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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XIX

XIX

Le lendemain, mardi 30 juin, à six heures, la descente fut reprise.

Nous suivions toujours la galerie de lave, véritable rampe naturelle, douce comme ces plans inclinés qui remplacent encore l'escalier dans les vieilles maisons. Ce fut ainsi jusqu'à midi dix-sept minutes, instant précis où nous rejoignîmes Hans, qui venait de s'arrêter.

« Ah ! s'écria mon oncle, nous sommes parvenus à l'extrémité de la cheminée. Je regardai autour de moi ; nous étions au centre d'un carrefour, auquel deux routes venaient aboutir, toutes deux sombres et étroites. Laquelle convenait-il de prendre ? Il y avait là une difficulté.

Cependant mon oncle ne voulut paraître hésiter ni devant moi ni devant le guide ; il désigna le tunnel de l'est, et bientôt nous y étions enfoncés tous les trois.

D'ailleurs toute hésitation devant ce double chemin se serait prolongée indéfiniment, car nul indice ne pouvait déterminer le choix de l'un ou de l'autre ; il fallait s'en remettre absolument au hasard.

La pente de cette nouvelle galerie était peu sensible, et sa section fort inégale ; parfois une succession d'arceaux se déroulait devant nos pas comme les contre-nefs d'une cathédrale gothique. Les artistes du moyen âge auraient pu étudier là toutes les formes de cette architecture religieuse qui a l'ogive pour générateur. Un mille plus loin, notre tête se courbait sous les cintres surbaissés du style roman, et de gros piliers engagés dans le massif pliaient sous la retombée des voûtes. À de certains endroits, cette disposition faisait place à de basses substructions qui ressemblaient aux ouvrages des castors, et nous nous glissions en rampant à travers d'étroits boyaux.

Parfois une succession d'arceaux se déroulait devant nous.

La chaleur se maintenait à un degré supportable. Involontairement je songeais à son intensité, quand les laves vomies par le Sneffels se précipitaient par cette route si tranquille aujourd'hui. Je m'imaginais les torrents de feu brisés aux angles de la galerie et l'accumulation des vapeurs surchauffées dans cet étroit milieu !

« Pourvu, pensai-je, que le vieux volcan ne vienne pas à se reprendre d'une fantaisie tardive ! Ces réflexions, je ne les communiquai point à l'oncle Lidenbrock ; il ne les eût pas comprises. Son unique pensée était d'aller en avant. Il marchait, il glissait, il dégringolait même, avec une conviction qu'après tout il valait mieux admirer.

À six heures du soir, après une promenade peu fatigante, nous avions gagné deux lieues dans le sud, mais à peine un quart de mille en profondeur.

Mon oncle donna le signal du repos. On mangea sans trop causer, et l'on s'endormit sans trop réfléchir.

Nos dispositions pour la nuit étaient fort simples : une couverture de voyage dans laquelle on se roulait, composait toute la literie. Nous n'avions à redouter ni froid, ni visite importune. Les voyageurs qui s'enfoncent au milieu des déserts de l'Afrique, au sein des forêts du nouveau monde, sont forcés de se veiller les uns les autres pendant les heures du sommeil. Mais ici, solitude absolue et sécurité complète. Sauvages ou bêtes féroces, aucune de ces races malfaisantes n'était à craindre.

On se réveilla le lendemain frais et dispos. La route fut reprise. Nous suivions un chemin de lave comme la veille. Impossible de reconnaître la nature des terrains qu'il traversait. Le tunnel, au lieu de s'enfoncer dans les entrailles du globe, tendait à devenir absolument horizontal. Je crus remarquer même qu'il remontait vers la surface de la terre. Cette disposition devint si manifeste vers dix heures du matin, et par suite si fatigante, que je fus forcé de modérer notre marche.

« Eh bien, Axel ? dit impatiemment le professeur.

— Eh bien, je n'en peux plus, répondis-je

— Quoi ! après trois heures de promenade sur une route si facile !

— Facile, je ne dis pas non, mais fatigante à coup sûr.

— Comment ! quand nous n'avons qu'à descendre !

— À monter, ne vous en déplaise !

— À monter ! fit mon oncle en haussant les épaules.

— Sans doute. Depuis une demi-heure, les pentes se sont modifiées, et à les suivre ainsi, nous reviendrons certainement à la terre d'Islande. Le professeur remua la tête en homme qui ne veut pas être convaincu. J'essayai de reprendre la conversation. Il ne me répondit pas et donna le signal du départ. Je vis bien que son silence n'était que de la mauvaise humeur concentrée.

Cependant j'avais repris mon fardeau avec courage, et je suivais rapidement Hans, que précédait mon oncle. Je tenais à ne pas être distancé. Ma grande préoccupation était de ne point perdre mes compagnons de vue. Je frémissais à la pensée de m'égarer dans les profondeurs de ce labyrinthe.

D'ailleurs, la route ascendante devenait plus pénible, je m'en consolais en songeant qu'elle me rapprochait de la surface de la terre. C'était un espoir. Chaque pas le confirmait, et je me réjouissais à cette idée de revoir ma petite Graüben.

À midi un changement d'aspect se produisit dans les parois de la galerie. Je m'en aperçus à l'affaiblissement de la lumière électrique réfléchie par les murailles. Au revêtement de lave succédait la roche vive ; le massif se composait de couches inclinées et souvent disposées verticalement. Nous étions en pleine époque de transition, en pleine période silurienne[1].

« C'est évident, m'écriai-je, les sédiments des eaux ont formé, à la seconde époque de la terre, ces schistes, ces calcaires et ces grès ! Nous tournons le dos au massif granitique ! Nous ressemblons à des gens de Hambourg, qui prendraient le chemin de Hanovre pour aller à Lubeck. J'aurais dû garder pour moi mes observations. Mais mon tempérament de géologue l'emporta sur la prudence, et l'oncle Lidenbrock entendit mes exclamations.

« Qu'as-tu donc ? dit-il.

— Voyez ! répondis-je en lui montrant la succession variée des grès, des calcaires et les premiers indices des terrains ardoisés.

— Eh bien ?

— Nous voici arrivés à cette période pendant laquelle ont apparu les premières plantes et les premiers animaux !

— Ah ! tu penses ?

— Mais regardez, examinez, observez ! Je forçai le professeur à promener sa lampe sur les parois de la galerie. Je m'attendais à quelque exclamation de sa part. Mais, loin de là, il ne dit pas un mot, et continua sa route.

M'avait-il compris ou non ? Ne voulait-il pas convenir, par amour-propre d'oncle et de savant, qu'il s'était trompé en choisissant le tunnel de l'est, ou tenait-il à reconnaître ce passage jusqu'à son extrémité ? Il était évident que nous avions quitté la route des laves, et que ce chemin ne pouvait conduire au foyer du Sneffels.

Cependant je me demandai si je n'accordais pas une trop grande importance à cette modification des terrains. Ne me trompais-je pas moi-même ? Traversions-nous réellement ces couches de roches superposées au massif granitique ?

« Si j'ai raison, pensai-je, je dois trouver quelque débris de plante primitive, et il faudra bien me rendre à l'évidence. Cherchons. Je n'avais pas fait cent pas que des preuves incontestables s'offrirent à mes yeux. Cela devait être, car, à l'époque silurienne, les mers renfermaient plus de quinze cents espèces végétales ou animales. Mes pieds, habitués au sol dur des laves, foulèrent tout à coup une poussière faite de débris de plantes et de coquille. Sur les parois se voyaient distinctement des empreintes de fucus et de lycopodes ; le professeur Lidenbrock ne pouvait s'y tromper ; mais il fermait les yeux, j'imagine, et continuait son chemin d'un pas invariable.

C'était de l'entêtement poussé hors de toutes limites. Je n'y tins plus. Je ramassai une coquille parfaitement conservée, qui avait appartenu à un animal à peu près semblable au cloporte actuel ; puis je rejoignis mon oncle et je lui dis :

« Voyez !

— Eh bien, répondit-il tranquillement, c'est la coquille d'un crustacé de l'ordre disparu des trilobites. Pas autre chose.

— Mais n'en concluez-vous pas ?…

— Ce que tu conclus toi-même ? Si. Parfaitement. Nous avons abandonné la couche de granit et la route des laves. Il est possible que je me sois trompé ; mais je ne serai certain de mon erreur qu'au moment où j'aurai atteint l'extrémité de cette galerie.

— Vous avez raison d'agir ainsi, mon oncle, et je vous approuverais fort si nous n'avions à craindre un danger de plus en plus menaçant.

— Et lequel ?

— Le manque d'eau.

— Eh bien ! nous nous rationnerons, Axel.


XIX XIX XIX XIX

Le lendemain, mardi 30 juin, à six heures, la descente fut reprise.

Nous suivions toujours la galerie de lave, véritable rampe naturelle, douce comme ces plans inclinés qui remplacent encore l’escalier dans les vieilles maisons. We were still following the lava gallery, a real natural ramp, as gentle as those inclined planes that still replace the staircase in the old houses. Ми завжди йшли лавовою галереєю, справжнім природним пандусом, таким же пологим, як похилі площини, що досі замінюють сходи в старих будинках. Ce fut ainsi jusqu’à midi dix-sept minutes, instant précis où nous rejoignîmes Hans, qui venait de s’arrêter. It was thus until noon-seventeen minutes, the precise moment when we rejoined Hans, who had just stopped. Isso foi até meio-dia e dezessete minutos, o momento exato em que nos juntamos a Hans, que acabara de parar.

« Ah ! s’écria mon oncle, nous sommes parvenus à l’extrémité de la cheminée. cried my uncle, we have reached the end of the fireplace. Je regardai autour de moi ; nous étions au centre d’un carrefour, auquel deux routes venaient aboutir, toutes deux sombres et étroites. I looked around; we were in the middle of a crossroads, with two roads leading to it, both dark and narrow. Eu olhei ao meu redor; estávamos no centro de uma encruzilhada, na qual terminavam duas estradas, ambas escuras e estreitas. Я озирнувся: ми стояли посеред перехрестя, до якого вели дві темні й вузькі дороги. Laquelle convenait-il de prendre ? Which one should it take? Який з них обрати? Il y avait là une difficulté. Тут була складність.

Cependant mon oncle ne voulut paraître hésiter ni devant moi ni devant le guide ; il désigna le tunnel de l’est, et bientôt nous y étions enfoncés tous les trois. Однак мій дядько не хотів, щоб здавалося, що він вагається ні переді мною, ні перед гідом; він вказав на східний тунель, і незабаром ми втрьох опинилися глибоко всередині.

D’ailleurs toute hésitation devant ce double chemin se serait prolongée indéfiniment, car nul indice ne pouvait déterminer le choix de l’un ou de l’autre ; il fallait s’en remettre absolument au hasard. Além disso, qualquer hesitação diante desse duplo caminho teria se prolongado indefinidamente, pois nenhum índice poderia determinar a escolha de um ou de outro; era absolutamente necessário deixar ao acaso.

La pente de cette nouvelle galerie était peu sensible, et sa section fort inégale ; parfois une succession d’arceaux se déroulait devant nos pas comme les contre-nefs d’une cathédrale gothique. A inclinação desta nova galeria não era muito sensível e sua seção muito irregular; às vezes, uma sucessão de arcos se desdobrava diante de nossos degraus, como as contra-naves de uma catedral gótica. Нахил цієї нової галереї був не дуже помітним, а її переріз дуже нерівним; іноді перед нашими кроками розгорталася низка арок, як контр-шиї готичного собору. Les artistes du moyen âge auraient pu étudier là toutes les formes de cette architecture religieuse qui a l’ogive pour générateur. Митці середньовіччя могли б вивчати там усі форми цієї релігійної архітектури, яка має своїм генератором оливу. Un mille plus loin, notre tête se courbait sous les cintres surbaissés du style roman, et de gros piliers engagés dans le massif pliaient sous la retombée des voûtes. A mile farther on, our heads bowed under the lowered Roman-style arches, and large pillars engaged in the massif bent under the drop of the vaults. Через милю наші голови схилилися під низькими романськими склепіннями, а великі стовпи, вмонтовані в масу, зігнулися під падінням склепінь. À de certains endroits, cette disposition faisait place à de basses substructions qui ressemblaient aux ouvrages des castors, et nous nous glissions en rampant à travers d’étroits boyaux. In some places this arrangement gave way to low substrates that resembled beaver works, and we crawled through narrow gutters. Em alguns lugares, esse arranjo deu lugar a subestruturas baixas que se assemelhavam às obras de castores, e rastejamos por entranhas estreitas. Подекуди це розташування змінювалося низькими підземними спорудами, що нагадували витвори бобрів, і ми пробиралися вузькими канавами.

Parfois une succession d’arceaux se déroulait devant nous. Іноді перед нами розгорталася низка арок.

La chaleur se maintenait à un degré supportable. The heat was maintained to a tolerable degree. Involontairement je songeais à son intensité, quand les laves vomies par le Sneffels se précipitaient par cette route si tranquille aujourd’hui. Je m’imaginais les torrents de feu brisés aux angles de la galerie et l’accumulation des vapeurs surchauffées dans cet étroit milieu ! Я уявив собі потоки вогню, що спалахують по кутах галереї, і скупчення перегрітої пари в цьому вузькому просторі!

« Pourvu, pensai-je, que le vieux volcan ne vienne pas à se reprendre d’une fantaisie tardive ! "Provided," thought I, "that the old volcano does not come to recover from a late fantasy! "Contanto", pensei, "que o velho vulcão não volte a se recuperar de uma fantasia tardia!" Будемо сподіватися, - подумав я, - що старий вулкан не оговтається від запізнілої фантазії! Ces réflexions, je ne les communiquai point à l’oncle Lidenbrock ; il ne les eût pas comprises. Son unique pensée était d’aller en avant. Його єдиною думкою було йти вперед. Il marchait, il glissait, il dégringolait même, avec une conviction qu’après tout il valait mieux admirer. He walked, he slid, he even tumbled, with a conviction that after all was best admired. Він ішов, він ковзав, він навіть падав, з переконанням, що, зрештою, краще милуватися.

À six heures du soir, après une promenade peu fatigante, nous avions gagné deux lieues dans le sud, mais à peine un quart de mille en profondeur. By six o'clock in the evening, after a leisurely stroll, we had gained two leagues to the south, but barely a quarter of a mile in depth.

Mon oncle donna le signal du repos. On mangea sans trop causer, et l’on s’endormit sans trop réfléchir. Comemos sem falar muito e adormecemos sem pensar muito. Ми їли без зайвих розмов і засинали без зайвих роздумів.

Nos dispositions pour la nuit étaient fort simples : une couverture de voyage dans laquelle on se roulait, composait toute la literie. Our provisions for the night were very simple: a traveling blanket in which we rolled, composed all the bedding. Наші спальні пристосування були дуже прості: дорожня ковдра, в яку ми загорнулися, складала всю нашу постільну білизну. Nous n’avions à redouter ni froid, ni visite importune. We had no reason to fear cold or unwelcome visits. Нам не довелося боятися холоду чи непроханих гостей. Les voyageurs qui s’enfoncent au milieu des déserts de l’Afrique, au sein des forêts du nouveau monde, sont forcés de se veiller les uns les autres pendant les heures du sommeil. Travelers who plunge into the deserts of Africa, into the forests of the New World, are forced to watch each other during the hours of sleep. Мандрівники, які заглиблюються в пустелі Африки, в ліси нового світу, змушені пильнувати один одного під час сну. Mais ici, solitude absolue et sécurité complète. Sauvages ou bêtes féroces, aucune de ces races malfaisantes n’était à craindre. Savages or ferocious beasts, none of these evil races was to be feared. Дикуни чи люті звірі - жодну з цих злих рас не варто було боятися.

On se réveilla le lendemain frais et dispos. Acordamos no dia seguinte revigorados e revigorados. Наступного дня ми прокинулися бадьорими і готовими до роботи. La route fut reprise. Nous suivions un chemin de lave comme la veille. Impossible de reconnaître la nature des terrains qu’il traversait. It was impossible to recognize the nature of the lands he was crossing. Неможливо було розпізнати характер місцевості, яку вона перетинала. Le tunnel, au lieu de s’enfoncer dans les entrailles du globe, tendait à devenir absolument horizontal. The tunnel, instead of sinking into the bowels of the globe, tended to become absolutely horizontal. Тунель, замість того, щоб занурюватися в надра земної кулі, прагнув стати абсолютно горизонтальним. Je crus remarquer même qu’il remontait vers la surface de la terre. Cette disposition devint si manifeste vers dix heures du matin, et par suite si fatigante, que je fus forcé de modérer notre marche. Близько десятої години ранку цей настрій став настільки очевидним і, відповідно, настільки втомлюючим, що я був змушений модерувати наш марш.

« Eh bien, Axel ? dit impatiemment le professeur.

— Eh bien, je n’en peux plus, répondis-je - Ну, я більше не можу", - відповів я.

— Quoi ! - Що? après trois heures de promenade sur une route si facile !

— Facile, je ne dis pas non, mais fatigante à coup sûr. - Easy, I do not say no, but tiring for sure.

— Comment ! quand nous n’avons qu’à descendre ! when we only have to go down! коли все, що нам потрібно зробити - це зійти!

— À monter, ne vous en déplaise ! - To ride, do not mind! - Para cavalgar, não se preocupe! - Щоб на ньому їздили, чи не так?

— À monter ! fit mon oncle en haussant les épaules.

— Sans doute. Depuis une demi-heure, les pentes se sont modifiées, et à les suivre ainsi, nous reviendrons certainement à la terre d’Islande. Por meia hora, as encostas mudaram, e seguindo-as assim, certamente retornaremos à terra da Islândia. За останні півгодини схили змінилися, і, йдучи ними ось так, ми неодмінно повернемося на землю Ісландії. Le professeur remua la tête en homme qui ne veut pas être convaincu. The professor shook his head like a man who does not want to be convinced. O professor balançou a cabeça como um homem que não quer ser convencido. Професор похитав головою, як людина, яка не хоче, щоб її переконували. J’essayai de reprendre la conversation. Il ne me répondit pas et donna le signal du départ. Je vis bien que son silence n’était que de la mauvaise humeur concentrée. Я бачив, що його мовчання було лише концентрованим поганим настроєм.

Cependant j’avais repris mon fardeau avec courage, et je suivais rapidement Hans, que précédait mon oncle. Однак я сміливо взяв на себе свою ношу і швидко пішов за Гансом, якого вів мій дядько. Je tenais à ne pas être distancé. I wanted to not be outdistanced. Я дуже хотів, щоб мене не залишили позаду. Ma grande préoccupation était de ne point perdre mes compagnons de vue. Je frémissais à la pensée de m’égarer dans les profondeurs de ce labyrinthe. I shuddered at the thought of straying into the depths of this labyrinth. Estremeci com a ideia de mergulhar nas profundezas deste labirinto. Я здригалася від думки, що можу загубитися в глибинах цього лабіринту.

D’ailleurs, la route ascendante devenait plus pénible, je m’en consolais en songeant qu’elle me rapprochait de la surface de la terre. Крім того, підйом ставав дедалі складнішим, і я втішав себе думкою, що це наближає мене до поверхні землі. C’était un espoir. It was a hope. Chaque pas le confirmait, et je me réjouissais à cette idée de revoir ma petite Graüben. Cada passo confirmava isso, e eu estava ansioso para ver meu pequeno Graüben novamente.

À midi un changement d’aspect se produisit dans les parois de la galerie. Je m’en aperçus à l’affaiblissement de la lumière électrique réfléchie par les murailles. Au revêtement de lave succédait la roche vive ; le massif se composait de couches inclinées et souvent disposées verticalement. The lava layer succeeded the living rock; the massif consisted of sloping and often vertically arranged layers. За лавовим облицюванням слідувала тверда порода; масив складався з похилих і часто вертикально розташованих шарів. Nous étions en pleine époque de transition, en pleine période silurienne[1]. We were in a period of transition during the Silurian period [1]. Ми були в середині перехідного періоду, в середині силурійського періоду[1].

« C’est évident, m’écriai-je, les sédiments des eaux ont formé, à la seconde époque de la terre, ces schistes, ces calcaires et ces grès ! "É óbvio", gritei, "os sedimentos das águas se formaram, na segunda época da terra, esses xistos, esses calcários e esses arenitos!" Nous tournons le dos au massif granitique ! We are turning our backs on the granite massif! Estamos dando as costas ao maciço granítico! Повертаємося спиною до гранітного масиву! Nous ressemblons à des gens de Hambourg, qui prendraient le chemin de Hanovre pour aller à Lubeck. Parecemos pessoas de Hamburgo, que pegariam a estrada de Hanover para ir para Lubeck. Ми схожі на людей з Гамбурга, які їдуть дорогою з Ганновера до Любека. J’aurais dû garder pour moi mes observations. I should have kept my observations for myself. Я не повинен був тримати свої спостереження при собі. Mais mon tempérament de géologue l’emporta sur la prudence, et l’oncle Lidenbrock entendit mes exclamations. But my temper as a geologist outweighed my caution, and Uncle Lidenbrock heard my exclamations. Mas meu temperamento como geólogo superou minha cautela, e tio Lidenbrock ouviu minhas exclamações.

« Qu’as-tu donc ? "What have you got? "Що у вас є? dit-il.

— Voyez ! répondis-je en lui montrant la succession variée des grès, des calcaires et les premiers indices des terrains ardoisés. Я відповів, показуючи йому різноманітну послідовність пісковиків, вапняків і перші ознаки сланцевого рельєфу.

— Eh bien ?

— Nous voici arrivés à cette période pendant laquelle ont apparu les premières plantes et les premiers animaux ! - Aqui estamos nós no momento em que surgiram as primeiras plantas e animais! - Ось ми і потрапили в той час, коли з'явилися перші рослини і тварини!

— Ah ! tu penses ?

— Mais regardez, examinez, observez ! Je forçai le professeur à promener sa lampe sur les parois de la galerie. Je m’attendais à quelque exclamation de sa part. Mais, loin de là, il ne dit pas un mot, et continua sa route. Mas, longe disso, ele não disse uma palavra e continuou seu caminho.

M’avait-il compris ou non ? Did he understand me or not? Ne voulait-il pas convenir, par amour-propre d’oncle et de savant, qu’il s’était trompé en choisissant le tunnel de l’est, ou tenait-il à reconnaître ce passage jusqu’à son extrémité ? Did he not want to agree, out of self-esteem of uncle and scholar, that he was mistaken in choosing the eastern tunnel, or did he want to recognize this passage to its extremity? Ele não queria admitir, por orgulho de tio e erudito, que havia cometido um erro ao escolher o túnel leste, ou queria reconhecer esta passagem até o fim? Чи він не хотів визнати, з самолюбства дядька і вченого, що помилився у виборі східного тунелю, чи він хотів розпізнати цей прохід до самого кінця? Il était évident que nous avions quitté la route des laves, et que ce chemin ne pouvait conduire au foyer du Sneffels. Було очевидно, що ми зійшли з лавової дороги, і що цей шлях не міг привести до будинку Шнеффелів.

Cependant je me demandai si je n’accordais pas une trop grande importance à cette modification des terrains. However, I wondered if I did not give too much importance to this modification of the grounds. No entanto, perguntei-me se não atribuí grande importância a esta modificação do terreno. Однак я замислився, чи не надаю я надто великого значення цій зміні місцевості. Ne me trompais-je pas moi-même ? Чи не обманював я себе? Traversions-nous réellement ces couches de roches superposées au massif granitique ? Чи справді ми проходимо крізь ці шари породи, накладені на гранітний масив?

« Si j’ai raison, pensai-je, je dois trouver quelque débris de plante primitive, et il faudra bien me rendre à l’évidence. Se eu estiver certo, pensei, devo encontrar alguns restos de plantas antigas e terei de enfrentar os fatos. Cherchons. Je n’avais pas fait cent pas que des preuves incontestables s’offrirent à mes yeux. Eu não tinha dado cem passos quando uma prova incontestável se apresentou a mim. Cela devait être, car, à l’époque silurienne, les mers renfermaient plus de quinze cents espèces végétales ou animales. Мабуть, так воно і було, адже в силурійську епоху в морях мешкало понад півтори тисячі видів рослин і тварин. Mes pieds, habitués au sol dur des laves, foulèrent tout à coup une poussière faite de débris de plantes et de coquille. Meus pés, acostumados ao solo de lava dura, de repente pisaram em uma poeira feita de restos de plantas e conchas. Sur les parois se voyaient distinctement des empreintes de fucus et de lycopodes ; le professeur Lidenbrock ne pouvait s’y tromper ; mais il fermait les yeux, j’imagine, et continuait son chemin d’un pas invariable. На стінах чітко виднілися відбитки раків і лікоподів; професор Ліденброк не міг помилитися; але він заплющив очі, як мені здається, і продовжував свій шлях у незмінному темпі.

C’était de l’entêtement poussé hors de toutes limites. It was stubbornness pushed out of bounds. Це була впертість, що переходила всі межі. Je n’y tins plus. I couldn't stand it any longer. Я більше не міг цього терпіти. Je ramassai une coquille parfaitement conservée, qui avait appartenu à un animal à peu près semblable au cloporte actuel ; puis je rejoignis mon oncle et je lui dis :

« Voyez !

— Eh bien, répondit-il tranquillement, c’est la coquille d’un crustacé de l’ordre disparu des trilobites. Pas autre chose.

— Mais n’en concluez-vous pas ?… - Але хіба ви не робите висновків?

— Ce que tu conclus toi-même ? - O que você conclui? - Який висновок робите самі? Si. Parfaitement. Nous avons abandonné la couche de granit et la route des laves. We have abandoned the layer of granite and the lava route. Il est possible que je me sois trompé ; mais je ne serai certain de mon erreur qu’au moment où j’aurai atteint l’extrémité de cette galerie. It is possible that I was wrong; but I will not be certain of my error until I reach the end of this gallery. Можливо, я помилився; але я не буду впевнений у своїй помилці, поки не дійду до кінця цієї галереї.

— Vous avez raison d’agir ainsi, mon oncle, et je vous approuverais fort si nous n’avions à craindre un danger de plus en plus menaçant. 'You are right to act thus, uncle, and I would very much approve of you if we did not have to fear an increasingly threatening danger. - Você está certo em agir assim, tio, e eu o aprovaria muito se não tivéssemos que temer um perigo cada vez mais ameaçador. - Ви маєте рацію, дядьку, і я б вас дуже схвалив, якби нам не доводилося боятися небезпеки, яка стає все більш і більш загрозливою.

— Et lequel ? - And which one?

— Le manque d’eau. - The lack of water.

— Eh bien ! - Well ! nous nous rationnerons, Axel. we will ration ourselves, Axel. vamos nos racionar, Axel. ми будемо харчуватися, Акселю.