#74 - Se rebeller pour sauver la planète ? (1)
Salut à toutes et tous, j'espère que vous allez bien. Moi, je suis très content de vous retrouver. Aujourd'hui, on a un épisode un peu spécial parce qu'il s'agit d'une interview. Régulièrement, il y a des gens qui me disent que le podcast est devenu trop facile pour eux et qu'ils aimeraient que j'en fasse un autre d'un niveau plus avancé. Ils disent qu'il suffirait que je parle « normalement », comme si je m'adressais à des Français. Mais pour être honnête, c'est pas si facile.
Premièrement parce qu'au fil des épisodes, j'ai déjà augmenté la vitesse à laquelle je parle et maintenant, je suis assez proche de ma vitesse réelle. Je suis pas quelqu'un qui parle à 200 à l'heure comme certains YouTubeurs ou présentateurs télé. Vous savez, dans les médias, ils sont obligés de parler à toute vitesse pour que le public n'ait pas le temps de penser à changer de chaîne. Mais personnellement, je trouve qu'on retient moins bien les informations quand elles sont débitées aussi rapidement. D'ailleurs, je me rappelle que mes profs à l'école parlaient toujours assez lentement.
Il faut aussi savoir que, comme vous vous êtes habitués à ma façon de parler et que vous savez que vous êtes capables de me comprendre, eh bien vous avez développé un filtre émotionnel positif par rapport à ma voix. Ce qui fait que, même si j'accélère ou que j'utilise des mots un peu plus compliqués, vous ne vous en rendez pas compte. C'est pour ça que vous avez toujours l'impression de me comprendre. Même s'il y a certains points et certaines expressions qui vous échappent quand vous m'écoutez, vous avez l'impression de tout comprendre.
Ensuite, je sais pas si vous avez déjà essayé de faire un monologue de trente minutes sur un sujet sur lequel vous n'êtes pas un expert, mais c'est pas aussi facile que ça en a l'air. Et si en plus vous devez le faire en parlant tout seul derrière un micro, ça complique encore un peu plus les choses. Bien sûr, je fais des recherches et j'ai des notes quand j'enregistre un épisode, mais je ne lis pas de script. Donc j'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir à ce que je dis.
Et puis la dernière raison qui explique pourquoi ça n'est pas si simple pour moi d'augmenter la difficulté, c'est que j'ai jamais fait de podcast pour des Français. Donc quand je suis face au micro ou à la caméra, mon mode par défaut c'est de penser que je m'adresse à des personnes dont le français n'est pas la langue maternelle. Alors maintenant, c'est très difficile pour moi de changer de mode, de ne pas être en mode « prof de français » quand je m'enregistre.
Mais j'ai quand même envie de vous proposer des choses un peu plus avancées parce que, comme vous le savez, mon objectif numéro 1, c'est de vous aider à progresser pour qu'un jour, vous n'ayez plus besoin de moi, pour que vous soyez capables de comprendre les films, les séries et les podcasts français sans mon aide.
L'avantage, avec les interviews, c'est que, comme j'ai quelqu'un en face de moi, je parle de manière plus naturelle vu que je suis concentré sur la discussion et pas sur la manière dont je m'exprime. C'est pour ça que je vais essayer de vous proposer plus d'interviews à l'avenir, notamment dans mon prochain cours qui arrive dans quelques semaines (oui, je ne l'ai pas encore terminé, il me reste encore un peu de travail).
Voilà, maintenant avant de vous présenter la personne que j'ai interviewée pour cet épisode, on va, comme d'habitude, écouter le message d'un auditeur du podcast.
Bonjour Hugo,
Je m'appelle Shoaib, j'ai 29 ans et j'habite aux États-Unis, à Baltimore, près de Washington. Ma famille vient du Pakistan mais je suis né aux États-Unis. J'ai appris le français à 14 ans à Los Angeles où j'ai grandi.
J'ai découvert ma passion pour cette langue et je voudrais l'améliorer. Chaque jour je tente d'apprendre quelque chose de nouveau. Je travaille dans les hôtels et quelques fois, je reçois des hôtes français avec qui je parle en français. Actuellement, j'étudie la cybersécurité.
J'adore écouter de la musique française. Mes artistes français préférés sont Vitaa, Maître Gims, et plus encore. En fait, Maître Gims va venir faire une tournée en Amérique du nord. J'ai essayé d'acheter un billet pour son concert mais il n'y en a plus près de chez moi. Peut-être que je peux en acheter un pour un concert dans une autre ville.
Aussi, souvent, quand je regarde mes émissions préférées sur Netflix, je les regarde avec les sous-titres français quand ils sont disponibles. Récemment, je suis allé à New York pour passer l'examen du DELF B2. C'était un examen assez difficile. Maintenant, j'attends mes résultats.
Il y a 2 ans, je suis parti en vacances à Paris tout seul. C'était un voyage merveilleux. J'étais assez nerveux de parler français quand j'y suis allé. Je pense que quand je parlais en français, les Français savaient que j'étais américain tout de suite. Après le voyage, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup appris sur la langue. Je rêve d'habiter en France.
J'ai cherché des podcasts français et j'ai trouvé le vôtre. J'ai aussi trouvé votre chaîne sur YouTube. Elle m'a beaucoup plu grâce à vos sujets et votre manière de parler. Merci pour votre podcast, je continue de l'écouter. Je me rends compte que j'ai encore tellement de choses à apprendre mais je sais que je peux réussir.
Merci Hugo et à bientôt.
Merci beaucoup pour ton témoignage Shoaib ! On peut voir que tu es vraiment passionné par le français et très motivé ! Vous voyez, même si Shoaib habite aux Etats-Unis, il a réussi à s'immerger dans la culture française grâce par exemple à la musique. D'ailleurs, je ne savais pas que Maître Gims faisait des tournées aux Etats-Unis ! En plus il a l'air d'être assez populaire d'après ce que tu nous dis vu que ses concerts étaient complets. Ah oui, quand on dit qu'un concert, un spectacle ou un train est « complet », ça signifie qu'il n'y a plus de billets disponibles, il n'y a plus de places. Bref, Shoaib, j'espère que tu as fini par trouver une place pour le concert de Maître Gims et aussi que tu as réussi le DELF B2. En tout cas, je suis sûr que ton message va donner une bonne dose de motivation à tous ceux qui nous écoutent.
Maintenant, on va passer à l'interview. La personne que vous allez entendre, c'est une amie qui s'appelle Fanny. On s'est rencontré pendant nos études en école de commerce. On a même vécu ensemble en colocation quand on faisait un échange à Londres. Fanny, c'est quelqu'un qui a toujours été sensible aux enjeux concernant la protection de l'environnement. Ça m'avait frappé parce que, pour être honnête, en école de commerce, c'est assez rare de rencontrer des gens qui ont des convictions fortes sur des sujets autres que le business et l'argent. Mais pour Fanny, l'environnement, ça a toujours été une cause importante, une cause pour laquelle elle avait envie de s'engager. C'est pour ça qu'il y a quelques mois, elle a rejoint un groupe activiste qui s'appelle Extinction Rebellion. Oui, c'est un nom anglais à la base mais on le prononce à la française vu que c'est exactement les mêmes mots en français. Alors, vous en avez peut-être entendu parler, ils ont organisé plusieurs actions qui ont été très médiatisées cette année. Donc quand j'ai su qu'elle faisait partie d'Extinction Rebellion ou « XR » comme ils se surnomment eux-mêmes, je me suis dit que ça ferait un super sujet pour le podcast.
Dans cette interview, Fanny va nous parler de son expérience au sein d'Extinction Rebellion, du fonctionnement de ce groupe et d'une action à laquelle elle a participé. Si vous n'avez jamais entendu parler d'Extinction Rebellion, je vous conseille d'abord d'aller sur ma chaîne YouTube pour regarder la vidéo que j'ai faite sur eux. Comme ça, ça vous donnera une idée un peu plus claire de qui ils sont avant d'écouter Fanny.
Pour finir, je vous rappelle que la transcription de l'épisode est disponible sur le site innerfrench.com pour vous aider à trouver les expressions que vous ne connaissez pas ou les phrases que vous ne comprenez pas. Il y en aura sûrement quelques unes mais ne paniquez pas, rassurez-vous, c'est parfaitement normal de ne pas tout comprendre. C'est pour ça que je vous conseille d'écouter l'interview au moins deux ou trois fois avant de lire la transcription. Vous verrez qu'à chaque fois, vous comprendrez un peu plus, comme par magie. Ça vaut vraiment le coup de le faire pour entraîner votre oreille, même si ça prend un peu de temps.
Voilà, maintenant, sans plus attendre, je vous propose d'écouter l'interview de Fanny, membre du groupe Extinction Rebellion.
HUGO : Salut Fanny.
FANNY : Salut Hugo.
HUGO : Merci d'avoir accepté mon invitation.
FANNY : Merci à toi de m'avoir conviée.
HUGO : Alors… En fait, j'aimerais qu'on parle un peu du mouvement Extinction Rebellion. Je ne sais pas si toi, tu le prononces à l'anglaise ou à la française.
FANNY : Non, moi, je le prononce à la française. Je trouve que c'est toujours un peu la honte de le prononcer avec un accent quand tu n'en as pas.
HUGO : OK. Vous dites « XR » aussi, je crois, non ?
FANNY : XR, ouais.
HUGO : Donc, toi, tu fais partie de ce mouvement à ce que j'ai compris.
FANNY : Ouais.
J'ai commencé… C'est un mouvement assez libre donc on se dit appartenir au mouvement, mais chacun peut se dire appartenir au mouvement. Il n'y a pas de carte, il n'y a pas d'entrée officielle. Moi, je suis… j'y participe parce que j'ai fait plusieurs formations avec eux et j'ai participé à une de leur action. Il y a beaucoup, aujourd'hui, de réunions d'accueil auxquelles chacun peut se rendre. Il y en a beaucoup en France et je suis sûre qu'il y en a partout dans le monde, par ailleurs, vu que c'est un mouvement international. Et donc, moi, j'ai commencé à rentrer dans le mouvement il y a plus d'un mois, en septembre, en allant à une première réunion d'accueil.
HUGO : Comment tu en as entendu parler au départ ?
FANNY : C'est une bonne question… Alors, moi qui traîne un petit peu dans les milieux qu'on peut nommer d'écolos, c'est un sujet qui a émergé très fortement début septembre, bizarrement. Alors, c'est un mouvement qui existe depuis un an, qui est né en Angleterre. En France, il a moins de 6 mois donc c'est plus récent. Mais disons que pendant l'été, ils ont commencé à organiser beaucoup de réunions d'accueil. Il y a eu une opération sur le pont de Sully que tu as peut-être vue dans les médias. C'était des activistes qui se sont mis sur un pont, qui se sont fait gazer à bout portant. Une image atroce de violence policière un peu classique en France mais qui a fait beaucoup de bruit, donc qui a finalement beaucoup aidé le mouvement en le médiatisant. Et suite à ça, avec des amis du travail, notamment, je travaille aussi sur ces sujets d'écologie, on est allé voir une réunion d'accueil pour essayer de comprendre de quoi il s'agissait.
HUGO : Donc tu dis que tu travailles un peu dans ce secteur, en quoi ça consiste ton travail ?
FANNY : Moi, je fais du conseil en développement durable. Donc, j'accompagne, depuis maintenant 6 ans, des entreprises surtout du secteur de la consommation, pour ma part, donc, de l'agroalimentaire, du textile, de la cosmétique et même de l'ameublement sur leurs enjeux développement durable. On essaye de faire avancer leurs pratiques, les convaincre pour transformer leurs modèles, transformer leurs produits, leur offre et imaginer une croissance plus durable.
HUGO : OK. Et avant Extinction Rébellion, est-ce que tu as fait partie d'autres mouvements écologistes ?
FANNY : Non, non, je ne suis pas du tout une militante associative, paradoxalement.
Mais finalement, mon travail me suffisait jusque-là pour me dire que je remplissais mes fonctions. Mon rôle était suffisant sur ce sujet. Finalement, le soir, j'étais fatiguée, je faisais autre chose tout en ayant des pratiques individuelles très respectueuses pour la planète, évidemment. Mais non, je n'adhérais pas. Je n'étais pas forcément militante et c'est ce qui est intéressant aussi avec Extinction Rebellion, c'est que je trouve que ça brasse beaucoup de gens qui sont pas forcément… qui n'ont pas d'historique dans le militantisme associatif.
HUGO : En quoi ce mouvement est différent et pourquoi, toi, tu as décidé de le rejoindre ?
FANNY : Alors moi, je trouve que ce qui est vraiment intéressant dans ce mouvement-là, c'est qu'il propose une nouvelle forme d'action. Alors, nouvelle, pas historiquement ni rien, mais sur l'écologie en tout cas, ce mouvement propose un consensus différent qui est celui de la non-violence. En fait, tous ces gens-là et les gens qui participent et moi aussi, une des raisons pour laquelle j'adhère au mouvement, c'est se dire : « Bon jusqu'ici, participer à des manifestations, participer à des marches, faire du tractage sur les marchés… ».
HUGO : Qu'est-ce que ça veut dire « faire du tractage » ?
FANNY : Euh… Tracter, c'est-à-dire distribuer des dépliants sur des sujets écologiques. Faire de la sensibilisation dans des lieux publics. Tout ça, c'est très bien évidemment, c'est important, c'est certainement nécessaire, mais ça ne fonctionne pas. Enfin, ça n'a pas fonctionné jusque-là, ce n'est pas suffisant. Et maintenant, étant donné l'ampleur des enjeux, il faut trouver des modes d'action plus efficaces. Et la désobéissance civile, dans ce sens-là, propose une autre méthode d'action pour les écolos. Alors, ça a été appliqué par Green Peace, un peu depuis toujours. Ça a été appliqué dans l'histoire, on s'en rappelle, Martin Luther King, Gandhi, etc. Donc ce n'est pas nouveau, mais vraiment l'idée de l'appliquer à l'écologie semble une assez bonne idée pour… enfin, créer ce mouvement de bascule, c'est juste se dire : « Qu'est-ce qui pourrait fonctionner désormais ? ».
Et d'ailleurs, c'est basé sur des études, notamment de chercheuses américaines qui a étudié des mouvements révolutionnaires, une centaine de mouvements révolutionnaires. Et qui essaye de différencier les mouvements violents des mouvements non violents. Et elle s'est aperçu que les mouvements non violents avaient deux fois plus de chance, enfin dans l'histoire, avaient deux fois plus réussi, en tout cas, à faire changer le système que les autres. Donc, juste on part d'une stat et on se dit : « A priori, c'est le truc qui peut le plus marcher ». Donc, qu'est-ce qu'on a à perdre ? Si ce n'est de le faire et d'essayer de voir si on y arrive.
Après, donc c'est pas une stratégie qui… C'est une posture qui ne pointe pas du doigt d'autres formes d'action, c'est-à-dire la violence est une autre forme de révolution qui existe aussi, qu'on accepte, on ne choisit juste pas ce mode d'action là. On en choisit un autre qui est, pour ma part, plus en cohérence avec mes valeurs, mais qui en plus, a priori, aurait une capacité d'action plus importante parce que la non-violence, c'est aussi un moyen d'attirer plus de gens. C'est une stratégie de la masse de créer… C'est une bataille de l'opinion publique. Et la non-violence, tu as plus de chance d'attirer autour de toi des gens âgés, des enfants, tout type de personne peu politisée, très politisée. Tandis que l'action violente, typiquement, est généralement réservée à des hommes, jeunes. Voilà, c'est assez exclusif. Et par ailleurs, bon, ça génère… On l'a bien vu en France, sur l'opinion publique, c'est quelque chose qui est très clivant.
Tandis que… bon, voilà, c'est une stratégie la non-violence. C'est se dire : « Nous, l'objectif, c'est le seuil critique, c'est la masse ». Et d'ailleurs, dans ces études-là, notamment l'étude de cette chercheuse, elle estime autour, alors, c'est des chiffres, on fait dire un peu ce qu'on veut aux chiffres, mais qu'à partir de 3,5 % de la population qui adhère au mouvement, on peut renverser un système. Donc, c'est à la fois pas grand-chose, à la fois beaucoup, mais en tout cas, c'est ça, ce qu'on vise. C'est réussir à toucher 3 % de la population pour renverser le système. Parce que le but ultime, effectivement, c'est créer un changement systémique majeur et radical.
HUGO : Ouais, j'avais vu ça, justement, également avec le véganisme et dans le sens où, en général, les plus extrêmes finissent souvent par l'emporter. Par exemple, si t'opposes les végétaliens et les végétariens, en fait, pour les entreprises, ça va devenir de plus en plus simple de simplement proposer des produits végétaliens parce que les produits végétaliens par définition, ils conviennent également aux végétariens, alors que l'inverse n'est pas vrai. Et donc, plus t'es un peu dans cet extrême et tu réussis… En fait, mécaniquement après, tu vas réussir à…
FANNY : Ouais.
HUGO : …à convaincre toute la société. Mais la petite différence avec les autres… enfin, les anciens mouvements non violents dans l'histoire, c'est que là, l'ennemi, il est un peu plus flou.
FANNY : Non, l'ennemi, il n'est pas tout à fait flou. L'ennemi, c'est le système… c'est le système, c'est les États, les entreprises, les médias… Le problème, effectivement, c'est que le mouvement n'est pas tout à fait politisé. Enfin, disons que pour ne pas être clivant à ce stade vu qu'on est vraiment dans un objectif de mouvement de masse, l'objectif est plus de formuler des revendications qui forcément impliquent un changement de système radical. Les revendications, c'est : demander de dire la vérité donc que les politiques prennent leurs responsabilités et disent ce qui est en train de se passer, donc : 6ème extinction de masse, réchauffement climatique et autre, enfin tout ce qui se passe, les dernières études qui prévoient 7 degrés de réchauffement d'ici 2100. Bon, il y a des choses très inquiétantes qui sont en train de venir et qui demandent des changements radicaux maintenant. Et sur les dix prochaines années, il y a des vrais changements à activer. La deuxième revendication, c'est la neutralité carbone d'ici 2025, ça, c'est très ambitieux et ça, ça demande des changements massifs.
HUGO : Qu'est-ce ça veut dire la neutralité carbone ?
FANNY : C'est qu'on émet… C'est qu'on arrive à une neutralité, c'est-à-dire qu'on va à la fois diminuer la part de carbone qu'on émet et on va compenser le reste. Alors, bon, on parle souvent de reforestation, plein de solutions qui sont chacune un peu critiquable, et autre. Mais l'objectif majeur ici, c'est de diminuer, par une transition énergétique, les émissions de carbone. Donc, la neutralité carbone d'ici 2025, c'est un objectif suffisamment ambitieux pour que… pour qu'il y ait changements productifs et politiques qui doivent être prises de manière radicale à nouveau don c'est un… Selon moi, c'est une revendication qui implique le plus de changement.
Après, le mouvement ne propose pas encore de solution parce qu'il les base sur la quatrième demande qui est la mise en place d'assemblées citoyennes. C'est se dire : « OK, on freine et on demande, nous, on s'interroge sur le nouveau système qu'on veut mettre en place. » Alors, évidemment, on réfléchit tous, aujourd'hui, aux formes alternatives, à un système alternatif qu'on aimerait voir en place, mais XR ne se dit pas représentant du peuple. On est 15 000, enfin, je veux dire, on n'a pas cette prétention-là. Donc, c'est redonner le pouvoir, le décentraliser et décider ensemble sur les choses qu'on veut voir advenir, plus tard. Et, il y a un troisième pilier, mais qui va un peu de pair, qui est de mettre fin à la destruction des écosystèmes terrestres et marins.
HUGO : Et ça, cette remise à plat du système, c'est vraiment au niveau politique donc, organiser des assemblées citoyennes, ce genre de chose ?
FANNY : Oui, il y a une vraie réflexion sur la gouvernance et redonner le pouvoir au peuple. Bon, ça, c'est un sujet qui n'est pas pris uniquement par XR, c'est un vrai sujet qui est évoqué par…
HUGO : Les Gilets jaunes. FANNY : Ouais. Et qui… On voit bien une défiance vis-à-vis des représentants politiques, vis-à-vis de la démocratie actuelle, enfin sa forme actuelle. Donc, c'est, c'est… Enfin, ce moment historique, sur le sujet de l'écologie nous amène à questionner ça. Et il y a un vrai enjeu, tu parlais des Gilets jaunes aussi, à faire converger ces différents combats, qui est celui de l'environnement et du respect des écosystèmes avec celui de la justice sociale, enfin tout va de pair. Toutes ces choses-là découlent aussi d'un système qui va dans le mur d'une certaine manière et donc, il faut joindre ces forces-là, parce que bon… ce qu'on fait les Gilets jaunes était historique, en France. Et c'est aussi d'une certaine manière un mouvement de désobéissance civile, enfin, bloquer… Ils ont fait des blocages et autres. Ils l'ont fait avant nous. Ils sont très structurés. C'est un mouvement fort qui a généré l'adhésion, aussi, du peuple français. Donc, enfin, moi je pense que c'est important que ces mouvements-là convergent, ces mouvements sociaux, environnementaux, parce qu'en fait, on veut tous évoluer vers un nouveau modèle qui est assez similaire.
HUGO : Est-ce qu'il y a un dialogue, justement, avec les Gilets jaunes ? FANNY : Ouais. Ouais, ouais, je ne sais pas si tu as suivi, mais il y a eu un blocage au centre commercial « Italie-2 ». Il y a peut-être deux semaines maintenant de ça. C'était juste avant qu'on fasse la semaine de rébellion internationale. Et là, c'était un moment de convergence, en l'occurrence, parce qu'au sein du… Donc, un grand centre commercial de Paris a été bloqué et occupé par XR, par des Gilets jaunes, par le collectif « Pour Adama », par… différents mouvements qui sont associés, ANV COP 21, qui sont associés pour bloquer ensemble. Donc là, ça a été le début d'une convergence et sur la place du Châtelet, qui a été occupée la semaine, la semaine de la rébellion du… J'ai oublié la date.
HUGO : Il y a deux semaines.
FANNY : Voilà, il y a deux semaines, des Gilets jaunes étaient présents également. Donc, oui, il y a cette volonté, effectivement, de faire converger les luttes tout en restant inclusif pour toute autre forme de lutte. Nous, finalement, ce qu'on propose, c'est un mode d'action. Et ceux qui veulent…c'est ce qui m'a un peu séduite dans le mouvement, c'est que, quand j'étais allée à une des réunions d'accueil, ce qu'on nous disait c'était : « Peu importe si Green Peace, par exemple, veut mettre une pancarte, une banderole, sur une autre de nos actions, on s'en fiche complètement. En fait, l'objectif, c'est que ça marche, c'est qu'on soit nombreux. Don c'est “XR”, n'a pas besoin d'accoler notre…» Nous, tout ce qu'on a, c'est un consensus d'action, c'est la non-violence. Après, l'objectif, c'est tous le même, c'est créer un rapport de force par la désobéissance civile et derrière, générer un mouvement de masse. Donc, après, peu importe les moyens, les personnes qui nous rejoignent et au contraire, créons une cohérence avec d'autres mouvements, donc voilà.