×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.

image

InnerFrench - Vol. 1, \#09 - La décroissance

Bonjour à tous et bienvenue ! C'est le Cottongue Podcast épisode 9 !

Si c'est la première fois que vous écoutez ce podcast, sachez que je le fais pour aider les personnes qui apprennent le français. Chaque semaine, il y a un nouveau podcast sur un sujet différent et avec ce podcast vous pouvez vous entraîner à comprendre quelque chose en français. Si c'est un peu difficile, vous pouvez utiliser la transcription de ce podcast. Pour trouver la transcription, vous pouvez aller sur mon site cottongue.com et vous inscrire. En vous inscrivant, vous aurez accès gratuitement à la transcription de ce podcast. Je pense que la première fois, il faut essayer d'écouter sans la transcription pour voir ce que vous êtes capable de comprendre, et ensuite vous pouvez utiliser cette transcription pour les passages, les moments que vous n'avez pas bien compris.

Notre sujet du jour, il est très intéressant parce qu'il concerne beaucoup de domaines différents. Il concerne l'économie, mais aussi la sociologie, la philosophie, la psychologie et je pense que vous allez apprendre plein de choses intéressantes et enrichir votre vocabulaire.

Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la Guerre Froide ? La Guerre Froide c'est une période de l'Histoire, au XXème siècle, pendant laquelle il y avait deux camps qui était opposés. Le camp des Occidentaux avec les Etats-Unis et le camp des soviétiques avec l'Union soviétique. En français on l'appelle “l'URSS”, l'Union soviétique. Alors vous savez que cette Guerre Froide, elle s'est terminée à la fin des années 80. Et depuis la fin de la Guerre Froide, c'est le modèle capitaliste qui domine dans le monde. Dans presque tous les pays, le capitalisme s'est imposé comme le modèle économique à suivre. On dit souvent que c'est le seul modèle qui puisse fonctionner pour nos économies. Mais pour que le capitalisme fonctionne, il faut produire de plus en plus de richesses. Chaque année les pays doivent produire plus que l'année précédente, c'est ça qu'on appelle la croissance économique : quand un pays produit plus de richesses que l'année d'avant. Cependant, depuis les années 70, certains groupes et certains économistes veulent montrer que la croissance a des effets négatifs pour l'Homme et pour l'environnement. Ces personnes disent que la croissance, ça n'est pas forcément une bonne chose, au contraire. Ils réclament la décroissance, autrement dit de ralentir progressivement la production dans les pays développés, ça veut dire aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, au Canada, dans les pays européens. Ces économistes qui recommandent la décroissance disent que les pays développés doivent changer leur mode de développement. Ils doivent arrêter de rechercher la croissance à tout prix.

Alors cette idée, elle est un peu contre intuitive. On pense que ces personnes, ces décroissants, sont des personnes folles, bizarres, que ce sont des utopistes. On imagine qu'ils veulent un retour vers le passé, à l'époque du Moyen Âge. Et que, en réalité, on ne peut pas vraiment appliquer leurs idées. Mais malgré ça, leurs idées deviennent de plus en plus influentes. Il y a de plus en plus de personnes qui s'intéressent à la décroissance. Évidemment la décroissance ça concerne l'économie, mais pas seulement. Ça concerne aussi notre vie quotidienne, nos habitudes, comment nous consommons, les choses que nous achetons, comment nous nous déplaçons. Pour toutes ces choses, les décroissants recommandent de changer complètement nos modes de vie.

Donc aujourd'hui, on va se demander si la décroissance est possible. Et comment, à notre échelle, on peut appliquer la décroissance. Est-ce qu'on peut changer nos modes de vie pour avoir un meilleur impact sur l'environnement, mais aussi pour nous sentir mieux, pour avoir une vie qui peut-être a plus de sens ?

Vous êtes prêts à parler de décroissance ? Alors, c'est parti !

Je vous ai dit dans l'introduction de ce podcast que le modèle capitaliste est fondé sur la croissance. Il faut que l'économie produise, autrement dit il faut que les gens travaillent pour produire des biens et des services et les consommateurs, nous, nous achetons ces produits ou ces services. Chaque année il faut produire plus et vendre plus et consommer plus.

Les décroissants pensent qu'il s'agit d'un cercle vicieux, autrement dit des choses qui ont des conséquences négatives les unes sur les autres. Et les décroissants disent que cette course à la croissance, c'est une chose qu'il n'a pas de sens. Parce que le monde dans lequel nous vivons est limité : les ressources sont limitées, notre temps est limité (car nous ne sommes pas immortels) donc, avec toutes ces limites, il y a forcément un moment où nous ne pourrons pas produire plus. Donc les décroissants pensent que nous devons chercher d'autres alternatives, d'autres solutions.

Cette course à la croissance, elle est impossible à long terme mais en plus elle a des conséquences négatives sur l'environnement. C'est une chose que nous savons tous : quand nous produisons et quand nous consommons, ça a un impact sur l'environnement. Par exemple, les usines dans lesquelles nous produisons des voitures ou des téléphones portables, elles utilisent beaucoup de ressources et ensuite elles polluent. Mais également quand nous nous déplaçons, quand nous utilisons la voiture ou quand nous prenons l'avion, là aussi il y a beaucoup de pollution. Vous avez sûrement entendu parler du réchauffement climatique, par exemple, le fait que l'activité humaine, l'activité de production et de consommation provoque des changements de température.

En plus de la pollution, nous épuisons progressivement les ressources. “Épuiser les ressources”, ça veut dire qu'on utilise toutes les ressources et que bientôt il n'y en aura plus. Les environnementalistes pensent que dans plusieurs années, certaines ressources auront complètement disparu, par exemple : le pétrole, l'uranium, l'aluminium, le charbon, le gaz, etc. Toutes ces ressources que nous utilisons pour la production, eh bien dans quelques années elles auront complètement disparu.

Mais la croissance a aussi des conséquences négatives pour l'Homme, pas seulement pour l'environnement mais directement pour nous. Pourquoi ? Tout simplement parce que, à cause de cette croissance, on voit aussi apparaître un chômage de masse. Le chômage, c'est quand des personnes cherchent du travail mais qu'elles n'en trouvent pas. Par exemple, quand il y a une crise économique, beaucoup de personnes perdent leur travail. Et évidemment ces crises économiques sont liées à la croissance.

Si de plus en plus de personnes n'ont pas de travail, ça veut dire qu'elle s'appauvrissent et tout ça, ça peut nous conduire à une situation très compliquée, à une situation comme la guerre par exemple. Donc ça, c'est une autre conséquence de ce modèle capitaliste et c'est une chose contre laquelle se battent les décroissants.

Alors maintenant, on va parler un peu plus en détail de ces décroissants, de ces personnes qui soutiennent l'idée de décroissance. D'abord, je vais vous parler un peu plus en détail de leur philosophie. L'idée de la décroissance c'est de sortir de la logique du “toujours plus”. Plus de produits, plus d'objets, plus de vêtements, il faut produire plus, vendre plus, acheter plus. Ça, les décroissants pensent que c'est une mauvaise logique et qu'il faut adopter une philosophie, une logique, complètement différente.

Le problème avec la croissance, c'est que nous nous concentrons exclusivement sur l'avoir, sur la possession de choses, la possession de voitures, de maisons, etc. Et on ne se concentre plus du tout sur l'être, sur la personne que nous sommes, sur nos valeurs, sur les choses que nous avons envie de faire. On se concentre exclusivement sur les choses que l'on possède, et quand on fait ça on a tendance à ne plus se poser de questions.

Les décroissants pensent que, si on possède moins de choses en réalité on peut vivre mieux. Parce que nous avons moins de frustration, on ne passe pas notre temps à acheter de nouvelles choses, à chercher des choses à acheter, mais on se concentre sur des choses qui sont plus importantes.

Évidemment cette transition, elle doit se faire progressivement. Petit à petit, il faut réduire la production mondiale. Si on décide d'arrêter de produire du jour au lendemain, les conséquences vont être dramatiques. Mais si chaque année on essaye de produire un peu moins, et de consommer un peu moins, alors la décroissance devient possible. Bien sûr, ce sont les pays développés qui doit montrer l'exemple, parce que dans les pays développés les habitants ont déjà suffisamment de richesses pour vivre. Par contre, dans les pays en voie de développement, évidemment on ne peut pas recommander la décroissance. Ces pays doivent encore augmenter les richesses pour pouvoir répondre aux besoins primaires, par exemple la nourriture, l'éducation, la sécurité, des habitants.

Pour faire ça, tous les pays doivent se mettre d'accord pour moins polluer. La pollution, c'est un problème qui nous concerne tous, ce n'est pas un problème qui concerne uniquement les Etats-Unis ou la Chine ou les pays de l'Union Européenne, ça concerne tout le monde. Donc, si nous voulons réduire la pollution, tous les pays doivent se mettre d'accord. Vous savez qu'il y a une organisation qui s'appelle la COP, et cette organisation essaye d'encourager les pays à se mettre d'accord pour réduire la pollution, pour réduire les émissions de CO2. Malheureusement, récemment le Président américain a décidé de sortir de ces accords. Les Etats-Unis ne vont pas respecter les accords de Paris. Et ça personnellement je pense que c'est un peu dommage.

Une autre solution pour appliquer la décroissance, c'est de réduire le temps de travail. Si chacun décide de travailler un peu moins, alors on pourra créer de nouveaux postes pour les personnes qui sont au chômage. Il faut accepter de réduire notre temps de travail pour que tout le monde ait du travail.

Dans le contexte de la mondialisation, ça peut sembler difficile à mettre en place parce que les pays sont en compétition, ils sont en concurrence, les uns avec les autres. C'est pour ça qu'il est nécessaire d'adopter des accords au niveau international.

Mais à notre échelle individuelle, en tant que consommateurs, en tant qu'habitants, nous pouvons aussi faire beaucoup de choses pour participer à ce mouvement.

La décroissance, évidemment ça concerne d'abord notre vie quotidienne. Les décroissants essayent de consommer moins. Ils essayent de voir quels produits sont vraiment nécessaires, et quels sont les produits dont ils n'ont pas besoin. Ils savent que la publicité crée des besoins. Les entreprises veulent nous faire croire que nous avons besoin de ce nouveau téléphone ou de cette nouvelle voiture. Mais, quand on pense à ça un peu plus, on se rend compte que finalement nous n'avons peut-être pas besoin de toutes ces choses. Ces choses ne sont pas vitales pour nous. On a tendance à croire que posséder plus de choses va nous rendre plus heureux. Mais en fait beaucoup d'études ont montré que ça n'est pas le cas. Quand vous achetez votre première voiture vous êtes très content parce que ça vous offre de la liberté, ça vous permet de vous déplacer plus facilement. Mais si vous achetez une deuxième, une troisième, une quatrième voiture, ça ne va pas du tout augmenter votre bonheur, ça ne va rien vous apporter de plus. Donc la première chose à faire, c'est de consommer moins.

Il faut aussi favoriser le recyclage. Le recyclage, c'est quand on trouve un moyen de réutiliser les produits que l'on a jetés. Par exemple, quand on jette quelque chose à la poubelle, eh bien cette chose peut être recyclée pour créer un nouveau produit. C'est ça qu'on appelle le recyclage.

Les décroissants essayent aussi de privilégier le partage plutôt que l'achat. Ils pensent par exemple qu'on peut prêter sa voiture à son voisin plutôt que d'acheter une nouvelle voiture. Ou si vous avez besoin d'un outil pour faire du bricolage, eh bien vous pouvez emprunter cet outil a un ami au lieu d'en acheter à nouveau.

Les décroissants essayent aussi de faire attention à leur consommation d'eau et d'électricité. Elles veulent éviter le gaspillage. Le “gaspillage”, c'est quand on dépense inutilement quelque chose. Par exemple si vous achetez de la nourriture, que vous ne la mangez pas, et que vous la jetez. Ça c'est du gaspillage. Évidemment le gaspillage c'est très mauvais pour l'environnement.

Une autre solution qui concerne la vie quotidienne, c'est acheter local. Autrement dit, d'acheter des produits qui sont faits localement. Quand on fait ça, eh bien ça pollue moins car il n'y a pas besoin de transporter ces produits d'un pays à l'autre, et ça évidemment c'est meilleur pour l'environnement.

Vous savez qu'une autre source importante de pollution, ce sont les transports. Pour les décroissants, c'est mieux d'utiliser les transports en commun : les bus, le métro, etc. Et ils préfèrent prendre leur vélo plutôt que leur voiture, car évidemment le vélo ça ne pollue pas.

Une autre chose que les décroissants essayent de changer, c'est le travail. Dans nos sociétés capitalistes, le travail a une place centrale. Mais ça n'a pas toujours été comme ça, dans d'autres sociétés ou à d'autres époques, comme au Moyen Âge, le travail n'était pas forcément une chose centrale. Mais maintenant, dans nos sociétés capitalistes, c'est le travail qui définit notre identité. Il définit notre statut social, nos conditions de vie grâce au salaire que l'on gagne. Pour monter dans la hiérarchie sociale, il faut travailler dur. Évidemment ça, ça implique de faire beaucoup de sacrifices. On sacrifie son temps et on sacrifie son énergie. Ça peut entraîner beaucoup de pression pour les gens, beaucoup de stress. Il y a une maladie qui est apparue il y a quelques années, qu'on appelle le burnout. Cette maladie est liée à la pression, au stress dans les entreprises. Comme les salariés sont de plus en plus stressés, eh bien parfois ils n'ont plus du tout énergie.

C'est très difficile pour beaucoup de personnes de trouver un équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Parfois, on sacrifie notre vie privée, notre famille ou nos loisirs, pour tout donner, pour tout consacrer à notre vie professionnelle. Mais, au contraire, les décroissants décident de travailler moins ou alors de trouver un poste qui leur permet de travailler à la maison. Quand on travaille moins, on a plus de temps pour faire d'autres choses. Plus de temps à passer en famille, ou pour faire des choses qui nous intéressent, pour apprendre de nouvelles compétences. Par exemple, apprendre à jouer du piano. Au contraire, quand on travaille tout le temps on n'a plus d'énergie pour réfléchir quand on sort du travail. Le seul plaisir qui nous reste, c'est de dépenser l'argent qu'on a gagné et d'acheter des produits. Acheter des produits, ça ne demande pas beaucoup de réflexion intellectuelle. C'est facile et pendant un court instant ça nous procure du plaisir. Mais ensuite ce plaisir disparaît très rapidement. Ce plaisir est très éphémère. C'est comme quand vous achetez un nouveau portable. Avant de l'acheter vous êtes très impatient. Une fois que vous l'avez acheté vous êtes contents pendant quelques jours. Et puis ensuite ça devient une chose complètement normale et ça ne vous donne plus aucun plaisir. Donc si vous travaillez moins, vous avez plus de temps pour penser et faire des choses qui vous donnent un plaisir plus durable.

Il y a aussi la question des valeurs. Certaines personnes décident de quitter leur travail, de démissionner, parce qu'elles pensent que leur travail n'a pas de sens ou alors parce que leur poste n'est pas en accord avec leurs valeurs personnelles. Ces personnes décident de gagner moins d'argent mais de faire quelque chose qu'elles trouvent utile, par exemple qu'elles trouvent utiles pour les autres, ou des choses qui sont en accord avec leurs valeurs. Personnellement, c'est la décision que j'ai prise. Avant je travaillais dans une grande agence de publicité à Paris, mais je me suis rendu compte que ce que je faisais ne m'intéressait pas du tout et que finalement c'était plutôt inutile. Et quand je suis devenu professeur de français, j'ai trouvé beaucoup plus de satisfaction parce que je pouvais aider d'autres personnes à s'enrichir, à se développer personnellement grâce aux français. Et ça c'est une chose qui me donne beaucoup de plaisir.

Prendre ces décisions, par exemple prendre la décision de travailler moins pour gagner moins d'argent, ça n'est évidemment pas possible pour tout le monde. C'est plutôt une attitude que l'on trouve chez les classes moyennes. Pour les personnes qui ont déjà des problèmes d'argent, des problèmes pour payer leur loyer, évidemment ça n'est pas une option possible. Ça c'est une des critiques que l'on fait parfois aux décroissants. On dit que la décroissance est réservée aux personnes qui ont déjà de l'argent et qui n'ont pas besoin d'en gagner plus.

Je pense que tout le monde peut s'inspirer de la philosophie de la décroissance. On peut se poser des questions sur notre consommation, sur notre travail, et essayer de changer un peu nos habitudes.

En conclusion, pour moi la décroissance est une chose très intéressante parce qu'elle nous encourage à nous poser des questions sur notre mode de vie, à réfléchir à l'impact de nos décisions sur les hommes et l'environnement. Peut-être que ces idées sont un peu utopiques, mais il y a de plus en plus de personnes qui commencent à les adopter. En Australie par exemple, mais aussi aux Etats-Unis, en France et dans les autres pays européens. Ces personnes décident de faire plus attention à leur consommation et elles essayent de moins polluer. Je pense que nous sommes de plus en plus conscients de notre impact et que nous essayons de faire des efforts pour limiter l'impact négatif que nous avons sur l'environnement. À mon avis c'est toujours bien de se poser des questions et d'essayer d'avoir une influence plus positive sur notre environnement et sur les gens qui nous entourent. Mais peut-être que je me trompe, peut-être que vous vous avez une vision différente. Donc si vous n'êtes pas d'accord avec moi, n'hésitez pas à m'envoyer un e-mail pour me présenter vos arguments. C'est toujours très intéressant pour moi de lire un point de vue différent du mien.

C'est tout pour aujourd'hui, nous arrivons à la fin de ce podcast. J'espère que vous avez passé un bon moment et que vous aurez envie d'écouter ce podcast plusieurs fois.

La semaine prochaine, nous allons parler d'un sujet complètement différent, d'un sujet plutôt psychologique, puisque je vous parlerai de l'expérience d'un chercheur américain qui s'appelle Stanley Milgram. Donc passez une bonne semaine, et on se revoit bientôt.

Learn languages from TV shows, movies, news, articles and more! Try LingQ for FREE