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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XVIII

XVIII

À huit heures du matin, un rayon du jour vint nous réveiller. Les mille facettes de lave des parois le recueillaient à son passage et l'éparpillaient comme une pluie d'étincelles. Cette lueur était assez forte pour permettre de distinguer les objets environnants.

« Eh bien ! Axel, qu'en dis-tu ? fit mon oncle en se frottant les mains. As-tu jamais passé une nuit plus paisible dans notre maison de Königstrasse. Plus de bruit de charrettes, plus de cris de marchands, plus de vociférations de bateliers !

— Sans doute, nous sommes fort tranquilles au fond de ce puits ; mais ce calme même a quelque chose d'effrayant.

— Allons donc, s'écria mon oncle, si tu t'effrayes déjà, que sera-ce plus tard ? Nous ne sommes pas encore entrés d'un pouce dans les entrailles de la terre ?

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que nous avons atteint seulement le sol de l'île ! Ce long tube vertical, qui aboutit au cratère du Sneffels, s'arrête à peu près au niveau de la mer.

— En êtes-vous certain ?

— Très-certain. Consulte le baromètre. En effet, le mercure, après avoir peu à peu remonté dans l'instrument à mesure que notre descente s'effectuait, s'était arrêté à vingt-neuf pouces.

« Tu le vois, reprit le professeur, nous n'avons encore que la pression d'une atmosphère, et il me tarde que le manomètre vienne remplacer ce baromètre. Cet instrument allait, en effet, nous devenir inutile, du moment que le poids de l'air dépasserait sa pression calculée au niveau de l'Océan.

« Mais, dis-je, n'est-il pas à craindre que cette pression toujours croissante ne soit fort pénible ?

— Non. Nous descendrons lentement, et nos poumons s'habitueront à respirer une atmosphère plus comprimée. Les aéronautes finissent par manquer d'air en s'élevant dans les couches supérieures, et nous en aurons trop peut-être. Mais j'aime mieux cela. Ne perdons pas un instant. Où est le paquet qui nous a précédés dans l'intérieur de la montagne ?

Je me souvins alors que nous l'avions vainement cherché la veille au soir. Mon oncle interrogea Hans, qui, après avoir regardé attentivement avec ses yeux de chasseur, répondit :

« Der huppe ! — Là-haut. En effet, ce paquet était accroché à une saillie de roc, à une centaine de pieds au-dessus de notre tête. Aussitôt l'agile Islandais grimpa comme un chat et, en quelques minutes, le paquet nous rejoignit.

« Maintenant, dit mon oncle, déjeunons ; mais déjeunons comme des gens qui peuvent avoir une longue course à faire. Le biscuit et la viande sèche furent arrosés de quelques gorgées d'eau mêlée de genièvre.

Le déjeuner terminé, mon oncle tira de sa poche un carnet destiné aux observations ; il prit successivement ses divers instruments et nota les données suivantes :

Lundi 1er juillet.

Chronomètre : 8 h. 17 m. du matin. Baromètre : 29p. 7 l. Thermomètre : 6°. Direction : E.-S.-E.

Cette dernière observation s'appliquait à la galerie obscure et fut donnée par la boussole.

« Maintenant, Axel, s'écria le professeur d'une voix enthousiaste, nous allons nous enfoncer véritablement dans les entrailles du globe ! Voici donc le moment précis auquel notre voyage commence. Cela dit, mon oncle prit d'une main l'appareil de Ruhmkorff suspendu a son cou ; de l'autre, il mit en communication le courant électrique avec le serpentin de la lanterne, et une assez vive lumière dissipa les ténèbres de la galerie.

Hans portait le second appareil, qui fut également mis en activité. Cette ingénieuse application de l'électricité nous permettait d'aller longtemps en créant un jour artificiel, même au milieu des gaz les plus inflammables.

« En route ! » fit mon oncle.

Chacun reprit son ballot. Hans se chargea de pousser devant lui le paquet des cordages et des habits, et, moi troisième, nous entrâmes dans la galerie.

Au moment de m'engouffrer dans ce couloir obscur, je relevai la tête, et j'aperçus une dernière fois, par le champ de l'immense tube, ce ciel de l'Islande « que je ne devais plus jamais revoir. La lave, à la dernière éruption de 1229, s'était frayé un passage à travers ce tunnel. Elle tapissait l'intérieur d'un enduit épais et brillant ; la lumière électrique s'y réfléchissait en centuplant son intensité.

Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinq degrés environ ; heureusement, certaines érosions, quelques boursouflures, tenaient lieu de marches, et nous n'avions qu'à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde.

Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois ; la lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies ; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s'allumer à notre passage. On eût dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre.

« C'est magnifique ! m'écriai-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle ! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles ? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux ?

— Ah ! tu y viens, Axel ! répondit mon oncle. Ah ! tu trouves cela splendide, mon garçon ! Tu en verras bien d'autres, je l'espère. Marchons ! marchons ! Il aurait dit plus justement « glissons, » car nous nous laissions aller sans fatigue sur des pentes inclinées. C'était le « facilis descensus Averni », de Virgile. La boussole, que je consultais fréquemment, indiquait la direction du sud-est avec une imperturbable rigueur. Cette coulée de lave n'obliquait ni d'un côté ni de l'autre. Elle avait l'inflexibilité de la ligne droite.

Cependant la chaleur n'augmentait pas d'une façon sensible ; cela donnait raison aux théories de Davy, et plus d'une fois je consultai le thermomètre avec étonnement. Deux heures après le départ, il ne marquait encore que 10°, c'est-à-dire un accroissement de 4°. Cela m'autorisait à penser que notre descente étaitplus horizontale que verticale. Quant à connaître exactement la profondeur atteinte, rien de plus facile. Le professeur mesurait exactement les angles de déviation et d'inclinaison de la route, mais il gardait pour lui le résultat de ses observations.

Le soir, vers huit heures, il donna le signal d'arrêt. Hans aussitôt s'assit. Les lampes furent accrochées à une saillie de lave. Nous étions dans une sorte de caverne où l'air ne manquait pas. Au contraire. Certains souffles arrivaient jusqu'à nous. Quelle cause les produisait ? À quelle agitation atmosphérique attribuer leur origine ? C'est une question que je ne cherchai pas à résoudre en ce moment ; la faim et la fatigue me rendaient incapable de raisonner. Unedescente de sept heures consécutives ne se fait pas sans une grande dépense de forces. J'étais épuisé. Le mot « halte » me fit donc plaisir à entendre. Hans étala quelques provisions sur un bloc de lave, et chacun mangea avec appétit. Cependant une chose m'inquiétait ; notre réserve d'eau était à demi consommée. Mon oncle comptait la refaire aux sources souterraines, mais jusqu'alors celles-ci manquaient absolument. Je ne pus m'empêcher d'attirer son attention sur ce sujet.

« Cette absence de sources te surprend ? dit-il.

— Sans doute, et même elle m'inquiète ; nous n'avons plus d'eau que pour cinq jours.

— Sois tranquille, Axel, je te réponds que nous trouverons de l'eau, et plus que nous n'en voudrons.

— Quand cela ?

— Quand nous aurons quitté cette enveloppe de lave. Comment veux-tu que des sources jaillissent à travers ces parois ?

— Mais peut-être cette coulée se prolonge-t-elle à de grandes profondeurs ? Il me semble que nous n'avons pas encore fait beaucoup de chemin verticalement ?

— Qui te fait supposer cela ?

— C'est que si nous étions très avancés dans l'intérieur de l'écorce terrestre, la chaleur serait plus forte.

— D'après ton système, répondit mon oncle ; et qu'indique le thermomètre ?

— Quinze degrés à peine, ce qui ne fait qu'un accroissement de neuf degrés depuis notre départ.

— Eh bien, conclus.

— Voici ma conclusion. D'après les observations les plus exactes, l'augmentation de la température à l'intérieur du globe est d'un degré par cent pieds. Mais certaines conditions de localité peuvent modifier ce chiffre. Ainsi, à Yakoust en Sibérie, on a remarqué que l'accroissement d'un degré avait lieu par trente-six pieds. Cette différence dépend évidemment de la conductibilité des roches. J'ajouterai aussi que, dans le voisinage d'un volcan éteint, et à travers le gneiss, on a remarqué que l'élévation de la température était d'un degré seulement pour cent vingt-cinq pieds. Prenons donc cette dernière hypothèse, qui est la plus favorable, et calculons.

— Calcule, mon garçon.

— Rien n'est plus facile, dis-je en disposant des chiffres sur mon carnet. Neuf fois cent vingt-cinq pieds donnant onze cent vingt-cinq pieds de profondeur.

— Rien de plus exact.

— Eh bien ?

— Eh bien, d'après mes observations, nous sommes arrivés à dix mille pieds au-dessous du niveau de la mer,

— Est-il possible ?

— Oui, ou les chiffres ne sont plus les chiffres ! Les calculs du professeur étaient exacts ; nous avions déjà dépassé de six mille pieds les plus grandes profondeurs atteintes par l'homme, telles que les mines de Kitz-Bahl dans le Tyrol, et celles de Wuttemberg en Bohème.

La température, qui aurait dû être de quatre-vingt-un degrés en cet endroit, était de quinze à peine. Cela donnait singulièrement à réfléchir.


XVIII XVIII XVIII XVIII XVIII

À huit heures du matin, un rayon du jour vint nous réveiller. At eight o'clock in the morning, a ray of day came to wake us up. Les mille facettes de lave des parois le recueillaient à son passage et l’éparpillaient comme une pluie d’étincelles. As mil facetas de lava nas paredes o coletaram conforme ele passava e o espalharam como uma chuva de faíscas. Cette lueur était assez forte pour permettre de distinguer les objets environnants.

« Eh bien ! Axel, qu’en dis-tu ? fit mon oncle en se frottant les mains. As-tu jamais passé une nuit plus paisible dans notre maison de Königstrasse. Ви коли-небудь проводили більш спокійну ніч у нашому будинку на Кенігштрассе? Plus de bruit de charrettes, plus de cris de marchands, plus de vociférations de bateliers !

— Sans doute, nous sommes fort tranquilles au fond de ce puits ; mais ce calme même a quelque chose d’effrayant. - Без сумніву, на дні цього колодязя дуже тихо; але в цій тиші є щось лякаюче.

— Allons donc, s’écria mon oncle, si tu t’effrayes déjà, que sera-ce plus tard ? - Ну ж бо, - закричав дядько, - якщо ти вже боїшся, то що буде потім? Nous ne sommes pas encore entrés d’un pouce dans les entrailles de la terre ? Ainda não entramos nas entranhas da terra? Ми ще не увійшли в надра землі?

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que nous avons atteint seulement le sol de l’île ! - I mean we have reached only the soil of the island! Ce long tube vertical, qui aboutit au cratère du Sneffels, s’arrête à peu près au niveau de la mer. Este longo tubo vertical, que termina na cratera de Sneffels, para aproximadamente no nível do mar.

— En êtes-vous certain ?

— Très-certain. Consulte le baromètre. En effet, le mercure, après avoir peu à peu remonté dans l’instrument à mesure que notre descente s’effectuait, s’était arrêté à vingt-neuf pouces. І справді, ртутний стовпчик, який поступово піднімався в приладі, коли ми спускалися, зупинився на позначці двадцять дев'ять дюймів.

« Tu le vois, reprit le professeur, nous n’avons encore que la pression d’une atmosphère, et il me tarde que le manomètre vienne remplacer ce baromètre. "You see it," continued the professor, "we have only the pressure of an atmosphere, and I can not wait for the pressure gauge to replace this barometer. Cet instrument allait, en effet, nous devenir inutile, du moment que le poids de l’air dépasserait sa pression calculée au niveau de l’Océan. Este instrumento iria, de facto, tornar-se inútil para nós, enquanto o peso do ar ultrapassasse a sua pressão calculada ao nível do oceano.

« Mais, dis-je, n’est-il pas à craindre que cette pression toujours croissante ne soit fort pénible ? But," I said, "isn't it to be feared that this ever-increasing pressure will be very painful? "Mas", disse eu, "não é para temer que essa pressão cada vez maior seja muito dolorosa?" Але, - сказав я, - чи не варто побоюватися, що цей постійно зростаючий тиск дуже болючий?

— Non. Nous descendrons lentement, et nos poumons s’habitueront à respirer une atmosphère plus comprimée. Les aéronautes finissent par manquer d’air en s’élevant dans les couches supérieures, et nous en aurons trop peut-être. The aeronauts end up running out of air rising up in the upper layers, and we may have too many. Os aeronautas acabam ficando sem ar à medida que sobem para as camadas superiores, e podemos ter muito. Mais j’aime mieux cela. Але мені так більше подобається. Ne perdons pas un instant. Où est le paquet qui nous a précédés dans l’intérieur de la montagne ? Where is the package that preceded us in the interior of the mountain?

Je me souvins alors que nous l’avions vainement cherché la veille au soir. Lembrei-me de que o havíamos procurado em vão na noite anterior. Тоді я згадав, що ми марно шукали його попереднього вечора. Mon oncle interrogea Hans, qui, après avoir regardé attentivement avec ses yeux de chasseur, répondit :

« Der huppe ! “Der huppe! — Là-haut. - Нагорі. En effet, ce paquet était accroché à une saillie de roc, à une centaine de pieds au-dessus de notre tête. Пакунок висів на виступі скелі на висоті близько 100 футів над нашими головами. Aussitôt l’agile Islandais grimpa comme un chat et, en quelques minutes, le paquet nous rejoignit. Спритний ісландець одразу ж поліз, як кіт, і за кілька хвилин посилка вже була у нас.

« Maintenant, dit mon oncle, déjeunons ; mais déjeunons comme des gens qui peuvent avoir une longue course à faire. "Now," said my uncle, "have breakfast; but have lunch as people who can have a long run to make. Le biscuit et la viande sèche furent arrosés de quelques gorgées d’eau mêlée de genièvre. The biscuit and the dry meat were showered with a few sips of water mixed with juniper. Бісквіт і сухе м'ясо запивали кількома ковтками води, змішаної з ялівцем.

Le déjeuner terminé, mon oncle tira de sa poche un carnet destiné aux observations ; il prit successivement ses divers instruments et nota les données suivantes :

Lundi 1er juillet.

Chronomètre : 8 h. 17 m. du matin. 17-та година ранку. Baromètre : 29p. 7 l. Thermomètre : 6°. Direction : E.-S.-E.

Cette dernière observation s’appliquait à la galerie obscure et fut donnée par la boussole. Це останнє спостереження стосувалося темної галереї і було зроблено за допомогою компаса.

« Maintenant, Axel, s’écria le professeur d’une voix enthousiaste, nous allons nous enfoncer véritablement dans les entrailles du globe ! Зараз, Акселю, - вигукнув професор захопленим голосом, - ми проникнемо дуже глибоко в надра землі! Voici donc le moment précis auquel notre voyage commence. Це саме той момент, з якого починається наша подорож. Cela dit, mon oncle prit d’une main l’appareil de Ruhmkorff suspendu a son cou ; de l’autre, il mit en communication le courant électrique avec le serpentin de la lanterne, et une assez vive lumière dissipa les ténèbres de la galerie. Tendo dito isso, meu tio pegou com uma das mãos o aparelho Ruhmkorff pendurado em seu pescoço; por outro, colocou a corrente elétrica em comunicação com a bobina da lanterna, e uma luz bastante forte dissipou a escuridão da galeria. Сказавши це, дядько однією рукою взяв апарат Румкорфа, що висів у нього на шиї, а іншою з'єднав електричний струм з котушкою ліхтаря, і досить яскраве світло розвіяло темряву галереї.

Hans portait le second appareil, qui fut également mis en activité. Ганс ніс другий прилад, який також був введений в експлуатацію. Cette ingénieuse application de l’électricité nous permettait d’aller longtemps en créant un jour artificiel, même au milieu des gaz les plus inflammables.

« En route ! » fit mon oncle.

Chacun reprit son ballot. Hans se chargea de pousser devant lui le paquet des cordages et des habits, et, moi troisième, nous entrâmes dans la galerie. Hans se encarregou de empurrar o feixe de cordas e roupas à sua frente, e eu, terceiro, entrei na galeria.

Au moment de m’engouffrer dans ce couloir obscur, je relevai la tête, et j’aperçus une dernière fois, par le champ de l’immense tube, ce ciel de l’Islande « que je ne devais plus jamais revoir. Ao entrar neste corredor escuro, levantei a cabeça e vi pela última vez, através do campo do imenso tubo, este céu islandês "que nunca mais veria". Коли я вже входив у темний коридор, я підняв голову і востаннє побачив крізь поле величезної труби ісландське небо, яке мені більше ніколи не судилося побачити. La lave, à la dernière éruption de 1229, s’était frayé un passage à travers ce tunnel. Lava, in the last eruption of 1229, had forced its way through this tunnel. Elle tapissait l’intérieur d’un enduit épais et brillant ; la lumière électrique s’y réfléchissait en centuplant son intensité. She was lining the inside with a thick, shiny coating; the electric light reflected in it hundredfold its intensity. É forrado por dentro com um gesso espesso e brilhante; a luz elétrica foi refletida lá, aumentando sua intensidade cem vezes. Вона вкрила інтер'єр товстим блискучим покриттям, від якого відбивалося електричне світло, збільшуючи його інтенсивність у сотні разів.

Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinq degrés environ ; heureusement, certaines érosions, quelques boursouflures, tenaient lieu de marches, et nous n’avions qu’à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde. The difficulty of the road consisted in not slipping too rapidly on a slope inclined at about forty-five degrees; Fortunately, some erosions, some blisters, took the place of steps, and we had only to go down by letting our luggage hold by a long rope. Toda a dificuldade da estrada era não deslizar rápido demais em uma inclinação de cerca de quarenta e cinco graus; felizmente, algumas erosões, algumas bolhas tomaram o lugar dos degraus, e só tivemos que descer, deixando nossa bagagem escorregar por uma longa corda. Вся складність дороги полягала в тому, щоб не посковзнутися занадто швидко на схилі з нахилом близько сорока п'яти градусів; на щастя, деякі ерозії, деякі пухирі замінили сходинки, і нам довелося лише спускатися, притримуючи наш багаж довгою мотузкою.

Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois ; la lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies ; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s’allumer à notre passage. On eût dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre. Dir-se-ia que os espíritos do abismo iluminavam seus palácios para receber os hóspedes da terra.

« C’est magnifique ! m’écriai-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle ! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles ? Do you admire these shades of lava that go from brown red to bright yellow by insensitive degradation? Ви захоплюєтеся відтінками лави, які переходять від червонувато-коричневого до яскраво-жовтого в нечутливих градаціях? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux ?

— Ah ! tu y viens, Axel ! Ти йдеш, Акселю! répondit mon oncle. Ah ! tu trouves cela splendide, mon garçon ! Tu en verras bien d’autres, je l’espère. Сподіваюся, ви побачите їх ще багато. Marchons ! marchons ! Il aurait dit plus justement « glissons, » car nous nous laissions aller sans fatigue sur des pentes inclinées. Ele teria dito mais acertadamente "vamos deslizar", porque nos deixamos levar sem cansaço nas encostas inclinadas. C’était le «  facilis descensus Averni  », de Virgile. It was Virgil's "facilis descensus Averni". Це був "facilis descensus Averni" Вергілія. La boussole, que je consultais fréquemment, indiquait la direction du sud-est avec une imperturbable rigueur. Cette coulée de lave n’obliquait ni d’un côté ni de l’autre. Цей потік лави не нахилявся ні в один бік. Elle avait l’inflexibilité de la ligne droite. She had the inflexibility of the straight line.

Cependant la chaleur n’augmentait pas d’une façon sensible ; cela donnait raison aux théories de Davy, et plus d’une fois je consultai le thermomètre avec étonnement. Deux heures après le départ, il ne marquait encore que 10°, c’est-à-dire un accroissement de 4°. Через дві години після вильоту температура все ще становила лише 10°, тобто зросла на 4°. Cela m’autorisait à penser que notre descente étaitplus horizontale que verticale. Quant à connaître exactement la profondeur atteinte, rien de plus facile. Quanto a saber exatamente a profundidade alcançada, nada poderia ser mais fácil. Що стосується точного знання досягнутої глибини, то немає нічого простішого. Le professeur mesurait exactement les angles de déviation et d’inclinaison de la route, mais il gardait pour lui le résultat de ses observations.

Le soir, vers huit heures, il donna le signal d’arrêt. Hans aussitôt s’assit. Les lampes furent accrochées à une saillie de lave. Nous étions dans une sorte de caverne où l’air ne manquait pas. Ми були у своєрідній печері, де не бракувало повітря. Au contraire. Certains souffles arrivaient jusqu’à nous. Some breaths came to us. Деякі з подихів потрапляли до нас. Quelle cause les produisait ? What cause was producing them? À quelle agitation atmosphérique attribuer leur origine ? A que agitação atmosférica eles podem atribuir sua origem? З яким атмосферним збудженням ми можемо пов'язати їхнє походження? C’est une question que je ne cherchai pas à résoudre en ce moment ; la faim et la fatigue me rendaient incapable de raisonner. Essa é uma questão que eu não estava tentando resolver no momento; a fome e o cansaço me impediram de raciocinar. Unedescente de sept heures consécutives ne se fait pas sans une grande dépense de forces. Seven consecutive hours are not required without a great deal of effort. Uma descida de sete horas consecutivas não ocorre sem um grande dispêndio de força. Семигодинний спуск поспіль не обходиться без великої витрати сил. J’étais épuisé. Le mot « halte » me fit donc plaisir à entendre. Hans étala quelques provisions sur un bloc de lave, et chacun mangea avec appétit. Cependant une chose m’inquiétait ; notre réserve d’eau était à demi consommée. Mon oncle comptait la refaire aux sources souterraines, mais jusqu’alors celles-ci manquaient absolument. Meu tio pretendia fazê-lo novamente nas fontes subterrâneas, mas até então essas eram absolutamente inexistentes. Дядько планував зробити це знову на підземних джерелах, але до того часу їх абсолютно не вистачало. Je ne pus m’empêcher d’attirer son attention sur ce sujet. Я не міг не звернути на це його увагу.

« Cette absence de sources te surprend ? dit-il.

— Sans doute, et même elle m’inquiète ; nous n’avons plus d’eau que pour cinq jours. - Без сумніву, і я навіть хвилююся через це, адже води у нас вистачить лише на п'ять днів.

— Sois tranquille, Axel, je te réponds que nous trouverons de l’eau, et plus que nous n’en voudrons. - Be quiet, Axel, I answer you that we will find water, and more than we want. - Не хвилюйся, Акселю, кажу тобі, ми знайдемо воду, і навіть більше, ніж нам потрібно.

— Quand cela ? - Коли?

— Quand nous aurons quitté cette enveloppe de lave. Comment veux-tu que des sources jaillissent à travers ces parois ? Як ви очікуєте, що крізь ці стіни будуть протікати джерела?

— Mais peut-être cette coulée se prolonge-t-elle à de grandes profondeurs ? - Але, можливо, цей потік простягається на велику глибину? Il me semble que nous n’avons pas encore fait beaucoup de chemin verticalement ? Мені здається, що по вертикалі ми ще не дуже далеко просунулися?

— Qui te fait supposer cela ? - Чому ви так вважаєте?

— C’est que si nous étions très avancés dans l’intérieur de l’écorce terrestre, la chaleur serait plus forte. - Причина в тому, що якби ми були далеко всередині земної кори, спека була б сильнішою.

— D’après ton système, répondit mon oncle ; et qu’indique le thermomètre ? "According to your system," replied my uncle; and what does the thermometer indicate? "De acordo com seu sistema", respondeu meu tio; e o que o termômetro indica?

— Quinze degrés à peine, ce qui ne fait qu’un accroissement de neuf degrés depuis notre départ. - Mal quinze graus, o que é apenas um aumento de nove graus desde que partimos.

— Eh bien, conclus.

— Voici ma conclusion. D’après les observations les plus exactes, l’augmentation de la température à l’intérieur du globe est d’un degré par cent pieds. Mais certaines conditions de localité peuvent modifier ce chiffre. Але певні умови місцевості можуть змінити цю цифру. Ainsi, à Yakoust en Sibérie, on a remarqué que l’accroissement d’un degré avait lieu par trente-six pieds. Так, в Якусті в Сибіру було відмічено, що підвищення відбувалося на один градус на тридцять шість футів. Cette différence dépend évidemment de la conductibilité des roches. J’ajouterai aussi que, dans le voisinage d’un volcan éteint, et à travers le gneiss, on a remarqué que l’élévation de la température était d’un degré seulement pour cent vingt-cinq pieds. Acrescentarei também que nas proximidades de um vulcão extinto, e através do gnaisse, o aumento da temperatura foi observado como sendo de apenas um grau por cento e vinte e cinco pés. Можу також додати, що поблизу згаслого вулкану, через гнейс, було помічено, що підвищення температури становило лише один градус на сто двадцять п'ять футів. Prenons donc cette dernière hypothèse, qui est la plus favorable, et calculons.

— Calcule, mon garçon.

— Rien n’est plus facile, dis-je en disposant des chiffres sur mon carnet. - Nada é mais fácil, digo, arrumando os números no meu caderno. Neuf fois cent vingt-cinq pieds donnant onze cent vingt-cinq pieds de profondeur. Nove vezes cento e vinte e cinco pés dando onze cento e vinte e cinco pés de profundidade.

— Rien de plus exact. - Ніщо не може бути далі від істини.

— Eh bien ?

— Eh bien, d’après mes observations, nous sommes arrivés à dix mille pieds au-dessous du niveau de la mer, - За моїми спостереженнями, ми прибули на висоті десять тисяч футів нижче рівня моря,

— Est-il possible ?

— Oui, ou les chiffres ne sont plus les chiffres ! - Так, інакше цифри перестануть бути цифрами! Les calculs du professeur étaient exacts ; nous avions déjà dépassé de six mille pieds les plus grandes profondeurs atteintes par l’homme, telles que les mines de Kitz-Bahl dans le Tyrol, et celles de Wuttemberg en Bohème.

La température, qui aurait dû être de quatre-vingt-un degrés en cet endroit, était de quinze à peine. The temperature, which should have been eighty-one degrees here, was barely fifteen. A temperatura, que deveria ser de oitenta e um graus lá, mal era de quinze. Cela donnait singulièrement à réfléchir. Це був дуже протверезний досвід.