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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, 39

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Pendant une demi-heure encore, nos pieds foulèrent ces couches d'ossements. Nous allions en avant, poussés par une ardente curiosité. Quelles autres merveilles renfermait cette caverne, quels trésors pour la science ? Mon regard s'attendait à toutes les surprises, mon imagination à tous les étonnements.

Les rivages de la mer avaient depuis longtemps disparu derrière les collines de l'ossuaire. L'imprudent professeur, s'inquiétant peu de d'égarer, m'entraînait au loin. Nous avancions silencieusement, baignés dans les ondes électriques. Par un phénomène que je ne puis expliquer, et grâce à sa diffusion, complète alors, la lumière éclairait uniformément les diverses faces des objets. Son foyer n'existait plus en un point déterminé de l'espace et elle ne produisait aucun effet d'ombre. On aurait pu se croire en plein midi et on plein été, au milieu des régions équatoriales, sous les rayons verticaux du soleil. Toute vapeur avait disparu. Les rochers, les montagnes lointaines, quelques masses confuses de forêts éloignées, prenaient un étrange aspect sous l'égale distribution du fluide lumineux. Nous ressemblions à ce fantastique personnage d'Hoffmann qui a perdu son ombre.

Après une marche d'un mille, apparut la lisière d'une forêt immense, mais non plus un de ces bois de champignons qui avoisinaient Port-Graüben.

C'était la végétation de l'époque tertiaire dans toute sa magnificence.

De grands palmiers, d'espèces aujourd'hui disparues, de superbes palmacites, des pins, des ifs, des cyprès, des thuyas, représentaient la famille des conifères, et se reliaient entre eux par un réseau de lianes inextricables. Un tapis de mousses et d'hépathiques revêtait mœlleusement le sol. Quelques ruisseaux murmuraient sous ces ombrages, peu dignes de ce nom, puisqu'ils ne produiraient pas d'ombre. Sur leurs bords croissaient des fougères arborescentes semblables à celles des serres chaudes du globe habité. Seulement, la couleur manquait à ces arbres, à ces arbustes, à ces plantes, privés de la vivifiante chaleur du soleil. Tout se confondait dans une teinte uniforme, brunâtre et comme passée. Les feuilles étaient dépourvues de leur verdeur, et les fleurs elles-mêmes, si nombreuses à cette époque tertiaire qui les vit naître, alors sans couleurs et sans parfums, semblaient faites d'un papier décoloré sous l'action de l'atmosphère.

C'était la végétation de l'époque tertiaire dans toute sa magnificence.

Mon oncle Lidenbrock s'aventura sous ces gigantesques taillis. Je le suivis, non sans une certaine appréhension. Puisque la nature avait fait là les frais d'une alimentation végétale, pourquoi les redoutables mammifères ne s'y rencontreraient-ils pas ? J'apercevais dans ces larges clairières que laissaient les arbres abattus et rongés par le temps, des légumineuses, des acérinés, des rubiacées, et mille arbrisseaux comestibles, chers aux ruminants de toutes les périodes. Puis apparaissaient, confondus et entremêlés, les arbres des contrées si différentes de la surface du globe, le chêne croissant près du palmier, l'eucalyptus australien s'appuyant au sapin de la Norwège, le bouleau du Nord confondant ses branches avec les branches du kauris zélandais. C'était à confondre la raison des classificateurs les plus ingénieux de la botanique terrestre.

Soudain je m'arrêtai, De la main, je retins mon oncle.

La lumière diffuse permettait d'apercevoir les moindres objets dans la profondeur des taillis. J'avais cru voir… non ! réellement, de mes yeux, je voyais des formes immenses s'agiter sous les arbres ! En effet, c'étaient des animaux gigantesques, tout un troupeau de mastodontes, non plus fossiles, mais vivants, et semblables à ceux dont les restes furent découverts en 1801 dans les marais de l'Ohio ! J'apercevais ces grands éléphants dont les trompes grouillaient sous les arbres comme une légion de serpents. J'entendais le bruit de leurs longues défenses dont l'ivoire taraudait les vieux troncs. Les branches craquaient, et les feuilles arrachées par masses considérables s'engouffraient dans la vaste gueule de ces monstres.

Ce rêve, où j'avais vu renaître tout ce monde des temps anté-historiques, des époques ternaire et quaternaire, se réalisait donc enfin ! Et nous étions là, seuls, dans les entrailles du globe, à la merci de ses farouches habitants !

Mon oncle regardait.

« Allons, dit-il tout d'un coup en me saisissant le bras, en avant, en avant !

— Non ! m'écriai-je, non ! Nous sommes sans armes ! Que ferions-nous au milieu de ce troupeau de quadrupèdes géants ? Venez, mon oncle, venez ! Nulle créature humaine ne peut braver impunément la colère de ces monstres.

— Nulle créature humaine ! répondit mon oncle, en baissant la voix ! Tu te trompes, Axel ! Regarde, regarde, là-bas ! Il me semble que j'aperçois un être vivant ! un être semblable à nous ! un homme ! Je regardai, haussant les épaules, et décidé à pousser l'incrédulité jusqu'à ses dernières limites. Mais, quoique j'en eus, il fallut bien me rendre à l'évidence.

En effet, à moins d'un quart de mille, appuyé au tronc d'un kauris énorme, un être humain, un Protée de ces contrées souterraines, un nouveau fils de Neptune, gardait cet innombrable troupeau de Mastodontes !

Un protée de ces contrées souterraines. Immanis pecoris custos, immanior ipse !

Oui ! immanior ipse !

Ce n'était plus l'être fossile dont nous avions relevé le cadavre dans l'ossuaire, c'était un géant capable de commander à ces monstres. Sa taille dépassait douze pieds. Sa tête grosse comme la tête d'un buffle, disparaissait dans les broussailles d'une chevelure inculte. On eût dit une véritable crinière, semblable a celle de l'éléphant des premiers âges. Il brandissait de la main une branche énorme, digne houlette de ce berger antédiluvien.

Nous étions restés immobiles, stupéfaits. Mais nous pouvions être aperçus. Il fallait fuir.

« Venez, venez ! m'écriai-je, en entraînant mon oncle, qui pour la première fois se laissa faire !

Un quart d'heure plus tard, nous étions hors de la vue de ce redoutable ennemi.

Et maintenant que j'y songe tranquillement, maintenant que le calme s'est refait dans mon esprit, que des mois se sont écoulés depuis cette étrange et surnaturelle rencontre, que penser, que croire ? Non ! c'est impossible ! Nos sens ont été abusés, nos yeux n'ont pas vu ce qu'ils voyaient ! Nulle créature humaine n'existe dans ce monde subterrestre ! Nulle génération d'hommes n'habite cescavernes inférieures du globe, sans se soucier des habitants de sa surface, sans communication avec eux ! C'est insensé, profondément insensé !

J'aime mieux admettre l'existence de quelque animal dont la structure se rapproche de la structure humaine, de quelque singe des premières époques géologiques, de quelque protopithèque, de quelque mésopithèque semblable à celui que découvrit M. Lartet dans le gîte ossifère de Sansan ! Mais celui-ci dépassait par sa taille toutes les mesures données par la paléontologie moderne ! N'importe ! Un singe, oui, un singe, si invraisemblable qu'il soit ! Mais un homme, un homme vivant, et avec lui toute une génération enfouie dans les entrailles de la terre ! Jamais !

Cependant nous avions quitté la forêt claire et lumineuse, muets d'étonnement, accablés sous une stupéfaction qui touchait à l'abrutissement. Nous courions malgré nous. C'était une vraie fuite, semblable à ces entraînements effroyables que l'on subit dans certains cauchemars. Instinctivement, nous revenions vers la mer Lidenbrock, et je ne sais dans quelles divagations mon esprit se fût emporté, sans une préoccupation qui me ramena à des observations plus pratiques.

Bien que je fusse certain de fouler un sol entièrement vierge de nos pas, j'apercevais souvent des agrégations de rochers dont la forme rappelait ceux de Port-Graüben. Cela confirmait, d'ailleurs, l'indication de la boussole et notre retour involontaire au nord de la mer Lindenbrock. C'était parfois à s'y méprendre. Des ruisseaux et des cascades tombaient par centaines des saillies de rocs. Je croyais revoir la couche de surtarbrandur, notre fidèle Hans-bach et la grotte où j'étais revenu à la vie. Puis, quelques pas plus loin, la disposition des contre-forts, l'apparition d'un ruisseau, le profil surprenant d'un rocher venaient me rejeter dans le doute.

Le professeur partageait mon indécision. Il ne pouvait s'y reconnaître au milieu de ce panorama uniforme.

« Évidement, lui dis-je, nous n'avons pas abordé à notre point de départ, mais la tempête nous a ramené un peu au-dessous, et en suivant le rivage, nous retrouverons Port-Graüben.

— Dans ce cas, répondit mon oncle, il est inutile de continuer cette exploration, et le mieux est de retourner au radeau. Mais ne te trompes-tu pas, Axel ?

— Il est difficile de se prononcer, car tous ces rochers se ressemblent. Il me semble pourtant reconnaître le promontoire au pied duquel Hans a construit son embarcation. Nous devons être près du petit port, si même ce n'est pas ici, ajoutai-je en examinant une crique que je crus reconnaître.

— Mais non, Axel, nous retrouverions au moins nos propres traces, et je ne vois rien…

— Mais je vois, moi ! m'écriai-je, en m'élançant vers un objet qui brillait sur le sable.

— Qu'est-ce donc ?

— Ceci, » répondis-je.

Et je montrai à mon oncle un poignard couvert de rouille, que je venais de ramasser.

— Tiens ! dit-il, tu avais donc emporté cette arme avec toi ?

— Moi ? Aucunement ! Mais vous…

— Non pas, que je sache, répondit le professeur. Je n'ai jamais eu cet objet en ma possession.

— Voilà qui est particulier !

— Mais non, c'est très-simple, Axel. Les Islandais ont souvent des armes de cette espèce, et Hans, à qui celle-ci appartient, l'a perdue…

Je secouais la tête. Hans n'avait jamais eu ce poignard en sa possession.

« Est-ce donc l'arme de quelque guerrier antédiluvien, m'écriai-je, d'un homme vivant, d'un contemporain de ce gigantesque berger ? Mais non ! Ce n'est pas un outil de l'âge de pierre ! Pas même de l'âge de bronze ! Cette lame est d'acier… »

Mon oncle m'arrêta net dans cette route où m'entraînait une divagation nouvelle, et de son ton froid il me dit :

« Calme-toi, Axel, et reviens à la raison. Ce poignard est une arme du seizième siècle, une véritable dague, de celles que les gentilshommes portaient à leur ceinture pour donner le coup de grâce. Elle est d'origine espagnole. Elle n'appartient ni à toi, ni à moi, ni au chasseur, ni même aux êtres humains qui vivent peut-être dans les entrailles du globe !

— Oserez-vous dire ? — Vois, elle ne s'est pas ébréchée ainsi à s'enfoncer dans la gorge des gens ; sa lame est couverte d'une couche de rouille qui ne date ni d'un jour, ni d'un an, ni d'un siècle ! Le professeur s'animait, suivant son habitude, en se laissant emporter par son imagination.

« Axel, reprit-il, nous sommes sur la voie de la grande découverte ! Cette lame est restée abandonnée sur le sable depuis cent, deux cents, trois cents ans, et s'est ébréchée sur les rocs de cette mer souterraine !

— Mais elle n'est pas venue seule ! m'écriai-je ; elle n'a pas été se tordre d'elle-même ! quelqu'un nous a précédés ! — Oui, un homme.

— Et cet homme ?

— Cet homme a gravé son nom avec ce poignard ! Cet homme a voulu encore une fois marquer de sa main la route du centre ! Cherchons, cherchons ! Et, prodigieusement intéressés, nous voilà longeant la haute muraille, interrogeant les moindres fissures qui pouvaient se changer en galerie.

Nous arrivâmes ainsi à un endroit où le rivage se resserrait. La mer venait presque baigner le pied des contre-forts, laissant un passage large d'une toise au plus. Entre deux avancées de roc, on apercevait l'entrée d'un tunnel obscur.

Là, sur une plaque de granit, apparaissaient deux lettres mystérieuses à demi rongées, les deux initiales du hardi et fantastique voyageur :

« A. S. ! s'écria mon oncle. Arne Saknussemm ! Toujours Arne Saknussemm !


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Pendant une demi-heure encore, nos pieds foulèrent ces couches d’ossements. For another half hour our feet trod on these layers of bones. Nous allions en avant, poussés par une ardente curiosité. Ми пішли вперед, гнані палкою цікавістю. Quelles autres merveilles renfermait cette caverne, quels trésors pour la science ? Mon regard s’attendait à toutes les surprises, mon imagination à tous les étonnements.

Les rivages de la mer avaient depuis longtemps disparu derrière les collines de l’ossuaire. L’imprudent professeur, s’inquiétant peu de d’égarer, m’entraînait au loin. The imprudent professor, worrying little about misleading, dragged me away. O professor imprudente, pouco se preocupando em enganar, me arrastou para longe. Необачний вчитель, не переймаючись тим, що я загубився, повів мене геть. Nous avancions silencieusement, baignés dans les ondes électriques. Ми мовчки рухалися вперед, купаючись в електричних хвилях. Par un phénomène que je ne puis expliquer, et grâce à sa diffusion, complète alors, la lumière éclairait uniformément les diverses faces des objets. By a phenomenon which I cannot explain, and thanks to its diffusion, then complete, the light uniformly illuminated the various faces of objects. Завдяки явищу, яке я не можу пояснити, і завдяки його дифузії, яка була повною на той час, світло рівномірно висвітлювало різні грані предметів. Son foyer n’existait plus en un point déterminé de l’espace et elle ne produisait aucun effet d’ombre. Her focus no longer existed at a specific point in space and she produced no shadow effect. Seu foco não existia mais em um ponto específico do espaço e ela não produziu nenhum efeito de sombra. Його фокус більше не існував у певній точці простору, і він не створював жодного тіньового ефекту. On aurait pu se croire en plein midi et on plein été, au milieu des régions équatoriales, sous les rayons verticaux du soleil. Poderíamos ter pensado que estávamos no meio do meio-dia e no alto verão, no meio das regiões equatoriais, sob os raios verticais do sol. Було так, ніби це був полудень і літо, посеред екваторіальних регіонів, під вертикальними променями сонця. Toute vapeur avait disparu. All steam was gone. Les rochers, les montagnes lointaines, quelques masses confuses de forêts éloignées, prenaient un étrange aspect sous l’égale distribution du fluide lumineux. As rochas, as montanhas distantes, algumas massas confusas de florestas distantes, assumiram um aspecto estranho sob a distribuição igual do fluido luminoso. Nous ressemblions à ce fantastique personnage d’Hoffmann qui a perdu son ombre. Parecíamos esse personagem fantástico de Hoffmann que perdeu sua sombra.

Après une marche d’un mille, apparut la lisière d’une forêt immense, mais non plus un de ces bois de champignons qui avoisinaient Port-Graüben. Após uma caminhada de um quilômetro e meio, apareceu a orla de uma imensa floresta, mas não mais uma das matas de cogumelos que delimitavam Port-Graüben. Через милю ходьби з'явився край величезного лісу, але вже не одного з грибних лісів, що оточували Порт-Граубен.

C’était la végétation de l’époque tertiaire dans toute sa magnificence.

De grands palmiers, d’espèces aujourd’hui disparues, de superbes palmacites, des pins, des ifs, des cyprès, des thuyas, représentaient la famille des conifères, et se reliaient entre eux par un réseau de lianes inextricables. Grandes palmeiras, de espécies já extintas, soberbos palmacites, pinheiros, teixos, ciprestes, thuja, representavam a família das coníferas e estavam ligadas entre si por uma rede de inextricáveis cipós. Великі пальми видів, які зараз вимерли, чудові пальмацити, сосни, тиси, кипариси, туї, представляли сімейство хвойних, і були пов'язані між собою мережею нерозривних ліан. Un tapis de mousses et d’hépathiques revêtait mœlleusement le sol. A carpet of mosses and hepathics softly covered the floor. Um tapete de musgo e produtos hepáticos cobria suavemente o chão. Підлогу вкривав килим з мохів та вересових пусток. Quelques ruisseaux murmuraient sous ces ombrages, peu dignes de ce nom, puisqu’ils ne produiraient pas d’ombre. A few streams murmured under these shades, hardly worthy of the name, since they would not produce any shade. Alguns riachos murmuravam sob essas sombras, pouco dignos desse nome, pois não produziriam sombra. Під цими тінями дзюрчало кілька струмочків, негідних назви, бо вони не давали жодної тіні. Sur leurs bords croissaient des fougères arborescentes semblables à celles des serres chaudes du globe habité. On their edges grew tree ferns similar to those of the greenhouses of the inhabited globe. Em suas bordas cresciam samambaias arbóreas semelhantes às das estufas do globo habitado. На їхніх краях росли деревовидні папороті, схожі на ті, що в теплих оранжереях населеної земної кулі. Seulement, la couleur manquait à ces arbres, à ces arbustes, à ces plantes, privés de la vivifiante chaleur du soleil. Only, the color was lacking in these trees, these shrubs, these plants, deprived of the invigorating heat of the sun. Лише деревам, кущам і рослинам бракувало кольору і вони були позбавлені життєдайного сонячного тепла. Tout se confondait dans une teinte uniforme, brunâtre et comme passée. Everything was merged in a uniform shade, brownish and as if passed. Tudo se fundiu em um tom uniforme, acastanhado e como se tivesse passado. Все злилося в однорідний, коричневий, вицвілий відтінок. Les feuilles étaient dépourvues de leur verdeur, et les fleurs elles-mêmes, si nombreuses à cette époque tertiaire qui les vit naître, alors sans couleurs et sans parfums, semblaient faites d’un papier décoloré sous l’action de l’atmosphère. As folhas eram desprovidas de verdura, e as próprias flores, tão numerosas naquela época terciária que as viu nascer, então sem cor e sem perfume, pareciam feitas de um papel descolorido pela ação da atmosfera.

C’était la végétation de l’époque tertiaire dans toute sa magnificence. It was the vegetation of the Tertiary period in all its magnificence. Це була рослинність третинного періоду у всій її пишноті.

Mon oncle Lidenbrock s’aventura sous ces gigantesques taillis. My uncle Lidenbrock ventured under these gigantic thickets. Мій дядько Ліденброк наважився піти під величезні зарості. Je le suivis, non sans une certaine appréhension. Puisque la nature avait fait là les frais d’une alimentation végétale, pourquoi les redoutables mammifères ne s’y rencontreraient-ils pas ? Since nature had paid the price for plant food there, why should not the formidable mammals meet there? Já que a natureza pagou o preço dos alimentos vegetais ali, por que os formidáveis mamíferos não deveriam ser encontrados lá? Оскільки природа заплатила ціну за рослинну дієту, чому б не зустріти там страшних ссавців? J’apercevais dans ces larges clairières que laissaient les arbres abattus et rongés par le temps, des légumineuses, des acérinés, des rubiacées, et mille arbrisseaux comestibles, chers aux ruminants de toutes les périodes. I saw in these large clearings left by felled trees and gnawed by time, legumes, acerines, rubiaceae, and a thousand edible shrubs, dear to ruminants of all periods. Vi nessas grandes clareiras deixadas por árvores derrubadas e roídas pelo tempo leguminosas, acerinas, rubiáceas e mil arbustos comestíveis, caros aos ruminantes de todas as épocas. На широких галявинах, що залишилися від зрубаних і вивітрених дерев, я побачив бобові рослини, айстрові, рубієві та тисячі їстівних чагарників, дорогих жуйним тваринам усіх часів. Puis apparaissaient, confondus et entremêlés, les arbres des contrées si différentes de la surface du globe, le chêne croissant près du palmier, l’eucalyptus australien s’appuyant au sapin de la Norwège, le bouleau du Nord confondant ses branches avec les branches du kauris zélandais. Then appeared, confused and intertwined, the trees of countries so different from the surface of the globe, the oak growing near the palm tree, the Australian eucalyptus leaning on the Norwegian fir, the northern birch confusing its branches with the branches of the Zeeland kauris. Então apareceram, confusas e misturadas, as árvores de países tão diferentes da superfície do globo, o carvalho crescendo perto da palmeira, o eucalipto australiano apoiado no abeto norueguês, a bétula do norte confundindo seus galhos com os galhos dos Kauris de Zeeland . C’était à confondre la raison des classificateurs les plus ingénieux de la botanique terrestre. Isso foi para confundir a razão dos classificadores mais engenhosos da botânica terrestre. Це збивало з пантелику найгеніальніших класифікаторів наземної ботаніки.

Soudain je m’arrêtai, De la main, je retins mon oncle. Suddenly I stopped. With my hand, I held back my uncle. Раптом я зупинилася, притримала дядька рукою.

La lumière diffuse permettait d’apercevoir les moindres objets dans la profondeur des taillis. Розсіяне світло дозволило розгледіти навіть найдрібніші об'єкти в глибині заростей. J’avais cru voir… non ! Я думав, що бачив... ні! réellement, de mes yeux, je voyais des formes immenses s’agiter sous les arbres ! really, with my own eyes, I saw immense shapes shaking under the trees! Я справді бачив очима величезні фігури, що рухалися під деревами! En effet, c’étaient des animaux gigantesques, tout un troupeau de mastodontes, non plus fossiles, mais vivants, et semblables à ceux dont les restes furent découverts en 1801 dans les marais de l’Ohio ! J’apercevais ces grands éléphants dont les trompes grouillaient sous les arbres comme une légion de serpents. I saw these great elephants whose trunks swarmed under the trees like a legion of snakes. Eu vi esses grandes elefantes cujas trombas enxameavam sob as árvores como uma legião de cobras. Я бачив цих величезних слонів, чиї хоботи роїлися під деревами, наче легіон змій. J’entendais le bruit de leurs longues défenses dont l’ivoire taraudait les vieux troncs. I heard the noise of their long tusks, the ivory of which tapped the old trunks. Ouvi o som de suas longas presas, cujo marfim batia nos velhos troncos. Les branches craquaient, et les feuilles arrachées par masses considérables s’engouffraient dans la vaste gueule de ces monstres. The branches creaked, and the leaves torn off in considerable masses rushed into the vast mouths of these monsters. Гілки тріщали, а листя масово зривалося і кидалося у величезні пащі цих монстрів.

Ce rêve, où j’avais vu renaître tout ce monde des temps anté-historiques, des époques ternaire et quaternaire, se réalisait donc enfin ! Et nous étions là, seuls, dans les entrailles du globe, à la merci de ses farouches habitants ! And we were there, alone, in the bowels of the globe, at the mercy of its fierce inhabitants! І ось ми опинилися наодинці, в надрах земної кулі, у владі її лютих мешканців!

Mon oncle regardait.

« Allons, dit-il tout d’un coup en me saisissant le bras, en avant, en avant !

— Non ! m’écriai-je, non ! Nous sommes sans armes ! Que ferions-nous au milieu de ce troupeau de quadrupèdes géants ? Venez, mon oncle, venez ! Nulle créature humaine ne peut braver impunément la colère de ces monstres. Nenhuma criatura humana pode desafiar a ira desses monstros com impunidade. Жодна людина не може безкарно накликати на себе гнів цих монстрів.

— Nulle créature humaine ! répondit mon oncle, en baissant la voix ! відповів дядько, стишивши голос! Tu te trompes, Axel ! You are wrong, Axel! Ти помиляєшся, Акселю! Regarde, regarde, là-bas ! Look, look, over there! Il me semble que j’aperçois un être vivant ! Мені здається, що я бачу живу істоту! un être semblable à nous ! така ж істота, як і ми! un homme ! Je regardai, haussant les épaules, et décidé à pousser l’incrédulité jusqu’à ses dernières limites. Eu observei, encolhendo os ombros e determinada a levar a descrença ao seu limite. Я дивився на це, знизуючи плечима, і був сповнений рішучості довести невіру до межі. Mais, quoique j’en eus, il fallut bien me rendre à l’évidence. But, whatever I had, I had to face the facts. Але, що б я не мав, я мусив дивитися правді в очі.

En effet, à moins d’un quart de mille, appuyé au tronc d’un kauris énorme, un être humain, un Protée de ces contrées souterraines, un nouveau fils de Neptune, gardait cet innombrable troupeau de Mastodontes ! Indeed, less than a quarter of a mile, leaning against the trunk of an enormous kauris, a human being, a Proteus of these subterranean countries, a new son of Neptune, guarded this innumerable herd of Mastodons! Na verdade, menos de um quarto de milha, encostado no tronco de um enorme Kauris, um ser humano, um Proteu desses países subterrâneos, um novo filho de Netuno, guardava essa manada inumerável de Mastodontes!

Un protée de ces contrées souterraines. Uma protea desses países subterrâneos. Immanis pecoris custos, immanior ipse ! Immanis pecoris custos, immanior ipse! Immanis pecoris custos, immanior ipse!

Oui ! immanior ipse !

Ce n’était plus l’être fossile dont nous avions relevé le cadavre dans l’ossuaire, c’était un géant capable de commander à ces monstres. It was no longer the fossil being whose corpse we had found in the ossuary, it was a giant capable of commanding these monsters. Sa taille dépassait douze pieds. His height exceeded twelve feet. Він був понад дванадцять футів на зріст. Sa tête grosse comme la tête d’un buffle, disparaissait dans les broussailles d’une chevelure inculte. His head, as big as the head of a buffalo, disappeared in the brush of an unkempt hair. Sua cabeça, grande como a cabeça de um búfalo, desapareceu na escova de cabelos não cultivados. Його голова, завбільшки з голову буйвола, зникла в заростях нестриженого волосся. On eût dit une véritable crinière, semblable a celle de l’éléphant des premiers âges. It looked like a real mane, similar to that of the elephant of the first ages. Це виглядало як справжня грива, схожа на гриву слона давніх часів. Il brandissait de la main une branche énorme, digne houlette de ce berger antédiluvien. He was brandishing an enormous branch with his hand, worthy of the staff of this antediluvian shepherd. Ele brandia com a mão um enorme galho, digno do cajado deste pastor antediluviano. Він розмахував величезною гілкою в руці, гідною цього пастуха з доілювіальних часів.

Nous étions restés immobiles, stupéfaits. We had remained motionless, stunned. Mais nous pouvions être aperçus. But we could be seen. Але нас могли побачити. Il fallait fuir. We had to flee. Треба було тікати.

« Venez, venez ! m’écriai-je, en entraînant mon oncle, qui pour la première fois se laissa faire ! I cried, dragging my uncle, who for the first time allowed himself to be done! Eu chorei, arrastando meu tio, que pela primeira vez se deixou terminar! Я закричав, тягнучи за собою дядька, який вперше відпустив себе!

Un quart d’heure plus tard, nous étions hors de la vue de ce redoutable ennemi.

Et maintenant que j’y songe tranquillement, maintenant que le calme s’est refait dans mon esprit, que des mois se sont écoulés depuis cette étrange et surnaturelle rencontre, que penser, que croire ? And now that I think about it calmly, now that calm has been restored in my mind, that months have passed since this strange and supernatural meeting, what to think, what to believe? І тепер, коли я спокійно думаю про це, коли спокій повернувся до мого розуму, коли минули місяці після тієї дивної і надприродної зустрічі, що думати, у що вірити? Non ! c’est impossible ! Nos sens ont été abusés, nos yeux n’ont pas vu ce qu’ils voyaient ! Our senses were abused, our eyes did not see what they were seeing! Наші органи чуття були обмануті, наші очі не бачили того, що бачили! Nulle créature humaine n’existe dans ce monde subterrestre ! Nulle génération d’hommes n’habite cescavernes inférieures du globe, sans se soucier des habitants de sa surface, sans communication avec eux ! Nenhuma geração de homens habita essas cavernas inferiores do globo, sem se preocupar com os habitantes de sua superfície, sem se comunicar com eles! Жодне покоління людей не заселяє ці нижні печери земної кулі без турботи про мешканців її поверхні, без спілкування з ними! C’est insensé, profondément insensé ! This is insane, deeply insane!

J’aime mieux admettre l’existence de quelque animal dont la structure se rapproche de la structure humaine, de quelque singe des premières époques géologiques, de quelque protopithèque, de quelque mésopithèque semblable à celui que découvrit M. Lartet dans le gîte ossifère de Sansan ! I prefer to admit the existence of some animal whose structure resembles the human structure, of some monkey of the first geological periods, of some protopithecus, of some mesopithecus similar to that which M. Lartet discovered in the ossiferous deposit of Sansan. ! Prefiro admitir a existência de algum animal cuja estrutura se assemelha à estrutura humana, de algum macaco dos primeiros períodos geológicos, de algum protopithecus, de algum mesopithecus semelhante ao que M. Lartet descobriu no depósito ossífero de Sansan.! Mais celui-ci dépassait par sa taille toutes les mesures données par la paléontologie moderne ! Але цей перевищував за розмірами всі виміри, які дає сучасна палеонтологія! N’importe ! Un singe, oui, un singe, si invraisemblable qu’il soit ! A monkey, yes, a monkey, however incredible it may be! Mais un homme, un homme vivant, et avec lui toute une génération enfouie dans les entrailles de la terre ! But a man, a living man, and with him a generation buried in the bowels of the earth! Mas um homem, um homem vivo, e com ele toda uma geração enterrada nas entranhas da terra! Jamais !

Cependant nous avions quitté la forêt claire et lumineuse, muets d’étonnement, accablés sous une stupéfaction qui touchait à l’abrutissement. However, we had left the clear and luminous forest, mute with astonishment, overwhelmed by a stupefaction which bordered on stupefaction. No entanto, tínhamos deixado a floresta límpida e luminosa, muda de espanto, oprimidos por um estupor que beirava o estupor. Однак ми покинули чистий і світлий ліс, німі від подиву, охоплені заціпенінням, що межувало з одурманенням. Nous courions malgré nous. We ran despite ourselves. Estávamos correndo apesar de nós mesmos. Ми бігли всупереч собі. C’était une vraie fuite, semblable à ces entraînements effroyables que l’on subit dans certains cauchemars. It was a real escape, similar to those dreadful trainings that one undergoes in certain nightmares. Foi uma verdadeira fuga, semelhante àqueles treinos horríveis que se faz em certos pesadelos. Це була справжня втеча, подібна до тих страшних потягів, які ми переживаємо у нічних кошмарах. Instinctivement, nous revenions vers la mer Lidenbrock, et je ne sais dans quelles divagations mon esprit se fût emporté, sans une préoccupation qui me ramena à des observations plus pratiques. Інстинктивно ми поверталися до моря Ліденброка, і я не знаю, в яких блуканнях блукав би мій розум, якби не заклопотаність, яка повернула мене до більш практичних спостережень.

Bien que je fusse certain de fouler un sol entièrement vierge de nos pas, j’apercevais souvent des agrégations de rochers dont la forme rappelait ceux de Port-Graüben. Although I was certain to tread a completely virgin soil of our footsteps, I often saw aggregations of rocks whose shape was reminiscent of those of Port-Graüben. Embora eu tivesse certeza de pisar em um terreno inteiramente virgem de nossos passos, muitas vezes vi agregações de rochas cuja forma lembrava as de Port-Graüben. Хоча я був упевнений, що ступаю по землі, якої не торкалися наші кроки, я часто бачив скупчення скель, які за формою нагадували ті, що в Порт-Граубені. Cela confirmait, d’ailleurs, l’indication de la boussole et notre retour involontaire au nord de la mer Lindenbrock. Isso confirmou, além disso, a indicação da bússola e nosso retorno involuntário ao norte do mar de Lindenbrock. Це підтвердило, крім того, показання компаса і наше мимовільне повернення на північ моря Лінденброка. C’était parfois à s’y méprendre. It was sometimes to be mistaken. Іноді здавалося, що це була помилка. Des ruisseaux et des cascades tombaient par centaines des saillies de rocs. Струмки і водоспади сотнями падали зі скелястих виступів. Je croyais revoir la couche de surtarbrandur, notre fidèle Hans-bach et la grotte où j’étais revenu à la vie. I thought I was going to see again the layer of surtarbrandur, our faithful Hans-bach and the cave where I had come back to life. Я думав, що побачу шар сутарбрандуру, нашого вірного Ганса Баха і печеру, де я повернувся до життя. Puis, quelques pas plus loin, la disposition des contre-forts, l’apparition d’un ruisseau, le profil surprenant d’un rocher venaient me rejeter dans le doute. Then, a few steps further, the arrangement of the counter-forts, the appearance of a brook, the surprising profile of a rock came to throw me into doubt. Então, alguns passos adiante, o arranjo dos contrafortes, a aparência de um riacho, o perfil surpreendente de uma rocha me colocaram de volta na dúvida. Потім, за кілька кроків, розташування контрфорсів, поява струмка, дивовижний профіль скелі знову змусили мене засумніватися.

Le professeur partageait mon indécision. Вчителька розділила мою нерішучість. Il ne pouvait s’y reconnaître au milieu de ce panorama uniforme. He could not recognize himself in the middle of this uniform panorama. Ele não conseguia se reconhecer no meio desse panorama uniforme. Він не міг упізнати себе посеред цієї одноманітної панорами.

« Évidement, lui dis-je, nous n’avons pas abordé à notre point de départ, mais la tempête nous a ramené un peu au-dessous, et en suivant le rivage, nous retrouverons Port-Graüben. “Obviously,” I said to him, “we haven't landed at our starting point, but the storm has brought us back a little below, and following the shore, we will find Port-Graüben. Звичайно, - сказав я, - ми не дійшли до нашої відправної точки, але шторм відніс нас трохи нижче, і, йдучи вздовж берега, ми знайдемо Порт-Граубен.

— Dans ce cas, répondit mon oncle, il est inutile de continuer cette exploration, et le mieux est de retourner au radeau. "In that case," replied my uncle, "it is useless to continue this exploration, and the best thing is to return to the raft. - У такому разі, - сказав мій дядько, - немає сенсу продовжувати цю розвідку, і найкраще повернутися на пліт. Mais ne te trompes-tu pas, Axel ? Але чи не помиляєшся ти, Акселю?

— Il est difficile de se prononcer, car tous ces rochers se ressemblent. - It is difficult to say, because all these rocks look alike. - É difícil dizer, porque todas essas pedras são parecidas. - Важко сказати, бо всі ці скелі виглядають однаково. Il me semble pourtant reconnaître le promontoire au pied duquel Hans a construit son embarcation. Yet I seem to recognize the promontory at the foot of which Hans built his boat. Nous devons être près du petit port, si même ce n’est pas ici, ajoutai-je en examinant une crique que je crus reconnaître. We must be near the little harbor, if even it's not here, I added, examining a cove I thought I recognized. Якщо не тут, то десь біля маленької гавані, - додала я, оглядаючи бухту, яку, як мені здалося, я впізнала.

— Mais non, Axel, nous retrouverions au moins nos propres traces, et je ne vois rien… - No, Axel, we would at least find our own tracks, and I can not see anything ... - Але ні, Акселю, ми хоча б знайшли б власні сліди, а я нічого не бачу...

— Mais je vois, moi ! - Але я бачу! m’écriai-je, en m’élançant vers un objet qui brillait sur le sable. I exclaimed, throwing myself toward an object shining on the sand. Я закричала, біжучи до чогось, що блищало на піску.

— Qu’est-ce donc ?

— Ceci, » répondis-je. "This," I replied.

Et je montrai à mon oncle un poignard couvert de rouille, que je venais de ramasser. And I showed my uncle a dagger covered with rust, which I had just picked up. E mostrei ao meu tio uma adaga enferrujada, que acabara de pegar. І я показав дядькові іржавий кинджал, який щойно взяв у руки.

— Tiens ! dit-il, tu avais donc emporté cette arme avec toi ? he said, so you took that gun with you? запитав він, - тож ви взяли цю зброю з собою?

— Moi ? Aucunement ! Not at all! Зовсім ні! Mais vous… Але ти...

— Non pas, que je sache, répondit le professeur. "Not, as far as I know," replied the professor. - Ні, наскільки мені відомо, - відповів професор. Je n’ai jamais eu cet objet en ma possession. Я ніколи не мав цього предмета у своєму розпорядженні.

— Voilà qui est particulier ! - That's special! - Це щось особливе!

— Mais non, c’est très-simple, Axel. - Та ні, все дуже просто, Акселю. Les Islandais ont souvent des armes de cette espèce, et Hans, à qui celle-ci appartient, l’a perdue… Icelanders often have weapons of this species, and Hans, to whom this one belongs, has lost it ... Os islandeses costumam ter armas dessa espécie, e Hans, a quem esta pertence, as perdeu ... Ісландці часто мають таку зброю, і Ганс, якому вона належить, втратив її...

Je secouais la tête. I shook my head. Hans n’avait jamais eu ce poignard en sa possession.

« Est-ce donc l’arme de quelque guerrier antédiluvien, m’écriai-je, d’un homme vivant, d’un contemporain de ce gigantesque berger ? "É esta então a arma de algum guerreiro antediluviano", gritei, "de um homem vivo, de um contemporâneo deste pastor gigantesco?" Це зброя якогось додилувійського воїна, - вигукнув я, - живої людини, сучасника того велетенського пастуха? Mais non ! Ce n’est pas un outil de l’âge de pierre ! Це не інструмент кам'яного віку! Pas même de l’âge de bronze ! Cette lame est d’acier… » This blade is of steel ... "

Mon oncle m’arrêta net dans cette route où m’entraînait une divagation nouvelle, et de son ton froid il me dit : My uncle stopped me short in this road where a new wandering was leading me, and in his cold tone he said to me: Meu tio me deteve neste caminho para onde uma nova peregrinação me conduzia, e em seu tom frio me disse: Мій дядько зупинив мене на півдорозі, і холодним тоном сказав мені:

« Calme-toi, Axel, et reviens à la raison. Ce poignard est une arme du seizième siècle, une véritable dague, de celles que les gentilshommes portaient à leur ceinture pour donner le coup de grâce. This dagger is a weapon of the sixteenth century, a real dagger, of those that the gentlemen wore at their belt to give the coup de grace. Цей кинджал - зброя шістнадцятого століття, справжній кинджал, з тих, які джентльмени носили на поясі, щоб здійснити переворот. Elle est d’origine espagnole. Elle n’appartient ni à toi, ni à moi, ni au chasseur, ni même aux êtres humains qui vivent peut-être dans les entrailles du globe !

— Oserez-vous dire ? — Vois, elle ne s’est pas ébréchée ainsi à s’enfoncer dans la gorge des gens ; sa lame est couverte d’une couche de rouille qui ne date ni d’un jour, ni d’un an, ni d’un siècle ! - Veja, ela não ficou lascada daquele jeito para afundar na garganta das pessoas; sua lâmina está coberta por uma camada de ferrugem que não data nem um dia, nem um ano, nem um século! - Бачите, він не відколовся і не встромився людям у горло, його лезо вкрите шаром іржі, якій не день, не рік, не сто років! Le professeur s’animait, suivant son habitude, en se laissant emporter par son imagination. Професор пожвавився, як завжди, дозволивши своїй уяві втекти разом з ним.

« Axel, reprit-il, nous sommes sur la voie de la grande découverte ! Cette lame est restée abandonnée sur le sable depuis cent, deux cents, trois cents ans, et s’est ébréchée sur les rocs de cette mer souterraine ! Це лезо пролежало на піску сто, двісті, триста років, і відколовшись від скель цього підземного моря!

— Mais elle n’est pas venue seule ! - Але вона прийшла не одна! m’écriai-je ; elle n’a pas été se tordre d’elle-même ! I exclaimed; she was not writhing herself! Chorei; ela não estava se contorcendo sozinha! Я вигукнула: вона ж не пішла і не скрутилася! quelqu’un nous a précédés ! alguém nos precedeu! Хтось пішов до нас! — Oui, un homme.

— Et cet homme ?

— Cet homme a gravé son nom avec ce poignard ! - This man carved his name with that dagger! - Esse homem gravou seu nome com aquela adaga! - Цей чоловік викарбував своє ім'я цим кинджалом! Cet homme a voulu encore une fois marquer de sa main la route du centre ! This man once again wanted to mark the road to the center with his hand! Цей чоловік хотів ще раз позначити дорогу до центру своєю рукою! Cherchons, cherchons ! Et, prodigieusement intéressés, nous voilà longeant la haute muraille, interrogeant les moindres fissures qui pouvaient se changer en galerie. And, prodigiously interested, we are following the high wall, questioning the smallest cracks that could change into a gallery. E, prodigiosamente interessados, aqui estamos ao longo do muro alto, questionando as menores fendas que poderiam virar galeria. І ось ми, надзвичайно зацікавлені, обходимо високу стіну, досліджуючи найменші щілини, які можуть перетворитися на галерею.

Nous arrivâmes ainsi à un endroit où le rivage se resserrait. We arrived at a place where the shore was closing. Ми підійшли до місця, де берегова лінія звужувалася. La mer venait presque baigner le pied des contre-forts, laissant un passage large d’une toise au plus. The sea almost bathed the foot of the buttresses, leaving a passage a fathead wide at most. O mar quase banhava o pé dos contrafortes, deixando uma passagem de não mais do que uma cabeça de gordo de largura. Море майже омивало підніжжя контрфорсів, залишаючи прохід шириною не більше метра. Entre deux avancées de roc, on apercevait l’entrée d’un tunnel obscur. Between two rock projections, we could see the entrance to a dark tunnel. Entre duas projeções de rocha, podíamos ver a entrada de um túnel escuro.

Là, sur une plaque de granit, apparaissaient deux lettres mystérieuses à demi rongées, les deux initiales du hardi et fantastique voyageur : There, on a granite slab, appeared two mysterious half-eaten letters, the two initials of the bold and fantastic traveler: Ali, sobre uma laje de granito, surgiram duas misteriosas letras meio comidas, as duas iniciais do ousado e fantástico viajante:

« A. S. ! " A. S. ! s’écria mon oncle. Arne Saknussemm ! Toujours Arne Saknussemm !