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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, Chapitre X

Chapitre X

Le dîner était prêt; il fut dévoré avec avidité par le professeur Lidenbrock, dont la diète forcée du bord avait changé l'estomac en un gouffre profond. Ce repas, plus danois qu'islandais, n'eut rien de remarquable en lui-même; mais notre hôte, plus islandais que danois, me rappela les héros de l'antique hospitalité. Il me parut évident que nous étions chez lui plus que lui-même.

La conversation se fit en langue indigène, que mon oncle entremêlait d'allemand et M. Fridriksson de latin, afin que je pusse la comprendre. Elle roula sur des questions scientifiques, comme il convient à des savants; mais le professeur Lidenbrock se tint sur la plus excessive réserve, et ses yeux me recommandaient, à chaque phrase, un silence absolu touchant nos projets à venir.

Tout d'abord, M. Fridriksson s'enquit auprès de mon oncle du résultat de ses recherches à la bibliothèque.

«Votre bibliothèque! s'écria ce dernier, elle ne se compose que de livres dépareillés sur des rayons presque déserts.

—Comment! répondit M. Fridriksson, nous possédons huit mille volumes dont beaucoup sont précieux et rares, des ouvrages en vieille langue Scandinave, et toutes les nouveautés dont Copenhague nous approvisionne chaque année.

—Où prenez-vous ces huit mille volumes? Pour mon compte…

—Oh! monsieur Lidenbrock, ils courent le pays; on a le goût de l'étude dans notre vieille île de glace! Pas un fermier, pas un pêcheur qui ne sache lire et ne lise. Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derrière une grille de fer, loin des regards curieux, sont destinés à s'user sous les yeux des lecteurs. Aussi ces volumes passent-ils de main en main, feuilletés, lus et relus, et souvent ils ne reviennent à leur rayon qu'après un an ou deux d'absence.

—En attendant, répondit mon oncle avec un certain dépit, les étrangers…

—Que voulez-vous! les étrangers ont chez eux leurs bibliothèques, et, avant tout, il faut que nos paysans s'instruisent. Je vous le répète, l'amour de l'étude est dans le sang islandais. Aussi, en 1816, nous avons fondé une Société Littéraire qui va bien; des savants étrangers s'honorent d'en faire partie; elle publie des livres destinés à l'éducation de nos compatriotes et rend de véritables services au pays. Si vous voulez être un de nos membres correspondants, monsieur Lidenbrock, vous nous ferez le plus grand plaisir.»

Mon oncle, qui appartenait déjà à une centaine de sociétés scientifiques, accepta avec une bonne grâce dont fut touché M. Fridriksson.

«Maintenant, reprit celui-ci, veuillez m'indiquer les livres que vous espériez trouver à notre bibliothèque, et je pourrai peut-être vous renseigner à leur égard.»

Je regardai mon oncle. Il hésita à répondre. Cela touchait directement à ses projets. Cependant, après avoir réfléchi, il se décida à parler.

«Monsieur Fridriksson, dit-il, je voulais savoir si, parmi les ouvrages anciens, vous possédiez ceux d'Arne Saknussemm?

—Arne Saknussemm! répondit le professeur de Reykjawik; vous voulez parler de ce savant du seizième siècle, à la fois grand naturaliste, grand alchimiste et grand voyageur?

—Précisément

—Une des gloires de la littérature et de la science islandaises?

—Comme vous dites.

—Un homme illustre entre tous?

—Je vous l'accorde.

—Et dont l'audace égalait le génie?

—Je vois que vous le connaissez bien.» Mon oncle nageait dans la joie à entendre parler ainsi de son héros. Il dévorait des yeux M. Fridriksson.

«Eh bien! demanda-t-il, ses ouvrages?

—Ah! ses ouvrages, nous ne les avons pas!

—Quoi! en Islande?

—Ils n'existent ni en Islande ni ailleurs.

—Et pourquoi?

—Parce que Arne Saknussemm fut persécuté pour cause d'hérésie, et qu'en 1573 ses ouvrages furent brûlés à Copenhague par la main du bourreau.

—Très bien! Parfait! s'écria mon oncle, au grand scandale du professeur de sciences naturelles.

—Hein? fit ce dernier.

—Oui! tout s'explique, tout s'enchaîne, tout est clair, et je comprends pourquoi Saknussemm, mis à l'index et forcé de cacher les découvertes de son génie, a dû enfouir dans un incompréhensible cryptogramme le secret…

—Quel secret? demanda vivement M. Fridriksson.

—Un secret qui… dont…, répondit mon oncle en balbutiant.

—Est-ce que vous auriez quelque document particulier? reprit notre hôte.

—Non. Je faisais une pure supposition.

—Bien, répondît M. Fridriksson, qui eut la bonté de ne pas insister en voyant le trouble de son interlocuteur. J'espère, ajouta-t-il, que vous ne quitterez pas notre île sans avoir puisé à ses richesses minéralogiques?

—Certes, répondit mon oncle; mais j'arrive un peu tard; des savants ont déjà passé par ici?

—Oui, monsieur Lidenbrock; les travaux de MM. Olafsen et Povelsen exécutés par ordre du roi, les études de Troïl, la mission scientifique de MM. Gaimard et Robert, à bord de la corvette française la Recherche[1], et dernièrement, les observations des savants embarqués sur la frégate la Reine-Hortense, ont puissamment contribué à la reconnaissance de l'Islande. Mais, croyez-moi, il y a encore à faire.

[1] La Recherche fut envoyée en 1835 par l'amiral Duperré pour retrouver les traces d'une expédition perdue, celle de M. de Blosseville et de la Lilloise, dont on n'a jamais eu de nouvelles.

—Vous pensez? demanda mon oncle d'un air bonhomme, en essayant de modérer l'éclair de ses yeux.

—Oui. Que de montagnes, de glaciers, de volcans à étudier, qui sont peu connus! Et tenez, sans aller plus loin, voyez ce mont qui s'élève à l'horizon; c'est le Sneffels.

—Ah! fit mon oncle, le Sneffels.

—Oui, l'un des volcans les plus curieux et dont on visite rarement le cratère.

—Éteint?

—Oh! éteint depuis cinq cents ans.

—Eh bien! répondit mon oncle, qui se croisait frénétiquement les jambes pour ne pas sauter en l'air, j'ai envie de commencer mes études géologiques par ce Seffel… Fessel… comment dites-vous?

—Sneffels, reprit l'excellent M. Fridriksson.»

Cette partie de la conversation avait eu lieu en latin; j'avais tout compris, et je gardais à peine mon sérieux à voir mon oncle contenir sa satisfaction qui débordait de toutes parts; il prenait un petit air innocent qui ressemblait à la grimace d'un vieux diable.

«Oui, fit-il, vos paroles me décident; nous essayerons de gravir ce Sneffels, peut-être même d'étudier son cratère!

—Je regrette bien, répondit M. Fridriksson, que mes occupations ne me permettent pas de m'absenter; je vous aurais accompagné avec plaisir et profit.

—Oh! non, oh! non, répondit vivement mon oncle; nous ne voulons déranger personne, monsieur Fridriksson; je vous remercie de tout mon coeur. La présence d'un savant tel que vous eût été très utile, mais les devoirs de votre profession…»

J'aime à penser que notre hôte, dans l'innocence de son âme islandaise, ne comprit pas les grosses malices de mon oncle.

«Je vous approuve fort, monsieur Lidenbrock, dit-il, de commencer par ce volcan; vous ferez là une ample moisson d'observations curieuses. Mais, dites-moi, comment comptez-vous gagner la presqu'île de Sneffels!

—Par mer, en traversant la baie. C'est la route la plus rapide.

—Sans doute; mais elle est impossible à prendre.

—Pourquoi?

—Parce que nous n'avons pas un seul canot à Reykjawik.

—Diable!

—Il faudra aller par terre, en suivant la côte. Ce sera plus long, mais plus intéressant.

—Bon. Je verrai à me procurer un guide.

—J'en ai précisément un à vous offrir.

—Un homme sûr, intelligent?

—Oui, un habitant de la presqu'île. C'est un chasseur d'eider, fort habile, et dont vous serez content. Il parle parfaitement le danois.

—Et quand pourrai-je le voir?

—Demain, si cela vous plaît.

—Pourquoi pas aujourd'hui?

—C'est qu'il n'arrive que demain.

—A demain donc,» répondit mon oncle avec un soupir.

Cette importante conversation se termina quelques instants plus tard par de chaleureux remerciments du professeur allemand au professeur islandais. Pendant ce dîner, mon oncle venait d'apprendre des choses importantes, entre autres l'histoire de Saknussemm, la raison de son document mystérieux, comme quoi son hôte ne l'accompagnerait pas dans son expédition, et que dès le lendemain un guide serait à ses ordres.

Chapitre X Kapitel X Chapter X Capítulo X Capítulo X

Le dîner était prêt; il fut dévoré avec avidité par le professeur Lidenbrock, dont la diète forcée du bord avait changé l’estomac en un gouffre profond. Dinner was ready; he was eagerly devoured by Professor Lidenbrock, whose forced diet on the brim had turned his stomach into a deep chasm. La cena estaba lista; fue devorado con avidez por el profesor Lidenbrock, cuya dieta forzada a bordo había convertido su estómago en un profundo abismo. O jantar estava pronto; foi avidamente devorado pelo professor Lidenbrock, cuja dieta forçada no limite havia transformado seu estômago em um abismo profundo. Вечеря була готова, і професор Ліденброк жадібно поглинув її, оскільки вимушена дієта на борту перетворила його шлунок на глибоку прірву. Ce repas, plus danois qu’islandais, n’eut rien de remarquable en lui-même; mais notre hôte, plus islandais que danois, me rappela les héros de l’antique hospitalité. Esta comida, más danesa que islandesa, no tenía nada de extraordinario en sí misma; pero nuestro anfitrión, más islandés que danés, me recordó a los héroes de la antigua hospitalidad. Ця трапеза, більше данська, ніж ісландська, сама по собі була нічим особливим, але наш господар, більше ісландський, ніж данський, нагадав мені героїв стародавньої гостинності. Il me parut évident que nous étions chez lui plus que lui-même. It was obvious to me that we were at home more than himself. Me parecía obvio que estábamos más en su lugar que en él. Мені було зрозуміло, що ми перебуваємо в його домі більше, ніж він сам.

La conversation se fit en langue indigène, que mon oncle entremêlait d’allemand et M. Fridriksson de latin, afin que je pusse la comprendre. The conversation was in the native language, which my uncle intermingled with German, and M. Fridriksson of Latin, so that I could understand it. La conversación se desarrolló en el idioma nativo, que mi tío mezcló con alemán y el Sr. Fridriksson con latín, para que yo pudiera entenderlo. Elle roula sur des questions scientifiques, comme il convient à des savants; mais le professeur Lidenbrock se tint sur la plus excessive réserve, et ses yeux me recommandaient, à chaque phrase, un silence absolu touchant nos projets à venir. Pasó a cuestiones científicas, como corresponde a los científicos; pero el profesor Lidenbrock se mantuvo en la más excesiva reserva, y sus ojos me recomendaban, con cada frase, un silencio absoluto sobre nuestros planes futuros. Она пошла по научным вопросам, как и у ученых; но профессор Лиденброк стоял на самом избыточном резерве, и его глаза рекомендовали мне, в каждой фразе, абсолютную тишину относительно наших будущих планов. Розмова перейшла на наукові питання, як і належить вченому, але професор Ліденброк був надзвичайно стриманий, і його очі кожним реченням застерігали мене, щоб я абсолютно мовчав про наші майбутні плани.

Tout d’abord, M. Fridriksson s’enquit auprès de mon oncle du résultat de ses recherches à la bibliothèque. First of all, Mr. Fridriksson inquired of my uncle about the results of his research at the library. Primero, el Sr. Fridriksson le preguntó a mi tío sobre los resultados de su investigación en la biblioteca. Primeiro, o Sr. Fridriksson perguntou ao meu tio sobre os resultados de sua pesquisa na biblioteca.

«Votre bibliothèque! “Sua biblioteca! s’écria ce dernier, elle ne se compose que de livres dépareillés sur des rayons presque déserts. exclaimed the latter; it consists only of mismatched books on almost deserted shelves. gritó este último, `` se trata sólo de libros desparejos en estantes casi desiertos. gritou o último. У ній немає нічого, окрім розрізнених книжок на майже безлюдних полицях.

—Comment! répondit M. Fridriksson, nous possédons huit mille volumes dont beaucoup sont précieux et rares, des ouvrages en vieille langue Scandinave, et toutes les nouveautés dont Copenhague nous approvisionne chaque année. respondió el Sr. Fridriksson, "tenemos ocho mil volúmenes, muchos de los cuales son preciosos y raros, obras en el antiguo idioma escandinavo y todas las novedades que Copenhague nos proporciona cada año.

—Où prenez-vous ces huit mille volumes? Where do you take these eight thousand volumes? -Звідки у вас ці вісім тисяч томів? Pour mon compte… For my account ... Por minha conta ...

—Oh! monsieur Lidenbrock, ils courent le pays; on a le goût de l’étude dans notre vieille île de glace! Mr. Lidenbrock, they run the country; we have a taste for study in our old ice island! Sr. Lidenbrock, ellos dirigen el país; ¡Tenemos gusto por estudiar en nuestra vieja isla de hielo! Пане Ліденброк, вони бігають по всій країні; у нас є смак до навчання на нашому старому крижаному острові! Pas un fermier, pas un pêcheur qui ne sache lire et ne lise. Not a farmer, not a fisherman who can not read and read. No un granjero, no un pescador que no sabe leer y no lee. Не фермер, не рибалка, який не вміє читати і не читає. Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derrière une grille de fer, loin des regards curieux, sont destinés à s’user sous les yeux des lecteurs. We think that books, instead of being moldy behind an iron gate, far from curious eyes, are destined to wear out before the eyes of readers. Creemos que los libros, en lugar de amoldarse detrás de una rejilla de hierro, lejos de los ojos curiosos, están destinados a desgastarse ante los ojos de los lectores. Acreditamos que os livros, em vez de se moldarem atrás de uma grade de ferro, longe dos olhos curiosos, estão fadados a se desgastar aos olhos dos leitores. Ми віримо, що книги, замість того, щоб гнити за залізною решіткою, далеко від цікавих очей, приречені зношуватися на очах читачів. Aussi ces volumes passent-ils de main en main, feuilletés, lus et relus, et souvent ils ne reviennent à leur rayon qu’après un an ou deux d’absence. Así que estos volúmenes pasan de mano en mano, se hojean, se leen y se releen y, a menudo, no vuelven a sus estantes hasta después de uno o dos años de ausencia. Além disso, esses volumes passam de mão em mão, folheados, lidos e relidos, e muitas vezes eles só voltam para sua estante depois de um ou dois anos de ausência. Тож ці томи передаються з рук в руки, гортаються, читаються і перечитуються, і часто повертаються на полиці лише після року-двох відсутності.

—En attendant, répondit mon oncle avec un certain dépit, les étrangers… "Mientras tanto", respondió mi tío con cierta molestia, "extranjeros ..." Тим часом, - відповів дядько з деяким роздратуванням, - іноземці...

—Que voulez-vous! -¡Qué queréis! -Що ти хочеш? les étrangers ont chez eux leurs bibliothèques, et, avant tout, il faut que nos paysans s’instruisent. los extranjeros tienen sus bibliotecas en casa y, sobre todo, hay que educar a nuestros campesinos. os estrangeiros têm suas bibliotecas em casa e, acima de tudo, nossos camponeses devem ser educados. іноземці мають свої бібліотеки вдома, а наші селяни, перш за все, повинні бути освіченими. Je vous le répète, l’amour de l’étude est dans le sang islandais. Repito, el amor al estudio está en sangre islandesa. Aussi, en 1816, nous avons fondé une Société Littéraire qui va bien; des savants étrangers s’honorent d’en faire partie; elle publie des livres destinés à l’éducation de nos compatriotes et rend de véritables services au pays. Además, en 1816, fundamos una Sociedad Literaria que va bien; los académicos extranjeros se enorgullecen de ser parte de ella; publica libros destinados a la educación de nuestros compatriotas y presta un verdadero servicio al país. Além disso, em 1816, fundamos uma Sociedade Literária que está indo bem; estudiosos estrangeiros se orgulham de fazer parte dela; publica livros destinados à educação de nossos compatriotas e presta serviços reais ao país. Також у 1816 році ми заснували Літературне товариство, яке процвітає, до нього мають честь належати іноземні вчені, воно видає книги для освіти наших співвітчизників і надає реальні послуги країні. Si vous voulez être un de nos membres correspondants, monsieur Lidenbrock, vous nous ferez le plus grand plaisir.» Si quiere ser uno de nuestros miembros correspondientes, Sr. Lidenbrock, nos dará el mayor placer ". Якщо ви захочете стати одним з наших членів-кореспондентів, пане Ліденброк, ви зробите нам велику приємність".

Mon oncle, qui appartenait déjà à une centaine de sociétés scientifiques, accepta avec une bonne grâce dont fut touché M. Fridriksson. Mi tío, que ya pertenecía a un centenar de sociedades científicas, aceptó con una amabilidad que conmovió al señor Fridriksson. Meu tio, que já pertencia a uma centena de sociedades científicas, aceitou com uma graça gentil que comoveu o Sr. Fridriksson.

«Maintenant, reprit celui-ci, veuillez m’indiquer les livres que vous espériez trouver à notre bibliothèque, et je pourrai peut-être vous renseigner à leur égard.» "Now," he said, "tell me what books you hope to find at our library, and I may be able to inform you about them." "Ahora", continuó este último, "por favor, dígame qué libros esperaba encontrar en nuestra biblioteca, y yo podría contarle sobre ellos". "Agora", continuou o último, "por favor, diga-me quais livros você esperava encontrar em nossa biblioteca, e talvez eu possa falar sobre eles." А тепер, - сказав останній, - скажіть, будь ласка, які книги ви сподівалися знайти в нашій бібліотеці, і я, можливо, зможу вам про них розповісти.

Je regardai mon oncle. Miré a mi tío. Il hésita à répondre. Dudó en responder. Cela touchait directement à ses projets. This directly affected his projects. Afectó directamente a sus proyectos. Cependant, après avoir réfléchi, il se décida à parler. Sin embargo, después de pensarlo, decidió hablar.

«Monsieur Fridriksson, dit-il, je voulais savoir si, parmi les ouvrages anciens, vous possédiez ceux d’Arne Saknussemm? —Señor Fridriksson —dijo—, quería saber si, entre las obras antiguas, tenía las de Arne Saknussemm.

—Arne Saknussemm! répondit le professeur de Reykjawik; vous voulez parler de ce savant du seizième siècle, à la fois grand naturaliste, grand alchimiste et grand voyageur? respondió el profesor de Reykjawik; ¿Te refieres a este científico del siglo XVI, al mismo tiempo un gran naturalista, un gran alquimista y un gran viajero? respondeu o professor de Reykjawik; você se refere a esse cientista do século dezesseis, ao mesmo tempo um grande naturalista, um grande alquimista e um grande viajante?

—Précisément

—Une des gloires de la littérature et de la science islandaises? —¿Una de las glorias de la literatura y la ciencia islandesas?

—Comme vous dites. -Як скажете.

—Un homme illustre entre tous? "¿Un hombre ilustre entre todos? “Um homem ilustre entre todos? -Відома людина серед усіх?

—Je vous l’accorde. -I grant you. -Te concedo. -Я дам тобі це.

—Et dont l’audace égalait le génie? And whose audacity equaled genius? "¿Y la audacia de quién igualaba al genio?" -А чия сміливість дорівнювала його геніальності?

—Je vois que vous le connaissez bien.» Mon oncle nageait dans la joie à entendre parler ainsi de son héros. Veo que lo conoces bien. Mi tío estaba nadando de alegría al escuchar a su héroe hablar así. Il dévorait des yeux M. Fridriksson.

«Eh bien! demanda-t-il, ses ouvrages? he asked, his works?

—Ah! ses ouvrages, nous ne les avons pas! sus obras, ¡no las tenemos! У нас немає його книг!

—Quoi! en Islande?

—Ils n’existent ni en Islande ni ailleurs. “They don't exist in Iceland or elsewhere. “No existen en Islandia ni en ningún otro lugar.

—Et pourquoi?

—Parce que Arne Saknussemm fut persécuté pour cause d’hérésie, et qu’en 1573 ses ouvrages furent brûlés à Copenhague par la main du bourreau. -Because Arne Saknussemm was persecuted for heresy, and in 1573 his works were burnt in Copenhagen by the hand of the executioner. —Porque Arne Saknussemm fue perseguido por herejía, y en 1573 sus obras fueron quemadas en Copenhague por la mano del verdugo. —Porque Arne Saknussemm foi perseguido por heresia, e que em 1573 suas obras foram queimadas em Copenhague pelas mãos do carrasco.

—Très bien! -Дуже добре! Parfait! s’écria mon oncle, au grand scandale du professeur de sciences naturelles. gritó mi tío, para gran escándalo del profesor de ciencias naturales.

—Hein? fit ce dernier. dijo este último.

—Oui! tout s’explique, tout s’enchaîne, tout est clair, et je comprends pourquoi Saknussemm, mis à l’index et forcé de cacher les découvertes de son génie, a dû enfouir dans un incompréhensible cryptogramme le secret… everything is explained, everything is linked, everything is clear, and I understand why Saknussemm, blacklisted and forced to hide the discoveries of his genius, had to bury the secret in an incomprehensible cryptogram ... todo está explicado, todo enlazado, todo está claro, y entiendo por qué Saknussemm, en la lista negra y obligado a ocultar los descubrimientos de su genio, tuvo que enterrar el secreto en un criptograma incomprensible ... tudo está explicado, tudo está ligado, tudo está claro, e eu entendo porque Saknussemm, na lista negra e forçado a esconder as descobertas de seu gênio, teve que enterrar o segredo em um criptograma incompreensível ... все пояснюється, все пов'язано, все зрозуміло, і я розумію, чому Сакнуссемм, занесений до чорного списку і змушений приховувати відкриття свого генія, мусив ховати таємницю в незрозумілій криптограмі...

—Quel secret? demanda vivement M. Fridriksson.

—Un secret qui… dont…, répondit mon oncle en balbutiant. "Un secreto que ... que ..." respondió mi tío, tartamudeando.

—Est-ce que vous auriez quelque document particulier? -Do you have any particular document? “¿Tiene algún documento en particular? -У вас є якийсь конкретний документ? reprit notre hôte. respondió nuestro anfitrión.

—Non. Je faisais une pure supposition. Solo estaba adivinando.

—Bien, répondît M. Fridriksson, qui eut la bonté de ne pas insister en voyant le trouble de son interlocuteur. "Well," answered Mr. Fridriksson, who was kind enough not to insist on seeing the trouble of his interlocutor. "Bien", respondió Fridriksson, quien tuvo la amabilidad de no insistir cuando vio la confusión de su interlocutor. Добре, - відповів пан Фрідрікссон, який був досить люб'язний, щоб не наполягати, побачивши розгубленість свого співрозмовника. J’espère, ajouta-t-il, que vous ne quitterez pas notre île sans avoir puisé à ses richesses minéralogiques? I hope, he added, that you will not leave our island without drawing on its mineral wealth? Espero, añadió, que no abandone nuestra isla sin haber aprovechado su riqueza mineral. Espero, acrescentou ele, que você não saia de nossa ilha sem ter aproveitado suas riquezas minerais. Сподіваюся, - додав він, - що ви не покинете наш острів, не скориставшись його мінеральними багатствами?

—Certes, répondit mon oncle; mais j’arrive un peu tard; des savants ont déjà passé par ici? "That's right," replied my uncle; but I arrive a little late; scholars have already been here? "Ciertamente", respondió mi tío; pero llego un poco tarde; los científicos ya han pasado por aquí? Звичайно, - відповів дядько, - але я трохи запізнююся, чи не пройшли тут уже якісь науковці?

—Oui, monsieur Lidenbrock; les travaux de MM. “Sí, señor Lidenbrock; el trabajo de MM. Olafsen et Povelsen exécutés par ordre du roi, les études de Troïl, la mission scientifique de MM. Olafsen y Povelsen ejecutaron por orden del rey, los estudios de Troïl, la misión científica de MM. Olafsen e Povelsen executaram por ordem do rei, os estudos de Troïl, a missão científica de MM. Gaimard et Robert, à bord de la corvette française la Recherche[1], et dernièrement, les observations des savants embarqués sur la frégate la Reine-Hortense, ont puissamment contribué à la reconnaissance de l’Islande. Gaimard y Robert, a bordo de la corbeta francesa la Recherche [1], y recientemente, las observaciones de los científicos a bordo de la fragata la Reine-Hortense, han contribuido enormemente al reconocimiento de Islandia. Gaimard e Robert, a bordo da corveta francesa la Recherche [1], e recentemente, as observações de cientistas a bordo da fragata la Reine-Hortense, contribuíram muito para o reconhecimento da Islândia. Mais, croyez-moi, il y a encore à faire. But, believe me, there is still more to do. Але, повірте, це ще не все.

[1] La Recherche fut envoyée en 1835 par l’amiral Duperré pour retrouver les traces d’une expédition perdue, celle de M. de Blosseville et de la Lilloise, dont on n’a jamais eu de nouvelles. [1] "Пошук" був відправлений у 1835 році адміралом Дюперре на пошуки слідів зниклої експедиції М. де Блоссевіля та "Лілуаз", про яку ніколи не було жодних звісток.

—Vous pensez? demanda mon oncle d’un air bonhomme, en essayant de modérer l’éclair de ses yeux. preguntó mi tío amablemente, tratando de moderar el destello de sus ojos. добродушно запитав дядько, намагаючись стримати спалах своїх очей.

—Oui. Que de montagnes, de glaciers, de volcans à étudier, qui sont peu connus! ¡Cuántas montañas, glaciares y volcanes para estudiar, que son poco conocidos! Скільки маловідомих гір, льодовиків і вулканів можна вивчити! Et tenez, sans aller plus loin, voyez ce mont qui s’élève à l’horizon; c’est le Sneffels. And hold on, without going farther, see this mount rising on the horizon; it's the Sneffels. Y agárrate, sin ir más lejos, mira esta montaña que se eleva en el horizonte; estos son los Sneffels.

—Ah! fit mon oncle, le Sneffels. dijo mi tío, los Sneffels.

—Oui, l’un des volcans les plus curieux et dont on visite rarement le cratère. -Yes, one of the most curious volcanoes and of which we rarely visit the crater. “Sí, uno de los volcanes más curiosos y cuyo cráter rara vez se visita.

—Éteint? -Off?

—Oh! éteint depuis cinq cents ans. extinto durante quinientos años.

—Eh bien! répondit mon oncle, qui se croisait frénétiquement les jambes pour ne pas sauter en l’air, j’ai envie de commencer mes études géologiques par ce Seffel… Fessel… comment dites-vous? respondió mi tío, que cruzaba las piernas frenéticamente para no saltar en el aire, quiero comenzar mis estudios geológicos con este Seffel… Fessel… como dices?

—Sneffels, reprit l’excellent M. Fridriksson.»

Cette partie de la conversation avait eu lieu en latin; j’avais tout compris, et je gardais à peine mon sérieux à voir mon oncle contenir sa satisfaction qui débordait de toutes parts; il prenait un petit air innocent qui ressemblait à la grimace d’un vieux diable. Esta parte de la conversación se había desarrollado en latín; Lo había entendido todo, y apenas mantuve mi seriedad al ver a mi tío contener su satisfacción que desbordaba por todos lados; asumió un aire inocente que se parecía a la mueca de un viejo diablo. Esta parte da conversa ocorreu em latim; Eu havia entendido tudo e mal mantive minha seriedade ao ver meu tio conter sua satisfação que transbordava por todos os lados; ele assumiu um ar inocente que lembrava a careta de um velho demônio.

«Oui, fit-il, vos paroles me décident; nous essayerons de gravir ce Sneffels, peut-être même d’étudier son cratère! "Yes," he said, "your words decide me; we will try to climb this Sneffels, maybe even to study its crater! “Sí”, dijo, “tus palabras me deciden; intentaremos escalar este Sneffels, ¡tal vez incluso para estudiar su cráter! Так, - сказав він, - твої слова вирішили мене; ми спробуємо піднятися на цей Снеффельс, можливо, навіть дослідити його кратер!

—Je regrette bien, répondit M. Fridriksson, que mes occupations ne me permettent pas de m’absenter; je vous aurais accompagné avec plaisir et profit. “Lamento mucho”, respondió el Sr. Fridriksson, “que mis ocupaciones no me permitan estar ausente; Te hubiera acompañado con gusto y provecho. Мені дуже шкода, - відповів пан Фрідрікссон, - що моя робота не дозволяє мені бути відсутнім; я б із задоволенням і користю супроводжував вас.

—Oh! non, oh! non, répondit vivement mon oncle; nous ne voulons déranger personne, monsieur Fridriksson; je vous remercie de tout mon coeur. não, respondeu meu tio rapidamente; não queremos incomodar ninguém, Sr. Fridriksson; obrigado de todo meu coração. La présence d’un savant tel que vous eût été très utile, mais les devoirs de votre profession…» La presencia de un erudito como tú hubiera sido muy útil, pero los deberes de tu profesión… ” Присутність такого науковця, як ви, була б дуже корисною, але обов'язки вашої професії..."

J’aime à penser que notre hôte, dans l’innocence de son âme islandaise, ne comprit pas les grosses malices de mon oncle. I like to think that our host, in the innocence of his Icelandic soul, did not understand the great malice of my uncle. Me gusta pensar que nuestro anfitrión, en la inocencia de su alma islandesa, no comprendió las graves travesuras de mi tío.

«Je vous approuve fort, monsieur Lidenbrock, dit-il, de commencer par ce volcan; vous ferez là une ample moisson d’observations curieuses. "I am very grateful, Mr. Lidenbrock," he said, "to begin with this volcano; you will make there an ample harvest of curious observations. “Lo apruebo firmemente, Sr. Lidenbrock”, dijo, “para comenzar con este volcán; allí cosechará una amplia cosecha de curiosas observaciones. "Eu o aprovo fortemente, Sr. Lidenbrock", disse ele, "para começar com este vulcão; lá você colherá uma ampla colheita de observações curiosas. Mais, dites-moi, comment comptez-vous gagner la presqu’île de Sneffels! But, tell me, how do you expect to reach the peninsula of Sneffels! Pero, dígame, ¿cómo piensa llegar a la península de Sneffels? Mas, diga-me, como você planeja chegar à península de Sneffels! Але, скажіть, як ви збираєтеся дістатися до півострова Шнефельс?

—Par mer, en traversant la baie. -By sea, across the bay. “Por mar, cruzando la bahía. C’est la route la plus rapide. This is the fastest route. Es la ruta más rápida.

—Sans doute; mais elle est impossible à prendre. -Sin duda; pero es imposible de tomar. -Без сумніву, але це неможливо взяти.

—Pourquoi?

—Parce que nous n’avons pas un seul canot à Reykjawik. “Porque no tenemos una sola canoa en Reykjawik. “Porque não temos uma única canoa em Reykjawik. -Тому що у нас немає жодного каное в Рейк'явіку.

—Diable!

—Il faudra aller par terre, en suivant la côte. “Tendremos que ir por tierra, siguiendo la costa. Ce sera plus long, mais plus intéressant.

—Bon. Je verrai à me procurer un guide. I will see to get a guide. Я подивлюся, чи можна дістати путівник.

—J’en ai précisément un à vous offrir. “Solo tengo uno para ofrecerle. “Eu só tenho um para lhe oferecer. -У мене є лише одна пропозиція.

—Un homme sûr, intelligent? "¿Un hombre inteligente y confiable?" -Безпечний, розумний чоловік?

—Oui, un habitant de la presqu’île. “Sí, un habitante de la península. C’est un chasseur d’eider, fort habile, et dont vous serez content. He is an eider hunter, very skilful, and you will be happy. Es un cazador de eider muy hábil, y estarás feliz con él. Ele é um caçador de êider muito habilidoso e você será feliz. Il parle parfaitement le danois. Habla danés perfectamente. Він досконало володіє данською мовою.

—Et quand pourrai-je le voir? “¿Y cuándo podré verlo?

—Demain, si cela vous plaît.

—Pourquoi pas aujourd’hui?

—C’est qu’il n’arrive que demain. "No es hasta mañana.

—A demain donc,» répondit mon oncle avec un soupir. "Nos vemos mañana", respondió mi tío con un suspiro.

Cette importante conversation se termina quelques instants plus tard par de chaleureux remerciments du professeur allemand au professeur islandais. Esta importante conversación terminó momentos después con un cálido agradecimiento del profesor alemán al profesor islandés. Pendant ce dîner, mon oncle venait d’apprendre des choses importantes, entre autres l’histoire de Saknussemm, la raison de son document mystérieux, comme quoi son hôte ne l’accompagnerait pas dans son expédition, et que dès le lendemain un guide serait à ses ordres. During this dinner, my uncle had just learned some important things, including the story of Saknussemm, the reason for his mysterious document, that his guest would not accompany him on his expedition, and that the next day a guide would be at his orders. Під час цієї вечері мій дядько щойно дізнався деякі важливі речі, зокрема історію Сакнуссемма, причину таємничого документа, що його господар не буде супроводжувати його в експедиції, і що з наступного дня в його розпорядження буде надано провідника.