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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XVI

XVI

Le souper fut rapidement dévoré et la petite troupe se casa de son mieux. La couche était dure, l'abri peu solide, la situation fort pénible, à cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Cependant mon sommeil fut particulièrement paisible pendant cette nuit, l'une des meilleures que j'eusse passées depuis longtemps. Je ne rêvai même pas.

Le lendemain on se réveilla à demi gelé par un air très vif, aux rayons d'un beau soleil. Je quittai ma couche de granit et j'allai jouir du magnifique spectacle qui se développait à mes regards.

J'occupais le sommet de l'un des deux pics du Sneffels, celui du sud. De là ma vue s'étendait sur la plus grande partie de l'île. L'optique, commune à toutes les grandes hauteurs, en relevait les rivages, tandis que les parties centrales paraissaient s'enfoncer. On eût dit qu'une de ces cartes en relief d'Helbesmer s'étalait sous mes pieds ; je voyais les vallées profondes se croiser en tous sens, les précipices se creuser comme des puits, les lacs se changer en étangs, les rivières se faire ruisseaux. Sur ma droite se succédaient les glaciers sans nombre et les pics multipliés, dont quelques-uns s'empanachaient de fumées légères. Les ondulations de ces montagnes infinies, que leurs couches de neige semblaient rendre écumantes, rappelaient à mon souvenir la surface d'une mer agitée. Si je me retournais vers l'ouest, l'Océan s'y développait dans sa majestueuse étendue, comme une continuation de ces sommets moutonneux. Où finissait la terre ? où commençaient les flots, mon œil le distinguait à peine.

Je me plongeais ainsi dans cette prestigieuse extase que donnent les hautes cimes, et cette fois, sans vertige, car je m'accoutumais enfin à ces sublimes contemplations. Mes regards éblouis se baignaient dans la transparente irradiation des rayons solaires, j'oubliais qui j'étais, où j'étais, pour vivre de la vie des elfes ou des sylphes, imaginaires habitants de la mythologie scandinave. Je m'enivrais de la volupté des hauteurs, sans songer aux abîmes dans lesquels ma destinée allait me plonger avant peu. Mais je fus ramené au sentiment de la réalité par l'arrivée du professeur et de Hans, qui me rejoignirent au sommet du pic.

Mon oncle, se tournant vers l'ouest, m'indiqua de la main une légère vapeur, une brume, une apparence de terre qui dominait la ligne des flots.

« Le Groënland, dit-il.

— Le Groënland ? m'écriai-je.

— Oui ; nous n'en sommes pas à trente-cinq lieues, et, pendant les dégels, les ours blancs arrivent jusqu'à l'Islande, portés sur les glaçons du nord. Mais cela importe peu. Nous sommes au sommet du Sneffels, et voici deux pics, l'un au sud, l'autre au nord. Hans va nous dire de quel nom les Islandais appellent celui qui nous porte en ce moment. La demande formulée, le chasseur répondit : « Scartaris. Mon oncle me jeta un coup d'œil triomphant. « Au cratère ! » dit-il.

Le cratère du Sneffels représentait un cône renversé dont l'orifice pouvait avoir une demi-lieue de diamètre. Sa profondeur, je l'estimais à deux mille pieds environ. Que l'on juge de l'état d'un pareil récipient, lorsqu'il s'emplissait de tonnerres et de flammes. Le fond de l'entonnoir ne devait pas mesurer plus de cinq cents pieds de tour, de telle sorte que ses pentes assez douces permettaient d'arriver facilement à sa partie inférieure. Involontairement, je comparais ce cratère à un énorme tromblon évasé, et la comparaison m'épouvantait.

« Descendre dans un tromblon, pensai-je, quand il est peut-être chargé et qu'il peut partir au moindre choc, c'est l'œuvre de fous. Mais je n'avais pas à reculer. Hans, d'un air indifférent, reprit la tête de la troupe. Je le suivis sans mot dire.

Afin de faciliter la descente, Hans décrivait à l'intérieur du cône des ellipses très-allongées. Il fallait marcher au milieu des roches éruptives, dont quelques-unes, ébranlées dans leurs alvéoles, se précipitaient en rebondissant jusqu'au fond de l'abîme. Leur chute déterminait des réverbérations d'échos d'une étrange sonorité.

Certaines parties du cône formaient des glaciers intérieurs. Hans ne s'avançait alors qu'avec une extrême précaution, sondant le sol de son bâton ferré pour y découvrir les crevasses. À de certains passages douteux, il devint nécessaire de nous lier par une longue corde, afin que celui auquel le pied viendrait à manquer inopinément se trouvât soutenu par ses compagnons. Cette solidarité était chose prudente, mais elle n'excluait pas tout danger.

Cependant, et malgré les difficultés de la descente sur des pentes que le guide ne connaissait pas, la route se fit sans accident, sauf la chute d'un ballot de cordes qui s'échappa des mains d'un Islandais et alla par le plus court jusqu'au fond de l'abîme.

À midi nous étions arrivés. Je relevai là tête, et j'aperçus l'orifice supérieur du cône, dans lequel s'encadrait un morceau de ciel d'une circonférence singulièrement réduite, mais presque parfaite. Sur un point seulement se détachait le pic du Scartaris, qui s'enfonçait dans l'immensité.

Au fond du cratère s'ouvraient trois cheminées par lesquelles, au temps des éruptions du Sneffels, le foyer central chassait ses laves et ses vapeurs. Chacune de ces cheminées avait environ cent pieds de diamètre. Elles étaient là béantes sous nos pas. Je n'eus pas la force d'y plonger mes regards. Le professeur Lidenbrock, lui, avait fait un examen rapide de leur disposition ; il était haletant ; il courait de l'une à l'autre, gesticulant et lançant des paroles incompréhensibles. Hans et ses compagnons, assis sur des morceaux de lave, le regardaient faire ; ils le prenaient évidemment pour un fou.

Tout à coup mon oncle poussa un cri ; je crus qu'il venait de perdre pied et de tomber dans l'un des trois gouffres. Mais non. Je l'aperçus, les bras étendus, les jambes écartées, debout devant un roc de granit posé au centre du cratère, comme un énorme piédestal fait pour la statue d'un Pluton. Il était dans la pose d'un homme stupéfait, mais dont la stupéfaction fit bientôt place à une joie insensée.

« Axel ! Axel ! s'écria-t-il, viens ! viens ! J'accourus. Ni Hans ni les Islandais ne bougèrent.

« Regarde, » me dit le professeur.

Regarde ! me dit le professeur.

Et, partageant sa stupéfaction, sinon sa joie, je lus sur la face occidentale du bloc, en caractères runiques à demi-rongés par le temps, ce nom mille fois maudit :

« Arne Saknussemm ! s'écria mon oncle ; douteras-tu encore ? Je ne répondis pas, et je revins consterné à mon banc de lave. L'évidence m'écrasait.

Combien de temps demeurai-je ainsi plongé dans mes réflexions, je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'en relevant la tête je vis mon oncle et Hans seuls au fond du cratère. Les Islandais avaient été congédiés, et maintenant ils redescendaient les pentes extérieures du Sneffels pour regagner Stapi.

Hans dormait tranquillement au pied d'un roc, dans une coulée de lave où il s'était fait un lit improvisé ; mon oncle tournait au fond du cratère, comme une bête sauvage dans la fosse d'un trappeur. Je n'eus ni l'envie ni la force de me lever, et, prenant exemple sur le guide, je me laissai aller à un douloureux assoupissement, croyant entendre des bruits ou sentir des frissonnements dans les flancs de la montagne.

Ainsi se passa cette première nuit au fond du cratère.

Le lendemain, un ciel gris, nuageux, lourd, s'abaissa sur le sommet du cône. Je ne m'en aperçus pas tant à l'obscurité du gouffre qu'à la colère dont mon oncle fut pris.

J'en compris la raison, et un reste d'espoir me revint au cœur. Voici pourquoi.

Des trois routes ouvertes sous nos pas, une seule avait été suivie par Saknussemm. Au dire du savant islandais, on devait la reconnaître à cette particularité signalée dans le cryptogramme, que l'ombre du Scartaris venait en caresser les bords pendant les derniers jours du mois de juin.

On pouvait, en effet, considérer ce pic aigu comme le style d'un immense cadran solaire, dont l'ombre à un jour donné marquait le chemin du centre du globe.

Or, si le soleil venait à manquer, pas d'ombre. Conséquemment, pas d'indication.

Nous étions au 25 juin. Que le ciel demeurât couvert pendant six jours, et il faudrait remettre l'observation à une autre année.

Je renonce à peindre l'impuissante colère du professeur Lidenbrock. La journée se passa, et aucune ombre ne vint s'allonger sur le font du cratère. Hans ne bougea pas de sa place ; il devait pourtant se demander ce que nous attendions, s'il se demandait quelque chose ! Mon oncle ne m'adressa pas une seule fois la parole. Ses regards, invariablement tournés vers le ciel, se perdaient dans sa teinte grise et brumeuse.

Le 26, rien encore, une pluie mêlée de neige tomba pendant toute la journée. Hans construisit une hutte avec des morceaux de lave. Je pris un certain plaisir à suivre de l'œil les milliers de cascades improvisées sur les flancs du cône, et dont chaque pierre accroissait l'assourdissant murmure.

Mon oncle ne se contenait plus. Il y avait de quoi irriter un homme plus patient, car c'était véritablement échouer au port.

Mais aux grandes douleurs le ciel mêle incessamment les grandes joies, et il réservait au professeur Lidenbrock une satisfaction égale à ses désespérants ennuis.

Le lendemain le ciel fut encore couvert ; mais le dimanche, 28 juin, l'antépénultième jour du mois, avec le changement de lune vint le changement de temps. Le soleil versa ses rayons à flots dans le cratère. Chaque monticule, chaque roc, chaque pierre, chaque aspérité eut part à sa bienfaisante effluve et projeta instantanément son ombre sur le sol. Entre toutes, celle du Scartaris se dessina comme une vive arête et se mit à tourner insensiblement vers l'astre radieux, Mon oncle tournait avec elle.

À midi, dans sa période la plus courte, elle vint lécher doucement le bord de la cheminée centrale.

« C'est là ! s'écria le professeur, c'est là ! Au centre du globe ! » ajouta-t-il en danois.

Je regardai Hans.

« Forüt ! » fit tranquillement le guide.

— En avant ! » répondit mon oncle.

Il était une heure et treize minutes du soir.

XVI XVI XVI XVI XVI

Le souper fut rapidement dévoré et la petite troupe se casa de son mieux. The supper was quickly devoured and the little troop did its best. O jantar foi rapidamente devorado e a pequena tropa acomodou-se o melhor que pôde. Вечеря була швидко з'їдена, і компанія влаштувалася, як могла. La couche était dure, l’abri peu solide, la situation fort pénible, à cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer. The bed was hard, the shelter weak, the situation very painful, five thousand feet above sea level. A cama era dura, o abrigo fraco, a situação muito dolorosa, cinco mil pés acima do nível do mar. Шар був твердим, укриття хитким, ситуація дуже складною, на висоті п'яти тисяч футів над рівнем моря. Cependant mon sommeil fut particulièrement paisible pendant cette nuit, l’une des meilleures que j’eusse passées depuis longtemps. Je ne rêvai même pas. I did not even dream.

Le lendemain on se réveilla à demi gelé par un air très vif, aux rayons d’un beau soleil. No dia seguinte, acordamos meio congelados com um ar muito animado, sob os raios de um lindo sol. Je quittai ma couche de granit et j’allai jouir du magnifique spectacle qui se développait à mes regards. I left my layer of granite and I went to enjoy the magnificent spectacle that developed to my eyes.

J’occupais le sommet de l’un des deux pics du Sneffels, celui du sud. I occupied the summit of one of the two peaks of the Sneffels, that of the south. De là ma vue s’étendait sur la plus grande partie de l’île. Звідти я міг бачити більшу частину острова. L’optique, commune à toutes les grandes hauteurs, en relevait les rivages, tandis que les parties centrales paraissaient s’enfoncer. The optics, common to all the great heights, raised the shores, while the central parts appeared to sink. Оптика, характерна для всіх великих висот, піднімала береги, тоді як центральні частини, здавалося, опускалися. On eût dit qu’une de ces cartes en relief d’Helbesmer s’étalait sous mes pieds ; je voyais les vallées profondes se croiser en tous sens, les précipices se creuser comme des puits, les lacs se changer en étangs, les rivières se faire ruisseaux. It seemed as if one of these relief maps of Helbesmer was spreading under my feet; I could see the deep valleys crossing each other in all directions, the precipices widening like wells, the lakes changing into ponds, the rivers becoming streams. Parecia que um daqueles mapas em relevo de Helbesmer estava espalhado sob meus pés; Eu vi os vales profundos se cruzarem em todas as direções, os precipícios se alargarem como poços, os lagos se transformarem em lagoas, os rios se transformarem em riachos. Це було так, ніби одна з карт рельєфу Гельбесмера була розстелена під моїми ногами; я бачив глибокі долини, що перетинаються в усіх напрямках, урвища, що викопують себе, як колодязі, озера, що перетворюються на ставки, річки, що стають струмками. Sur ma droite se succédaient les glaciers sans nombre et les pics multipliés, dont quelques-uns s’empanachaient de fumées légères. À minha direita seguiam as incontáveis geleiras e os picos multiplicados, alguns dos quais emplumados com uma leve fumaça. Праворуч від мене була низка незліченних льодовиків і численних вершин, деякі з яких були наповнені легким димом. Les ondulations de ces montagnes infinies, que leurs couches de neige semblaient rendre écumantes, rappelaient à mon souvenir la surface d’une mer agitée. The undulations of these infinite mountains, which their layers of snow seemed to make foaming, recalled to my memory the surface of a rough sea. Si je me retournais vers l’ouest, l’Océan s’y développait dans sa majestueuse étendue, comme une continuation de ces sommets moutonneux. If I turned to the west, the ocean grew in its majestic expanse, like a continuation of those fleeting summits. Se eu voltasse para o oeste, o oceano se desenvolveria ali em sua extensão majestosa, como uma continuação desses picos montanhosos. Où finissait la terre ? où commençaient les flots, mon œil le distinguait à peine. де починалися хвилі, моє око ледве могло розгледіти.

Je me plongeais ainsi dans cette prestigieuse extase que donnent les hautes cimes, et cette fois, sans vertige, car je m’accoutumais enfin à ces sublimes contemplations. Mergulhei neste prestigioso êxtase que dá os altos picos, e desta vez, sem vertigens, porque finalmente me acostumei com essas sublimes contemplações. Так я поринув у престижний екстаз високих вершин, і цього разу без запаморочення, бо я нарешті звик до цих піднесених споглядань. Mes regards éblouis se baignaient dans la transparente irradiation des rayons solaires, j’oubliais qui j’étais, où j’étais, pour vivre de la vie des elfes ou des sylphes, imaginaires habitants de la mythologie scandinave. Je m’enivrais de la volupté des hauteurs, sans songer aux abîmes dans lesquels ma destinée allait me plonger avant peu. I was intoxicated with the voluptuousness of the heights, without thinking of the abysses in which my destiny was going to immerse me before long. Estava embriagado de prazer das alturas, sem pensar nos abismos nos quais logo meu destino me mergulharia. Я був сп'янілий від насолоди висоти, не думаючи про прірву, в яку незабаром занурить мене доля. Mais je fus ramené au sentiment de la réalité par l’arrivée du professeur et de Hans, qui me rejoignirent au sommet du pic. But I was brought back to a sense of reality by the arrival of the Professor and Hans, who joined me at the top of the peak. Mas fui trazido de volta à sensação de realidade com a chegada do professor e de Hans, que se juntou a mim no topo do pico. Але до відчуття реальності мене повернула поява професора і Ганса, які приєдналися до мене на вершині.

Mon oncle, se tournant vers l’ouest, m’indiqua de la main une légère vapeur, une brume, une apparence de terre qui dominait la ligne des flots. Meu tio, voltando-se para o oeste, indicou com a mão um leve vapor, uma névoa, uma aparência de terra que dominava a linha das ondas. Дядько, повернувшись на захід, показав на легку пару, туман, видимість землі, яка домінувала над лінією хвиль.

« Le Groënland, dit-il.

— Le Groënland ? m’écriai-je.

— Oui ; nous n’en sommes pas à trente-cinq lieues, et, pendant les dégels, les ours blancs arrivent jusqu’à l’Islande, portés sur les glaçons du nord. - Так, до нас не тридцять п'ять ліг, а під час відлиги білі ведмеді доходять аж до Ісландії, несучись по північній кризі. Mais cela importe peu. Але це не має значення. Nous sommes au sommet du Sneffels, et voici deux pics, l’un au sud, l’autre au nord. Ми знаходимося на вершині Снеффелів, і перед нами дві вершини, одна на півдні, а інша на півночі. Hans va nous dire de quel nom les Islandais appellent celui qui nous porte en ce moment. Ганс розповість нам, як ісландці називають того, хто нас зараз несе. La demande formulée, le chasseur répondit : « Scartaris. Feito o pedido, o caçador respondeu: “Scartaris. Mon oncle me jeta un coup d’œil triomphant. « Au cratère ! » dit-il.

Le cratère du Sneffels représentait un cône renversé dont l’orifice pouvait avoir une demi-lieue de diamètre. A cratera de Sneffels representava um cone invertido cujo orifício poderia ter meia légua de diâmetro. Sa profondeur, je l’estimais à deux mille pieds environ. Its depth, I estimated at about two thousand feet. Que l’on juge de l’état d’un pareil récipient, lorsqu’il s’emplissait de tonnerres et de flammes. Judge the state of such a vessel when it was filled with thunder and flame. Pode-se julgar o estado de tal navio, quando ele estava cheio de trovões e chamas. Le fond de l’entonnoir ne devait pas mesurer plus de cinq cents pieds de tour, de telle sorte que ses pentes assez douces permettaient d’arriver facilement à sa partie inférieure. The bottom of the funnel was not to exceed five hundred feet, so that its gentle slopes made it easy to reach the bottom. O fundo do funil não deve ter mais do que 150 metros de cada vez, de modo que suas inclinações suaves facilitam o acesso à parte inferior. Дно воронки не повинно було перевищувати п'ятсот футів в окружності, щоб її пологі схили дозволяли легко дістатися до нижньої частини. Involontairement, je comparais ce cratère à un énorme tromblon évasé, et la comparaison m’épouvantait. Unintentionally, I compared this crater to a huge flared blunderbuss, and the comparison appalled me. Inconscientemente, comparei esta cratera a um enorme bacamarte queimado e a comparação me assustou. Мимоволі я порівняв цей кратер з величезним розчепіреним мушкетом, і це порівняння мене налякало.

« Descendre dans un tromblon, pensai-je, quand il est peut-être chargé et qu’il peut partir au moindre choc, c’est l’œuvre de fous. Afundar em um bacamarte, pensei, quando talvez esteja carregado e possa disparar ao menor choque, isso é trabalho de tolos. "Спускатися вниз з мушкетом, - подумав я, - коли він може бути заряджений і вистрілити від найменшого поштовху - це справа дурнів. Mais je n’avais pas à reculer. But I didn't have to back down. Hans, d’un air indifférent, reprit la tête de la troupe. Hans, com ar de indiferença, reassumiu a chefia da tropa. Ганс з байдужим виглядом взяв ініціативу на себе. Je le suivis sans mot dire. Я пішов за ним, не кажучи ні слова.

Afin de faciliter la descente, Hans décrivait à l’intérieur du cône des ellipses très-allongées. Щоб полегшити спуск, Ганс описав дуже довгі еліпси всередині конуса. Il fallait marcher au milieu des roches éruptives, dont quelques-unes, ébranlées dans leurs alvéoles, se précipitaient en rebondissant jusqu’au fond de l’abîme. It was necessary to walk among the eruptive rocks, some of which, shaken in their alveoli, rushed bouncing to the bottom of the abyss. Era preciso caminhar entre as rochas eruptivas, algumas das quais, abaladas em suas células, precipitavam-se e ricocheteavam até o fundo do abismo. Треба було йти по виверженим скелям, деякі з яких, здригнувшись у своїх порожнинах, мчали і відскакували на дно прірви. Leur chute déterminait des réverbérations d’échos d’une étrange sonorité. Падіння двох визначило реверберацію відлуння дивного звуку.

Certaines parties du cône formaient des glaciers intérieurs. Parts of the cone formed interior glaciers. Частини конуса утворили внутрішні льодовики. Hans ne s’avançait alors qu’avec une extrême précaution, sondant le sol de son bâton ferré pour y découvrir les crevasses. Hans então avançou com extrema cautela, sondando o solo com seu bastão ferrado para descobrir as fendas. Ганс просувався вперед з надзвичайною обережністю, промацуючи залізною палицею землю на наявність тріщин. À de certains passages douteux, il devint nécessaire de nous lier par une longue corde, afin que celui auquel le pied viendrait à manquer inopinément se trouvât soutenu par ses compagnons. Em certos trechos duvidosos, era necessário amarrar-nos com uma longa corda, para que aquele que inesperadamente errasse o pé se encontrasse sustentado por seus companheiros. У певних сумнівних моментах доводилося зв'язувати нас довгою мотузкою, щоб той, чия нога несподівано підведеться, міг розраховувати на підтримку товаришів. Cette solidarité était chose prudente, mais elle n’excluait pas tout danger. This solidarity was prudent, but it did not exclude all danger. Ця солідарність була розсудливою, але вона не виключала всіх небезпек.

Cependant, et malgré les difficultés de la descente sur des pentes que le guide ne connaissait pas, la route se fit sans accident, sauf la chute d’un ballot de cordes qui s’échappa des mains d’un Islandais et alla par le plus court jusqu’au fond de l’abîme. However, and in spite of the difficulties of the descent on slopes that the guide did not know, the road was made without accident, except the fall of a bundle of ropes which escaped from the hands of an Icelandic and went by the most run to the bottom of the abyss. No entanto, e apesar das dificuldades da descida em encostas que o guia não conhecia, o caminho foi feito sem acidentes, exceto a queda de um feixe de cordas que escapou das mãos de um islandês e passou pela maioria das corridas até o fundo do abismo. Однак, незважаючи на труднощі спуску по незнайомих для гіда схилах, маршрут був пройдений без пригод, за винятком падіння зв'язки мотузок, яка вирвалася з рук ісландця і пішла найкоротшим шляхом на дно прірви.

À midi nous étions arrivés. At noon we had arrived. Je relevai là tête, et j’aperçus l’orifice supérieur du cône, dans lequel s’encadrait un morceau de ciel d’une circonférence singulièrement réduite, mais presque parfaite. Я підняв голову і побачив верхній отвір конуса, в якому був обрамлений шматочок неба надзвичайно маленького, але майже ідеального кола. Sur un point seulement se détachait le pic du Scartaris, qui s’enfonçait dans l’immensité. Em apenas um ponto se destacou o pico do Scartaris, que afundou na imensidão. Лише в одній точці виділявся пік Скартаріс, що тонув у безмежжі.

Au fond du cratère s’ouvraient trois cheminées par lesquelles, au temps des éruptions du Sneffels, le foyer central chassait ses laves et ses vapeurs. At the bottom of the crater opened three chimneys through which, at the time of the eruptions of the Sneffels, the central hearth was expelling its lava and vapors. No fundo da cratera se abriam três chaminés pelas quais, na época das erupções de Sneffels, a lareira central expelia suas lavas e vapores. На дні кратера було три димарі, через які під час вивержень Шнефелів центральна піч викидала свою лаву і пару. Chacune de ces cheminées avait environ cent pieds de diamètre. Each of these chimneys was about a hundred feet in diameter. Elles étaient là béantes sous nos pas. Вони були там, зяяли під нашими ногами. Je n’eus pas la force d’y plonger mes regards. I did not have the strength to glance at it. У мене не було сил зазирнути в нього. Le professeur Lidenbrock, lui, avait fait un examen rapide de leur disposition ; il était haletant ; il courait de l’une à l’autre, gesticulant et lançant des paroles incompréhensibles. Professor Lidenbrock had made a quick examination of their disposition; he was panting; he ran from one to the other, gesturing and uttering incomprehensible words. Професор Ліденброк, з іншого боку, швидко оглянув їхнє розташування; він задихався, бігав від одного до іншого, жестикулював і вимовляв незрозумілі слова. Hans et ses compagnons, assis sur des morceaux de lave, le regardaient faire ; ils le prenaient évidemment pour un fou. Hans and his companions, sitting on pieces of lava, watched him; they obviously took him for a fool. Hans e seus companheiros, sentados em pedaços de lava, observaram-no fazer isso; eles evidentemente o consideraram um louco. Ганс і його супутники, сидячи на шматках лави, спостерігали за ним; вони, очевидно, думали, що він збожеволів.

Tout à coup mon oncle poussa un cri ; je crus qu’il venait de perdre pied et de tomber dans l’un des trois gouffres. Mais non. Je l’aperçus, les bras étendus, les jambes écartées, debout devant un roc de granit posé au centre du cratère, comme un énorme piédestal fait pour la statue d’un Pluton. I saw him, arms outstretched, legs apart, standing in front of a rock of granite placed in the center of the crater, like a huge pedestal made for the statue of a Pluto. Il était dans la pose d’un homme stupéfait, mais dont la stupéfaction fit bientôt place à une joie insensée. He was in the pose of a stupefied man, whose stupefaction soon gave way to senseless joy.

« Axel ! Axel ! s’écria-t-il, viens ! viens ! J’accourus. I ran. Ni Hans ni les Islandais ne bougèrent.

« Regarde, » me dit le professeur.

Regarde ! me dit le professeur.

Et, partageant sa stupéfaction, sinon sa joie, je lus sur la face occidentale du bloc, en caractères runiques à demi-rongés par le temps, ce nom mille fois maudit : І, поділяючи його здивування, якщо не радість, я прочитав на західній стороні блоку рунічними ієрогліфами, наполовину з'їденими часом, це ім'я, прокляте тисячу разів:

« Arne Saknussemm ! s’écria mon oncle ; douteras-tu encore ? exclaimed my uncle; will you still have doubts? вигукнув дядько, - ти ще будеш сумніватися? Je ne répondis pas, et je revins consterné à mon banc de lave. I did not answer, and I was dismayed at my lava bench. Não respondi e voltei para o meu banco de lava, desanimado. L’évidence m’écrasait. The evidence was crushing me.

Combien de temps demeurai-je ainsi plongé dans mes réflexions, je l’ignore. How long did I remain immersed in my reflections, I do not know. Tout ce que je sais, c’est qu’en relevant la tête je vis mon oncle et Hans seuls au fond du cratère. Les Islandais avaient été congédiés, et maintenant ils redescendaient les pentes extérieures du Sneffels pour regagner Stapi. The Icelanders had been fired, and now they were descending the outer slopes of the Sneffels to regain Stapi. Os islandeses haviam sido dispensados e agora estavam descendo as encostas externas de Sneffels para recuperar Stapi. Ісландців звільнили, і тепер вони спускалися зовнішніми схилами Снеффельса до Стапі.

Hans dormait tranquillement au pied d’un roc, dans une coulée de lave où il s’était fait un lit improvisé ; mon oncle tournait au fond du cratère, comme une bête sauvage dans la fosse d’un trappeur. Hans slept quietly at the foot of a rock, in a lava flow where he had made an improvised bed; my uncle turned at the bottom of the crater, like a wild beast in the pit of a trapper. Je n’eus ni l’envie ni la force de me lever, et, prenant exemple sur le guide, je me laissai aller à un douloureux assoupissement, croyant entendre des bruits ou sentir des frissonnements dans les flancs de la montagne. I had neither the desire nor the strength to rise, and, taking the example of the guide, I let myself go to a painful drowsiness, thinking to hear noises or to feel chills in the sides of the mountain. Não tive vontade nem forças para me levantar e, a exemplo do guia, deixei-me cochilar dolorosamente, pensando ter ouvido barulhos ou arrepios nas encostas da montanha.

Ainsi se passa cette première nuit au fond du cratère. Так пройшла та перша ніч на дні кратера.

Le lendemain, un ciel gris, nuageux, lourd, s’abaissa sur le sommet du cône. Наступного дня на вершину конуса опустилося сіре, похмуре, важке небо. Je ne m’en aperçus pas tant à l’obscurité du gouffre qu’à la colère dont mon oncle fut pris. I did not notice it so much in the darkness of the abyss as in the anger of which my uncle was taken. Não notei tanto na escuridão do abismo quanto na raiva com que meu tio foi tomado. Я зрозумів це не стільки через темряву безодні, скільки через гнів, яким був охоплений мій дядько.

J’en compris la raison, et un reste d’espoir me revint au cœur. I understood the reason, and a remnant of hope returned to my heart. Я зрозумів причину цього, і в моє серце повернулися залишки надії. Voici pourquoi.

Des trois routes ouvertes sous nos pas, une seule avait été suivie par Saknussemm. З трьох доріг, що відкрилися під нашими ногами, лише однією з них ми йшли до Сакнуссемма. Au dire du savant islandais, on devait la reconnaître à cette particularité signalée dans le cryptogramme, que l’ombre du Scartaris venait en caresser les bords pendant les derniers jours du mois de juin. According to the Icelandic scientist, it had to be recognized by the peculiarity of the cryptogram, which the shadow of the Scartaris caressed the edges during the last days of June. Segundo o estudioso islandês, deve-se reconhecer por essa peculiaridade indicada no criptograma, que a sombra do Scartaris veio acariciar as bordas durante os últimos dias do mês de junho.

On pouvait, en effet, considérer ce pic aigu comme le style d’un immense cadran solaire, dont l’ombre à un jour donné marquait le chemin du centre du globe. Pode-se, de fato, considerar esse pico pontiagudo como o estilo de um imenso relógio de sol, cuja sombra em um determinado dia marcava o caminho para o centro do globo.

Or, si le soleil venait à manquer, pas d’ombre. But if the sun ran out, no shade. Conséquemment, pas d’indication.

Nous étions au 25 juin. Que le ciel demeurât couvert pendant six jours, et il faudrait remettre l’observation à une autre année. That the sky should remain covered for six days, and the observation should be postponed to another year.

Je renonce à peindre l’impuissante colère du professeur Lidenbrock. I give up painting the helpless anger of Professor Lidenbrock. Desisto de pintar a raiva impotente do professor Lidenbrock. Я не буду розписувати безпорадний гнів професора Ліденброка. La journée se passa, et aucune ombre ne vint s’allonger sur le font du cratère. The day passed, and no shadow came to lie on the bottom of the crater. Минув день, а тінь так і не лягла на верхівку кратера. Hans ne bougea pas de sa place ; il devait pourtant se demander ce que nous attendions, s’il se demandait quelque chose ! Hans did not move from his place; he must have been wondering what we were waiting for, if he wondered something! Ганс не рухався з місця; йому, мабуть, було цікаво, чого ми чекаємо, якщо він взагалі щось цікавився! Mon oncle ne m’adressa pas une seule fois la parole. Дядько зі мною жодного разу не розмовляв. Ses regards, invariablement tournés vers le ciel, se perdaient dans sa teinte grise et brumeuse. His eyes, invariably turned towards the sky, were lost in its gray and misty hue.

Le 26, rien encore, une pluie mêlée de neige tomba pendant toute la journée. Hans construisit une hutte avec des morceaux de lave. Je pris un certain plaisir à suivre de l’œil les milliers de cascades improvisées sur les flancs du cône, et dont chaque pierre accroissait l’assourdissant murmure. I took a certain pleasure in following the thousands of improvised waterfalls on the sides of the cone, each stone of which increased the deafening murmur. Tive um certo prazer em acompanhar com o olhar as milhares de cascatas improvisadas nas laterais do cone, cada uma das quais aumentava o murmúrio ensurdecedor.

Mon oncle ne se contenait plus. My uncle was no longer content. Дядько більше не міг себе стримувати. Il y avait de quoi irriter un homme plus patient, car c’était véritablement échouer au port. There was enough to irritate a more patient man, because it really failed at the port. Havia algo para irritar um homem mais paciente, pois estava realmente encalhado no porto.

Mais aux grandes douleurs le ciel mêle incessamment les grandes joies, et il réservait au professeur Lidenbrock une satisfaction égale à ses désespérants ennuis. But to the great pains heaven constantly mixes great joys, and he reserved for Professor Lidenbrock a satisfaction equal to his desperate troubles. Mas com grandes tristezas, o Céu mistura incessantemente grandes alegrias, e ele reservou para o Professor Lidenbrock uma satisfação igual a seus problemas desesperadores. Але до великих скорбот небо невпинно домішує великі радощі, і воно приберегло для професора Ліденброка задоволення, що дорівнює його безнадійним бідам.

Le lendemain le ciel fut encore couvert ; mais le dimanche, 28 juin, l’antépénultième jour du mois, avec le changement de lune vint le changement de temps. No dia seguinte, o céu ainda estava nublado; mas no domingo, 28 de junho, o antepenúltimo dia do mês, com a mudança da lua veio a mudança do clima. Наступного дня небо все ще було похмурим, але в неділю, 28 червня, передостанній день місяця, зі зміною місяця настала зміна погоди. Le soleil versa ses rayons à flots dans le cratère. The sun poured its rays into the crater. O sol derramou seus raios em ondas na cratera. Chaque monticule, chaque roc, chaque pierre, chaque aspérité eut part à sa bienfaisante effluve et projeta instantanément son ombre sur le sol. Cada colina, cada rocha, cada pedra, cada aspereza compartilhada em seu cheiro benéfico e instantaneamente lança sua sombra no chão. Entre toutes, celle du Scartaris se dessina comme une vive arête et se mit à tourner insensiblement vers l’astre radieux, Mon oncle tournait avec elle. Among all of them, that of Scartaris took shape like a sharp ridge and began to turn imperceptibly towards the radiant star, My uncle turned with her. Entre todos eles, o do Scartaris tomou a forma de uma crista pontiaguda e começou a girar imperceptivelmente em direção à estrela radiante, meu tio girava com ela.

À midi, dans sa période la plus courte, elle vint lécher doucement le bord de la cheminée centrale. Ao meio-dia, em seu período mais curto, ela se aproximou para lamber suavemente a borda da lareira central. Опівдні, у свій найкоротший період, він ніжно лизав край центрального димаря.

« C’est là ! "It's here! s’écria le professeur, c’est là ! Au centre du globe ! » ajouta-t-il en danois. "додав він данською.

Je regardai Hans.

« Forüt ! "Forüt! » fit tranquillement le guide.

— En avant ! » répondit mon oncle.

Il était une heure et treize minutes du soir. It was one o'clock and thirteen minutes of the evening.