×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Nota Bene, Champollion a-t-il déchiffré les hiéroglyphes tout seul ? - Musée Champollion à Vif

Champollion a-t-il déchiffré les hiéroglyphes tout seul ? - Musée Champollion à Vif

Mes chers camarades, bien le bonjour ! En 1822, un jeune Français de 31 ans

rédige les principes de base d'une découverte qui révolutionne les études orientales :

le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. Ce spécialiste des langues anciennes,

c'est Jean-François Champollion ! Vous avez sans doute déjà entendu parler de lui et la

fameuse pierre de Rosette. Pour résumer, le type a carrément donné naissance à une

nouvelle discipline : l'égyptologie ! Mais au-delà des hiéroglyphes,

qui était Jean-François Champollion ? Je trouve intéressant de pouvoir se pencher sur la vie de

grand scientifique pour voir comment ils en sont arrivés à leurs passions et à leurs découvertes.

Mais aussi pour se rendre compte d'une chose : pour réussir, il faut souvent avoir un coup de pouce !

À l'occasion de l'inauguration du musée Champollion à Vif, en Isère,

je vous propose de retracer le parcours de ce chercheur hors du commun et de son frère,

sans lequel le jeune Jean-François n'aurait sans doute pas connu le même succès,

c'est rien de le dire ! Allez c'est parti ! Jean-François Champollion naît à Figeac,

dans le Lot, le 23 décembre 1790. Il est principalement élevé par ses sœurs et par

son frère, Jacques-Joseph, dont le rôle est absolument essentiel dans les réalisations

du futur égyptologue. C'est ce même Jacques-Joseph qui, une fois adulte,

s'installe à Grenoble et fait venir son petit frère à ses côtés afin de se charger lui-même de

son instruction. Jean-François a alors 10 ans. Le jeune Champollion aurait appris à lire en

autodidacte, notamment en comparant des prières qu'il connaissait par cœur avec

celles écrites dans un missel, un livre qui compile les textes nécessaires à la

Messe. De quoi être impressionné non ? Pourtant Jean-François est d'abord un élève médiocre avec

une orthographe déplorable et un comportement un poil agité. Jacques-Joseph dit même de son

frère qu'il était « bouillant et tracassier », « tantôt fougueux et pressé […] tantôt

lâche et abattu ». Jean-François est alors confié aux bons soins d'un religieux qui lui

enseigne les premiers rudiments de langues anciennes telles que le grec et le latin.

C'est vraiment à ce moment là qu'on peut dire qu'est né Champollion le linguiste.

À Grenoble, Jean-François loge chez son frère, entouré de livres,

et s'initie à de nouvelles disciplines comme le dessin. Le musée à Vif possède

d'ailleurs un lot de dessins réalisés par Jean-François alors qu'il n'était

que lycéen. Il s'agit principalement de copies de bustes antiques, et certains de ces dessins

sont annotés par le professeur de Champollion. Et pour le coup, le prof est assez critique,

il souligne le fait que Champollion aurait pu s'appliquer un peu plus

et que les proportions sont pas folichonnes ! C'est également à Grenoble que Champollion se

lance dans l'étude de nouvelles langues orientales comme le syriaque, l'arabe,

le chaldéen, ou encore l'araméen. Sous la tutelle de divers enseignants, Jean-François développe ses

compétences linguistiques, améliore son français et ses aptitudes en dessin, préparant ainsi

sans le savoir ses accomplissements futurs. Malheureusement, il reste un piètre lycéen,

ne faisant preuve d'aucune motivation et se lassant très vite de chaque enseignement.

C'est son frère, Jacques-Joseph, qui tente d'y remédier en lui faisant parvenir, à l'internat,

différents livres portant sur la mythologie, l'étymologie ou encore la religion.

C'est le cas d'une Bible hébraïque vivement réclamée par Jean-François afin qu'il puisse comparer le

texte biblique traduit avec sa version originale. On peut d'ailleurs voir cette Bible au musée à Vif

et les nombreuses annotations qui la parsèment montrent que Champollion éprouve très tôt un

goût prononcé pour la linguistique historique. D'ailleurs on n'exclut pas que cette Bible ait eu

une certaine influence sur sa passion pour l'Égypte, notamment à travers le livre de

l'Exode. Cet intérêt pour l'Égypte lui est en tout cas aussi transmis par son grand-frère.

Bibliothécaire érudit et passionné de lettres, ce dernier s'intéresse en effet à l'Égypte avant son

petit frère. D'ailleurs, quelques années avant le déchiffrement des hièroglyphes,

Jacques-Joseph publie divers essais et mémoires sur l'histoire égyptienne,

et plus particulièrement sa période grecque. Un résumé on peut dire que les Champollion,

qu'il s'agisse de l'aîné ou du cadet, ont toujours

entretenu un rapport particulier avec l'Égypte et son antiquité.

C'est à Paris que Jean-François continue ses études, envoyé par son grand frère afin qu'il se

forme auprès des meilleurs. Le jeune Champollion peut alors accéder à de hauts lieux du savoir,

à l'image du « cabinet des antiques » de la Bibliothèque nationale dont le responsable,

Aubin-Louis Millin, était un ami de Jacques-Joseph. Millin fait même

venir Jean-François à ses soirées savantes afin qu'ils puissent discuter mythologie,

archéologie et linguistique. Mais problème : Jean-François déteste Paris, son climat pluvieux,

sa démesure, et il commence alors à entretenir une intense correspondance

avec son frère, resté dans le Dauphiné. Ces échanges durent jusqu'à la mort prématurée de

Jean-François Champollion et montrent bien à quel point les deux frères étaient liés. On a retrouvé

une grande partie de leur correspondance ici, dans les collections familiales, et c'est vraiment

hyper précieux pour comprendre que l'œuvre de l'un ne peut pas se comprendre sans celle de l'autre.

Les nombreuses lettres échangées entre les frères Champollion laissent entrevoir

l'influence de l'aîné sur le cadet. Ainsi, lorsque Jean-François se laisse aller à des hypothèses

pas très sérieuses, c'est Jacques-Joseph qui le recadre et le remet sur le droit chemin. De même,

lorsque Jean-François se plaint de ses conditions de travail ou de sa lassitude,

son grand frère le rassure, le sermonne parfois, afin qu'il poursuive ses travaux et n'abandonne

pas la voie dans laquelle il s'était lancé. Jean-François signe souvent ses lettres d'éléments

égyptiens, comme avec l'épithète « Maïamoun », dérivée de l'expression égyptienne méry Amon,

qui signifie littéralement « l'aimé du dieu Amon ». Jean-François aimait beaucoup laisser

ce genre de signes et d'ailleurs, on trouve sur la poutre de sa chambre à coucher trois cartouches,

symbole dans lequel les pharaons faisaient inscrire leurs noms royaux. Ces cartouches,

Champollion les réalise avant même d'avoir trouvé la clé finale du déchiffrement des hiéroglyphes,

comme en témoignent les petites fautes qui s'y trouvent. Le cartouche de droite renferme

ainsi la version phonétique du nom même de Champollion, tandis que les trois signes du

dessous sont une version abrégée d'une formule classique dans les textes égyptiens qui signifie

littéralement : « vie, prospérité, santé ». Si le musée sérois est si particulier,

c'est qu'il prend place dans l'ancienne maison de campagne des Champollion-Figeac,

devenue ensuite une des résidences de la famille jusqu'en 2001, date à laquelle le

département de l'Isère en fait l'acquisition afin de valoriser la vie et l'œuvre des deux frères.

À l'origine, cette demeure est achetée en 1778 par Pierre Berriat, alors procureur

et juge. Et lorsque Jacques-Joseph épouse en 1807 la fille de Pierre Berriat, Zoé,

la maison de Vif revient alors à la jeune épouse sous forme de dot. Jean-François Champollion y

loge souvent, et une partie conséquente de ses travaux sur le déchiffrement des hiéroglyphes

a lieu dans cette propriété. Les Berriat, au-delà de leur

union aux Champollion, ont laissé une trace indélébile dans l'histoire du Dauphiné. En effet,

l'un des fils de Pierre Berriat, Hugues, devient maire de Grenoble en 1835. Un autre de ses fils,

Jacques Berriat-Saint-Prix, occupe la chaire des Écoles de Droit de Grenoble et de Paris,

allant même jusqu'à être élu à l'Académie des sciences morales et politiques. Très

proche de Jacques-Joseph, Berriat-Saint-Prix était réputé pour son érudition et il est

évident que ce contact a joué un grand rôle dans le développement du réseau des Champollion.

En plus de la famille Berriat, l'installation des frères Champollion à Grenoble et dans le

Dauphiné en général est marquée par la rencontre avec Jean-Baptiste Joseph Fourier. Mathématicien

et physicien de talent, membre de diverses Académies et préfet de l'Isère à partir de 1802,

Fourier était un savant réputé et est un véritable protecteur pour les Champollion.

Et j'exagère même pas, le gars est tellement important pour les Champollion que sur son

lit de mort, Jean-François demande à être inhumé au Père Lachaise, à Paris,

à côté de la tombe de Joseph Fourier, son ami de toujours.

Parmi les accomplissements majeurs de Fourier, on compte sa participation à l'Expédition d'Égypte

commandée par Napoléon Bonaparte à la toute fin du XVIIIe s. Il est d'ailleurs le premier

secrétaire de l'Institut d'Égypte créé sur place, au Caire. À son retour en France,

il est désigné pour rédiger la préface historique de la Description de l'Égypte,

un vaste rapport scientifique, archéologique et historique réalisé par les nombreux savants

ayant pris part à l'Expédition. La première édition de la Description compte 22 volumes,

publiés entre 1809 et 1822. Et en témoignage de leur amitié et de la confiance accordée à

Jacques-Joseph Champollion par Fourier, ce dernier lui propose de l'aider à rédiger la préface.

Ce qui montre bien que l'aîné des Champollion était, avant même les découvertes de son jeune

frère, respecté par le monde savant de l'époque. Cette participation à la rédaction de la préface

de la Description de l'Égypte marque l'entrée de plein pied des Champollion dans l'égyptologie

naissante. L'une des copies de la pierre de Rosette sur laquelle travailla Jean-François

pour le déchiffrement des hiéroglyphes provenait même de la collection personnelle de Fourier.

Ici au musée, on peut même trouver plusieurs estampages de cette stèle,

qui déjà au moment où Jean-François Champollion l'étudie, se trouve au British Museum.

Sur cet extrait, vous pouvez d'ailleurs me voir manger à côté de la pierre de Rosette

au sein même de la galerie des antiquités égyptiennes. Parce que pourquoi pas.

Pourquoi au British Museum vous me direz ? Et bien parce que si elle est découverte par un soldat

français du nom de Bouchard, à Rosette, dans le Delta du Nil, la stèle est récupérée par les

Anglais lors de la défaite française et ramenée à Londres, où elle se trouve encore aujourd'hui.

À Paris, Jean-François Champollion côtoie ce qui se fait de mieux en termes de formation

scientifique. Il navigue alors entre la Bibliothèque impériale,

le Collège de France ou encore l'École spéciale des langues orientales. Il

s'initie à de nouvelles langues comme le persan, le sanscrit et le phénicien,

et c'est Jacques-Joseph qui l'encourage à se tourner vers les écritures égyptiennes,

pour lesquelles Jean-François va développer une véritable passion. Il entame à ce moment la

rédaction de plusieurs articles sur l'histoire égyptienne, alimenté par l'envoi de nombreux

livres de la part de Jacques-Joseph qui se démène pour nourrir l'ambition de son jeune frère.

En 1809, alors que Grenoble voit s'ouvrir l'université impériale, Jacques-Joseph est nommé

professeur de littérature grecque. Il œuvre alors pour que Jean-François reçoive le poste d'adjoint

à la chaire d'histoire de l'université. En 1812, Jacques-Joseph est également désigné conservateur

en chef de la bibliothèque de Grenoble, et il nomme son frère comme assistant.

Les deux Champollion ont alors tout le loisir de prolonger leurs recherches. Jean-François a même

l'opportunité, grâce à l'ouverture d'une section des « antiques », d'étudier des vases canopes,

deux cercueils et au moins quatre momies égyptiennes.

Il faut bien avoir conscience que si tout ça est possible pour Jean-François Champollion,

c'est vraiment grâce à son frère. Jacques-Joseph était un fin politicien, et ses nombreuses

amitiés lui permettent de naviguer entre les différents régimes politiques de la première

moitié du XIXe s. Malgré quelques problèmes avec le pouvoir en place lors des phases de transition,

il parvient toujours à retomber sur ses pattes et à obtenir des places prestigieuses dans

diverses institutions du pays. C'est grâce à ses nombreux contacts que Jean-François arrive

à se frayer un chemin dans le monde politique assez sauvage de l'époque ! Sans ça...ça aurait

été compliqué ! Et attention, il ne s'agit pas de lui retirer son mérite hein, mais il faut

souligner que c'est une réussite collective ! J'ai parlé tout à l'heure de l'Expédition

d'Égypte de Bonaparte, qui a lieu entre 1798 et 1801. Cette campagne,

d'abord menée pour des raisons militaires, emmène avec elle 167 savants afin de rapporter tout

le matériel qui servira à la publication de la Description de l'Égypte. Et si la campagne est

un échec du point de vue de l'armée, elle est une réussite totale sur le plan scientifique,

et c'est elle qui pose les bases de la création d'une nouvelle discipline : l'égyptologie.

Il ne faut pas nier l'impact de la Campagne d'Égypte sur les frères Champollion.

Déjà au moment de la préparation de l'Expédition, Jacques-Joseph tente,

en vain, de se faire recruter comme membre scientifique. Les deux frères accordent

donc une attention toute particulière à la publication de la Description. Si

Jean-François est parfois agacé par la piètre qualité des relevés effectués sur place,

ces copies sont durant de longues années les seules sources sur lesquelles il peut travailler.

Le 27 septembre 1822, Jean-François Champollion expose ses découvertes sur les hiéroglyphes.

Il vient de réussir à déchiffrer l'écriture mystérieuse et rentre pour ça dans l'Histoire,

éclipsant a posteriori son frère. Cette découverte lui permet de se faire un nom en France, mais

aussi en-dehors. Il attire notamment l'attention des Italiens, et en particulier de Charles-Félix,

prince de Piémont et duc de Savoie. Celui-ci vient en effet d'acquérir une collection d'antiquités

égyptiennes, et il convie Champollion à Turin afin d'en établir le 1er catalogue. Ce travail

reste inachevé, mais est une étape majeure dans la vie post-déchiffrement de Jean-François.

Il se rend ensuite à Livourne où se vendait une autre collection d'antiquités égyptiennes

et parvient à faire acheter cette collection par la France, entraînant la création du département

égyptien du Louvre, dont Jean-François est le 1er conservateur. A Livourne,

il fait la connaissance d'Ippolito Rosellini, tout jeune professeur de langues orientales à Pise avec

lequel il entretiendra une profonde amitié. En 1826, Rosellini vient à Paris pour achever

sa formation auprès de Champollion, et les deux amis commencent à planifier un voyage

en Égypte. Cette expédition débute en 1828, et les deux égyptologues emmènent avec eux des

dessinateurs destinés à rapporter toute sorte de relevés et de notes d'inscriptions égyptiennes.

Jean-François emmène avec lui une version de la fameuse Description,

issue du premier voyage en Egypte, afin de corriger les erreurs et imprécisions de ses

prédécesseurs directement dans l'ouvrage. Il en avait surement gros sur la patate !

Cette expédition dure un an et demi et voit le convoi remonter le Nil depuis le Delta jusqu'à la

2e cataracte, en territoire nubien. Champollion, Rosellini et leurs collègues répertorient,

analysent et traduisent sans relâche tout ce qu'ils voient, allant parfois jusqu'à

travailler sous des chaleurs extrêmes et dans des conditions déplorables pour la santé.

Champollion et le reste de l'équipe s'habillent à l'orientale, avec vêtements amples et turban,

et Jean-François va même jusqu'à porter un sabre et des dagues afin d'assurer sa propre

protection. Ces vêtements et accessoires se trouvent aujourd'hui au musée à Vif et sont

soigneusement conservés en compagnie d'autres objets l'ayant accompagné dans ses travaux,

à l'instar de son propre bureau. La naissance de l'égyptologie occupe une place majeure dans

le parcours du musée et offre une belle remise en perspective des apports de Champollion lui-même,

mais aussi de ses prédécesseurs et de ceux qui, dès ses débuts, ont permis à la

discipline d'exister et de se développer. Selon les dires de Champollion lui-même,

l'expédition franco-toscane en Égypte aurait permis de rapporter « suffisamment de travail

pour toute une vie ». Mais malheureusement, deux ans et demi après son retour d'Égypte,

il meurt prématurément sans pouvoir mener à terme les nombreux projets

sur lesquels il travaillait avec acharnement. Jean-François Champollion s'éteint donc à 41 ans,

dans la nuit du 3 au 4 mars 1832. Il est enterré au Père Lachaise et laisse derrière

lui une veuve et une fille. C'est son frère Jacques-Joseph qui s'occupe de ses funérailles,

et tout le reste de sa vie, il continue à faire don de son temps et de son énergie

pour honorer la mémoire de Jean-François. Et ça jusqu'à sa mort, 35 ans plus tard, quand il

s'éteint à son tour en 1867, à presque 90 ans. Jacques-Joseph occupe donc toutes ces années à

défendre avec acharnement l'œuvre de son frère et à prolonger ses travaux, au détriment de sa

propre postérité. Si des ouvrages célèbres sont publiés durant le vivant de Jean-François, comme

son Précis du système hiéroglyphique, c'est après la mort du déchiffreur que de nombreux travaux

inédits seront diffusés. C'est donc Jacques-Joseph qui reprend le flambeau, achevant et publiant des

œuvres majeures telles que le Dictionnaire égyptien, la Grammaire égyptienne ou encore

les Monuments d'Égypte et de Nubie, titre sous lequel paraissent les résultats de l'expédition de

Jean-François Champollion et d'Ippolito Rosellini. Jacques-Joseph expose également les cas de plagiat

avéré des travaux de son frère. Il publie enfin des travaux sur l'Égypte en son nom propre,

tout en soulignant à de nombreuses reprises ce que ces études devaient à Jean-François.

Si aujourd'hui le nom de Champollion fait donc surtout référence à Jean-François,

c'est en tout point grâce à son frère, qui ne l'a jamais oublié, et qui jusqu'au bout œuvre

avec une énergie parfois désespérée pour que soient reconnus ses accomplissements.

Malheureusement pour lui, lors de la Révolution de 1848, Jacques-Joseph Champollion tombe en disgrâce

du fait de son passé royaliste. Il perd tout, est démis de ses fonctions, et la publication posthume

des œuvres de Jean-François s'arrête brusquement. Après sa mort, c'est l'un de ses fils, Aimé, qui

continue d'entretenir la mémoire des deux frères Champollion, notamment depuis la maison de Vif où

il passe la fin de sa vie. Aimé Champollion est même élu maire de Vif, achevant d'associer le nom

de Champollion à la ville et à la maison vifoise. Voilà les amis, ce petit voyage dans la vie des

Champollion touche à sa fin. J'espère que ça vous a permis d'y voir un peu plus clair sur les débuts

de l'egyptologie et sur la vie des deux frères. Personnellement avant de bosser sur le sujet,

je ne savais même pas que Champollion avait un frère, alors qu'il lui doit énormément !

J'aimerai remercier le musée Champollion à Vif en Isère et le département de l'Isère pour avoir

permis ce reportage, comme vous avez pu le voir, le musée est au cœur de la vie des Champollion et

regorge d'objets absolument incroyables comme un encrage de la pierre de Rosette annoté de la main

de Jean-François lui-même, ou encore l'armoire sur laquelle figure un disque ailé et un cartouche

renfermant son nom. Le parcours de visite offre un aperçu de la façon dont Jean-François Champollion

a travaillé au déchiffrement des hiéroglyphes et à la diffusion de l'histoire de l'Égypte, dont il a

permis la redécouverte. L'histoire des deux frères est indissociable, et le parcours de l'un est à

tout moment influencé par le parcours de l'autre. Si Jean-François disait « Je suis tout à l'Égypte,

et elle est tout pour moi », c'est Jacques-Joseph qui résume le mieux la relation qu'il entretenait

avec son petit frère : « J'ai été tour à tour son père, son maître, et son élève ».

Merci à tous d'avoir suivi cet épisode, on se retrouve très bientôt sur Nota Bene. Ciao !


Champollion a-t-il déchiffré les hiéroglyphes tout seul ? - Musée Champollion à Vif Hat Champollion die Hieroglyphen ganz allein entziffert? - Champollion-Museum in Vif Did Champollion decipher hieroglyphs on his own? - Champollion Museum in Vif ¿Descifró Champollion los jeroglíficos por su cuenta? - Museo Champollion en Vif Czy Champollion samodzielnie rozszyfrował hieroglify? - Muzeum Champolliona w Vif Расшифровал ли Шампольон иероглифы самостоятельно? - Музей Шампольона в Вифе 尚波利昂是自己破译象形文字的吗?- 维夫的 Champollion 博物馆

Mes chers camarades, bien le bonjour ! En 1822, un jeune Français de 31 ans

rédige les principes de base d'une découverte  qui révolutionne les études orientales :

le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. Ce spécialiste des langues anciennes,

c'est Jean-François Champollion ! Vous avez  sans doute déjà entendu parler de lui et la

fameuse pierre de Rosette. Pour résumer,  le type a carrément donné naissance à une

nouvelle discipline : l'égyptologie ! Mais au-delà des hiéroglyphes,

qui était Jean-François Champollion ? Je trouve  intéressant de pouvoir se pencher sur la vie de

grand scientifique pour voir comment ils en sont  arrivés à leurs passions et à leurs découvertes.

Mais aussi pour se rendre compte d'une chose :  pour réussir, il faut souvent avoir un coup de pouce !

À l'occasion de l'inauguration  du musée Champollion à Vif, en Isère,

je vous propose de retracer le parcours de  ce chercheur hors du commun et de son frère,

sans lequel le jeune Jean-François n'aurait  sans doute pas connu le même succès,

c'est rien de le dire ! Allez c'est parti ! Jean-François Champollion naît à Figeac,

dans le Lot, le 23 décembre 1790. Il est  principalement élevé par ses sœurs et par

son frère, Jacques-Joseph, dont le rôle est  absolument essentiel dans les réalisations

du futur égyptologue. C'est ce même  Jacques-Joseph qui, une fois adulte,

s'installe à Grenoble et fait venir son petit  frère à ses côtés afin de se charger lui-même de

son instruction. Jean-François a alors 10 ans. Le jeune Champollion aurait appris à lire en

autodidacte, notamment en comparant des  prières qu'il connaissait par cœur avec

celles écrites dans un missel, un livre  qui compile les textes nécessaires à la

Messe. De quoi être impressionné non ? Pourtant  Jean-François est d'abord un élève médiocre avec

une orthographe déplorable et un comportement  un poil agité. Jacques-Joseph dit même de son

frère qu'il était « bouillant et tracassier  », « tantôt fougueux et pressé […] tantôt

lâche et abattu ». Jean-François est alors  confié aux bons soins d'un religieux qui lui

enseigne les premiers rudiments de langues  anciennes telles que le grec et le latin.

C'est vraiment à ce moment là qu'on peut  dire qu'est né Champollion le linguiste.

À Grenoble, Jean-François loge  chez son frère, entouré de livres,

et s'initie à de nouvelles disciplines  comme le dessin. Le musée à Vif possède

d'ailleurs un lot de dessins réalisés  par Jean-François alors qu'il n'était

que lycéen. Il s'agit principalement de copies  de bustes antiques, et certains de ces dessins

sont annotés par le professeur de Champollion. Et pour le coup, le prof est assez critique,

il souligne le fait que Champollion  aurait pu s'appliquer un peu plus

et que les proportions sont pas folichonnes ! C'est également à Grenoble que Champollion se

lance dans l'étude de nouvelles langues  orientales comme le syriaque, l'arabe,

le chaldéen, ou encore l'araméen. Sous la tutelle  de divers enseignants, Jean-François développe ses

compétences linguistiques, améliore son français  et ses aptitudes en dessin, préparant ainsi

sans le savoir ses accomplissements futurs. Malheureusement, il reste un piètre lycéen,

ne faisant preuve d'aucune motivation et se  lassant très vite de chaque enseignement.

C'est son frère, Jacques-Joseph, qui tente d'y  remédier en lui faisant parvenir, à l'internat,

différents livres portant sur la mythologie,  l'étymologie ou encore la religion.

C'est le cas d'une Bible hébraïque vivement réclamée  par Jean-François afin qu'il puisse comparer le

texte biblique traduit avec sa version originale. On peut d'ailleurs voir cette Bible au musée à Vif

et les nombreuses annotations qui la parsèment  montrent que Champollion éprouve très tôt un

goût prononcé pour la linguistique historique. D'ailleurs on n'exclut pas que cette Bible ait eu

une certaine influence sur sa passion pour  l'Égypte, notamment à travers le livre de

l'Exode. Cet intérêt pour l'Égypte lui est en  tout cas aussi transmis par son grand-frère.

Bibliothécaire érudit et passionné de lettres, ce  dernier s'intéresse en effet à l'Égypte avant son

petit frère. D'ailleurs, quelques années avant le déchiffrement des hièroglyphes,

Jacques-Joseph publie divers essais  et mémoires sur l'histoire égyptienne,

et plus particulièrement sa période grecque. Un résumé on peut dire que les Champollion,

qu'il s'agisse de l'aîné ou du cadet, ont toujours

entretenu un rapport particulier  avec l'Égypte et son antiquité.

C'est à Paris que Jean-François continue ses  études, envoyé par son grand frère afin qu'il se

forme auprès des meilleurs. Le jeune Champollion  peut alors accéder à de hauts lieux du savoir,

à l'image du « cabinet des antiques » de la  Bibliothèque nationale dont le responsable,

Aubin-Louis Millin, était un ami  de Jacques-Joseph. Millin fait même

venir Jean-François à ses soirées savantes  afin qu'ils puissent discuter mythologie,

archéologie et linguistique. Mais problème :  Jean-François déteste Paris, son climat pluvieux,

sa démesure, et il commence alors à  entretenir une intense correspondance

avec son frère, resté dans le Dauphiné. Ces échanges durent jusqu'à la mort prématurée de

Jean-François Champollion et montrent bien à quel  point les deux frères étaient liés. On a retrouvé

une grande partie de leur correspondance ici,  dans les collections familiales, et c'est vraiment

hyper précieux pour comprendre que l'œuvre de l'un  ne peut pas se comprendre sans celle de l'autre.

Les nombreuses lettres échangées entre  les frères Champollion laissent entrevoir

l'influence de l'aîné sur le cadet. Ainsi, lorsque  Jean-François se laisse aller à des hypothèses

pas très sérieuses, c'est Jacques-Joseph qui le  recadre et le remet sur le droit chemin. De même,

lorsque Jean-François se plaint de ses  conditions de travail ou de sa lassitude,

son grand frère le rassure, le sermonne parfois,  afin qu'il poursuive ses travaux et n'abandonne

pas la voie dans laquelle il s'était lancé. Jean-François signe souvent ses lettres d'éléments

égyptiens, comme avec l'épithète « Maïamoun »,  dérivée de l'expression égyptienne méry Amon,

qui signifie littéralement « l'aimé du dieu  Amon ». Jean-François aimait beaucoup laisser

ce genre de signes et d'ailleurs, on trouve sur la  poutre de sa chambre à coucher trois cartouches,

symbole dans lequel les pharaons faisaient  inscrire leurs noms royaux. Ces cartouches,

Champollion les réalise avant même d'avoir trouvé  la clé finale du déchiffrement des hiéroglyphes,

comme en témoignent les petites fautes qui  s'y trouvent. Le cartouche de droite renferme

ainsi la version phonétique du nom même de  Champollion, tandis que les trois signes du

dessous sont une version abrégée d'une formule  classique dans les textes égyptiens qui signifie

littéralement : « vie, prospérité, santé ». Si le musée sérois est si particulier,

c'est qu'il prend place dans l'ancienne  maison de campagne des Champollion-Figeac,

devenue ensuite une des résidences de la  famille jusqu'en 2001, date à laquelle le

département de l'Isère en fait l'acquisition afin  de valoriser la vie et l'œuvre des deux frères.

À l'origine, cette demeure est achetée en  1778 par Pierre Berriat, alors procureur

et juge. Et lorsque Jacques-Joseph épouse  en 1807 la fille de Pierre Berriat, Zoé,

la maison de Vif revient alors à la jeune épouse  sous forme de dot. Jean-François Champollion y

loge souvent, et une partie conséquente de ses  travaux sur le déchiffrement des hiéroglyphes

a lieu dans cette propriété. Les Berriat, au-delà de leur

union aux Champollion, ont laissé une trace  indélébile dans l'histoire du Dauphiné. En effet,

l'un des fils de Pierre Berriat, Hugues, devient  maire de Grenoble en 1835. Un autre de ses fils,

Jacques Berriat-Saint-Prix, occupe la chaire  des Écoles de Droit de Grenoble et de Paris,

allant même jusqu'à être élu à l'Académie  des sciences morales et politiques. Très

proche de Jacques-Joseph, Berriat-Saint-Prix  était réputé pour son érudition et il est

évident que ce contact a joué un grand rôle  dans le développement du réseau des Champollion.

En plus de la famille Berriat, l'installation  des frères Champollion à Grenoble et dans le

Dauphiné en général est marquée par la rencontre  avec Jean-Baptiste Joseph Fourier. Mathématicien

et physicien de talent, membre de diverses  Académies et préfet de l'Isère à partir de 1802,

Fourier était un savant réputé et est un  véritable protecteur pour les Champollion.

Et j'exagère même pas, le gars est tellement  important pour les Champollion que sur son

lit de mort, Jean-François demande à  être inhumé au Père Lachaise, à Paris,

à côté de la tombe de Joseph  Fourier, son ami de toujours.

Parmi les accomplissements majeurs de Fourier, on  compte sa participation à l'Expédition d'Égypte

commandée par Napoléon Bonaparte à la toute  fin du XVIIIe s. Il est d'ailleurs le premier

secrétaire de l'Institut d'Égypte créé sur  place, au Caire. À son retour en France,

il est désigné pour rédiger la préface  historique de la Description de l'Égypte,

un vaste rapport scientifique, archéologique  et historique réalisé par les nombreux savants

ayant pris part à l'Expédition. La première  édition de la Description compte 22 volumes,

publiés entre 1809 et 1822. Et en témoignage  de leur amitié et de la confiance accordée à

Jacques-Joseph Champollion par Fourier, ce dernier  lui propose de l'aider à rédiger la préface.

Ce qui montre bien que l'aîné des Champollion  était, avant même les découvertes de son jeune

frère, respecté par le monde savant de l'époque. Cette participation à la rédaction de la préface

de la Description de l'Égypte marque l'entrée  de plein pied des Champollion dans l'égyptologie

naissante. L'une des copies de la pierre de  Rosette sur laquelle travailla Jean-François

pour le déchiffrement des hiéroglyphes provenait  même de la collection personnelle de Fourier.

Ici au musée, on peut même trouver  plusieurs estampages de cette stèle,

qui déjà au moment où Jean-François Champollion  l'étudie, se trouve au British Museum.

Sur cet extrait, vous pouvez d'ailleurs me  voir manger à côté de la pierre de Rosette

au sein même de la galerie des antiquités  égyptiennes. Parce que pourquoi pas.

Pourquoi au British Museum vous me direz ? Et bien  parce que si elle est découverte par un soldat

français du nom de Bouchard, à Rosette, dans  le Delta du Nil, la stèle est récupérée par les

Anglais lors de la défaite française et ramenée  à Londres, où elle se trouve encore aujourd'hui.

À Paris, Jean-François Champollion côtoie ce  qui se fait de mieux en termes de formation

scientifique. Il navigue alors  entre la Bibliothèque impériale,

le Collège de France ou encore l'École  spéciale des langues orientales. Il

s'initie à de nouvelles langues comme  le persan, le sanscrit et le phénicien,

et c'est Jacques-Joseph qui l'encourage à  se tourner vers les écritures égyptiennes,

pour lesquelles Jean-François va développer  une véritable passion. Il entame à ce moment la

rédaction de plusieurs articles sur l'histoire  égyptienne, alimenté par l'envoi de nombreux

livres de la part de Jacques-Joseph qui se démène  pour nourrir l'ambition de son jeune frère.

En 1809, alors que Grenoble voit s'ouvrir  l'université impériale, Jacques-Joseph est nommé

professeur de littérature grecque. Il œuvre alors  pour que Jean-François reçoive le poste d'adjoint

à la chaire d'histoire de l'université. En 1812,  Jacques-Joseph est également désigné conservateur

en chef de la bibliothèque de Grenoble,  et il nomme son frère comme assistant.

Les deux Champollion ont alors tout le loisir de  prolonger leurs recherches. Jean-François a même

l'opportunité, grâce à l'ouverture d'une section  des « antiques », d'étudier des vases canopes,

deux cercueils et au moins  quatre momies égyptiennes.

Il faut bien avoir conscience que si tout ça  est possible pour Jean-François Champollion,

c'est vraiment grâce à son frère. Jacques-Joseph  était un fin politicien, et ses nombreuses

amitiés lui permettent de naviguer entre les  différents régimes politiques de la première

moitié du XIXe s. Malgré quelques problèmes avec  le pouvoir en place lors des phases de transition,

il parvient toujours à retomber sur ses pattes  et à obtenir des places prestigieuses dans

diverses institutions du pays. C'est grâce à  ses nombreux contacts que Jean-François arrive

à se frayer un chemin dans le monde politique  assez sauvage de l'époque ! Sans ça...ça aurait

été compliqué ! Et attention, il ne s'agit pas  de lui retirer son mérite hein, mais il faut

souligner que c'est une réussite collective ! J'ai parlé tout à l'heure de l'Expédition

d'Égypte de Bonaparte, qui a lieu  entre 1798 et 1801. Cette campagne,

d'abord menée pour des raisons militaires, emmène  avec elle 167 savants afin de rapporter tout

le matériel qui servira à la publication de la  Description de l'Égypte. Et si la campagne est

un échec du point de vue de l'armée, elle est  une réussite totale sur le plan scientifique,

et c'est elle qui pose les bases de la création  d'une nouvelle discipline : l'égyptologie.

Il ne faut pas nier l'impact de la Campagne  d'Égypte sur les frères Champollion.

Déjà au moment de la préparation de  l'Expédition, Jacques-Joseph tente,

en vain, de se faire recruter comme membre  scientifique. Les deux frères accordent

donc une attention toute particulière  à la publication de la Description. Si

Jean-François est parfois agacé par la piètre  qualité des relevés effectués sur place,

ces copies sont durant de longues années les  seules sources sur lesquelles il peut travailler.

Le 27 septembre 1822, Jean-François Champollion  expose ses découvertes sur les hiéroglyphes.

Il vient de réussir à déchiffrer l'écriture  mystérieuse et rentre pour ça dans l'Histoire,

éclipsant a posteriori son frère. Cette découverte  lui permet de se faire un nom en France, mais

aussi en-dehors. Il attire notamment l'attention  des Italiens, et en particulier de Charles-Félix,

prince de Piémont et duc de Savoie. Celui-ci vient  en effet d'acquérir une collection d'antiquités

égyptiennes, et il convie Champollion à Turin  afin d'en établir le 1er catalogue. Ce travail

reste inachevé, mais est une étape majeure dans  la vie post-déchiffrement de Jean-François.

Il se rend ensuite à Livourne où se vendait  une autre collection d'antiquités égyptiennes

et parvient à faire acheter cette collection par  la France, entraînant la création du département

égyptien du Louvre, dont Jean-François  est le 1er conservateur. A Livourne,

il fait la connaissance d'Ippolito Rosellini, tout  jeune professeur de langues orientales à Pise avec

lequel il entretiendra une profonde amitié. En 1826, Rosellini vient à Paris pour achever

sa formation auprès de Champollion, et les  deux amis commencent à planifier un voyage

en Égypte. Cette expédition débute en 1828,  et les deux égyptologues emmènent avec eux des

dessinateurs destinés à rapporter toute sorte de  relevés et de notes d'inscriptions égyptiennes.

Jean-François emmène avec lui une  version de la fameuse Description,

issue du premier voyage en Egypte, afin de  corriger les erreurs et imprécisions de ses

prédécesseurs directement dans l'ouvrage.  Il en avait surement gros sur la patate !

Cette expédition dure un an et demi et voit le  convoi remonter le Nil depuis le Delta jusqu'à la

2e cataracte, en territoire nubien. Champollion,  Rosellini et leurs collègues répertorient,

analysent et traduisent sans relâche tout  ce qu'ils voient, allant parfois jusqu'à

travailler sous des chaleurs extrêmes et dans  des conditions déplorables pour la santé.

Champollion et le reste de l'équipe s'habillent  à l'orientale, avec vêtements amples et turban,

et Jean-François va même jusqu'à porter un  sabre et des dagues afin d'assurer sa propre

protection. Ces vêtements et accessoires se  trouvent aujourd'hui au musée à Vif et sont

soigneusement conservés en compagnie d'autres  objets l'ayant accompagné dans ses travaux,

à l'instar de son propre bureau. La naissance  de l'égyptologie occupe une place majeure dans

le parcours du musée et offre une belle remise en  perspective des apports de Champollion lui-même,

mais aussi de ses prédécesseurs et de  ceux qui, dès ses débuts, ont permis à la

discipline d'exister et de se développer. Selon les dires de Champollion lui-même,

l'expédition franco-toscane en Égypte aurait  permis de rapporter « suffisamment de travail

pour toute une vie ». Mais malheureusement,  deux ans et demi après son retour d'Égypte,

il meurt prématurément sans pouvoir  mener à terme les nombreux projets

sur lesquels il travaillait avec acharnement. Jean-François Champollion s'éteint donc à 41 ans,

dans la nuit du 3 au 4 mars 1832. Il est  enterré au Père Lachaise et laisse derrière

lui une veuve et une fille. C'est son frère  Jacques-Joseph qui s'occupe de ses funérailles,

et tout le reste de sa vie, il continue à  faire don de son temps et de son énergie

pour honorer la mémoire de Jean-François. Et  ça jusqu'à sa mort, 35 ans plus tard, quand il

s'éteint à son tour en 1867, à presque 90 ans. Jacques-Joseph occupe donc toutes ces années à

défendre avec acharnement l'œuvre de son frère  et à prolonger ses travaux, au détriment de sa

propre postérité. Si des ouvrages célèbres sont  publiés durant le vivant de Jean-François, comme

son Précis du système hiéroglyphique, c'est après  la mort du déchiffreur que de nombreux travaux

inédits seront diffusés. C'est donc Jacques-Joseph  qui reprend le flambeau, achevant et publiant des

œuvres majeures telles que le Dictionnaire  égyptien, la Grammaire égyptienne ou encore

les Monuments d'Égypte et de Nubie, titre sous  lequel paraissent les résultats de l'expédition de

Jean-François Champollion et d'Ippolito Rosellini. Jacques-Joseph expose également les cas de plagiat

avéré des travaux de son frère. Il publie enfin  des travaux sur l'Égypte en son nom propre,

tout en soulignant à de nombreuses reprises  ce que ces études devaient à Jean-François.

Si aujourd'hui le nom de Champollion fait  donc surtout référence à Jean-François,

c'est en tout point grâce à son frère, qui ne  l'a jamais oublié, et qui jusqu'au bout œuvre

avec une énergie parfois désespérée pour  que soient reconnus ses accomplissements.

Malheureusement pour lui, lors de la Révolution de  1848, Jacques-Joseph Champollion tombe en disgrâce

du fait de son passé royaliste. Il perd tout, est  démis de ses fonctions, et la publication posthume

des œuvres de Jean-François s'arrête brusquement.  Après sa mort, c'est l'un de ses fils, Aimé, qui

continue d'entretenir la mémoire des deux frères  Champollion, notamment depuis la maison de Vif où

il passe la fin de sa vie. Aimé Champollion est  même élu maire de Vif, achevant d'associer le nom

de Champollion à la ville et à la maison vifoise. Voilà les amis, ce petit voyage dans la vie des from Champollion to the city and to the house in the heart of the city. Here are friends, this little trip in the lives of

Champollion touche à sa fin. J'espère que ça vous  a permis d'y voir un peu plus clair sur les débuts

de l'egyptologie et sur la vie des deux frères.  Personnellement avant de bosser sur le sujet,

je ne savais même pas que Champollion avait  un frère, alors qu'il lui doit énormément !

J'aimerai remercier le musée Champollion à Vif  en Isère et le département de l'Isère pour avoir

permis ce reportage, comme vous avez pu le voir,  le musée est au cœur de la vie des Champollion et

regorge d'objets absolument incroyables comme un  encrage de la pierre de Rosette annoté de la main

de Jean-François lui-même, ou encore l'armoire  sur laquelle figure un disque ailé et un cartouche

renfermant son nom. Le parcours de visite offre un  aperçu de la façon dont Jean-François Champollion

a travaillé au déchiffrement des hiéroglyphes et à  la diffusion de l'histoire de l'Égypte, dont il a

permis la redécouverte. L'histoire des deux frères  est indissociable, et le parcours de l'un est à

tout moment influencé par le parcours de l'autre.  Si Jean-François disait « Je suis tout à l'Égypte,

et elle est tout pour moi », c'est Jacques-Joseph  qui résume le mieux la relation qu'il entretenait

avec son petit frère : « J'ai été tour à  tour son père, son maître, et son élève ».

Merci à tous d'avoir suivi cet épisode, on se  retrouve très bientôt sur Nota Bene. Ciao !