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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XV

XV

Le Sneffels est haut de cinq mille pieds. Il termine, par son double cône, une bande trachytique qui se détache du système orographique de l'île. De notre point de départ on ne pouvait voir ses deux pics se profiler sur le fond grisâtre du ciel. J'apercevais seulement une énorme calotte de neige abaissée sur le front du géant.

Nous marchions en file, précédés du chasseur ; celui-ci remontait d'étroits sentiers où deux personnes n'auraient pas pu aller de front. Toute conversation devenait donc à peu près impossible.

Au-delà de la muraille basaltique du fjörd de Stapi, se présenta d'abord un sol de tourbe herbacée et fibreuse, résidu de l'antique végétation des marécages de la presqu'île ; la masse de ce combustible encore inexploité suffirait à chauffer pendant un siècle toute la population de l'Islande ; cette vaste tourbière, mesurée du fond de certains ravins, avait souvent soixante-dix pieds de haut et présentait des couches successives de détritus carbonisés, séparées par des feuillets de tuf ponceux.

En véritable neveu du professeur Lidenbrock et malgré mes préoccupations, j'observais avec intérêt les curiosités minéralogiques étalées dans ce vaste cabinet d'histoire naturelle ; en même temps je refaisais dans mon esprit toute l'histoire géologique de l'Islande.

Cette île, si curieuse, est évidemment sortie du fond des eaux à une époque relativement moderne ; peut-être même s'élève-t-elle encore par un mouvement insensible. S'il en est ainsi, on ne peut attribuer son origine qu'à l'action des feux souterrains. Donc, dans ce cas, la théorie de Humphry Davy, le document de Saknussemm, les prétentions de mon oncle, tout s'en allait en fumée. Cette hypothèse me conduisit à examiner attentivement la nature du sol, et je me rendis bientôt compte de la succession des phénomènes qui présidèrent à sa formation.

L'Islande, absolument privée de terrain sédimentaire, se compose uniquement de tuf volcanique, c'est-à-dire d'un agglomérat de pierres et de roches d'une texture poreuse. Avant l'existence des volcans ; elle était faite d'un massif trappéen, lentement soulevé au-dessus des flots par la poussée des forces centrales. Les feux intérieurs n'avaient pas encore fait irruption au dehors.

Mais, plus tard, une large fente se creusa diagonalement du sud-ouest au nord-ouest de l'île, par laquelle s'épancha peu à peu toute la pâte trachytique. Le phénomène s'accomplissait alors sans violence ; l'issue était énorme, et les matières fondues, rejetées des entrailles du globe, s'étendirent tranquillement en vastes nappes ou en masses mamelonnées. À cette époque apparurent les fedspaths, les syénites et les porphyres.

Mais, grâce à cet épanchement, l'épaisseur de l'île s'accrut considérablement, et, par suite, sa force de résistance. On conçoit quelle quantité de fluides élastiques s'emmagasina dans son sein, lorsqu'elle n'offrit plus aucune issue, après le refroidissement de la croûte trachytique. Il arriva donc un moment où la puissance mécanique de ces gaz fut telle qu'ils soulevèrent la lourde écorce et se creusèrent de hautes cheminées. De là le volcan fait du soulèvement de la croûte, puis le cratère subitement troué au sommet du volcan.

Alors aux phénomènes éruptifs succédèrent les phénomènes volcaniques. Par les ouvertures nouvellement formées s'échappèrent d'abord les déjections basaltiques, dont la plaine que nous traversions en ce moment offrait à nos regards les plus merveilleux spécimens. Nous marchions sur ces roches pesantes d'un gris foncé que le refroidissement avait moulées en prismes à base hexagone. Au loin se voyaient un grand nombre de cônes aplatis, qui furent jadis autant de bouches ignivomes.

Puis, l'éruption basaltique épuisée, le volcan, dont la force s'accrut de celle des cratères éteints, donna passade aux laves et à ces tufs de cendres et de scories dont j'apercevais les longues coulées éparpillées sur ses flancs comme une chevelure opulente.

Telle fut la succession des phénomènes qui constituèrent l'Islande ; tous provenaient de l'action des feux intérieurs, et supposer que la masse interne ne demeurait pas dans un état permanent d'incandescente liquidité, c'était folie. Folie surtout de prétendre atteindre le centre du globe !

Je me rassurais donc sur l'issue de notre entreprise, tout en marchant à l'assaut du Sneffels.

La route devenait de plus en plus difficile ; le sol montait ; les éclats de roches s'ébranlaient, et il fallait la plus scrupuleuse attention pour éviter des chutes dangereuses.

Hans s'avançait tranquillement comme sur un terrain uni ; parfois il disparaissait derrière les grands blocs, et nous le perdions de vue momentanément ; alors un sifflement aigu, échappé de ses lèvres, indiquait la direction à suivre. Souvent aussi il s'arrêtait, ramassait quelques débris de rocs, les disposait d'une façon reconnaissable et formait ainsi des amers destinés à indiquer la route du retour. Précaution bonne en soi, mais que les événements futurs rendirent inutile.

Trois fatigantes heures de marche nous avaient amenés seulement à la base de la montagne. Là, Hans fit signe de s'arrêter, et un déjeuner sommaire fut partagé entre tous. Mon oncle mangeait les morceaux doubles pour aller plus vite. Seulement, cette halte de réfection étant aussi une halte de repos, il dut attendre le bon plaisir du guide, qui donna le signal du départ une heure après. Les trois Islandais, aussi taciturnes que leur camarade le chasseur, ne prononcèrent pas un seul mot et mangèrent sobrement.

Nous commencions maintenant à gravir les pentes du Sneffels. Son neigeux sommet, par une illusion d'optique fréquente dans les montagnes, me paraissait fort rapproché, et cependant, que de longues heures avant de l'atteindre ! quelle fatigue surtout ! Les pierres qu'aucun ciment de terre, aucune herbe ne liaient entre elles, s'éboulaient sous nos pieds et allaient se perdre dans la plaine avec la rapidité d'une avalanche.

En de certains endroits, les flancs du mont faisaient avec l'horizon un angle de trente-six degrés au moins ; il était impossible de les gravir, et ces raidillons pierreux devaient être tournés non sans difficulté. Nous nous prêtions alors un mutuel secours à l'aide de nos bâtons.

Nous nous prêtions un mutuel secours à l'aide de nos bâtons.

Je dois dire que mon oncle se tenait près de moi le plus possible ; il ne me perdait pas de vue, et en mainte occasion, son bras me fournit un solide appui. Pour son compte, il avait sans doute le sentiment inné de l'équilibre, car il ne bronchait pas. Les Islandais, quoique chargés grimpaient avec une agilité de montagnards.

À voir la hauteur de la cime du Sneffels, il me semblait impossible qu'on pût l'atteindre de ce côté, si l'angle d'inclinaison des pentes ne se fermait pas. Heureusement, après une heure de fatigues et de tours de force, au milieu du vaste tapis de neige développé sur la croupe du volcan, une sorte d'escalier se présenta inopinément, qui simplifia notre ascension. Il était formé par l'un de ces torrents de pierres rejetées par les éruptions, et dont le nom islandais est « stinâ » . Si ce torrent n'eût pas été arrêté dans sa chute par la disposition des flancs de la montagne, il serait allé se précipiter dans la mer et former des îles nouvelles.

Tel il était, tel il nous servit fort. La roideur des pentes s'accroissait, mais ces marches de pierres permettaient de les gravir aisément, et si rapidement même, qu'étant resté un moment en arrière pendant que mes compagnons continuaient leur ascension, je les aperçus déjà réduits, par l'éloignement, à une apparence microscopique.

À sept heures du soir nous avions monté les deux mille marches de l'escalier, et nous dominions une extumescence de la montagne, sorte d'assise sur laquelle s'appuyait le cône proprement dit du cratère.

La mer s'étendait à une profondeur de trois mille deux cents pieds ; nous avions dépassé la limite des neiges perpétuelles, assez peu élevée en Islande par suite de l'humidité constante du climat. Il faisait un froid violent. Le vent soufflait avec force. J'étais épuisé. Le professeur vit bien que mes jambes me refusaient tout service, et, malgré son impatience, il se décida à s'arrêter. Il fit donc signe au chasseur, qui secoua la tête en disant :

— « Ofvanför. — Il parait qu'il faut aller plus haut, dit mon oncle.

Puis il demanda à Hans le motif de sa réponse.

— « Mistour », répondit le guide.

— « Ja, mistour, » répéta l'un des Islandais d'un ton effrayé.

— Que signifie ce mot ? demandai-je avec inquiétude.

— Vois, » dit mon oncle.

Je portai mes regards vers la plaine ; une immense colonne de pierre ponce pulvérisée, de sable et de poussière s'élevait en tournoyant comme une trombe ; le vent la rabattait sur le flanc du Sneffels, auquel nous étions accrochés ; ce rideau opaque étendu devant le soleil produisait une grande ombre jetée sur la montagne. Si cette trombe s'inclinait, elle devait inévitablement nous enlacer dans ses tourbillons. Ce phénomène, assez fréquent lorsque le vent souffle des glaciers, prend le nom de « mistour » en langue islandaise.

« Hastigt, hastigt, » s'écria notre guide.

Sans savoir le danois, je compris qu'il nous fallait suivre Hans au plus vite. Celui-ci commença à tourner le cône du cratère, mais en biaisant, de manière à faciliter la marche. Bientôt, la trombe s'abattit sur la montagne, qui tressaillit à son choc ; les pierres saisies dans les remous du vent volèrent en pluie comme dans une éruption. Nous étions, heureusement, sur le versant opposé et à l'abri de tout danger. Sans la précaution du guide, nos corps déchiquetés, réduits en poussière, fussent retombés au loin comme le produit de quelque météore inconnu.

Bientôt la trombe s'abattit sur la montagne.

Cependant Hans ne jugea pas prudent de passer la nuit sur les flancs du cône. Nous continuâmes notre ascension en zigzag ; les quinze cents pieds qui restaient à franchir prirent près de cinq heures ; les détours, les biais et contremarches mesuraient trois lieues au moins. Je n'en pouvais plus ; je succombais au froid et à la faim. L'air, un peu raréfié, ne suffisait pas au jeu de mes poumons.

Enfin, à onze heures du soir, en pleine obscurité, le sommet du Sneffels fut atteint, et, avant d'aller m'abriter à l'intérieur du cratère, j'eus le temps d'apercevoir « le soleil de minuit » au plus bas de sa carrière, projetant ses pâles rayons sur l'île endormie à mes pieds.

XV XV XV XV XV

Le Sneffels est haut de cinq mille pieds. The Sneffels is five thousand feet high. Il termine, par son double cône, une bande trachytique qui se détache du système orographique de l’île. It ends, by its double cone, a trachytic band which is detached from the orographic system of the island. Termina, com o seu duplo cone, uma banda traquítica que se destaca no sistema orográfico da ilha. Він закінчується подвійним конусом, трахітичною смугою, що виділяється з орографічної системи острова. De notre point de départ on ne pouvait voir ses deux pics se profiler sur le fond grisâtre du ciel. From our point of departure we could not see its two peaks on the gray background of the sky. De nosso ponto de partida, não podíamos ver seus dois picos destacando-se contra o fundo acinzentado do céu. З нашої стартової точки ми не могли розгледіти дві її вершини на сірому тлі неба. J’apercevais seulement une énorme calotte de neige abaissée sur le front du géant.

Nous marchions en file, précédés du chasseur ; celui-ci remontait d’étroits sentiers où deux personnes n’auraient pas pu aller de front. We walked in line, preceded by the hunter; it was going up narrow paths where two people could not have gone in front. Caminhamos em fila, precedidos pelo caçador; subia por caminhos estreitos onde duas pessoas não poderiam estar lado a lado. Ми йшли в шерензі, попереду мисливець; він піднімався вузькими стежками, де двоє людей не могли йти поруч. Toute conversation devenait donc à peu près impossible. Це робило розмову майже неможливою.

Au-delà de la muraille basaltique du fjörd de Stapi, se présenta d’abord un sol de tourbe herbacée et fibreuse, résidu de l’antique végétation des marécages de la presqu’île ; la masse de ce combustible encore inexploité suffirait à chauffer pendant un siècle toute la population de l’Islande ; cette vaste tourbière, mesurée du fond de certains ravins, avait souvent soixante-dix pieds de haut et présentait des couches successives de détritus carbonisés, séparées par des feuillets de tuf ponceux. Beyond the basaltic wall of the Stapi fjörd, a soil of herbaceous, fibrous peat appeared, the residue of the ancient vegetation of the peninsula's marshes; the mass of this as yet untapped fuel would suffice to heat the entire population of Iceland for a century; This vast peat bog, measured from the bottom of certain ravines, was often seventy feet high, with successive layers of carbonized detritus separated by sheets of pumiceous tuff. Além da parede basáltica do fjörd de Stapi, apareceu pela primeira vez um solo de turfa herbácea e fibrosa, resíduo da antiga vegetação dos pântanos da península; a massa desse combustível ainda inexplorado seria suficiente para aquecer toda a população da Islândia por um século; esse vasto pântano, medido a partir do fundo de certas ravinas, tinha frequentemente vinte metros de altura e apresentava camadas sucessivas de detritos carbonizados, separados por camadas de tufo pomes. За базальтовою стіною Стапі-фіорду спочатку був ґрунт із трав'янистого та волокнистого торфу, залишків давньої рослинності боліт півострова; маси цього ще невикористаного палива вистачило б, щоб обігрівати все населення Ісландії протягом століття; Це величезне торфовище, виміряне від дна деяких ярів, часто сягало сімдесяти футів заввишки і являло собою послідовні шари обвугленого детриту, розділені листами пемзового туфу.

En véritable neveu du professeur Lidenbrock et malgré mes préoccupations, j’observais avec intérêt les curiosités minéralogiques étalées dans ce vaste cabinet d’histoire naturelle ; en même temps je refaisais dans mon esprit toute l’histoire géologique de l’Islande. As a true nephew of Professor Lidenbrock, and in spite of my preoccupations, I observed with interest the mineralogical curiosities displayed in this vast cabinet of natural history; at the same time I was re-thinking in my mind the entire geological history of Iceland. Como verdadeiro sobrinho do Professor Lidenbrock e apesar das minhas preocupações, observei com interesse as curiosidades mineralógicas apresentadas neste vasto gabinete de história natural; ao mesmo tempo, estava refazendo mentalmente toda a história geológica da Islândia. Як справжній племінник професора Ліденброка, незважаючи на свою зайнятість, я з цікавістю спостерігав за мінералогічними цікавинками, розставленими в цьому великому кабінеті природознавства; в той же час я подумки згадував всю геологічну історію Ісландії.

Cette île, si curieuse, est évidemment sortie du fond des eaux à une époque relativement moderne ; peut-être même s’élève-t-elle encore par un mouvement insensible. Esta ilha, tão curiosa, evidentemente emergiu do fundo do mar em tempos relativamente modernos; talvez até volte a subir por um movimento insensível. Цей цікавий острів, очевидно, піднявся з дна води у відносно недавні часи; можливо, він і досі піднімається невідчутним рухом. S’il en est ainsi, on ne peut attribuer son origine qu’à l’action des feux souterrains. Se assim for, sua origem só pode ser atribuída à ação de incêndios subterrâneos. Якщо це так, то це можна пояснити лише дією підземних пожеж. Donc, dans ce cas, la théorie de Humphry Davy, le document de Saknussemm, les prétentions de mon oncle, tout s’en allait en fumée. Portanto, neste caso, a teoria de Humphry Davy, o documento de Saknussemm, as alegações de meu tio, tudo estava se dissipando. Отже, в цьому випадку теорія Хамфрі Деві, документ Сакнуссемма, твердження мого дядька - все пішло прахом. Cette hypothèse me conduisit à examiner attentivement la nature du sol, et je me rendis bientôt compte de la succession des phénomènes qui présidèrent à sa formation. Ця гіпотеза спонукала мене ретельно вивчити природу ґрунту, і незабаром я зрозумів послідовність явищ, які керували його формуванням.

L’Islande, absolument privée de terrain sédimentaire, se compose uniquement de tuf volcanique, c’est-à-dire d’un agglomérat de pierres et de roches d’une texture poreuse. Avant l’existence des volcans ; elle était faite d’un massif trappéen, lentement soulevé au-dessus des flots par la poussée des forces centrales. Before the existence of volcanoes; it was made of a Trappean massif, slowly raised above the waves by the thrust of the central forces. Antes da existência de vulcões; era feito de um maciço trapeano, lentamente erguido acima das ondas pelo impulso das forças centrais. Les feux intérieurs n’avaient pas encore fait irruption au dehors. The internal fires had not yet burst out. Внутрішні пожежі ще не встигли перекинутися на зовнішні.

Mais, plus tard, une large fente se creusa diagonalement du sud-ouest au nord-ouest de l’île, par laquelle s’épancha peu à peu toute la pâte trachytique. Mais tarde, porém, uma grande fenda alargou-se diagonalmente de sudoeste a noroeste da ilha, através da qual gradualmente vazou toda a pasta traquítica. Пізніше, однак, по діагоналі з південного заходу на північний захід острова відкрилася широка тріщина, через яку поступово поширилася вся трахітична паста. Le phénomène s’accomplissait alors sans violence ; l’issue était énorme, et les matières fondues, rejetées des entrailles du globe, s’étendirent tranquillement en vastes nappes ou en masses mamelonnées. The phenomenon was then accomplished without violence; the issue was enormous, and the melted matter, thrown from the entrails of the globe, stretched quietly in vast sheets or in hilly masses. O fenômeno foi então realizado sem violência; a saída era enorme, e a matéria derretida, lançada das entranhas do globo, espalhou-se silenciosamente em vastos lençóis ou em massas montanhosas. Тоді явище відбулося без насильства; вихід був величезним, і розплавлена речовина, відкинута з надр земної кулі, спокійно розтеклася у величезних листах або в мамелонах. À cette époque apparurent les fedspaths, les syénites et les porphyres. У цей час з'являються федшпати, сієніти та порфіри.

Mais, grâce à cet épanchement, l’épaisseur de l’île s’accrut considérablement, et, par suite, sa force de résistance. But, thanks to this effusion, the thickness of the island increased considerably, and, consequently, its strength of resistance. Але завдяки цьому виливу товщина острова значно збільшилася, а отже, і його міцність. On conçoit quelle quantité de fluides élastiques s’emmagasina dans son sein, lorsqu’elle n’offrit plus aucune issue, après le refroidissement de la croûte trachytique. Podemos imaginar a quantidade de fluidos elásticos que ficava armazenada em seu seio, quando ela não oferecia mais saída, após o resfriamento da crosta traquítica. Il arriva donc un moment où la puissance mécanique de ces gaz fut telle qu’ils soulevèrent la lourde écorce et se creusèrent de hautes cheminées. Então, chegou um tempo em que a potência mecânica desses gases era tal que eles levantaram a casca pesada e cavaram chaminés altas. Настав час, коли механічна сила цих газів була такою, що вони піднімали важку кору і створювали високі димарі. De là le volcan fait du soulèvement de la croûte, puis le cratère subitement troué au sommet du volcan. A partir daí, o vulcão sobe na crosta, depois a cratera repentinamente furada no topo do vulcão.

Alors aux phénomènes éruptifs succédèrent les phénomènes volcaniques. Then eruptive phenomena succeeded volcanic phenomena. Потім за виверженням послідували вулканічні явища. Par les ouvertures nouvellement formées s’échappèrent d’abord les déjections basaltiques, dont la plaine que nous traversions en ce moment offrait à nos regards les plus merveilleux spécimens. Pelas aberturas recém-formadas escapavam primeiro os excrementos basálticos, dos quais a planície que atravessávamos neste momento oferecia aos nossos olhos os exemplares mais maravilhosos. Nous marchions sur ces roches pesantes d’un gris foncé que le refroidissement avait moulées en prismes à base hexagone. Estávamos caminhando sobre essas pesadas rochas cinza-escuras que o resfriamento moldou em prismas hexagonais. Ми йшли по цих важких темно-сірих каменях, які охолодження перетворило на шестикутні призми. Au loin se voyaient un grand nombre de cônes aplatis, qui furent jadis autant de bouches ignivomes. À distância, podia-se ver um grande número de cones achatados, que já foram tantas bocas qualificadas para o fogo. Вдалині виднілася велика кількість сплющених конусів, які колись були ганебними ротами.

Puis, l’éruption basaltique épuisée, le volcan, dont la force s’accrut de celle des cratères éteints, donna passade aux laves et à ces tufs de cendres et de scories dont j’apercevais les longues coulées éparpillées sur ses flancs comme une chevelure opulente. Then, the exhausted basaltic eruption, the volcano, whose strength grew stronger than that of the extinct craters, gave way to the lavas and tuffs of ashes and slags, the long streams of which I saw as scattered on its flanks like a hair. opulent. Depois, esgotada a erupção basáltica, o vulcão, cuja força aumentava com a das crateras extintas, deu lugar às lavas e a esses tufos de cinza e escória cujos longos fluxos pude ver espalhados pelos lados como cabelos.

Telle fut la succession des phénomènes qui constituèrent l’Islande ; tous provenaient de l’action des feux intérieurs, et supposer que la masse interne ne demeurait pas dans un état permanent d’incandescente liquidité, c’était folie. Такою була послідовність явищ, з яких складалася Ісландія; всі вони виникли внаслідок дії внутрішніх пожеж, і припускати, що внутрішня маса не залишалася в постійному стані розжареної ліквідності, було б божевіллям. Folie surtout de prétendre atteindre le centre du globe !

Je me rassurais donc sur l’issue de notre entreprise, tout en marchant à l’assaut du Sneffels. So I reassured myself about the outcome of our enterprise, while marching to the assault of Sneffels. Então, eu me tranquilizei sobre o resultado de nosso empreendimento, enquanto marchava para o ataque de Sneffels.

La route devenait de plus en plus difficile ; le sol montait ; les éclats de roches s’ébranlaient, et il fallait la plus scrupuleuse attention pour éviter des chutes dangereuses.

Hans s’avançait tranquillement comme sur un terrain uni ; parfois il disparaissait derrière les grands blocs, et nous le perdions de vue momentanément ; alors un sifflement aigu, échappé de ses lèvres, indiquait la direction à suivre. Souvent aussi il s’arrêtait, ramassait quelques débris de rocs, les disposait d’une façon reconnaissable et formait ainsi des amers destinés à indiquer la route du retour. Freqüentemente, também parava, pegava alguns destroços de rocha, arrumava-os de uma maneira reconhecível e, assim, formava marcos com a intenção de indicar o caminho de volta. Часто він зупинявся, брав кілька шматків каміння, складав їх у впізнаваний спосіб і формував орієнтири, щоб показати дорогу назад. Précaution bonne en soi, mais que les événements futurs rendirent inutile. Precaution good in itself, but that future events rendered useless. Сам по собі це був хороший запобіжний захід, але подальші події зробили його непотрібним.

Trois fatigantes heures de marche nous avaient amenés seulement à la base de la montagne. Três cansativas horas de caminhada apenas nos trouxeram à base da montanha. Là, Hans fit signe de s’arrêter, et un déjeuner sommaire fut partagé entre tous. Hans fez um gesto para parar e um breve almoço foi compartilhado entre todos. Там Ганс подав знак зупинитися, і всі розділили спільний обід. Mon oncle mangeait les morceaux doubles pour aller plus vite. Мій дядько їв подвійні шматки, щоб їхати швидше. Seulement, cette halte de réfection étant aussi une halte de repos, il dut attendre le bon plaisir du guide, qui donna le signal du départ une heure après. Only, this rest stop being also a rest stop, he had to wait for the pleasure of the guide, who gave the signal of departure one hour later. Só que esta reparação deixou de ser também uma paragem de descanso, teve que esperar o bom gosto do guia, que deu o sinal para a partida uma hora depois. Les trois Islandais, aussi taciturnes que leur camarade le chasseur, ne prononcèrent pas un seul mot et mangèrent sobrement. The three Icelanders, as taciturn as their comrade the hunter, did not utter a single word and ate soberly. Троє ісландців, такі ж мовчазні, як і їхній товариш-мисливець, не промовили жодного слова і тверезо їли.

Nous commencions maintenant à gravir les pentes du Sneffels. Estávamos agora começando a escalar as encostas de Sneffels. Son neigeux sommet, par une illusion d’optique fréquente dans les montagnes, me paraissait fort rapproché, et cependant, que de longues heures avant de l’atteindre ! Seu cume nevado, por uma ilusão de ótica frequente nas montanhas, parecia-me muito próximo, e ainda, quantas horas antes de alcançá-lo! quelle fatigue surtout ! Яка ж це втома! Les pierres qu’aucun ciment de terre, aucune herbe ne liaient entre elles, s’éboulaient sous nos pieds et allaient se perdre dans la plaine avec la rapidité d’une avalanche. As pedras que nenhum cimento de terra, nenhuma grama amarrada, desmoronavam sob nossos pés e iam se perder na planície com a rapidez de uma avalanche.

En de certains endroits, les flancs du mont faisaient avec l’horizon un angle de trente-six degrés au moins ; il était impossible de les gravir, et ces raidillons pierreux devaient être tournés non sans difficulté. In certain places the sides of the mountain made an angle of at least thirty-six degrees with the horizon; it was impossible to climb them, and these stony ridges were to be shot not without difficulty. Em alguns lugares, os lados da montanha formavam um ângulo de pelo menos trinta e seis graus com o horizonte; era impossível escalá-los, e essas encostas íngremes e pedregosas tiveram que ser dobradas com alguma dificuldade. Подекуди схили гори утворювали з горизонтом кут щонайменше тридцять шість градусів, піднятися на них було неможливо, і ці кам'янисті кручі доводилося розвертати не без зусиль. Nous nous prêtions alors un mutuel secours à l’aide de nos bâtons. We then lent each other mutual help with our poles. Em seguida, emprestamos ajuda mútua uns aos outros com a ajuda de nossas varas. Потім ми допомагали один одному палицями.

Nous nous prêtions un mutuel secours à l’aide de nos bâtons.

Je dois dire que mon oncle se tenait près de moi le plus possible ; il ne me perdait pas de vue, et en mainte occasion, son bras me fournit un solide appui. Devo dizer que meu tio se manteve perto de mim tanto quanto possível; ele não me perdeu de vista e, em muitas ocasiões, seu braço me dá um apoio sólido. Pour son compte, il avait sans doute le sentiment inné de l’équilibre, car il ne bronchait pas. For his part, he probably had an innate sense of balance, because he didn't flinch. De sua parte, ele provavelmente tinha um senso inato de equilíbrio, porque ele não vacilou. Les Islandais, quoique chargés grimpaient avec une agilité de montagnards. Ісландці, хоч і навантажені, піднімалися зі спритністю гірських людей.

À voir la hauteur de la cime du Sneffels, il me semblait impossible qu’on pût l’atteindre de ce côté, si l’angle d’inclinaison des pentes ne se fermait pas. Vendo a altura do cume do Sneffels, parecia-me impossível que pudesse ser alcançado por este lado, se o ângulo de inclinação das encostas não fechasse. Дивлячись на висоту вершини Снеффельс, мені здавалося неможливим, що до неї можна дістатися з цього боку, якщо кут нахилу схилів не змикається. Heureusement, après une heure de fatigues et de tours de force, au milieu du vaste tapis de neige développé sur la croupe du volcan, une sorte d’escalier se présenta inopinément, qui simplifia notre ascension. Il était formé par l’un de ces torrents de pierres rejetées par les éruptions, et dont le nom islandais est « stinâ » . Він був утворений одним з тих потоків каміння, що викидаються виверженнями, і чия ісландська назва - "stinâ". Si ce torrent n’eût pas été arrêté dans sa chute par la disposition des flancs de la montagne, il serait allé se précipiter dans la mer et former des îles nouvelles.

Tel il était, tel il nous servit fort. As he was, so he served us well. La roideur des pentes s’accroissait, mais ces marches de pierres permettaient de les gravir aisément, et si rapidement même, qu’étant resté un moment en arrière pendant que mes compagnons continuaient leur ascension, je les aperçus déjà réduits, par l’éloignement, à une apparence microscopique. The steepness of the slopes increased, but these stone steps allowed them to climb easily, and so quickly that, having remained a moment behind while my companions continued their ascent, I saw them already reduced, by the distance , with a microscopic appearance. O declive das encostas aumentava, mas estes degraus de pedra permitiam subir facilmente, e mesmo tão rapidamente, que tendo ficado um momento para trás enquanto os meus companheiros prosseguiam a subida, os vi já reduzidos, pela distância, há um aparência microscópica. Крутизна схилів зростала, але ці кам'яні сходинки дозволяли підніматися ними легко, і навіть так швидко, що, залишившись на мить позаду, поки мої супутники продовжували підйом, я побачив їх вже зменшеними, на відстані, до мікроскопічного вигляду.

À sept heures du soir nous avions monté les deux mille marches de l’escalier, et nous dominions une extumescence de la montagne, sorte d’assise sur laquelle s’appuyait le cône proprement dit du cratère. At seven o'clock in the evening we had climbed the two thousand steps of the staircase, and we were dominating an extumescence of the mountain, a sort of seat on which the cone proper of the crater was leaning. Às sete da noite, havíamos subido os dois mil degraus da escada e avistamos um afloramento da montanha, uma espécie de fundação sobre a qual repousava o verdadeiro cone da cratera. О сьомій годині вечора ми подолали дві тисячі сходинок сходів, і перед нами відкрився вид на виступ гори, своєрідну основу, на яку спирається власне конус кратера.

La mer s’étendait à une profondeur de trois mille deux cents pieds ; nous avions dépassé la limite des neiges perpétuelles, assez peu élevée en Islande par suite de l’humidité constante du climat. O mar se estendia a uma profundidade de trezentos e duzentos pés; havíamos ultrapassado o limite da neve perpétua, que era relativamente baixa na Islândia devido à umidade constante do clima. Море простягалося на глибину три тисячі двісті футів; ми пройшли межу вічного снігу, який в Ісландії не дуже високий через постійну вологість клімату. Il faisait un froid violent. Le vent soufflait avec force. J’étais épuisé. Le professeur vit bien que mes jambes me refusaient tout service, et, malgré son impatience, il se décida à s’arrêter. The professor saw that my legs refused me any service, and, in spite of his impatience, he decided to stop. Професор бачив, що мої ноги відмовляють мені в будь-якій послузі, і, незважаючи на своє нетерпіння, вирішив зупинитися. Il fit donc signe au chasseur, qui secoua la tête en disant : Então ele fez um sinal para o caçador, que balançou a cabeça, dizendo:

— « Ofvanför. - Офванфьор. — Il parait qu’il faut aller plus haut, dit mon oncle. "Parece que temos que subir mais", disse meu tio. - Здається, треба підніматися вище, - каже дядько.

Puis il demanda à Hans le motif de sa réponse.

— « Mistour », répondit le guide.

— « Ja, mistour, » répéta l’un des Islandais d’un ton effrayé.

— Que signifie ce mot ? demandai-je avec inquiétude.

— Vois, » dit mon oncle.

Je portai mes regards vers la plaine ; une immense colonne de pierre ponce pulvérisée, de sable et de poussière s’élevait en tournoyant comme une trombe ; le vent la rabattait sur le flanc du Sneffels, auquel nous étions accrochés ; ce rideau opaque étendu devant le soleil produisait une grande ombre jetée sur la montagne. Eu olhei para a planície; uma imensa coluna de pedra-pomes pulverizada, areia e poeira se ergueu, girando como uma tromba d'água; o vento soprava do lado do Sneffels, ao qual estávamos agarrados; esta cortina opaca, estendida na frente do sol, lançava uma grande sombra sobre a montanha. Я подивився на рівнину; величезний стовп розтертої пемзи, піску і пилу здіймався вгору, як водоспад; вітер зносив його вниз по схилу Скелі, за яку ми трималися; ця непрозора завіса розтягнулася перед сонцем і відкинула велику тінь на гору. Si cette trombe s’inclinait, elle devait inévitablement nous enlacer dans ses tourbillons. If this whirlwind bowed, she must inevitably embrace us in her whirlpools. Se essa tromba d'água se curvasse, inevitavelmente nos enredaria em seus redemoinhos. Якби цей водограй нахилився, він неминуче захопив би нас у свої вихори. Ce phénomène, assez fréquent lorsque le vent souffle des glaciers, prend le nom de « mistour » en langue islandaise.

« Hastigt, hastigt, » s’écria notre guide.

Sans savoir le danois, je compris qu’il nous fallait suivre Hans au plus vite. Sem saber dinamarquês, entendi que devíamos seguir Hans o mais rápido possível. Celui-ci commença à tourner le cône du cratère, mais en biaisant, de manière à faciliter la marche. He began to turn the cone of the crater, but by skewing, so as to make walking easier. Este começou a virar o cone da cratera, mas inclinando-se para facilitar a caminhada. Останні почали розвертати конус кратера, але під кутом, щоб полегшити ходьбу. Bientôt, la trombe s’abattit sur la montagne, qui tressaillit à son choc ; les pierres saisies dans les remous du vent volèrent en pluie comme dans une éruption. Logo a tromba d'água caiu na montanha, que estremeceu com o choque; as pedras apreendidas nos redemoinhos do vento voaram na chuva como em uma erupção. Незабаром водоспад обрушився на гору, яка здригнулася від його удару; каміння, підхоплене вихорами вітру, полетіло дощем, як під час виверження. Nous étions, heureusement, sur le versant opposé et à l’abri de tout danger. Felizmente, estávamos na encosta oposta e protegidos de todos os perigos. На щастя, ми були на протилежному боці гори і були поза небезпекою. Sans la précaution du guide, nos corps déchiquetés, réduits en poussière, fussent retombés au loin comme le produit de quelque météore inconnu. Sem a precaução do guia, nossos corpos dilacerados, reduzidos a pó, teriam caído para trás na distância como o produto de algum meteoro desconhecido. Якби не обережність провідника, наші подрібнені тіла, перетворені на пил, відлетіли б назад у далечінь, як продукт падіння якогось невідомого метеорита.

Bientôt la trombe s’abattit sur la montagne. Logo a tromba d'água caiu na montanha.

Cependant Hans ne jugea pas prudent de passer la nuit sur les flancs du cône. Porém, Hans não considerou prudente pernoitar nos flancos do cone. Однак Ганс не вважав за потрібне ночувати на боках конуса. Nous continuâmes notre ascension en zigzag ; les quinze cents pieds qui restaient à franchir prirent près de cinq heures ; les détours, les biais et contremarches mesuraient trois lieues au moins. We continued our zigzag ascent; the remaining fifteen hundred feet took nearly five hours; the detours, slants and risers were at least three leagues long. Continuamos nossa ascensão em zigue-zague; os mil e quinhentos pés que faltavam percorrer levaram quase cinco horas; os desvios, as inclinações e os degraus mediam pelo menos três léguas. Je n’en pouvais plus ; je succombais au froid et à la faim. I could not any more ; I succumbed to cold and hunger. L’air, un peu raréfié, ne suffisait pas au jeu de mes poumons. O ar, um pouco mais rarefeito, não bastava para que meus pulmões funcionassem.

Enfin, à onze heures du soir, en pleine obscurité, le sommet du Sneffels fut atteint, et, avant d’aller m’abriter à l’intérieur du cratère, j’eus le temps d’apercevoir « le soleil de minuit » au plus bas de sa carrière, projetant ses pâles rayons sur l’île endormie à mes pieds. Finally, at eleven o'clock in the evening, in full darkness, the summit of Sneffels was reached, and before taking shelter inside the crater, I had time to catch a glimpse of "the midnight sun" at the lowest point of its quarry, casting its pale rays over the sleeping island at my feet. Finalmente, às onze horas da noite, em completa escuridão, o cume do Sneffels foi alcançado, e, antes de ir me abrigar dentro da cratera, tive tempo de ver "o sol da meia-noite" pela manhã. carreira, lançando seus raios pálidos na ilha adormecida aos meus pés. Нарешті, об одинадцятій годині вечора, посеред ночі, була досягнута вершина Снеффельс, і, перш ніж піти в укриття всередині кратера, я встиг побачити "опівнічне сонце" в найнижчій точці його кар'єри, що проектувало свої бліді промені на сплячий острів біля моїх ніг.