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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, 43

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Oui, affolée ! L'aiguille sautait d'un pôle à l'autre avec de brusques secousses, parcourait tous les points du cadran, et tournait, comme si elle eût été prise de vertige.

Je savais bien que, d'après les théories les plus acceptées, l'écorce minérale du globe, n'est jamais dans un état de repos absolu ; les modifications amenées par la décomposition des matières internes, l'agitation provenant des grands courants liquides, l'action du magnétisme, tendent à l'ébranler incessamment, alors même que les êtres disséminés à sa surface ne soupçonnent pas son agitation. Ce phénomène ne m'aurait donc pas autrement effrayé, ou du moins il n'eût pas fait naître dans mon esprit une idée terrible.

Mais d'autres faits, certains détails sui generis , ne purent me tromper plus longtemps. Les détonations se multipliaient avec une effrayante intensité ; je ne pouvais les comparer qu'au bruit que feraient un grand nombre de chariots entraînés rapidement sur le pavé. C'était un tonnerre continu.

Puis, la boussole affolée, secouée par les phénomènes électriques, me confirmait dans mon opinion ; l'écorce minérale menaçait de se rompre, les massifs granitiques de se rejoindre, la fissure de se combler, le vide de se remplir, et nous, pauvres atomes, nous allions être écrasés dans cette formidable étreinte.

« Mon oncle, mon oncle ! m'écriai-je, nous sommes perdus.

— Quelle est celle nouvelle terreur ? me répondit-il avec un calme surprenant. Qu'as-tu donc ?

— Ce que j'ai ! Observez ces murailles qui s'agitent, ce massif qui se disloque, cette chaleur torride, cette eau qui bouillonne, ces vapeurs qui s'épaississent, cette aiguille folle, tous les indices d'un tremblement de terre ! Mon oncle secoua doucement la tête

« Un tremblement de terre ? dit-il.

— Oui !

— Mon garçon, je crois que tu te trompes !

— Quoi ! vous ne reconnaissez pas ces symptômes ?…

— D'un tremblement de terre ? non ! J'attends mieux que cela !

— Que voulez-vous dire ?

— Une éruption, Axel.

— Une éruption ! dis-je ; nous sommes dans la cheminée d'un volcan en activité !

— Je le pense, dit le professeur en souriant, et c'est ce qui peut nous arriver de plus heureux ! De plus heureux ! Mon oncle était-il donc devenu fou ? Que signifiaient ces paroles ? pourquoi ce calme et ce sourire ?

« Comment ! m'écriai-je, nous sommes pris dans une éruption ! la fatalité nous a jetés sur le chemin des laves incandescentes, des roches en feu, des eaux bouillonnantes, de toutes les matières éruptives ! nous allons être repoussés, expulsés, rejetés, vomis, lancés dans les airs avec les quartiers de rocs, les pluies de cendres et de scories, dans un tourbillon de flammes ! et c'est ce qui peut nous arriver de plus heureux !

— Oui, répondit le professeur en me regardant par-dessus ses lunettes, car c'est la seule chance que nous ayons de revenir à la surface de la terre ! Je passe rapidement sur les mille idées qui se croisèrent dans mon cerveau. Mon oncle avait raison, absolument raison, et jamais il ne me parut ni plus audacieux ni plus convaincu qu'en ce moment, où il attendait et supputait avec calme les chances d'une éruption.

Cependant nous montions toujours ; la nuit se passa dans ce mouvement ascensionnel ; les fracas environnants redoublaient ; j'étais presque suffoqué, je croyais toucher à ma dernière heure, et pourtant, l'imagination est si bizarre, que je me livrai à une recherche véritablement enfantine. Mais je subissais mes pensées, je ne les dominais pas !

Il était évident que nous étions rejetés par une poussée éruptive ; sous le radeau, il y avait des eaux bouillonnantes, et sous ces eaux toute une pâte de lave, un agrégat de roches qui, au sommet du cratère, se disperseraient en tous les sens. Nous étions donc dans la cheminée d'un volcan. Pas de doute à cet égard.

Mais cette fois, au lieu du Sneffels, volcan éteint, il s'agissait d'un volcan en pleine activité. Je me demandai donc quelle pouvait être cette montagne et dans quelle partie du monde nous allions être expulsés.

Dans les régions septentrionales, cela ne faisait aucun doute. Avant ses affolements, la boussole n'avait jamais varié à cet égard. Depuis le cap Saknussemm, nous avions été entraînés directement au nord pendant des centaines de lieues. Or, étions-nous revenus sous l'Islande ? Devions-nous être rejetés par le cratère de l'Hécla ou par ceux des sept autres monts ignivomes de l'île ? Dans un rayon de 500 lieues, à l'ouest, je ne voyais sous ce parallèle que les volcans mal connus de la côte nord-ouest de l'Amérique. Dans l'est un seul existait sous le quatre-vingtième degré de latitude, l'Esk, dans l'île de Jean Mayen, non loin du Spitzberg ! Certes, les cratères ne manquaient pas, et ils se trouvaient assez spacieux pour vomir une armée tout entière ! Mais lequel nous servirait d'issue, c'est ce que je cherchais à deviner.

Vers le matin, le mouvement d'ascension s'accéléra. Si la chaleur s'accrut, au lieu de diminuer, aux approches de la surface du globe, c'est quelle était toute locale et due à une influence volcanique. Notre genre de locomotion ne pouvait plus me laisser aucun doute dans l'esprit. Une force énorme, une force de plusieurs centaines d'atmosphères produite par les vapeurs accumulées dans le sein de la terre, nous poussait irrésistiblement. Mais à quels dangers innombrables elle nous exposait !

Bientôt des reflets fauves pénétrèrent dans la galerie verticale qui s'élargissait ; j'apercevais à droite et à gauche des couloirs profonds semblables à d'immenses tunnels d'où s'échappaient des vapeurs épaisses ; des langues de flammes en léchaient les parois en pétillant.

« Voyez ! voyez, mon oncle ! m'écriai-je.

— Eh bien ! ce sont des flammes sulfureuses Rien de plus naturel dans une éruption.

— Mais si elles nous enveloppent ?

— Elles ne nous envelopperont pas.

— Mais si nous étouffons ?

— Nous n'étoufferons pas. La galerie s'élargit et, s'il le faut, nous abandonnerons le radeau pour nous abriter dans quelque crevasse.

— Et l'eau ! et l'eau montante ?

— Il n'y a plus d'eau, Axel, mais une sorte de pâte lavique qui nous soulève avec elle jusqu'à l'orifice du cratère. La colonne liquide avait effectivement disparu pour faire place à des matières éruptives assez denses, quoique bouillonnantes. La température devenait insoutenable, et un thermomètre exposé dans cette atmosphère eût marqué plus de soixante-dix degrés ! La sueur m'inondait. Sans la rapidité de l'ascension, nous aurions été certainement étouffés.

Cependant le professeur ne donna pas suite à sa proposition d'abandonner le radeau, et il fit bien. Ces quelques poutres mal jointes offraient une surface solide, un point d'appui qui nous eût manqué partout ailleurs.

Vers huit heures du matin, un nouvel incident se produisit pour la première fois. Le mouvement ascensionnel cessa tout à coup. Le radeau demeura absolument immobile.

« Qu'est-ce donc ? demandais-je, ébranlé par cet arrêt subit comme par un choc.

— Une halte, répondit mon oncle.

— Est-ce l'éruption qui se calme ?

— J'espère bien que non. Je me levai. J'essayai de voir autour de moi. Peut-être le radeau, arrêté par une saillie de roc, opposait-il une résistance momentanée à la masse éruptive. Dans ce cas, il fallait se hâter de le dégager au plus vite.

Il n'en était rien. La colonne de cendres, de scories et de débris pierreux avait elle-même cessé de monter.

« Est-ce que l'éruption s'arrêterait ? m'écriai-je.

— Ah ! fît mon oncle les dents serrées, tu le crains, mon garçon ; mais rassure-toi, ce moment de calme ne saurait se prolonger ; voilà déjà cinq minutes qu'il dure, et avant peu nous reprendrons notre ascension vers l'orifice du cratère. Le professeur, en parlant ainsi, ne cessait de consulter son chronomètre, et il devait avoir encore raison dans ses pronostics. Bientôt le radeau fut repris d'un mouvement rapide et désordonné qui dura deux minutes à peu près, et il s'arrêta de nouveau.

« Bon, fît mon oncle en observant l'heure, dans dix minutes il se remettra en route.

— Dix minutes ?

— Oui. Nous avons affaire à un volcan dont l'éruption est intermittente. Il nous laisse respirer avec lui. Rien n'était plus vrai. À la minute assignée, nous fûmes lancés de nouveau avec une extrême rapidité. Il fallait se cramponner aux poutres pour ne pas être rejeté hors du radeau. Puis la poussée s'arrêta.

Depuis, j'ai réfléchi à ce singulier phénomène sans en trouver une explication satisfaisante. Toutefois il me paraît évident que nous n'occupions pas la cheminée principale du volcan, mais bien un conduit accessoire, où se faisait sentir un effet de contre-coup.

Combien de fois se reproduisit cette manœuvre, je ne saurais le dire. Tout ce que je puis affirmer, c'est qu'à chaque reprise du mouvement, nous étions lancés avec une force croissante et comme emportés par un véritable projectile. Pendant les instants de halte, on étouffait ; pendant les moments de projection, l'air brûlant me coupait la respiration. Je pensai un instant à cette volupté de me retrouver subitement dans les régions hyperboréennes par un froid de trente degrés au-dessous de zéro. Mon imagination surexcitée se promenait sur les plaines de neige des contrées arctiques, et j'aspirais au moment où je me roulerais sur les tapis glacés du pôle ! Peu à peu, d'ailleurs, ma tête, brisée par ces secousses réitérées, se perdit. Sans les bras de Hans, plus d'une fois je me serais brisé le crâne contre la paroi de granit.

Le radeau ondula sur des flots de laves.

Je n'ai donc conservé aucun souvenir précis de ce qui se passa pendant les heures suivantes. J'ai le sentiment confus de détonations continues, de l'agitation du massif, d'un mouvement giratoire dont fut pris, le radeau. Il ondula sur des flots de laves, au milieu d'une pluie de cendres. Les flammes ronflantes l'enveloppèrent. Un ouragan qu'on eût dit chassé d'un ventilateur immense activait les feux souterrains. Une dernière fois, la figure de Hans m'apparut dans un reflet d'incendie, et je n'eus plus d'autre sentiment que cette épouvante sinistre des condamnés attachés à la bouche d'un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs.

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Oui, affolée ! Yes, terrified! L’aiguille sautait d’un pôle à l’autre avec de brusques secousses, parcourait tous les points du cadran, et tournait, comme si elle eût été prise de vertige. The needle jumped from pole to pole with sudden jolts, traversed all the points of the dial, and turned, as if it had been seized with vertigo.

Je savais bien que, d’après les théories les plus acceptées, l’écorce minérale du globe, n’est jamais dans un état de repos absolu ; les modifications amenées par la décomposition des matières internes, l’agitation provenant des grands courants liquides, l’action du magnétisme, tendent à l’ébranler incessamment, alors même que les êtres disséminés à sa surface ne soupçonnent pas son agitation. Eu sabia muito bem que, de acordo com as teorias mais aceitas, a crosta mineral do globo nunca está em estado de repouso absoluto; as modificações provocadas pela decomposição das matérias internas, a agitação proveniente das grandes correntes líquidas, a ação do magnetismo, tendem a sacudi-lo incessantemente, ainda que os seres espalhados por sua superfície não suspeitem de sua agitação. Ce phénomène ne m’aurait donc pas autrement effrayé, ou du moins il n’eût pas fait naître dans mon esprit une idée terrible. Інакше це явище не налякало б мене, або, принаймні, не наштовхнуло б на жахливу думку.

Mais d’autres faits, certains détails sui generis , ne purent me tromper plus longtemps. But other facts, certain details sui generis, could not deceive me any longer. Mas outros fatos, certos detalhes sui generis, não me enganavam mais. Але інші факти, певні деталі sui generis, вже не могли мене обдурити. Les détonations se multipliaient avec une effrayante intensité ; je ne pouvais les comparer qu’au bruit que feraient un grand nombre de chariots entraînés rapidement sur le pavé. The detonations multiplied with a frightening intensity; I could only compare them to the noise that would be made by a large number of carriages driven rapidly on the pavement. As detonações se multiplicaram com intensidade assustadora; Eu só poderia compará-los ao ruído que seria feito por um grande número de carroças se arrastando rapidamente pela calçada. Детонації множилися з жахливою інтенсивністю; я міг порівняти їх лише з шумом, який створювала б велика кількість возів, що швидко їхали по тротуару. C’était un tonnerre continu.

Puis, la boussole affolée, secouée par les phénomènes électriques, me confirmait dans mon opinion ; l’écorce minérale menaçait de se rompre, les massifs granitiques de se rejoindre, la fissure de se combler, le vide de se remplir, et nous, pauvres atomes, nous allions être écrasés dans cette formidable étreinte. Então, a bússola perturbada, abalada por fenômenos elétricos, confirmou-me em minha opinião; a casca do mineral ameaçava quebrar, os maciços de granito se encontrar, a fissura para preencher, o vazio para preencher, e nós, pobres átomos, seríamos esmagados neste abraço formidável. Тоді панічно стрясаний електричними явищами компас підтвердив мою думку: мінеральна кора загрожувала розірватися, гранітні масиви з'єднатися, тріщина заповнитися, порожнеча заповнитися, і ми, бідолашні атоми, будемо розчавлені в цих грізних обіймах.

« Mon oncle, mon oncle ! m’écriai-je, nous sommes perdus.

— Quelle est celle nouvelle terreur ? me répondit-il avec un calme surprenant. Qu’as-tu donc ?

— Ce que j’ai ! - That I have ! - Що я маю! Observez ces murailles qui s’agitent, ce massif qui se disloque, cette chaleur torride, cette eau qui bouillonne, ces vapeurs qui s’épaississent, cette aiguille folle, tous les indices d’un tremblement de terre ! Mon oncle secoua doucement la tête

« Un tremblement de terre ? dit-il.

— Oui !

— Mon garçon, je crois que tu te trompes ! - Мій хлопчику, я думаю, що ти помиляєшся!

— Quoi ! vous ne reconnaissez pas ces symptômes ?…

— D’un tremblement de terre ? non ! J’attends mieux que cela ! I expect better than that! Espero mais do que isso! Я очікував більшого!

— Que voulez-vous dire ?

— Une éruption, Axel.

— Une éruption ! dis-je ; nous sommes dans la cheminée d’un volcan en activité !

— Je le pense, dit le professeur en souriant, et c’est ce qui peut nous arriver de plus heureux ! "I think so," said the professor, smiling, "and that can happen to us happier! - Гадаю, що так, - усміхнувся професор, - і це найщасливіша річ, яка може з нами трапитися! De plus heureux ! Mon oncle était-il donc devenu fou ? Que signifiaient ces paroles ? pourquoi ce calme et ce sourire ?

« Comment ! m’écriai-je, nous sommes pris dans une éruption ! la fatalité nous a jetés sur le chemin des laves incandescentes, des roches en feu, des eaux bouillonnantes, de toutes les matières éruptives ! nous allons être repoussés, expulsés, rejetés, vomis, lancés dans les airs avec les quartiers de rocs, les pluies de cendres et de scories, dans un tourbillon de flammes ! we are going to be pushed back, expelled, thrown back, vomited, thrown into the air with the quarters of rocks, the rains of ash and slag, in a whirlwind of flames! et c’est ce qui peut nous arriver de plus heureux !

— Oui, répondit le professeur en me regardant par-dessus ses lunettes, car c’est la seule chance que nous ayons de revenir à la surface de la terre ! Je passe rapidement sur les mille idées qui se croisèrent dans mon cerveau. Я швидко перерахую тисячі ідей, які прийшли мені в голову. Mon oncle avait raison, absolument raison, et jamais il ne me parut ni plus audacieux ni plus convaincu qu’en ce moment, où il attendait et supputait avec calme les chances d’une éruption.

Cependant nous montions toujours ; la nuit se passa dans ce mouvement ascensionnel ; les fracas environnants redoublaient ; j’étais presque suffoqué, je croyais toucher à ma dernière heure, et pourtant, l’imagination est si bizarre, que je me livrai à une recherche véritablement enfantine. However, we always went up; the night passed in this ascensional movement; the surrounding crash was redoubling; I was almost suffocated, I thought I was touching my last hour, and yet the imagination is so bizarre that I engaged in a truly childish search. Я майже задихався, мені здавалося, що наближається моя остання година, і все ж уява настільки химерна, що я віддався воістину дитячим пошукам. Mais je subissais mes pensées, je ne les dominais pas ! Mas eu me submeti aos meus pensamentos, não os dominei! Але я був підпорядкований своїм думкам, я не панував над ними!

Il était évident que nous étions rejetés par une poussée éruptive ; sous le radeau, il y avait des eaux bouillonnantes, et sous ces eaux toute une pâte de lave, un agrégat de roches qui, au sommet du cratère, se disperseraient en tous les sens. Era evidente que estávamos sendo jogados para trás por uma onda eruptiva; sob a jangada havia água borbulhante e, sob essas águas, toda uma pasta de lava, um agregado de rochas que, no topo da cratera, se espalharia em todas as direções. Nous étions donc dans la cheminée d’un volcan. We were therefore in the chimney of a volcano. Pas de doute à cet égard.

Mais cette fois, au lieu du Sneffels, volcan éteint, il s’agissait d’un volcan en pleine activité. Je me demandai donc quelle pouvait être cette montagne et dans quelle partie du monde nous allions être expulsés.

Dans les régions septentrionales, cela ne faisait aucun doute. У північних регіонах це не викликало сумнівів. Avant ses affolements, la boussole n’avait jamais varié à cet égard. Antes de seu pânico, a bússola nunca havia mudado a esse respeito. Depuis le cap Saknussemm, nous avions été entraînés directement au nord pendant des centaines de lieues. From Cape Saknussemm we had been dragged straight north for hundreds of leagues. Or, étions-nous revenus sous l’Islande ? Devions-nous être rejetés par le cratère de l’Hécla ou par ceux des sept autres monts ignivomes de l’île ? Should we be rejected by the Hecla crater or by those of the island's other seven fire mounts? Devemos ser rejeitados pela cratera Hecla ou pelas outras sete montarias de fogo da ilha? Dans un rayon de 500 lieues, à l’ouest, je ne voyais sous ce parallèle que les volcans mal connus de la côte nord-ouest de l’Amérique. Num raio de 500 léguas, a oeste, vi sob esse paralelo apenas os vulcões pouco conhecidos da costa noroeste da América. Dans l’est un seul existait sous le quatre-vingtième degré de latitude, l’Esk, dans l’île de Jean Mayen, non loin du Spitzberg ! Certes, les cratères ne manquaient pas, et ils se trouvaient assez spacieux pour vomir une armée tout entière ! Звісно, кратерів не бракувало, і вони були достатньо великими, щоб вивергнути цілу армію! Mais lequel nous servirait d’issue, c’est ce que je cherchais à deviner. Mas o que serviria de saída, era o que eu estava tentando adivinhar. Але який з них був би виходом, ось що я намагався з'ясувати.

Vers le matin, le mouvement d’ascension s’accéléra. Si la chaleur s’accrut, au lieu de diminuer, aux approches de la surface du globe, c’est quelle était toute locale et due à une influence volcanique. If the heat increased, instead of diminishing, at the approaches of the surface of the globe, it was all local and due to a volcanic influence. Se o calor aumentou, em vez de diminuir, nas aproximações da superfície do globo, é porque era inteiramente local e devido a uma influência vulcânica. Якщо на підходах до поверхні земної кулі тепло збільшувалося, а не зменшувалося, то це було суто локальним явищем, зумовленим вулканічним впливом. Notre genre de locomotion ne pouvait plus me laisser aucun doute dans l’esprit. Une force énorme, une force de plusieurs centaines d’atmosphères produite par les vapeurs accumulées dans le sein de la terre, nous poussait irrésistiblement. Uma força enorme, uma força de várias centenas de atmosferas produzidas pelos vapores acumulados no seio da terra, impelia-nos de forma irresistível. Mais à quels dangers innombrables elle nous exposait !

Bientôt des reflets fauves pénétrèrent dans la galerie verticale qui s’élargissait ; j’apercevais à droite et à gauche des couloirs profonds semblables à d’immenses tunnels d’où s’échappaient des vapeurs épaisses ; des langues de flammes en léchaient les parois en pétillant. Soon tawny reflections penetrated into the vertical gallery which was widening; I could see on the right and on the left deep corridors like immense tunnels from which thick vapors escaped; tongues of flames licked the walls in a sparkle. Logo reflexos fulvos entraram na galeria vertical que se alargou; Vi à direita e à esquerda corredores profundos semelhantes a imensos túneis dos quais escapavam espessos vapores; línguas de fogo lamberam as paredes, cintilando. Незабаром тьмяні відблиски проникли в розширювану вертикальну галерею; праворуч і ліворуч я побачив глибокі коридори, схожі на величезні тунелі, з яких виходила густа пара; язики полум'я, шиплячи, лизали стіни.

« Voyez ! voyez, mon oncle ! m’écriai-je.

— Eh bien ! ce sont des flammes sulfureuses Rien de plus naturel dans une éruption. são chamas sulfurosas. Nada é mais natural em uma erupção. Немає нічого більш природного у виверженні.

— Mais si elles nous enveloppent ? - Але що, якщо вони огорнуть нас?

— Elles ne nous envelopperont pas.

— Mais si nous étouffons ?

— Nous n’étoufferons pas. La galerie s’élargit et, s’il le faut, nous abandonnerons le radeau pour nous abriter dans quelque crevasse. The gallery widens and, if necessary, we will abandon the raft to take shelter in some crevasse. Галерея розширюється, і, якщо буде потрібно, ми покинемо пліт, щоб сховатися в якійсь щілині.

— Et l’eau ! et l’eau montante ? and the rising water?

— Il n’y a plus d’eau, Axel, mais une sorte de pâte lavique qui nous soulève avec elle jusqu’à l’orifice du cratère. - Води більше немає, Акселю, але є щось на кшталт лавової пасти, яка піднімає нас разом з собою до гирла кратера. La colonne liquide avait effectivement disparu pour faire place à des matières éruptives assez denses, quoique bouillonnantes. Стовп рідини фактично зник, поступившись місцем досить щільному, хоча й пухирчастому еруптивному матеріалу. La température devenait insoutenable, et un thermomètre exposé dans cette atmosphère eût marqué plus de soixante-dix degrés ! The temperature was becoming unbearable, and a thermometer exposed in this atmosphere would have marked over seventy degrees! Температура ставала нестерпною, і термометр, виставлений у цій атмосфері, показував би понад сімдесят градусів! La sueur m’inondait. Sweat was flooding me. Sans la rapidité de l’ascension, nous aurions été certainement étouffés. Without the speed of the climb we would certainly have been suffocated. Якби не швидкість підйому, ми б неодмінно задихнулися.

Cependant le professeur ne donna pas suite à sa proposition d’abandonner le radeau, et il fit bien. However, the professor did not respond to his proposal to abandon the raft, and he did well. No entanto, o professor não acatou sua oferta de abandonar a jangada e se saiu bem. Однак професор не дослухався до його пропозиції покинути пліт, і правильно зробив. Ces quelques poutres mal jointes offraient une surface solide, un point d’appui qui nous eût manqué partout ailleurs. These few badly joined beams offered a solid surface, a point of support that we would have missed everywhere else. Essas poucas vigas mal unidas ofereciam uma superfície sólida, um ponto de apoio que teríamos perdido em qualquer outro lugar. Ці кілька погано з'єднаних балок створили міцну поверхню, точку опори, якої нам не вистачало б в іншому місці.

Vers huit heures du matin, un nouvel incident se produisit pour la première fois. Близько восьмої години ранку вперше стався новий інцидент. Le mouvement ascensionnel cessa tout à coup. Le radeau demeura absolument immobile.

« Qu’est-ce donc ? demandais-je, ébranlé par cet arrêt subit comme par un choc. I asked, shaken by this sudden stop as if by a shock. Eu perguntei, abalado por essa parada repentina como se por um choque.

— Une halte, répondit mon oncle.

— Est-ce l’éruption qui se calme ?

— J’espère bien que non. - I hope not. Je me levai. Я підвівся. J’essayai de voir autour de moi. Peut-être le radeau, arrêté par une saillie de roc, opposait-il une résistance momentanée à la masse éruptive. Perhaps the raft, stopped by a projection of rock, opposed a momentary resistance to the eruptive mass. Можливо, пліт, зупинений виступом скелі, чинив миттєвий опір виверженій масі. Dans ce cas, il fallait se hâter de le dégager au plus vite. У цьому випадку потрібно було поспішати і розчищати його якомога швидше.

Il n’en était rien. Це було не так. La colonne de cendres, de scories et de débris pierreux avait elle-même cessé de monter. The column of ash, slag and stony debris had itself ceased to rise. A coluna de cinzas, escória e detritos pedregosos havia parado de subir.

« Est-ce que l’éruption s’arrêterait ? "Would the rash stop? m’écriai-je.

— Ah ! fît mon oncle les dents serrées, tu le crains, mon garçon ; mais rassure-toi, ce moment de calme ne saurait se prolonger ; voilà déjà cinq minutes qu’il dure, et avant peu nous reprendrons notre ascension vers l’orifice du cratère. Але ви можете бути впевнені, що цей момент затишшя не буде тривалим: минуло вже п'ять хвилин, і незабаром ми знову почнемо підніматися до гирла кратера. Le professeur, en parlant ainsi, ne cessait de consulter son chronomètre, et il devait avoir encore raison dans ses pronostics. Говорячи, професор постійно звірявся з секундоміром, і, мабуть, знову не помилився у своїх прогнозах. Bientôt le radeau fut repris d’un mouvement rapide et désordonné qui dura deux minutes à peu près, et il s’arrêta de nouveau. Logo a balsa foi levantada novamente em um movimento rápido e desordenado que durou cerca de dois minutos, e parou novamente.

« Bon, fît mon oncle en observant l’heure, dans dix minutes il se remettra en route. "Okay," my uncle said, watching the time, "in ten minutes he'll be on his way again." "Bem", disse meu tio, observando as horas, em dez minutos estará de novo a caminho. Що ж, - сказав дядько, подивившись на годинник, - за десять хвилин він знову вирушить у дорогу.

— Dix minutes ?

— Oui. Nous avons affaire à un volcan dont l’éruption est intermittente. Estamos lidando com um vulcão cuja erupção é intermitente. Il nous laisse respirer avec lui. Rien n’était plus vrai. Nada era mais verdadeiro. Ніщо не може бути далі від істини. À la minute assignée, nous fûmes lancés de nouveau avec une extrême rapidité. No minuto marcado, fomos lançados novamente com extrema rapidez. Il fallait se cramponner aux poutres pour ne pas être rejeté hors du radeau. Puis la poussée s’arrêta. Then the thrust stopped. Então o empurrão parou. Потім штовханина припинилася.

Depuis, j’ai réfléchi à ce singulier phénomène sans en trouver une explication satisfaisante. Toutefois il me paraît évident que nous n’occupions pas la cheminée principale du volcan, mais bien un conduit accessoire, où se faisait sentir un effet de contre-coup. However, it seems obvious to me that we do not occupy the main chimney of the volcano, but an accessory duct, where a backlash effect was felt. No entanto, parece-me óbvio que não ocupamos a chaminé principal do vulcão, mas sim uma conduta acessória, onde se sentiu um efeito de retrocesso.

Combien de fois se reproduisit cette manœuvre, je ne saurais le dire. How many times did this maneuver happen, I can not say. Tout ce que je puis affirmer, c’est qu’à chaque reprise du mouvement, nous étions lancés avec une force croissante et comme emportés par un véritable projectile. All I can say is that each time the movement resumed, we were launched with increasing force and carried away by a real projectile. Pendant les instants de halte, on étouffait ; pendant les moments de projection, l’air brûlant me coupait la respiration. Je pensai un instant à cette volupté de me retrouver subitement dans les régions hyperboréennes par un froid de trente degrés au-dessous de zéro. I thought for a moment of the pleasure of finding myself suddenly in the hyperborean regions by a cold of thirty degrees below zero. Mon imagination surexcitée se promenait sur les plaines de neige des contrées arctiques, et j’aspirais au moment où je me roulerais sur les tapis glacés du pôle ! My excited imagination wandered over the snowy plains of the Arctic, and I aspired as I rolled on the icy patches of the pole! Моя розбурхана уява мандрувала засніженими рівнинами арктичних земель, і я з нетерпінням чекав моменту, коли прокочуся по крижаних килимах полюса! Peu à peu, d’ailleurs, ma tête, brisée par ces secousses réitérées, se perdit. Sans les bras de Hans, plus d’une fois je me serais brisé le crâne contre la paroi de granit. Sem os braços de Hans, mais de uma vez eu teria esmagado meu crânio contra a parede de granito. Якби не руки Ганса, я б не раз розбила череп об гранітну стіну.

Le radeau ondula sur des flots de laves. A jangada ondulou nas ondas de lava. Пліт хвилеподібно коливався на хвилях лави.

Je n’ai donc conservé aucun souvenir précis de ce qui se passa pendant les heures suivantes. Тому я не маю чітких спогадів про те, що сталося в наступні кілька годин. J’ai le sentiment confus de détonations continues, de l’agitation du massif, d’un mouvement giratoire dont fut pris, le radeau. I have the confused feeling of continuous detonations, of the agitation of the massif, of a gyratory movement from which the raft was taken. Il ondula sur des flots de laves, au milieu d’une pluie de cendres. It rippled on waves of lava, in the midst of a shower of ashes. Ondulou em ondas de lava, no meio de uma chuva de cinzas. Les flammes ronflantes l’enveloppèrent. As chamas rugindo o envolveram. Un ouragan qu’on eût dit chassé d’un ventilateur immense activait les feux souterrains. A hurricane that seemed to have been driven by a huge fan activated the underground fires. Um furacão que parecia ter sido impulsionado por um grande ventilador ativou os incêndios subterrâneos. Une dernière fois, la figure de Hans m’apparut dans un reflet d’incendie, et je n’eus plus d’autre sentiment que cette épouvante sinistre des condamnés attachés à la bouche d’un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs. One last time, the figure of Hans appeared to me in a reflection of fire, and I had no other feeling than this sinister fear of the condemned attached to the mouth of a cannon, at the moment when the shot goes off and scatters their limbs in the air. Uma última vez, o rosto de Hans apareceu-me no reflexo do fogo, e não tive outra sensação senão esse pavor sinistro dos condenados amarrados à boca de um canhão, no momento em que o tiro foi disparado e espalha seus membros o ar. Востаннє обличчя Ганса з'явилося переді мною у відблисках вогню, і я не відчув нічого іншого, окрім похмурого жаху засудженого, прив'язаного до дула гармати, коли постріл розкидає його кінцівки в повітрі.