×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Nota Bene, 4 clichés sur l'Égypte ancienne (1)

4 clichés sur l'Égypte ancienne (1)

Mes chers camarades, bien le bonjour !

Après un premier épisode sur les clichés qui avait donné lieu à pas mal de débats dans les

commentaires, on reprend le chemin de l'Égypte ancienne pour déconstruire quelques autres

idées reçues. Et ça tombe bien puisqu'au moment où cette vidéo sort, début 2022,

j'ai prévu de faire une petite série sur l'Egypte avec un épisode par mois pendant plusieurs mois !

Et quoi de mieux pour inaugurer cette série qu'un beau partenariat avec la chaîne National

Geographic qui diffuse actuellement la 3ème saison inédite des “Trésors perdus de la

Vallée des rois” ! Une série documentaire qui vous permettra de revenir plus en profondeur

sur certains sujets avec 8 épisodes de 45min sur le secret de Toutankhamon,

le mystère du Sphinx, la véritable Cléopâtre, Néfertiti, Ramsès, les momies,

les pyramides et plein d'autres sujets trop cool avec non seulement des spécialistes

qui ont bossé sur la série mais aussi des supers images. Images que National Geographic

accepte de nous prêter pour illustrer des bouts de cet épisode alors merci à eux !

Sur ce, c'est parti pour défoncer quelques clichés ! Tout le monde a déjà entendu parler

de Toutânkhamon, ce jeune pharaon mort vers 19 ans et dont la tombe fut retrouvée presque intacte en

1922 par Howard Carter. Mais outre le caractère exceptionnel de la découverte, c'est notamment à

cause d'une prétendue malédiction ayant frappé les archéologues que cette tombe est restée célèbre.

Alors, oui, cette légende urbaine a déjà été débunkée à de nombreuses reprises,

mais quand on voit à quel point elle continue de faire son chemin un peu partout,

on se dit qu'une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal !

Pour mieux comprendre d'où vient cette histoire de malédiction, retournons un siècle en arrière,

au moment de la découverte de la tombe par Carter et son équipe.

Nous sommes le 4 novembre 1922. Ce matin-là, la première marche d'un escalier vient d'être mise

au jour sous le sable de la vallée des Rois, au sud de l'Egypte. Howard Carter, un archéologue

britannique, dirige alors sa 6e campagne dans la nécropole, non loin de l'actuelle Louxor. Devant

cette première marche, Carter comprend qu'au bout de cet escalier doit se trouver une tombe. Il fait

donc dégager l'escalier et découvre, une fois le travail fait, une porte scellée durant l'Antiquité

et encore intacte. Carter se met à rêver : aurait-il découvert une tombe ayant survécu

aux nombreux pillages à travers le temps ? Obligé d'attendre l'arrivée en Égypte du

financeur de l'expédition, George Herbert, comte de Carnarvon, Carter doit attendre le

24 novembre pour dégager à nouveau l'entrée de la tombe. Il y découvre alors des traces

de plâtre et d'enduit indiquant que la tombe a été ouverte puis refermée durant l'Antiquité.

L'archéologue ne cache pas sa déception et sa crainte de n'avoir finalement trouvé qu'une

nouvelle tombe vide, mais il se réconforte avec une autre trouvaille, celle du nom du

défunt enterré là : un certain Toutânkhamon. Qu'importe que cette tombe ait été ouverte ou non,

il faut y pénétrer. La première porte s'ouvre sur un corridor rempli de sable, de débris et de

pierre qu'il faut déblayer. Une fois le travail effectué, une nouvelle porte scellée apparaît.

Carter s'empare d'une barre à mine et enlève peu à peu les pierres servant à bloquer le passage. De

l'air chaud s'échappe alors de la tombe, un air resté enfermé depuis plus de 3000 ans. En hâte,

Carter creuse un trou afin de pouvoir regarder à l'intérieur du tombeau et, à l'aide d'une bougie,

tente de jeter quelque lumière dans la cavité. L'archéologue n'en croit pas ses yeux. Lord

Carnarvon, derrière lui, ne cesse de lui demander ce qu'il voit,

sans réponse. Ce n'est qu'après des secondes qui parurent une éternité, et après un énième « Vous

voyez quelque chose ? » que Carter parvint à répondre : « Oui, des choses merveilleuses ».

Les « choses merveilleuses » qu'observait alors l'archéologue n'étaient autre qu'une

partie du trésor de Toutânkhamon : lits en or, pièces de char, statues,

et même une nouvelle porte qui laissait présager une découverte encore plus grandiose. Je vous

passe les détails de tout le mobilier découvert dans la tombe car la liste est interminable

Ce qu'il faut noter, c'est qu'en plus de tous les objets en or et des statues,

Carter et son équipe eurent le bonheur de découvrir, intact,

le sarcophage dans lequel reposait encore la momie du pharaon, dont la

tête portait notamment le célèbre masque en or aujourd'hui conservé au musée du Caire.

Bon, tout ça c'est bien beau, mais la malédiction, elle vient d'où ? Eh bien

une fois que les archéologues ont ouvert la tombe, qu'ils ont sorti le mobilier,

la momie et tout le tralala, c'est là que les choses ont pris une autre tournure…

Tout commence en avril 1923 avec le décès de Lord Carnarvon, le financeur de l'expédition,

qui meurt à cause d'une infection due à une piqûre de moustique. Ça

peut paraître improbable, mais les moustiques sont responsables de près

d'un million de morts humaines par an, ce qui en fait, et de très loin,

l'animal le plus dangereux pour l'être humain ! Après Lord Carvarvon, entre 1923 et 1930,

c'est une vingtaine de personnes en rapport direct ou éloigné avec Howard

Carter et la tombe de Toutânkhamon qui décèdent. Certaines listes vont même jusqu'à 30 morts !

Encore une fois je vous épargne la liste complète, mais en voici quelques-uns

parmi ceux ayant le plus contribué à alimenter la malédiction malgré eux.

En septembre 1923, le demi-frère de Lord Carnarvon décède à seulement 43 ans. Un autre

de ses demi-frères, qui a assisté à l'ouverture du tombeau, passe l'arme à gauche 6 ans plus tard,

en 1929. En janvier 1924, c'est un radiologue d'une cinquantaine d'années qui décède,

radiologue qui aurait, selon les rubriques nécrologiques, examiné la momie de Toutânkhamon.

On sait aujourd'hui que c'est faux, mais ce décès fit grand bruit à l'époque !

À l'été 1924, un des amis de Carter meurt à 40 ans, ami avec lequel l'archéologue a partagé

plusieurs déjeuners après la découverte de la tombe de Toutânkhamon. En mars 1926, Georges

Bénédite, conservateur des antiquités égyptiennes du Louvre, décède peu de temps après avoir visité

la tombe du jeune pharaon. En 1928, c'est un collaborateur de Carter qui meurt à 54 ans.

Entre fin 1929 et début 1930, Richard Bethell père et fils meurent tous deux, respectivement à 77 et

46 ans. Le père était secrétaire de Lord Carvarvon et faisait partie de l'équipe au moment de la

découverte de la tombe, dont il aurait ramené certains objets pour sa collection personnelle, à

l'instar de Carter et Carnarvon eux-mêmes. Enfin, en mars 1930, c'est un autre assistant de Carter

qui meurt, parachevant une liste que les journaux ne manquèrent pas de reprendre avec avidité !

Présenté comme ça, on se dit qu'il y a peut-être bel et bien une malédiction...Ou que Carter est

un tueur en série mais là c'est ma théorie à moi...En tout cas on a une telle hécatombe

parmi des personnes en contact direct avec les archéologues ou la tombe elle-même, qu'il est

assez normal que ça fasse les gros titres ! Mais si on regarde un peu les faits dans le détail,

pas mal d'éléments expliquent de façon moins mystérieuse tous ces décès.

D'abord, l'âge moyen de tous ces défunts est d'un peu plus de 52 ans,

soit l'espérance de vie moyenne d'un homme en Angleterre et en France dans les années 1920.

Et je dis bien « homme » car aucune femme n'aurait été fauchée par la malédiction.

De plus, si l'on prend l'ensemble des découvreurs et de leur entourage,

la malédiction a au final épargné beaucoup plus de personnes qu'elle n'en a tuées. Howard

Carter lui-même ne meurt qu'en 1939, à 64 ans, soit 17 ans après la découverte ! Et en plus,

c'est un cancer qui l'emporte, donc niveau mort bizarre due au mauvais esprit, on repassera…

La plupart des archéologues en charge de la tombe ont donc survécu plusieurs décennies après la

découverte, et leur famille n'a pas été décimée : la fille de Carnarvon, par exemple, vécut jusqu'en

1980, année de ses 79 ans ! Enfin, pour en rajouter une couche, la plupart des morts que j'ai

mentionnées sont dues à des maladies qui n'ont rien d'exceptionnelles : Archibald Douglas-Reid,

le radiologue britannique, a développé de nombreux soucis de santé à cause des radiations ; Hugh

Evelyn-White, le papyrologue ami de Carter, fut toute sa vie en proie à la maladie ; Arthur Mace,

l'autre collaborateur de Carter, souffrait de problèmes pulmonaires ; etc., etc.

Pour faire bref, la plupart des hommes cités à propos de la malédiction sont soit morts à un âge

suffisamment élevé pour que leur décès ne soit pas une anomalie, soit étaient déjà malades ou

de santé fragile et impliqués dans des activités pouvant très bien expliquer leurs pathologies.

Un élément souvent mis en avant pour parler d'une malédiction est la mort du chien de

Lord Carnarvon quelques heures à peine après le décès de son maître. Pour le coup, là,

aucune explication ne peut être donnée. Pour certains,

c'est la preuve absolue d'une malédiction. Pour d'autres, l'argument est un peu léger

et il peut très bien s'agir d'une coïncidence. C'est certes triste, mais ça a sûrement déjà

dû se produire ailleurs sans que l'on accuse un pharaon ou un esprit vengeur quelconque.

En résumé, Toutânkhamon n'a pas lâché de terrible malédiction pour se venger d'avoir

été dérangé par les archéologues. Quel que soit l'événement que vous choisissez dans l'histoire,

vous trouverez toujours, en fouillant et en créant des liens artificiels entre les personnes,

des listes de trucs bizarres qui se sont déroulés après coup. Mais avant de hurler au complot,

à la malédiction ou à l'œuvre du Démon, il faut savoir regarder

chaque détail et considérer tous les éléments sous un angle plus large.

Bon, après, évitez quand même d'aller faire des selfies avec des momies ou

d'ouvrir des tombes n'importe comment, on ne sait

jamais…Souvent on pense que les egyptiens représentaient tout de profil ! Alors celle-ci, je

l'aime beaucoup. J'avoue avoir moi-même déjà fait l'imbécile à vouloir imiter les Anciens Égyptiens

en me mettant de côté et en faisant des trucs ridicules avec les bras… Et on retrouve ce genre

de mouvements pas vraiment naturels dans plein de films et de chorégraphies avec pour thème l'Égypte

ancienne. Mais ça vient d'où, cette idée que les Égyptiens se trimballaient toujours de profil ?

C'est vrai que de prime abord, quand on regarde une représentation égyptienne, dans un temple

ou dans une tombe, on a l'impression que tout est figuré de côté, comme dans les vieux jeux vidéo en

2D à la Super Mario. Mais dès qu'on s'intéresse de plus près à ce qu'on a sous les yeux,

la réalité apparaît bien plus complexe. Prenons les êtres humains par exemple.

Rien qu'au niveau du visage, si celui-ci est bien figuré de profil, l'œil est montré de face,

comme s'il nous regardait nous, et pas devant lui. Idem avec le buste. Si les

bras sont en effet de profil, non seulement le tronc est représenté de face, la poitrine

vers le spectateur et l'abdomen de 3/4, mais les doigts eux-mêmes sont parfois superposés,

comme si la main était à moitié penchée. Le bassin est pour sa part de face et les jambes de profil,

avec à certaines époques une nouvelle superposition pour les doigts de pied,

créant une impression de difformité un peu bizarre.

En somme, rien qu'avec les personnages, on constate un ensemble mixte avec des parties

de profil, d'autres de face, d'autres encore de ¾… Bref, un mélange de points de vue qui répond à

une volonté précise des artistes : représenter ce qui fait l'essence même d'un être humain.

En effet, l'artiste égyptien ne cherchait pas nécessairement à être réaliste au sens où on

l'entend aujourd'hui. Peu importe si les yeux sont placés bizarrement,

si le buste est complètement tordu avec une partie de face et l'autre de côté ; peu importe

si le bassin et les jambes ne suivent pas du tout le même axe. L'important,

c'est de montrer ce qu'est un humain de la façon la plus explicite possible !

4 clichés sur l'Égypte ancienne (1) 4 clichés about ancient Egypt (1) 4 clichés sobre o antigo Egipto (1) 4 клише о Древнем Египте (1)

Mes chers camarades, bien le bonjour !

Après un premier épisode sur les clichés qui  avait donné lieu à pas mal de débats dans les

commentaires, on reprend le chemin de l'Égypte  ancienne pour déconstruire quelques autres

idées reçues. Et ça tombe bien puisqu'au  moment où cette vidéo sort, début 2022,

j'ai prévu de faire une petite série sur l'Egypte  avec un épisode par mois pendant plusieurs mois !

Et quoi de mieux pour inaugurer cette série  qu'un beau partenariat avec la chaîne National

Geographic qui diffuse actuellement la 3ème  saison inédite des “Trésors perdus de la

Vallée des rois” ! Une série documentaire qui  vous permettra de revenir plus en profondeur

sur certains sujets avec 8 épisodes de  45min sur le secret de Toutankhamon,

le mystère du Sphinx, la véritable  Cléopâtre, Néfertiti, Ramsès, les momies,

les pyramides et plein d'autres sujets trop  cool avec non seulement des spécialistes

qui ont bossé sur la série mais aussi des  supers images. Images que National Geographic

accepte de nous prêter pour illustrer des  bouts de cet épisode alors merci à eux !

Sur ce, c'est parti pour défoncer quelques  clichés ! Tout le monde a déjà entendu parler

de Toutânkhamon, ce jeune pharaon mort vers 19 ans  et dont la tombe fut retrouvée presque intacte en

1922 par Howard Carter. Mais outre le caractère  exceptionnel de la découverte, c'est notamment à

cause d'une prétendue malédiction ayant frappé les  archéologues que cette tombe est restée célèbre.

Alors, oui, cette légende urbaine a déjà  été débunkée à de nombreuses reprises,

mais quand on voit à quel point elle  continue de faire son chemin un peu partout,

on se dit qu'une petite piqûre  de rappel ne fait jamais de mal !

Pour mieux comprendre d'où vient cette histoire  de malédiction, retournons un siècle en arrière,

au moment de la découverte de la  tombe par Carter et son équipe.

Nous sommes le 4 novembre 1922. Ce matin-là, la  première marche d'un escalier vient d'être mise

au jour sous le sable de la vallée des Rois, au  sud de l'Egypte. Howard Carter, un archéologue

britannique, dirige alors sa 6e campagne dans la  nécropole, non loin de l'actuelle Louxor. Devant

cette première marche, Carter comprend qu'au bout  de cet escalier doit se trouver une tombe. Il fait

donc dégager l'escalier et découvre, une fois le  travail fait, une porte scellée durant l'Antiquité

et encore intacte. Carter se met à rêver :  aurait-il découvert une tombe ayant survécu

aux nombreux pillages à travers le temps ? Obligé d'attendre l'arrivée en Égypte du

financeur de l'expédition, George Herbert,  comte de Carnarvon, Carter doit attendre le

24 novembre pour dégager à nouveau l'entrée  de la tombe. Il y découvre alors des traces

de plâtre et d'enduit indiquant que la tombe a  été ouverte puis refermée durant l'Antiquité.

L'archéologue ne cache pas sa déception et sa  crainte de n'avoir finalement trouvé qu'une

nouvelle tombe vide, mais il se réconforte  avec une autre trouvaille, celle du nom du

défunt enterré là : un certain Toutânkhamon. Qu'importe que cette tombe ait été ouverte ou non,

il faut y pénétrer. La première porte s'ouvre  sur un corridor rempli de sable, de débris et de

pierre qu'il faut déblayer. Une fois le travail  effectué, une nouvelle porte scellée apparaît.

Carter s'empare d'une barre à mine et enlève peu  à peu les pierres servant à bloquer le passage. De

l'air chaud s'échappe alors de la tombe, un air  resté enfermé depuis plus de 3000 ans. En hâte,

Carter creuse un trou afin de pouvoir regarder à  l'intérieur du tombeau et, à l'aide d'une bougie,

tente de jeter quelque lumière dans la cavité. L'archéologue n'en croit pas ses yeux. Lord

Carnarvon, derrière lui, ne cesse  de lui demander ce qu'il voit,

sans réponse. Ce n'est qu'après des secondes qui  parurent une éternité, et après un énième « Vous

voyez quelque chose ? » que Carter parvint à  répondre : « Oui, des choses merveilleuses ».

Les « choses merveilleuses » qu'observait  alors l'archéologue n'étaient autre qu'une

partie du trésor de Toutânkhamon :  lits en or, pièces de char, statues,

et même une nouvelle porte qui laissait présager  une découverte encore plus grandiose. Je vous

passe les détails de tout le mobilier découvert  dans la tombe car la liste est interminable

Ce qu'il faut noter, c'est qu'en plus  de tous les objets en or et des statues,

Carter et son équipe eurent le  bonheur de découvrir, intact,

le sarcophage dans lequel reposait  encore la momie du pharaon, dont la

tête portait notamment le célèbre masque en  or aujourd'hui conservé au musée du Caire.

Bon, tout ça c'est bien beau, mais la  malédiction, elle vient d'où ? Eh bien

une fois que les archéologues ont ouvert  la tombe, qu'ils ont sorti le mobilier,

la momie et tout le tralala, c'est là que  les choses ont pris une autre tournure…

Tout commence en avril 1923 avec le décès de  Lord Carnarvon, le financeur de l'expédition,

qui meurt à cause d'une infection  due à une piqûre de moustique. Ça

peut paraître improbable, mais les  moustiques sont responsables de près

d'un million de morts humaines par  an, ce qui en fait, et de très loin,

l'animal le plus dangereux pour l'être humain ! Après Lord Carvarvon, entre 1923 et 1930,

c'est une vingtaine de personnes en  rapport direct ou éloigné avec Howard

Carter et la tombe de Toutânkhamon qui décèdent.  Certaines listes vont même jusqu'à 30 morts !

Encore une fois je vous épargne la liste  complète, mais en voici quelques-uns

parmi ceux ayant le plus contribué à  alimenter la malédiction malgré eux.

En septembre 1923, le demi-frère de Lord  Carnarvon décède à seulement 43 ans. Un autre

de ses demi-frères, qui a assisté à l'ouverture  du tombeau, passe l'arme à gauche 6 ans plus tard,

en 1929. En janvier 1924, c'est un radiologue  d'une cinquantaine d'années qui décède,

radiologue qui aurait, selon les rubriques  nécrologiques, examiné la momie de Toutânkhamon. radiologist who, according to obituaries, examined Tutankhamun's mummy.

On sait aujourd'hui que c'est faux, mais  ce décès fit grand bruit à l'époque !

À l'été 1924, un des amis de Carter meurt à 40  ans, ami avec lequel l'archéologue a partagé

plusieurs déjeuners après la découverte de la  tombe de Toutânkhamon. En mars 1926, Georges

Bénédite, conservateur des antiquités égyptiennes  du Louvre, décède peu de temps après avoir visité Bénédite, curator of Egyptian antiquities at the Louvre, dies shortly after visiting

la tombe du jeune pharaon. En 1928, c'est un  collaborateur de Carter qui meurt à 54 ans.

Entre fin 1929 et début 1930, Richard Bethell père  et fils meurent tous deux, respectivement à 77 et

46 ans. Le père était secrétaire de Lord Carvarvon  et faisait partie de l'équipe au moment de la

découverte de la tombe, dont il aurait ramené  certains objets pour sa collection personnelle, à

l'instar de Carter et Carnarvon eux-mêmes. Enfin,  en mars 1930, c'est un autre assistant de Carter

qui meurt, parachevant une liste que les journaux  ne manquèrent pas de reprendre avec avidité !

Présenté comme ça, on se dit qu'il y a peut-être  bel et bien une malédiction...Ou que Carter est When you put it like that, you'd think there might be a curse...or that Carter is...

un tueur en série mais là c'est ma théorie  à moi...En tout cas on a une telle hécatombe a serial killer, but that's just my theory... In any case, we've got such a mass slaughter

parmi des personnes en contact direct avec les  archéologues ou la tombe elle-même, qu'il est

assez normal que ça fasse les gros titres ! Mais  si on regarde un peu les faits dans le détail,

pas mal d'éléments expliquent de façon  moins mystérieuse tous ces décès.

D'abord, l'âge moyen de tous ces  défunts est d'un peu plus de 52 ans,

soit l'espérance de vie moyenne d'un homme en  Angleterre et en France dans les années 1920.

Et je dis bien « homme » car aucune femme  n'aurait été fauchée par la malédiction. And I say "man" because no woman would have been cut down by the curse.

De plus, si l'on prend l'ensemble  des découvreurs et de leur entourage,

la malédiction a au final épargné beaucoup  plus de personnes qu'elle n'en a tuées. Howard

Carter lui-même ne meurt qu'en 1939, à 64 ans,  soit 17 ans après la découverte ! Et en plus,

c'est un cancer qui l'emporte, donc niveau mort  bizarre due au mauvais esprit, on repassera… it's cancer that's taking him, so when it comes to bizarre deaths caused by evil spirits, we'll take a rain check...

La plupart des archéologues en charge de la tombe  ont donc survécu plusieurs décennies après la

découverte, et leur famille n'a pas été décimée :  la fille de Carnarvon, par exemple, vécut jusqu'en

1980, année de ses 79 ans ! Enfin, pour en  rajouter une couche, la plupart des morts que j'ai 1980, the year of his 79th birthday! Finally, to add another layer, most of the deaths that I have

mentionnées sont dues à des maladies qui n'ont  rien d'exceptionnelles : Archibald Douglas-Reid,

le radiologue britannique, a développé de nombreux  soucis de santé à cause des radiations ; Hugh

Evelyn-White, le papyrologue ami de Carter, fut  toute sa vie en proie à la maladie ; Arthur Mace,

l'autre collaborateur de Carter, souffrait  de problèmes pulmonaires ; etc., etc.

Pour faire bref, la plupart des hommes cités à  propos de la malédiction sont soit morts à un âge

suffisamment élevé pour que leur décès ne soit  pas une anomalie, soit étaient déjà malades ou

de santé fragile et impliqués dans des activités  pouvant très bien expliquer leurs pathologies.

Un élément souvent mis en avant pour parler  d'une malédiction est la mort du chien de

Lord Carnarvon quelques heures à peine après  le décès de son maître. Pour le coup, là,

aucune explication ne peut  être donnée. Pour certains,

c'est la preuve absolue d'une malédiction.  Pour d'autres, l'argument est un peu léger

et il peut très bien s'agir d'une coïncidence.  C'est certes triste, mais ça a sûrement déjà

dû se produire ailleurs sans que l'on accuse  un pharaon ou un esprit vengeur quelconque.

En résumé, Toutânkhamon n'a pas lâché de  terrible malédiction pour se venger d'avoir

été dérangé par les archéologues. Quel que soit  l'événement que vous choisissez dans l'histoire,

vous trouverez toujours, en fouillant et en  créant des liens artificiels entre les personnes,

des listes de trucs bizarres qui se sont déroulés  après coup. Mais avant de hurler au complot,

à la malédiction ou à l'œuvre du  Démon, il faut savoir regarder

chaque détail et considérer tous les  éléments sous un angle plus large.

Bon, après, évitez quand même d'aller  faire des selfies avec des momies ou

d'ouvrir des tombes n'importe comment, on ne sait

jamais…Souvent on pense que les egyptiens  représentaient tout de profil ! Alors celle-ci, je

l'aime beaucoup. J'avoue avoir moi-même déjà fait  l'imbécile à vouloir imiter les Anciens Égyptiens

en me mettant de côté et en faisant des trucs  ridicules avec les bras… Et on retrouve ce genre

de mouvements pas vraiment naturels dans plein de  films et de chorégraphies avec pour thème l'Égypte

ancienne. Mais ça vient d'où, cette idée que les  Égyptiens se trimballaient toujours de profil ? Ancient. But where does this idea come from that the Egyptians always carried around in profile?

C'est vrai que de prime abord, quand on regarde  une représentation égyptienne, dans un temple

ou dans une tombe, on a l'impression que tout est  figuré de côté, comme dans les vieux jeux vidéo en

2D à la Super Mario. Mais dès qu'on s'intéresse  de plus près à ce qu'on a sous les yeux,

la réalité apparaît bien plus complexe.  Prenons les êtres humains par exemple.

Rien qu'au niveau du visage, si celui-ci est  bien figuré de profil, l'œil est montré de face,

comme s'il nous regardait nous, et pas  devant lui. Idem avec le buste. Si les

bras sont en effet de profil, non seulement  le tronc est représenté de face, la poitrine

vers le spectateur et l'abdomen de 3/4, mais  les doigts eux-mêmes sont parfois superposés,

comme si la main était à moitié penchée. Le bassin  est pour sa part de face et les jambes de profil,

avec à certaines époques une nouvelle  superposition pour les doigts de pied,

créant une impression de  difformité un peu bizarre.

En somme, rien qu'avec les personnages, on  constate un ensemble mixte avec des parties

de profil, d'autres de face, d'autres encore de  ¾… Bref, un mélange de points de vue qui répond à

une volonté précise des artistes : représenter  ce qui fait l'essence même d'un être humain.

En effet, l'artiste égyptien ne cherchait pas  nécessairement à être réaliste au sens où on

l'entend aujourd'hui. Peu importe  si les yeux sont placés bizarrement,

si le buste est complètement tordu avec une  partie de face et l'autre de côté ; peu importe

si le bassin et les jambes ne suivent  pas du tout le même axe. L'important,

c'est de montrer ce qu'est un humain de  la façon la plus explicite possible !