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VERNE, Jules – Voyage au centre de la Terre, 32

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Le 13 août, on se réveilla de bon matin. Il s'agissait d'inaugurer un nouveau genre de locomotion rapide et peu fatigant.

Un mât fait de deux bâtons jumelés, une vergue formée d'un troisième, une voile empruntée à nos couvertures, composaient tout le gréement du radeau. Les cordes ne manquaient pas. Le tout était solide.

À six heures, le professeur donna le signal d'embarquer. Les vivres, les bagages, les instruments, les armes et une notable quantité d'eau douce se trouvaient en place.

Hans avait installé un gouvernail qui lui permettait de diriger son appareil flottant. Il se mit à la barre. Je détachai l'amarre qui nous retenait au rivage ; la voile fut orientée et nous débordâmes rapidement.

Au moment de quitter le petit port, mon oncle, qui tenait à sa nomenclature géographique, voulut lui donner un nom, le mien, entre autres.

« Ma foi, dis-je, j'en ai un autre à vous proposer.

— Lequel ?

— Le nom de Graüben, Port-Graüben, cela fera très bien sur la carte.

— Va pour Port-Graüben. Et voilà comment le souvenir de ma chère Virlandaise se rattacha à notre heureuse expédition.

La brise soufflait du nord-est ; nous filions vent arrière avec une extrême rapidité. Les couches très-denses de l'atmosphère avaient une poussée considérable et agissaient sur la voile comme un puissant ventilateur.

Au bout d'une heure, mon oncle avait pu se rendre compte de notre vitesse.

« Si nous continuons à marcher ainsi, dit-il, nous ferons au moins trente lieues par vingt-quatre heures et nous ne tarderons pas à reconnaître les rivages opposés.

Je ne répondis pas, et j'allai prendre place à l'avant du radeau. Déjà la côte septentrionale s'abaissait à l'horizon ; les deux bras du rivage s'ouvraient largement comme pour faciliter notre départ. Devant mes yeux s'étendait une mer immense. De grands nuages promenaient rapidement à sa surface leur ombre grisâtre, qui semblait peser sur cette eau morne. Les rayons argentés de la lumière électrique, réfléchis ça et là par quelque gouttelette, faisaient éclore des points lumineux sur les côtés de l'embarcation. Bientôt toute terre fut perdue de vue, tout point de repère disparut, et, sans le sillage écumeux du radeau, j'aurais pu croire qu'il demeurait dans une parfaite immobilité.

Vers midi, des algues immenses vinrent onduler à la surface des flots. Je connaissais la puissance végétative de ces plantes, qui rampent à une profondeur de plus de douze mille pieds au fond des mers, se reproduisent sous une pression de près de quatre cents atmosphères et forment souvent des bancs assez considérables pour entraver la marche des navires ; mais jamais, je crois, algues ne furent plus gigantesques que celles de la mer Lidenbrock.

Notre radeau longea des fucus longs de trois et quatre mille pieds, immenses serpents qui se développaient hors de la portée de la vue ; je m'amusais à suivre du regard leurs rubans infinis, croyant toujours en atteindre l'extrémité, et pendant des heures entières ma patience était trompée, sinon mon étonnement.

Quelle force naturelle pouvait produire de telles plantes, et quel devait être l'aspect de la terre aux premiers siècles de sa formation, quand, sous l'action de la chaleur et de l'humidité, le règne végétal se développait seul à sa surface !

Le soir arriva, et, ainsi que je l'avais remarqué la veille, l'état lumineux de l'air ne subit aucune diminution. C'était un phénomène constant sur la durée duquel on pouvait compter.

Après le souper je m'étendis au pied du mât, et je ne tardai pas à m'endormir au milieu d'indolentes rêveries.

Hans, immobile au gouvernail, laissait courir le radeau, qui, d'ailleurs, poussé vent arrière, ne demandait même pas à être dirigé.

Depuis notre départ de Port-Graüben, le professeur Lidenbrock m'avait chargé de tenir le « journal du bord », de noter les moindres observations, de consigner les phénomènes intéressants, la direction du vent, la vitesse acquise, le chemin parcouru, en un mot, tous les incidents de cette étrange navigation.

Je me bornerai donc à reproduire ici ces notes quotidiennes, écrites pour ainsi dire sous la dictée des événements, afin de donner un récit plus exact de notre traversée.

Vendredi 14 août. — Brise égale du N.-O. Le radeau marche avec rapidité et en ligne droite. La côte reste à trente lieues sous le vent. Rien à l'horizon. L'intensité de la lumière ne varie pas. Beau temps, c'est-à-dire que les nuages sont fort élevés, peu épais et baignés dans une atmosphère blanche, comme serait de l'argent en fusion.

Thermomètre : + 32° centigr.

À midi, Hans prépare un hameçon à l'extrémité d'une corde ; il l'amorce avec un petit morceau de viande et le jette à la mer. Pendant deux heures il ne prend rien. Ces eaux sont donc inhabitées ? Non. Une secousse se produit. Hans tire sa ligne et ramène un poisson qui se débat vigoureusement.

« Un poisson ! s'écrie mon oncle.

— C'est un esturgeon ! m'écriai-je à mon tour, un esturgeon de petite taille ! Le professeur regarde attentivement l'animal et ne partage pas mon opinion. Ce poisson a la tête plate, arrondie et la partie antérieure du corps couverte de plaques osseuses ; sa bouche est privée de dents ; des nageoires pectorales assez développées sont ajustées à son corps dépourvu de queue. Cet animal appartient bien à un ordre où les naturalistes ont classé l'esturgeon, mais il en diffère par des côtés assez essentiels.

Mon oncle ne s'y trompe pas, car, après un assez court examen, il dit :

« Ce poisson appartient à une famille éteinte depuis des siècles et dont on retrouve des traces fossiles dans le terrain dévonien.

— Comment ! dis-je, nous aurions pu prendre vivant un de ces habitants des mers primitives ?

— Oui, répond le professeur en continuant ses observations, et tu vois que ces poissons fossiles n'ont aucune identité avec les espèces actuelles. Or, tenir un de ces êtres vivant c'est un véritable bonheur de naturaliste.

— Mais à quelle famille appartient-il ?

— À l'ordre des Ganoïdes, famille des Céphalaspides, genre…

— Eh bien ?

— Genre des Pterychtis, j'en jurerais ; mais celui-ci offre une particularité qui, dit-on, se rencontre chez les poissons des eaux souterraines.

— Laquelle ?

— Il est aveugle !

— Aveugle !

— Non seulement aveugle, mais l'organe de la vue lui manque absolument. Je regarde. Rien n'est plus vrai. Mais ce peut être un cas particulier. La ligne est donc amorcée de nouveau et rejetée à la mer. Cet océan, à coup sûr, est fort poissonneux, car en deux heures nous prenons une grande quantité de Pterychtis, ainsi que des poissons appartenant à une famille également éteinte, les Dipterides, mais dont mon oncle ne peut reconnaître le genre. Tous sont dépourvus de l'organe de la vue. Cette pêche inespérée renouvelle avantageusement nos provisions.

Ainsi donc, cela paraît constant, cette mer ne renferme que des espèces fossiles, dans lesquelles les poissons comme les reptiles sont d'autant plus parfaits que leur création est plus ancienne.

Peut-être rencontrerons-nous quelques-uns de ces sauriens que la science a su refaire avec un bout d'ossement ou de cartilage ?

Je prends la lunette et j'examine la mer. Elle est déserte. Sans doute nous sommes encore trop rapprochés des côtes.

Je regarde dans les airs. Pourquoi quelques-uns de ces oiseaux reconstruits par l'immortel Cuvier ne battraient-ils pas de leurs ailes ces lourdes couches atmosphériques ? Les poissons leur fourniraient une suffisante nourriture. J'observe l'espace, mais les airs sont inhabités comme les rivages.

Cependant mon imagination m'emporte dans les merveilleuses hypothèses de la paléontologie. Je rêve tout éveillé. Je crois voir à la surface des eaux ces énormes Chersites, ces tortues antédiluviennes, semblables à des îlots flottants. Sur les grèves assombries passent les grands mammifères des premiers jours, le Leptotherium, trouvé dans les cavernes du Brésil, le Mericotherium, venu des régions glacées de la Sibérie. Plus loin, le pachyderme Lophiodon, ce tapir gigantesque, se cache derrière les rocs, prêt à disputer sa proie à l'Anoplotherium, animal étrange, qui tient du rhinocéros, du cheval, de l'hippopotame et du chameau, comme si le Créateur, pressé aux premières heures du monde, eût réuni plusieurs animaux en un seul. Le Mastodonte géant fait tournoyer sa trompe et broie sous ses défenses les rochers du rivage, tandis que le Megatherium, arc-bouté sur ses énormes pattes, fouille la terre en éveillant par ses rugissements l'écho des granits sonores. Plus haut, le Protopithèque, le premier singe apparu à la surface du globe, gravit les cimes ardues. Plus haut encore, le Ptérodactyle, à la main ailée, glisse comme une large chauve-souris sur l'air comprimé. Enfin, dans les dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus grands que l'autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de la tête contre la paroi de la voûte granitique.

Le rêve d'Axel.

Tout ce monde fossile renaît dans mon imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l'homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore. Mon rêve alors devance l'apparition des êtres animés. Les mammifères disparaissent, puis les oiseaux, puis les reptiles de l'époque secondaire, et enfin les poissons, les crustacés, les mollusques, les articulés. Les zoophytes de la période de transition retournent au néant à leur tour. Toute la vie de la terre se résume en moi, et mon cœur est seul à battre dans ce monde dépeuplé. Il n'y plus de saisons ; il n'y a plus de climats ; la chaleurpropre du globe s'accroît sans cesse et neutralise celle de l'astre radieux. La végétation s'exagère. Je passe comme une ombre au milieu des fougères arborescentes, foulant de mon pas incertain les marnes irisées et les grès bigarrés du sol ; je m'appuie au tronc des conifères immenses ; je me couche à l'ombre des Sphenophylles, des Asterophylles et des Lycopodes hauts de cent pieds.

Les siècles s'écoulent comme des jours ! Je remonte la série des transformations terrestres. Les plantes disparaissent ; les roches granitiques perdent leur dureté ; l'état liquide va remplacer l'état solide sous l'action d'une chaleur plus intense ; les eaux courent à la surface du globe ; elles bouillonnent, elles se volatilisent ; les vapeurs enveloppent la terre, qui peu à peu ne forme plus qu'une masse gazeuse, portée au rouge blanc, grosse comme le soleil et brillante comme lui !

Au centre de cette nébuleuse, quatorze cent mille fois plus considérable que ce globe qu'elle va former un jour, je suis entraîné dans les espaces planétaires ! mon corps se subtilise, se sublime à son tour et se mélange comme un atome impondérable à ces immenses vapeurs qui tracent dans l'infini leur orbite enflammée !

Quel rêve ! Où m'emporte-t-il ? Ma main fiévreuse en jette sur le papier les étranges détails ! J'ai tout oublié, et le professeur, et le guide, et le radeau ! Une hallucination s'est emparée de mon esprit…

« Qu'as-tu ? » dit mon oncle.

Mes yeux tout ouverts se fixent sur lui sans le voir.

« Prends garde, Axel, tu vas tomber à la mer ! En même temps, je me sens saisir vigoureusement par la main de Hans. Sans lui, sous l'empire de mon rêve, je me précipitais dans les flots.

« Est-ce qu'il devient fou ? s'écrie le professeur.

— Qu'y a-t-il ? dis-je enfin, en revenant à moi.

— Es-tu malade ?

— Non, j'ai eu un moment d'hallucination, mais il est passé. Tout va bien, d'ailleurs ?

— Oui ! bonne brise, belle mer ! nous filons rapidement, et si mon estime ne m'a pas trompé, nous ne pouvons tarder à atterrir. À ces paroles, je me lève, je consulte l'horizon ; mais la ligne d'eau se confond toujours avec la ligne des nuages.


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Le 13 août, on se réveilla de bon matin. On August 13, we woke up early in the morning. No dia 13 de agosto, acordamos bem cedo. 13 августа мы проснулись рано утром. Il s’agissait d’inaugurer un nouveau genre de locomotion rapide et peu fatigant. It was a question of inaugurating a new kind of fast and little tiring locomotion. Это должно было открыть новый вид быстрой и не очень утомительной локомоции. Метою було започаткувати новий тип швидкого пересування з мінімальним впливом на навколишнє середовище.

Un mât fait de deux bâtons jumelés, une vergue formée d’un troisième, une voile empruntée à nos couvertures, composaient tout le gréement du radeau. Um mastro feito de duas varas gêmeas, uma jarda formada por uma terceira, uma vela emprestada de nossas cobertas, compunham todo o cordame da jangada. Щогла з двох здвоєних палиць, ярдарм з третьої палиці, вітрило, запозичене з наших ковдр, складали все оснащення плоту. Les cordes ne manquaient pas. Канатов не хватало. Мотузок не бракувало. Le tout était solide. Усе це було міцно.

À six heures, le professeur donna le signal d’embarquer. Les vivres, les bagages, les instruments, les armes et une notable quantité d’eau douce se trouvaient en place.

Hans avait installé un gouvernail qui lui permettait de diriger son appareil flottant. Hans had installed a rudder which allowed him to steer his floating apparatus. Il se mit à la barre. He started at the bar. Он начал в баре. Він сів за кермо. Je détachai l’amarre qui nous retenait au rivage ; la voile fut orientée et nous débordâmes rapidement. I untied the mooring line which held us to the shore; the sail was oriented and we overflowed quickly. Desamarrei o cabo de amarração que nos prendia à costa; a vela foi orientada e transbordamos rapidamente. Я развязал причал, который держал нас на берегу; парус был ориентирован, и мы быстро переполнились.

Au moment de quitter le petit port, mon oncle, qui tenait à sa nomenclature géographique, voulut lui donner un nom, le mien, entre autres. Ao sair do pequeno porto, o meu tio, apaixonado pela sua nomenclatura geográfica, quis dar-lhe um nome, o meu, entre outros. Покидаючи маленький порт, мій дядько, який захоплювався своєю географічною номенклатурою, хотів дати йому ім'я, серед інших і моє.

« Ma foi, dis-je, j’en ai un autre à vous proposer. «Вера, - сказал я, - у меня есть другой, чтобы предложить тебе. Що ж, - сказав я, - у мене є ще одна для тебе.

— Lequel ?

— Le nom de Graüben, Port-Graüben, cela fera très bien sur la carte. - O nome de Graüben, Port-Graüben, ficará ótimo no mapa.

— Va pour Port-Graüben. - Go to Port-Graüben. - Їдьте в Порт-Граубен. Et voilà comment le souvenir de ma chère Virlandaise se rattacha à notre heureuse expédition. And this is how the memory of my dear Virlandaise was linked to our happy expedition. E assim se ligou a memória do meu querido Virlandaise à nossa feliz expedição.

La brise soufflait du nord-est ; nous filions vent arrière avec une extrême rapidité. The breeze was blowing from the northeast; we were heading downwind very quickly. Ветер дул с северо-востока; мы быстро вращались по ветру. Вітер дув з північного сходу, ми йшли за вітром з надзвичайною швидкістю. Les couches très-denses de l’atmosphère avaient une poussée considérable et agissaient sur la voile comme un puissant ventilateur. The very dense layers of the atmosphere had a considerable thrust and acted on the sail like a powerful fan.

Au bout d’une heure, mon oncle avait pu se rendre compte de notre vitesse.

« Si nous continuons à marcher ainsi, dit-il, nous ferons au moins trente lieues par vingt-quatre heures et nous ne tarderons pas à reconnaître les rivages opposés. "If we continue to walk like this," he said, "we will do at least thirty leagues a day, and we will not be long in recognizing the opposite shores.

Je ne répondis pas, et j’allai prendre place à l’avant du radeau. Não respondi e fui ocupar meu lugar na frente da jangada. Déjà la côte septentrionale s’abaissait à l’horizon ; les deux bras du rivage s’ouvraient largement comme pour faciliter notre départ. Already the northern coast was falling on the horizon; the two arms of the shore opened wide as if to facilitate our departure. Північне узбережжя вже зникало на горизонті; два рукави берегової лінії широко розкрилися, ніби для того, щоб полегшити наш від'їзд. Devant mes yeux s’étendait une mer immense. De grands nuages promenaient rapidement à sa surface leur ombre grisâtre, qui semblait peser sur cette eau morne. Large clouds were moving rapidly over its surface their greyish shadow, which seemed to weigh on this dreary water. Grandes nuvens se moviam rapidamente sobre sua superfície, sua sombra acinzentada, que parecia pesar sobre a água sombria. Les rayons argentés de la lumière électrique, réfléchis ça et là par quelque gouttelette, faisaient éclore des points lumineux sur les côtés de l’embarcation. The silvery rays of electric light, reflected here and there by some droplet, made luminous points appear on the sides of the boat. Os raios prateados da luz elétrica, refletidos aqui e ali por alguma gota, faziam aparecer pontos luminosos nas laterais do barco. Bientôt toute terre fut perdue de vue, tout point de repère disparut, et, sans le sillage écumeux du radeau, j’aurais pu croire qu’il demeurait dans une parfaite immobilité.

Vers midi, des algues immenses vinrent onduler à la surface des flots. Je connaissais la puissance végétative de ces plantes, qui rampent à une profondeur de plus de douze mille pieds au fond des mers, se reproduisent sous une pression de près de quatre cents atmosphères et forment souvent des bancs assez considérables pour entraver la marche des navires ; mais jamais, je crois, algues ne furent plus gigantesques que celles de la mer Lidenbrock.

Notre radeau longea des fucus longs de trois et quatre mille pieds, immenses serpents qui se développaient hors de la portée de la vue ; je m’amusais à suivre du regard leurs rubans infinis, croyant toujours en atteindre l’extrémité, et pendant des heures entières ma patience était trompée, sinon mon étonnement. Our raft ran along fucuses three or four thousand feet long, immense snakes that grew out of sight; I amused myself by following their infinite ribbons with their eyes, always thinking they were reaching the end, and for hours on end my patience was deceived, if not my astonishment. Наш пліт огинав уламки завдовжки три-чотири тисячі футів, величезні змії, що виростали з-під ніг; я розважався, стежачи очима за їхніми нескінченними стрічками, завжди вірячи, що доходжу до їхнього кінця, і годинами поспіль моє терпіння обманювалося, якщо не сказати, що я дивувався.

Quelle force naturelle pouvait produire de telles plantes, et quel devait être l’aspect de la terre aux premiers siècles de sa formation, quand, sous l’action de la chaleur et de l’humidité, le règne végétal se développait seul à sa surface ! What natural force could such plants produce, and what must have been the appearance of the earth in the first centuries of its formation, when, under the action of heat and humidity, the vegetable kingdom developed alone on its surface? ! Яка природна сила могла породити такі рослини, і яким повинен був бути вигляд землі в перші століття її формування, коли під дією тепла і вологи рослинне царство самотньо розвивалося на її поверхні!

Le soir arriva, et, ainsi que je l’avais remarqué la veille, l’état lumineux de l’air ne subit aucune diminution. Evening arrived, and, as I had noticed the day before, the luminous state of the air did not undergo any diminution. Прибыл вечер, и, как я заметил вчера, светящееся состояние воздуха не подвергалось никакому уменьшению. C’était un phénomène constant sur la durée duquel on pouvait compter.

Après le souper je m’étendis au pied du mât, et je ne tardai pas à m’endormir au milieu d’indolentes rêveries. After supper I lay down at the foot of the mast, and I soon fell asleep in the midst of indolent reveries. Після вечері я приліг біля підніжжя щогли і незабаром заснув у ледачій мрійливості.

Hans, immobile au gouvernail, laissait courir le radeau, qui, d’ailleurs, poussé vent arrière, ne demandait même pas à être dirigé. Hans, motionless at the rudder, let the raft run, which, moreover, pushed down the wind, did not even ask to be directed. Hans, imóvel ao leme, deixou correr a jangada, que, aliás, empurrou a favor do vento, nem pediu para ser manobrada. Ганс, нерухомо сидячи за кермом, відпустив пліт, який, до того ж, штовхало за вітром, навіть не просив, щоб його скерували.

Depuis notre départ de Port-Graüben, le professeur Lidenbrock m’avait chargé de tenir le « journal du bord », de noter les moindres observations, de consigner les phénomènes intéressants, la direction du vent, la vitesse acquise, le chemin parcouru, en un mot, tous les incidents de cette étrange navigation.

Je me bornerai donc à reproduire ici ces notes quotidiennes, écrites pour ainsi dire sous la dictée des événements, afin de donner un récit plus exact de notre traversée. I will therefore limit myself to reproducing here these daily notes, written so to speak under the dictation of events, in order to give a more exact account of our crossing. Limito-me, portanto, a reproduzir aqui estas notas diárias, escritas por assim dizer sob o ditado dos acontecimentos, para dar um relato mais preciso da nossa travessia.

Vendredi 14 août. — Brise égale du N.-O. Le radeau marche avec rapidité et en ligne droite. The raft walks swiftly and in a straight line. Пліт рухається швидко і по прямій лінії. La côte reste à trente lieues sous le vent. The coast remains thirty leagues downwind. Берег залишається в тридцяти лігах за вітром. Rien à l’horizon. Нічого на горизонті. L’intensité de la lumière ne varie pas. Beau temps, c’est-à-dire que les nuages sont fort élevés, peu épais et baignés dans une atmosphère blanche, comme serait de l’argent en fusion. Fine weather, that is to say that the clouds are very high, not very thick and bathed in a white atmosphere, like molten silver. Tempo bom, ou seja, as nuvens são muito altas, pouco espessas e banhadas por uma atmosfera branca, como prata derretida. Погода чудова, тобто хмари високі, тонкі і купаються в білій атмосфері, наче в розплавленому сріблі.

Thermomètre : + 32° centigr.

À midi, Hans prépare un hameçon à l’extrémité d’une corde ; il l’amorce avec un petit morceau de viande et le jette à la mer. At noon, Hans prepares a hook at the end of a rope; he starts it with a small piece of meat and throws it into the sea. Ao meio-dia, Hans prepara um gancho na ponta de uma corda; ele o morde com um pequeno pedaço de carne e o joga no mar. Pendant deux heures il ne prend rien. Ces eaux sont donc inhabitées ? Non. Une secousse se produit. A jolt occurs. Происходит толчок. Hans tire sa ligne et ramène un poisson qui se débat vigoureusement. Hans pulls his line and brings back a fish that struggles vigorously.

« Un poisson ! s’écrie mon oncle.

— C’est un esturgeon ! - It's a sturgeon! m’écriai-je à mon tour, un esturgeon de petite taille ! I exclaimed in my turn, a sturgeon of small size! Le professeur regarde attentivement l’animal et ne partage pas mon opinion. The teacher looks closely at the animal and does not share my opinion. Ce poisson a la tête plate, arrondie et la partie antérieure du corps couverte de plaques osseuses ; sa bouche est privée de dents ; des nageoires pectorales assez développées sont ajustées à son corps dépourvu de queue. Эта рыба имеет плоскую округлую голову и переднюю часть тела, покрытую костными пластинами; его рот лишен зубов; довольно развитые грудные плавники приспособлены к его телу без хвоста. Cet animal appartient bien à un ordre où les naturalistes ont classé l’esturgeon, mais il en diffère par des côtés assez essentiels. This animal does indeed belong to an order in which naturalists have classified the sturgeon, but it differs from it in fairly essential aspects.

Mon oncle ne s’y trompe pas, car, après un assez court examen, il dit :

« Ce poisson appartient à une famille éteinte depuis des siècles et dont on retrouve des traces fossiles dans le terrain dévonien. “Este peixe pertence a uma família extinta há séculos e da qual encontramos vestígios fósseis no terreno devoniano.

— Comment ! dis-je, nous aurions pu prendre vivant un de ces habitants des mers primitives ? I say, we could have taken alive one of these inhabitants of the primitive seas?

— Oui, répond le professeur en continuant ses observations, et tu vois que ces poissons fossiles n’ont aucune identité avec les espèces actuelles. - Yes, the professor replies, continuing his observations, and you see that these fossil fish have no identity with the current species. - Да, профессор отвечает, продолжая свои наблюдения, и вы видите, что эти ископаемые рыбы не имеют идентичности с нынешними видами. Or, tenir un de ces êtres vivant c’est un véritable bonheur de naturaliste. But to hold one of these living beings is a true naturalist's happiness. No entanto, segurar um desses seres vivos é uma verdadeira felicidade para um naturalista.

— Mais à quelle famille appartient-il ?

— À l’ordre des Ganoïdes, famille des Céphalaspides, genre…

— Eh bien ?

— Genre des Pterychtis, j’en jurerais ; mais celui-ci offre une particularité qui, dit-on, se rencontre chez les poissons des eaux souterraines. - Kind of Pterychtis, I swear; but this offers a peculiarity which, it is said, is found in groundwater fish.

— Laquelle ?

— Il est aveugle ! - He is blind !

— Aveugle !

— Non seulement aveugle, mais l’organe de la vue lui manque absolument. Je regarde. Rien n’est plus vrai. Nothing is more true. Ничто не более верно. Mais ce peut être un cas particulier. La ligne est donc amorcée de nouveau et rejetée à la mer. The line is thus primed again and thrown back into the sea. Тому волосінь знову наживляють і закидають назад у море. Cet océan, à coup sûr, est fort poissonneux, car en deux heures nous prenons une grande quantité de Pterychtis, ainsi que des poissons appartenant à une famille également éteinte, les Dipterides, mais dont mon oncle ne peut reconnaître le genre. This ocean, for sure, is full of fish, for in two hours we take a large quantity of Pterychtis, as well as fish belonging to an equally extinct family, the Dipterides, but of which my uncle can not recognize the genus. Este oceano está certamente repleto de peixes, porque em duas horas apanhámos uma grande quantidade de Pterychtis, bem como peixes pertencentes a uma família igualmente extinta, os dipterídeos, mas dos quais o meu tio não consegue reconhecer o género. Tous sont dépourvus de l’organe de la vue. Всі вони позбавлені органу зору. Cette pêche inespérée renouvelle avantageusement nos provisions. This unseen fishery renews our provisions. Esta pesca inesperada renova com vantagem as nossas provisões. Цей неочікуваний улов поповнює наші запаси.

Ainsi donc, cela paraît constant, cette mer ne renferme que des espèces fossiles, dans lesquelles les poissons comme les reptiles sont d’autant plus parfaits que leur création est plus ancienne. Thus, it seems constant, this sea contains only fossil species, in which the fishes as the reptiles are all the more perfect that their creation is older. Portanto, parece constante, esse mar contém apenas espécies fósseis, nas quais peixes e répteis são tanto mais perfeitos quanto mais antiga sua criação. Таким образом, это кажется постоянным, это море содержит только ископаемые виды, в которых рыбы, как рептилии, тем более совершенны, что их создание старше.

Peut-être rencontrerons-nous quelques-uns de ces sauriens que la science a su refaire avec un bout d’ossement ou de cartilage ? Perhaps we will meet some of these saurians that science has been able to remake with a piece of bone or cartilage? Можливо, ми зустрінемо когось із цих заурів, яких наука змогла переробити за допомогою шматка кістки або хряща?

Je prends la lunette et j’examine la mer. I take the glasses and examine the sea. Беру телескоп і розглядаю море. Elle est déserte. Sans doute nous sommes encore trop rapprochés des côtes. No doubt we are still too close to the coast. Напевно, ми все ще занадто близько до узбережжя.

Je regarde dans les airs. I look in the air. Я дивлюся вгору. Pourquoi quelques-uns de ces oiseaux reconstruits par l’immortel Cuvier ne battraient-ils pas de leurs ailes ces lourdes couches atmosphériques ? Why should not some of these birds, rebuilt by the immortal Cuvier, strike with their wings those heavy atmospheric layers? Por que alguns desses pássaros reconstruídos pelo imortal Cuvier não deveriam bater com suas asas nessas pesadas camadas atmosféricas? Чому б деяким птахам, реконструйованим безсмертним Кюв'є, не змахнути крилами над цими важкими шарами атмосфери? Les poissons leur fourniraient une suffisante nourriture. The fish would provide them with enough food. J’observe l’espace, mais les airs sont inhabités comme les rivages.

Cependant mon imagination m’emporte dans les merveilleuses hypothèses de la paléontologie. Je rêve tout éveillé. I dream wide awake. Я просыпаюсь. Я мрію. Je crois voir à la surface des eaux ces énormes Chersites, ces tortues antédiluviennes, semblables à des îlots flottants. I think I see on the surface of the waters these enormous Chersites, these antediluvian turtles, like floating islets. Здається, я бачу цих величезних черситів, цих додилювіальних черепах, що плавають острівцями на поверхні води. Sur les grèves assombries passent les grands mammifères des premiers jours, le Leptotherium, trouvé dans les cavernes du Brésil, le Mericotherium, venu des régions glacées de la Sibérie. Nas praias escurecidas passam os grandes mamíferos dos primeiros dias, o Leptotherium, encontrado nas cavernas do Brasil, o Mericotherium, oriundo das regiões geladas da Sibéria. Plus loin, le pachyderme Lophiodon, ce tapir gigantesque, se cache derrière les rocs, prêt à disputer sa proie à l’Anoplotherium, animal étrange, qui tient du rhinocéros, du cheval, de l’hippopotame et du chameau, comme si le Créateur, pressé aux premières heures du monde, eût réuni plusieurs animaux en un seul. Le Mastodonte géant fait tournoyer sa trompe et broie sous ses défenses les rochers du rivage, tandis que le Megatherium, arc-bouté sur ses énormes pattes, fouille la terre en éveillant par ses rugissements l’écho des granits sonores. Гигантский Мастодон вихрем его сундука и сокрушает скалы берега под его бивнями, а Мегатериум, набитый своими огромными лапами, ищет землю, пробуждая ее рев эхо звуковых гранитов. Гігантський мастодонт крутить хоботом і трощить під своїми іклами скелі берега, а Мегатерій, зігнувшись на величезних ногах, нишпорить по землі, пробуджуючи своїм ревінням відлуння дзвінких гранітів. Plus haut, le Protopithèque, le premier singe apparu à la surface du globe, gravit les cimes ardues. Higher up, the Protopithecus, the first monkey to appear on the surface of the globe, climbs the steep peaks. Вище, протопітек, перша мавпа, що з'явилася на поверхні земної кулі, піднімається на важкі вершини. Plus haut encore, le Ptérodactyle, à la main ailée, glisse comme une large chauve-souris sur l’air comprimé. Higher still, the Pterodactyl, with its winged hand, glides like a large bat on compressed air. Еще выше, Птеродактиль, с крылатой рукой, скользит, как большая летучая мышь на сжатом воздухе. Enfin, dans les dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus grands que l’autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de la tête contre la paroi de la voûte granitique. Por fim, nas últimas camadas, pássaros enormes, mais poderosos que o casuar, maiores que o avestruz, espalham suas vastas asas e cabeça contra a parede da abóbada de granito.

Le rêve d’Axel. Axel's dream.

Tout ce monde fossile renaît dans mon imagination. All this fossil world is reborn in my imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l’homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore. I refer to the biblical epochs of creation, long before the birth of man, when the incomplete earth could not suffice him yet. Я имею в виду библейские эпохи творения, задолго до рождения человека, когда еще неполной земли ему не хватило. Mon rêve alors devance l’apparition des êtres animés. My dream then precedes the appearance of animated beings. Les mammifères disparaissent, puis les oiseaux, puis les reptiles de l’époque secondaire, et enfin les poissons, les crustacés, les mollusques, les articulés. The mammals disappear, then the birds, then the reptiles of the secondary period, and finally the fish, the crustaceans, the molluscs, the articulated ones. Ссавці зникли, за ними пішли птахи, потім рептилії у вторинному періоді, і, нарешті, риби, ракоподібні, молюски та членистоногі. Les zoophytes de la période de transition retournent au néant à leur tour. The zoophytes of the transition period return to nothing in their turn. Зоофіти перехідного періоду, у свою чергу, повертаються в небуття. Toute la vie de la terre se résume en moi, et mon cœur est seul à battre dans ce monde dépeuplé. All the life of the earth is summed up in me, and my heart is the only one beating in this depopulated world. Il n’y plus de saisons ; il n’y a plus de climats ; la chaleurpropre du globe s’accroît sans cesse et neutralise celle de l’astre radieux. There are no more seasons; there are no more climates; the own heat of the globe increases ceaselessly and neutralizes that of the radiant star. Больше нет сезонов; больше нет климата; естественная теплота земного шара постоянно увеличивается и нейтрализует излучение сияющей звезды. La végétation s’exagère. The vegetation is exaggerated. Je passe comme une ombre au milieu des fougères arborescentes, foulant de mon pas incertain les marnes irisées et les grès bigarrés du sol ; je m’appuie au tronc des conifères immenses ; je me couche à l’ombre des Sphenophylles, des Asterophylles et des Lycopodes hauts de cent pieds.

Les siècles s’écoulent comme des jours ! The centuries flow like days! Je remonte la série des transformations terrestres. I go back to the series of terrestrial transformations. Les plantes disparaissent ; les roches granitiques perdent leur dureté ; l’état liquide va remplacer l’état solide sous l’action d’une chaleur plus intense ; les eaux courent à la surface du globe ; elles bouillonnent, elles se volatilisent ; les vapeurs enveloppent la terre, qui peu à peu ne forme plus qu’une masse gazeuse, portée au rouge blanc, grosse comme le soleil et brillante comme lui ! Рослини зникають; гранітні скелі втрачають свою твердість; рідкий стан замінить твердий під дією більш інтенсивного тепла; води течуть по поверхні земної кулі; вони киплять, вони випаровуються; пари огортають землю, яка поступово утворює не що інше, як газоподібну масу, доведену до біло-червоного кольору, таку ж велику, як сонце, і таку ж яскраву, як воно!

Au centre de cette nébuleuse, quatorze cent mille fois plus considérable que ce globe qu’elle va former un jour, je suis entraîné dans les espaces planétaires ! No centro desta nebulosa, quatrocentas mil vezes maior do que este globo que vai se formar um dia, sou atraído para os espaços planetários! mon corps se subtilise, se sublime à son tour et se mélange comme un atome impondérable à ces immenses vapeurs qui tracent dans l’infini leur orbite enflammée ! my body is subtilized, sublimates itself in its turn and mixes like an atom imponderable to these immense vapors which trace in the infinite their burning orbit! meu corpo é sutil, sublimado por sua vez e se mistura como um átomo imponderável com esses imensos vapores que traçam sua órbita flamejante no infinito!

Quel rêve ! Où m’emporte-t-il ? Where is he taking me? Para onde ele está me levando? Куда он меня взял? Куди це мене веде? Ma main fiévreuse en jette sur le papier les étranges détails ! My feverish hand throws on the paper the strange details! J’ai tout oublié, et le professeur, et le guide, et le radeau ! Une hallucination s’est emparée de mon esprit… A hallucination took hold of my mind ...

« Qu’as-tu ? » dit mon oncle.

Mes yeux tout ouverts se fixent sur lui sans le voir.

« Prends garde, Axel, tu vas tomber à la mer ! “Take care, Axel, you are going to fall into the sea! "Обережно, Акселю, ти впадеш у море! En même temps, je me sens saisir vigoureusement par la main de Hans. At the same time, I feel myself being seized vigorously by Hans's hand. Sans lui, sous l’empire de mon rêve, je me précipitais dans les flots. Without him, under the influence of my dream, I rushed into the waves. Sem ele, sob a influência do meu sonho, corri para as ondas. Без нього, під впливом своєї мрії, я кидалася у хвилі.

« Est-ce qu’il devient fou ? "Is he going crazy?" "Він божеволіє? s’écrie le professeur.

— Qu’y a-t-il ? - What is it ? -Что это? - Що це таке? dis-je enfin, en revenant à moi.

— Es-tu malade ?

— Non, j’ai eu un moment d’hallucination, mais il est passé. Tout va bien, d’ailleurs ? Is everything all right?

— Oui ! bonne brise, belle mer ! good breeze, beautiful sea! nous filons rapidement, et si mon estime ne m’a pas trompé, nous ne pouvons tarder à atterrir. we're flying fast, and if I'm not mistaken, we'll be landing soon. estamos girando rapidamente e, se minha estima não me enganou, não podemos atrasar o pouso. Ми летимо швидко, і якщо я не помиляюся, скоро приземлимося. À ces paroles, je me lève, je consulte l’horizon ; mais la ligne d’eau se confond toujours avec la ligne des nuages. At these words, I get up, I consult the horizon; but the line of water always merges with the line of clouds. Com essas palavras, eu me levanto, consulto o horizonte; mas a linha da água sempre se funde com a linha das nuvens.