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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XXVIII

XXVIII

Quand je revins à la vie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d'insensibilité, je ne saurais le dire. Je n'avais plus aucun moyen de me rendre compte du temps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet !

Après ma chute, j'avais perdu beaucoup de sang. Je m'en sentais inondé ! Ah ! combien je regrettai de n'être pas mort « et que ce fût encore à faire ! » Jene voulais plus penser. Je chassai toute idée et, vaincu par la douleur, je me roulai près de la paroi opposée.

Déjà je sentais l'évanouissement me reprendre, et, avec lui, l'anéantissement suprême, quand un bruit violent vint frapper mon oreille. Il ressemblait au roulement prolongé du tonnerre, et j'entendis les ondes sonores se perdre peu a peu dans les lointaines profondeurs du gouffre.

D'où provenait ce bruit ? de quelque phénomène sans doute, qui s'accomplissait au sein du massif terrestre. L'explosion d'un gaz, ou la chute de quelque puissante assise du globe !

J'écoutai encore. Je voulus savoir si ce bruit se renouvellerait. Un quartd'heure se passa. Le silence régnait dans la galerie, Je n'entendais même plus les battements de mon cœur.

Tout à coup mon oreille, appliquée par hasard sur la muraille, crut surprendre des paroles vagues, insaisissables, lointaines. Je tressaillis.

« C'est une hallucination ! » pensais-je.

Mais non. En écoutant avec plus d'attention, j'entendis réellement un murmure de voix. Mais de comprendre ce qui se disait, c'est ce que ma faiblesse ne me permit pas. Cependant on parlait. J'en étais certain.

J'eus un instant la crainte que ces paroles ne fussent les miennes, rapportées par un écho. Peut-être avais-je crié à mon insu ? Je fermai fortement les lèvres et j'appliquai de nouveau mon oreille à la paroi.

« Oui, certes, on parle ! on parle ! En me portant même à quelques pieds plus loin, le long de la muraille, j'entendis plus distinctement. Je parvins à saisir des mots incertains, bizarres, incompréhensibles. Ils m'arrivaient comme des paroles prononcées à voix basse, murmurées, pour ainsi dire. Le mot « forlorad » était plusieurs fois répété, et avec un accent de douleur.

Que signifiait-il ? Qui le prononçait ? Mon oncle ou Hans, évidemment. Mais si je les entendais, ils pouvaient donc m'entendre.

« À moi ! criai-je de toutes mes forces, à moi ! J'écoutai, j'épiai dans l'ombre une réponse, un cri, un soupir. Rien ne se fit entendre. Quelques minutes se passèrent. Tout un monde d'idées avait éclos dans mon esprit. Je pensai que ma voix affaiblie ne pouvait arriver jusqu'à mes compagnons.

« Car ce sont eux, répétai-je. Quels autres hommes seraient enfouis à trente lieues sous terre ? Je me remis à écouter. En promenant mon oreille sur la paroi, je trouvai un point mathématique où les voix paraissaient atteindre leur maximum d'intensité. Le mot « forlorad » revînt encore à mon oreille, puis ce roulement de tonnerre qui m'avait tiré de ma torpeur.

« Non, dis-je, non. Ce n'est point à travers le massif que ces voix se font entendre. La paroi est faite de granit ; elle ne permettrait pas à la plus forte détonation de la traverser ! Ce bruit arrive par la galerie même ! Il faut qu'il y ait là un effet d'acoustique tout particulier ! J'écoutai de nouveau, et cette fois, oui ! cette fois, j'entendis mon nom distinctement jeté à travers l'espace !

C'était mon oncle qui le prononçait ? Il causait avec le guide, et le mot « forlorad » était un mot danois ! Alors je compris tout. Pour me faire entendre il fallait précisément parler le long de cette muraille qui servirait à conduire ma voix comme le fil de fer conduit l'électricité.

Mais je n'avais pas de temps à perdre. Que mes compagnons se fussent éloignés de quelques pas et le phénomène d'acoustique eût été détruit. Je m'approchai donc de la muraille, et je prononçai ces mots, aussi distinctement que possible :

« Mon oncle Lidenbrock ! J'attendis dans la plus vive anxiété. Le son n'a pas une rapidité extrême. La densité des couches d'air n'accroît même pas sa vitesse ; elle n'augmente que son intensité. Quelques secondes, des siècles, se passèrent, et enfin ces paroles arrivèrent à mon oreille.

« Axel, Axel ! est-ce toi ? « Axel ! Axel ! est-ce toi ? »························

« Oui ! oui ! » répondis-je ! ························

« Mon pauvre enfant, où es-tu ? ························

« Perdu dans la plus profonde obscurité ? ························

« Mais ta lampe ? ························

« Éteinte. ························

« Et le ruisseau ? ························

« Disparu. ························

« Axel, mon pauvre Axel, reprends courage ! ························

« Attendez un peu, je suis épuisé ; je n'ai plus la force de répondre. Mais parlez-moi ! ························

« Courage, reprit mon oncle. Ne parle-pas, écoute-moi. Nous t'avons cherché en remontant et en descendant la galerie. Impossible de te trouver. Ah ! je t'ai bien pleuré, mon enfant ! Enfin, te supposant toujours sur le chemin du Hans-bach, nous sommes redescendus en tirant des coups de fusil. Maintenant, si nos voix peuvent se réunir, pur effet d'acoustique ! nos mains ne peuvent se toucher ! Mais ne te désespère pas, Axel ! C'est déjà quelque chose de s'entendre ! ························

Pendant ce temps j'avais réfléchi. Un certain espoir, vague encore, me revenait au cœur. Tout d'abord, une chose m'importait à connaître. J'approchai donc mes lèvres de la muraille, et je dis :

« Mon oncle ? ························

« Mon enfant ? » me fut-il répondu après quelques instants.

························

« Il faut d'abord savoir quelle distance nous sépare. ························

« Cela est facile. ························

« Vous avez votre chronomètre ? ························

« Oui. ························

« Eh bien, prenez-le. Prononcez mon nom en notant exactement la seconde où vous parlerez. Je le répéterai, et vous observerez également le moment précis auquel vous arrivera ma réponse. ························

« Bien, et la moitié du temps compris entre ma demande et ta réponse indiquera celui que ma voix emploie pour arriver jusqu'à toi. ························

« C'est cela, mon oncle »

························

« Es-tu prêt ? ························

« Oui. ························

« Eh bien, fais attention, je vais prononcer ton nom. ························

J'appliquai mon oreille sur la paroi, et dès que le mot « Axel » me parvint, je répondis immédiatement « Axel, » puis j'attendis.

························

« Quarante secondes, » dit alors mon oncle ; il s'est écoulé quarante secondes entre les deux mots ; le son met donc vingt secondes à monter. Or, à mille vingt pieds par seconde, cela fait vingt mille quatre cents pieds, ou une lieue et demie et un huitième. ························

« Une lieue et demie ! » murmurai-je.

························

« Eh bien, cela se franchit, Axel ! ························

« Mais faut-il monter ou descendre ? ························

« Descendre, et voici pourquoi. Nous sommes arrivés à un vaste espace, auquel aboutissent un grand nombre de galeries. Celle que tu as suivie ne peut manquer de t'y conduire, car il semble que toutes ces fentes, ces fractures du globe rayonnent autour de l'immense caverne que nous occupons. Relève-toi donc et reprends ta route. Marche, traîne-toi, s'il le faut, glisse sur les pentes rapides, et tu trouveras nos bras pour te recevoir au bout du chemin. En route, mon enfant, en route ! ························

Ces paroles me ranimèrent.

« Adieu, mon oncle, m'écriai-je. Je pars. Nos voix ne pourront plus communiquer entre elles, du moment que j'aurai quitté cette place ! Adieu donc ! ························

« Au revoir, Axel ! au revoir ! ························

Telles furent les dernières paroles que j'entendis.

Cette surprenante conversation faite au travers de la masse terrestre, échangée à plus d'une lieue de distance, se termina sur ces paroles d'espoir. Je fis une prière de reconnaissance à Dieu, car il m'avait conduit parmi ces immensités sombres au seul point peut-être où la voix de mes compagnons pouvait me parvenir. Cet effet d'acoustique très-étonnant s'expliquait facilement par les seules lois physiques ; il provenait de la forme du couloir et de la conductibilité de la roche ; il y a bien des exemples de cette propagation de sons non perceptibles aux espaces intermédiaires. Je me souvins qu'en maint endroit ce phénomène fut observé, entre autres, dans la galerie intérieure du dôme de Saint-Paul à Londres, et surtout au milieu de curieuses cavernes de Sicile, ces latomies situées près de Syracuse, dont la plus merveilleuse en ce genre est connue sous le nom d'Oreille de Denys.

Ces souvenirs me revinrent à l'esprit, et je vis clairement que, puisque la voix de mon oncle arrivait jusqu'à moi, aucun obstacle n'existait entre nous. En suivant le chemin du son, je devais logiquement arriver comme lui, si les forces ne me trahissaient pas. Je me levai donc. Je me traînai plutôt que je ne marchai. La pente était assez rapide ; je me laissai glisser.

Bientôt la vitesse de ma descente s'accrut dans une effrayante proportion, et menaçait de ressembler à une chute. Je n'avais plus la force de m'arrêter.

Tout à coup le terrain manqua sous mes pieds. Je me sentis rouler en rebondissant sur les aspérités d'une galerie verticale, un véritable puits ; ma tête porta sur un roc aigu, et je perdis connaissance.


XXVIII XXVIII XXVIII

Quand je revins à la vie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d’insensibilité, je ne saurais le dire. Як довго тривав цей стан нечутливості, я не можу сказати. Je n’avais plus aucun moyen de me rendre compte du temps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet ! Ніколи не було такої самотності, як у мене, ніколи не було такого повного занедбання!

Après ma chute, j’avais perdu beaucoup de sang. Je m’en sentais inondé ! Я відчував, що мене переповнює! Ah ! combien je regrettai de n’être pas mort « et que ce fût encore à faire ! how much I regretted not being dead "and that it was still to be done! як сильно я шкодував, що не помер", і що це ще треба було зробити! » Jene voulais plus penser. "Я не хотіла більше думати. Je chassai toute idée et, vaincu par la douleur, je me roulai près de la paroi opposée. Я відкинула всі думки і, перемагаючи біль, перекотилася до протилежної стіни.

Déjà je sentais l’évanouissement me reprendre, et, avec lui, l’anéantissement suprême, quand un bruit violent vint frapper mon oreille. Already I felt fainting come back to me, and with it supreme frustration, when a violent noise struck my ear. Я вже відчував, що знову втрачаю свідомість, а разом з нею і повне знищення, коли в моє вухо вдарив сильний шум. Il ressemblait au roulement prolongé du tonnerre, et j’entendis les ondes sonores se perdre peu a peu dans les lointaines profondeurs du gouffre. It resembled the prolonged rolling of thunder, and I heard the sound waves gradually disappearing into the distant depths of the gulf.

D’où provenait ce bruit ? Where did this noise come from? de quelque phénomène sans doute, qui s’accomplissait au sein du massif terrestre. of some phenomenon no doubt, which was taking place within the terrestrial massif. L’explosion d’un gaz, ou la chute de quelque puissante assise du globe ! The explosion of a gas, or the fall of some powerful seat on the globe! Вибух газу або падіння якогось потужного об'єкта землі!

J’écoutai encore. Je voulus savoir si ce bruit se renouvellerait. I wanted to know if this noise would be repeated. Un quartd’heure se passa. Le silence régnait dans la galerie, Je n’entendais même plus les battements de mon cœur. Silence reigned in the gallery, I no longer even heard the beating of my heart.

Tout à coup mon oreille, appliquée par hasard sur la muraille, crut surprendre des paroles vagues, insaisissables, lointaines. Suddenly my ear, applied by chance to the wall, thought I surprised vague, elusive, distant words. De repente, meu ouvido, por acaso, encostado na parede, pensou ter ouvido palavras vagas, evasivas, distantes. Раптом моє вухо, випадково притиснуте до стіни, почуло невиразні, невловимі, далекі слова. Je tressaillis. I started.

« C’est une hallucination ! » pensais-je.

Mais non. En écoutant avec plus d’attention, j’entendis réellement un murmure de voix. Mais de comprendre ce qui se disait, c’est ce que ma faiblesse ne me permit pas. Але зрозуміти те, що говорилося, мені не дозволяла моя слабкість. Cependant on parlait. J’en étais certain.

J’eus un instant la crainte que ces paroles ne fussent les miennes, rapportées par un écho. На мить я злякалася, що ці слова були моїми власними, донесеними луною. Peut-être avais-je crié à mon insu ? Можливо, я кричав без свого відома? Je fermai fortement les lèvres et j’appliquai de nouveau mon oreille à la paroi.

« Oui, certes, on parle ! on parle ! En me portant même à quelques pieds plus loin, le long de la muraille, j’entendis plus distinctement. Je parvins à saisir des mots incertains, bizarres, incompréhensibles. Ils m’arrivaient comme des paroles prononcées à voix basse, murmurées, pour ainsi dire. Le mot « forlorad » était plusieurs fois répété, et avec un accent de douleur.

Que signifiait-il ? Qui le prononçait ? Mon oncle ou Hans, évidemment. Mais si je les entendais, ils pouvaient donc m’entendre. Але якщо я міг чути їх, то і вони могли чути мене.

« À moi ! criai-je de toutes mes forces, à moi ! J’écoutai, j’épiai dans l’ombre une réponse, un cri, un soupir. I listened, I watched in the shadows for an answer, a cry, a sigh. Eu escutei, observei nas sombras por uma resposta, um grito, um suspiro. Rien ne se fit entendre. Nothing was heard. Quelques minutes se passèrent. Tout un monde d’idées avait éclos dans mon esprit. A whole world of ideas had sprung up in my mind. Todo um mundo de ideias eclodiu em minha mente. Je pensai que ma voix affaiblie ne pouvait arriver jusqu’à mes compagnons.

« Car ce sont eux, répétai-je. Бо це вони", - повторив я. Quels autres hommes seraient enfouis à trente lieues sous terre ? Je me remis à écouter. I started listening again. Я знову почав слухати. En promenant mon oreille sur la paroi, je trouvai un point mathématique où les voix paraissaient atteindre leur maximum d’intensité. Walking my ear over the wall, I found a mathematical point where the voices seemed to reach their maximum intensity. Блукаючи вухом по стіні, я знайшов математичну точку, де голоси, здавалося, досягали максимальної інтенсивності. Le mot « forlorad » revînt encore à mon oreille, puis ce roulement de tonnerre qui m’avait tiré de ma torpeur. The word "forlorad" was still coming back to my ears, then the rolling thunder that had pulled me from my torpor. A palavra "forlorad" voltou ao meu ouvido, depois aquele barulho estrondoso que me tirou do torpor. Слово "форлорад" знову долинуло до мого вуха, а потім пролунав гуркіт грому, який розбудив мене від заціпеніння.

« Non, dis-je, non. Ce n’est point à travers le massif que ces voix se font entendre. It is not through the massif that these voices are heard. Ці голоси не чути крізь масив. La paroi est faite de granit ; elle ne permettrait pas à la plus forte détonation de la traverser ! Стіна зроблена з граніту, вона не пропустить крізь себе найсильнішу детонацію! Ce bruit arrive par la galerie même ! Цей шум доноситься з самої галереї! Il faut qu’il y ait là un effet d’acoustique tout particulier ! There must be a very special acoustic effect! Має бути особливий акустичний ефект! J’écoutai de nouveau, et cette fois, oui ! cette fois, j’entendis mon nom distinctement jeté à travers l’espace ! Цього разу я виразно почув своє ім'я, кинуте через простір!

C’était mon oncle qui le prononçait ? Il causait avec le guide, et le mot « forlorad » était un mot danois ! Alors je compris tout. Pour me faire entendre il fallait précisément parler le long de cette muraille qui servirait à conduire ma voix comme le fil de fer conduit l’électricité. Para me fazer ouvir, precisava falar precisamente ao longo dessa parede que serviria para conduzir minha voz como o fio conduz eletricidade. Щоб мене почули, я мав говорити вздовж цієї стіни, яка проводила мій голос, як дріт проводить електрику.

Mais je n’avais pas de temps à perdre. Але я не міг втрачати часу. Que mes compagnons se fussent éloignés de quelques pas et le phénomène d’acoustique eût été détruit. Let my companions be a few steps away and the phenomenon of acoustics would have been destroyed. Se meus companheiros tivessem se afastado alguns passos e o fenômeno acústico teria sido destruído. Якби мої супутники відійшли на кілька кроків, акустичне явище було б знищене. Je m’approchai donc de la muraille, et je prononçai ces mots, aussi distinctement que possible :

« Mon oncle Lidenbrock ! J’attendis dans la plus vive anxiété. Я чекала з великою тривогою. Le son n’a pas une rapidité extrême. Звук не дуже швидкий. La densité des couches d’air n’accroît même pas sa vitesse ; elle n’augmente que son intensité. The density of the air layers does not even increase its speed; it only increases its intensity. A densidade das camadas de ar nem mesmo aumenta sua velocidade; apenas aumenta sua intensidade. Quelques secondes, des siècles, se passèrent, et enfin ces paroles arrivèrent à mon oreille.

« Axel, Axel ! est-ce toi ? Це ти? « Axel ! Axel ! est-ce toi ? »························

« Oui ! oui ! » répondis-je ! ························

« Mon pauvre enfant, où es-tu ? ························

« Perdu dans la plus profonde obscurité ? ························

« Mais ta lampe ? ························

« Éteinte. ························

« Et le ruisseau ? "And the stream? ························

« Disparu. ························

« Axel, mon pauvre Axel, reprends courage ! "Акселю, мій бідолашний Акселю, підбадьорся! ························

« Attendez un peu, je suis épuisé ; je n’ai plus la force de répondre. Mais parlez-moi ! Але поговоріть зі мною! ························

« Courage, reprit mon oncle. Ne parle-pas, écoute-moi. Nous t’avons cherché en remontant et en descendant la galerie. Ми шукали вас по всій галереї. Impossible de te trouver. Ah ! je t’ai bien pleuré, mon enfant ! Я плакала за тобою, моя дитино! Enfin, te supposant toujours sur le chemin du Hans-bach, nous sommes redescendus en tirant des coups de fusil. Finally, still assuming you on the way to Hans-Bach, we came back down, firing rifles. Зрештою, припускаючи, що ви все ще на шляху до Ганс-баху, ми спустилися назад, стріляючи з рушниць. Maintenant, si nos voix peuvent se réunir, pur effet d’acoustique ! Now, if our voices can come together, pure acoustic effect! Тепер, якщо наші голоси можуть зійтися разом, чисто як акустичний ефект! nos mains ne peuvent se toucher ! Mais ne te désespère pas, Axel ! C’est déjà quelque chose de s’entendre ! It's already something to get along! Це вже щось, з чим можна змиритися! ························

Pendant ce temps j’avais réfléchi. Тим часом я замислився. Un certain espoir, vague encore, me revenait au cœur. Певна надія, все ще невиразна, повернулася до мого серця. Tout d’abord, une chose m’importait à connaître. Перш за все, була одна річ, яку мені потрібно було знати. J’approchai donc mes lèvres de la muraille, et je dis :

« Mon oncle ? ························

« Mon enfant ? » me fut-il répondu après quelques instants.

························

« Il faut d’abord savoir quelle distance nous sépare. "First of all, we need to know how far apart we are. ························

« Cela est facile. ························

« Vous avez votre chronomètre ? ························

« Oui. ························

« Eh bien, prenez-le. Prononcez mon nom en notant exactement la seconde où vous parlerez. Вимовляйте моє ім'я, фіксуючи кожну секунду, коли вимовляєте його. Je le répéterai, et vous observerez également le moment précis auquel vous arrivera ma réponse. I'll repeat it, and you'll also observe the precise moment when my answer arrives. ························

« Bien, et la moitié du temps compris entre ma demande et ta réponse indiquera celui que ma voix emploie pour arriver jusqu’à toi. "Good, and half the time between my request and your reply will indicate the time my voice takes to reach you. "Bom, e metade do tempo entre meu pedido e sua resposta indicará quanto tempo minha voz está usando para chegar até você." "Ну, а половина часу між моїм запитом і вашою відповіддю вкаже на час, який потрібен моєму голосу, щоб дійти до вас. ························

« C’est cela, mon oncle »

························

« Es-tu prêt ? ························

« Oui. ························

« Eh bien, fais attention, je vais prononcer ton nom. "Well, pay attention, I'm going to pronounce your name. ························

J’appliquai mon oreille sur la paroi, et dès que le mot « Axel » me parvint, je répondis immédiatement « Axel, » puis j’attendis. I put my ear to the wall, and as soon as I heard the word "Axel", I immediately replied "Axel," then waited.

························

« Quarante secondes, » dit alors mon oncle ; il s’est écoulé quarante secondes entre les deux mots ; le son met donc vingt secondes à monter. "Forty seconds," my uncle then said; forty seconds had elapsed between the two words, so the sound takes twenty seconds to rise. "Quarenta segundos", disse então meu tio; quarenta segundos decorridos entre as duas palavras; o som, portanto, leva vinte segundos para subir. "Сорок секунд", - сказав мій дядько; між цими двома словами пройшло сорок секунд, тож звук піднімається двадцять секунд. Or, à mille vingt pieds par seconde, cela fait vingt mille quatre cents pieds, ou une lieue et demie et un huitième. Now, at one thousand and twenty feet per second, that makes twenty thousand four hundred feet, or a league and a half and an eighth. Тепер, зі швидкістю тисяча двадцять футів на секунду, це двадцять тисяч чотириста футів, або півтори ліги і одна восьма. ························

« Une lieue et demie ! » murmurai-je.

························

« Eh bien, cela se franchit, Axel ! "Well, that can be crossed, Axel! "Bem, isso pode ser cruzado, Axel! "Ну, Акселю, ти достукався! ························

« Mais faut-il monter ou descendre ? "But should we go up or down? "Але куди нам йти - вгору чи вниз? ························

« Descendre, et voici pourquoi. "Get off, and here's why. “Saia, e aqui está o porquê. "Злізай, і ось чому. Nous sommes arrivés à un vaste espace, auquel aboutissent un grand nombre de galeries. We've arrived at a vast space, to which a large number of galleries lead. Chegamos a um vasto espaço, que leva a um grande número de galerias. Ми опинилися у великому просторі, до якого веде велика кількість галерей. Celle que tu as suivie ne peut manquer de t’y conduire, car il semble que toutes ces fentes, ces fractures du globe rayonnent autour de l’immense caverne que nous occupons. The one you've followed can't fail to lead you there, for it seems that all these cracks and fractures in the globe radiate out from the immense cavern we occupy. Aquele que você seguiu não pode deixar de levá-lo até lá, pois parece que todas essas fissuras, essas fraturas do globo irradiam-se em torno da imensa caverna que ocupamos. Той, за ким ти пішов, не може не привести тебе туди, бо здається, що всі ці тріщини, ці розломи земної кулі випромінюють навколо величезної печери, яку ми займаємо. Relève-toi donc et reprends ta route. Тож вставайте і йдіть далі. Marche, traîne-toi, s’il le faut, glisse sur les pentes rapides, et tu trouveras nos bras pour te recevoir au bout du chemin. Walk, drag yourself, if necessary, slide on the fast slopes, and you will find our arms to receive you at the end of the path. Caminhe, arraste-se, se necessário, deslize nas ladeiras íngremes, e você encontrará nossos braços para recebê-lo no final do caminho. Ідіть, тягніть себе, якщо потрібно, скочуйтеся вниз по стрімких схилах, і ви знайдете наші обійми, які приймуть вас в кінці шляху. En route, mon enfant, en route ! ························

Ces paroles me ranimèrent.

« Adieu, mon oncle, m’écriai-je. Je pars. Nos voix ne pourront plus communiquer entre elles, du moment que j’aurai quitté cette place ! Nossas vozes não serão mais capazes de se comunicar, enquanto eu tiver deixado este lugar! Adieu donc ! ························

« Au revoir, Axel ! au revoir ! ························

Telles furent les dernières paroles que j’entendis.

Cette surprenante conversation faite au travers de la masse terrestre, échangée à plus d’une lieue de distance, se termina sur ces paroles d’espoir. This astonishing conversation across the land mass, exchanged over a league away, ended with these words of hope. Ця дивовижна розмова крізь масу землі, що відбулася за лігу від нас, закінчилася цими словами надії. Je fis une prière de reconnaissance à Dieu, car il m’avait conduit parmi ces immensités sombres au seul point peut-être où la voix de mes compagnons pouvait me parvenir. I prayed of thanksgiving to God, for he had led me among these dark immensities to the only point perhaps where the voice of my companions could reach me. Я молився молитвою подяки Богові за те, що Він провів мене крізь ці темні безодні до, мабуть, єдиної точки, де до мене могли донестися голоси моїх супутників. Cet effet d’acoustique très-étonnant s’expliquait facilement par les seules lois physiques ; il provenait de la forme du couloir et de la conductibilité de la roche ; il y a bien des exemples de cette propagation de sons non perceptibles aux espaces intermédiaires. This astonishing acoustic effect could easily be explained by physical laws alone; it was due to the shape of the corridor and the conductivity of the rock; there are many examples of this propagation of sounds that are not perceptible in intermediate spaces. Je me souvins qu’en maint endroit ce phénomène fut observé, entre autres, dans la galerie intérieure du dôme de Saint-Paul à Londres, et surtout au milieu de curieuses cavernes de Sicile, ces latomies situées près de Syracuse, dont la plus merveilleuse en ce genre est connue sous le nom d’Oreille de Denys. I remembered that in many places this phenomenon had been observed, among others, in the inner gallery of the dome of St. Paul's in London, and especially in the middle of curious caves in Sicily, those latomies near Syracuse, the most marvelous of which is known as the Ear of Denys. Lembrei-me que em muitos lugares este fenômeno foi observado, entre outros, na galeria interior da cúpula de Saint-Paul em Londres, e especialmente no meio de cavernas curiosas da Sicília, essas latomias localizadas perto de Siracusa, das quais as mais maravilhosas assim é conhecido como a orelha de Dionísio. Я згадав, що в багатьох місцях спостерігав це явище, зокрема, у внутрішній галереї купола собору Святого Павла в Лондоні, а особливо посеред дивовижних печер Сицилії, тих латомій, розташованих поблизу Сіракуз, з яких найдивовижніша відома під назвою "Вухо Дениса".

Ces souvenirs me revinrent à l’esprit, et je vis clairement que, puisque la voix de mon oncle arrivait jusqu’à moi, aucun obstacle n’existait entre nous. These memories came back to me, and I saw clearly that, since my uncle's voice reached me, there was no obstacle between us. En suivant le chemin du son, je devais logiquement arriver comme lui, si les forces ne me trahissaient pas. Following the path of sound, I should logically arrive as he did, if the forces didn't betray me. Je me levai donc. Je me traînai plutôt que je ne marchai. I dragged myself rather than I walked. Я шкандибав, а не йшов. La pente était assez rapide ; je me laissai glisser. The slope was quite steep, so I let myself slide. Схил був досить крутий, я дозволив собі скотитися.

Bientôt la vitesse de ma descente s’accrut dans une effrayante proportion, et menaçait de ressembler à une chute. Soon the speed of my descent increased in a frightening proportion, and threatened to resemble a fall. Logo a velocidade da minha descida aumentou em proporções assustadoras e ameaçou parecer uma queda. Je n’avais plus la force de m’arrêter.

Tout à coup le terrain manqua sous mes pieds. Suddenly the ground lacked under my feet. Раптом земля під моїми ногами пішла з-під ніг. Je me sentis rouler en rebondissant sur les aspérités d’une galerie verticale, un véritable puits ; ma tête porta sur un roc aigu, et je perdis connaissance. I felt myself rolling while bouncing on the rough edges of a vertical gallery, a real well; my head fell on a sharp rock, and I lost consciousness. Senti-me rolando, quicando na aspereza de uma galeria vertical, um verdadeiro poço; minha cabeça caiu em uma pedra afiada e eu desmaiei.