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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, XIII

XIII

Il aurait dû faire nuit, mais sous le soixante cinquième parallèle, la clarté diurne des régions polaires ne devait pas m'étonner ; en Islande, pendant les mois de juin et juillet, le soleil ne se couche pas.

Néanmoins la température s'était abaissée ; j'avais froid, et surtout faim.

Bienvenu fut le « böer » qui s'ouvrit hospitalièrement pour nous recevoir. C'était la maison d'un paysan, mais, en fait d'hospitalité, elle valait celle d'unroi.

À notre arrivée, le maître vint nous tendre la main, et, sans plus de cérémonie, il nous fit signe de le suivre. Le suivre, en effet, car l'accompagner eût été impossible.

Un passage long, étroit, obscur, donnait accès dans cette habitation construite en poutres à peine équarries et permettait d'arriver à chacune des chambres ; celles-ci étaient au nombre de quatre : la cuisine, l'atelier de tissage, la « badstofa », chambre à coucher de la famille, et, la meilleure entre toutes, la chambre des étrangers. Mon oncle, à la taille duquel on n'avait pas songé en bâtissant la maison, ne manqua pas de donner trois ou quatre fois de la tête contre les saillies du plafond. On nous introduisit dans notre chambre, sorte de grande salle avec un sol de terre battue et éclairée d'une fenêtre dont les vitres étaient faites de membranes de mouton assez peu transparentes.

La literie se composait de fourrage sec jeté dans deux cadres de bois peints en rouge et ornés de sentences islandaises. Je ne m'attendais pas à ce confortable ; seulement, il régnait dans cette maison une forte odeur de poisson sec, de viande macérée et de lait aigre dont mon odorat se trouvait assez mal. Lorsque nous eûmes mis de côté notre harnachement de voyageurs, la voix de l'hôte se fit entendre, qui nous conviait à passer dans la cuisine, seule pièce où l'on fit du feu, même par les plus grands froids.

Mon oncle se hâta d'obéir à cette amicale injonction.

Je le suivis. La cheminée de la cuisine était d'un modèle antique ; au milieu de la chambre, une pierre pour tout foyer ; au toit, un trou par lequel s'échappait la fumée.

Cette cuisine servait aussi de salle à manger. À notre entrée, l'hôte, comme s'il ne nous avait pas encore vus, nous salua du mot « saellvertu, » qui signifie « soyez heureux », et il vint nous baiser sur la joue.

Sa femme, après lui, prononça les mêmes paroles, accompagnées du même cérémonial ; puis les deux époux, plaçant la main droite sur leur cœur, s'inclinèrent profondément.

Je me hâte de dire que l'Islandaise était mère de dix-neuf enfants, tous, grands et petits, grouillant pêle-mêle au milieu des volutes de fumée dont le foyer remplissait la chambre.

À chaque instant j'apercevais une petite tête blonde et un peu mélancolique sortir de ce brouillard. On eût dit une guirlande d'anges insuffisamment débarbouillés. Mon oncle et moi, nous fîmes très bon accueil à cette « couvée » ; et bientôt il y eut trois ou quatre de ces marmots sur nos épaules, autant sur nos genoux et lereste entre nos jambes.

Ceux qui parlaient répétaient « saellvertu » dans tous les tons imaginables. Ceux qui ne parlaient pas n'en criaient que mieux. Ce concert fut interrompu par l'annonce du repas.

En ce moment rentra le chasseur, qui venait de pourvoir à la nourriture des chevaux, c'est-à-dire qu'il les avait économiquement lâchés à travers champs ; les pauvres bêtes devaient se contenter de brouter la mousse rare des rochers, quelques fucus peu nourrissants, et le lendemain elles ne manqueraient pas de venir d'elles-mêmes reprendre le travail de la veille. « Saellvertu, » fit Hans.

Puis tranquillement, automatiquement, sans qu'un baiser fût plus accentué que l'autre, il embrassa l'hôte, l'hôtesse et leurs dix-neuf enfants.

La cérémonie terminée, on se mit à table, au nombre de vingt-quatre, et par conséquent les uns sur les autres, dans le véritable sens de l'expression.

Les plus favorisés n'avaient que deux marmots sur les genoux. Cependant le silence se fit dans ce petit monde à l'arrivée de la soupe, et la taciturnité naturelle, même aux gamins islandais, reprit son empire.

L'hôte nous servit une soupe au lichen et point désagréable, puis une énorme portion de poisson sec nageant dans du beurre aigri depuis vingt ans, et par conséquent bien préférable au beurre frais, d'après les idées gastronomiques de l'Islande. Il y avait avec cela du « skyr », sorte de lait caillé, accompagné de biscuit et relevé par du jus de baies de genièvre ; enfin, pour boisson, du petit lait mêlé d'eau, nommé « blanda » dans le pays. Si cette singulière nourriture était bonne ou non, c'est ce dont je ne pus juger. J'avais faim, et, au dessert, j'avalai jusqu'à la dernière bouchée une épaisse bouillie de sarrasin. Le repas terminé, les enfants disparurent ; les grandes personnes entourèrent le foyer où brûlaient de la tourbe, des bruyères, du fumier de vache et des os de poissons desséchés.

Puis, après cette « prise de chaleur », les divers groupes regagnèrent leurs chambres respectives. L'hôtesse offrit de nous retirer, suivant la coutume, nos bas et nos pantalons ; mais, sur un refus des plus gracieux de notre part, elle n'insista pas, et je pus enfin me blottir dans ma couche de fourrage. Le lendemain, à cinq heures, nous faisions nos adieux au paysan islandais ; mon oncle eut beaucoup de peine à lui faire accepter une rémunération convenable, et Hans donna le signal du départ.

À cent pas de Gardär, le terrain commença à changer d'aspect ; le sol devint marécageux et moins favorable à la marche.

Sur la droite, la série des montagnes se prolongeait indéfiniment comme un immense système de fortificationsnaturelles, dont nous suivions la contrescarpe ; souvent des ruisseaux se présentaient à franchir qu'il fallait nécessairement passer à gué et sans trop mouiller les bagages. Le désert se faisait de plus en plus profond ; quelquefois, cependant, une ombre humaine semblait fuir au loin ; si les détours de la route nous rapprochaient inopinément de l'un de ces spectres, j'éprouvais un dégoût soudain à la vue d'une tête gonflée, à peau luisante, dépourvue de cheveux, et de plaies repoussantes que trahissaient les déchirures de misérables haillons.

La malheureuse créature ne venait pas tendre sa main déformée ; elle se sauvait, au contraire, mais pas si vite que Hans ne l'eût saluée du « saellvertu » habituel.

— « Spetelsk, disait-il.

— Un lépreux !

» répétait mon oncle. Un lépreux, répétait mon oncle.

Et ce mot seul produisait son effet répulsif.

Cette horrible affection de la lèpre est assez commune en Islande ; elle n'est pas contagieuse, mais héréditaire ; aussi le mariage est-il interdit à ces misérables. Ces apparitions n'étaient pas de nature à égayer le paysage qui devenait profondément triste ; les dernières touffes d'herbes venaient mourir sous nos pieds.

Pas un arbre, si ce n'est quelques bouquets de bouleaux nains semblables à des broussailles. Pas un animal, sinon quelques chevaux, de ceux que leur maître ne pouvait nourrir et qui erraient sur les mornes plaines. Parfois un faucon planait dans les nuages gris et s'enfuyait à tire-d'aile vers les contrées du sud ; je me laissais aller à la mélancolie de cette nature sauvage, et mes souvenirs me ramenaient à mon pays natal. Il fallut bientôt traverser plusieurs petits fjörds sans importance, et enfin un véritable golfe ; la marée, étale alors, nous permit de passer sans attendre et de gagner le hameau d'Alftanes, situé un mille au delà.

Le soir, après avoir coupé à gué deux rivières riches en truites et en brochets, l'Alfa et l'Heta, nous fûmes obligés de passer la nuit dans une masure abandonnée, digne d'être hantée par tous les lutins de la mythologie scandinave ; à coup sûr le génie du froid y avait élu domicile, et il fît des siennes pendant toute la nuit.

La journée suivante ne présenta aucun incident particulier. Toujours même sol marécageux, même uniformité, même physionomie triste. Le soir, nous avions franchi la moitié de la distance à parcourir, et nous couchions à « l'annexia » de Krösolbt. Le 19 juin, pendant un mille environ, un terrain de lave s'étendit sous nos pieds ; cette disposition du sol est appelée « hraun » dans le pays ; la lave ridéeà la surface affectait des formes de câbles tantôt allongés, tantôt roulés sur eux-mêmes ; une immense coulée descendait des montagnes voisines, volcans actuellement éteints, mais dont ces débris attestaient la violence passée.

Cependant quelques fumées de source chaudes rampaient ça et là. Le temps nous manquait pour observer ces phénomènes ; il fallait marcher.

Bientôt le sol marécageux reparut sous le pied de nos montures ; de petits lacs l'entrecoupaient. Notre direction était alors à l'ouest ; nous avions en effet tourné la grande baie de Faxa, et la double cime blanche du Sneffels se dressait dans les nuages à moins de cinq milles. Les chevaux marchaient bien ; les difficultés du sol ne les arrêtaient pas ; pourmon compte, je commençais à devenir très-fatigué ; mon oncle demeurait ferme et droit comme au premier jour ; je ne pouvais m'empêcher de l'admirer à l'égal du chasseur, qui regardait cette expédition comme une simple promenade.

Le samedi 20 juin, à six heures du soir, nous atteignions Büdir, bourgade située sur le bord de la mer, et le guide réclamait sa paye convenue.

Mon oncle régla avec lui. Ce fut la famille même de Hans, c'est-à-dire ses oncles et cousins germains, qui nous offrit l'hospitalité ; nous fûmes bien reçus, et sans abuser des bontés de ces braves gens, je me serais volontiers refait chez eux des fatigues du voyage. Mais mon oncle, qui n'avait rien à refaire, ne l'entendait pas ainsi, et le lendemain il fallut enfourcher de nouveau nos bonnes bêtes. Le sol se ressentait du voisinage de la montagne dont les racines de granit sortaient de terre, comme celles d'un vieux chêne.

Nous contournions l'immense base du volcan. Le professeur ne le perdait pas des yeux ; il gesticulait, il semblait le prendre au défi et dire : « Voilà donc le géant que je vais dompter ! » Enfin, après vingt-quatre heures de marche, les chevaux s'arrêtèrent d'eux-mêmes à la porte du presbytère de Stapi.


XIII XIII XIII XIII XIII

Il aurait dû faire nuit, mais sous le soixante cinquième parallèle, la clarté diurne des régions polaires ne devait pas m’étonner ; en Islande, pendant les mois de juin et juillet, le soleil ne se couche pas. Debería haber estado oscuro, pero por debajo del paralelo sesenta y cinco, la luz del día de las regiones polares no debería sorprenderme; en Islandia, durante los meses de junio y julio, el sol no se pone. Deveria estar escuro, mas abaixo do paralelo sexagésimo quinto, a luz do dia das regiões polares não deveria me surpreender; na Islândia, durante os meses de junho e julho, o sol não se põe. 天本来应该是黑的,但在六十五度纬线下,极地的日光应该不会让我感到惊讶;在冰岛,六月和七月期间,太阳不会落山。

Néanmoins la température s’était abaissée ; j’avais froid, et surtout faim. Sin embargo, la temperatura había bajado; Tenía frío y sobre todo hambre. Тим не менш, температура впала, мені було холодно, і особливо хотілося їсти. 尽管如此,气温还是下降了。我很冷,最重要的是很饿。

Bienvenu fut le « böer » qui s’ouvrit hospitalièrement pour nous recevoir. Bienvenido fue el "böer" que abrió hospitalario para recibirnos. Нас гостинно прийняв "böer", який гостинно відкрив двері для нас. “böer”热情地开门迎接我们。 C’était la maison d’un paysan, mais, en fait d’hospitalité, elle valait celle d’unroi. It was a peasant's house, but in terms of hospitality it was worth that of a king. Era la casa de un campesino, pero en términos de hospitalidad valía la de un rey. Era uma casa de camponês, mas em termos de hospitalidade valia a de um rei. Це була селянська хата, але з точки зору гостинності вона не поступалася королівській. 这是一个农民的房子,但在热情好客方面却可以媲美国王。

À notre arrivée, le maître vint nous tendre la main, et, sans plus de cérémonie, il nous fit signe de le suivre. Cuando llegamos, el maestro vino a darnos la mano y, sin más, nos hizo señas para que lo siguiéramos. Коли ми приїхали, господар підійшов, простягнув нам руку і без зайвих слів покликав нас слідувати за ним. 当我们到达时,大师向我们伸出了手,并没有多说什么,示意我们跟他走。 Le suivre, en effet, car l’accompagner eût été impossible. Seguirlo, de hecho, por acompañarlo hubiera sido imposible. Йти за ним, дійсно, бо супроводжувати його було б неможливо.

Un passage long, étroit, obscur, donnait accès dans cette habitation construite en poutres à peine équarries et permettait d’arriver à chacune des chambres ; celles-ci étaient au nombre de quatre : la cuisine, l’atelier de tissage, la « badstofa », chambre à coucher de la famille, et, la meilleure entre toutes, la chambre des étrangers. Un pasillo largo, estrecho y oscuro daba acceso a esta casa construida con vigas apenas cuadradas y permitía el acceso a cada una de las habitaciones; eran cuatro: la cocina, el taller de tejido, el "badstofa", el dormitorio de la familia y, lo mejor de todo, el cuarto de los desconocidos. Довгий, вузький, темний прохід вів до цього житла, збудованого з ледь зігнутих у лінію балок, і давав доступ до кожної з кімнат, яких було чотири: кухня, ткацька майстерня, "бадстофа", родинна спальня і, найголовніша, - кімната для чужинців. 一条又长又窄、黑暗的通道通向这座由方梁建造的住宅,并允许进入每个房间。其中有四个:厨房、编织车间、“badstofa”、家人的卧室,以及最重要的是陌生人的卧室。 Mon oncle, à la taille duquel on n’avait pas songé en bâtissant la maison, ne manqua pas de donner trois ou quatre fois de la tête contre les saillies du plafond. Mi tío, cuya altura nadie había soñado al construir la casa, no dejó de arrojar la cabeza tres o cuatro veces contra los salientes del techo. Meu tio, com cuja altura ninguém sonhou ao construir a casa, não deixou de inclinar a cabeça três ou quatro vezes contra as projeções do teto. Мій дядько, чий зріст не був врахований при будівництві будинку, не забув три чи чотири рази кивнути на проекції стелі. 我的叔叔在建造房子时没有考虑到他的大小,所以他不时用头在天花板的突出部分上敲了三四次。 On nous introduisit dans notre chambre, sorte de grande salle avec un sol de terre battue et éclairée d’une fenêtre dont les vitres étaient faites de membranes de mouton assez peu transparentes. Nos hicieron pasar a nuestra habitación, una especie de habitación grande con suelo de tierra batida e iluminada por una ventana cuyos cristales estaban hechos de membranas de oveja que no eran muy transparentes.

La literie se composait de fourrage sec jeté dans deux cadres de bois peints en rouge et ornés de sentences islandaises. The bedding consisted of dry fodder thrown into two wooden frames painted red and adorned with Icelandic sentences. La ropa de cama consistía en forraje seco tirado en dos marcos de madera pintados de rojo y adornados con frases islandesas. A cama consistia em forragem seca jogada em duas molduras de madeira pintadas de vermelho e adornadas com frases islandesas. Je ne m’attendais pas à ce confortable ; seulement, il régnait dans cette maison une forte odeur de poisson sec, de viande macérée et de lait aigre dont mon odorat se trouvait assez mal. I did not expect this comfortable; only there was a strong smell of dried fish, macerated meat, and sour milk, of which my sense of smell was rather bad. No esperaba esto cómodo; sólo que reinaba en esta casa un fuerte olor a pescado seco, a carne macerada ya leche agria, del cual mi olfato era bastante malo. Eu não esperava tão confortável; apenas reinava nesta casa um forte odor a peixe seco, a carne macerada e a leite azedo, de que o meu olfato era bastante desagradável. Lorsque nous eûmes mis de côté notre harnachement de voyageurs, la voix de l’hôte se fit entendre, qui nous conviait à passer dans la cuisine, seule pièce où l’on fit du feu, même par les plus grands froids. When we had put aside our harness of travelers, the voice of the host was heard, which invited us to pass into the kitchen, the only room where fire was made, even by the coldest weather. Cuando habíamos dejado a un lado nuestro arnés de viajeros, se escuchó la voz del anfitrión invitándonos a ir a la cocina, la única habitación donde se hacía fuego, incluso en el clima más frío. Depois de afastarmos os arreios de viajantes, ouviu-se a voz do anfitrião, que nos convidava a entrar na cozinha, único cômodo onde se acendia o fogo, mesmo no tempo mais frio. Коли ми відклали свої дорожні речі, почувся голос господаря, який запросив нас на кухню - єдину кімнату, де навіть у найхолоднішу погоду розпалювали вогонь.

Mon oncle se hâta d’obéir à cette amicale injonction. Mi tío se apresuró a obedecer esta amistosa orden. Дядько поспішив виконати цю дружню вказівку.

Je le suivis. La cheminée de la cuisine était d’un modèle antique ; au milieu de la chambre, une pierre pour tout foyer ; au toit, un trou par lequel s’échappait la fumée. La chimenea de la cocina era de un modelo antiguo; en medio de la habitación, una piedra para cada hogar; en el techo, un agujero por donde se escapaba el humo. A lareira da cozinha era de um modelo antigo; no meio da sala, uma pedra para cada lareira; no telhado, um buraco pelo qual a fumaça escapou. Кухонний димар був старовинного зразка, посеред кімнати - камінь для каміна, на даху - отвір, через який виходив дим.

Cette cuisine servait aussi de salle à manger. À notre entrée, l’hôte, comme s’il ne nous avait pas encore vus, nous salua du mot « saellvertu, » qui signifie « soyez heureux », et il vint nous baiser sur la joue. At our entrance, the host, as if he had not yet seen us, greeted us with the word "saellvertu," which means "be happy," and he kissed us on the cheek. Al entrar, el anfitrión, como si aún no nos hubiera visto, nos saludó con la palabra "saellvertu", que significa "sé feliz", y se acercó a besarnos en la mejilla. Assim que entramos, o anfitrião, como se ainda não nos tivesse visto, cumprimentou-nos com a palavra "saellvertu", que significa "seja feliz", e aproximou-se para nos beijar na face. Коли ми увійшли, господар, ніби ще не бачив нас, привітав нас словом "saellvertu", що означає "будьте щасливі", і підійшов поцілувати нас у щоку.

Sa femme, après lui, prononça les mêmes paroles, accompagnées du même cérémonial ; puis les deux époux, plaçant la main droite sur leur cœur, s’inclinèrent profondément. Su esposa, después de él, pronunció las mismas palabras, acompañadas del mismo ceremonial; luego, los dos cónyuges, colocando la mano derecha sobre el corazón, se inclinaron profundamente. Його дружина, слідом за ним, вимовила ті ж слова, супроводжувані тією ж церемонією; потім подружжя, поклавши праві руки на серце, глибоко вклонилися.

Je me hâte de dire que l’Islandaise était mère de dix-neuf enfants, tous, grands et petits, grouillant pêle-mêle au milieu des volutes de fumée dont le foyer remplissait la chambre. Me apresuro a decir que la islandesa era madre de diecinueve hijos, todos, grandes y pequeños, arremolinándose entre las volutas de humo que llenaban la habitación con la chimenea. Apresso-me em dizer que a islandesa era mãe de dezenove filhos, todos eles, grandes e pequenos, fervilhando desordenadamente em meio às nuvens de fumaça com que a lareira enchia a sala. Поспішаю сказати, що ісландка була матір'ю дев'ятнадцяти дітей, і всі вони, великі й малі, роїлися серед клубочків диму, який наповнював кімнату.

À chaque instant j’apercevais une petite tête blonde et un peu mélancolique sortir de ce brouillard. Every moment I saw a little blonde head and a little melancholy out of this fog. En todo momento veía una cabecita rubia y un poco de melancolía emergiendo de esta niebla. A cada momento eu via uma cabecinha loira e um pouco de melancolia emergindo dessa névoa. Час від часу я бачив, як з туману виринала маленька, білява, трохи зажурена голівка. On eût dit une guirlande d’anges insuffisamment débarbouillés. It looked like a garland of angels insufficiently cleansed. Parecía una guirnalda de ángeles insuficientemente lavados. Parecia uma guirlanda de anjos insuficientemente lavados. Це було схоже на гірлянду недостатньо вмитих ангелів. Mon oncle et moi, nous fîmes très bon accueil à cette « couvée » ; et bientôt il y eut trois ou quatre de ces marmots sur nos épaules, autant sur nos genoux et lereste entre nos jambes. Mi tío y yo recibimos muy bien esta "prole"; y pronto había tres o cuatro de estos niños sobre nuestros hombros, otros tantos de rodillas y el resto entre nuestras piernas. Meu tio e eu acolhemos muito bem essa "ninhada"; e logo havia três ou quatro dessas crianças em nossos ombros, tantos em nossos joelhos e o resto entre nossas pernas. Ми з дядьком дуже тепло прийняли цей "виводок", і незабаром троє чи четверо малюків сиділи у нас на плечах, стільки ж - на колінах, а решта - між ногами.

Ceux qui parlaient répétaient « saellvertu » dans tous les tons imaginables. Los que hablaron repitieron "saellvertu" en todos los tonos imaginables. Ті, хто говорив, повторювали "saellvertu" на всіх можливих тонах. Ceux qui ne parlaient pas n’en criaient que mieux. Those who did not speak cried only better. Los que no hablaron gritaron mucho mejor. Тим, хто мовчав, було тільки краще. Ce concert fut interrompu par l’annonce du repas. This concert was interrupted by the announcement of the meal. Este concierto fue interrumpido por el anuncio de la comida.

En ce moment rentra le chasseur, qui venait de pourvoir à la nourriture des chevaux, c’est-à-dire qu’il les avait économiquement lâchés à travers champs ; les pauvres bêtes devaient se contenter de brouter la mousse rare des rochers, quelques fucus peu nourrissants, et le lendemain elles ne manqueraient pas de venir d’elles-mêmes reprendre le travail de la veille. At this moment returned the hunter, who had just provided for the food of the horses, that is to say that he had economically released them across the fields; the poor beasts had to content themselves with grazing the rare moss of the rocks, some fucus with little nourishment, and the next day they would not fail to come back on their own the day before. En ese momento regresó el cazador, que acababa de dar de comer a los caballos, es decir, los había soltado económicamente por los campos; los pobres animales debían contentarse con pastar en el raro musgo de las rocas, unos fucus poco nutritivos, y al día siguiente no dejarían de venir solos para reanudar el trabajo del día anterior. Nesse momento voltou o caçador, que acabara de providenciar comida para os cavalos, ou seja, os havia libertado economicamente no campo; os pobres animais se contentavam em pastar no raro musgo das rochas, uns poucos fucos pouco nutritivos, e no dia seguinte não deixariam de vir por conta própria para retomar o trabalho do dia anterior. У цю мить повернувся мисливець, який щойно нагодував коней, тобто економно випустив їх по полях; бідолашним тваринам довелося задовольнятися рідкісним мохом на скелях, якимось не дуже поживним фукусом, а наступного дня вони неодмінно прийдуть і самі візьмуться за вчорашню роботу. « Saellvertu, » fit Hans.

Puis tranquillement, automatiquement, sans qu’un baiser fût plus accentué que l’autre, il embrassa l’hôte, l’hôtesse et leurs dix-neuf enfants. Luego, en voz baja, automáticamente, sin que un beso fuera más acentuado que el otro, besó al anfitrión, a la anfitriona y a sus diecinueve hijos. Потім тихо, машинально, не акцентуючи уваги на одному поцілунку, він поцілував господаря, господиню та їхніх дев'ятнадцятьох дітей.

La cérémonie terminée, on se mit à table, au nombre de vingt-quatre, et par conséquent les uns sur les autres, dans le véritable sens de l’expression. When the ceremony was over, they sat down at the table, twenty-four in number, and consequently one on top of the other, in the true sense of expression. Terminada la ceremonia, nos sentamos a la mesa, veinticuatro, y por tanto uno encima del otro, en el verdadero sentido del término. Terminada a cerimônia, sentamo-nos à mesa, vinte e quatro pessoas e, portanto, uma em cima da outra, no verdadeiro sentido do termo. Коли церемонія закінчилася, вони сіли за стіл, двадцять чотири особи, а отже, один на одному, в прямому сенсі цього виразу.

Les plus favorisés n’avaient que deux marmots sur les genoux. Los más afortunados solo tenían dos niños de rodillas. Найпривілейованіші мали лише двох дітей на колінах. Cependant le silence se fit dans ce petit monde à l’arrivée de la soupe, et la taciturnité naturelle, même aux gamins islandais, reprit son empire. However, silence was felt in this little world at the arrival of the soup, and natural taciturnity, even to the Icelandic children, resumed its empire. Sin embargo, el silencio cayó en este pequeño mundo con la llegada de la sopa, y la taciturnidad natural, incluso para los niños islandeses, retomó su imperio. Однак, коли принесли суп, у маленькому світі запанувала тиша, і мовчазність, притаманна навіть ісландським дітям, відновила своє панування.

L’hôte nous servit une soupe au lichen et point désagréable, puis une énorme portion de poisson sec nageant dans du beurre aigri depuis vingt ans, et par conséquent bien préférable au beurre frais, d’après les idées gastronomiques de l’Islande. The host served us a lichen soup and unpleasant point, then a huge portion of dry fish swimming in sour butter for twenty years, and therefore much preferable to fresh butter, according to the gastronomic ideas of Iceland. El anfitrión nos sirvió una sopa de líquenes y un punto desagradable, luego una enorme ración de pescado seco nadando en mantequilla agria durante veinte años, y por tanto mucho preferible a la mantequilla fresca, según las ideas gastronómicas de Islandia. Господар подав нам суп з лишайників, і він не був неприємним, а потім величезну порцію сухої риби, що плавала у вершковому маслі, яке прокисло за двадцять років, і тому, згідно з ісландськими гастрономічними уявленнями, було набагато кращим за свіже вершкове масло. Il y avait avec cela du « skyr », sorte de lait caillé, accompagné de biscuit et relevé par du jus de baies de genièvre ; enfin, pour boisson, du petit lait mêlé d’eau, nommé « blanda » dans le pays. Había un "skyr" con él, una especie de leche cuajada, acompañada de bizcocho y condimentada con jugo de bayas de enebro; finalmente, para beber, suero mezclado con agua, llamado "blanda" en el país. Існував також "скир", різновид згорнутого молока, з печивом і приправлений соком ялівцевих ягід; і, нарешті, як напій, сироватка, змішана з водою, яку в країні називали "бланда". Si cette singulière nourriture était bonne ou non, c’est ce dont je ne pus juger. If this singular food was good or not, that's what I could not judge. Si esta comida singular era buena o no, eso es lo que no pude juzgar. Смачна ця дивна їжа чи ні, я не міг судити. J’avais faim, et, au dessert, j’avalai jusqu’à la dernière bouchée une épaisse bouillie de sarrasin. Tenía hambre y, de postre, me tragué una espesa papilla de trigo sarraceno hasta el último bocado. Eu estava com fome e, como sobremesa, engoli o mingau de trigo sarraceno até a última mordida. Я був голодний, і на десерт проковтнув все до останнього шматочка густої гречаної каші. Le repas terminé, les enfants disparurent ; les grandes personnes entourèrent le foyer où brûlaient de la tourbe, des bruyères, du fumier de vache et des os de poissons desséchés. When the meal was over, the children disappeared; the grown-ups surrounded the hearth, where peat, heather, cow manure, and dried fish bones were burning. Cuando terminó la comida, los niños desaparecieron; los adultos rodeaban el hogar, donde ardían turba, brezos, estiércol de vaca y huesos de pescado secos. Quando a refeição acabou, as crianças desapareceram; os adultos cercaram a lareira, onde turfa, urze, esterco de vaca e ossos de peixe secos queimavam. Коли вечеря закінчилася, діти зникли; дорослі оточили камін, в якому горіли торф, верес, коров'ячий гній і сушені риб'ячі кістки.

Puis, après cette « prise de chaleur », les divers groupes regagnèrent leurs chambres respectives. Luego, luego de esta "captura de calor", los distintos grupos regresaron a sus respectivas habitaciones. Então, após essa "onda de calor", os vários grupos voltaram para seus respectivos quartos. Після цієї "розминки" різні групи повернулися до своїх кімнат. L’hôtesse offrit de nous retirer, suivant la coutume, nos bas et nos pantalons ; mais, sur un refus des plus gracieux de notre part, elle n’insista pas, et je pus enfin me blottir dans ma couche de fourrage. La anfitriona se ofreció a quitarnos las medias y los pantalones, según la costumbre; pero, tras una cortés negativa de nuestra parte, ella no insistió, y finalmente pude acurrucarme en mi capa de forraje. A anfitriã se ofereceu para tirar nossas meias e calças, de acordo com o costume; mas, com a mais cortês recusa de nossa parte, ela não insistiu, e finalmente consegui me aninhar em minha camada de forragem. Господиня запропонувала зняти панчохи і штани, як це було прийнято, але на нашу люб'язну відмову вона не наполягала, і мені нарешті дозволили згорнутися калачиком на моєму ліжку з корму. Le lendemain, à cinq heures, nous faisions nos adieux au paysan islandais ; mon oncle eut beaucoup de peine à lui faire accepter une rémunération convenable, et Hans donna le signal du départ. Al día siguiente, a las cinco, nos despedimos del campesino islandés; mi tío tuvo grandes dificultades para conseguir que aceptara una remuneración adecuada, y Hans dio la señal de marcharse. No dia seguinte, às cinco horas, despedimo-nos do camponês islandês; meu tio teve grande dificuldade em fazer com que ele aceitasse uma remuneração adequada e Hans deu o sinal para ir embora. Наступного дня, о п'ятій годині, ми попрощалися з ісландським селянином; дядько з великими труднощами змусив його погодитися на відповідну винагороду, і Ганс дав сигнал до від'їзду.

À cent pas de Gardär, le terrain commença à changer d’aspect ; le sol devint marécageux et moins favorable à la marche. A hundred paces from Gardär, the terrain began to change; the ground became marshy and less favorable to walking. A cien pasos de Gardär, el terreno comenzó a cambiar; el terreno se volvió pantanoso y menos propicio para caminar. A cem passos de Gardär, o terreno começou a mudar; o solo tornou-se pantanoso e menos favorável para caminhadas.

Sur la droite, la série des montagnes se prolongeait indéfiniment comme un immense système de fortificationsnaturelles, dont nous suivions la contrescarpe ; souvent des ruisseaux se présentaient à franchir qu’il fallait nécessairement passer à gué et sans trop mouiller les bagages. A la derecha, la serie de montañas se extendía indefinidamente como un inmenso sistema de fortificaciones naturales, cuya contraescarpa seguíamos; A menudo había que cruzar arroyos que era necesario vadear sin mojar demasiado el equipaje. À direita, a série de montanhas continuava indefinidamente como um imenso sistema de fortificações naturais, das quais seguíamos a contra-escarpa; Muitas vezes havia riachos a cruzar, os quais era necessário vadear sem molhar muito a bagagem. Праворуч нескінченно тягнулася низка гір, схожа на величезну систему природних укріплень, якими ми йшли по контркарпу; часто доводилося переходити струмки, які обов'язково доводилося переходити вбрід, не намочивши при цьому багаж. Le désert se faisait de plus en plus profond ; quelquefois, cependant, une ombre humaine semblait fuir au loin ; si les détours de la route nous rapprochaient inopinément de l’un de ces spectres, j’éprouvais un dégoût soudain à la vue d’une tête gonflée, à peau luisante, dépourvue de cheveux, et de plaies repoussantes que trahissaient les déchirures de misérables haillons. El desierto se hizo cada vez más profundo; a veces, sin embargo, una sombra humana parecía huir en la distancia; si los desvíos de la carretera nos acercaban inesperadamente a uno de estos espectros, sentí un repugnancia repentino al ver una cabeza hinchada, piel brillante, desprovista de pelo, y heridas repulsivas traicionadas por las lágrimas de los miserables. harapos. O deserto ficou cada vez mais profundo; às vezes, porém, uma sombra humana parecia fugir à distância; se os desvios da estrada nos aproximavam inesperadamente de um desses espectros, sentia uma repulsa repentina ao ver uma cabeça inchada, pele lustrosa, sem pelos e feridas repulsivas traídas pelas lágrimas dos trapos miseráveis. Пустеля ставала все глибшою і глибшою; іноді, однак, здавалося, що вдалині промайнула людська тінь; якщо обхідні шляхи несподівано наближали нас до одного з цих привидів, я відчував раптову огиду при вигляді опухлої голови, з блискучою шкірою, позбавленою волосся, і огидними ранами, виданими сльозами жалюгідного лахміття.

La malheureuse créature ne venait pas tendre sa main déformée ; elle se sauvait, au contraire, mais pas si vite que Hans ne l’eût saluée du « saellvertu » habituel. La infortunada criatura no vino a extender su mano deformada; al contrario, se estaba escapando, pero no tan rápido como para que Hans no la saludara con el habitual "saellvertu". Нещасна істота не прийшла простягнути свою понівечену руку; навпаки, вона втекла, але не так швидко, щоб Ганс не встиг привітати її звичним "заельверту".

— « Spetelsk, disait-il.

— Un lépreux ! - ¡Un leproso!

» répétait mon oncle. Repitió mi tío. Un lépreux, répétait mon oncle.

Et ce mot seul produisait son effet répulsif. І вже одне це слово справляло свій відштовхуючий ефект.

Cette horrible affection de la lèpre est assez commune en Islande ; elle n’est pas contagieuse, mais héréditaire ; aussi le mariage est-il interdit à ces misérables. This horrible leprosy is quite common in Iceland; it's not contagious, but hereditary, so marriage is forbidden to these wretches. Ця жахлива хвороба - проказа - досить поширена в Ісландії; вона не заразна, а спадкова, тому цим нещасним заборонено вступати в шлюб. Ces apparitions n’étaient pas de nature à égayer le paysage qui devenait profondément triste ; les dernières touffes d’herbes venaient mourir sous nos pieds. These appearances were not likely to enliven the landscape, which became profoundly sad; the last tufts of grass were dying under our feet. No era probable que estas apariciones alegraran el paisaje, que se estaba volviendo profundamente triste; los últimos mechones de hierba iban a morir bajo nuestros pies. Essas aparições provavelmente não iluminariam a paisagem, que estava se tornando profundamente triste; os últimos tufos de grama estavam morrendo sob nossos pés.

Pas un arbre, si ce n’est quelques bouquets de bouleaux nains semblables à des broussailles. Not a tree, except a few dwarf birch bushes similar to scrub. No es un árbol, excepto algunos grupos de abedules enanos como matorrales. Nenhuma árvore, exceto alguns aglomerados de bétulas anãs como galhos. Жодного дерева, окрім кількох кущів карликових берізок, схожих на чагарник. Pas un animal, sinon quelques chevaux, de ceux que leur maître ne pouvait nourrir et qui erraient sur les mornes plaines. Ni un animal, si no unos pocos caballos, de los que su amo no podía alimentar y que vagaban por las llanuras lúgubres. Nem um animal, senão alguns cavalos, daqueles que seu mestre não conseguia alimentar e que vagavam nas planícies sombrias. Parfois un faucon planait dans les nuages gris et s’enfuyait à tire-d’aile vers les contrées du sud ; je me laissais aller à la mélancolie de cette nature sauvage, et mes souvenirs me ramenaient à mon pays natal. Às vezes, um falcão pairava nas nuvens cinzentas e fugia voando para as regiões do sul; Eu me deixei levar na melancolia desta natureza selvagem, e minhas memórias me trouxeram de volta ao meu país natal. Іноді яструб злітав крізь сірі хмари і відлітав у південні краї; я дозволяв меланхолії пустелі забрати мене на батьківщину. Il fallut bientôt traverser plusieurs petits fjörds sans importance, et enfin un véritable golfe ; la marée, étale alors, nous permit de passer sans attendre et de gagner le hameau d’Alftanes, situé un mille au delà. Logo tivemos que cruzar vários pequenos fjörds sem importância e, finalmente, um verdadeiro golfo; a maré então abrandou permitiu-nos passar sem demora e chegar à aldeia de Alftanes, situada uma milha mais à frente. Незабаром нам довелося перетнути кілька невеликих, неважливих фіордів і, нарешті, справжню затоку; приплив, який тоді був спокійним, дозволив нам пройти її без затримок і дістатися до села Алфтанес, розташованого за милю звідси.

Le soir, après avoir coupé à gué deux rivières riches en truites et en brochets, l’Alfa et l’Heta, nous fûmes obligés de passer la nuit dans une masure abandonnée, digne d’être hantée par tous les lutins de la mythologie scandinave ; à coup sûr le génie du froid y avait élu domicile, et il fît des siennes pendant toute la nuit. In the evening, after fording two rivers rich in trout and pike, Alfa and Heta, we were obliged to spend the night in an abandoned hut, worthy of being haunted by all the elves of Scandinavian mythology. ; certainly the genius of the cold had taken up residence there, and he made his own all night long. Ao entardecer, depois de atravessarmos dois rios ricos em trutas e lúcios, o Alfa e o Heta, fomos obrigados a pernoitar em uma cabana abandonada, digna de ser assombrados por todos os goblins da mitologia escandinava; sem dúvida o gênio do frio fixou residência ali, e ele fez sua própria residência a noite toda. Увечері, після переправи через дві багаті на форель і щуку річки, Альфу і Хету, ми були змушені заночувати в покинутій халупі, гідній того, щоб в ній мешкали всі гобліни скандинавської міфології; джин холоду, безумовно, оселився там, і він не давав нам спокою протягом всієї ночі.

La journée suivante ne présenta aucun incident particulier. Наступний день пройшов без подій. Toujours même sol marécageux, même uniformité, même physionomie triste. Завжди та сама болотиста земля, та сама одноманітність, та сама сумна фізіономія. Le soir, nous avions franchi la moitié de la distance à parcourir, et nous couchions à « l’annexia » de Krösolbt. До вечора ми подолали половину відстані і зупинилися в аннексії Krösolbt. Le 19 juin, pendant un mille environ, un terrain de lave s’étendit sous nos pieds ; cette disposition du sol est appelée « hraun » dans le pays ; la lave ridéeà la surface affectait des formes de câbles tantôt allongés, tantôt roulés sur eux-mêmes ; une immense coulée descendait des montagnes voisines, volcans actuellement éteints, mais dont ces débris attestaient la violence passée. On the 19th of June, for about a mile, a lava ground lay under our feet; this ground arrangement is called "hraun" in the country; the wrinkled lava on the surface affected forms of cables sometimes elongated, sometimes rolled on themselves; an immense flow descended from the neighboring mountains, volcanoes now extinguished, but whose remains testified to past violence. Em 19 de junho, por cerca de um quilômetro, um campo de lava se estendeu sob nossos pés; este arranjo de terras é chamado de "hraun" no país; a lava enrugada na superfície tomava a forma de cabos, às vezes alongados, às vezes enrolados sobre si mesmos; um imenso fluxo desceu das montanhas vizinhas, vulcões atualmente extintos, mas cujos escombros atestam a violência do passado. 19 червня на протязі приблизно милі під нашими ногами лежало поле лави; таке розташування землі в країні називається "граун"; зморщена на поверхні лава впливала на форми кабелів, то витягнутих, то згорнутих на себе; величезний потік спускався з сусідніх гір, вулканів, що вже згасли, але уламки яких свідчили про колишню жорстокість.

Cependant quelques fumées de source chaudes rampaient ça et là. However some hot spring smoke crawled here and there. No entanto, um pouco de fumaça de fonte termal rastejou aqui e ali. Проте де-не-де просочувалися випари гарячих джерел. Le temps nous manquait pour observer ces phénomènes ; il fallait marcher.

Bientôt le sol marécageux reparut sous le pied de nos montures ; de petits lacs l’entrecoupaient. Logo o solo pantanoso reapareceu sob os pés de nossos cavalos; pequenos lagos cruzaram com ele. Незабаром під ногами знову була болотиста земля, яку перетинали невеличкі озерця. Notre direction était alors à l’ouest ; nous avions en effet tourné la grande baie de Faxa, et la double cime blanche du Sneffels se dressait dans les nuages à moins de cinq milles. Наш напрямок тепер був на захід; ми справді повернули до великої бухти Факса, і подвійна біла вершина Снеффелс височіла в хмарах за п'ять миль звідси. Les chevaux marchaient bien ; les difficultés du sol ne les arrêtaient pas ; pourmon compte, je commençais à devenir très-fatigué ; mon oncle demeurait ferme et droit comme au premier jour ; je ne pouvais m’empêcher de l’admirer à l’égal du chasseur, qui regardait cette expédition comme une simple promenade. Os cavalos andavam bem; as dificuldades do solo não os detiveram; por minha própria conta, estava começando a ficar muito cansado; meu tio permaneceu firme e ereto como no primeiro dia; Não pude deixar de admirá-lo tanto quanto ao caçador, que considerou esta expedição um simples passeio. Коні йшли добре, труднощі ґрунту не зупиняли їх; я, зі свого боку, почав дуже втомлюватися; дядько залишався твердим і прямим, як і в перший день; я не міг не захоплюватися ним так само, як і мисливець, який дивився на цю експедицію як на просту прогулянку.

Le samedi 20 juin, à six heures du soir, nous atteignions Büdir, bourgade située sur le bord de la mer, et le guide réclamait sa paye convenue. On Saturday June 20, at six o'clock in the evening, we reached Büdir, a village located on the seashore, and the guide demanded his agreed pay. No sábado, 20 de junho, às seis horas da tarde, chegamos a Büdir, um vilarejo situado à beira-mar, e o guia exigiu o pagamento combinado. У суботу 20 червня, о шостій годині вечора, ми прибули до Бюдіра, містечка на березі моря, і гід вимагав обумовлену плату.

Mon oncle régla avec lui. Meu tio concordou com ele. Ce fut la famille même de Hans, c’est-à-dire ses oncles et cousins germains, qui nous offrit l’hospitalité ; nous fûmes bien reçus, et sans abuser des bontés de ces braves gens, je me serais volontiers refait chez eux des fatigues du voyage. It was Hans' own family, that is to say, his uncles and first cousins, who offered us hospitality; we were well received, and without abusing the kindness of these brave people, I would gladly have recovered from the fatigue of the journey with them. Foi a própria família de Hans, isto é, seus tios e primos de primeiro grau, que nos ofereceram hospitalidade; fomos bem recebidos e, sem abusar da gentileza dessas pessoas boas, eu teria com prazer me recuperado do cansaço da viagem em casa. Родина Ганса, тобто його дядьки і двоюрідні брати, запропонували нам гостинність; нас добре прийняли, і, не зловживаючи добротою цих добрих людей, я б із задоволенням відновив сили після втоми від подорожі. Mais mon oncle, qui n’avait rien à refaire, ne l’entendait pas ainsi, et le lendemain il fallut enfourcher de nouveau nos bonnes bêtes. Mas meu tio, que não tinha nada a ver com isso, não entendia assim, e no dia seguinte tivemos que montar de novo em nossos bons animais. Але мій дядько, якому не було чим зайнятися, так не вважав, і наступного дня нам довелося знову сідати на коня. Le sol se ressentait du voisinage de la montagne dont les racines de granit sortaient de terre, comme celles d’un vieux chêne. The soil was felt by the vicinity of the mountain whose granite roots came out of the earth, like those of an old oak. O solo era sentido nas proximidades da montanha, cujas raízes de granito saíam da terra, como as de um velho carvalho. На ґрунті позначилася близькість гори, гранітне коріння якої стирчало з землі, як у старого дуба.

Nous contournions l’immense base du volcan. Le professeur ne le perdait pas des yeux ; il gesticulait, il semblait le prendre au défi et dire : « Voilà donc le géant que je vais dompter ! O professor não tirou os olhos dele; ele gesticulava, parecia desafiá-lo e dizer: "Então aqui está o gigante que vou domar!" » Enfin, après vingt-quatre heures de marche, les chevaux s’arrêtèrent d’eux-mêmes à la porte du presbytère de Stapi. "Finally, after twenty-four hours' marching, the horses stopped of their own accord at the door of the Stapi presbytery.