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George Sand : La Mare au Diable, chapitre 5

chapitre 5

LA GUILLETTE

Le père Maurice trouva chez lui une vieille voisine qui était venue causer avec sa femme tout en cherchant de la braise pour allumer son feu. La mère Guillette habitait une chaumière fort pauvre à deux portées de fusil de la ferme. Mais c'était une femme d'ordre et de volonté. Sa pauvre maison était propre et bien tenue, et ses vêtements rapiécés avec soin annonçaient le respect de soi-même au milieu de la détresse.

Vous êtes venue chercher le feu du soir, mère Guillette, lui dit le vieillard. Voulez-vous quelque autre chose?

Non, père Maurice, répondit-elle; rien pour le moment. Je ne suis pas quémandeuse, vous le savez, et je n'abuse pas de la bonté de mes amis. C'est la vérité; aussi vos amis sont toujours prêts à vous rendre service. J'étais en train de causer avec votre femme, et je lui demandais si Germain se décidait enfin à se remarier. Vous n'êtes point une bavarde, répondit le père Maurice, on peut parler devant vous sans craindre les propos: ainsi je dirai à ma femme et à vous que Germain est tout à fait décidé; il part demain pour le domaine de Fourche. A la bonne heure! s'écria la mère Maurice; ce pauvre enfant! Dieu veuille qu'il trouve une femme aussi bonne et aussi brave que lui! Ah! il va à Fourche? observa la Guillette. Voyez comme ça se trouve! cela m'arrange beaucoup, et puisque vous me demandiez tout à l'heure si je désirais quelque chose, je vas vous dire, père Maurice, en quoi vous pouvez m'obliger. Dites, dites, vous obliger, nous le voulons.

Je voudrais que Germain prît la peine d'emmener ma fille avec lui. Où donc? à Fourche?

Non pas à Fourche; mais aux Ormeaux, où elle va demeurer le reste de l'année. Comment! dit la mère Maurice, vous vous séparez de votre fille?

Il faut bien qu'elle entre en condition et qu'elle gagne quelque chose. Ça me fait assez de peine et à elle aussi, la pauvre âme! Nous n'avons pas pu nous décider à nous quitter à l'époque de la Saint-Jean; mais voilà que la Saint-Martin arrive, et qu'elle trouve une bonne place de bergère dans les fermes des Ormeaux. Le fermier passait l'autre jour par ici en revenant de la foire. Il vit ma petite Marie qui gardait ses trois moutons sur le communal. "Vous n'êtes guère occupée, ma petite fille, qu'il lui dit; et trois moutons pour une pastoure, ce n'est guère. Voulez-vous en garder cent? je vous emmène. La bergère de chez nous est tombée malade, elle retourne chez ses parents, et si vous voulez être chez nous avant huit jours, vous aurez cinquante francs pour le reste de l'année jusqu'à la Saint-Jean." L'enfant a refusé, mais elle n'a pu se défendre d'y songer et de me le dire lorsqu'en rentrant le soir elle m'a vue triste et embarrassée de passer l'hiver, qui va être rude et long, puisqu'on a vu, cette année, les grues et les oies sauvages traverser les airs un grand mois plus tôt que de coutume. Nous avons pleuré toutes deux; mais enfin le courage est venu. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester ensemble, puisqu'il y a à peine de quoi faire vivre une seule personne sur notre lopin de terre; et puisque Marie est en âge (la voilà qui prend seize ans), il faut bien qu'elle fasse comme les autres, qu'elle gagne son pain et qu'elle aide sa pauvre mère. Mère Guillette, dit le vieux laboureur, s'il ne fallait que cinquante francs pour vous consoler de vos peines et vous dispenser d'envoyer votre enfant au loin, vrai, je vous les ferais trouver, quoique cinquante francs pour des gens comme nous ça commence à peser. Mais en toutes choses il faut consulter la raison autant que l'amitié. Pour être sauvée de la misère de cet hiver, vous ne le serez pas de la misère à venir, et plus votre fille tardera à prendre un parti, plus elle et vous aurez de peine à vous quitter La petite Marie se fait grande et forte, et elle n'a pas de quoi s'occuper chez vous. Elle pourrait y prendre l'habitude de la fainéantise Oh! pour cela, je ne le crains pas, dit la Guillette. Marie est courageuse autant que fille riche et à la tête d'un gros travail puisse l'être. Elle ne reste pas un instant les bras croisés, et quand nous n'avons pas d'ouvrage elle nettoie et frotte nos pauvres meubles qu'elle rend clairs comme des miroirs. C'est une enfant qui vaut son pesant d'or, et j'aurais bien mieux aimé qu'elle entrât chez vous comme bergère que d'aller si loin chez des gens que je ne connais pas. Vous l'auriez prise à la Saint-Jean, si nous avions su nous décider; mais à présent vous avez loué tout votre monde, et ce n'est qu'à la Saint-Jean de l'autre année que nous pourrons y songer. Eh! j'y consens de tout mon cur, Guillette! Cela me fera plaisir. Mais en attendant, elle fera bien d'apprendre un état et de s'habituer à servir les autres. Oui, sans doute; le sort en est jeté. Le fermier des Ormeaux l'a fait demander ce matin; nous avons dit oui, et il faut qu'elle parte. Mais la pauvre enfant ne sait pas le chemin, et je n'aimerais pas à l'envoyer si loin toute seule. Puisque votre gendre va à Fourche demain, il peut bien l'emmener. Il paraît que c'est tout à côté du domaine où elle va, à ce qu'on m'a dit; car je n'ai jamais fait ce voyage-là. C'est tout à côté, et mon gendre la conduira. Cela se doit; il pourra même la prendre en croupe sur la jument, ce qui ménagera ses souliers. Le voilà qui rentre pour souper. Dis- moi, Germain, la petite Marie à la mère Guillette s'en va bergère aux Ormeaux. Tu la conduiras sur ton cheval, n'est-ce pas? C'est bien, répondit Germain qui était soucieux, mais toujours disposé à rendre service à son prochain. Dans notre monde à nous, pareille chose ne viendrait pas à la pensée d'une mère, de confier une fille de seize ans à un homme de vingt-huit; car Germain n'avait réellement que vingt- huit ans; et quoique, selon les idées de son pays, il passât pour vieux au point de vue du mariage, il était encore le plus bel homme de l'endroit. Le travail ne l'avait pas creusé et flétri comme la plupart des paysans qui ont dix années de labourage sur la tête. Il était de force à labourer encore dix ans sans paraître vieux, et il eût fallu que le préjugé de l'âge fût bien fort sur l'esprit d'une jeune fille pour l'empêcher de voir que Germain avait le teint frais, l'il vif et bleu comme le ciel de mai, la bouche rose, des dents superbes, le corps élégant et souple comme celui d'un jeune cheval qui n'a pas encore quitté le pré. Mais la chasteté des murs est une tradition sacrée dans certaines campagnes éloignées du mouvement corrompu des grandes villes, et, entre toutes les familles de Belair, la famille de Maurice était réputée honnête et servant la vérité. Germain s'en allait chercher femme; Marie était une enfant trop jeune et trop pauvre pour qu'il y songeât dans cette vue, et, à moins d'être un sans cur et un mauvais homme , il était impossible qu'il eût une coupable pensée auprès d'elle. Le père Maurice ne fut donc nullement inquiet de lui voir prendre en croupe cette jolie fille; la Guillette eût cru lui faire injure si elle lui eût recommandé de la respecter comme sa sur; Marie monta sur la jument en pleurant, après avoir vingt fois embrassé sa mère et ses jeunes amies. Germain, qui était triste pour son compte, compatissait d'autant plus à son chagrin, et s'en alla d'un air sérieux, tandis que les gens du voisinage disaient adieu de la main à la pauvre Marie sans songer à mal.

chapitre 5 chapter 5 capítulo 5 capítulo 5

LA GUILLETTE THE GUILLETTE

Le père Maurice trouva chez lui une vieille voisine qui était venue causer avec sa femme tout en cherchant de la braise pour allumer son feu. Father Maurice found at his house an old neighbor who had come to chat with his wife while looking for embers to light his fire. La mère Guillette habitait une chaumière fort pauvre à deux portées de fusil de la ferme. Mother Guillette lived in a very poor thatched cottage two gunshots from the farm. Mais c'était une femme d'ordre et de volonté. But she was a woman of order and will. Sa pauvre maison était propre et bien tenue, et ses vêtements rapiécés avec soin annonçaient le respect de soi-même au milieu de la détresse. Her poor house was neat and tidy, and her neatly patched clothes heralded self-respect in the midst of distress.

Vous êtes venue chercher le feu du soir, mère Guillette, lui dit le vieillard. You came to fetch the evening fire, Mother Guillette, said the old man. Voulez-vous quelque autre chose? Do you want something else?

Non, père Maurice, répondit-elle; rien pour le moment. No, Father Maurice, she replied; nothing yet. Je ne suis pas quémandeuse, vous le savez, et je n'abuse pas de la bonté de mes amis. I am not a beggar, you know, and I do not abuse the kindness of my friends. C'est la vérité; aussi vos amis sont toujours prêts à vous rendre service. It's the truth; also your friends are always ready to help you. J'étais en train de causer avec votre femme, et je lui demandais si Germain se décidait enfin à se remarier. I was chatting with your wife, and I was asking her if Germain was finally making up his mind to remarry. Vous n'êtes point une bavarde, répondit le père Maurice, on peut parler devant vous sans craindre les propos: ainsi je dirai à ma femme et à vous que Germain est tout à fait décidé; il part demain pour le domaine de Fourche. You are not a gossip, replied Father Maurice, one can speak in front of you without fear of the words: thus I will tell my wife and to you that Germain is completely decided; he is leaving tomorrow for the Domaine de Fourche. A la bonne heure! All in good time! s'écria la mère Maurice; ce pauvre enfant! cried Mother Maurice; that poor child! Dieu veuille qu'il trouve une femme aussi bonne et aussi brave que lui! God grant he finds a woman as good and as brave as him! Ah! Ah! il va à Fourche? is he going to Fourche? observa la Guillette. Voyez comme ça se trouve! See how it turns out! cela m'arrange beaucoup, et puisque vous me demandiez tout à l'heure si je désirais quelque chose, je vas vous dire, père Maurice, en quoi vous pouvez m'obliger. That suits me very much, and since you asked me earlier if I wanted anything, I am going to tell you, Father Maurice, how you can oblige me. Dites, dites, vous obliger, nous le voulons. Say, say, oblige you, we want it.

Je voudrais que Germain prît la peine d'emmener ma fille avec lui. I would like Germain to take the trouble to take my daughter with him. Où donc? Or so? à Fourche? at Fork?

Non pas à Fourche; mais aux Ormeaux, où elle va demeurer le reste de l'année. Not at Fork; but in Les Ormeaux, where she will stay the rest of the year. Comment! How? 'Or' What! dit la mère Maurice, vous vous séparez de votre fille? said Mother Maurice, are you separating from your daughter?

Il faut bien qu'elle entre en condition et qu'elle gagne quelque chose. She must enter into condition and earn something. Ça me fait assez de peine et à elle aussi, la pauvre âme! It hurts me enough and her too, poor soul! Nous n'avons pas pu nous décider à nous quitter à l'époque de la Saint-Jean; mais voilà que la Saint-Martin arrive, et qu'elle trouve une bonne place de bergère dans les fermes des Ormeaux. We could not make up our minds to leave each other at the time of Midsummer's Day; but now the Saint-Martin arrives, and she finds a good place as a shepherdess in the farms of Ormeaux. Le fermier passait l'autre jour par ici en revenant de la foire. The farmer was passing by here the other day on his way back from the fair. Il vit ma petite Marie qui gardait ses trois moutons sur le communal. He saw my little Marie who kept her three sheep on the communal. "Vous n'êtes guère occupée, ma petite fille, qu'il lui dit; et trois moutons pour une pastoure, ce n'est guère. "You are not very busy, my little girl, he said to her; and three sheep for a shepherd, it is hardly. Voulez-vous en garder cent? Do you want to keep a hundred? je vous emmène. I am taking you. La bergère de chez nous est tombée malade, elle retourne chez ses parents, et si vous voulez être chez nous avant huit jours, vous aurez cinquante francs pour le reste de l'année jusqu'à la Saint-Jean." Our shepherdess has fallen ill, she is returning to her parents, and if you want to be with us before eight days, you will have fifty francs for the rest of the year until Midsummer's Day. " L'enfant a refusé, mais elle n'a pu se défendre d'y songer et de me le dire lorsqu'en rentrant le soir elle m'a vue triste et embarrassée de passer l'hiver, qui va être rude et long, puisqu'on a vu, cette année, les grues et les oies sauvages traverser les airs un grand mois plus tôt que de coutume. The child refused, but she could not help thinking about it and telling me when, coming home in the evening, she saw me sad and embarrassed to spend the winter, which will be harsh and long, since this year we have seen cranes and wild geese cross the air a month earlier than usual. Nous avons pleuré toutes deux; mais enfin le courage est venu. We both cried; but finally courage has come. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester ensemble, puisqu'il y a à peine de quoi faire vivre une seule personne sur notre lopin de terre; et puisque Marie est en âge (la voilà qui prend seize ans), il faut bien qu'elle fasse comme les autres, qu'elle gagne son pain et qu'elle aide sa pauvre mère. We told ourselves that we couldn't stay together, since there is hardly enough to support a single person on our piece of land; and since Mary is old enough (here she is taking sixteen years), she must do like the others, earn her bread and help her poor mother. Mère Guillette, dit le vieux laboureur, s'il ne fallait que cinquante francs pour vous consoler de vos peines et vous dispenser d'envoyer votre enfant au loin, vrai, je vous les ferais trouver, quoique cinquante francs pour des gens comme nous ça commence à peser. Mother Guillette, said the old plowman, if only fifty francs were needed to console you for your troubles and exempt you from sending your child away, true, I would make you find them, although fifty francs for people like us. begins to weigh. Mais en toutes choses il faut consulter la raison autant que l'amitié. But in all things we must consult reason as much as friendship. Pour être sauvée de la misère de cet hiver, vous ne le serez pas de la misère à venir, et plus votre fille tardera à prendre un parti, plus elle et vous aurez de peine à vous quitter La petite Marie se fait grande et forte, et elle n'a pas de quoi s'occuper chez vous. To be saved from the misery of this winter, you will not be saved from the misery to come, and the longer your daughter takes to make up her mind, the more she and you will have difficulty in leaving you. Little Marie grows tall and strong, and she has nothing to do with you. Elle pourrait y prendre l'habitude de la fainéantise She could get used to laziness there Oh! pour cela, je ne le crains pas, dit la Guillette. for that, I am not afraid, said la Guillette. Marie est courageuse autant que fille riche et à la tête d'un gros travail puisse l'être. Marie is as brave as a rich girl and the head of a big job can be. Elle ne reste pas un instant les bras croisés, et quand nous n'avons pas d'ouvrage elle nettoie et frotte nos pauvres meubles qu'elle rend clairs comme des miroirs. She does not stay a moment with her arms crossed, and when we have no work she cleans and rubs our poor furniture which she makes as clear as mirrors. C'est une enfant qui vaut son pesant d'or, et j'aurais bien mieux aimé qu'elle entrât chez vous comme bergère que d'aller si loin chez des gens que je ne connais pas. She is a child who is worth her weight in gold, and I would have liked much better for her to come to you as a shepherdess than to go so far to see people I do not know. Vous l'auriez prise à la Saint-Jean, si nous avions su nous décider; mais à présent vous avez loué tout votre monde, et ce n'est qu'à la Saint-Jean de l'autre année que nous pourrons y songer. You would have taken it on Midsummer Day, if we had known how to make up our mind; but now you have praised everyone, and it is only on Midsummer's Day the other year that we can think about it. Eh! Hey! j'y consens de tout mon cur, Guillette! I consent to it with all my heart, Guillette! Cela me fera plaisir. It will make me happy. Mais en attendant, elle fera bien d'apprendre un état et de s'habituer à servir les autres. But in the meantime, she will do well to learn one state and get used to serving others. Oui, sans doute; le sort en est jeté. Probably yes; the die is cast. Le fermier des Ormeaux l'a fait demander ce matin; nous avons dit oui, et il faut qu'elle parte. The farmer from Ormeaux sent for it this morning; we said yes, and she has to go. Mais la pauvre enfant ne sait pas le chemin, et je n'aimerais pas à l'envoyer si loin toute seule. But the poor child doesn't know the way, and I wouldn't like to send her so far alone. Puisque votre gendre va à Fourche demain, il peut bien l'emmener. Since your son-in-law is going to Fourche tomorrow, he may well take her. Il paraît que c'est tout à côté du domaine où elle va, à ce qu'on m'a dit; car je n'ai jamais fait ce voyage-là. It seems that it is very close to the domain where she is going, I have been told; because I never made that trip. C'est tout à côté, et mon gendre la conduira. It's right next door, and my son-in-law will drive it. Cela se doit; il pourra même la prendre en croupe sur la jument, ce qui ménagera ses souliers. It should; he can even take her on the back of the mare, which will save her shoes. Le voilà qui rentre pour souper. Here he is coming home for supper. Dis- moi, Germain, la petite Marie à la mère Guillette s'en va bergère aux Ormeaux. Tell me, Germain, little Marie with Mother Guillette is going shepherdess to Ormeaux. Tu la conduiras sur ton cheval, n'est-ce pas? You'll ride her on your horse, won't you? C'est bien, répondit Germain qui était soucieux, mais toujours disposé à rendre service à son prochain. That's good, replied Germain, who was anxious, but always ready to be of service to his neighbor. Dans notre monde à nous, pareille chose ne viendrait pas à la pensée d'une mère, de confier une fille de seize ans à un homme de vingt-huit; car Germain n'avait réellement que vingt- huit ans; et quoique, selon les idées de son pays, il passât pour vieux au point de vue du mariage, il était encore le plus bel homme de l'endroit. In our own world, such a thing would not occur to a mother, to entrust a girl of sixteen to a man of twenty-eight; for Germain was really only twenty-eight; and although, according to the ideas of his country, he was considered old from the point of view of marriage, he was still the most handsome man in the place. Le travail ne l'avait pas creusé et flétri comme la plupart des paysans qui ont dix années de labourage sur la tête. Work had not hollowed it out and withered it like most peasants who have ten years of plowing on their heads. Il était de force à labourer encore dix ans sans paraître vieux, et il eût fallu que le préjugé de l'âge fût bien fort sur l'esprit d'une jeune fille pour l'empêcher de voir que Germain avait le teint frais, l'il vif et bleu comme le ciel de mai, la bouche rose, des dents superbes, le corps élégant et souple comme celui d'un jeune cheval qui n'a pas encore quitté le pré. He had enough strength to plow another ten years without appearing old, and the prejudice of age had had to be very strong on a young girl's mind to prevent it from seeing that Germain had a fresh complexion. 'he bright and blue like the May sky, his mouth pink, superb teeth, the body elegant and supple like that of a young horse which has not yet left the meadow. Mais la chasteté des murs est une tradition sacrée dans certaines campagnes éloignées du mouvement corrompu des grandes villes, et, entre toutes les familles de Belair, la famille de Maurice était réputée honnête et servant la vérité. But wall chastity is a sacred tradition in some countryside far removed from the corrupt big city movement, and among all of Belair's families, Maurice's family was deemed to be honest and serving the truth. Germain s'en allait chercher femme; Marie était une enfant trop jeune et trop pauvre pour qu'il y songeât dans cette vue, et, à moins d'être un  sans cur et un  mauvais homme , il était impossible qu'il eût une coupable pensée auprès d'elle. Germain was going to seek a wife; Marie was too young and too poor a child for him to think of it in this sight, and, unless he was a heartless and a bad man, it was impossible for him to have a guilty thought near her. Le père Maurice ne fut donc nullement inquiet de lui voir prendre en croupe cette jolie fille; la Guillette eût cru lui faire injure si elle lui eût recommandé de la respecter comme sa sur; Marie monta sur la jument en pleurant, après avoir vingt fois embrassé sa mère et ses jeunes amies. Father Maurice was therefore not at all worried to see him take this pretty girl on his back; La Guillette would have thought it was an insult to him if she had recommended that he respect her as his sister; Marie climbed onto the mare, weeping, after having kissed her mother and her young friends twenty times. Germain, qui était triste pour son compte, compatissait d'autant plus à son chagrin, et s'en alla d'un air sérieux, tandis que les gens du voisinage disaient adieu de la main à la pauvre Marie sans songer à mal. Germain, who was sad on his own account, sympathized all the more for his grief, and left with a serious air, while the people of the neighborhood waved goodbye to poor Marie without thinking of harm.