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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, 34

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Mercredi 19 août. — Heureusement le vent, qui souffle avec force, nous a permis de fuir rapidement le théâtre de la lutte. Hans est toujours au gouvernail. Mon oncle, tiré de ses absorbantes idées par les incidents de ce combat, retombe dans son impatiente contemplation de la mer.

Le voyage reprend sa monotone uniformité, que je ne tiens pas à rompre au prix des dangers d'hier.

Jeudi 20 août. — Brise N.-N.-E. assez inégale. Température chaude. Nous marchons avec une vitesse de trois lieues et demie à l'heure.

Vers midi un bruit très-éloigné se fait entendre.

Je consigne ici le fait sans pouvoir en donner l'explication. C'est un mugissement continu.

« Il y a au loin, dit le professeur, quelque rocher, ou quelque îlot sur lequel la mer se brise. Hans se hisse au sommet du mât, mais ne signale aucun écueil. L'océan est uni jusqu'à sa ligne d'horizon. Trois heures se passent. Les mugissements semblent provenir d'une chute d'eau éloignée.

Je le fais remarquer à mon oncle, qui secoue la tête. J'ai pourtant la conviction que je ne me trompe pas. Courons-nous donc à quelque cataracte qui nous précipitera dans l'abîme ? Que cette manière de descendre plaise au professeur, parce qu'elle se rapproche de la verticale, c'est possible, mais à moi…

En tout cas, il doit y avoir à quelques lieues au vent un phénomène bruyant, car maintenant les mugissements se font entendre avec une grande violence. Viennent-ils du ciel ou de l'océan ?

Je porte mes regards vers les vapeurs suspendues dans l'atmosphère, et je cherche à sonder leur profondeur. Le ciel est tranquille. Les nuages, emportés au plus haut de la voûte, semblent immobiles et se perdent dans l'intense irradiation de la lumière. Il faut donc chercher ailleurs la cause de ce phénomène.

J'interroge alors l'horizon pur et dégagé de toute brume. Son aspect n'a pas changé. Mais, si ce bruit vient d'une chute, d'une cataracte, si tout cet océan se précipite dans un bassin inférieur, si ces mugissements sont produits par une masse d'eau qui tombe, le courant doit s'activer, et sa vitesse croissante peut me donner la mesure du péril dont nous sommes menacés. Je consulte le courant. Il est nul. Une bouteille vide que je jette à la mer reste sous le vent.

Vers quatre heures, Hans se lève, se cramponne au mât et monte à son extrémité. De là son regard parcourt l'arc de cercle que l'océan décrit devant le radeau et s'arrête à un point. Sa figure n'exprime aucune surprise, mais son poil est devenu fixe.

« Il a vu quelque chose, dit mon oncle.

— Je le crois. Hans redescend, puis il étend son bras vers le sud en disant :

« Der nere ! — Là-bas ? » répond mon oncle.

Et saisissant sa lunette, il regarde attentivement pendant une minute, qui me paraît un siècle.

« Oui, oui ! s'écrie-t-il.

— Que voyez-vous ?

— Une gerbe immense qui s'élève au-dessus des flots.

— Encore quelque animal marin ?

— Alors mettons le cap plus à l'ouest, car nous savons à quoi nous en tenir sur le danger de rencontrer ces monstres antédiluviens !

— Laissons aller, » répond mon oncle.

Je me retourne vers Hans. Hans maintient sa barre avec une inflexible rigueur.

Cependant, si de la distance qui nous sépare de cet animal, et qu'il faut estimer à douze lieues au moins, on peut apercevoir la colonne d'eau chassée par ses évents, il doit être d'une taille surnaturelle. Fuir serait se conformer aux lois de la plus vulgaire prudence. Mais nous ne sommes pas venus ici pour être prudents. On va donc en avant. Plus nous approchons, plus la gerbe grandit. Quel monstre peut s'emplir d'une pareille quantité d'eau et l'expulser ainsi sans interruption ?

À huit heures du soir nous ne sommes pas à deux lieues de lui. Son corps noirâtre, énorme, monstrueux, s'étend dans la mer comme un îlot. Est-ce illusion ? est-ce effroi ? Sa longueur me parait dépasser mille toises ! Quel est donc ce cétacé que n'ont prévu ni les Cuvier ni les Blumembach ? Il est immobile et comme endormi ; la mer semble ne pouvoir le soulever, et ce sont les vagues qui ondulent sur ses flancs. La colonne d'eau, projetée à une hauteur de cinq cents pieds retombe avec un bruit assourdissant. Nous courons en insensés vers cette masse puissante que cent baleines ne nourriraient pas pour un jour.

La terreur me prend. Je ne veux pas aller plus loin ! Je couperai, s'il le faut, la drisse de la voile ! Je me révolte contre le professeur, qui ne me répond pas.

Tout à coup Hans se lève, et montrant du doigt le point menaçant :

« Holme ! » dit-il.

— Une île ! s'écrie mon oncle.

— Une île ! dis-je à mon tour en haussant les épaules.

— Évidemment, répond le professeur en poussant un vaste éclat de rire.

— Mais cette colonne d'eau !

— « Geyser » fait Hans.

— Eh ! sans doute, geyser ! riposte mon oncle, un geyser pareil à ceux de l'Islande[1] ! Je ne veux pas, d'abord, m'être trompé si grossièrement. Avoir pris un îlot pour un monstre marin ! Mais l'évidence se fait, et il faut enfin convenir de mon erreur. Il n'y a là qu'un phénomène naturel.

À mesure que nous approchons, les dimensions de la gerbe liquide deviennent grandioses. L'îlot représente à s'y méprendre un cétacé immense dont la tête domine les flots à une hauteur de dix toises. Le geyser, mot que les Islandais prononcent « geysir » et qui signifie « fureur », s'élève majestueusement à son extrémité. De sourdes détonations éclatent par instants, et l'énorme jet, pris de colères plus violentes, secoue son panache de vapeurs en bondissant jusqu'à la première couche de nuages. Il est seul. Ni fumerolles, ni sources chaudes ne l'entourent, et toute la puissance volcanique se résume en lui. Les rayons de la lumière électrique viennent se mêler à cette gerbe éblouissante, dont chaque goutte se nuance de toutes les couleurs du prisme.

Le Geyser s'élève majestueusement.

« Accostons, » dit le professeur.

Mais il faut, éviter avec soin cette trombe d'eau, qui coulerait le radeau en un instant. Hans, manœuvrant adroitement, nous amène à l'extrémité de l'îlot.

Je saute sur le roc ; mon oncle me suit lestement, tandis que le chasseur demeure à son poste, comme un homme au-dessus de ces étonnements.

Nous marchons sur un granit mêlé de tuf siliceux ; le sol frissonne sous nos pieds comme les flancs d'une chaudière où se tord de la vapeur surchauffée ; il est brûlant. Nous arrivons en vue d'un petit bassin central d'où s'élève le geyser. Je plonge dans l'eau qui coule en bouillonnant un thermomètre à déversement, et il marque une chaleur de cent soixante-trois degrés.

Ainsi donc cette eau sort d'un foyer ardent. Cela contredit singulièrement les théories du professeur Lidenbrock. Je ne puis m'empêcher d'en faire la remarque.

« Eh bien, réplique-t-il, qu'est-ce que cela prouve, contre ma doctrine ?

— Rien, » dis-je d'un ton sec, en voyant que je me heurte à un entêtement absolu.

Néanmoins, je suis forcé d'avouer que nous sommes singulièrement favorisés jusqu'ici, et que, pour une raison qui m'échappe, ce voyage s'accomplit dans des conditions particulières de température ; mais il me paraît évident, certain, que nous arriverons un jour ou l'autre à ces régions où la chaleur centrale atteint les plus hautes limites et dépasse toutes les graduations des thermomètres.

Nous verrons bien. C'est le mot du professeur, qui, après avoir baptisé cet îlot volcanique du nom de son neveu, donne le signal de l'embarquement.

Je reste pendant quelques minutes encore à contempler le geyser. Je remarque que son jet est irrégulier dans ses accès, qu'il diminue parfois d'intensité, puis reprend avec une nouvelle vigueur, ce que j'attribue aux variations de pression des vapeurs accumulées dans son réservoir.

Enfin nous partons en contournant les roches très-accores du sud. Hans a profité de cette halte pour remettre le radeau en état.

Mais avant de déborder je fais quelques observations pour calculer la distance parcourue, et je les note sur mon journal. Nous avons franchi deux cent soixante-dix lieues de mer depuis Port-Graüben, et nous sommes à six cent vingt lieues de l'Islande, sous l'Angleterre.


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Mercredi 19 août. — Heureusement le vent, qui souffle avec force, nous a permis de fuir rapidement le théâtre de la lutte. Hans est toujours au gouvernail. Hans is still at the helm. Mon oncle, tiré de ses absorbantes idées par les incidents de ce combat, retombe dans son impatiente contemplation de la mer. My uncle, drawn from his absorbing ideas by the incidents of this combat, falls back into his impatient contemplation of the sea. Мой дядя, извлеченный из его поглощающих идей инцидентами этого боя, возвращается обратно в свое нетерпеливое созерцание моря. Мій дядько, вирваний зі своїх поглинутих думок подіями цієї бійки, знову занурився у нетерпляче споглядання моря.

Le voyage reprend sa monotone uniformité, que je ne tiens pas à rompre au prix des dangers d’hier. The journey resumes its monotonous uniformity, which I do not want to break at the cost of yesterday's dangers. A viagem retoma a sua uniformidade monótona, que não quero romper às custas dos perigos de ontem. Поездка возобновляет монотонную однородность, которую я не хочу ломать за счет вчерашних опасностей.

Jeudi 20 août. — Brise N.-N.-E. assez inégale. quite uneven. Température chaude. Nous marchons avec une vitesse de trois lieues et demie à l’heure.

Vers midi un bruit très-éloigné se fait entendre. К полудню слышен очень далекий шум.

Je consigne ici le fait sans pouvoir en donner l’explication. Registro o fato aqui sem poder dar uma explicação. C’est un mugissement continu. It is a continuous bellow.

« Il y a au loin, dit le professeur, quelque rocher, ou quelque îlot sur lequel la mer se brise. Hans se hisse au sommet du mât, mais ne signale aucun écueil. Hans climbed to the top of the mast, but did not point out any pitfalls. L’océan est uni jusqu’à sa ligne d’horizon. The ocean is united to its horizon line. Океан єдиний до самого горизонту. Trois heures se passent. Les mugissements semblent provenir d’une chute d’eau éloignée.

Je le fais remarquer à mon oncle, qui secoue la tête. I point this out to my uncle, who shakes his head. Я вказую на це дядькові, який хитає головою. J’ai pourtant la conviction que je ne me trompe pas. Однак я переконаний, що не помиляюся. Courons-nous donc à quelque cataracte qui nous précipitera dans l’abîme ? Are we running for some cataract that will throw us into the abyss? Чи не насувається на нас якась катаракта, яка кине нас у прірву? Que cette manière de descendre plaise au professeur, parce qu’elle se rapproche de la verticale, c’est possible, mais à moi… That this way of going down pleases the professor, because it is closer to the vertical, it is possible, but to me ... Вчителю може сподобатися такий спосіб спуску, бо він ближчий до вертикалі, але мені подобається...

En tout cas, il doit y avoir à quelques lieues au vent un phénomène bruyant, car maintenant les mugissements se font entendre avec une grande violence. In any case, there must be a few leagues to the wind a noisy phenomenon, because now the roaring can be heard with great violence. Viennent-ils du ciel ou de l’océan ?

Je porte mes regards vers les vapeurs suspendues dans l’atmosphère, et je cherche à sonder leur profondeur. Le ciel est tranquille. Les nuages, emportés au plus haut de la voûte, semblent immobiles et se perdent dans l’intense irradiation de la lumière. The clouds, carried to the top of the vault, seem motionless and are lost in the intense irradiation of light. Хмари, підняті на вершину склепіння, здаються нерухомими і губляться в інтенсивному випромінюванні світла. Il faut donc chercher ailleurs la cause de ce phénomène.

J’interroge alors l’horizon pur et dégagé de toute brume. I question then the pure horizon clear of any haze. Eu então questiono o horizonte puro e livre de qualquer névoa. Son aspect n’a pas changé. Його зовнішній вигляд не змінився. Mais, si ce bruit vient d’une chute, d’une cataracte, si tout cet océan se précipite dans un bassin inférieur, si ces mugissements sont produits par une masse d’eau qui tombe, le courant doit s’activer, et sa vitesse croissante peut me donner la mesure du péril dont nous sommes menacés. But if this noise comes from a fall, from a cataract, if all this ocean rushes into a lower basin, if these roarings are produced by a body of water that falls, the current must be activated, and its increasing speed can give me the measure of the peril we are threatened with. Але якщо цей шум виходить від водоспаду, від катаракти, якщо весь цей океан кидається в нижчий басейн, якщо ці гуркоти створюються масою падаючої води, течія повинна активізуватися, і її зростаюча швидкість може дати мені міру небезпеки, яка нам загрожує. Je consulte le courant. Я перевіряю струм. Il est nul. He's bad. Ele está mal. Une bouteille vide que je jette à la mer reste sous le vent. An empty bottle that I throw into the sea stays downwind. Порожня пляшка, яку я кидаю в море, залишається за вітром.

Vers quatre heures, Hans se lève, se cramponne au mât et monte à son extrémité. Around four o'clock, Hans gets up, clings to the mast, and climbs up to its end. De là son regard parcourt l’arc de cercle que l’océan décrit devant le radeau et s’arrête à un point. From there his gaze travels the arc of a circle which the ocean describes in front of the raft and stops at a point. Звідти його погляд мандрує по дузі океану перед плотом і зупиняється в одній точці. Sa figure n’exprime aucune surprise, mais son poil est devenu fixe. His face does not express any surprise, but his hair has become fixed.

« Il a vu quelque chose, dit mon oncle. Він щось бачив, - сказав мій дядько.

— Je le crois. Hans redescend, puis il étend son bras vers le sud en disant :

« Der nere ! “Der nere! — Là-bas ? - Там? » répond mon oncle.

Et saisissant sa lunette, il regarde attentivement pendant une minute, qui me paraît un siècle.

« Oui, oui ! s’écrie-t-il.

— Que voyez-vous ?

— Une gerbe immense qui s’élève au-dessus des flots. - An immense spray which rises above the waves. - Um imenso spray que se eleva acima das ondas. - Величезний бризок, що здіймається над хвилями.

— Encore quelque animal marin ?

— Alors mettons le cap plus à l’ouest, car nous savons à quoi nous en tenir sur le danger de rencontrer ces monstres antédiluviens ! - So, let's head west, because we know what to say about the danger of meeting these antediluvian monsters! - Тож рушаймо далі на захід, адже ми знаємо, наскільки нам загрожує небезпека зустрітися з цими доділувійськими монстрами!

— Laissons aller, » répond mon oncle. - Let’s let go, ”my uncle replies. - Забудь, - відповів дядько.

Je me retourne vers Hans. I turn to Hans. Я обертаюся до Ганса. Hans maintient sa barre avec une inflexible rigueur. Hans maintains his bar with unyielding rigor.

Cependant, si de la distance qui nous sépare de cet animal, et qu’il faut estimer à douze lieues au moins, on peut apercevoir la colonne d’eau chassée par ses évents, il doit être d’une taille surnaturelle. However, if from the distance which separates us from this animal, and that it is necessary to estimate at least twelve leagues, one can see the column of water expelled by its vents, it must be of a supernatural size. Porém, se da distância que nos separa deste animal, e que é necessário estimar pelo menos doze léguas, se possa ver a coluna de água expelida por suas aberturas, deve ser de tamanho sobrenatural. Fuir serait se conformer aux lois de la plus vulgaire prudence. To flee would be to conform to the laws of the most vulgar prudence. Mais nous ne sommes pas venus ici pour être prudents. But we didn't come here to be careful. Але ми приїхали сюди не для того, щоб бути обережними. On va donc en avant. Тож ми йдемо вперед. Plus nous approchons, plus la gerbe grandit. The closer we get, the more the spray grows. Чим ближче ми підходимо, тим більшим стає сніп. Quel monstre peut s’emplir d’une pareille quantité d’eau et l’expulser ainsi sans interruption ? What monster can fill itself with such a quantity of water and thus expel it without interruption?

À huit heures du soir nous ne sommes pas à deux lieues de lui. At eight o'clock in the evening we are not two leagues from him. A las ocho de la noche no estamos a dos leguas de él. Son corps noirâtre, énorme, monstrueux, s’étend dans la mer comme un îlot. Est-ce illusion ? Is this illusion? est-ce effroi ? is it fright? Sa longueur me parait dépasser mille toises ! Quel est donc ce cétacé que n’ont prévu ni les Cuvier ni les Blumembach ? So what is this cetacean that neither the Cuviers nor the Blumembach predicted? Il est immobile et comme endormi ; la mer semble ne pouvoir le soulever, et ce sont les vagues qui ondulent sur ses flancs. He is motionless and asleep; the sea seems to be unable to lift it, and it is the waves that undulate on its flanks. La colonne d’eau, projetée à une hauteur de cinq cents pieds retombe avec un bruit assourdissant. Nous courons en insensés vers cette masse puissante que cent baleines ne nourriraient pas pour un jour. We run madly toward that mighty mass that a hundred whales would not feed for a day. Corremos loucamente em direção a essa massa poderosa que cem baleias não alimentariam por um dia. Ми біжимо, як дурні, назустріч цій потужній масі, яку сотня китів не прогодувала б і за день.

La terreur me prend. Je ne veux pas aller plus loin ! Я не хочу йти далі! Je couperai, s’il le faut, la drisse de la voile ! I will cut, if necessary, the halyard of the sail! Vou cortar a adriça da vela, se necessário! Я переріжу фал, якщо доведеться! Je me révolte contre le professeur, qui ne me répond pas. I revolt against the professor, who does not answer me.

Tout à coup Hans se lève, et montrant du doigt le point menaçant : Suddenly Hans gets up, pointing to the threatening point: Раптом Ганс підводиться і вказує на загрозливе місце:

« Holme ! » dit-il.

— Une île ! s’écrie mon oncle.

— Une île ! dis-je à mon tour en haussant les épaules. I said, shrugging my shoulders.

— Évidemment, répond le professeur en poussant un vaste éclat de rire. - Obviously, answers the professor, uttering a huge burst of laughter. - Звичайно, - відповідає професор з гучним сміхом.

— Mais cette colonne d’eau !

— « Geyser » fait Hans.

— Eh ! sans doute, geyser ! riposte mon oncle, un geyser pareil à ceux de l’Islande[1] ! retorts my uncle, a geyser like those in Iceland [1]! Je ne veux pas, d’abord, m’être trompé si grossièrement. I do not want to be so wrong at first. Я не хочу помилятися в першу чергу. Avoir pris un îlot pour un monstre marin ! Mais l’évidence se fait, et il faut enfin convenir de mon erreur. But the evidence is clear, and we must finally admit my error. Il n’y a là qu’un phénomène naturel. Це цілком природне явище.

À mesure que nous approchons, les dimensions de la gerbe liquide deviennent grandioses. As we approach, the dimensions of the liquid spray become grandiose. L’îlot représente à s’y méprendre un cétacé immense dont la tête domine les flots à une hauteur de dix toises. The islet represents, to be mistaken, an immense cetacean whose head dominates the waves at a height of ten fathoms. A ilhota representa, para se enganar, um imenso cetáceo cuja cabeça domina as ondas a uma altura de dez braças. Le geyser, mot que les Islandais prononcent « geysir » et qui signifie « fureur », s’élève majestueusement à son extrémité. The geyser, a word that the Icelanders pronounce "geysir" and which means "fury", rises majestically at its end. El géiser, palabra que los islandeses pronuncian “geysir” y que significa “furia”, se eleva majestuoso en su extremo. De sourdes détonations éclatent par instants, et l’énorme jet, pris de colères plus violentes, secoue son panache de vapeurs en bondissant jusqu’à la première couche de nuages. Muffled detonations erupt from time to time, and the enormous jet, seized with more violent anger, shakes its plume of vapors, leaping up to the first layer of clouds. Il est seul. Ni fumerolles, ni sources chaudes ne l’entourent, et toute la puissance volcanique se résume en lui. Neither fumaroles nor hot springs surround him, and all the volcanic power is summed up in him. Les rayons de la lumière électrique viennent se mêler à cette gerbe éblouissante, dont chaque goutte se nuance de toutes les couleurs du prisme. The rays of electric light come to mingle with this dazzling spray, each drop of which is tinted with all the colors of the prism. Os raios de luz elétrica vêm se misturar com esse spray deslumbrante, cada gota tingida com todas as cores do prisma.

Le Geyser s’élève majestueusement.

« Accostons, » dit le professeur. "Let's dock," said the professor.

Mais il faut, éviter avec soin cette trombe d’eau, qui coulerait le radeau en un instant. But we must carefully avoid this downpour, which would sink the raft in an instant. Hans, manœuvrant adroitement, nous amène à l’extrémité de l’îlot.

Je saute sur le roc ; mon oncle me suit lestement, tandis que le chasseur demeure à son poste, comme un homme au-dessus de ces étonnements. I jump on the rock; my uncle follows me nimbly, while the hunter remains at his post, like a man above these astonishment. Eu pulo na pedra; meu tio me segue agilmente, enquanto o caçador permanece em seu posto, como um homem acima desses espasmos.

Nous marchons sur un granit mêlé de tuf siliceux ; le sol frissonne sous nos pieds comme les flancs d’une chaudière où se tord de la vapeur surchauffée ; il est brûlant. Nous arrivons en vue d’un petit bassin central d’où s’élève le geyser. Je plonge dans l’eau qui coule en bouillonnant un thermomètre à déversement, et il marque une chaleur de cent soixante-trois degrés. I dive into the bubbling flowing water with a spill thermometer, and it marks a heat of one hundred and sixty-three degrees. Eu mergulho na água borbulhante de um termômetro de derramamento e ele registra uma temperatura de cento e sessenta e três graus.

Ainsi donc cette eau sort d’un foyer ardent. So this water comes out of a fiery home. Отже, ця вода виходить з вогняної печі. Cela contredit singulièrement les théories du professeur Lidenbrock. This singularly contradicts the theories of Professor Lidenbrock. Je ne puis m’empêcher d’en faire la remarque. I can't help but point it out.

« Eh bien, réplique-t-il, qu’est-ce que cela prouve, contre ma doctrine ?

— Rien, » dis-je d’un ton sec, en voyant que je me heurte à un entêtement absolu. "Nothing," I said dryly, seeing that I was stubbornly obstinate.

Néanmoins, je suis forcé d’avouer que nous sommes singulièrement favorisés jusqu’ici, et que, pour une raison qui m’échappe, ce voyage s’accomplit dans des conditions particulières de température ; mais il me paraît évident, certain, que nous arriverons un jour ou l’autre à ces régions où la chaleur centrale atteint les plus hautes limites et dépasse toutes les graduations des thermomètres. Тим не менш, я змушений визнати, що нам поки що дуже пощастило, і що з якихось причин ця подорож відбувається в особливих температурних умовах; але мені здається очевидним, безсумнівним, що одного разу ми прибудемо в ті регіони, де центральна спека сягає найвищих меж і перевищує всі поділки термометрів.

Nous verrons bien. We will see. Побачимо. C’est le mot du professeur, qui, après avoir baptisé cet îlot volcanique du nom de son neveu, donne le signal de l’embarquement. This is the word of the professor, who, after having baptized this volcanic islet with the name of his nephew, gives the signal to embark.

Je reste pendant quelques minutes encore à contempler le geyser. Je remarque que son jet est irrégulier dans ses accès, qu’il diminue parfois d’intensité, puis reprend avec une nouvelle vigueur, ce que j’attribue aux variations de pression des vapeurs accumulées dans son réservoir. I notice that its jet is irregular in its accesses, that it sometimes decreases in intensity, then resumes with new vigor, which I attribute to the pressure variations of the vapors accumulated in its tank. Я помічаю, що його потік нерегулярний у своїх сплесках, що він то зменшується в інтенсивності, то відновлюється з новою силою, що я пов'язую з коливаннями тиску парів, які накопичилися в його резервуарі.

Enfin nous partons en contournant les roches très-accores du sud. Finally we leave by skirting the very steep rocks of the south. Finalmente partimos, contornando as rochas muito íngremes ao sul. Нарешті, ми вирушили в обхід дуже темних скель на південь. Hans a profité de cette halte pour remettre le radeau en état. Hans took advantage of this halt to repair the raft. Hans aproveitou essa parada para consertar a jangada. Ганс скористався цією зупинкою, щоб відремонтувати пліт.

Mais avant de déborder je fais quelques observations pour calculer la distance parcourue, et je les note sur mon journal. But before overflowing I make a few observations to calculate the distance traveled, and I write them down in my journal. Nous avons franchi deux cent soixante-dix lieues de mer depuis Port-Graüben, et nous sommes à six cent vingt lieues de l’Islande, sous l’Angleterre. We have crossed two hundred and seventy leagues of sea from Port-Graüben, and we are six hundred and twenty leagues from Iceland, under England.