruns m'arrivaient au visage. Sur cette grève légèrement inclinée, à cent toises environ de là lisière des vagues, venaient mourir les contreforts de rochers énormes qui montaient en s'évasant à une incommensurable hauteur. Quelques-uns, déchirant le rivage de leur arête aiguë, formaient des caps et des promontoires rongés par la dent du ressac. Plus loin, l'œil suivait leur masse nettement profilée sur les fonds brumeux de l'horizon.

C'était un océan véritable, avec le contour capricieux des rivages terrestres, mais désert et d'un aspect effroyablement sauvage.

Si mes regards pouvaient se promener au loin sur cette mer, c'est qu'une lumière « spéciale » en éclairait les moindres détails. Non pas la lumière du soleil avec ses faisceaux éclatants et l'irradiation splendide de ses rayons, ni la lueur pâle et vague de l'astre des nuits, qui n'est qu'une réflexion sans chaleur. Non. Le pouvoir éclairant de cette lumière, sa diffusion tremblante, sa blancheur claire et sèche, le peu d'élévation de sa température, son éclat supérieur en réalité à celui de la lune, accusaient évidemment une origine purement électrique. C'était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir un océan.

La voûte suspendue au-dessus de ma tête, le ciel, si l'on veut, semblait fait de grands nuages, vapeurs mobiles et changeantes, qui, par l'effet de la condensation, devaient, à de certains jours, se résoudre en pluies torrentielles. J'aurais cru que, sous une pression aussi forte de l'atmosphère, l'évaporation de l'eau ne pouvait se produire, et cependant, par une raison physique qui m'échappait, il y avait de larges nuées étendues dans l'air. Mais alors « il faisait beau » . Les nappes électriques produisaient d'étonnants jeux de lumière sur les nuages très-élevés. Des ombres vives se dessinaient à leurs volutes inférieures, et souvent, entre deux couches disjointes, un rayon se glissait jusqu'à nous avec une remarquable intensité. Mais, en somme, ce n'était pas le soleil, puisque la chaleur manquait à sa lumière. L'effet en était triste et souverainement mélancolique. Au lieu d'un firmament brillant d'étoiles, je sentais par-dessus ces nuages une voûte de granit qui m'écrasait de tout son poids, et cet espace n'eût pas suffi, tout immense qu'il fût, à la promenade du moins ambitieux des satellites.

Je me souvins alors de cette théorie d'un capitaine anglais qui assimilait la terre à une vaste sphère creuse, à l'intérieur de laquelle l'air se maintenait lumineux par suite de sa pression, tandis que deux astres, Pluton et Proserpine, y traçaient leurs mystérieuses orbites. Aurait-il dit vrai ?

Nous étions réellement emprisonnés dans une énorme excavation. Sa largeur, on ne pouvait la juger, puisque le rivage allait s'élargissant à perte de vue, ni sa longueur, car le regard était bientôt arrêté par une ligne d'horizon un peu indécise. Quant à sa hauteur, elle devait dépasser plusieurs lieues. Où cette voûte s'appuyait-elle sur ses contre-forts de granit, l'œil ne pouvait l'apercevoir ; mais il y avait tel nuage suspendu dans l'atmosphère, dont l'élévation devait être estimée à deux mille toises, altitude supérieure à celle des vapeurs terrestres, et due sans doute à la densité considérable de l'air.

Le mot « caverne » ne rend évidemment pas ma pensée pour peindre cet immense milieu. Mais les mots de la langue humaine ne peuvent suffire à qui se hasarde dans les abîmes du globe.

Je ne savais pas, d'ailleurs, par quel fait géologique expliquer l'existence d'une pareille excavation. Le refroidissement du globe avait-il donc pu la produire ? Je connaissais bien, par les récits des voyageurs, certaines cavernes célèbres, mais aucune ne présentait de telles dimensions.

Si la grotte de Guachara, en Colombie, visitée par M. de Humboldt, n'avait pas livré le secret de sa profondeur au savant qui la reconnut sur un espace de deux mille cinq cents pieds, elle ne s'étendait vraisemblablement pas beaucoup au delà. L'immense caverne du Mammouth, dans le Kentucky, offrait bien des proportions gigantesques, puisque sa voûte s'élevait à cinq cents pieds au-dessus d'un lac insondable, et que des voyageurs la parcoururent pendant plus de dix lieues sans en rencontrer la fin. Mais qu'étaient ces cavités auprès de celle que j'admirais alors, avec son ciel de vapeurs, ses irradiations électriques et une vaste mer renfermée dans ses flancs ? Mon imagination se sentait impuissante devant cette immensité.

Toutes ces merveilles, je les contemplais en silence. Les paroles me manquaient pour rendre mes sensations. Je croyais assister, dans quelque planète lointaine, Uranus ou Neptune, à des phénomènes dont ma nature « terrestrielle » n'avait pas conscience. À des sensations nouvelles il fallait des mots nouveaux, et mon imagination ne me les fournissait pas. Je regardais, je pensais, j'admirais avec une stupéfaction mêlée d'une certaine quantité d'effroi.

L'imprévu de ce spectacle avait rappelé sur mon visage les couleurs de la santé ; j'étais en train de me traiter par l'étonnement et d'opérer ma guérison au moyen de cette nouvelle thérapeutique ; d'ailleurs la vivacité d'un air très dense me ranimait, en fournissant plus d'oxygène à mes poumons.

On concevra sans peine qu'après un emprisonnement de quarante-sept jours dans une étroite galerie, c'était une jouissance infinie que d'aspirer cette brise chargée d'humides émanations salines.

Ce n'est qu'une forêt de champignons, dit-il.

Aussi n'eus-je point à me repentir d'avoir quitté ma grotte obscure. Mon oncle, déjà fait à ces merveilles, ne s'étonnait plus.

« Te sens-tu la force de te promener un peu ? me demanda-t-il.

— Oui, certes, répondis-je, et rien ne me sera plus agréable.

— Eh bien, prends mon bras, Axel, et suivons les sinuosités du rivage. J'acceptai avec empressement, et nous commençâmes à côtoyer cet océan nouveau. Sur la gauche, des rochers abrupts, grimpés les uns sur les autres, formaient un entassement titanesque d'un prodigieux effet. Sur leurs flancs se déroulaient d'innombrables cascades, qui s'en allaient en nappes limpides etretentissantes. Quelques légères vapeurs, sautant d'un roc à l'autre, marquaient la place des sources chaudes, et des ruisseaux coulaient doucement vers le bassin commun, en cherchant dans les pentes l'occasion de murmurer plus agréablement.

Parmi ces ruisseaux ; je reconnus notre fidèle compagnon de route, le Hans-bach, qui venait se perdre tranquillement dans la mer, comme s'il n'eût jamais fait autre chose depuis le commencement du monde.

« Il nous manquera désormais, dis-je avec un soupir.

— Bah ! répondit le professeur, lui ou un autre, qu'importe ? Je trouvai la réponse un peu ingrate.

Mais en ce moment mon attention fut attirée par un spectacle inattendu. À cinq cents pas, au détour d'un haut promontoire, une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. Elle était faite d'arbres de moyenne grandeur, taillés en parasols réguliers, à contours nets et géométriques ; les courants de l'atmosphère ne semblaient pas avoir prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles comme un massif de cèdres pétrifiés.

Je hâtai le pas. Je ne pouvais mettre un nom à ces essences singulières. Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu'alors, et fallait-il leur accorder une place spéciale dans la flore des végétations lacustres ? Non. Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l'admiration.

En effet, je me trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron gigantesque. Mon oncle les appela immédiatement de leur nom.

« Ce n'est qu'une forêt de champignons, » dit-il.

Fichier:'Journey to the Center of the Earth' by Édouard Riou 38.jpgCe n'est qu'une forêt de champignons, dit-il. Et il ne se trompait pas. Que l'on juge du développement acquis par ces plantes chères aux milieux chauds et humides. Je savais que le « Lycoperdon giganteum » atteint, suivant Bulliard, huit à neuf pieds de circonférence ; mais il s'agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds, avec une calotte d'un diamètre égal. Ils étaient là par milliers ; la lumière ne parvenait pas à percer leur épais ombrage, et une obscurité complète régnait sous ces dômes juxtaposés comme les toits ronds d'une cité africaine.

Cependant je voulus pénétrer plus avant. Un froid mortel descendait de ces voûtes charnues. Pendant une demi-heure, nous errâmes dans ces humides ténèbres, et ce fut avec un véritable sentiment de bien-être que je retrouvai les bords de la mer.

Mais la végétation de cette contrée souterraine ne s'en tenait pas à ces champignons. Plus loin s'élevaient par groupes un grand nombre d'autres arbres aufeuillage décoloré. Ils étaient faciles à reconnaître ; c'étaient les humbles arbustes de la terre, avec des dimensions phénoménales, des lycopodes hauts de cent pieds, des sigillaires géantes, des fougères arborescentes, grandes comme les sapins des hautes latitudes, des lepidodendrons à tiges cylindriques bifurquées, terminées par de longues feuilles et hérissées de poils rudes comme de monstrueuses plantes grasses.

« Étonnant, magnifique, splendide ! s'écria mon oncle. Voilà toute la flore de la seconde époque du monde, de l'époque de transition. Voilà ces humbles plantes de nos jardins qui se faisaient arbres aux premiers siècles du globe ! Regarde, Axel, admire ! Jamais botaniste ne s'est trouvé à pareille fête !

— Vous avez raison, mon oncle. La Providence semble avoir voulu conserver dans cette serre immense ces plantes antédiluviennes que la sagacité des savants a reconstruites avec tant de bonheur.

— Tu dis bien, mon garçon, c'est une serre ; mais tu dirais mieux encore en ajoutant que c'est peut-être une ménagerie.

— Une ménagerie !

— Oui, sans doute. Vois cette poussière que nous foulons aux pieds, ces ossements épars sur le sol.

— Des ossements ! m'écriai-je.

Oui, des ossements d'animaux antédiluviens ! Je m'étais précipité sur ces débris séculaires faits d'une substance minérale indestructible[1]. Je mettais sans hésiter un nom à ces os gigantesques qui ressemblaient à des troncs d'arbres desséchés.

« Voilà la mâchoire inférieure du Mastodonte, disais-je ; voilà les molaires du dinotherium, voilà un fémur qui ne peut avoir appartenu qu'au plus grand de ces animaux, au mégatherium. Oui, c'est bien une ménagerie, car ces ossements n'ont certainement pas été transportés jusqu'ici par un cataclysme. Les animaux auxquels ils appartiennent ont vécu sur les rivages de cette mer souterraine, à l'ombre de ces plantes arborescentes. Tenez, j'aperçois des squelettes entiers. Et cependant…

— Cependant ? dit mon oncle.

— Je ne comprends pas la présence de pareils quadrupèdes dans cette caverne de granit.

— Pourquoi ?

— Parce que la vie animale n'a existé sur la terre qu'aux périodes secondaires,lorsque le terrain sédimentaire a été formé par les alluvions, et a remplacé les roches incandescentes de l'époque primitive.

— Eh bien ! Axel, il y a une réponse bien simple à faire à ton objection, c'est que ce terrain-ci est un terrain sédimentaire.

— Comment ! à une pareille profondeur au-dessous de la surface de la terre !

— Sans doute, et ce fait peut s'expliquer géologiquement. À une certaine époque, la terre n'était formée que d'une écorce élastique, soumise à des mouvements alternatifs de haut et de bas, en vertu des lois de l'attraction. Il est probable que des affaissements du sol se sont produits, et qu'une partie des terrains sédimentaires a été entraînée au fond des gouffres subitement ouverts.

— Cela doit être. Mais, si des animaux antédiluviens ont vécu dans ces régions souterraines, qui nous dit que l'un de ces monstres n'erre pas encore au milieu de ces forêts sombres ou derrière ces rocs escarpés ? À cette idée j'interrogeai, non sans effroi, les divers points de l'horizon ; mais aucun être vivant n'apparaissait sur ces rivages déserts.

J'étais un peu fatigué. J'allai m'asseoir alors à l'extrémité d'un promontoire au pied duquel les flots venaient se briser avec fracas. De là mon regard embrassait toute cette baie formée par une échancrure de la côte. Au fond, un petit port s'y trouvait ménagé entre les roches pyramidales. Ses eaux calmes dormaient à l'abri du vent. Un brick et deux ou trois goëlettes auraient pu y mouiller à l'aise. Je m'attendais presque à voir quelque navire sortant toutes voiles dehors et prenant le large sous la brise du sud.

Mais cette illusion se dissipa rapidement. Nous étions bien les seules créatures vivantes de ce monde souterrain. Par certaines accalmies du vent, un silence plus profond que les silences du désert, descendait sur les rocs arides et pesait à la surface de l'océan. Je cherchais alors à percer les brumes lointaines, à déchirer ce rideau jeté sur le fond mystérieux de l'horizon. Quelles demandes se pressaient sur mes lèvres ? Où finissait cette mer ? Où conduisait-elle ? Pourrions-nous jamais en reconnaître les rivages opposés ?

Mon oncle n'en doutait pas, pour son compte. Moi, je le désirais et je le craignais à la fois.

Après une heure passée dans la contemplation de ce merveilleux spectacle, nous reprîmes le chemin de la grève pour regagner la grotte, et ce fut sous l'empire des plus étranges pensées que je m'endormis d'un profond sommeil.


XXX XXX XXX XXX XXX

D’abord je ne vis rien. Mes yeux, déshabitués de la lumière, se fermèrent brusquement. Lorsque je pus les rouvrir, je demeurai encore plus stupéfait qu’émerveillé. Quando consegui reabri-los, fiquei ainda mais pasmo do que pasmo.

« La mer ! m’écriai-je.

— Oui, répondit mon oncle, la mer Lidenbrock ; et, j’aime à le penser, aucun navigateur ne me disputera l’honneur de l’avoir découverte et le droit de la nommer de mon nom ! 'Sim', respondeu meu tio, 'o Mar de Lidenbrock; e, gosto de pensar assim, nenhum navegador disputará comigo a honra de tê-lo descoberto e o direito de batizá-lo com meu nome! Une vaste nappe d’eau s’étendait devant mes yeux. Перед моїми очима розкинулося величезне водне полотно.

Une vaste nappe d’eau, le commencement d’un lac ou d’un océan, s’étendait au delà des limites de la vue. A vast sheet of water, the beginning of a lake or ocean, stretched beyond the limits of view. Le rivage, largement échancré, offrait aux dernières ondulations des vagues un sable fin, doré et parsemé de ces petits coquillages où vécurent les premiers êtres de la création. The widely indented shoreline offered the last ripples of the waves a fine, golden sand dotted with the tiny shells that were home to the first beings of creation. A orla, largamente recortada, oferecia às últimas ondulações das ondas uma areia fina, dourada e salpicada dessas pequenas conchas onde viveram os primeiros seres da criação. Les flots s’y brisaien tavec ce murmure sonore particulier aux milieux clos et immenses. The waves broke with the sonorous murmur peculiar to enclosed, immense environments. Une légère écume s’envolait au souffle d’un vent modéré, et quelques embruns m’arrivaient au visage. Sur cette grève légèrement inclinée, à cent toises environ de là lisière des vagues, venaient mourir les contreforts de rochers énormes qui montaient en s’évasant à une incommensurable hauteur. On this slightly inclined shore, about a hundred or fathoms from the edge of the waves, came to die the foothills of enormous rocks, which rose to an immeasurable height. Nesta costa ligeiramente inclinada, a cerca de cem braças de distância da borda das ondas, vieram a morrer os contrafortes de enormes rochas que se erguiam e se alargavam a uma altura incomensurável. Quelques-uns, déchirant le rivage de leur arête aiguë, formaient des caps et des promontoires rongés par la dent du ressac. Some of them, tearing the shoreline with their sharp edges, formed headlands and promontories gnawed by the teeth of the surf. Alguns, rasgando a costa com suas cristas pontiagudas, formaram capas e promontórios comidos pelos dentes da rebentação. Деякі з них, розриваючи берег своїми гострими краями, утворили миси і миси, погризені зубами прибою. Plus loin, l’œil suivait leur masse nettement profilée sur les fonds brumeux de l’horizon. In the distance, the eye followed their mass, clearly outlined against the misty horizon. Mais adiante, os olhos seguiram sua massa claramente traçada nos fundos nebulosos do horizonte.

C’était un océan véritable, avec le contour capricieux des rivages terrestres, mais désert et d’un aspect effroyablement sauvage. It was a real ocean, with the capricious contours of land shores, but deserted and frighteningly wild-looking.

Si mes regards pouvaient se promener au loin sur cette mer, c’est qu’une lumière « spéciale » en éclairait les moindres détails. If my eyes could wander off over this sea, it was because a "special" light illuminated the smallest details. Se meus olhos puderam vaguear por este mar, foi porque uma luz "especial" iluminou os menores detalhes. Non pas la lumière du soleil avec ses faisceaux éclatants et l’irradiation splendide de ses rayons, ni la lueur pâle et vague de l’astre des nuits, qui n’est qu’une réflexion sans chaleur. Not sunlight with its brilliant beams and the splendid irradiation of its rays, nor the pale, vague glow of the night star, which is but a reflection without warmth. Nem a luz do sol com seus raios deslumbrantes e a esplêndida irradiação de seus raios, nem o brilho pálido e vago da estrela noturna, que é apenas um reflexo sem calor. Non. Le pouvoir éclairant de cette lumière, sa diffusion tremblante, sa blancheur claire et sèche, le peu d’élévation de sa température, son éclat supérieur en réalité à celui de la lune, accusaient évidemment une origine purement électrique. The illuminating power of this light, its trembling diffusion, its clear and dry whiteness, the little elevation of its temperature, its brilliancy actually superior to that of the moon, evidently had a purely electric origin. Освітлювальна сила цього світла, його приголомшлива дифузія, чиста і суха білизна, незначне підвищення температури, яскравість, яка насправді перевершує місячну, очевидно, вказували на його суто електричне походження. C’était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir un océan. It was like an aurora borealis, a continuous cosmic phenomenon, filling this cavern capable of holding an ocean. Це було схоже на полярне сяйво, безперервне космічне явище, що заповнювало цю печеру, здатну вмістити океан.

La voûte suspendue au-dessus de ma tête, le ciel, si l’on veut, semblait fait de grands nuages, vapeurs mobiles et changeantes, qui, par l’effet de la condensation, devaient, à de certains jours, se résoudre en pluies torrentielles. The vault suspended above my head, the sky, if you will, seemed made of great clouds, mobile and changing vapors, which, by the effect of the condensation, were, on certain days, to resolve itself into torrential rain. Склепіння, що висіло над моєю головою, небо, якщо хочете, здавалося зробленим з великих хмар, рухливих і мінливих парів, які, внаслідок конденсації, в певні дні повинні були перетворитися на проливні дощі. J’aurais cru que, sous une pression aussi forte de l’atmosphère, l’évaporation de l’eau ne pouvait se produire, et cependant, par une raison physique qui m’échappait, il y avait de larges nuées étendues dans l’air. I would have believed that under such strong pressure from the atmosphere the evaporation of water could not take place, and yet, for some physical reason that escaped me, there were large clouds stretched out in the air. air. Здавалося б, за такого високого атмосферного тиску випаровування води не може відбуватися, але з якоїсь фізичної причини, яка вислизала від мене, в повітрі розпливалися великі хмари. Mais alors « il faisait beau » . But then "it was fine". Але тоді "погода була чудова". Les nappes électriques produisaient d’étonnants jeux de lumière sur les nuages très-élevés. The electric sheets produced astonishing light effects on the very high clouds. As lâminas elétricas produziam surpreendentes jogos de luz nas nuvens muito altas. Des ombres vives se dessinaient à leurs volutes inférieures, et souvent, entre deux couches disjointes, un rayon se glissait jusqu’à nous avec une remarquable intensité. Bright shadows appeared at their lower volutes, and often, between two disjointed layers, a ray crept up to us with a remarkable intensity. Mais, en somme, ce n’était pas le soleil, puisque la chaleur manquait à sa lumière. L’effet en était triste et souverainement mélancolique. The effect was sad and melancholy. O efeito foi triste e extremamente melancólico. Ефект був сумний і меланхолійний. Au lieu d’un firmament brillant d’étoiles, je sentais par-dessus ces nuages une voûte de granit qui m’écrasait de tout son poids, et cet espace n’eût pas suffi, tout immense qu’il fût, à la promenade du moins ambitieux des satellites. Instead of a firmament shining with stars, I felt over these clouds a granite vault that crushed me with all its weight, and this space would not have been enough, immense as it was, to walk at least ambitious satellites. Em vez de um firmamento brilhante de estrelas, senti acima dessas nuvens uma abóbada de granito que me esmagava com todo o seu peso, e este espaço não teria sido suficiente, imenso como era, para a caminhada, pelo menos satélites ambiciosos.

Je me souvins alors de cette théorie d’un capitaine anglais qui assimilait la terre à une vaste sphère creuse, à l’intérieur de laquelle l’air se maintenait lumineux par suite de sa pression, tandis que deux astres, Pluton et Proserpine, y traçaient leurs mystérieuses orbites. I remembered then this theory of an English captain who assimilated the earth to a vast hollow sphere, inside which the air was kept luminous as a result of its pressure, while two stars, Pluto and Proserpine, traced their mysterious orbits. Aurait-il dit vrai ? Чи може це бути правдою?

Nous étions réellement emprisonnés dans une énorme excavation. We were really trapped in a huge excavation. Ми опинилися у величезному котловані. Sa largeur, on ne pouvait la juger, puisque le rivage allait s’élargissant à perte de vue, ni sa longueur, car le regard était bientôt arrêté par une ligne d’horizon un peu indécise. Its width, one could not judge it, since the shore was widening as far as the eye could see, nor its length, because the gaze was soon stopped by a somewhat indecisive horizon line. Quant à sa hauteur, elle devait dépasser plusieurs lieues. Щодо висоти, то вона, мабуть, перевищувала кілька ліг. Où cette voûte s’appuyait-elle sur ses contre-forts de granit, l’œil ne pouvait l’apercevoir ; mais il y avait tel nuage suspendu dans l’atmosphère, dont l’élévation devait être estimée à deux mille toises, altitude supérieure à celle des vapeurs terrestres, et due sans doute à la densité considérable de l’air.

Le mot « caverne » ne rend évidemment pas ma pensée pour peindre cet immense milieu. The word "cave" obviously does not convey my thought to paint this immense environment. Mais les mots de la langue humaine ne peuvent suffire à qui se hasarde dans les abîmes du globe. But the words of the human language cannot suffice for those who venture into the abysses of the globe. Mas as palavras da língua humana não podem bastar para aqueles que se aventuram nos abismos do globo.

Je ne savais pas, d’ailleurs, par quel fait géologique expliquer l’existence d’une pareille excavation. I didn't know how to explain the existence of such an excavation. Le refroidissement du globe avait-il donc pu la produire ? Je connaissais bien, par les récits des voyageurs, certaines cavernes célèbres, mais aucune ne présentait de telles dimensions.

Si la grotte de Guachara, en Colombie, visitée par M. de Humboldt, n’avait pas livré le secret de sa profondeur au savant qui la reconnut sur un espace de deux mille cinq cents pieds, elle ne s’étendait vraisemblablement pas beaucoup au delà. If the cave of Guachara, in Colombia, visited by M. de Humboldt, had not revealed the secret of its depth to the scientist who recognized it over a space of two thousand five hundred feet, it probably did not extend much to of the. L’immense caverne du Mammouth, dans le Kentucky, offrait bien des proportions gigantesques, puisque sa voûte s’élevait à cinq cents pieds au-dessus d’un lac insondable, et que des voyageurs la parcoururent pendant plus de dix lieues sans en rencontrer la fin. Mais qu’étaient ces cavités auprès de celle que j’admirais alors, avec son ciel de vapeurs, ses irradiations électriques et une vaste mer renfermée dans ses flancs ? Але що були ці порожнини порівняно з тією, якою я тоді милувався, з її небом парів, електричним випромінюванням і величезним морем, замкненим в її боках? Mon imagination se sentait impuissante devant cette immensité.

Toutes ces merveilles, je les contemplais en silence. Les paroles me manquaient pour rendre mes sensations. Мені бракувало слів, щоб передати свої почуття. Je croyais assister, dans quelque planète lointaine, Uranus ou Neptune, à des phénomènes dont ma nature « terrestrielle » n’avait pas conscience. I thought I was witnessing, in some distant planet, Uranus or Neptune, phenomena of which my "earthly" nature was not aware. À des sensations nouvelles il fallait des mots nouveaux, et mon imagination ne me les fournissait pas. Нові відчуття потребували нових слів, а моя уява їх не давала. Je regardais, je pensais, j’admirais avec une stupéfaction mêlée d’une certaine quantité d’effroi.

L’imprévu de ce spectacle avait rappelé sur mon visage les couleurs de la santé ; j’étais en train de me traiter par l’étonnement et d’opérer ma guérison au moyen de cette nouvelle thérapeutique ; d’ailleurs la vivacité d’un air très dense me ranimait, en fournissant plus d’oxygène à mes poumons. O inesperado desse espetáculo havia lembrado meu rosto das cores da saúde; Eu estava me tratando com espanto e operando minha cura por meio dessa nova terapia; além disso, a vivacidade de um ar muito denso me reanimou, fornecendo mais oxigênio aos meus pulmões.

On concevra sans peine qu’après un emprisonnement de quarante-sept jours dans une étroite galerie, c’était une jouissance infinie que d’aspirer cette brise chargée d’humides émanations salines. É fácil imaginar que depois de uma prisão de quarenta e sete dias em uma estreita galeria, foi um prazer infinito inalar essa brisa carregada de úmidas emanações salinas. Легко уявити, що після сорока семи днів ув'язнення у вузькій галереї було безмежним задоволенням вдихати цей вітерець, наповнений вологими соляними випарами.

Ce n’est qu’une forêt de champignons, dit-il. Це просто ліс грибів, - каже він.

Aussi n’eus-je point à me repentir d’avoir quitté ma grotte obscure. So I did not have to repent of having left my dark cave. Тому я не каявся, що покинув свою темну печеру. Mon oncle, déjà fait à ces merveilles, ne s’étonnait plus.

« Te sens-tu la force de te promener un peu ? me demanda-t-il.

— Oui, certes, répondis-je, et rien ne me sera plus agréable.

— Eh bien, prends mon bras, Axel, et suivons les sinuosités du rivage. J’acceptai avec empressement, et nous commençâmes à côtoyer cet océan nouveau. I eagerly accepted, and we began to coast along this new ocean. Я з радістю погодився, і ми почали плавати цим новим океаном. Sur la gauche, des rochers abrupts, grimpés les uns sur les autres, formaient un entassement titanesque d’un prodigieux effet. On the left, steep rocks, climbed one on top of the other, formed a titanic heap of prodigious effect. Sur leurs flancs se déroulaient d’innombrables cascades, qui s’en allaient en nappes limpides etretentissantes. Innumerable waterfalls unfolded on their sides, which flowed away in limpid and resounding sheets. Inúmeras cachoeiras se desdobravam sobre seus lados, que fluíam em lençóis límpidos e retumbantes. Quelques légères vapeurs, sautant d’un roc à l’autre, marquaient la place des sources chaudes, et des ruisseaux coulaient doucement vers le bassin commun, en cherchant dans les pentes l’occasion de murmurer plus agréablement. A few light vapors, leaping from one rock to another, marked the place of the hot springs, and streams flowed gently towards the common basin, seeking in the slopes an opportunity to murmur more pleasantly.

Parmi ces ruisseaux ; je reconnus notre fidèle compagnon de route, le Hans-bach, qui venait se perdre tranquillement dans la mer, comme s’il n’eût jamais fait autre chose depuis le commencement du monde. Among these streams; I recognized our faithful traveling companion, the Hans-bach, who came to get lost quietly in the sea, as if he had never done anything else since the beginning of the world. Серед цих потоків я впізнав нашого вірного супутника, "Ганс-баха", який спокійно загубився в морі, наче ніколи нічого іншого не робив від початку світу.

« Il nous manquera désormais, dis-je avec un soupir. "We will miss him now," I said with a sigh. Нам його тепер бракуватиме, - зітхнувши, сказала я.

— Bah ! répondit le professeur, lui ou un autre, qu’importe ? відповів професор, - Він чи хтось інший, яка різниця? Je trouvai la réponse un peu ingrate. I found the answer a little ungrateful.

Mais en ce moment mon attention fut attirée par un spectacle inattendu. À cinq cents pas, au détour d’un haut promontoire, une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. Five hundred paces away, at the bend of a high promontory, a tall, thick, bushy forest appeared before our eyes. A quinhentos passos de distância, na curva de um alto promontório, uma floresta alta, densa e espessa apareceu aos nossos olhos. Кроків за п'ятсот від нас, на вигині високого мису, перед нашими очима з'явився високий, густий ліс. Elle était faite d’arbres de moyenne grandeur, taillés en parasols réguliers, à contours nets et géométriques ; les courants de l’atmosphère ne semblaient pas avoir prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles comme un massif de cèdres pétrifiés. It was made of trees of medium size, cut into regular parasols, with clean and geometric contours; the currents of the atmosphere did not seem to have taken hold of their foliage, and, amid the murmurs, they remained motionless like a mass of petrified cedars. Він складався з дерев середнього розміру, підстрижених під правильні парасольки, з чіткими, геометричними обрисами; потоки атмосфери, здавалося, не мали ніякої влади над їхнім листям, і посеред подихів вони залишалися нерухомими, як маса скам'янілих кедрів.

Je hâtai le pas. Я поспішив далі. Je ne pouvais mettre un nom à ces essences singulières. I could not put a name to these singular essences. Я не міг дати назву цим особливим сутностям. Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu’alors, et fallait-il leur accorder une place spéciale dans la flore des végétations lacustres ? Were they not part of the two hundred thousand vegetable species known till then, and should they be accorded a special place in the flora of the lacustrine vegetation? Чи не були вони частиною двохсот тисяч видів рослин, відомих до того часу, і чи варто їм відводити особливе місце у флорі озерної рослинності? Non. Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l’admiration. Коли ми опинилися під їхньою тінню, моєму здивуванню не було меж, окрім захоплення.

En effet, je me trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron gigantesque. Indeed, I was in the presence of products of the earth, but carved on a gigantic boss. Дійсно, переді мною були вироби з землі, але вирізані за гігантським візерунком. Mon oncle les appela immédiatement de leur nom.

« Ce n’est qu’une forêt de champignons, » dit-il. "It's just a forest of mushrooms," he says.

Fichier:'Journey to the Center of the Earth' by Édouard Riou 38.jpgCe n’est qu’une forêt de champignons, dit-il. Et il ne se trompait pas. And he was not wrong. Que l’on juge du développement acquis par ces plantes chères aux milieux chauds et humides. We judge the development acquired by these plants dear to hot and humid environments. Погляньмо, як розвиваються ці рослини, що полюбляють тепле і вологе середовище. Je savais que le « Lycoperdon giganteum » atteint, suivant Bulliard, huit à neuf pieds de circonférence ; mais il s’agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds, avec une calotte d’un diamètre égal. I knew that the "Lycoperdon giganteum" reached, according to Bulliard, eight to nine feet in circumference; but it was here white mushrooms, thirty to forty feet high, with a cap of equal diameter. Я знав, що "Lycoperdon giganteum" досягає, за словами Бульярда, восьми-дев'яти футів в окружності; але це були білі гриби, тридцять-сорок футів заввишки, з капелюшком такого ж діаметру. Ils étaient là par milliers ; la lumière ne parvenait pas à percer leur épais ombrage, et une obscurité complète régnait sous ces dômes juxtaposés comme les toits ronds d’une cité africaine. They were there by the thousands; the light could not penetrate their thick shade, and complete darkness reigned under these domes juxtaposed like the round roofs of an African city.

Cependant je voulus pénétrer plus avant. Un froid mortel descendait de ces voûtes charnues. A deadly cold descended from these fleshy vaults. Um frio mortal desceu dessas abóbadas carnudas. Pendant une demi-heure, nous errâmes dans ces humides ténèbres, et ce fut avec un véritable sentiment de bien-être que je retrouvai les bords de la mer. For half an hour we wandered in these damp shadows, and it was with a real sense of well-being that I found the shores of the sea. Півгодини ми блукали у вогкій темряві, і лише з відчуттям справжнього благополуччя я повернулася на берег моря.

Mais la végétation de cette contrée souterraine ne s’en tenait pas à ces champignons. But the vegetation of this subterranean country did not stop at these mushrooms. Plus loin s’élevaient par groupes un grand nombre d’autres arbres aufeuillage décoloré. Further afield were a large number of other trees with discolored leaves. Далі групами стояла велика кількість інших дерев із зів'ялим листям. Ils étaient faciles à reconnaître ; c’étaient les humbles arbustes de la terre, avec des dimensions phénoménales, des lycopodes hauts de cent pieds, des sigillaires géantes, des fougères arborescentes, grandes comme les sapins des hautes latitudes, des lepidodendrons à tiges cylindriques bifurquées, terminées par de longues feuilles et hérissées de poils rudes comme de monstrueuses plantes grasses. They were easy to recognize; they were the humble shrubs of the earth, with phenomenal dimensions, lycopods a hundred feet high, giant sigillaria, tree ferns, as tall as pines of high latitudes, lepidodendrons with bifurcated cylindrical stems, terminated in long leaves and bristling with rough hairs like monstrous succulents. Їх було легко впізнати; це були скромні чагарники землі, з феноменальними розмірами, лікоподи висотою в сто футів, гігантські сигілярії, деревовидні папороті заввишки з ялинки високих широт, лепідодендрони з роздвоєними циліндричними стеблами, що закінчуються довгими листками і вкриті грубими волосками, як жахливі сукуленти...

« Étonnant, magnifique, splendide ! s’écria mon oncle. Voilà toute la flore de la seconde époque du monde, de l’époque de transition. Voilà ces humbles plantes de nos jardins qui se faisaient arbres aux premiers siècles du globe ! Це скромні рослини наших садів, які в перші століття існування світу були деревами! Regarde, Axel, admire ! Look, Axel, admire! Jamais botaniste ne s’est trouvé à pareille fête !

— Vous avez raison, mon oncle. La Providence semble avoir voulu conserver dans cette serre immense ces plantes antédiluviennes que la sagacité des savants a reconstruites avec tant de bonheur.

— Tu dis bien, mon garçon, c’est une serre ; mais tu dirais mieux encore en ajoutant que c’est peut-être une ménagerie. "You say well, my boy, it's a greenhouse; but you would say even better by adding that it may be a menagerie.

— Une ménagerie !

— Oui, sans doute. Vois cette poussière que nous foulons aux pieds, ces ossements épars sur le sol. See this dust that we trample on, these bones scattered on the ground.

— Des ossements ! m’écriai-je.

Oui, des ossements d’animaux antédiluviens ! Je m’étais précipité sur ces débris séculaires faits d’une substance minérale indestructible[1]. I rushed over to these age-old debris made of an indestructible mineral substance[1]. Я кинувся до цих вікових уламків з незнищенної мінеральної речовини[1]. Je mettais sans hésiter un nom à ces os gigantesques qui ressemblaient à des troncs d’arbres desséchés. Я без вагань дала назву цим гігантським кісткам, схожим на висохлі стовбури дерев.

« Voilà la mâchoire inférieure du Mastodonte, disais-je ; voilà les molaires du dinotherium, voilà un fémur qui ne peut avoir appartenu qu’au plus grand de ces animaux, au mégatherium. Oui, c’est bien une ménagerie, car ces ossements n’ont certainement pas été transportés jusqu’ici par un cataclysme. Sim, é realmente um zoológico, porque esses ossos certamente não foram transportados para cá por um cataclismo. Les animaux auxquels ils appartiennent ont vécu sur les rivages de cette mer souterraine, à l’ombre de ces plantes arborescentes. Tenez, j’aperçois des squelettes entiers. Here, I see whole skeletons. Тут я бачу цілі скелети. Et cependant…

— Cependant ? dit mon oncle.

— Je ne comprends pas la présence de pareils quadrupèdes dans cette caverne de granit. - Я не розумію присутності таких чотириногих у цій гранітній печері.

— Pourquoi ?

— Parce que la vie animale n’a existé sur la terre qu’aux périodes secondaires,lorsque le terrain sédimentaire a été formé par les alluvions, et a remplacé les roches incandescentes de l’époque primitive. - Porque a vida animal só existia na terra em períodos secundários, quando o solo sedimentar era formado por aluvião, e substituía as rochas incandescentes da era primitiva. - Тому що тваринне життя існувало на землі лише у вторинні періоди, коли осадовий рельєф був сформований алювієм і замінив розпечені гірські породи первісного періоду.

— Eh bien ! Axel, il y a une réponse bien simple à faire à ton objection, c’est que ce terrain-ci est un terrain sédimentaire. Axel, há uma resposta muito simples à sua objeção, que esta terra é uma terra sedimentar. Акселю, на твоє заперечення є дуже проста відповідь: це осадовий рельєф.

— Comment ! à une pareille profondeur au-dessous de la surface de la terre ! на такій глибині під поверхнею землі!

— Sans doute, et ce fait peut s’expliquer géologiquement. - Without doubt, and this fact can be explained geologically. À une certaine époque, la terre n’était formée que d’une écorce élastique, soumise à des mouvements alternatifs de haut et de bas, en vertu des lois de l’attraction. At one time, the earth was formed only of an elastic crust, subjected to alternating movements up and down, by virtue of the laws of attraction. Ao mesmo tempo, a Terra era formada apenas por uma crosta elástica, sujeita a movimentos alternados para cima e para baixo, em virtude das leis da atração. Колись земля була лише еластичною корою, яка під дією законів тяжіння рухалася вгору і вниз. Il est probable que des affaissements du sol se sont produits, et qu’une partie des terrains sédimentaires a été entraînée au fond des gouffres subitement ouverts. It is probable that subsidence of the ground occurred, and that part of the sedimentary grounds was entrained at the bottom of the abruptly opened abysses. É provável que tenha ocorrido subsidência do solo, e que parte dos solos sedimentares tenha sido arrastada para o fundo dos abismos abruptamente abertos.

— Cela doit être. Mais, si des animaux antédiluviens ont vécu dans ces régions souterraines, qui nous dit que l’un de ces monstres n’erre pas encore au milieu de ces forêts sombres ou derrière ces rocs escarpés ? But, if antediluvian animals lived in these subterranean regions, who tells us that one of these monsters does not yet wander in the middle of these dark forests or behind these steep rocks? Mas, se animais antediluvianos viviam nessas regiões subterrâneas, quem nos diz que um desses monstros ainda não vagueia no meio dessas florestas escuras ou por trás dessas rochas íngremes? À cette idée j’interrogeai, non sans effroi, les divers points de l’horizon ; mais aucun être vivant n’apparaissait sur ces rivages déserts. At this idea I questioned, not without fright, the various points of the horizon; but no living being appeared on these deserted shores.

J’étais un peu fatigué. J’allai m’asseoir alors à l’extrémité d’un promontoire au pied duquel les flots venaient se briser avec fracas. I went and sat down at the end of a promontory at the foot of which the waves were crashing. Я пішов і сів у кінці мису, біля підніжжя якого з гуркотом розбивалися хвилі. De là mon regard embrassait toute cette baie formée par une échancrure de la côte. From there my gaze embraced all this bay formed by a notch in the coast. Daí meu olhar envolveu toda essa baía formada por um entalhe na costa. Звідти мені було видно всю бухту, утворену заглибленням у березі. Au fond, un petit port s’y trouvait ménagé entre les roches pyramidales. Basically, there was a small port between the pyramidal rocks. На дні між скелями у формі піраміди була вирізана невелика гавань. Ses eaux calmes dormaient à l’abri du vent. Its calm waters were sheltered from the wind. Suas águas calmas dormiam protegidas do vento. Його спокійні води спали, захищені від вітру. Un brick et deux ou trois goëlettes auraient pu y mouiller à l’aise. A brig and two or three schooners could have anchored there at ease. Um brigue e duas ou três escunas poderiam ter ancorado ali à vontade. Бриг і дві-три шхуни могли спокійно стати на якір. Je m’attendais presque à voir quelque navire sortant toutes voiles dehors et prenant le large sous la brise du sud. I was almost expecting to see some ship sails out and taking off in the southern breeze. Quase esperava ver algum navio saindo com as velas cheias e zarpando com a brisa do sul.

Mais cette illusion se dissipa rapidement. Але ця ілюзія швидко розвіялася. Nous étions bien les seules créatures vivantes de ce monde souterrain. Par certaines accalmies du vent, un silence plus profond que les silences du désert, descendait sur les rocs arides et pesait à la surface de l’océan. During certain lulls in the wind, a silence deeper than the silences of the desert descended over the arid rocks and weighed down the surface of the ocean. Je cherchais alors à percer les brumes lointaines, à déchirer ce rideau jeté sur le fond mystérieux de l’horizon. Tentei então perfurar as brumas distantes, rasgar essa cortina lançada contra o fundo misterioso do horizonte. Quelles demandes se pressaient sur mes lèvres ? What demands were pressing on my lips? Які прохання тиснули на мої губи? Où finissait cette mer ? Où conduisait-elle ? Куди вона їхала? Pourrions-nous jamais en reconnaître les rivages opposés ? Could we ever recognize its opposite shores?

Mon oncle n’en doutait pas, pour son compte. Meu tio não tinha dúvidas, por sua vez. Moi, je le désirais et je le craignais à la fois.

Après une heure passée dans la contemplation de ce merveilleux spectacle, nous reprîmes le chemin de la grève pour regagner la grotte, et ce fut sous l’empire des plus étranges pensées que je m’endormis d’un profond sommeil. After an hour spent in the contemplation of this marvelous spectacle, we resumed the path of the shore to regain the cave, and it was under the influence of the strangest thoughts that I fell asleep in a deep sleep. Após uma hora passada na contemplação deste maravilhoso espetáculo, retomamos o caminho da costa para recuperar a caverna, e foi sob a influência dos mais estranhos pensamentos que adormeci num sono profundo. Після години, проведеної в спогляданні цього чудового видовища, ми повернулися до берега, щоб повернутися в печеру, і саме під впливом найдивніших думок я заснув глибоким сном.