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George Sand : La Mare au Diable, [18] Appendice - I

[18] Appendice - I

I LES NOCES DE CAMPAGNE

Ici finit l'histoire du mariage de Germain, telle qu'il me l'a racontée lui-même, le fin laboureur qu'il est! Je te demande pardon, lecteur ami, de n'avoir pas su te la traduire mieux; car c'est une véritable traduction qu'il faut au langage antique et naïf des paysans de la contrée que je chante (comme on disait jadis). Ces gens-là parlent trop français pour nous, et, depuis Rabelais et Montaigne, les progrès de la langue nous ont fait perdre bien des vieilles richesses. Il en est ainsi de tous les progrès, il faut en prendre son parti. Mais c'est encore un plaisir d'entendre ces idiotismes pittoresques régner sur le vieux terroir du centre de la France; d'autant plus que c'est la véritable expression du caractère moqueusement tranquille et plaisamment disert des gens qui s'en servent. La Touraine a conservé un certain nombre précieux de locutions patriarcales. Mais la Touraine s'est grandement civilisée avec et depuis la Renaissance. Elle s'est couverte de châteaux, de routes, d'étrangers et de mouvement. Le Berry est resté stationnaire, et je crois qu'après la Bretagne et quelques provinces de l'extrême midi de la France, c'est le pays le plus conservé qui se puisse trouver à l'heure qu'il est. Certaines coutumes sont si étranges, si curieuses, que j'espère t'amuser encore un instant, cher lecteur, si tu permets que je te raconte en détail une noce de campagne, celle de Germain, par exemple, à laquelle j'eus le plaisir d'assister il y a quelques années. Car hélas! tout s'en va. Depuis seulement que j'existe il s'est fait plus de mouvement dans les idées et dans les coutumes de mon village, qu'il ne s'en était vu durant des siècles avant la révolution. Déjà la moitié des cérémonies celtiques, païennes ou moyen âge, que j'ai vues encore en pleine vigueur dans mon enfance, se sont effacées. Encore un ou deux ans peut-être, et les chemins de fer passeront leur niveau sur nos vallées profondes, emportant, avec la rapidité de la foudre, nos antiques traditions et nos merveilleuses légendes.

C'était en hiver, aux environs du carnaval, époque de l'année où il est séant et convenable chez nous de faire les noces. Dans l'été on n'a guère le temps, et les travaux d'une ferme ne peuvent souffrir trois jours de retard, sans parler des jours complémentaires affectés à la digestion plus ou moins laborieuse de l'ivresse morale et physique que laisse une fête. J'étais assis sous le vaste manteau d'une antique cheminée de cuisine, lorsque des coups de pistolet, des hurlements de chiens, et les sons aigus de la cornemuse m'annoncèrent l'approche des fiancés. Bientôt le père et la mère Maurice, Germain et la petite Marie, suivis de Jacques et de sa femme, des principaux parents respectifs et des parrains et marraines des fiancés, firent leur entrée dans la cour.

La petite Marie n'ayant pas encore reçu les cadeaux de noces, appelés livrées , était vêtue de ce qu'elle avait de mieux dans ses hardes modestes: une robe de gros drap sombre, un fichu blanc à grands ramages de couleurs voyantes, un tablier d' incarnat , indienne rouge fort à la mode alors et dédaignée aujourd'hui, une coiffe de mousseline très blanche, et dans cette forme heureusement conservée, qui rappelle la coiffure d'Anne Boleyn et d'Agnès Sorel. Elle était fraîche et souriante, point orgueilleuse du tout, quoiqu'il y eût bien de quoi. Germain était grave et attendri auprès d'elle, comme le jeune Jacob saluant Rachel aux citernes de Laban. Toute autre fille eût pris un air d'importance et une tenue de triomphe; car, dans tous les rangs, c'est quelque chose que d'être épousée pour ses beaux yeux. Mais les yeux de la jeune fille étaient humides et brillants d'amour; on voyait bien qu'elle était profondément éprise, et qu'elle n'avait point le loisir de s'occuper de l'opinion des autres. Son petit air résolu ne l'avait point abandonnée; mais c'était toute franchise et tout bon vouloir chez elle; rien d'impertinent dans son succès, rien de personnel dans le sentiment de sa force. Je ne vis oncques si gentille fiancée, lorsqu'elle répondait nettement à ses jeunes amies qui lui demandaient si elle était contente: Dame! bien sûr! je ne me plains pas du bon Dieu.

Le père Maurice porta la parole; il venait faire les compliments et invitations d'usage. Il attacha d'abord au manteau de la cheminée une branche de laurier ornée de rubans; ceci s'appelle l' exploit , c'est-à-dire la lettre de faire part; puis il distribua à chacun des invités une petite croix faite d'un bout de ruban bleu traversé d'un autre bout de ruban rose; le rose pour la fiancée, le bleu pour l'épouseur; et les invités des deux sexes durent garder ce signe pour en orner les uns leur cornette, les autres leur boutonnière le jour de la noce. C'est la lettre d'admission, la carte d'entrée. Alors le père Maurice prononça son compliment. Il invitait le maître de la maison et toute sa compagnie , c'est-à-dire tous ses enfants, tous ses parents, tous ses amis et tous ses serviteurs, à la bénédiction, au festin, à la divertissance, à la dansière et à tout ce qui en suit . Il ne manqua pas de dire: Je viens vous faire l'honneur de vous semondre . Locution très juste, bien qu'elle nous paraisse un contresens, puisqu'elle exprime l'idée de rendre les honneurs à ceux qu'on en juge dignes. Malgré la libéralité de l'invitation portée ainsi de maison en maison dans toute la paroisse, la politesse, qui est grandement discrète chez les paysans, veut que deux personnes seulement de chaque famille en profitent, un chef de famille sur le ménage, un de leurs enfants sur le nombre. Ces invitations faites, les fiancés et leurs parents allèrent dîner ensemble à la métairie.

La petite Marie garda ses trois moutons sur le communal, et Germain travailla la terre comme si de rien n'était. La veille du jour marqué pour le mariage, vers deux heures de l'après-midi, la musique arriva, c'est-à-dire le cornemuseux et le vielleux , avec leurs instruments ornés de longs rubans flottants, et jouant une marche de circonstance, sur un rythme un peu lent pour des pieds qui ne seraient pas indigènes, mais parfaitement combiné avec la nature du terrain gras et des chemins ondulés de la contrée. Des coups de pistolet, tirés par les jeunes gens et les enfants, annoncèrent le commencement de la noce. On se réunit peu à peu, et l'on dansa sur la pelouse devant la maison pour se mettre en train. Quand la nuit fut venue, on commença d'étranges préparatifs, on se sépara en deux bandes, et quand la nuit fut close, on procéda à la cérémonie des livrées . Ceci se passait au logis de la fiancée, la chaumière à la Guillette. La Guillette prit avec elle sa fille, une douzaine de jeunes et jolies pastoures , amies et parentes de sa fille, deux ou trois respectables matrones, voisines fortes en bec, promptes à la réplique et gardiennes rigides des anciens us. Puis elle choisit une douzaine de vigoureux champions, ses parents et amis; enfin le vieux chanvreur de la paroisse, homme disert et beau parleur s'il en fut. Le rôle que joue en Bretagne le bazvalan , le tailleur du village, c'est le broyeur de chanvre ou le cardeur de laine (deux professions souvent réunies en une seule) qui le remplit dans nos campagnes. Il est de toutes les solennités tristes ou gaies, parce qu'il est essentiellement érudit et beau diseur, et, dans ces occasions, il a toujours le soin de porter la parole pour accomplir dignement certaines formalités usitées de temps immémorial. Les professions errantes, qui introduisent l'homme au sein des familles sans lui permettre de se concentrer dans la sienne, sont propres à le rendre bavard, plaisant, conteur et chanteur. Le broyeur de chanvre est particulièrement sceptique. Lui et un autre fonctionnaire rustique, dont nous parlerons tout à l'heure, le fossoyeur, sont toujours les esprits forts du lieu. Ils ont tant parlé de revenants et ils savent si bien tous les tours dont ces malins esprits sont capables, qu'ils ne les craignent guère. C'est particulièrement la nuit que tous, fossoyeurs, chanvreurs et revenants exercent leur industrie. C'est aussi la nuit que le chanvreur raconte ses lamentables légendes. Qu'on me permette une digression. Quand le chanvre est arrivé à point, c'est-à-dire suffisamment trempé dans les eaux courantes et à demi séché à la rive , on le rapporte dans la cour des habitations; on le place debout par petites gerbes qui, avec leurs tiges écartées du bas et leurs têtes liées en boules, ressemblent déjà passablement le soir à une longue procession de petits fantômes blancs, plantés sur leurs jambes grêles, et marchant sans bruit le long des murs. C'est à la fin de septembre, quand les nuits sont encore tièdes, qu'à la pâle clarté de la lune on commence à broyer. Dans la journée, le chanvre a été chauffé au four; on l'en retire, le soir, pour le broyer chaud. On se sert pour cela d'une sorte de chevalet surmonté d'un levier en bois, qui, retombant sur des rainures, hache la plante sans la couper. C'est alors qu'on entend la nuit, dans les campagnes, ce bruit sec et saccadé de trois coups frappés rapidement. Puis, un silence se fait; c'est le mouvement du bras qui retire la poignée de chanvre pour la broyer sur une autre partie de sa longueur. Et les trois coups recommencent; c'est l'autre bras qui agit sur le levier, et toujours ainsi jusqu'à ce que la lune soit voilée par les premières lueurs de l'aube. Comme ce travail ne dure que quelques jours dans l'année, les chiens ne s'y habituent pas et poussent des hurlements plaintifs vers tous les points de l'horizon. C'est le temps des bruits insolites et mystérieux dans la campagne. Les grues émigrantes passent dans des régions où, en plein jour, l'il les distingue à peine. La nuit, on les entend seulement; et ces voix rauques et gémissantes, perdues dans les nuages, semblent l'appel et l'adieu d'âmes tourmentées qui s'efforcent de trouver le chemin du ciel, et qu'une invincible fatalité force à planer non loin de la terre, autour de la demeure des hommes; car ces oiseaux voyageurs ont d'étranges incertitudes et de mystérieuses anxiétés dans le cours de leur traversée aérienne. Il leur arrive parfois de perdre le vent, lorsque des brises capricieuses se combattent ou se succèdent dans les hautes régions. Alors on voit, lorsque ces déroutes arrivent durant le jour, le chef de file flotter à l'aventure dans les airs, puis faire volte-face, revenir se placer à la queue de la phalange triangulaire, tandis qu'une savante manuvre de ses compagnons les ramène bientôt en bon ordre derrière lui. Souvent, après de vains efforts, le guide épuisé renonce à conduire la caravane; un autre se présente, essaie à son tour, et cède la place à un troisième, qui retrouve le courant et engage victorieusement la marche. Mais que de cris, que de reproches, que de remontrances, que de malédictions sauvages ou de questions inquiètes sont échangés, dans une langue inconnue, entre ces pèlerins ailés!

Dans la nuit sonore, on entend ces clameurs sinistres tournoyer parfois assez longtemps au-dessus des maisons; et comme on ne peut rien voir, on ressent malgré soi une sorte de crainte et de malaise sympathique, jusqu'à ce que cette nuée sanglotante se soit perdue dans l'immensité. Il y a d'autres bruits encore qui sont propres à ce moment de l'année, et qui se passent principalement dans les vergers. La cueille des fruits n'est pas encore faite, et mille crépitations inusitées font ressembler les arbres à des êtres animés. Une branche grince, en se courbant, sous un poids arrivé tout à coup à son dernier degré de développement; ou bien, une pomme se détache et tombe à vos pieds avec un son mat sur la terre humide. Alors vous entendez fuir, en frôlant les branches et les herbes, un être que vous ne voyez pas: c'est le chien du paysan, ce rôdeur curieux, inquiet, à la fois insolent et poltron, qui se glisse partout, qui ne dort jamais, qui cherche toujours on ne sait quoi, qui vous épie, caché dans les broussailles, et prend la fuite au bruit de la pomme tombée, croyant que vous lui lancez une pierre. C'est durant ces nuits-là, nuits voilées et grisâtres, que le chanvreur raconte ses étranges aventures de follets et de lièvres blancs, d'âmes en peine et de sorciers transformés en loups, de sabbat au carrefour et de chouettes prophétesses au cimetière. Je me souviens d'avoir passé ainsi les premières heures de la nuit autour des broyes en mouvement, dont la percussion impitoyable, interrompant le récit du chanvreur à l'endroit le plus terrible, nous faisait passer un frisson glacé dans les veines. Et souvent aussi le bonhomme continuait à parler en broyant; et il y avait quatre à cinq mots perdus: mots effrayants, sans doute, que nous n'osions pas lui faire répéter, et dont l'omission ajoutait un mystère plus affreux aux mystères déjà si sombres de son histoire. C'est en vain que les servantes nous avertissaient qu'il était bien tard pour rester dehors, et que l'heure de dormir était depuis longtemps sonnée pour nous: elles-mêmes mouraient d'envie d'écouter encore; et avec quelle terreur ensuite nous traversions le hameau pour rentrer chez nous! comme le porche de l'église nous paraissait profond, et l'ombre des vieux arbres épaisse et noire! Quant au cimetière, on ne le voyait point; on fermait les yeux en le côtoyant.

Mais le chanvreur n'est pas plus que le sacristain adonné exclusivement au plaisir de faire peur; il aime à faire rire, il est moqueur et sentimental au besoin, quand il faut chanter l'amour et l'hyménée; c'est lui qui recueille et conserve dans sa mémoire les chansons les plus anciennes, et qui les transmet à la postérité. C'est donc lui qui est chargé, dans les noces, du personnage que nous allons lui voir jouer à la présentation des livrées de la petite Marie.


[18] Appendice - I [18] Appendix - I [18] Apêndice - I

I LES NOCES DE CAMPAGNE I THE CAMPAIGN WEDDING

Ici finit l'histoire du mariage de Germain, telle qu'il me l'a racontée lui-même, le fin laboureur qu'il est! Here ends the story of Germain's marriage, as he himself told it to me, the fine plowman that he is! Je te demande pardon, lecteur ami, de n'avoir pas su te la traduire mieux; car c'est une véritable traduction qu'il faut au langage antique et naïf des paysans de la contrée que je  chante (comme on disait jadis). I beg your pardon, reader friend, for not having been able to translate it better; because it is a true translation which one needs with the ancient and naive language of the peasants of the country which I sing (as one said formerly). Ces gens-là parlent trop français pour nous, et, depuis Rabelais et Montaigne, les progrès de la langue nous ont fait perdre bien des vieilles richesses. These people speak too much French for us, and, since Rabelais and Montaigne, the progress of the language has made us lose many old riches. Il en est ainsi de tous les progrès, il faut en prendre son parti. This is the case with all progress, we must make up our minds. Mais c'est encore un plaisir d'entendre ces idiotismes pittoresques régner sur le vieux terroir du centre de la France; d'autant plus que c'est la véritable expression du caractère moqueusement tranquille et plaisamment disert des gens qui s'en servent. But it is still a pleasure to hear these picturesque idioms reigning over the old terroir of central France; especially since it is the true expression of the mockingly quiet and pleasantly spoken character of the people who use it. La Touraine a conservé un certain nombre précieux de locutions patriarcales. La Touraine has preserved a number of precious patriarchal expressions. Mais la Touraine s'est grandement civilisée avec et depuis la Renaissance. But Touraine has become greatly civilized with and since the Renaissance. Elle s'est couverte de châteaux, de routes, d'étrangers et de mouvement. She has covered herself with castles, roads, strangers and movement. Le Berry est resté stationnaire, et je crois qu'après la Bretagne et quelques provinces de l'extrême midi de la France, c'est le pays le plus  conservé qui se puisse trouver à l'heure qu'il est. Berry has remained stationary, and I believe that after Brittany and a few provinces in the extreme south of France, it is the most preserved country that can be found at this time. Certaines coutumes sont si étranges, si curieuses, que j'espère t'amuser encore un instant, cher lecteur, si tu permets que je te raconte en détail une noce de campagne, celle de Germain, par exemple, à laquelle j'eus le plaisir d'assister il y a quelques années. Certain customs are so strange, so curious, that I hope to entertain you for a moment longer, dear reader, if you will allow me to tell you in detail about a country wedding, that of Germain, for example, to which I had the right. pleasure to attend a few years ago. Car hélas! Because alas! tout s'en va. everything goes away. Depuis seulement que j'existe il s'est fait plus de mouvement dans les idées et dans les coutumes de mon village, qu'il ne s'en était vu durant des siècles avant la révolution. Since I have only existed, there has been more movement in the ideas and customs of my village than had been seen for centuries before the revolution. Déjà la moitié des cérémonies celtiques, païennes ou moyen âge, que j'ai vues encore en pleine vigueur dans mon enfance, se sont effacées. Already half of the Celtic, pagan or Middle Ages ceremonies, which I still saw in full force in my childhood, have been erased. Encore un ou deux ans peut-être, et les chemins de fer passeront leur niveau sur nos vallées profondes, emportant, avec la rapidité de la foudre, nos antiques traditions et nos merveilleuses légendes. Another one or two years perhaps, and the railroads will pass their level on our deep valleys, carrying, with the speed of lightning, our ancient traditions and our marvelous legends.

C'était en hiver, aux environs du carnaval, époque de l'année où il est séant et convenable chez nous de faire les noces. It was in winter, around the carnival, time of the year when it is sitting and proper for us to have the wedding. Dans l'été on n'a guère le temps, et les travaux d'une ferme ne peuvent souffrir trois jours de retard, sans parler des jours complémentaires affectés à la digestion plus ou moins laborieuse de l'ivresse morale et physique que laisse une fête. In the summer there is hardly any time, and the work of a farm cannot be delayed three days, not to mention the additional days allocated to the more or less laborious digestion of the moral and physical intoxication that leaves a Party. J'étais assis sous le vaste manteau d'une antique cheminée de cuisine, lorsque des coups de pistolet, des hurlements de chiens, et les sons aigus de la cornemuse m'annoncèrent l'approche des fiancés. I was seated under the vast mantle of an antique kitchen fireplace, when pistol shots, the howling of dogs, and the shrill sounds of the bagpipes announced the approach of the betrothed. Bientôt le père et la mère Maurice, Germain et la petite Marie, suivis de Jacques et de sa femme, des principaux parents respectifs et des parrains et marraines des fiancés, firent leur entrée dans la cour. Soon the father and mother Maurice, Germain and little Marie, followed by Jacques and his wife, the respective principal parents and the godfathers and godmothers of the fiancés, made their entry into the courtyard.

La petite Marie n'ayant pas encore reçu les cadeaux de noces, appelés  livrées , était vêtue de ce qu'elle avait de mieux dans ses hardes modestes: une robe de gros drap sombre, un fichu blanc à grands ramages de couleurs voyantes, un tablier d' incarnat , indienne rouge fort à la mode alors et dédaignée aujourd'hui, une coiffe de mousseline très blanche, et dans cette forme heureusement conservée, qui rappelle la coiffure d'Anne Boleyn et d'Agnès Sorel. Little Marie, who had not yet received the wedding presents, called liveries, was dressed in the best of her modest clothes: a dress of large dark cloth, a white kerchief with large branches of conspicuous colors, a Crimson apron, an Indian red very fashionable then and scorned today, a very white muslin headdress, and in this fortunately preserved form, which recalls the hairstyle of Anne Boleyn and Agnès Sorel. Elle était fraîche et souriante, point orgueilleuse du tout, quoiqu'il y eût bien de quoi. She was cool and smiling, not proud at all, although there was a lot. Germain était grave et attendri auprès d'elle, comme le jeune Jacob saluant Rachel aux citernes de Laban. Germain was grave and touched near her, like the young Jacob greeting Rachel at the cisterns of Laban. Toute autre fille eût pris un air d'importance et une tenue de triomphe; car, dans tous les rangs, c'est quelque chose que d'être épousée pour ses beaux yeux. Any other girl would have assumed an air of importance and an outfit of triumph; for, in all ranks, it is something to be married for her beautiful eyes. Mais les yeux de la jeune fille étaient humides et brillants d'amour; on voyait bien qu'elle était profondément éprise, et qu'elle n'avait point le loisir de s'occuper de l'opinion des autres. But the young girl's eyes were wet and shining with love; it was evident that she was deeply in love, and that she had no leisure to concern herself with the opinions of others. Son petit air résolu ne l'avait point abandonnée; mais c'était toute franchise et tout bon vouloir chez elle; rien d'impertinent dans son succès, rien de personnel dans le sentiment de sa force. Her resolute little demeanor had not abandoned her; but it was all frankness and all goodwill with her; nothing impertinent in its success, nothing personal in the feeling of its strength. Je ne vis oncques si gentille fiancée, lorsqu'elle répondait nettement à ses jeunes amies qui lui demandaient si elle était contente: I never saw such a lovely bride, when she answered clearly to her young friends who asked her if she was happy: Dame! Lady! bien sûr! sure! je ne me plains pas du bon Dieu. I'm not complaining about the good Lord.

Le père Maurice porta la parole; il venait faire les compliments et invitations d'usage. Father Maurice spoke; he came to pay the usual compliments and invitations. Il attacha d'abord au manteau de la cheminée une branche de laurier ornée de rubans; ceci s'appelle l' exploit , c'est-à-dire la lettre de faire part; puis il distribua à chacun des invités une petite croix faite d'un bout de ruban bleu traversé d'un autre bout de ruban rose; le rose pour la fiancée, le bleu pour l'épouseur; et les invités des deux sexes durent garder ce signe pour en orner les uns leur cornette, les autres leur boutonnière le jour de la noce. He first tied a laurel branch adorned with ribbons to the mantelpiece; this is called the exploit, that is to say the letter of announcement; then he distributed to each of the guests a small cross made from one end of blue ribbon crossed with another end of pink ribbon; pink for the bride, blue for the groom; and the guests of both sexes had to keep this sign, some to adorn their caps, others their buttonholes on the day of the wedding. C'est la lettre d'admission, la carte d'entrée. It is the letter of admission, the entry card. Alors le père Maurice prononça son compliment. Then Father Maurice pronounced his compliment. Il invitait le maître de la maison et toute  sa compagnie , c'est-à-dire tous ses enfants, tous ses parents, tous ses amis et tous ses serviteurs, à la bénédiction,  au festin, à la divertissance, à la dansière et à tout ce qui en suit . He invited the master of the house and all his company, that is, all his children, all his parents, all his friends and all his servants, to the blessing, to the feast, to the entertainment, to the dancing and to all that follows. Il ne manqua pas de dire: Je viens vous  faire l'honneur de vous  semondre . He did not fail to say: I come to do you the honor of asking you. Locution très juste, bien qu'elle nous paraisse un contresens, puisqu'elle exprime l'idée de rendre les honneurs à ceux qu'on en juge dignes. A very correct phrase, although it seems to us a misunderstanding, since it expresses the idea of rendering honors to those who are deemed worthy of it. Malgré la libéralité de l'invitation portée ainsi de maison en maison dans toute la paroisse, la politesse, qui est grandement discrète chez les paysans, veut que deux personnes seulement de chaque famille en profitent, un chef de famille sur le ménage, un de leurs enfants sur le nombre. Despite the liberality of the invitation thus extended from house to house throughout the parish, politeness, which is largely discreet among the peasants, requires that only two people from each family benefit from it, a head of the household in the household, one of the family. their children out of the number. Ces invitations faites, les fiancés et leurs parents allèrent dîner ensemble à la métairie. These invitations made, the betrothed and their parents went to dinner together at the farm.

La petite Marie garda ses trois moutons sur le communal, et Germain travailla la terre comme si de rien n'était. Little Marie kept her three sheep on the communal, and Germain worked the land as if nothing had happened. La veille du jour marqué pour le mariage, vers deux heures de l'après-midi, la musique arriva, c'est-à-dire le  cornemuseux et le  vielleux , avec leurs instruments ornés de longs rubans flottants, et jouant une marche de circonstance, sur un rythme un peu lent pour des pieds qui ne seraient pas indigènes, mais parfaitement combiné avec la nature du terrain gras et des chemins ondulés de la contrée. The day before the day marked for the wedding, around two in the afternoon, the music arrived, that is to say the bagpiper and the old man, with their instruments adorned with long floating ribbons, and playing a march of circumstance, on a slightly slow pace for feet which would not be native, but perfectly combined with the nature of the soft ground and the undulating paths of the country. Des coups de pistolet, tirés par les jeunes gens et les enfants, annoncèrent le commencement de la noce. Pistol shots fired by the young men and children heralded the commencement of the wedding. On se réunit peu à peu, et l'on dansa sur la pelouse devant la maison pour se mettre en train. We gathered little by little, and we danced on the lawn in front of the house to get up to speed. Quand la nuit fut venue, on commença d'étranges préparatifs, on se sépara en deux bandes, et quand la nuit fut close, on procéda à la cérémonie des  livrées . When night came, we began to make strange preparations, we separated into two bands, and when the night was over, we proceeded to the ceremony of liveries. Ceci se passait au logis de la fiancée, la chaumière à la Guillette. This took place at the fiancée's home, the cottage at la Guillette. La Guillette prit avec elle sa fille, une douzaine de jeunes et jolies  pastoures , amies et parentes de sa fille, deux ou trois respectables matrones, voisines fortes en bec, promptes à la réplique et gardiennes rigides des anciens us. La Guillette took with her her daughter, a dozen young and pretty shepherds, friends and relatives of her daughter, two or three respectable matrons, strong neighbors, quick to reply and rigid guardians of the old us. Puis elle choisit une douzaine de vigoureux champions, ses parents et amis; enfin le vieux  chanvreur de la paroisse, homme disert et beau parleur s'il en fut. Then she chooses a dozen vigorous champions, her relatives and friends; finally, the old hemp-man of the parish, a talkative man and a fine talker if ever there was one. Le rôle que joue en Bretagne le  bazvalan , le tailleur du village, c'est le broyeur de chanvre ou le cardeur de laine (deux professions souvent réunies en une seule) qui le remplit dans nos campagnes. The role played in Brittany by the bazvalan, the village tailor, is the hemp crusher or the wool carder (two professions often united in one) who fulfills it in our countryside. Il est de toutes les solennités tristes ou gaies, parce qu'il est essentiellement érudit et beau diseur, et, dans ces occasions, il a toujours le soin de porter la parole pour accomplir dignement certaines formalités usitées de temps immémorial. He is a member of all solemnities, sad or joyful, because he is essentially a scholar and a fine teller, and on these occasions he always takes care to speak in order to accomplish with dignity certain formalities which have been used from time immemorial. Les professions errantes, qui introduisent l'homme au sein des familles sans lui permettre de se concentrer dans la sienne, sont propres à le rendre bavard, plaisant, conteur et chanteur. Wandering professions, which introduce man into families without allowing him to concentrate in his own, are apt to make him talkative, pleasant, storyteller and singer. Le broyeur de chanvre est particulièrement sceptique. The hemp grinder is particularly skeptical. Lui et un autre fonctionnaire rustique, dont nous parlerons tout à l'heure, le fossoyeur, sont toujours les esprits forts du lieu. He and another rustic official, of whom we will speak later, the gravedigger, are still the strong minds of the place. Ils ont tant parlé de revenants et ils savent si bien tous les tours dont ces malins esprits sont capables, qu'ils ne les craignent guère. They have spoken so much about ghosts and they know so well all the tricks of which these evil spirits are capable, that they do not fear them. C'est particulièrement la nuit que tous, fossoyeurs, chanvreurs et revenants exercent leur industrie. It is particularly at night that everyone, gravediggers, hoppers and ghosts exercise their industry. C'est aussi la nuit que le chanvreur raconte ses lamentables légendes. It is also at night that the hemp man tells his lamentable legends. Qu'on me permette une digression. Allow me a digression. Quand le chanvre est  arrivé à point, c'est-à-dire suffisamment trempé dans les eaux courantes et à demi séché à la  rive , on le rapporte dans la cour des habitations; on le place debout par petites gerbes qui, avec leurs tiges écartées du bas et leurs têtes liées en boules, ressemblent déjà passablement le soir à une longue procession de petits fantômes blancs, plantés sur leurs jambes grêles, et marchant sans bruit le long des murs. When the hemp has arrived at the point, that is to say sufficiently soaked in running water and half-dried on the bank, it is brought back to the courtyard of the dwellings; it is placed upright in small sheaves which, with their stems set apart from the bottom and their heads tied in balls, already in the evening somewhat resemble a long procession of little white ghosts, planted on their slender legs, and walking noiselessly along the walls. . C'est à la fin de septembre, quand les nuits sont encore tièdes, qu'à la pâle clarté de la lune on commence à broyer. It is at the end of September, when the nights are still warm, that in the pale light of the moon we begin to crush. Dans la journée, le chanvre a été chauffé au four; on l'en retire, le soir, pour le broyer chaud. During the day, the hemp was heated in the oven; it is taken out in the evening to crush it hot. On se sert pour cela d'une sorte de chevalet surmonté d'un levier en bois, qui, retombant sur des rainures, hache la plante sans la couper. A sort of easel is used for this, surmounted by a wooden lever, which, falling on grooves, chops the plant without cutting it. C'est alors qu'on entend la nuit, dans les campagnes, ce bruit sec et saccadé de trois coups frappés rapidement. It is then that one hears at night, in the countryside, this sharp and jerky sound of three blows struck quickly. Puis, un silence se fait; c'est le mouvement du bras qui retire la poignée de chanvre pour la broyer sur une autre partie de sa longueur. Then a silence falls; it is the movement of the arm which withdraws the hemp handle to grind it over another part of its length. Et les trois coups recommencent; c'est l'autre bras qui agit sur le levier, et toujours ainsi jusqu'à ce que la lune soit voilée par les premières lueurs de l'aube. And the three blows begin again; it is the other arm which acts on the lever, and always so until the moon is veiled by the first light of dawn. Comme ce travail ne dure que quelques jours dans l'année, les chiens ne s'y habituent pas et poussent des hurlements plaintifs vers tous les points de l'horizon. As this work lasts only a few days in the year, the dogs do not get used to it and utter plaintive howls towards all points of the horizon. C'est le temps des bruits insolites et mystérieux dans la campagne. It is the time of unusual and mysterious noises in the countryside. Les grues émigrantes passent dans des régions où, en plein jour, l'il les distingue à peine. The emigrating cranes pass through regions where, in broad daylight, he can hardly distinguish them. La nuit, on les entend seulement; et ces voix rauques et gémissantes, perdues dans les nuages, semblent l'appel et l'adieu d'âmes tourmentées qui s'efforcent de trouver le chemin du ciel, et qu'une invincible fatalité force à planer non loin de la terre, autour de la demeure des hommes; car ces oiseaux voyageurs ont d'étranges incertitudes et de mystérieuses anxiétés dans le cours de leur traversée aérienne. At night you can only hear them; and those hoarse and moaning voices, lost in the clouds, seem the call and farewell of tormented souls who are striving to find the way to heaven, and whom an invincible fate forces to hover not far from the earth, around the homes of men; for these traveling birds have strange uncertainties and mysterious anxieties in the course of their aerial crossing. Il leur arrive parfois de perdre le vent, lorsque des brises capricieuses se combattent ou se succèdent dans les hautes régions. Sometimes they lose the wind, when capricious breezes fight or follow one another in the high regions. Alors on voit, lorsque ces déroutes arrivent durant le jour, le chef de file flotter à l'aventure dans les airs, puis faire volte-face, revenir se placer à la queue de la phalange triangulaire, tandis qu'une savante manuvre de ses compagnons les ramène bientôt en bon ordre derrière lui. So we see, when these routs occur during the day, the leader float adventurously in the air, then do an about-face, come back to stand at the tail of the triangular phalanx, while a learned maneuver of his companions soon brought them back in good order behind him. Souvent, après de vains efforts, le guide épuisé renonce à conduire la caravane; un autre se présente, essaie à son tour, et cède la place à un troisième, qui retrouve le courant et engage victorieusement la marche. Often, after vain efforts, the exhausted guide gives up driving the caravan; another presents himself, tries in his turn, and gives way to a third, who finds the current and victoriously begins the march. Mais que de cris, que de reproches, que de remontrances, que de malédictions sauvages ou de questions inquiètes sont échangés, dans une langue inconnue, entre ces pèlerins ailés! But what cries, what reproaches, what remonstrances, what savage curses or worried questions are exchanged, in an unknown language, between these winged pilgrims!

Dans la nuit sonore, on entend ces clameurs sinistres tournoyer parfois assez longtemps au-dessus des maisons; et comme on ne peut rien voir, on ressent malgré soi une sorte de crainte et de malaise sympathique, jusqu'à ce que cette nuée sanglotante se soit perdue dans l'immensité. In the sonorous night, we can hear these sinister clamors circling sometimes long enough above the houses; and as one cannot see anything, one feels in spite of oneself a kind of fear and sympathetic discomfort, until this sobbing cloud is lost in the immensity. Il y a d'autres bruits encore qui sont propres à ce moment de l'année, et qui se passent principalement dans les vergers. There are still other noises which are peculiar to this time of the year, and which occur mainly in orchards. La cueille des fruits n'est pas encore faite, et mille crépitations inusitées font ressembler les arbres à des êtres animés. The fruit picking is not yet done, and a thousand unusual crackles make the trees look like living beings. Une branche grince, en se courbant, sous un poids arrivé tout à coup à son dernier degré de développement; ou bien, une pomme se détache et tombe à vos pieds avec un son mat sur la terre humide. A branch creaks as it bends under a weight which has suddenly reached its last degree of development; or else an apple breaks off and falls at your feet with a dull sound on the damp earth. Alors vous entendez fuir, en frôlant les branches et les herbes, un être que vous ne voyez pas: c'est le chien du paysan, ce rôdeur curieux, inquiet, à la fois insolent et poltron, qui se glisse partout, qui ne dort jamais, qui cherche toujours on ne sait quoi, qui vous épie, caché dans les broussailles, et prend la fuite au bruit de la pomme tombée, croyant que vous lui lancez une pierre. Then you hear fleeing, brushing the branches and the grass, a being that you do not see: it is the peasant's dog, this curious, anxious prowler, at the same time insolent and cowardly, who slips everywhere, who does not sleep. never, who is always looking for who knows what, who is spying on you, hidden in the undergrowth, and flees at the sound of the fallen apple, believing that you are throwing a stone at him. C'est durant ces nuits-là, nuits voilées et grisâtres, que le chanvreur raconte ses étranges aventures de follets et de lièvres blancs, d'âmes en peine et de sorciers transformés en loups, de sabbat au carrefour et de chouettes prophétesses au cimetière. It is during these nights, veiled and grayish nights, that the hemp rider recounts his strange adventures of wisps and white hares, of souls in pain and wizards transformed into wolves, of the Sabbath at the crossroads and owl prophetesses in the cemetery . Je me souviens d'avoir passé ainsi les premières heures de la nuit autour des broyes en mouvement, dont la percussion impitoyable, interrompant le récit du chanvreur à l'endroit le plus terrible, nous faisait passer un frisson glacé dans les veines. I remember having spent the first hours of the night around the moving crushers, the merciless percussion of which, interrupting the story of the hemp man in the most terrible place, sent an icy chill through our veins. Et souvent aussi le bonhomme continuait à parler en broyant; et il y avait quatre à cinq mots perdus: mots effrayants, sans doute, que nous n'osions pas lui faire répéter, et dont l'omission ajoutait un mystère plus affreux aux mystères déjà si sombres de son histoire. And often also the good man continued to speak while crushing; and there were four or five words lost: terrifying words, no doubt, which we dared not make him repeat, and the omission of which added a more dreadful mystery to the already dark mysteries of his history. C'est en vain que les servantes nous avertissaient qu'il était bien tard pour rester dehors, et que l'heure de dormir était depuis longtemps sonnée pour nous: elles-mêmes mouraient d'envie d'écouter encore; et avec quelle terreur ensuite nous traversions le hameau pour rentrer chez nous! It was in vain that the servants warned us that it was very late to stay outside, and that the hour for sleep had long since sounded for us: they themselves were dying to listen again; and with what terror afterwards we crossed the hamlet to return home! comme le porche de l'église nous paraissait profond, et l'ombre des vieux arbres épaisse et noire! how deep the porch of the church seemed to us, and the shadow of the old trees thick and black! Quant au cimetière, on ne le voyait point; on fermait les yeux en le côtoyant. As for the cemetery, it was not visible; we closed our eyes as we stood next to him.

Mais le chanvreur n'est pas plus que le sacristain adonné exclusivement au plaisir de faire peur; il aime à faire rire, il est moqueur et sentimental au besoin, quand il faut chanter l'amour et l'hyménée; c'est lui qui recueille et conserve dans sa mémoire les chansons les plus anciennes, et qui les transmet à la postérité. But the hemp man is no more than the sacristan given over exclusively to the pleasure of frightening; he likes to make people laugh, he is mocking and sentimental when necessary, when it is necessary to sing love and hymena; it is he who collects and preserves in his memory the oldest songs, and who transmits them to posterity. C'est donc lui qui est chargé, dans les noces, du personnage que nous allons lui voir jouer à la présentation des livrées de la petite Marie. It is therefore he who is in charge, at the wedding, of the character that we are going to see him play at the presentation of the liveries of little Marie.