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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XVII

XVII

Le véritable voyage commençait. Jusqu'alors les fatigues l'avaient emporté sur les difficultés ; maintenant celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas.

Je n'avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j'allais m'engouffrer. Le moment était venu. Je pouvais encore ou prendre mon parti de l'entreprise ou refuser de la tenter. Mais j'eus honte de reculer devant le chasseur. Hans acceptait si tranquillement l'aventure, avec une telle indifférence, une si parfaite insouciance de tout danger, que je rougis à l'idée d'être moins brave que lui. Seul, j'aurais entamé la série des grands arguments ; mais en présence du guide, je me tus ; un de mes souvenirs s'envola vers ma jolie Virlandaise, et je m'approchai de la cheminée centrale.

J'ai dit qu'elle mesurait cent pieds de diamètre, ou trois cents pieds de tour. Je me penchai au-dessus d'un roc qui surplombait, et je regardai. Mes cheveux se hérissèrent. Le sentiment du vide s'empara de mon être. Je sentis le centre de gravité se déplacer en moi et le vertige monter à ma tête comme une ivresse. Rien de plus capiteux que cette attraction de l'abîme. J'allais tomber. Une main me retint. Celle de Hans. Décidément, je n'avais pas pris assez de « leçons de gouffre » à la Frelsers-Kirk de Copenhague.

Cependant, si peu que j'eusse hasardé mes regards dans ce puits, je m'étais rendu compte de sa conformation. Ses parois, presque à pic, présentaient cependant de nombreuses saillies qui devaient faciliter la descente. Mais si l'escalier ne manquait pas, la rampe faisait défaut. Une corde attachée à l'orifice aurait suffi pour nous soutenir, mais comment la détacher, lorsqu'on serait parvenu à son extrémité inférieure ?

Mon oncle employa un moyen fort simple pour obvier à cette difficulté. Il déroula une corde de la grosseur du pouce et longue de quatre cents pieds ; il en laissa filer d'abord la moitié, puis il l'enroula autour d'un bloc de lave qui faisait saillie et rejeta l'autre moitié dans la cheminée. Chacun de nous pouvait alors descendre en réunissant dans sa main les deux moitiés de la corde qui ne pouvait se défiler ; une fois descendus de deux cents pieds, rien ne nous serait plus aisé que de la ramener en lâchant un bout et en halant sur l'autre. Puis, on recommencerait cet exercice ad infinitum .

« Maintenant, dit mon oncle après avoir achevé ces préparatifs, occupons-nous des bagages ; ils vont être divisés en trois paquets, et chacun de nous en attachera un sur son dos ; j'entends parler seulement des objets fragiles. L'audacieux professeur ne nous comprenait évidemment pas dans cette dernière catégorie.

« Hans, reprit-il, va se charger des outils et d'une partie des vivres ; toi, Axel, d'un second tiers des vivres et des armes ; moi, du reste des vivres et des instruments délicats.

— Mais, dis-je, et les vêtements, et cette masse de cordes et d'échelles, qui se chargera de les descendre ?

— Ils descendront tout seuls.

— Comment cela ? demandai-je fort étonné.

— Tu vas le voir. Mon oncle employait volontiers les grands moyens et sans hésiter. Sur son ordre, Hans réunit en un seul colis les objets non fragiles, et ce paquet, solidement cordé, fut tout bonnement précipité dans le gouffre.

J'entendis ce mugissement sonore produit par le déplacement des couches d'air. Mon oncle, penché sur l'abîme, suivait d'un œil satisfait la descente de ses bagages, et ne se releva qu'après les avoir perdus de vue.

« Bon, fit-il. À nous maintenant. Je demande à tout homme de bonne foi s'il était possible d'entendre sans frissonner de telles paroles !

Le professeur attacha sur son dos le paquet des instruments ; Hans prit celui des outils, moi celui des armes. La descente commença dans l'ordre suivant : Hans, mon oncle et moi. Elle se fit dans un profond silence, troublé seulement par la chute des débris de roc qui se précipitaient dans l'abîme.

La descente commença.

Je me laissai couler, pour ainsi dire, serrant frénétiquement la double corde d'une main, de l'autre m'arc-boutant au moyen de mon bâton ferré. Une idée unique me dominait : je craignais que le point d'appui ne vint à manquer. Cette corde me paraissait bien fragile pour supporter le poids de trois personnes. Je m'en servais le moins possible, opérant des miracles d'équilibre sur les saillies de lave que mon pied cherchait à saisir comme une main.

Lorsqu'une de ces marches glissantes venait à s'ébranler sous le pas de Hans, il disait de sa voix tranquille :

— « Gif akt ! — Attention ! » répétait mon oncle.

Après une demi-heure, nous étions arrivés sur la surface d'un roc fortement engagé dans la paroi de la cheminée. Hans tira la corde par l'un de ses bouts ; l'autre s'éleva dans l'air ; après avoir dépassé le rocher supérieur, il retomba en raclant les morceaux de pierres et de laves, sorte de pluie, ou mieux, de grêle fort dangereuse.

En me penchant au-dessus de notre étroit plateau, je remarquai que le fond du trou était encore invisible.

La manœuvre de la corde recommença, et une demi-heure après nous avions gagné une nouvelle profondeur de deux cents pieds.

Je ne sais si le plus enragé géologue eût essayé d'étudier, pendant cette descente, la nature des terrains qui l'environnaient. Pour mon compte, je ne m'en inquiétai guère ; qu'ils fussent pliocènes, miocènes, éocènes, crétacés, jurassiques, triasiques, perniens, carbonifères, dévoniens, siluriens ou primitifs, cela me préoccupa peu. Mais le professeur, sans doute, fit ses observations ou prit ses notes, car, à l'une des haltes, il me dit :

« Plus je vais, plus j'ai confiance ; la disposition de ces terrains volcaniques donne absolument raison à la théorie de Davy. Nous sommes en plein sol primordial, sol dans lequel s'est produit l'opération chimique des métaux enflammés au contact de l'air et de l'eau ; je repousse absolument le système d'une chaleur centrale ; d'ailleurs, nous verrons bien. Toujours la même conclusion. On comprend que je ne m'amusai pas à discuter. Mon silence fut pris pour un assentiment, et la descente recommença.

Au bout de trois heures, je n'entrevoyais pas encore le fond de la cheminée. Lorsque je relevais la tête, j'apercevais son orifice qui décroissait sensiblement ; ses parois, par suite de leur légère inclinaison, tendaient à se rapprocher, l'obscurité se faisait peu à peu.

Cependant nous descendions toujours ; il me semblait que les pierres détachées des parois s'engloutissaient avec une répercussion plus mate et qu'elles devaient rencontrer promptement le fond de l'abîme.

Comme j'avais eu soin de noter exactement nos manœuvres de corde, je pus me rendre un compte exact de la profondeur atteinte et du temps écoulé.

Nous avions alors répété quatorze fois cette manœuvre qui durait une demi-heure. C'était donc sept heures, plus quatorze quarts d'heure de repos ou trois heures et demie. En tout, dix heures et demie. Nous étions partis à une heure, il devait être onze heures en ce moment.

Quant à la profondeur à laquelle nous étions parvenus, ces quatorze manœuvres d'une corde de deux cents pieds donnaient deux mille huit cents pieds.

En ce moment la voix de Hans se fit entendre :

les lampes furent accrochées à une saillie de lave.

— « Halt ! » dit-il.

Je m'arrêtai court au moment où j'allais heurter de mes pieds la tête de mon oncle.

« Nous sommes arrivés, dit celui-ci.

— Où ? demandai-je en me laissant glisser près de lui.

— Au fond de la cheminée perpendiculaire.

— Il n'y a donc pas d'autre issue ?

— Si, une sorte de couloir que j'entrevois et qui oblique vers la droite. Nous verrons cela demain. Soupons d'abord et nous dormirons après. L'obscurité n'était pas encore complète. On ouvrit le sac aux provisions, on mangea et l'on se coucha de son mieux sur un lit de pierres et de débris de lave.

Et quand, étendu sur le dos, j'ouvris les yeux, j'aperçus un point brillant à l'extrémité de ce tube long de trois mille pieds, qui se transformait en une gigantesque lunette.

C'était une étoile dépouillée de toute scintillation et qui, d'après mes calculs, devait être sigma de la petite Ourse.

Puis je m'endormis d'un profond sommeil.

XVII XVII XVII XVII XVII

Le véritable voyage commençait. Почалася справжня подорож. Jusqu’alors les fatigues l’avaient emporté sur les difficultés ; maintenant celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas. Until then fatigues had prevailed over difficulties; now these would truly be born under our feet. До цього часу втома переважувала труднощі, а тепер вони справді починали народжуватися під ногами.

Je n’avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j’allais m’engouffrer. I hadn't yet plunged my gaze into the unfathomable well into which I was about to plunge. Eu ainda não havia mergulhado meu olhar naquele poço insondável no qual eu seria engolfada. Le moment était venu. Je pouvais encore ou prendre mon parti de l’entreprise ou refuser de la tenter. Я все ще міг або підтримати проект, або відмовитися від нього. Mais j’eus honte de reculer devant le chasseur. But I was ashamed to retreat before the hunter. Але мені було соромно відступати від мисливця. Hans acceptait si tranquillement l’aventure, avec une telle indifférence, une si parfaite insouciance de tout danger, que je rougis à l’idée d’être moins brave que lui. Hans accepted the adventure so calmly, with such indifference and complete disregard for danger, that I blushed at the thought of being less brave than he. Seul, j’aurais entamé la série des grands arguments ; mais en présence du guide, je me tus ; un de mes souvenirs s’envola vers ma jolie Virlandaise, et je m’approchai de la cheminée centrale. Sozinho, eu teria começado a série de grandes argumentos; mas na presença do guia, fiquei em silêncio; uma das minhas memórias voou para a minha linda Virlandaise, e me aproximei da lareira central. На самоті я б розпочав серію великих аргументів, але в присутності гіда я замовк; один з моїх спогадів полетів до моєї гарненької Вірландії, і я підійшов до центрального димаря.

J’ai dit qu’elle mesurait cent pieds de diamètre, ou trois cents pieds de tour. Je me penchai au-dessus d’un roc qui surplombait, et je regardai. I leaned over an overhanging rock, and looked. Inclinei-me sobre uma rocha saliente e observei. Mes cheveux se hérissèrent. Meu cabelo se arrepiou. У мене волосся стало дибки. Le sentiment du vide s’empara de mon être. Відчуття порожнечі заволоділо мною. Je sentis le centre de gravité se déplacer en moi et le vertige monter à ma tête comme une ivresse. Rien de plus capiteux que cette attraction de l’abîme. Nothing more heady than this attraction of the abyss. Немає нічого більш п'янкого, ніж привабливість безодні. J’allais tomber. I was going to fall. Я мало не впав. Une main me retint. A hand held me back. Хтось тримав мене за руку. Celle de Hans. Décidément, je n’avais pas pris assez de « leçons de gouffre » à la Frelsers-Kirk de Copenhague. Decidedly, I had not taken enough "sinkhole lessons" at the Frelsers-Kirk in Copenhagen. Decididamente, eu não tinha tido "aulas de ralo" suficientes na Frelsers-Kirk em Copenhagen. Мені точно не вистачало "уроків безодні" у Фрелзерс-Кірку в Копенгагені.

Cependant, si peu que j’eusse hasardé mes regards dans ce puits, je m’étais rendu compte de sa conformation. However, as little as I had hazarded my eyes in this well, I realized its conformation. Porém, tão pouco que arrisquei meus olhares neste poço, percebi sua conformação. Однак, як би мало я не наважився зазирнути в колодязь, я зрозумів його конфігурацію. Ses parois, presque à pic, présentaient cependant de nombreuses saillies qui devaient faciliter la descente. Its walls, almost steep, however, had many projections that would facilitate the descent. Suas paredes, quase íngremes, porém apresentavam numerosas projeções que deveriam facilitar a descida. Його майже прямовисні стіни, однак, мали багато виступів, які повинні були полегшити спуск. Mais si l’escalier ne manquait pas, la rampe faisait défaut. But if the staircase was not lacking, the ramp was lacking. Mas se não faltou escada, faltou corrimão. Але якщо сходів не бракувало, то бракувало перил. Une corde attachée à l’orifice aurait suffi pour nous soutenir, mais comment la détacher, lorsqu’on serait parvenu à son extrémité inférieure ? A rope attached to the orifice would have sufficed to support us, but how to detach it, when we reached its lower extremity? Uma corda presa à abertura teria sido suficiente para nos sustentar, mas como desamarrá-la, quando chegamos à sua extremidade inferior? Мотузки, прив'язаної до ями, було б достатньо, щоб підтримати нас, але як її розв'язати, коли ми дійшли до її нижнього кінця?

Mon oncle employa un moyen fort simple pour obvier à cette difficulté. My uncle employed a very simple means of overcoming this difficulty. Мій дядько використовував дуже простий засіб, щоб уникнути цієї проблеми. Il déroula une corde de la grosseur du pouce et longue de quatre cents pieds ; il en laissa filer d’abord la moitié, puis il l’enroula autour d’un bloc de lave qui faisait saillie et rejeta l’autre moitié dans la cheminée. He unrolled a rope the size of the thumb and four hundred feet long; he let half of it slip first, then wrapped it around a protruding block of lava and threw the other half into the chimney. Ele desenrolou uma corda do tamanho de uma polegada e 120 metros de comprimento; ele soltou metade primeiro, depois envolveu um bloco de lava protuberante e jogou a outra metade de volta na chaminé. Він розмотав мотузку завбільшки з великий палець і завдовжки чотириста футів; він випустив половину мотузки, потім обмотав її навколо виступаючої брили лави, а другу половину кинув у димохід. Chacun de nous pouvait alors descendre en réunissant dans sa main les deux moitiés de la corde qui ne pouvait se défiler ; une fois descendus de deux cents pieds, rien ne nous serait plus aisé que de la ramener en lâchant un bout et en halant sur l’autre. Each of us could then descend by bringing together in our hand the two halves of the rope which could not escape; once we have descended two hundred feet, nothing would be easier for us than to bring it back by dropping one end and hauling on the other. Cada um de nós poderia então descer juntando em nossas mãos as duas metades da corda que não podiam escapar; depois de descermos duzentos pés, nada seria mais fácil para nós do que trazê-lo de volta, deixando cair uma ponta e puxando a outra. Кожен з нас міг спускатися, тримаючи в руці дві половинки мотузки, які не могли вирватися; коли ми спустилися на двісті футів, не було нічого простішого, ніж повернути її назад, відпустивши один кінець і потягнувши за інший. Puis, on recommencerait cet exercice ad infinitum . Потім ми повторювали цю вправу до нескінченності.

« Maintenant, dit mon oncle après avoir achevé ces préparatifs, occupons-nous des bagages ; ils vont être divisés en trois paquets, et chacun de nous en attachera un sur son dos ; j’entends parler seulement des objets fragiles. Тепер, - сказав дядько, закінчивши ці приготування, - давайте подбаємо про багаж; він буде розділений на три пакунки, і кожен з нас пристебне один на спині; я маю на увазі тільки крихкі речі. L’audacieux professeur ne nous comprenait évidemment pas dans cette dernière catégorie. The audacious professor obviously did not understand us in this last category. O atrevido professor obviamente não nos incluiu nesta última categoria. До останньої категорії сміливий професор нас, вочевидь, не відносив.

« Hans, reprit-il, va se charger des outils et d’une partie des vivres ; toi, Axel, d’un second tiers des vivres et des armes ; moi, du reste des vivres et des instruments délicats.

— Mais, dis-je, et les vêtements, et cette masse de cordes et d’échelles, qui se chargera de les descendre ? - Але, кажу я, а як же одяг, і ця маса мотузок і драбин, хто їх зніматиме?

— Ils descendront tout seuls. - They will go down alone.

— Comment cela ? - O que você quer dizer ? demandai-je fort étonné.

— Tu vas le voir. Mon oncle employait volontiers les grands moyens et sans hésiter. My uncle willingly employed the great means and without hesitation. Мій дядько був радий зробити це нелегким шляхом і без вагань. Sur son ordre, Hans réunit en un seul colis les objets non fragiles, et ce paquet, solidement cordé, fut tout bonnement précipité dans le gouffre. At his command, Hans united in a single parcel the non-fragile objects, and this packet, solidly corded, was simply precipitated in the abyss. Por ordem dele, Hans reuniu os objetos não frágeis em um único pacote, e este pacote, amarrado com segurança, foi simplesmente jogado no abismo. За його наказом Ганс зібрав некрихкі предмети в один пакет, і цей пакет, надійно зав'язаний, просто кинув у прірву.

J’entendis ce mugissement sonore produit par le déplacement des couches d’air. I heard the roar sound produced by the displacement of the layers of air. Eu ouvi este rugido alto produzido pelo deslocamento das camadas de ar. Я почув цей дзвінкий гуркіт, спричинений зміщенням шарів повітря. Mon oncle, penché sur l’abîme, suivait d’un œil satisfait la descente de ses bagages, et ne se releva qu’après les avoir perdus de vue. My uncle, leaning over the abyss, followed the descent of his luggage with a satisfied eye, and didn't get up again until he'd lost sight of them. Мій дядько, схилившись над прірвою, задоволеним поглядом стежив за тим, як опускається його багаж, і не піднімався, поки не втратив його з поля зору.

« Bon, fit-il. À nous maintenant. Agora é a nossa vez. Je demande à tout homme de bonne foi s’il était possible d’entendre sans frissonner de telles paroles ! I ask every man in good faith whether it was possible to hear without such a shudder! Я запитую будь-яку людину доброї волі, чи можна було б почути такі слова, не здригнувшись!

Le professeur attacha sur son dos le paquet des instruments ; Hans prit celui des outils, moi celui des armes. La descente commença dans l’ordre suivant : Hans, mon oncle et moi. Elle se fit dans un profond silence, troublé seulement par la chute des débris de roc qui se précipitaient dans l’abîme. Це відбувалося в глибокій тиші, яку порушувало лише падіння уламків скелі, що мчали у прірву.

La descente commença.

Je me laissai couler, pour ainsi dire, serrant frénétiquement la double corde d’une main, de l’autre m’arc-boutant au moyen de mon bâton ferré. I let myself sink, so to speak, frantically tightening the double rope with one hand, with the other bracing myself with my shod stick. Deixei-me afundar, por assim dizer, apertando freneticamente a corda dupla com uma das mãos e a outra me segurando com meu bastão calçado. Я дозволив собі тонути, так би мовити, несамовито стискаючи подвійну мотузку однією рукою, а іншою підпираючись взутою палицею. Une idée unique me dominait : je craignais que le point d’appui ne vint à manquer. A single idea dominated me: I feared that the fulcrum would run out. Мене переслідувала єдина думка: я боявся, що точка опори не витримає. Cette corde me paraissait bien fragile pour supporter le poids de trois personnes. Je m’en servais le moins possible, opérant des miracles d’équilibre sur les saillies de lave que mon pied cherchait à saisir comme une main. I used it as little as possible, working miracles of balance on the lava projections that my foot was trying to grasp like a hand. Usei-o o mínimo possível, realizando milagres de equilíbrio nas bordas de lava que meu pé procurava segurar como uma mão. Я використовував його якомога рідше, творячи дива рівноваги на лавових виступах, за які моя нога намагалася вхопитися, як за руку.

Lorsqu’une de ces marches glissantes venait à s’ébranler sous le pas de Hans, il disait de sa voix tranquille : Коли одна зі слизьких сходинок затремтіла під ногами Ганса, він сказав своїм тихим голосом:

— « Gif akt ! — Attention ! » répétait mon oncle.

Après une demi-heure, nous étions arrivés sur la surface d’un roc fortement engagé dans la paroi de la cheminée. After half an hour we had arrived on the surface of a rock strongly engaged in the wall of the chimney. Через півгодини ми вийшли на поверхню скелі, яка була сильно задіяна в стіну димоходу. Hans tira la corde par l’un de ses bouts ; l’autre s’éleva dans l’air ; après avoir dépassé le rocher supérieur, il retomba en raclant les morceaux de pierres et de laves, sorte de pluie, ou mieux, de grêle fort dangereuse. Hans pulled the rope by one of his ends; the other rose in the air; after having passed the upper rock, he fell back, scraping the pieces of stones and lava, a sort of rain, or better, very dangerous hail. Hans puxou a corda por uma das pontas; o outro subiu no ar; depois de passar pela rocha superior, caiu para trás, raspando os pedaços de pedras e lava, uma espécie de chuva, ou melhor, granizo muito perigoso. Ганс потягнув мотузку за один кінець, другий піднявся в повітря; пройшовши верхню скелю, вона впала назад, зішкрібши шматки каменю і лави, щось на кшталт дощу, або, краще сказати, дуже небезпечного граду.

En me penchant au-dessus de notre étroit plateau, je remarquai que le fond du trou était encore invisible. Inclinando-me sobre nosso estreito platô, percebi que o fundo do buraco ainda estava invisível. Нахилившись над нашим вузьким плато, я помітив, що дна ями все ще не видно.

La manœuvre de la corde recommença, et une demi-heure après nous avions gagné une nouvelle profondeur de deux cents pieds. Знову почався маневр з мотузкою, і через півгодини ми набрали ще двісті футів води.

Je ne sais si le plus enragé géologue eût essayé d’étudier, pendant cette descente, la nature des terrains qui l’environnaient. Não sei se o geólogo mais enfurecido teria tentado estudar, durante esta descida, a natureza do terreno que o rodeava. Не знаю, чи найзапекліший геолог спробував би під час цього спуску вивчити природу місцевості навколо себе. Pour mon compte, je ne m’en inquiétai guère ; qu’ils fussent pliocènes, miocènes, éocènes, crétacés, jurassiques, triasiques, perniens, carbonifères, dévoniens, siluriens ou primitifs, cela me préoccupa peu. De minha parte, não me preocupei com isso; fossem eles Plioceno, Mioceno, Eoceno, Cretáceo, Jurássico, Triássico, Perniano, Carbonífero, Devoniano, Siluriano ou primitivo, isso pouco me preocupava. Mais le professeur, sans doute, fit ses observations ou prit ses notes, car, à l’une des haltes, il me dit : Але професор, без сумніву, робив свої спостереження чи нотатки, бо на одній із зупинок він сказав мені:

« Plus je vais, plus j’ai confiance ; la disposition de ces terrains volcaniques donne absolument raison à la théorie de Davy. “Quanto mais vou, mais confio; o arranjo desses solos vulcânicos dá razão absoluta à teoria de Davy. Nous sommes en plein sol primordial, sol dans lequel s’est produit l’opération chimique des métaux enflammés au contact de l’air et de l’eau ; je repousse absolument le système d’une chaleur centrale ; d’ailleurs, nous verrons bien. Estamos no meio do solo primordial, solo no qual ocorreu a operação química dos metais inflamados em contato com o ar e a água; Eu rejeito absolutamente o sistema com aquecimento central; além disso, veremos. Toujours la même conclusion. Завжди один і той самий висновок. On comprend que je ne m’amusai pas à discuter. Mon silence fut pris pour un assentiment, et la descente recommença.

Au bout de trois heures, je n’entrevoyais pas encore le fond de la cheminée. Lorsque je relevais la tête, j’apercevais son orifice qui décroissait sensiblement ; ses parois, par suite de leur légère inclinaison, tendaient à se rapprocher, l’obscurité se faisait peu à peu. When I raised my head, I perceived his orifice, which was decreasing appreciably; its walls, as a result of their slight inclination, tended to draw nearer, and the darkness was gradually being made. Quando levantei minha cabeça, vi seu orifício que diminuiu consideravelmente; suas paredes, como resultado de sua ligeira inclinação, tendiam a se aproximar, a escuridão gradualmente caía. Коли я підняв голову, то побачив, що отвір помітно зменшився, його стіни, внаслідок невеликого нахилу, зблизилися, і поступово настала темрява.

Cependant nous descendions toujours ; il me semblait que les pierres détachées des parois s’engloutissaient avec une répercussion plus mate et qu’elles devaient rencontrer promptement le fond de l’abîme. However, we always went down; it seemed to me that the stones detached from the walls were swallowed up with a duller repercussion and that they must meet the bottom of the abyss. No entanto, ainda estávamos caindo; parecia-me que as pedras destacadas das paredes eram engolidas com uma repercussão mais sombria e que deviam ir rapidamente ao fundo do abismo. Однак ми все ще спускалися; мені здавалося, що каміння, яке відривається від стін, поглинається з глухим звуком і що незабаром вони зустрінуться з дном прірви.

Comme j’avais eu soin de noter exactement nos manœuvres de corde, je pus me rendre un compte exact de la profondeur atteinte et du temps écoulé. As I had been careful to note exactly our rope maneuvers, I was able to make an exact account of the depth reached and the time elapsed. Como tive o cuidado de anotar nossas manobras com corda com exatidão, pude obter um relato exato da profundidade alcançada e do tempo decorrido. Оскільки я подбав про те, щоб точно записати наші маневри з мотузкою, я зміг дати точний звіт про досягнуту глибину і час, що минув.

Nous avions alors répété quatorze fois cette manœuvre qui durait une demi-heure. We then repeated fourteen times this maneuver which lasted half an hour. Потім ми повторили цей маневр чотирнадцять разів, що тривало півгодини. C’était donc sept heures, plus quatorze quarts d’heure de repos ou trois heures et demie. It was then seven o'clock, plus fourteen quarters of an hour's rest, or three and a half hours. Отже, це було сім годин, плюс чотирнадцять чвертей години відпочинку або три з половиною години. En tout, dix heures et demie. In all, half-past ten. Nous étions partis à une heure, il devait être onze heures en ce moment. We had left at one o'clock, it must have been eleven o'clock at this moment. Ми виїхали о першій годині дня, зараз, мабуть, вже була одинадцята.

Quant à la profondeur à laquelle nous étions parvenus, ces quatorze manœuvres d’une corde de deux cents pieds donnaient deux mille huit cents pieds.

En ce moment la voix de Hans se fit entendre :

les lampes furent accrochées à une saillie de lave. the lamps were hung on a ledge of lava. Лампи були підвішені на виступі лави.

— « Halt ! » dit-il.

Je m’arrêtai court au moment où j’allais heurter de mes pieds la tête de mon oncle. Parei quando estava prestes a bater com os pés na cabeça do meu tio. Я зупинився, якраз перед тим, як вдарити дядька ногою по голові.

« Nous sommes arrivés, dit celui-ci.

— Où ? demandai-je en me laissant glisser près de lui. запитала я, сповзаючи вниз поруч з ним.

— Au fond de la cheminée perpendiculaire.

— Il n’y a donc pas d’autre issue ? - So there is no other way out? - Тобто іншого виходу немає?

— Si, une sorte de couloir que j’entrevois et qui oblique vers la droite. - Sim, uma espécie de corredor que vejo e que se inclina para a direita. - Так, такий собі коридор, який я бачу з нахилом вправо. Nous verrons cela demain. Soupons d’abord et nous dormirons après. Давай спочатку повечеряємо, а потім ляжемо спати. L’obscurité n’était pas encore complète. On ouvrit le sac aux provisions, on mangea et l’on se coucha de son mieux sur un lit de pierres et de débris de lave.

Et quand, étendu sur le dos, j’ouvris les yeux, j’aperçus un point brillant à l’extrémité de ce tube long de trois mille pieds, qui se transformait en une gigantesque lunette. And when, lying on my back, I opened my eyes, I perceived a shining point at the end of this tube three thousand feet long, which was transformed into a gigantic telescope. E quando, deitado de costas, abri os olhos, vi um ponto brilhante na extremidade deste tubo de três mil pés de comprimento, que se transformou em um gigantesco telescópio. І коли, лежачи на спині, я розплющив очі, то побачив яскраву пляму на кінці тритисячолітньої труби, яка перетворилася на гігантський телескоп.

C’était une étoile dépouillée de toute scintillation et qui, d’après mes calculs, devait être sigma de la petite Ourse. Era uma estrela despojada de toda cintilação e que, segundo meus cálculos, deve ter sido o sigma da Ursa Menor. Це була зірка без жодної сцинтиляції і, за моїми розрахунками, мала бути сигма Малої Ведмедиці.

Puis je m’endormis d’un profond sommeil. Then I fell into a deep sleep.